L'Hémorroïsse : Qui est-elle ?

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Message  Louis Ven 02 Aoû 2019, 7:20 am

L’hémorroïsse

I

« Jésus étant près de la mer, un chef de synagogue, nommé Jaïre, vint le trouver, et le voyant se jeta à ses pieds ; et il le suppliait instamment, lui disant : Ma fille est à l'extrémité ; venez, imposez les mains sur elle pour qu'elle soit guérie et qu'elle vive. Et Jésus alla avec lui; et une grande multitude le suivait et se pressait autour de lui; ainsi qu'une femme malade d'une perte de sang, depuis douze ans. Elle avait beaucoup souffert de plusieurs médecins ; et elle avait dépensé tout son bien sans aucun soulagement, et son mal était même devenu pire.

II

« Lorsqu'elle eut entendu parler du Christ, elle vint dans la foule par derrière, et toucha son vêtement, car elle disait : Si je touche seulement son vêtement je serai guérie ; et soudain la source du sang tarit, et elle sentit en elle qu'elle était guérie de ce mal. Et Jésus aussitôt, connaissant en lui-même la vertu qui était sortie de lui, se tourna vers la foule, et dit : Qui a touché mes vêtements? Et ses disciples lui disaient: Vous voyez que la foule vous presse, et vous dites : Qui m'a touché? Et il regarda autour de lui, pour voir celle qui l'avait touché. Or, cette femme craignant et tremblant parce qu'elle savait ce qui s'était passé en elle, vint et se jeta à ses pieds, et lui avoua toute la vérité. Jésus lui dit : Ma fille, votre foi vous a sauvée ; allez en paix, et soyez guérie de votre maladie (1). »

III

Un mot seulement sur la phrase de l’Évangéliste : Cette femme avait dépensé tout son bien pour se faire guérir. Il ne faudrait pas conclure de là qu'il ne restait rien à cette femme, ou que son bien, passé en médicaments, était peu de chose. D'une part, elle exprima sa reconnaissance envers Notre-Seigneur, par un monument qui suppose une certaine fortune; d'autre part, il nous reste, pour la guérison de ce genre de maladie, une douzaine de recettes de cette époque, qui nous donnent une idée de l'ignorance des médecins juifs ou des rabbins de ce temps-là. En voyant toutes les substances dont ils se servaient pour guérir cette maladie, et à quelle forte dose ils les employaient, on comprend sans peine les plaintes de cette pauvre femme, et l'on n'est plus étonné qu'elle ait dépensé, inutilement, une grande partie de sa fortune pour se faire traiter. Venons à son histoire.

Qui était Jaïre et qu'est-il devenu, ainsi que sa fille, après l'insigne faveur dont ils furent l'objet?...
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(1) Matth., IX 18; et Marc, V, 21, 34.

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Message  Louis Sam 03 Aoû 2019, 7:48 am

L’hémorroïsse  

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IV

Qui était Jaïre et qu'est-il devenu, ainsi que sa fille, après l'insigne faveur dont ils furent l'objet? la tradition ne le dit pas. Il en est autrement de l'hémorroïsse. Cette femme, riche de foi et de biens temporels, était de la ville de Panéade. Dans la Phénicie, aux pieds du Liban, non loin des sources du Jourdain, se trouvait une ville dont l'origine est inconnue. Primitivement elle s'appelait Laïs. A l'époque de la conquête de la Terre promise par Josué, cette ville tomba entre les mains des guerriers de la tribu de Dan.

Ils la brûlèrent; puis la rebâtirent et lui donnèrent le nom de Dan, à cause de leur père, fils de Jacob et chef de leur tribu. Elle était située à l'extrême frontière septentrionale de la Palestine, comme Bersabée à l'extrême frontière méridionale. De là vient l'expression, souvent répétée dans l'Écriture : Depuis Dan jusqu'à Bersabée, pour désigner toute l'étendue de la Terre Sainte.

V

Confinant à la Phénicie, Dan était, ainsi, qu'il arriva à toutes les villes frontières, fréquentée par les Phéniciens curieux, marchands ou voyageurs. Comme le nom de Pan, un de leurs dieux les plus populaires, était beaucoup plus connu de ces idolâtres que celui de Dan, ils appelèrent la ville Paneas ou Panéade; ce nom lui resta jusqu'au temps de Notre-Seigneur. Après la mort d'Hérode, le meurtrier des innocents, Philippe, son fils, eut en partage la ville de Dan. Il l'embellit, l'agrandit, et, sous le nom de Césarée de Philippe en fit la capitale de son gouvernement. Il l'appela Césarée pour faire sa cour à César Tibère ; et Philippe, afin de la distinguer de la Césarée de Palestine, bâtie par son père en l'honneur d'Auguste. On voit que la race des flatteurs n'est pas nouvelle. Aujourd'hui Césarée de Philippe, déchue de sa grandeur, porte le nom de Banias dans le pachalik de Syrie.

VI

A plusieurs titres, Césarée de Philippe est célèbre dans l'histoire. Pendant bien des siècles, elle fut témoin d'un prestige au moyen duquel le démon trompait ses adorateurs. On sait que, pour honorer les fleuves et les rivières qu'ils avaient divinisés, les païens avaient coutume d'y précipiter les victimes spécialement dédiées à leur honneur (1). Ainsi les Syrophéniciens venaient chaque année jeter une victime dans les sources du Jourdain. Était-ce un homme ou un animal? l'histoire ne le dit pas.

Le prestige consistait en ce que la victime à peine dans l'eau devait disparaître sans qu'il fût possible d'en retrouver aucun vestige. Ainsi se manifestait la présence du dieu. Or, un chrétien nommé Astissius vint assister au sacrifice. Plein de compassion pour ces pauvres idolâtres, il pria Notre-Seigneur de faire cesser le prestige. Sa prière finie, la victime revint sur l'eau, et le père du mensonge, vaincu publiquement, abandonna pour toujours le théâtre de sa défaite.

Tout chrétien se rappelle et doit se rappeler aujourd'hui…
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(1) Hinc Publicola interrogat Augustinum, si est permissum de fonte bibere, vel de puteo, ubi de sacriflcio aliquid missum est. Epistot. 153.

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Message  Louis Dim 04 Aoû 2019, 6:44 am

L’hémorroïsse  

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VII

Tout chrétien se rappelle et doit se rappeler aujourd'hui surtout, avec un amour sans bornes et une confiance inébranlable, que c'est auprès de Césarée de Philippe que furent adressées à saint Pierre les immortelles paroles : Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle.

Ce n'est pas la seule fois que, dans le cours de ses voyages, Notre-Seigneur se rapprocha de Césarée de Philippe. A la vérité il n'était envoyé, comme il le dit lui-même, que pour les brebis perdues de la maison d'Israël : à ses apôtres le soin d'appeler au bercail les brebis étrangères. Néanmoins, pressé par son amour infini pour les Gentils aussi bien que pour les Juifs, il venait de temps à autre côtoyer les frontières du paganisme. Son but était d'appeler auprès de lui quelques âmes de bonne volonté, destinées à devenir les prémices de la moisson réservée aux Apôtres. De ce nombre furent la chananéenne dont nous parlerons bientôt, et l'hémorroïsse qui est l'objet de cette notice.

VIII

L'Évangile nous a dit la foi vive, la sainte timidité, la religieuse frayeur, la guérison miraculeuse de cette femme ; l'histoire a immortalisé sa reconnaissance. Elle fit couler en bronze la statue de Notre-Seigneur et la sienne. Ces deux statues, placées devant la porte principale de sa demeure, posaient sur un large socle en pierre. Notre-Seigneur était debout, vêtu d'une longue robe, et présentant la main à une femme. Celle-ci était à genoux devant son libérateur, les mains étendues dans l'attitude de la supplication.

IX

Ce groupe monumental existait encore au quatrième siècle; Eusèbe de Césarée, qui l'avait vu de ses yeux, ajoute que, à la base de la statue de Notre-Seigneur, croissait d'elle, même une plante inconnue, qui avait la vertu de guérir toute espèce de maladie (1). Rien de moins difficile à croire ; ce miracle permanent attestait le miracle primitif, et au Médecin tout-puissant l'un ne coûtait pas plus que l'autre.

Disons en passant que l'érection de cette statue prouve que l'hémorroïsse était païenne. D'une part, il était défendu aux Juifs d'élever aucune statue à personne ; d'autre part, l'usage habituel des idolâtres était d'en dresser à leurs bienfaiteurs, aux hommes comme aux dieux. C'est à tel point que, sous les Césars, Rome comptait, dit un historien, presque autant de statues que d'habitants. « Faut-il s'étonner, ajoute Eusèbe, qu'en témoignage de reconnaissance, l'illustre matrone de Césarée ait élevé une statue au Sauveur quand nous possédons encore aujourd'hui les portraits peints de Jésus-Christ et des apôtres Pierre et Paul (1)? »

Dans l'usage apostolique de sculpter et de peindre les images des saints et de les honorer, les iconoclastes anciens et modernes trouvent l'éclatante condamnation de leurs erreurs... _____________________________________________________________________________

(1) Mansit porro ad nostra usque tempora : nosque ideo urbem illam ingrossi, ipsam conspeximus, etc. Hist. tom. VII, c. XVIII.
(1) Nec vero mirandum est, gentiles a Servatore beneficiis affectos hæc præstitisse, cum et apostolorum Petri et Pauli, Christique ipsius imagines ad nostram usque memoriam servatas in tabulis viderimus. lbid.

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Message  Louis Lun 05 Aoû 2019, 5:50 am

L’hémorroïsse  

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X

Dans l'usage apostolique de sculpter et de peindre les images des saints et de les honorer, les iconoclastes anciens et modernes trouvent l'éclatante condamnation de leurs erreurs. Pour les confondre, les Pères de l'Église et les conciles n'ont pas manqué de se servir du fait de l'hémorroïsse. Ainsi, saint Germain, archevêque de Constantinople, écrivant contre l'empereur Léon l'Isaurien, ennemi des saintes images, lui décoche ce trait mortel : « Je n'irai pas chercher mes preuves bien loin: Notre-Seigneur était à peine monté au ciel, que la femme guérie par lui d'un flux de sang, lui dressa une statue en témoignage public de sa reconnaissance (2). »

XI

De son côté, le pape Grégoire II, répondant à saint Germain de Constantinople, abonde dans le même sens, et présente la statue de Panéade comme un monument de premier ordre, en faveur de la légitimité du culte des saintes images. « Non, dit-il, jamais l'Eglise ne s'est trompée en nous enseignant que Dieu autorise le culte des saintes images, et que ce culte ne sent nullement le paganisme. La preuve en est dans la statue que l'hémorroïsse fit élever à Notre-Seigneur, dans la ville de Panéade, en mémoire de sa guérison miraculeuse, et dans l'herbe propre à guérir toutes les maladies qui croît aux pieds de cette statue (1). »

Les pères du second concile de Nicée tinrent le même langage en s'appuyant sur la même preuve.

XII

Rien donc n'est plus célèbre dans les premiers siècles de l'Église que la statue de Notre-Seigneur à Panéade. Qu'est devenu ce précieux monument de reconnaissance? L'histoire va répondre. Placé dans un des beaux quartiers de la ville, et remarquable par le fini du travail, il était, à cause de son origine, l'objet de la vénération empressée des chrétiens.

Ce culte filial continua jusqu'à l'élévation de Galère à l'empire…
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(2)  Non longe abeam; post Ghristi in cœlum ascensionem, mulier illa, quæ sanguinis profluvio laborabat, ab eo sanitati restituta, ipsius imaginem veluti acceptum beneficium referens, exsculpsit. Epist. ad Leon.
(1)  Neque unquam Ecclesia erravit in hoc quod dixerit, Deum nohis imagines concessisse; neque etiam hoc ethnicam traditionem sapit. Nam et in Panaædem civitatem hæmorroissæ imago in memoriam miraculi quod herbæ excrescentes, omnibus ægritudinibus auxiliares essent, celabratur. Epist. IV.

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Message  Louis Mar 06 Aoû 2019, 7:22 am

L’hémorroïsse  

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XIII

Ce culte filial continua jusqu'à l'élévation de Galère à l'empire. Ennemi acharné des chrétiens, ce prince fit enlever la statue, mais il ne put détruire la mémoire du fait. Après la mort du persécuteur, la statue fut replacée sur son piédestal. Elle y resta jusqu'au règne de Julien l'Apostat.

En parcourant les provinces orientales de l'empire, l'indigne parent de Constantin apprit qu'il existait à Césarée de Philippe une statue de Notre-Seigneur. Il la fit renverser, et mettre la sienne à la place. Celle-ci n'y fut pas plutôt que la foudre vint la briser en morceaux. La tête d'un côté, la poitrine de l'autre, enfoncées dans le sol et portant les traces du feu du ciel, se voyaient encore du temps de Sozomène, c'est-à-dire au milieu du cinquième siècle. Quant à la statue de Notre-Seigneur, les païens la traînèrent dans les rues de la ville et finirent par la briser. Précieusement recueillis par les chrétiens, ses fragments furent déposés dans l'église, où ils étaient encore, au temps du même historien, l'objet d'un culte particulier d'amour et de confiance.

XIV

Puisque le sujet nous y conduit, disons un mot des portraits primitifs de Notre-Seigneur. Il en exista dès l'origine du christianisme. Outre la statue de Panéade, on voyait encore au quatrième siècle, suivant le témoignage d'Eusèbe, des portraits de Notre-Seigneur et des apôtres. Tous étaient-ils contemporains des modèles et peints ad vivum, pour employer l'expression des artistes? il est permis d'en douter. Mais si la plupart étaient seulement des copies, on peut cependant affirmer qu'ils perpétuaient un type traditionnel, dont l'ensemble était conforme à la réalité.

Quoi  qu'il en soit, deux portraits de Notre-Seigneur sont originaux. Le premier est celui qui fut donné à Abgar, roi d'Edesse; le second, celui qui se conserve à Rome où il est connu sous le nom de Santo Velo, et dans le monde entier sous le nom de la Sainte Face: de ce dernier nous parlerons ailleurs. Occupons-nous du premier, dont voici l'histoire.

Croire que le bruit des miracles de Notre-Seigneur expirait aux frontières de la Judée serait une grave erreur…

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Message  Louis Mer 07 Aoû 2019, 6:34 am

L’hémorroïsse  

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XV

Croire que le bruit des miracles de Notre-Seigneur expirait aux frontières de la Judée serait une grave erreur. Nous verrons, dans plusieurs de nos biographies, que la renommée les publiait dans toute l'Asie, à Rome et jusque dans les Gaules. Indépendamment d'autres preuves : la présence à Jérusalem, le jour de la Pentecôte, d'habitants de toutes les nations qui sont sous le ciel ; les voyages continuels des juifs, venus de toutes les parties du monde, à Jérusalem, à l'époque de leurs grandes solennités; de plus, les marches et contre-marches des légions romaines, qui passaient continuellement d'Occident en Orient; enfin, les relations de commerce et d'études si fréquentes à cette époque, entre les différentes parties de l'empire, tout cela suffit pour admettre sans hésiter la divulgation générale des œuvres surprenantes du divin Rédempteur.

XVI

Donc, au delà de l'Euphrate, dans la Mésopotamie, était une ville nommée Édesse, capitale d'un petit royaume de même nom; cette ville, appelée quelquefois Callirrhoé, existe encore sous le nom d'Orfa : au temps de Notre-Seigneur, elle était gouvernée par un roi nommé Abgar.

Ce prince, qui régnait avec gloire, fut atteint de deux maladies : la lèpre noire et un rhumatisme articulaire. L'une et l'autre résistèrent à tous les efforts de la médecine. « Comme le bruit des miracles de Notre-Seigneur et Sauveur, dit Eusèbe, attirait auprès de lui, des contrées même les plus éloignées de la Judée, d'innombrables malades de tout genre, dans l'espoir d'obtenir leur guérison, Abgar résolut de les imiter (1).

XVII

Voici à quelle occasion. Le roi d'Édesse vivait en relations d'amitié avec le gouverneur d'Égypte, et ces deux personnages s'envoyaient fréquemment des courriers ou tabellaires. Un de ces derniers, nommé Ananias, porteur des lettres d'Abgar, traversa la Palestine et fut témoin de plusieurs miracles de Notre-Seigneur. Sa mission remplie, il s'empressa de rapporter à son maître ce qu'il avait vu. Le bon roi ne perd pas un instant et il écrit à Notre-Seigneur la lettre suivante :

« Abgar, roi d'Édesse, à Jésus le bon Sauveur qui vit dans les environs de Jérusalem, salut.

« J'ai entendu parler de vous et des guérisons que vous opérez sans herbes ni médicaments. Le bruit court que vous rendez la vue aux aveugles, que vous redressez les boiteux, que vous guérissez les lépreux, que vous chassez les démons, que vous guérissez les maladies invétérées et qu'enfin vous ressuscitez les morts. Toutes les choses qu'on dit de vous me convainquent ou que vous êtes Dieu lui-même descendu du ciel, ou certainement le Fils de Dieu. C'est pourquoi je vous écris, pour vous prier de venir me visiter et me guérir. J'apprends, d'ailleurs, que les juifs vous calomnient et vous dressent des embûches homicides. J'ai une ville, petite il est vrai, mais belle, qui peut nous suffire à l'un et à l'autre. »

XVIII

Telle fut la lettre d'Abgar, éclairé d'un premier rayon de la foi. Ananias, chargé de la porter, s'acquitta fidèlement de son glorieux message. Comme il n'était pas dans la mission de Notre-Seigneur d'évangéliser en personne les nations étrangères, il se contenta d'écrire à Abgar la lettre suivante, qu'il remit au tabellaire Ananias :

« Vous êtes bienheureux, Abgar, qui croyez en moi sans m'avoir vu. Car il est écrit de moi que ceux qui me verront ne croiront pas en moi, et que ceux qui ne m'auront pas vu croiront en moi pour la vie éternelle. Quant à la prière que vous me faites de me rendre auprès de vous, il est nécessaire que j'accomplisse les choses pour lesquelles j'ai été envoyé, et, ma mission finie, que je retourne à celui qui m'a envoyé. Mais aussitôt que je serai retourné auprès de lui, je vous enverrai quelqu'un de mes disciples qui vous guérira et qui vous donnera la vie à vous et aux vôtres. »

Écoutons maintenant le grave historien de l'Église. « De la vérité de tout cela nous avons la preuve tirée des archives de la ville même d'Édesse où régnait Abgar. En effet, c'est dans les monuments publics où se conserve l'histoire des antiquités de la ville et du règne d'Abgar, que nous avons trouvé ces pièces soigneusement gardées jusqu'à notre temps ; c'est de là que nous les avons tirées et traduites fidèlement du syriaque en grec (1). »

Personne, que nous sachions, n'a jamais élevé de doute sur le récit d'Eusèbe; mais nous avons...  
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(1) Domini ac Servatoris nostri Jesu Christi divinitas, cum propter admiranda illius opera ubique jam celebris esset, innumerabilis ab extremis et a Judæa remotis simis regionibus, morbis et cujusque modi doloribus afflictos spe recuperandæ salutis, attraxerat. Itaque rex Abgarus, etc. Hist., lib. I, c. XIII.

(1) Cujus quidem rei testimonium habemus ex ipsius Edessæ in qua tum regnabat Abgarus, tabulariis desumptum; siquidem in monumentis publicis, in quibus antiquitates urbis et res Abgari gestæ continentur, hæc etiam ad nostram usque ætatem conservata reperimus Operæ igitur præmium fuerit ipsas epistolas audire, quas ex archivis depromptas e Syrorum lingua fideliter transtulimus in hune modum. Hist. l. 1, c. XIII.

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Message  Louis Jeu 08 Aoû 2019, 6:11 am

L’hémorroïsse  

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XIX

Personne, que nous sachions, n'a jamais élevé de doute sur le récit d'Eusèbe; mais nous avons un témoin plus compétent, s'il est possible, que l'évêque de Césarée. C'est saint Ephrem diacre d'Édesse, contemporain d'Eusèbe, et mieux placé que tout autre pour connaître l'histoire et les archives de son pays. Voici en quels termes il parle des monuments qui nous occupent.

S'adressant dans son testament aux habitants d'Édesse, il dit : « Que la ville que vous habitez soit bénie! Édesse est la mère des sages. Le Seigneur lui-même l'a bénie publiquement de sa bouche, par ses disciples. Ils furent nos apôtres au temps où le roi Abgar, fondateur de la ville, envoya saluer Notre-Seigneur Jésus-Christ, le Sauveur du monde, pendant qu'il était en Judée, lui disant : J'ai appris les grandes choses que vous faites et les souffrances que vous fait endurer la malice des juifs. Venez ici et acceptez mon hospitalité. J'ai une ville, petite il est vrai, mais qui peut suffire à vous et à moi. Le Seigneur, admirant sa foi, lui répondit  par ses envoyés qu'il bénissait la ville pour toujours, et que sa bénédiction en affermirait les fondements. Cette bénédiction habite ici et elle y demeurera (1). »

XX

L'illustre diacre, au moment de mourir, proclame la réalité de la correspondance d'Abgar avec Notre-Seigneur. Il cite le sens de la lettre du Sauveur et donne une partie du texte de la lettre royale. C'est tout ce qu'il convenait de faire dans un testament. Personne non plus n'a révoqué en doute l'authenticité  de ce testament devenu célèbre dans l'Église.

Néanmoins dans le siècle suivant, vers 494, le pape saint Gélase, en fixant le canon des Écritures…
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(1) Cujus quidem rei testimonium habemus ex ipsius Edessæ in qua tum regnabat Abgarus, tabulariis desumptum; siquidem in monumentis publicis, in quibus antiquitates urbis et res Abgari gestæ continentur, hæc etiam ad nostram usque ætatem conservata reperimus Operæ igitur præmium fuerit ipsas epistolas audire, quas ex archivis depromptas e Syrorum lingua fideliter transtulimus in hune modum. Hisl. l. 1, c. XIII.
(1) Testam., S. Ephr., apud Surium, 1 feb.

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Message  Louis Ven 09 Aoû 2019, 6:38 am

L’hémorroïsse  

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XXI

Néanmoins dans le siècle suivant, vers 494, le pape saint Gélase, en fixant le canon des Écritures, en exclut les deux lettres dont il s'agit. L'unique raison qu'en donne Baronius est « qu'elles n'avaient pas été écrites par les Évangélistes. Mais il ne s'en suit ni qu'elles soient fausses, ni dénuées d'autorité, ni qu'elles n'aient pas été tenues pour authentiques par toute l'antiquité (1). » Nous le montrerons après avoir ajouté un détail important au récit d'Eusèbe.

XXII

Dans la crainte que Notre-Seigneur ne se rendît pas à sa demande, l'histoire nous apprend que Abgar avait chargé son messager de lui rapporter le portrait du divin Thaumaturge. Pendant que Notre-Seigneur prêchait au peuple, l'envoyé essaya de le dessiner, mais eu vain. Le Sauveur, s'en étant aperçu, prit un linge sur lequel il imprima son adorable visage, et le remit au tabellaire du prince (2).

XXIII


Or,  l'existence de ce portrait, ainsi que des lettres de Notre-Seigneur et d'Abgar, a été dans la suite des siècles reconnue et proclamée par les autorités les plus compétentes. En 720 le pape saint Grégoire II, qui connaissait apparemment le décret de son prédécesseur, ne craint pas d'écrire à l'empereur iconoclaste, Léon l'Isaurien : « Pendant que Notre-Seigneur parcourait les environs de Jérusalem, Abgar, roi d'Édesse, ayant entendu parler de ses miracles, lui écrivit une lettre. Notre-Seigneur daigna lui répondre de sa propre main et lui envoyer son adorable portrait. Assurez-vous en et envoyez à cette sainte image, qui n'a pas été faite de main d'homme. Là s'assemblent en foule, pour prier, les peuples d'Orient (2). »

XXIV

Quarante ans plus tard, le pape saint Adrien écrivant à Charlemagne parle comme saint Grégoire II. Même langage dans la bouche du pape Etienne III, au concile de Latran tenu en 769. Même langage encore de la part de Théodore, patriarche de Jérusalem, dans ses lettres au souverain pontife. Enfin, même affirmation dans les actes du second concile de Nicée en 787. On y lit : « Léon, très religieux lecteur de la grande et illustre Église de Constantinople, a dit : Moi votre indigne serviteur étant descendu en Syrie avec les envoyés du roi, j'allai à Édesse et j'ai vu le vénérable portrait qui n'a pas été fait de main d'homme, honoré et vénéré par la population (1). »

Nous pourrions citer d'autres témoins également respectables : …

_______________________________________________________________________

(1)   Quod pertinet ad dictarum epistolarum fidem eo quod non reperiantur ab evangelistis conscriptæ, idcirco Gelasius Papa recenset illas inter apocrypha, quasi non hagiographa; non tamen ut eas ab Ecclesia omnino proscribat, sicutnec complures alios libros quos proxime recensuit. Eas vero absque aliqua dubitatione, ab antiquioribus fuisse receptas. Ann., 31, n. 60.

(2) Historia quoque proditum est, cum Abgarus, Edessæ rex, eo nomine pictorem misisset, ut Domini imaginem exprimeret neque id pictor ob splendorem ex  ipsius  vultu   manantem   consequi potuisset, Dominum ipsum divinæ suæ, ac vivificæ faciei pallium admovisse, imaginemque suam ei impressisse : sicque illud ad Abgarum, ut ipsius cupiditati satisfaceret, misisse. S. Joan. Damasc. de Orthod. Fid.. lib. VI, c. XVI.

(2) Cum Hierosolymis ageret Christus, Abgarus qui tune teniporis dominabatur, et rex erat urbis Edessenorum, cum Christi miracula audisset, epistolam scripsit ad Christum, qui manu sua responsum, et sacram gloriosamque faciem suam ad eum misit. Itaque ad illam non manufactam imaginem mitte ac vide. Congregantur illic Orientis turbæ et orant. Epist. 1 ad Leon. Isaur.

(1) ... Et ego indignus vester famulus cum descendissent cum regiis apocrisariis in Syriam, Edessam petivi, et venerandam imaginem non factum hominum manu, adorari et venerari a populo vidi. Concil. Nic. II, act. 5.

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Message  Louis Sam 10 Aoû 2019, 7:20 am

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XXV

Nous pourrions citer d'autres témoins également respectables : le comte Darius dans sa lettre à saint Augustin ; Théodore Studite, les historiens Évagre et Nicéphore, et dans les temps plus rapprochés de nous les savants auteurs de la Roma subterranea, Bosio et Arringhi.

Contentons-nous de faire remarquer l'autorité des papes Grégoire, Adrien et Étienne. Ils écrivaient des lettres officielles à des empereurs, dont l'un était le plus grand génie de son siècle, l'autre un ennemi juré des saintes images. Si les lettres d'Abgar et de Notre-Seigneur, ainsi que le portrait du Sauveur, avaient pu être contestés, comment les souverains pontifes auraient-ils osé les produire avec tant d'assurance, en faveur de la tradition de l'Église ? quelle réfutation triomphante ne se seraient-ils pas attirée de la part, des iconoclastes ? cependant aucun d'eux ne nie l'authenticité des vénérables monuments. Toute la polémique roule sur la légitimité du culte qui leur est rendu ainsi qu'aux images en général.

XXVI

Cependant Abgar reçut le divin portrait comme un trésor plus précieux que toutes les richesses, et attendit avec empressement le disciple que Notre-Seigneur promettait de lui envoyer, pour lui donner la santé du corps et la vie de l'âme. Son attente ne fut pas longue. La correspondance entre le roi de la terre et le Roi du ciel avait eu lieu vers le temps de la Passion. Peu après la résurrection, l'apôtre saint Thomas, confident de la promesse de Notre-Seigneur, appela Thaddée, un des soixante-douze disciples, et l'envoya au roi d'Édesse. Thaddée partit sur le-champ et descendit chez un habitant d'Edesse, nommé Tobie.

XXVII

Comme tous les apôtres et les premiers disciples, Thaddée opère bientôt de nombreux miracles de guérison : c'étaient ses lettres de créance. Abgar en est informé, fait venir Tobie et lui dit : « On m'a rapporté que vous avez chez vous un homme puissant, venu de Jérusalem. — Seigneur, lui répond Tobie, il en est ainsi. — Je vous prie de me l'amener, » reprend Abgar. Tobie revient dans sa maison et dit à Thaddée : « Notre roi m'a fait appeler, et il m'ordonne de vous conduire auprès de lui, afin que vous le guérissiez. — Allons, répond Thaddée, puisque c'est principalement pour lui que je suis venu. »

Le lendemain Tobie et Thaddée se rendent au palais…

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Message  Louis Dim 11 Aoû 2019, 5:30 am

L’hémorroïsse  

SUITE

XXVIII

Le lendemain Tobie et Thaddée se rendent au palais. Abgar les attendait, entouré de ses grands officiers. Au premier regard qu'il jette sur Thaddée, il croit voir sur son visage je ne sais quoi de divin, tombe à genoux et adore. Tous étaient dans l'étonnement, car nul n'avait vu ce qui frappait Abgar. Cependant le roi interroge Thaddée : « Êtes-vous, lui dit-il, disciple de Jésus, fils de Dieu, qui m'a écrit : Je vous enverrai quelqu'un de mes disciples qui vous guérira et qui vous donnera la vie, à vous et aux vôtres. »

Thaddée répond : « Parce que vous avez mis toute votre confiance en Jésus, dont je suis le disciple, j'ai été envoyé vers vous, et si vous croyez de plus en plus, vous verrez s'accomplir tout ce que vous demandez, en raison de votre foi. — J'ai tellement cru en lui, reprend Abgar, que j'ai voulu faire la guerre aux Juifs qui l'ont crucifié, et les exterminer ; mais la crainte des Romains m'a retenu. »
XXIX

Thaddée continuant: « Notre-Seigneur Dieu Jésus-Christ, ayant accompli les ordres de son Père, est retourné auprès de lui. — Et je crois en lui et en son Père, ajoute le roi. — Eh bien! dit Thaddée, je vous impose les mains, au nom du Seigneur Jésus. »

Cela fait, Abgar fut à l'instant guéri et demanda le baptême. Le bruit du miracle se répandit dans toute la ville. Une foule d'habitants demandèrent à se faire instruire ; de nombreux malades furent guéris, et Édesse devint une des premières villes chrétiennes. Abgar voulut donner de l'argent à Thaddée qui le refusa, en disant : « Après avoir renoncé à nos propres biens, ce n'est pas pour accepter ceux des autres. »

« Aux deux lettres de Notre-Seigneur et d'Abgar, ajoute Eusèbe, que nous n'avons fait que copier, étaient joints sur l'apostolat de Thaddée ces documents que nous avons traduits du syriaque, l'an trois cent quarante (1). »

Cependant l'histoire du portrait miraculeux n'est pas finie...
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(1) His epistolis, hæc etiam syriaco sermone erant adjuncta, etc. Hist. 1.I.

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Message  Louis Lun 12 Aoû 2019, 6:33 am

L’hémorroïsse  

SUITE

XXX

Cependant l'histoire du portrait miraculeux n'est pas finie. Sur une superbe colonne, élevée à la porte de leur ville, les anciens habitants d'Édesse avaient placé l'image d'une de leurs principales divinités. Quiconque voulait entrer devait se prosterner devant l'idole et lui adresser certaines prières. A cette condition il pouvait pénétrer dans la ville et circuler dans les rues. Abgar fit enlever cette image et mettre à la place le portrait de Notre-Seigneur, richement encadré, avec cette inscription en lettres d'or : Jésus-Christ Dieu, celui qui espère en vous n'est pas trompé. Il ordonna, de plus, à quiconque voudrait entrer par cette porte, de vénérer l'image miraculeuse.

XXXI

La piété du vertueux monarque devint héréditaire parmi ses successeurs, et la sainte image fut longtemps l'objet d'un culte filial, non seulement de la part des habitants d'Édesse, mais encore des peuples du haut Orient. Ce culte permanent était justifié par une suite continuelle de miracles, opérés soit en faveur des particuliers, soit de la ville elle-même. Parmi ces derniers, un des plus célèbres, et dont les patriarches d'Alexandrie, d'Antioche et de Jérusalem envoyèrent la relation authentique à l'empereur Théophile, fut la délivrance d'Édesse, assiégée par Chosroès, roi de Perse.

Tous ces faits et d'autres encore inspirèrent aux empereurs de Constantinople un ardent désir de posséder la miraculeuse image dans la ville impériale…

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Message  Louis Mar 13 Aoû 2019, 7:44 am

L’hémorroïsse  

SUITE

XXXII

Tous ces faits et d'autres encore inspirèrent aux empereurs de Constantinople un ardent désir de posséder la miraculeuse image dans la ville impériale. Il fallut toute leur autorité et de longues négociations pour réussir. Le transport se fit avec une pompe orientale ; il fut marqué par une suite de prodiges. Le jour où le divin portrait arriva à Constantinople fut un jour de fête, comme on en avait peu vu. C'était le soir du 15 août  944, au moment où l'empereur, avec toute la cour, assistait aux vêpres dans l'église dédiée à la sainte Vierge, sur les rives du Bosphore.

La splendide châsse qui contenait la précieuse relique fut placée sur l'autel où l'empereur Romain Lécapène et toute la cour vinrent la vénérer. Ensuite, à la lueur des flambeaux et au milieu d'un magnifique cortège, elle fut portée sur la galère impériale et conduite au palais. Elle passa la nuit dans la chapelle appelée Pharos à cause des pierres précieuses et de l'or dont elle étincelait.

XXXIII

Le lendemain la sainte image fut replacée sur la galère impériale accompagnée de toute la cour, fit le tour des murailles, comme pour environner la ville de sa protection; et quand elle fut débarquée, l'empereur, le sénat, le patriarche, tout le clergé, tous les grands de l'empire et un immense concours de peuple, la suivirent à pied, des flambeaux à la main et au chant des hymnes : comme les Israélites, David à leur tête, avaient fait pour l'arche d'alliance. Au milieu de cette pompe inouïe et de l'allégresse universelle, on arriva à l'église de Sainte-Sophie. La divine image fut placée dans le sanctuaire, sous un riche baldaquin, et vénérée de la ville entière.

XXXIV

Avec la même pompe, elle fut ensuite reportée au palais impérial, introduite dans la salle du trône, placée sur le trône même, d'où les empereurs avaient coutume de répondre aux questions les plus importantes, afin de sanctifier ce trône et d'y faire toujours asseoir la justice et la bonté. La cérémonie terminée, on plaça la précieuse relique dans le Pharos, pour la gloire des fidèles, la garde des empereurs et la protection de la ville et de l'empire.

]XXXV

Eu se déclarant ennemis du Saint-Siège, les successeurs du pieux monarque qui avait transporté à Constantinople le divin portrait se rendirent indignes de le posséder; néanmoins il resta en Orient jusqu'aux premières années du quatorzième siècle. Comme la Providence fit transporter par les anges à Lorette la sainte Maison de Nazareth, afin de la soustraire aux profanations des Sarrasins, de même, pour sauver des mains sacrilèges des Ottomans le portrait de Notre-Seigneur, la Providence permit qu'il vînt rejoindre à Rome tant de reliques insignes de Notre-Seigneur: la colonne de la flagellation, l'écriteau de la vraie croix, l'escalier du prétoire de Pilate et d'autres encore; il est aujourd'hui conservé, avec un soin jaloux et une vénération qui ne vieillit pas, dans l'église de Saint-Silvestre in Capite (1).

Telle est l'histoire de l'hémorroïsse et des rapports de notre divin Maître avec Abgar, et d'Abgar avec lui. Cette histoire est parvenue jusqu'à nous par le canal de la Tradition…
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(1) Illud tamen a nobis silentio prætereundum neutiquam est, sacratissimam videlicet imaginem hanc ab Edessenorum civitate Constantinopolim, atque in Urbem deinde translatam condigno ad hæc nostra tempora venerationis cultu in D. Silvestri, quæ in Capite nuncupatur, Ecclesia, velut divinum quid, ac perenne sacrarum imaginum monimentum pariter ac propugnaculum adversus insanos Iconoclastas asservari, et suscipiendam fidelibus, adorandamque proponi. Arringhi, Roma subterr., t. II, lib. V, c. IV, p. 231, édit. in-fol.

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Message  Louis Mer 14 Aoû 2019, 6:41 am

L’hémorroïsse  

SUITE

XXXVI

Telle est l'histoire de l'hémorroïsse et des rapports de notre divin Maître avec Abgar, et d'Abgar avec lui. Cette histoire est parvenue jusqu'à nous par le canal de la Tradition. A ce que nous avons dit sur l'autorité de la Tradition, dans l'Évangélisation apostolique du globe, qui est comme l'introduction de nos Biographies, il nous paraît utile d'ajouter quelques courtes explications. Elles ont pour but de confirmer de plus en plus l'authenticité de l'histoire qu'on vient de lire.

La Tradition est une doctrine ou un fait dont l'enseignement primitif a été fait par la parole et non par l'écriture, et qui s'est transmis de main en main des pères aux enfants. Tous les États bien gouvernés ont eu des lois venues de la tradition des ancêtres. Toutes les familles ont aussi leurs traditions.

XXXVII

La tradition est antérieure à l'écriture ; elle a son origine dans la parole : l'écriture n'en est que la traduction. La première conserve toute l'énergie de la parole vivante, tandis que la seconde est muette. L'enseignement de la tradition est avec l'âme; sans l'âme est l'enseignement écrit. C'est pour cela que Tertullien donnant le nom d'âme à la tradition, dit : L'âme est avant la lettre, la parole avant le livre, la pensée avant la plume.

XXXVIII

Comme il y a eu des centenaires dans tous les siècles, il n'y a entre Notre-Seigneur et nous que dix-huit personnes. De là vient ce que disait un historien moderne, savant et non suspect : « Les traditions sont quatre fois plus certaines que l'histoire. » Aussi, voulez-vous tuer une nation ? ôtez-lui ses traditions. Vous en faites un arbre déraciné qui n'a plus ni sève, ni vie. Vous avez un avorton qui est obligé, chose impossible, de se refaire tout à neuf. Prenons donc pour règle ces recommandations de Moïse aux Hébreux : Interrogez vos pères et ils vous enseigneront ; et celles de saint Paul aux premiers chrétiens : Gardez les traditions que vous avez reçues . Les mépriser, les rejeter avec dédain, c'est commettre le péché de Cham et provoquer le châtiment réservé aux mauvais fils.

Voir en outre: Sepp, Hist.  de N.-S. J.-C., t. II, c. XXI, Judic. ch. XVIII, Euseb. Hist. Eccl. lib. VII, c. XVII; Sozomen. Hist. Eccl. lib. V, ch. XI.; Corn. a Lapid. in Marc. c. V, 25; Eusèbe, Hist. Eccl. lib. I, c. XIII ; S. Aug. III, Class. Epist. 231, opp., t. II, p. 1274, édit. Gaume., 836; Oratio Constantini cognomento Porphyrogeniti, apud Surium, 161 aug.; Philostorg. Hist. Eccl. lib. VII, ch. III; Photius, Biblioth. cod. 271. Baron, an. 31, n. 60; id. an. 326, n. 6; id. an. 369, n. 8; Acta concili Lateranensis quarti, concil., t. III; Epist. Adriani papæ primi ad Carol. Magn., ibid. ; Acta concil. secundi Nissæni actio 5 ; Nicephor. lib. II, c. II, n. 2-7; S. Ephrem in Testamento, apud Palladium, CXXVIII; Evagrius, lib. IV, c. XXVI; Baron, an. 809, n. 17; id. an. 814, n. 17; id. an. 817, n. 23 ; Theod. Studita, Orat. contra Leon. Armen. apud Baron, an. 814, n. 17, etc., etc. Dans un certain nombre d'ouvrages modernes, on a trop oublié les autorités qui militent en faveur de l'authenticité des lettres d'Abgar et du portrait de N.-S. Certains catholiques se montrent, à l'égard de nos traditions primitives, plus difficiles, nous dirions, moins équitables que les érudits protestants. Un d'eux, Pearson écrit, sur le sujet de cette notice : « Ego vero Eusebium tanta diligentia tantoque judicio in examinandis christianorum primævæ antiquitatis scriptis, in quibus traditionem apostolicam contineri arbitratus est, usum fuisse contendo, ut nemo unquam de ejus fide aut de scriptis quæ ille pro indubitatis habuit, postea dubitaverit. »  
FIN.

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