LA DÉVOTION DES NEUF CHOEURS DES SAINTS ANGES - M. Henri-Marie Bourdon

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Message  Monique Dim 29 Nov 2020, 8:52 am

Dieu demande des âmes l'exercice de la sainte oraison ; les démons arrêteront à l'oraison de discours, ou à la méditation, celles qui ont attrait de l'Esprit divin pour la contemplation ; ils en élèveront à la contemplation d'autres qui doivent encore marcher par la voie du discours. Ils feront passer de la contemplation active à la passive les âmes que l'Esprit de Dieu n'y introduit pas ; celles qui y sont introduites, ils leur en donneront et feront donner de la peur. Ils donneront des consolations sensibles pour tirer de la pure foi ou pour débiliter les forces du corps, ils occuperont trop l'imagination et l'esprit, et tâcheront de gâter le cerveau. Ils se transfigureront en anges de lumière par de fausses visions, révélations, paroles intérieures ; et leurs ruses sont si artificieuses, qu'ils feront prendre pour des vues purement intellectuelles leur opération, qui est quelquefois si subtile, qu'en apparence il semble que les sens extérieurs et intérieurs n'y aient aucune part, et que ce soit une opération surnaturelle et par suite de l'Esprit de Dieu, afin que l'on s'y fie, et qu'on tombe plus fortement dans l'illusion.

Dieu veut que l'on se confesse : ils feront approcher de ce sacrement par amour-propre pour être au plus tôt soulagé de ses fautes, non pas tant par amour de Dieu et mouvement de la grâce que par amour de soi-même, parce que la superbe a de la peine de se voir en cet état humiliant ; aussi ces personnes qui s'en approchent de la sorte retombent encore plus lourdement : l'on peut se confesser tous les jours, et plusieurs fois par jour, ce que quelques saints ont fait, mais il faut le faire comme eux.

Dieu demande que l'on communie : les démons empêcheront la fréquentation de ce sacrement d'amour ou ils en feront approcher trop souvent des âmes qui n'y ont pas les dispositions nécessaires, et quelquefois même qui y sont attirées par un mouvement secret de leur amour-propre, quoiqu'elles ne le voient pas. Un écolier, un régent, un prédicateur, un juge, un évêque, doivent faire l'exercice de leurs charges, et vaquer aux obligations de leur état : les démons, sous prétexte de retraite, de dégagement du monde, de l'application à la prière, les feront laisser leur étude, le soin des procès, l'attention à leur diocèse ; et d'autre part, sous prétexte d'études, d'affaires, des grands soins que demande l'épiscopat, ils les occuperont tout au dehors ; et le prélat, le juge, le prédicateur ne feront qu'étudier, que parler d'affaires, que converser avec les hommes, sans donner presque aucun temps à l'oraison et à la conversation avec Dieu.


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Message  Monique Lun 30 Nov 2020, 8:10 am

Ô mon Dieu ! À combien de misères le cœur humain n'est-il pas réduit par les ruses de ces ministres de l'enfer, même dans les voies les plus spirituelles ! Le vénérable P. Jean de la Croix, personnage d'une admirable sainteté, nous enseigne qu'il se rencontre dans ceux mêmes qui tendent à la perfection, une secrète satisfaction de leurs bonnes œuvres, une envie de faire leçon de la vie spirituelle, une démangeaison d'en parler. Les diables, dit ce grand maître du chemin de la perfection, les portent à faire quantité de bonnes œuvres par amour-propre. Quelquefois ils font paraître leur dévotion par des signes extérieurs, comme gestes, soupirs, et parlent facilement de leurs vertus, ayant cependant de la peine jusque dans le confessionnal à déclarer nettement leurs péchés.

En de certains temps, ils tiennent peu de compte de leurs fautes, et en d'autres, ils s'en attristent avec excès. Ils ont de la peine à louer les autres, et sont bien aises d'être loués. Ils ne se contentent jamais des dons et des grâces de Dieu, de conseils, d'avis, de livres : ils se chargent de pièces curieuses de dévotion. Quand ils n'ont pas de dévotion sensible, ils s'en fâchent contre eux et contre les autres. Ils s'irritent contre les vices d'autrui d'un zèle inquiet, et les reprennent dans ce zèle. Ils voudraient être saints en un jour, et ont des désirs si naturels et si imparfaits de la perfection, que plus ils font de bons propos et plus ils tombent. Ils tâchent de se procurer du goût dans leurs exercices, s'emportent dans des excès d'austérité qu'ils cèlent quelquefois à leurs directeurs ; ils contesteront avec leurs pères spirituels pour les faire entrer dans leur sentiment. Ils se relâchent et s'affligent quand on leur contredit, et croient que tout ne va pas bien lorsqu'on les tire de leurs pratiques. Ils pensent qu'on ne comprend pas leurs voies, lorsqu'on résiste à leurs pensées. Ils voudraient que Dieu fît leur volonté : d'où vient qu'ils pensent que ce qui n'est pas à leur goût n'est pas la volonté de Dieu. Ils ont de l'envie du bien spirituel de leur prochain, et supportent avec peine de s'en voir devancés dans les voies de l'esprit ; enfin leur goût n'est pas pour la croix et la pure mortification, l'abnégation de soi-même et l'entier anéantissement.


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Message  Monique Mar 01 Déc 2020, 8:29 am

Ce n'est pas que, dans les peines, les diables ne s'y mêlent, invitant quelquefois à désirer des croix, prévoyant bien que certaines âmes n'en feront pas bon usage ; ou les poussant à s'en procurer, ce qui n'arrivant pas par l'ordre de Dieu, il est facile d'y succomber, ou leur donnant lieu d'augmenter celles qui viennent de la divine Providence.

Par exemple, Dieu enverra quelques peines d'esprit, qu'il faut porter avec patience et résignation ; ils porteront les personnes qui les souffrent à y rêver, à faire trop de réflexion, et par suite à les accroître par elles-mêmes. Comme ils cachent le mal qui se rencontre dans les plaisirs illicites, ils ôtent la vue du bien qui est renfermé dans les peines ; ils n'en font voir que ce qui peut faire souffrir, dans le dessein de porter à l'impatience, à l'ennui, au désespoir, aux murmures contre la divine conduite. Ils travaillent puissamment pour faire entrer les âmes dans le découragement, leur faisant voir leurs maux sans remèdes, ne leur faisant envisager que la vie présente, et les poussant à bout. Ils donnent même de pénibles tentations à l'égard de Dieu, par des peines contre la foi, par des pensées que l'on est réprouvé, par des doutes du consentement au péché ; brouillant l'imagination et laissant l'esprit inquiet, parce que l'on ne sait si l'on a consenti à la tentation ou non ; donnant des scrupules au sujet des confessions que l'on s'imagine n'avoir jamais bien faites, faisant réitérer des confessions générales mal à propos, et souvent les confessions ordinaires, par la peur que l'on a de n'avoir pas tout dit ou de s'être mal expliqué ; tenant le cœur dans l'angoisse, car, comme ce sont les esprits hors de toute espérance, hors de tout ordre, et toujours dans des inquiétudes inexplicables, les effets qu'ils produisent sont convenables à leur malheureux état. Ils causent partout où ils sont le trouble, le découragement, la tristesse et le désordre, et ils ne peuvent rendre les hommes compagnons de leur misère en l'autre vie, au moins ils tâchent de les y faire participer en la vie présente.

Dans les contradictions extérieures, ils suscitent nos proches, nos amis, des personnes que nous avons obligées, comme il se voit en la femme de Job, pour nous irriter, nous représentant dans l'imagination leurs ingratitudes et leurs injustices.


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Message  Monique Mer 02 Déc 2020, 8:40 am

Quelquefois, Dieu le permettant ainsi , ils s'emparent de l'imagination des gens de bien, même d'une telle façon qu'ils leur font voir les choses tout d'une autre manière qu'elles ne sont, rendant inutile par ce moyen tout ce que l'on peut dire et faire au contraire. Ce saint homme; le P. Jean de la Croix , fut empoisonné par les religieux de son ordre, et étrangement maltraité : on lui ôta même l'habit de religieux comme à un incorrigible. L'on s'étonne qu'un si grand serviteur de Dieu ait été traité de la sorte par des gens de bien ; mais il n'en faut pas être surpris : Dieu ayant dessein d'en faire un homme de souffrance, il permit au diable de l'exercer cruellement ; et pour ce sujet ces esprits d'artifice ne le faisaient voir aux religieux qui le tourmentaient que comme une personne désobéissante et nullement soumise ; et ces pensées ne manquèrent pas d'apparence, car, dans un chapitre que l'on avait tenu dans l'ordre, plusieurs braves religieux, supérieurs en charges et gens de doctrine, et considérables par leurs qualités, avaient ordonné que le P. Jean de la Croix ne se mêlerait plus dans les affaires qu'il avait commencées ; ainsi on ne le regardait que comme rebelle.

L'on ne manquait pas de dire que ses desseins, quelque bons qu'ils fussent, étaient à rejeter, puisqu'on lui faisait défense d'y plus penser ; qu'au reste c'était une personne sans conduite, qui n'était propre qu'à faire grand bruit et bien brouiller, dans l'ordre du Carmel, par son zèle indiscret et emporté. Tout ce que l'on alléguait au contraire n'était nullement considéré. Mais cette vérité est toute sensible en la dernière persécution qu'il endura à la mort, par le prieur de la maison où il était malade. Ce prieur, quoique religieux réformé, et dans le commencement de l'une des plus saintes réformes qui ait jamais été, dans un temps où les prémices du plus pur esprit de ce saint ordre étaient communiquées en abondance, interprétait toutes les actions de l'homme de Dieu d'une étrange manière, ce qui lui donnait lieu de l'exercer puissamment.

C'est une chose étonnante que son provincial, passant par ce monastère, fit ce qu'il put, et par son autorité et par ses raisons, pour adoucir l'esprit de ce prieur ; mais tout cela en vain : le démon, qui était dans son imagination, ne la tenait remplie que de certaines espèces qui lui faisaient voir les choses tout autrement qu'elles n'étaient. Enfin, quelque peu de temps auparavant que l'homme de Dieu expirât, le démon s'étant retiré, voilà ce supérieur dans un étonnement prodigieux de ce qu'il avait fait ; il n'était arrivé rien de nouveau, toutes choses étaient dans le même état, le démon seulement s'était retiré.


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Message  Monique Jeu 03 Déc 2020, 8:31 am

Les plus petites imperfections donnent de grandes prises à ces esprits apostats. Les moindres choses, comme il est dignement remarqué dans la Vie de saint Jean Chrysostome, depuis peu donnée au public, leur suffisent pour exciter des passions violentes contre ceux qui leur font la guerre, en tâchant de rétablir les mœurs de l'Église dans leur première pureté. Les moindres actions d'un fidèle serviteur de Dieu peuvent servir aux princes des ténèbres, de fondement et d'ouverture à une grande persécution, et ils savent envenimer les choses les plus innocentes. Si les évêques et les prêtres qui ont vécu au temps de la persécution sont morts pour la défense de la foi, les évêques et les prêtres ne peuvent être persécutés, depuis la paix de l'Église, que pour la défense de la vigueur de la discipline. Les démons font dans l'imagination ce que certains miroirs font à nos yeux : ils grossissent les espèces, et ils peuvent faire paraître des atomes comme de hautes montagnes.

Ils font aussi voir les choses, comme nous l'avons déjà dit, d'une autre manière qu'elles ne sont ; comme ces verres qui vous représentent les objets tout d'une autre couleur que celle qu'ils ont. Ils vous donnent des idées très fausses de la véritable dévotion ; ils la font mettre où elle n'est pas, en de certaines pratiques, en des lumières et mouvements sensibles ; ils ne la font pas mettre où elle est, dans une volonté résolue de faire la volonté de Dieu en toutes choses, et en la manière qu'il le veut. Ils persuadent aux gens du monde qu'elle n'est bonne que pour les cloîtres, et la font paraitre d'une telle façon qu'il ne leur est pas possible de la pratiquer. Leurs artifices vont à la faire envisager comme impossible à ceux qui vivent dans le siècle, afin de leur en ôter la pensée ; ou ils la représentent si hideuse, qu'on n'a pas le courage de l'embrasser ; ou ils lui imposent les défauts de ceux qui en font profession, pour la décrier.

Comme ils sont tous dans la malignité, ils glissent dans les esprits une inclination maligne, qui leur fait trouver du venin dans les actions les plus saintes, et les portent à interpréter en mal les œuvres du prochain ; au contraire de la véritable charité, qui pense du bien d'un chacun, et qui, lorsqu'elle ne peut pas approuver l'action, excuse au moins l'intention. C'est un des maux des plus ordinaires du monde, que de croire le bien avec peine, et de penser le mal avec facilité. Si l'on ne peut pas blâmer une vie vertueuse, qui nous sert de reproche, l'on s'en prend à l'intérieur ; et pénétrant le fond du cœur, qui n'est connu que de Dieu seul, on le taxera d'hypocrisie et de dissimulation. Sainte Thérèse rapporte que la sainte dame de Cardone parlait facilement de ses grâces, et disait assez bonnement ses vertus ; elle regarde ce procédé comme celui d'une âme qui ne regardait que Dieu seul, sans se considérer : une autre l'aurait condamnée de vanité, et aurait soupçonné cette vertueuse dame de rechercher l'estime des créatures.


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Message  Monique Ven 04 Déc 2020, 8:34 am

Le P. Caussin, dans sa Cour sainte, faisant réflexion sur cette vérité, que nous devons être fort retenus à porter notre jugement sur les actions de nos prochains, après avoir hautement loué la conduite du grand saint François de Sales, remarque qu'un esprit critique y aurait bien trouvé à redire. Par exemple, dit cet éloquent auteur, le saint témoigne que le souvenir de madame de Chantal (2), de glorieuse mémoire, lui est si cher, qu'il y pense souvent, et avec affection, et même au saint autel ; un esprit pointilleux n'approuverait pas que l'imagination d'un saint homme fût remplie du souvenir d'une femme ; cependant il y était appliqué par grâce. Mais nous lisons de certains saints qu'ils demandaient à Dieu de ne se souvenir jamais, même dans leurs prières, des femmes qui s'y recommandaient. C'était leur grâce que d'en user de la sorte ; mais les voies que tient l'esprit de Dieu en la conduite de ses saints sont si différentes, que c'est un abîme au pauvre esprit humain.

Quand les démons prévoient de grands secours pour les âmes, des bénédictions spéciales sur une ville, un diocèse, une province, ils suscitent de grandes persécutions contre les personnes dont Dieu veut se servir. Ils n'oublient rien pour les décrier et pour en donner de l'horreur : et non-seulement ils maltraitent les personnes employées dans les fonctions publiques, mais celles qui sont les plus retirées et les plus solitaires, lorsqu'ils y remarquent une vertu extraordinaire ; car ces âmes, dit sainte Thérèse, ne vont jamais au ciel seules ; elles sauvent et sanctifient grand nombre de personnes par leurs oraisons et par leur union avec Dieu. L'on a vu de notre temps un religieux carme déchaussé mener une vie fort solitaire sur le mont-Carmel, et imiter ces anciens Pères qui se retiraient dans les solitudes les plus écartées, pour y passer quelque temps dans un entier éloignement des hommes ; c'est une chose étonnante d'apprendre la rage des démons contre ce serviteur de Dieu.


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Message  Monique Sam 05 Déc 2020, 8:24 am

S'ils conjecturent que la piété d'une âme solidement vertueuse, et les grâces extraordinaires que le ciel lui a faites, doivent faire de grands fruits dans l'Église, ils travailleront à mettre en vogue quelque créature trompée ; ils la feront passer pour sainte, ensuite ils en découvriront les tromperies, pour faire juger qu'il en est de même de celles qui sont mues par l'esprit de Dieu, et par là empêcher le bien qui en peut arriver. S'ils voient que la dévotion s'établisse dans un pays, par la solide pratique de l'usage fréquent des sacrements, de l'exercice de l'oraison, de l'union avec Dieu, ils feront tomber dans quelques fautes quelques-unes des personnes qui font profession de dévotion, et ensuite feront crier contre la fréquente communion, contre l'oraison, et les autres pratiques de piété : ils rendront ridicules les dévots, et feront les derniers efforts pour s'opposer aux desseins de Dieu. « Ô mon Seigneur, s'écrie la séraphique Thérèse, que c'est une grande pitié ! Si une personne est trompée dans les voies de l'oraison, l'on crie, l'on fait grand bruit, et l'on ne voit pas que pour une personne qui s'égare, prenant mal l'oraison, les milliers d'âmes se damnent par faute de la faire. » Le pieux Grenade, en son Mémorial, fait un chapitre dans lequel il montre que c'est souvent un grand abus que de crier tant contre les abus de la fréquente communion : « Ce n'est pas qu'on ne les doive blâmer et avoir en horreur ; mais l'on ne prend pas garde, dit ce savant maître de la vie spirituelle, que sous prétexte de quelques abus qui se commettent, l'on empêche non-seulement les grands progrès des bonnes âmes en la vertu, par l'usage fréquent de la communion, mais encore, et c'est ce qui est grandement considérable, beaucoup de gloire qui en reviendrait à Dieu. »

Notre-Seigneur révéla à sainte Gertrude, que ceux qui empêchaient la fréquente communion lui ravissaient ses délices. Saint Thomas enseigne que la communion journalière était de précepte dans les premiers siècles. Le saint concile de Trente souhaite que l'usage en pût être rétabli. Il faut examiner les personnes qui reçoivent tous les jours la sacrée communion, afin qu'on n'en fasse pas un mauvais usage : mais de désapprouver un usage si établi dans la primitive Église, et que le dernier concile général voudrait pouvoir être rétabli, c'est un effet de la haine que les esprits d'enfer ont conçue contre ce mystère d'amour.


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Message  Monique Dim 06 Déc 2020, 8:28 am

Un grand serviteur de Dieu a sagement remarqué qu'il y a de certaines personnes dans lesquelles les démons sont comme dans leur fort, et par le moyen desquelles ils rendent leurs tentations plus dangereuses. Il y a des personnes dont les approches portent à l'impureté, les autres à la vengeance, les autres à la vanité. Les démons sont dans les yeux de quelques personnes, dans leurs cheveux, dans leurs mains ; et ils rendent tout ce que ces personnes font si agréable, leur voix, leurs paroles, le mouvement de leurs yeux, leurs gestes, qu'il est difficile de n'y être pas pris. L'on s'étonne quelquefois de voir des malheureux s'attacher à des créatures assez imparfaites, et quitter leurs femmes qui sont belles et agréables ; souvent cela arrive par l'opération secrète des démons, qui mettent des charmes pour les cœurs en des misérables qui naturellement devraient donner de l'aversion.

Un malade qui était sur le point de mourir était dans une grande paix ; un de ses amis, hérétique, entre en sa chambre pour lui rendre visite, à même temps il se trouva grandement tenté contre la foi. Les démons, qui n'avaient pas de prise dans ce lieu pour combattre ce pauvre malade, se trouvèrent en cet hérétique comme dans leur fort pour l'attaquer : j'ai appris ceci de feu M. Gauffre, digne successeur du P. Bernard, de glorieuse mémoire ; et la chose mérite bien d'être remarquée, pour ne pas donner lieu aux diables de nous tenter, particulièrement à l'heure de la mort, prenant garde aux compagnies que nous fréquentons. Disons ici que comme les diables nous font de rudes combats par les gens qui sont à eux, aussi l'esprit de Dieu nous donne de grands secours par les âmes qu'il remplit.

La bienheureuse Angèle de Foligni, faisant un voyage de dévotion, fut favorisée de dons grandement extraordinaires, et notre bon Sauveur lui révéla que si elle eût pris une autre compagnie que celle qu'elle avait, qui était une personne de vertu, elle eût été privée de toutes ces grâces. Rien de plus pernicieux que la conversation avec les méchants, rien de plus utile que celle que l'on a avec les gens de bien.


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Message  Monique Mar 08 Déc 2020, 10:53 am

Enfin, le grand ravage de ces maudits esprits est l'établissement de l'hérésie : pour ce sujet ils usent de leurs ruses ; ils commencent par les choses qui ne peuvent pas tant étonner de prime abord, Ils suscitèrent Luther pour crier contre les indulgences ; mais ils le firent commencer par les abus des indulgences, des cérémonies, et insensiblement ils en vinrent à la foi.

Sainte Thérèse enseignait que le grand courage était tout à fait nécessaire en la milice spirituelle ; et il est bien vrai, puisque nos ennemis, non-seulement sont terribles en leur force, cruels en leur rage, extraordinairement redoutables en leurs ruses, mais qu'ils sont infatigables en leur poursuite : toute leur occupation est de nous surprendre ; ils veillent à notre perte pendant que nous dormons. « Nos ennemis, dit saint Augustin, sont toujours attentifs à notre ruine, et nous sommes toujours dans l'oubli de notre salut. Ils veillent sans cesse pour nous faire mourir de la mort éternelle, et nous sommes continuellement endormis quand il s'agit de nous sauver. Le sommeil et la nourriture, non plus que les autres soins qui nous lassent, ne les fatiguent jamais, puisqu'ils n'en ont pas besoin ; ils sont toujours sous les armes jour et nuit, et durant tout le cours de notre vie, et ils ne les quittent jamais : s'ils donnent quelque apparence de paix ou de trêve, ce n'est que pour mieux nous faire la guerre, et pour nous combattre avec plus de forces et plus de succès. »


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Message  Monique Mer 09 Déc 2020, 9:41 am

De plus, ce sont de purs esprits, aussi vites que nos pensées, qui entrent partout, qui nous suivent partout, à qui rien n'est fermé : vous avez beau mettre des portes et des serrures à vos chambres et à vos cabinets, l'entré ne laisse pas de leur en être libre ; et comme ils sont invisibles, ils vous combattent sans être vus ; ils vous frappent, et vous ne voyez personne, ils sont auprès de vous méditant votre perte, et vous n'en savez rien ; leurs armes sont invisibles ; ce qui marque assez combien il est difficile de s'en défendre. Ils nous tentent en tout temps, et Cassien nous apprend que les Pères du désert connaissaient par expérience que dans les temps les plus saints leurs tentations étaient plus grandes ; comme, par exemple, durant le saint temps de carême.

Leurs attaques deviennent plus violentes à mesure que l'amour de Dieu s'augmente. Dès qu'on commence à le servir, il faut se préparer à la tentation ; et il ne faut pas s'en étonner : pour lors la guerre est déclarée, auparavant ils ne s'en mettaient pas en peine, tenant l'âme sous leur tyrannie. Les saints se voient souvent sur le bord du précipice, par la violence de leurs tentations : ce sont ceux-là, dit Cassien, qui souvent sont bien tentés des convoitises de la chair. Ce Pharaon infernal accable de travaux ceux qui tâchent de s'échapper de sa cruelle domination. Il n'y a point de lieu qui nous exempte de cette guerre ; nos temples et les lieux les plus saints ne nous en préservent pas : ils se glissent partout. Ils font tomber dans la solitude le pauvre Loth dans l'impureté, lui qui s'était conservé chaste au milieu d'une ville toute pleine des plus monstrueuses impudicités. Il n'y a point d'âge en la vie qui nous mette à couvert de leurs attaques. Un grand et excellent solitaire, ayant résisté à leurs tentations en sa jeunesse, aimant mieux faire brûler son corps dans le feu matériel que d'abandonner son âme aux feux de l'impureté, et triomphant de la sorte de l'effronterie d'une femme qui tendait des pièges à sa pudicité, étant âgé de soixante ans ou plus, se laissa vaincre à ces tentateurs, par le moyen d'une créature qui en était possédée. Considérons cet exemple en passant, et tremblons. Un jeune homme, qui dans la fleur de son âge avait remporté de si glorieux triomphes, se laisse vaincre, et cela dans la vieillesse, après tant de jeûnes et de mortifications, ayant le corps consumé de grandes austérités ; après tant de victoires remportées durant le cours de tant d'années ; après une vie céleste, tant de dons extraordinaires, tant de grâces miraculeuses, il se laisse vaincre par une femme qui était possédée, ce qui devait donner de l'horreur, et après avoir chassé le diable de son corps.


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Message  Monique Jeu 10 Déc 2020, 9:04 am

Un de leurs soins est de nous lasser par la durée du combat ; et l'expérience fait assez voir que l'on succombe à la fin, après avoir résisté un long temps. Une âme sera fidèle à ses exercices, malgré tous les dégoûts et toutes les répugnances qu'elle en peut avoir, quoiqu'elle n'y ait aucun sentiment, et qu'elle n'y porte que des peines : à la fin l'ennui l'accable, et elle cède à la tentation. Elle s'assujettira aux bons conseils qu'on lui donne, et gardera inviolablement les ordres qu'on lui prescrit : à la fin elle en fera à sa tête, et cédera à ses pensées et à ses inclinations. Quand ces esprits malheureux voient qu'ils ne peuvent rien gagner, ils vont prendre de nouvelles forces ; ils s'associent des démons plus puissants encore et plus malicieux, et reviennent au combat, terrassant souvent ceux qui en avaient auparavant triomphé.

Après tout, leur nombre est incroyable. Saint Bernard dit que les diables, qui sont les singes de la Divinité, se partagent, afin que tous les hommes aient un mauvais ange, comme ils en ont un bon. Saint Grégoire de Nice est dans le même sentiment. Saint Antoine disait souvent que des millions de diables parcouraient toute la terre. Saint Hilarion, son disciple, disait la même chose, et rapportait sur ce sujet l'histoire de l'Évangile, qui nous enseigne qu'un seul homme en était possédé d'une légion, c'est-à-dire de six mille six cent soixante-six. Le glorieux saint Dominique délivra un malheureux qui était possédé de quinze mille diables, qui étaient entrés dans son corps en punition des railleries qu'il avait faites des quinze mystères du rosaire. Ceci mériterait bien d'être considéré par ces gens qui se raillent des associations établies avec autorité légitime. Mais considérons combien d'ennemis conspirent à la perte d'un seul homme. Saint Jérôme, sur le chapitre VI aux Éphésiens, déclare que c'est une opinion générale des docteurs, que l'air est tout rempli de ces ennemis invisibles.


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Message  Monique Ven 11 Déc 2020, 8:18 am

Après cela, donnons un peu nos attentions aux dangers où nous sommes exposés ayant de tels ennemis sur les bras. Mais donnons-les en même temps à la considération de ce que nous sommes, nous qui avons à combattre contre de telles forces. Nous vivons au milieu de la nuit, et dans le plein midi de la grâce, nous ne voyons pas même, aveuglés que nous sommes de nos passions. Nous marchons dans des lieux tout pleins de précipices éternels, et dans des chemins si glissants, que les plus saints ont bien de la peine à s'y soutenir : nous ne savons pas le chemin qu'il faut tenir, et nous prenons facilement, selon le sentiment de saint Bernard, celui de l'enfer ; ceux que nous rencontrons sont des aveugles et des ignorants comme nous, qui, au lieu de nous aider à nous tirer de ces mauvais pas, servent à nous y perdre. Nous ne sommes que pure faiblesse, et percés de coups mortels de toutes parts.

Ô mon Dieu, ô mon Dieu, qui pourra se sauver dans un état si déplorable ? Hélas ! Ô homme, à quoi pensons-nous, lorsque nous sommes dans l'oubli de ces dangers effroyables ? Est-il donc possible que ces vérités soient indubitables, et que nous y pensions si peu comme il faut ? En vérité, en vérité, il faut que nous soyons enchantés ; qu'ayant des yeux nous ne voyions pas, des oreilles sans entendre, et des pieds, demeurant cependant immobiles pour l'éternité ; nous ne voyons, nous n'entendons, nous ne marchons que pour la vie présente.


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Message  Monique Sam 12 Déc 2020, 7:57 am

Ces aveuglements et insensibilités, sont la cause que la plupart des âmes deviennent la proie des démons : si nous voulions bien nous laisser aller aux lumières et aux mouvements de la grâce, ne pouvant rien de nous-mêmes, nous pourrions tout en celui qui est notre force. C'est en sa vertu qu'il faut résister généreusement à la puissance des démons, qui, à la manière des crocodiles, fuient ceux qui les poursuivent et poursuivent ceux qui les fuient. Résistez au diable, nous enseigne la divine parole, et il s'enfuira de vous. (Jac. IV, 7) Il est vrai que nos forces sont entièrement inégales ; mais la vertu de Jésus-Christ supplée à notre faiblesse. Le grand saint Antoine assurait que depuis la venue de Notre-Seigneur, nous pouvions venir à bout du démon comme d'un moineau, et briser ses forces comme l'on ferait de la paille.

Il faut donc mettre toute sa confiance en Jésus-Christ et sa sainte croix, en la protection de sa sainte Mère, qui a écrasé la tête de ce malheureux serpent, et se servir des sacrements, de l'eau bénite, des images saintes, pour détruire tous ses efforts, nous tenant toujours d'une autre part dans l'humilité, vertu toute puissante pour rendre les tentations de l'enfer inutiles, mais vertu sans laquelle toutes les autres vertus nous serviront de peu contre ses attaques. Saint Antoine, dont je viens de parler, ayant vu tout le monde rempli de pièges, et un démon qui de sa tête touchait les astres, et ravissait la plupart des âmes, fut pénétré de douleur ; et comme ce saint homme criait avec force : « Qui pourrait donc s'échapper de ces liens, et des mains de ce monstre infernal ? », une voix du ciel lui répondit : « Antoine, ce sera l'humilité. » Cette vertu doit être accompagnée dune entière défiance de nous-mêmes. Si nous prenons quelque appui sur nos forces, sur notre expérience, notre conduite, nos résolutions, nous sommes perdus ; tôt ou tard, infailliblement, nous périrons : et il faut bien prendre garde à une confiance secrète que nous avons en nous-mêmes, qui est quelquefois imperceptible : il semble, quand nous avons fait de certaines pratiques de piété, que tout est gagné ; et Notre-Seigneur permet qu'ensuite nous retombions plus lourdement.


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Message  Monique Dim 13 Déc 2020, 9:11 am

Il y a des âmes qui voient bien de certaines imperfections dont elles ont horreur ; elles soupirent, elles travaillent, et n'en peuvent venir à bout. C'est, dit le saint homme le P. de Condren, que ces âmes ne connaissent pas encore assez leur faiblesse, leur insuffisance, leur impuissance. La défiance de nous-mêmes doit être suivie de crainte : Craignez le Seigneur, est-il écrit, vous tous qui êtes ses saints (Psal. XXXIII, 10)

Si les saints doivent opérer leur salut avec tremblement (Philip. II, 12), que doivent faire les pécheurs ? Un larron auprès de la croix est sauvé, un autre dans le même lieu est damné. Dieu pardonne à l'un de ses apôtres qui la renié, il condamne un de ses disciples qui la trahi. Il y a un paradis, mais il y a un enfer ; quelques-uns ont fait une véritable pénitence à la mort, mille et mille sont morts dans le péché.

Enfin, l'on a vu les plus belles lumières de l'Église s'éclipser, l'on a vu des anges de la terre se précipiter dans les enfers par un mouvement de superbe à la fin de leur vie ; l'on a vu des colonnes de l'Église ébranlées et abattues, l'on a vu ceux qui y éclairaient les autres, des plus pures lumières de la foi tomber dans l'hérésie, l'on a vu des saints devenir des diables.


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Message  Monique Lun 14 Déc 2020, 8:37 am

Pour ce sujet, il faut être fort sur ses gardes, et ne pas donner lieu à la tentation, en évitant toutes les occasions qui pourraient nous y engager. Veillez et priez, dit la divine Parole, de peur que vous n'entriez en tentation (Matth. XXVI, 41) ; elle ne dit pas de peur que la tentation n'entre en vous, mais de peur que vous n'entriez en la tentation. Quand c'est par l'ordre de Dieu que nous nous trouvons dans le péril, avec son divin secours nous en échapperons ; si c'est de nous-mêmes que nous y sommes engagés, nous y périrons. La tentation de Joseph était bien plus forte que celle de David : Joseph était jeune, David était vieux ; Joseph était poursuivi par les caresses et les menaces d'une femme qui l'importunait sans cesse, David n'était poursuivi de personne.

La pudicité de Joseph était attaquée par une femme qui était sa maîtresse ; en lui résistant, il courait risque de sa vie, en donnant les mains à la passion, il pouvait attendre une grande fortune temporelle ; David était roi, il n'avait rien à craindre ni rien à attendre que les remords de sa conscience. David était plus avancé dans la vie spirituelle, et c'était l'homme selon le cœur de Dieu ; cependant David est vaincu par la tentation, Joseph y résiste : c'est que David s'expose lui-même à la tentation, et que Joseph se trouve engagé dans le péril s'acquittant de son devoir dans l'ordre de Dieu. Les enfants ont été délivrés de la fournaise de Babylone, saint Pierre du danger des eaux ; mais, si vous vous jetez à l'eau, ou dans le feu, vous y serez noyé ou brûlé.

Si vous vous sentez bilieux, pourquoi n'évitez-vous pas les occasions de la colère ? Si vous vous sentez porté à l'amour, pourquoi ne fuyez-vous pas discrètement les occasions des femmes ? Vous vous fâchez en jouant, pourquoi donc ne renoncez-vous pas au jeu ? Vous êtes distrait quand vous faites vos prières dans des lieux qui ne sont pas assez retirés, que n'en choisissez-vous de plus propres ? Saint Ignace, le fondateur de la compagnie de Jésus, avait le privilège de ne point avoir de distractions pendant ses prières ; mais il fallait qu'il fît, de son côté, ce qu'il pouvait : quand il ne s'éloignait pas assez du monde et du bruit, il ne jouissait plus de cette grâce.


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Message  Monique Mar 15 Déc 2020, 8:24 am

Soyez aussi prompt à résister à la tentation. Le même saint disait que le serpent fait glisser facilement tout son corps où il a passé sa tête. La négligence que vous apportez à résister à la tentation donne de grandes prises à vos ennemis ; ils craignent grandement les âmes qui résistent de prime abord à leurs attaques ; car ils voient que ces attaques ne leur servent qu'à leur acquérir des couronnes. Si un charbon de l'en tombait sur votre habit, en même temps et, avec le plus de diligence qui vous serait possible, ne le jetteriez-vous pas par terre ? Et, pour peu que vous le laissassiez sur votre habit, n'en serait-il pas gâté ? Quoique la négligence ne soit pas entièrement volontaire, n'y ayant pas une advertance parfaite, c'est toujours un péché véniel, et un seul péché véniel donne des forces étranges au démon pour nous tenter. Quand les exorcistes des possédés de Marseille avaient commis la moindre petite faute, ils ne pouvaient rien faire contre les démons durant quelque temps : au contraire, lorsqu'on a repoussé la tentation promptement, les démons ont peur de revenir, et leurs forces sont affaiblies. Il ne faut jamais délibérer ; une ville qui parlemente est presque prise. Dès lorsque l'on voit le péché, ou l'occasion du péché, il faut rompre, il faut quitter, il faut tout souffrir plutôt que dy penser.

Dans les combats de la chasteté, il faut vaincre en fuyant ; ne vous amusez pas à regarder les tentations, fuyez au plus vite : les tentations contre la pureté ont des charmes pour les sens, qui vous prennent si vous les regardez. Dans celles de la foi, il ne faut jamais raisonner : I1 faut s'enfuir, disait saint François de Sales, par la porte de la volonté, et non pas par celle de l'entendement. Donnez-vous bien de garde d'aller chercher des raisons pour vaincre ces sortes de tentations ; ne disputez pas avec le démon, il est trop habile pour vous ; vous ne vous tirerez jamais de ses difficultés. Le saint évêque que nous venons de citer rapportait que cet esprit de subtilité et de malice lui forma une objection si forte contre la présence de Notre-Seigneur en l'Eucharistie, que sans un secours particulier de la grâce il était perdu ; c'est pourquoi jamais cet incomparable prélat n'a voulu dire la difficulté de sa tentation, dans la crainte qu'il avait qu'elle ne fût le sujet de la perte de quelque âme.


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Message  Monique Mer 16 Déc 2020, 7:27 am

Dans les autres peines d'esprit, il faut un grand abandon à Dieu, et y éviter les réflexions volontaires. L'on ne peut pas empêcher que l'imagination n'en soit attaquée, mais on doit les souffrir en patience, et ne les pas entretenir ou augmenter par des réflexions volontaires. Elles portent ordinairement les personnes à être rêveuses : ce qu'il faut tâcher d'éviter, s'occupant doucement, pour y donner le moins de lieu que l'on peut ; la trop grande crainte en imprime les espèces plus fortement dans l'imagination, et, dans les tentations de l'impureté, les sens en sont plus émus.

Dans les peines de scrupules ou d'autres inquiétudes, le remède est de ne se pas arrêter à son jugement, de prendre avis d'une personne expérimentée dans ces sortes de voies (car il y a de grands directeurs qui n'en ont pas d'expérience), et qui ait de la doctrine et de la résolution, et s'en rapporter à ses avis, soit pour ne plus réitérer de confessions générales, quoique l'on estime en avoir besoin ; soit pour ne plus dire de certaines fautes, soit pour ne se pas accuser de certains doutes. Car enfin l'ordre que Dieu a établi en son Église est de ne nous pas gouverner immédiatement, mais par les personnes qu'il a appelées aux fonctions sacrées du sacerdoce.

Une personne qui, agissant contre la conscience, ferait une chose qu'elle estimerait péché mortel, quoique ce ne fût qu'une faute vénielle, sans doute, si elle faisait cette chose avec une délibération parfaite, il y aurait un péché notable ; mais, si, nonobstant le jugement qu'elle fait de l'énormité d'une faute, elle passe par-dessus, soumettant son jugement à celui de son directeur, qui a plus de lumière qu'elle, et qui discerne mieux le péché d'avec le péché, assurément elle fait bien. Mais elle agit, me direz-vous, contre la conscience ; il est vrai, mais c'est une conscience dans l'erreur, et elle suit les règles d'une conscience véritablement éclairée, qui est celle du directeur.

L'on ne doit pas non plus s'inquiéter sur ce qu'il vient en l'esprit que l'on ne s'est pas assez bien expliqué, ou bien que le directeur ne connaît pas bien notre état (ce sont des tentations communes presque à toutes les personnes peinées), ni s'embarrasser sur ce que nos peines peuvent venir de nos péchés ; car, après avoir renoncé à nos fautes, il est expédient d'en porter les peines dans la paix. Les peines du purgatoire sont à la vérité des peines et des châtiments du péché ; cela empêcherait-il que les âmes qui y souffrent ne les portent avec tranquillité et une entière résignation aux ordres de Dieu ?


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Message  Monique Jeu 17 Déc 2020, 8:08 am

Dans les peines de blasphème ou de réprobation, il est nécessaire dy éviter doucement les réflexions volontaires ; et dans ce temps ordinairement la vue confuse de Notre-Seigneur est plus propre, dans l'oraison, qu'une connaissance distincte des mystères, parce que la tentation s'augmente et s'entretient par la vue distincte des vérités de la foi. Surtout, il est à propos de ne se pas laisser aller au découragement, quelques fautes que l'on commette. Quand vous tomberiez cent fois par jour, relevez-vous cent fois par jour. Un homme ne serait-il pas ridicule s'il demeurait couché au milieu dune rue dans la boue, et la fange, parce qu'il s'est laissé tomber plusieurs fois ? Humilions-nous bien de nos fautes, et en ayons du regret, mais jamais ne nous en décourageons... C'est une maxime générale : l'ennui et l'impatience causent de grands maux.

Apprenons à nous supporter dans nos défauts, attendant avec patience le secours du Seigneur. C'est une fâcheuse tentation que le trop grand empressement à la perfection, que souvent nous voulons par amour-propre. Notre orgueil voudrait nous voir bientôt être parfaits, et il nous fait étonner de ce que nous tombons, qui est tout ce que nous pouvons de nous-mêmes. Mon juste, dit l'apôtre, vit de la foi (Galal. III, 11) ; c'est la grande et certaine règle de toute la vie spirituelle. Ne vous réglez pas par les goûts, les sentiments, ou les sécheresses et aridités, mais conduisez-vous par la foi, qui vous montrera que Dieu doit être également servi et adoré dans le temps de la tribulation comme dans le temps de la consolation. Ainsi vous serez fidèles à vos exercices, sans considérer si vous y avez répugnance ou inclination. Vous ne serez jamais non plus trompés dans les voies extraordinaires, où souvent les directeurs perdent beaucoup de temps pour discerner si les grâces viennent de l'esprit de Dieu, du démon, ou de l'imagination, et bien souvent ils y sont abusés.


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Message  Monique Ven 18 Déc 2020, 8:22 am

Les serviteurs de Dieu, qui conclurent que sainte Thérèse était trompée dans ses grâces extraordinaires, à raison de plusieurs imperfections qu'ils remarquaient en elle, se trouvèrent eux-mêmes dans la tromperie. Ce n'est pas une conclusion, dit le savant évêque qui a composé la Vie de la sainte, que les dons que l'on voit dans une âme ne procèdent pas de l'esprit de Dieu, parce qu'elle est imparfaite, car quelquefois ils sont donnés pour délivrer de ces imperfections. Si l'âme, quelques paroles intérieures qu'elle entende, quelque vision qui lui soit représentée, ne s'arrête qu'à la pure foi, laissant ces choses pour telles qu'elles sont, elle demeurera toujours dans la vérité. Si c'est le démon qui agit, il n'en recevra que de la honte et du dépit ; si c'est l'esprit de Dieu, il opérera dans l'âme, indépendamment de sa vue ou réflexion.

Les tableaux que nous avons dans nos églises sont un usage que l'esprit de Dieu a introduit, et qui le blâmerait serait hérétique. Cependant si l'on s'arrêtait à l'image, au lieu de passer de l'image à la chose représentée, sans doute l'on manquerait beaucoup. Or, les visions que l'esprit de Dieu même donne, sont des figures ou images de la Divinité ; elles ne sont pas Dieu, et l'esprit de Dieu ne les donne que pour nous élever à lui. Or, comme la foi est le plus prochain moyen de l'union divine, il faut s'en tenir là. Enfin, l'entier et parfait abandon à la divine volonté pour toutes choses, et en toutes choses, ne désirant rien en particulier, est le grand secret pour vaincre les tentations. L'on doit se souvenir qu'il ne faut pas s'attacher aux moyens qui conduisent à Dieu, quelque excellents qu'ils soient, ni à aucune pratique, quelque bonne quelle puisse être ; mais qu'on doit la prendre et la quitter quand il la faut prendre ou quitter ; car tous ces moyens ne sont pas Dieu, à qui seul nous devons nous arrêter inviolablement comme à notre seule fin.

Avant que de finir cette matière, je me sens pressé de donner avis d'une tentation ordinaire, mais dangereuse, et qui rend presque toutes nos actions, ou inutiles ou imparfaites. C'est que le démon travaille à nous faire occuper de toute autre chose que de ce que nous faisons. Si vous êtes dans l'oraison, il vous fera penser à quelque bonne action que vous avez à faire ; quand vous serez dans cette action, il vous occupera d'une autre ; et ainsi vous pensez toujours à ce que vous ne faites pas, et ne pensez jamais bien, ou qu'à demi, à ce que vous faites. Or, chaque moment a sa bénédiction ; faites bien ce que vous faites, et pour le bien faire ne pensez à autre chose. Le moment passé n'est pas à vous ; le futur n'y est pas encore ; il n'y a donc que le présent. Or voici la ruse du démon : vous désoccupant du présent, et vous tenant toujours en haleine pour l'avenir, jamais vous n'avez aucun moment à vous.


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Message  Monique Sam 19 Déc 2020, 8:21 am

C'est encore une de ses ruses, de vous donner du goût pour des emplois qui ne sont pas de votre état. Que vous sert-il de vous occuper de la vie des Chartreux, si votre état est dans les emplois extérieurs ? Et que sert aux Chartreux de penser à la prédication, ou à la visite des hôpitaux, puisqu'il faut qu'ils vivent solitaires ? Nous ferions des merveilles, à ce que nous pensons, si nous faisions des choses que cependant nous ne ferons jamais ; et nous ne songeons pas à bien faire ce que nous sommes obligés de faire tous les jours. Vous êtes engagé dans un état où il y a bien de la peine à se sauver, et il faut, malgré vous, que vous y demeuriez.

Considérez donc sérieusement qu'il faut vous sauver dans cet état si dangereux, et n'allez pas perdre le temps à vous imaginer d'autres états où vous n'entrerez jamais. Travaillez cependant, dans quelque condition que vous soyez, à bien régler vos passions ; et sachez que la moindre est capable de vous jeter dans un aveuglement déplorable, et qui vous met même hors d'État de prendre aucun avis ; la raison en est que nos passions nous trompant, nous font voir les choses d'une autre façon qu'elles ne sont ; ainsi nous les proposons, pour en avoir avis, comme nous les concevons, et l'on nous donne conseil comme nous les expliquons ; ce qui fait que souvent l'on est dans de grandes erreurs, même en suivant conseil, et cela par notre faute, ce qui ne nous excusera pas devant Dieu. Or, ce que nous avons déjà dit, que les démons nous trompent dans la vue des choses, cela arrive par le moyen de nos passions, dont ils se servent.


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Message  Monique Dim 20 Déc 2020, 9:35 am

Mais le Dieu du ciel a plus de désir de nous sauver que l'enfer n'a de rage pour nous perdre. Comme il sait à fond nos impuissances, dans l'excès de ses divines miséricordes, il donne des secours proportionnés à nos faiblesses ; et pendant que l'enfer veille continuellement à notre perte, ses yeux sont toujours amoureusement ouverts à notre défense. Il nous envoie les anges bienheureux de sa cour céleste, par une Providence que l'Église appelle ineffable, pour nous soutenir dans les combats que nous devons donner contre ces puissances, dont la force infailliblement nous accablerait, sans une protection si particulière. « L'âme, dit saint Bernard, est quelquefois dans un tel trouble, son esprit dans un ennui si fâcheux, son cœur dans des angoisses si pressantes, son corps tellement affligé, sa tentation si vive, que, sans un grand secours, elle succombera. Elle a besoin pour lors d'être assistée par les anges, continue ce Père ; elle a besoin de la consolation de ces esprits du ciel. Comme elle est toute languissante, elle ne pourrait pas marcher ; il est nécessaire que les anges la portent entre leurs bras. »

Certainement j'estime qu'en cet état ils la soutiennent, pour ainsi dire, comme avec deux mains, et la font passer si doucement à travers de tous les dangers qui lui donnaient plus de crainte, qu'en quelque façon elle les sent, et ne s'en aperçoit pas. Il nous faut marcher sur les aspics et les basilics ; il nous faut fouler aux pieds les lions et les dragons. Qu'il est nécessaire, pour cet effet, d'avoir les anges pour maîtres et pour guides ! Qu'il est nécessaire même qu'ils nous portent, particulièrement nous qui ne sommes que comme de faibles enfants ! Mais que nous passons facilement ces routes dangereuses, si nous sommes portés par leurs mains ! Que craignons-nous ? Ils sont fidèles, ils sont sages, ils sont puissants ; suivons-les seulement, et ne nous en séparons pas.


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Message  Monique Lun 21 Déc 2020, 7:36 am

Toutes les fois donc que vous vous verrez pressé de quelque grande tentation ou affliction, ayez recours à votre bon ange ; dites-lui : Seigneur, sauvez-nous, car nous sommes sur le point de nous perdre. Ce sont les sentiments de ce grand saint qui nous font assez voir la nécessité et la douceur de la protection de ces aimables princes du paradis. Comme les rois font mourir dans leurs États les larrons, pour y conserver les biens et la vie de leurs sujets, de même ces glorieux esprits détruisent la puissance des princes de l'enfer pour le salut de nos âmes, et la gloire de leur souverain. Aussi est-il dit dans l'écriture qu'ils lient les démons, c'est-à-dire, qu'ils empêchent leur pouvoir. Le solitaire Moïse était grandement tourmenté des tentations de la chair ; et allant trouver l'abbé Isidore, pour lui exposer ses peines, et y trouver quelques remèdes, cet abbé lui fit voir une troupe de démons sous des formes sensibles, animés plus que jamais à le combattre ; ce qui affligea beaucoup ce serviteur de Dieu : mais peu à peu il lui montra une bien plus grande troupe de saints anges préparés à sa défense, en lui disant : Sachez, mon fils, qu'il nous faut dire, avec le prophète Élisée, que nous en avons plus pour nous que contre nous : ce qui lui donna une telle consolation, qu'il s'en retourna tout joyeux en sa cellule, et dans une grande résolution de résister généreusement à toutes les attaques des esprits de l'enfer.

Je vous dis, mon cher lecteur, la même chose, après vous avoir parlé des tentations des démons, de leur rage, de leur force, de leurs ruses et de leur multitude. Nous en avons plus avec nous que contre nous. Cette vérité est bien douce et bien capable de nous consoler dans toutes nos peines ; mais méditez-la un peu à loisir. Nous espérons encore en parler, avec le secours du ciel, au sujet de la confiance que nous devons avoir en la protection des saints anges, dont nous traiterons ci-après. Seulement encore un mot : Sachez qu'un seul démon, si Dieu lui permettait, serait capable de faire périr tous les hommes, quand tous les hommes de la terre seraient autant de soldats et tous sous les armes. Mais sachez aussi qu'un seul ange du ciel est plus puissant, en la vertu qu'il reçoit de Dieu, que tous les diables ensemble. Souvenez-vous ensuite que tous ces anges bienheureux veillent avec des bontés qui surpassent nos pensées à notre défense, et que les diables les craignent étrangement et plus que les saints (l'on excepte toujours celle qui ne peut souffrir de comparaison, l'incomparable Mère de Dieu) : la raison est que les bons anges ayant combattu généreusement pour la cause de Dieu contre ces apostats, dans le temps de leur rébellion, ils ont mérité d'avoir un empire particulier sur ces rebelles. Le souvenir aussi que les démons ont, qu'ils ont été dans le même pouvoir qu'eux d'arriver à la gloire, dont ils sont si malheureusement déchus, la vue qu'ils ont du bonheur qu'ils possèdent, et dont ils sont privés, les tourmentent extraordinairement.


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Message  Monique Mar 22 Déc 2020, 7:26 am

NEUVIÈME MOTIF

Les grands secours que les saints anges nous donnent à l'heure de la mort,

et après la mort



********



Si l'un des plus grands philosophes a estimé que la mort était la chose la plus terrible de toutes les terribles, quoiqu'il n'eût pas la connaissance de ses suites, que doivent penser les Chrétiens, à qui Dieu tout bon les a si miséricordieusement révélées ? Quand un esprit considère sérieusement que de cet instant épouvantable dépend la décision d'une éternité bienheureuse ou malheureuse ; que bien peu, et très peu y reçoivent une sentence favorable pour la sainte éternité ; et que la plupart du monde y est condamné aux flammes impitoyables de l'enfer pour un jamais ; il faut être plus qu'insensible pour n'avoir pas le cœur transpercé de la dernière frayeur. Mais croyons-nous à ces paroles du Fils de Dieu qui nous apprennent que le chemin de la vie est bien étroit, et qu'il y en a bien peu qui le trouvent ? (Matth. VII, 14) Croyons-nous à cette vérité effroyable, qu'il nous a révélée, qu'il y en a bien peu de sauvés ? (Matth. XX, 16.) Songeons-nous que nous allons, ou pour mieux dire, que nous courons à la mort, où il faudra faire l'expérience de ces infaillibles mais redoutables paroles, vous qui lisez ceci, et moi qui vous l'écris ?

Quoi ! Sera-t-il donc vrai, qu'à peine le juste sera sauvé (ce qui fait trembler les âmes les plus innocentes), et que le pécheur vivra dans l'assurance, comme si à la mort le paradis lui était dû et qu'il n'y eût rien à craindre pour lui ? Ô mon Dieu et mon Seigneur ! N'entrez pas en jugement avec votre pauvre serviteur, parce que personne ne sera justifié en votre divine présence. (Psal. CXLII, 2)

Le saint abbé Agathon étant sur le point de mourir, était saisi d'une extrême frayeur ; et comme ses disciples étonnés lui demandaient s'il avait quelque chose en sa conscience qui fût un juste sujet d'une telle crainte, il leur répondit que par la grande miséricorde de Notre-Seigneur sa conscience ne lui donnait aucun remords ; mais que les jugements de Dieu étaient bien autres que ceux des hommes. Toutes nos justices, nous enseigne l'Écriture (Job XXV, 4-6), ne sont qu'ordures, quand elles paraissent devant sa divine pureté.


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Message  Monique Mer 23 Déc 2020, 6:16 am

Si donc les saints anges nous rendent de grands secours à cette heure terrible, c'est pour lors qu'ils nous montrent bien qu'ils sont nos véritables amis. On reconnaît le véritable ami dans l'affliction, et lorsqu'on est dans un grand délaissement. Or quelle affliction semblable à celle de la mort, où il s'agit de tout perdre ou de tout gagner, et où tout le monde nous quitte généralement et sans réserve : les maris, leurs femmes ; les pères et mères, leurs enfants ; les plus fidèles amis, les personnes qui leur sont plus chères. Personne ne nous tient compagnie au tombeau ; l'âme s'en va seule dans l'éternité ; le corps s'en va seul dans le sépulcre. Oh ! Quelle étrange solitude, et qu'elle mérite bien de faire souvent l'occupation de nos esprits ! Toutes les créatures de la terre nous abandonnent ; pas une seule ne nous vient défendre au jugement de Dieu : les plus grandes amitiés de ce monde se terminent à la mort ; c'est un privilège de l'amour angélique, dont la durée s'étend au delà de la mort même : aussi il ne faut pas se lasser de le répéter, ce sont les non pareils en matière d'amour.

Notre-Seigneur a révélé que les âmes qui avaient eu une dévotion particulière aux saints anges pendant leur vie, en recevaient des assistances extraordinaires dans le temps de la mort, et il est bien juste ; car enfin Notre-Seigneur, le Dieu de la grande éternité, récompense pour lors la digne réception de ses ambassadeurs ; son honneur y est intéressé ; car le bon ou le mauvais traitement que l'on fait aux ambassadeurs d'un roi, retourne sur sa personne, et les docteurs tiennent pour un sujet légitime de guerre l'affront qu'un ambassadeur aura reçu. Or les saints anges sont les ambassadeurs du Roi des rois : que ne méritent donc pas ces gens, qui à peine les ont regardés, à peine ont pensé à eux, à peine les ont remerciés, mais les ont traités avec la dernière des ingratitudes, avec les derniers mépris, rebutant leurs avis, se rendant insolents à leurs remontrances ? Mon Dieu, que cet instant de la mort nous apprendra de choses ! Oh ! Que bienheureuses sont les âmes qui par leur soumission aux saints mouvements que ces esprits d'amour leur auront inspirés, par l'amour et la dévotion qu'elles auront eus pour ces charitables intelligences, seront en état d'en recevoir les assistances particulières, et la glorieuse récompense de Dieu !

Après la mort, les saints anges présentent nos âmes devant le tribunal de Dieu, et y défendent notre grande cause de l'éternité. Oh ! qu'il fait bon pour lors d'avoir de si bons et si zélés avocats ! Ils nous accompagnent dans la gloire tout comblés de joie. Ils nous visitent dans le purgatoire, et nous y rendent tous les offices imaginables que l'on peut attendre de la plus belle et de la plus constante amitié. Ils y consolent les âmes, mais à leur manière angélique, c'est-à-dire, d'une consolation toute céleste, dont toutes les joies de ce monde ne sont que des ombres et de pures apparences : ils y procurent leur soulagement ou leur délivrance, par les prières qu'ils inspirent de faire pour elles, par les messes, par les aumônes, par les mortifications ; et quelquefois même ils paraissent visiblement pour y exhorter, en se servant des espèces de notre imagination, représentant les personnes que l'on a connues, particulièrement durant le sommeil. Enfin, le docte Suarez estime qu'ils recueilleront au jour du jugement les cendres de ceux dont ils auront été gardiens. Que peut-on ajouter à des soins si amoureux et si fidèles ? Mais pourquoi des amours si précieux pour de si chétives créatures, si ce n'est que dans la créature ils y regardent Dieu seul.


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Message  Monique Jeu 24 Déc 2020, 8:20 am

DIXIÈME MOTIF

La dévotion des saints anges est une marque d'une haute prédestination


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Si nos yeux étaient un peu plus ouverts aux vérités éternelles, toute notre consolation serait d'être quelque chose dans la glorieuse éternité. Tout ce qui passe est méprisable ; et dès lors qu'une chose finit, quelque satisfaction qu'elle peut donner, quelque honneur qui en puisse arriver, l'on n'en doit pas faire grand état. Que sont devenus ces fameux conquérants de la terre, les Alexandre et les César ? Où sont leurs lauriers et leurs couronnes ! Que leur reste-t-il de leurs triomphes et de leurs victoires ? Allons, mon âme, allons en esprit dans ces cachots de feu et de flammes où ils brûlent depuis tant de siècles, et voyons dans ce funeste lieu de toutes les misères, ce que les richesses, les plaisirs et les honneurs de cette vie périssable leur ont servi. Toutes ces choses ont passé, et ils ont passé avec toutes ces choses ; il ne leur en reste que de funestes désespoirs, et une rage continuelle, des tourments qui dureront toujours et qui sont inconcevables. Dans la vérité, il n'y a que le bien ou le mal éternel qui doivent nous toucher. Répandons ici des larmes sur l'aveuglement des hommes.

Le cœur humain est fait pour de grandes choses, et il ressent je ne sais quoi en lui-même qui lui donne de forts mouvements pour la grandeur. Ainsi l'on aspire toujours à quelque chose de plus que ce que l'on a. Le soldat voudrait être capitaine, le capitaine général d'armée, le général d'armée serait bien aise d'être prince, le prince désirerait d'être roi, le roi souhaiterait être le monarque du monde : car il est vrai, par une induction générale en toutes sortes de conditions, que l'on aspire toujours à avoir plus, à être quelque chose de plus que l'on n'est. Il n'y a que pour le ciel et pour l'éternité que l'on demeure dans une bassesse de cœur qui ne se comprend nullement. Vous entendrez des gens qui vous diront qu'ils ne se soucient pas d'être les derniers du paradis. À la vérité ce nous est bien encore trop de grâce, à nous qui ne méritons que les dernières places de l'enfer : mais puisque notre Dieu très miséricordieux nous invite et nous appelle à des honneurs si élevés, à la sainte éternité, il faut être le plus lâche du monde pour n'y pas aspirer généreusement. Soyez saintement ambitieux des meilleures grâces, nous enseigne le Saint-Esprit. (I Cor. XII, 31) Si vous aimez l'honneur, disent les saints, recherchez avec courage celui qui durera toujours. Sainte Thérèse et saint François de Borgia protestaient que pour un seul degré de gloire davantage, ils auraient été contents de brûler dans les feux du purgatoire jusqu'au dernier jour du jugement. Ces âmes éclairées en savaient l'importance ; celles qui sont toutes plongées dans la chair ne voient goutte dans ces pensées.


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