Saint Robert Bellarmin: Essai...

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Message  Louis Mar 29 Mai 2018, 6:10 am

ESSAI HISTORIQUE

VIII

(SUITE)

Deux grandes affaires occupèrent surtout Bellarmin pendant son séjour à Rome, le différend avec Venise et sa discussion avec le roi Jacques Ier.

Depuis longtemps Venise nourrissait des préjugés contre l’Église. Son aristocratie, riche et nombreuse, maîtresse du gouvernement, supportait avec peine l'indépendance du clergé. C'était une ombre de liberté qu'elle voulait étouffer dans un État où toute autre liberté avait disparu.

Venise enviait la situation des pays protestants, où les deux pouvoirs politique et religieux sont concentrés dans la main du gouvernement.

Elle avait encouragé toutes les tentatives de réforme qui s'étaient produites en Italie depuis un demi-siècle. Quand la réforme eut été étouffée par les mesures énergiques de quelques grands papes, elle était restée sourdement hostile à la papauté. Elle jouait en Italie le rôle que remplit la Hollande pendant les deux derniers siècles. Ses presses imprimaient tous les écrits où la religion était attaquée. Elle avait vu avec peine la réunion de Ferrare au domaine du saint Siège opérée par Clément VIII, et sans l'intervention de Henri IV, la guerre eût éclaté plus tôt. N'osant point manifester trop clairement son penchant pour le protestantisme, elle se vit réduite à limiter les libertés de l’Église afin de la miner peu à peu. Elle s'attaqua d'abord aux immunités. Elle fit arrêter deux ecclésiastiques dont le jugement ne lui appartenait en aucune façon ; puis, poussant la guerre avec vigueur, elle défendit de construire aucune nouvelle église sans sa permission , non-seulement à Venise où cette défense pouvait être excusée par le peu d'espace dont la ville dispose, mais dans ses États de terre ferme; elle interdit, en outre, toute donation aux établissements pieux sans son approbation, et ne voulut pas même que l’Église pût acquérir de nouveaux immeubles sans sa permission.

On voit que ces principes, qui forment le fond du gallicanisme, c'est-à-dire de la domination de l’État sur l’Église, ne datent pas d'hier. Nous les avons acceptés comme un progrès, et nous leur avons donné notre nom ; mais, il faut le dire pour l'honneur de la France, ce n'est point elle qui les a inventés. Venise elle-même les avait puisés dans les lois d'un des plus habiles et des plus redoutables ennemis de l’Église, Frédéric II. La législation de cet ingrat empereur, qui devait tout à la papauté, est toute remplie de restrictions semblables. L'erreur n'est pas très-féconde en moyens d'attaque : elle se répète toujours.

Paul V défendit courageusement le clergé de Venise…

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Message  Louis Mer 30 Mai 2018, 6:14 am

ESSAI HISTORIQUE

VIII

(SUITE)

Paul V défendit courageusement le clergé de Venise. Il lança sur la ville une bulle d'excommunication. Mais le clergé s'abandonna lui-même, et les jésuites seuls observèrent l'interdit.  En quoi nous voyons combien est admirable l'institution de la papauté. Sans cette tête auguste, qui sait parler lorsque tout se tait, le clergé vénitien acceptait dans sa faiblesse sa mise en dehors des règles communes de l’Église.

Tout en ne voulant point s'y soumettre, le gouvernement vénitien essaya d'amoindrir la grandeur du coup qui le frappait. Il chargea un religieux de l'ordre des servîtes, Fra Paolo Sarpi, théologien de la République, de justifier les empiétements de l’État sur l’Église. Ce malheureux religieux, tristement célèbre par son histoire du concile de Trente et par ses liaisons intimes avec les protestants de France, consentit à prêter sa plume pour déchirer sa mère. Bellarmin lui répondit. Il le fit avec un tact, une justesse, une modération dans les termes, une vigueur dans les raisonnements, une charité si touchante qu'il battit ses adversaires sans qu'ils osassent se plaindre.

Henri IV saisit avec empressement cette occasion d'être utile à l’Église, et de montrer la sincérité de son retour. Il envoya à Venise le cardinal de Joyeuse qui pacifia tout. Il obtint du sénat une soumission dont on adoucit les formes. L'interdit fut levé. Les jésuites seuls demeurèrent victimes de leur fidélité, et ne purent rentrer à Venise qu'un demi-siècle plus tard. Ils s'en consolèrent aisément, comme des soldats qui savent mourir avec joie pour le triomphe de leur pays.

Le roi Jacques Ier avait été l'ami de Bellarmin; il lui avait écrit les lettres les plus bienveillantes. L’Église fondait de grandes espérances sur le fils de l'infortunée Marie Stuart : elle espérait qu'il protégerait en Angleterre et en Écosse la religion dans laquelle sa mère avait voulu mourir; mais Jacques Ier n'était ni un homme de cœur, ni un homme de génie, ce n'était qu'un savant. Ceux qui l'avaient élevé n'en avaient point fait un prince, ils en avaient fait un théologien. Il exigea de tous ses sujets catholiques ce funeste serment du teste, aboli seulement de nos jours, et qui a fait pendant plus de deux siècles, de tous ceux qui tenaient à la religion de leurs pères, les ilotes de la Grande-Bretagne.

Il y avait alors un archiprêtre, nommé Blacwell, qui était considéré comme le chef de tous les catholiques anglais. Ce vieillard, intimidé par la persécution, séduit par quelques adoucissements apportés en sa faveur à la formule du teste, prêta le serment. C'était une sorte d’apostasie, et les résultats en furent déplorables. Bellarmin, qui était en relation avec cet infortuné vieillard, lui écrivit aussitôt pour lui découvrir le piège où il était tombé, et lui montrer l'étendue de sa faute. La lettre eut un grand retentissement en Angleterre, où le nom de Bellarmin était si connu. Elle devint la règle des catholiques anglais.

Irrité de voir ses mesures déconcertées par le cardinal, le roi voulut…

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Message  Louis Jeu 31 Mai 2018, 6:51 am

ESSAI HISTORIQUE

VIII

(SUITE)

Irrité de voir ses mesures déconcertées par le cardinal, le roi voulut lui répondre lui-même. Il écrivit en latin un ouvrage de théologie, où il ne mit pas son nom, mais où tout le faisait deviner. Bellarmin entreprit la réfutation de cet ouvrage, et il y réussit sans peine. L'homme qui avait mis en poussière les objections des hérétiques de tous les siècles, n'eut pas de peine à confondre la misérable polémique de Jacques Ier. Plus la victoire fut complète, plus le roi se sentit outragé. Il avoua alors hautement l'ouvrage qu'il avait publié, et se plaignit à tous les princes de l'Europe de l'injure que l'on faisait en sa personne à toutes les têtes couronnées. Bellarmin répondit à son tour, en publiant son Apologie.  Il n'y avait eu dans son premier écrit rien d'outrageant pour la majesté royale. Il n'avait cru battre qu'un théologien, et il l'avait battu. Sa dignité d'ailleurs allait, en ce temps, de pair avec celle des rois, et Jacques Ier pouvait n'avoir pas même l'honneur d'être réfuté par un prince de l’Église, le neveu et l'allié de plusieurs papes, le plus savant homme de son siècle.

En même temps qu'il s'occupait de ces deux grandes affaires au profit de l'Eglise, il en menait à bonne fin deux petites qui n'étaient pas cependant sans difficultés.

L'évêque de Lucques était depuis longtemps séparé de son troupeau. Il s'appelait Guidiccione, et était neveu d'un cardinal de ce nom, son prédécesseur sur le siège de Lucques. Il avait eu avec le sénat de cette République des différends qui le forcèrent de quitter son siège. En vain avait-on employé les plus habiles négociateurs pour le réconcilier avec son peuple; l'animosité était trop grande pour qu'un rapprochement pût avoir lieu. Mais là où avait échoué la plus fine diplomatie, la bonté et la sainteté de Bellarmin réussirent presque sans peine. Il fit comprendre aux envoyés du sénat la faute qu'ils avaient commise en chassant celui qui, après tout, était leur père, et à l'évêque la nécessité de pardonner. Guidiccione rentra à Lucques à la grande joie de tout son peuple, et toutes les discordes furent oubliées.

Montepulciano, sa patrie, eut un instant Bellarmin pour évêque. L’Évêque de Montepulciano avait été choisi par le pape pour exercer la nonciature en France dans une circonstance importante. Il pria Bellarmin de se charger de son troupeau pendant son absence. Bellarmin y consentit à la condition qu'il n'aurait point la charge des âmes, mais simplement le soin officieux du diocèse. Le pape agréa cette condition, et en ajouta une autre qui était que Bellarmin ne quitterait jamais Rome pendant cet épiscopat intérimaire. Le cardinal administra donc son nouveau diocèse du fond de son palais, et il sut y mettre une régularité, un ordre qui le firent bénir de tous ses compatriotes. Il donna à la cathédrale, par l'adjonction de nouveaux bénéfices, une splendeur dont elle avait besoin pour l'exercice du culte. Enfin il ne laissa à ses administrés d'autre regret que celui de n'avoir point revu l'illustre compatriote à qui ils devaient tant de bienfaits.

Telles furent les occupations de Bellarmin pendant ses dernières années…

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Message  Louis Ven 01 Juin 2018, 6:26 am

ESSAI HISTORIQUE

VIII

(SUITE)

Telles furent les occupations de Bellarmin pendant ses dernières années. Son temps se partageait entre les congrégations dont il était membre et ses affaires extérieures. Jusqu'à la veille de sa mort il fut d'une assiduité aux congrégations que les cardinaux ne se lassaient point d'admirer dans un homme d'un si grand âge. Jamais il ne s'y prévalut de ses connaissances si vastes et si profondes pour imposer ses opinions; il disait quelquefois : Non judico Dominos meos, je ne juge pas mes maîtres. Il y était cependant écouté comme l'oracle de l’Église, et longtemps après sa mort il suffisait de rappeler ses sentiments sur un objet pour obtenir l'assentiment des congrégations.

Il eût avant de mourir le bonheur d'y faire décider deux affaires auxquelles il s'intéressait particulièrement. La première fut la béatification d'une sainte religieuse de Montepulciano de l'ordre de saint Dominique. Bellarmin avait la plus grande confiance dans la protection de la bienheureuse Agnès, et il eut la joie de voir son culte établi par lui dans sa patrie.

La seconde fut l'approbation des Dames de la Visitation. La congrégation faisait quelques difficultés d'approuver leur règle, parce qu'elle ne portait que des vœux simples, et qu'elles ne devaient point d'abord être cloîtrées. Saint François de Sales, leur fondateur, en écrivit au cardinal Bellarmin. Depuis longtemps ces deux grands et saints personnages se connaissaient et s'aimaient en Dieu. Saint François de Sales n'appelait pas Bellarmin autrement que le grand cardinal. Il disait de lui que c'était un homme qui savait tout, excepté le mal, et il s'étonnait des montagnes de livres qu'il avait dû parcourir pour composer ses savants écrits. De son côté Bellarmin faisait une si grande estime de l'évêque de Genève qu'il manifestait hautement son désir de le voir prendre place dans les rangs du sacré Collège. Une affaire proposée par saint François de Sales, appuyée par Bellarmin, ne pouvait manquer de réussir : les Dames de la Visitation furent approuvées.

C'était un des derniers services que Bellarmin devait rendre à l’Église. Sentant que son heure approchait, il voulut se recueillir avant de paraître devant Dieu. Le 16 août 1621, il se retira de la cour pour s'enfermer au noviciat de Saint-André. C'est là qu'il avait commencé sa carrière, qu'il était allé se retremper chaque année, c'est là qu'il voulut mourir. Il avait dans le royaume de Naples un saint et vieil ami nommé Bernardin Réalin. Il l'avait connu dans le temps qu'il était provincial de ce royaume. Il le fit prévenir de sa mort prochaine, et ce saint vieillard, qui avait quatre-vingt-six ans, s'en réjouit avec lui, espérant bientôt lui être réuni dans le sein de Dieu.

A suivre: IX. Bellarmin avait toujours eu une grande dévotion en saint François d'Assise…

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Message  Louis Sam 02 Juin 2018, 5:35 am

ESSAI HISTORIQUE

IX

Bellarmin avait toujours eu une grande dévotion en saint François d'Assise. Il était né le 4 octobre, jour de sa fête, et il portait son nom. Dans sa jeunesse, il avait fait le pèlerinage de l'Alvernia, ce calvaire où saint François reçut les sacrés stigmates. Depuis il était allé prier au grand tombeau d'Assise. Il avait travaillé à l'office de la fête des Stigmates, et désirait fort mourir ce jour-là pour être présenté par son saint patron dans le ciel. Il le disait souvent à ses amis : « Je mourrai le jour de la fête des Stigmates. »

Il y mourut en effet. Il tomba malade dans les premiers jours de septembre. Aussitôt que cette nouvelle se répandit dans Rome, tout le sacré Collège accourut à Saint-André. On avait pour lui une telle vénération que tous ceux qui le visitaient, même les cardinaux, lui demandaient à genoux sa bénédiction. Le pape, ce n'était plus Paul V, mais Grégoire XV, le vint voir aussi. A la vue du souverain Pontife, Bellarmin s'écria : Qui suis-je, très-saint Père, pour que Votre Sainteté m'honore de sa visite ?

— Je voudrais vous la faire, dit le pape, en une meilleure occasion; votre mal m'afflige, mais votre patience et votre résignation me consolent. Je prie le Seigneur de vous rendre une vie qui m'est si chère.

— Elle n'a été que trop longue, reprit Bellarmin; me voici sur la fin de ma soixante-dix-neuvième année; je ne désire plus de vivre, mais seulement de faire la volonté de Dieu jusqu'au dernier soupir de ma vie. C'est à Votre Sainteté, si nécessaire à l’Église, que conviennent mes années et encore de plus longues.

— Ce sont vos mérites et non pas vos années que je souhaite, repartit le pape en lui tendant les bras pour l'embrasser; il le fit deux ou trois fois, et, demeurant quelque temps serrés ensemble, ils pleurèrent l'un sur l'autre, et firent des vœux mutuels pour se revoir dans l'éternité.

Après quoi, ajoute l'historien du cardinal, le pape se retira le cœur serré, et il se trouva, s'étant retiré, accompagné de fort peu de personnes; car presque toute sa suite était restée aux pieds du saint cardinal.

Dès que la nouvelle de la mort prochaine de Bellarmin se répandit dans Rome, ce fut un deuil général. Le peuple, qui faisait l'expérience de sa bonté depuis vingt années, l'aimait comme un père et le vénérait comme un saint. On s'abordait dans les rues en se demandant des nouvelles du cardinal ; on entourait son médecin ; partout sur son passage on l'interrogeait avec tristesse. La foule se pressait aux abords de Saint-André. Toute la noblesse de Rome y accourut. Les ambassadeurs vinrent s'agenouiller au pied du lit de Bellarmin, et lui demander sa bénédiction pour leurs maîtres.

Quand on lui annonça qu'il n'y avait plus d'espoir, il dit seulement: « …

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Message  Louis Dim 03 Juin 2018, 6:20 am

ESSAI HISTORIQUE

IX

(SUITE)

Quand on lui annonça qu'il n'y avait plus d'espoir, il dit seulement : « O la bonne nouvelle, nous irons dans la maison du Seigneur, in domum Dominus ibimus. » Son testament était fait depuis le 13 janvier de cette année où il savait qu'il devait mourir. Il laissa au Gesu le peu de biens qu'il avait. La compagnie étant sa mère, il voulut qu'elle héritât de son enfant. Il donna à sa famille quelques souvenirs d'affection, et distribua entre plusieurs églises les chasubles qu'il avait. Craignant que sa succession ne s'élevât pas de beaucoup au-delà des cinq cents écus que les héritiers d'un cardinal doivent payer quand on leur remet l'anneau d'or qui lui avait été donné avec la pourpre,  à sa promotion, il fit demander au pape l'abandon de ce droit, et le pape, sachant combien il était pauvre, le lui accorda volontiers.

Le 10 septembre, il protesta solennellement qu'il mourait dans la foi de la sainte Église catholique ; il fit écrire cette protestation comme un dernier témoignage de la sincérité de ses convictions, et la fit signer par les personnes qui étaient présentes.

Il avait une fièvre double-tierce d'une violence extraordinaire pour un homme de cet âge; les médecins essayèrent de diminuer la force du mal en lui mettant des sangsues aux oreilles. On reçut avec soin le sang qui coulait dans des linges, que les assistants se partagèrent avec vénération comme de précieuses reliques.

Le 14, il se trouva si affaibli que les médecins crurent qu'il allait mourir. Bellarmin s'en aperçut à la tristesse peinte sur tous les visages, il les rassura comme homme assuré que son heure n'était pas encore venue. En effet, quoique la vie semblât épuisée en lui, il vécut encore, par une aorte de prodige,  jusqu'au 17 qui était le jour de la fête des sacrés Stigmates de saint François d'Assise.

Il avait reçu le saint Viatique dès les premiers temps de sa maladie, et malgré les efforts de ses amis, il s'était levé, et s'était jeté à genoux pour recevoir son bon maître. Il avait fait demander au pape l'indulgence plénière, et quand on la lui donna, découvrant sa tête vénérable, il avait essayé de s'incliner pendant qu'il récitait le Confiteor.

Tous ces devoirs étant accomplis, le vendredi matin il commença de crier à Dieu miséricorde en récitant le Miserere. Tous les novices et plus de cent pères de la compagnie accourus pour être témoins de la mort de ce grand et saint cardinal, s'agenouillèrent au pied de son lit et joignirent leurs prières aux siennes. Alors prenant son crucifix, il le baisa tendrement, et, après avoir prononcé une dernière fois les noms de Jésus et de Marie, il expira.

Son corps fut mis dans un carrosse et porté au Gesu….

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Message  Louis Lun 04 Juin 2018, 7:39 am

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IX

(SUITE)

Son corps fut mis dans un carrosse et porté au Gesu. On l'exposa dans l'oratoire de la congrégation de l'Assomption, de laquelle il avait fait partie. Une foule immense se rendit à ses obsèques. Dans toute l'église on n'entendait que ces paroles : Ah ! le saint cardinal ! Le pape envoya ses gardes pour maintenir un peu d'ordre dans une si grande multitude. Chacun se pressait afin de contempler encore une fois le visage du serviteur de Dieu. Tous voulaient faire toucher à son corps un chapelet ou quelque médaille. Pour éviter un plus grand tumulte, les gardes furent obligés de prendre au bout de leurs hallebardes les masses de chapelets qu'on leur tendait, et de les faire toucher au corps du cardinal. On pense qu'ils en reçurent ainsi plus de vingt mille.

Selon l'usage de ce temps, Bellarmin était exposé dans son cercueil, revêtu de ses habits pontificaux. Après l'office, la foule fit irruption, et, malgré les gardes, s'empara de la mitre et du chapeau qui furent aussitôt divisés en des milliers de morceaux et conservés comme des reliques. Sans l'emploi de la force armée, on l'eut entièrement dépouillé, tant la conviction de sa sainteté était profonde dans le peuple.

Quand la foule fut retirée, les princesses romaines et un grand nombre de membres de la noblesse vinrent vénérer à leur tour le saint cardinal. On reporta ensuite le corps à la sacristie, où il fut mis dans un cercueil ordinaire et déposé dans le caveau commun des pères de la compagnie, ainsi qu'il l'avait expressément demandé. Plus tard le corps de Bellarmin fut placé dans le tombeau qui avait servi à saint Ignace, à droite du grand autel. Dix jours après on lui fit un service solennel où son oraison funèbre fut prononcée. Le cardinal Farnèse, qui l'avait aimé et qui portait à la compagnie une grande affection, lui fit élever par le célèbre Bernini un mausolée magnifique sur lequel il fit graver cette inscription :

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A suivre : X. Le cardinal Bellarmin était d'une taille au-dessous de la moyenne…

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Message  Louis Mar 05 Juin 2018, 6:59 am

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X

Le cardinal Bellarmin était d'une taille au-dessous de la moyenne, mais bien prise, et il se tenait avec une certaine majesté. Sa tête était forte; son front large et spacieux annonçait tout son génie. Il avait le nez long et aquilin, des yeux vifs et brillants ; toute sa physionomie était empreinte d'un grand esprit. Sa bouche, bien proportionnée et souriante, lui donnait un air gracieux; il avait le teint vermeil; ses cheveux, autrefois noirs et blanchis par le temps, donnaient à sa figure un aspect vénérable.

Le cardinal de Vérone le peignait en deux mots : C'est, disait-il, le plus petit et le plus grand homme qu'il y ait dans le monde, II maggior piccolo ché sia al mondo.

Jamais, depuis nos saints docteurs, tant de science ne s'était trouvée unie à tant de vertus. Ses contemporains le regardaient comme un Père de l’Église.  Le sacré Collège était si persuadé de sa sainteté, qu'il eut suffi d'un miracle pour qu'il l'eût canonisé tout d'une voix; c'est au moins ce que les cardinaux disaient en ce temps-là dans Rome. Il en avait fait plusieurs pendant sa vie, mais j'ignore s'il s'en fit d'autres sur son tombeau. Il y eut un décret qui permettait d'instruire le procès de la canonisation, et par-là il fut déclaré vénérable, ainsi que son saint ami le cardinal Baronius. C'est un titre de gloire plus précieux que d'avoir été le plus savant homme de son siècle.

Plusieurs fois il avait guéri des malades en faisant sur eux le signe de la croix. Il avait donné des preuves des révélations prophétiques dont Dieu le favorisait, en bien des circonstances. Deux officiers de sa maison étaient malades : on vint lui annoncer que l'un était près de sa fin, et que l'autre allait mieux. « Vous vous trompez, dit-il, le premier guérira, mais le second mourra; » et il en arriva ainsi. A la mort de Paul V, il dit au conclave : « Nous faisons un pape en hiver, bientôt vous en ferez un en été ; mais je n'y serai plus. » Il apparut aussi à un vicaire-général de Bari, qu'il avait connu lorsqu'il était chanoine de Capoue, et lui reprocha de ne pas prendre un soin convenable des reliques de saint Nicolas.

Il était rempli d'une tendre dévotion envers la très-sainte Vierge, et se montrait zélé défenseur du privilège de l’IMMACULÉE CONCEPTION.

Un jour qu'il se promenait seul, un livre à la main, dans les corridors de Saint-André, il vit un père arrêté depuis longtemps à l'extrémité du corridor. Soupçonnant enfin qu'il avait à lui parler, le cardinal vint à lui.

— Que désirez-vous, mon père, lui dit-il?

— Je désirais parler à Votre Seigneurie Illustrissime.

On ne donnait pas encore aux cardinaux le titre d’Éminence.

— Et pourquoi ne le faisiez-vous pas, dit le cardinal en souriant?

— J'attendais, dit le père, que Votre Seigneurie Illustrissime eût terminé son bréviaire.

— Eh quoi, mon père, dit Bellarmin surpris, comment avez-vous pu penser que je priais Dieu en me promenant et la tête couverte ?

Il méditait l'Écriture sainte à genoux…

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Message  Louis Mer 06 Juin 2018, 8:11 am

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X

(SUITE)

Il méditait l’Écriture sainte à genoux. Dans le temps qu'il était archevêque, il se levait à  toutes les nuits pour assister aux Matines du chapitre de la cathédrale ; en attendant l'heure, il lisait un psaume et le méditait, puis il écrivait le résultat de sa méditation, ou plutôt ce que le Saint-Esprit lui avait inspiré dans la prière. C'est ainsi qu'il composa le commentaire que nous donnons aujourd'hui. Il ne le publia que quelques années après son départ de Capoue, sous le pontificat de Paul V, à qui il le dédia.

Jamais vie ne fut mieux remplie que la sienne ; il n'en perdit pas un seul jour. C'est par cette prodigieuse assiduité au travail qu'il parvint à produire les nombreux et savants ouvrages qui nous restent de lui. Quelques-uns d'eux eurent des fortunes bien diverses. Son livre, De potestate summi Pontificis, fut mis à l'index par Sixte-Quint, et condamné par le parlement de Paris. Sixte-Quint ne le trouvait pas assez favorable à la papauté ; le parlement l'accusait au contraire d'en exagérer trop les pouvoirs. Il fut tiré de l'index aussitôt après la mort de Sixte-Quint, sur la demande de tout le sacré Collège, et il est regardé encore aujourd'hui comme l'expression la plus exacte des doctrines romaines.

Nous avons raconté combien le livre des Controverses eut de retentissement en Europe. Tous les étrangers qui venaient à Rome voulaient voir l'auteur de ce fameux ouvrage. Un bourgeois de la Rochelle, qui avait eu l'occasion d'entretenir Bellarmin, fit constater par un notaire l'honneur qu'il avait eu de causer avec ce grand homme, et il remporta de Rome avec joie cette pièce singulière comme le plus précieux souvenir de son voyage.

Tant de gloire n'altéra jamais la simplicité ni la bonté de Bellarmin. Il présidait un jour une thèse publique : voyant que la discussion s'animait trop, il voulut imposer silence à un docteur qui s'égarait. Cet homme irrité s'emporta jusqu'à lui dire : Que je ne puisse jamais vous voir pape !

Le cardinal-vicaire, qui était présent, fit signe qu'on s'emparât de l'insolent, et qu'on le menât en prison.

— Laissez, dit en riant Bellarmin ; si je suis pape, ne sera-t-il pas assez puni, puisqu'il faudra qu'il devienne aveugle pour ne me point voir?

Cette bonté ne dégénérait cependant point en faiblesse. Le duc de Lémos l'ayant menacé de l'exclusion d'Espagne : « Monsieur, dit Bellarmin en se levant avec la majesté d'un roi, je suis neveu de Marcel II, que de plus grandes menaces de l'empereur n'ont pas effrayé, et les vôtres ne m'effraieront pas non plus. »

Il avait un esprit plein de grâce et de finesse.

Il fut un jour choqué de voir dans un palais des peintures d'une nudité peu séante.

— Monseigneur, dît-il au maître du palais, j'ai rencontré dans votre galerie de pauvres gens qui auront bien froid cet hiver: il serait digne de votre charité de leur donner quelques vêtements.

Le cardinal ne put s'empêcher de sourire à ce reproche si gracieux.

— Soyez assuré, lui dit-il, que je les ferai couvrir en effet; je veux qu'ils vous aient cette obligation.

Il demanda son peintre le jour même, et satisfit Bellarmin.

Il avait un désintéressement admirable…

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Message  Louis Jeu 07 Juin 2018, 6:42 am

ESSAI HISTORIQUE

X

(SUITE)

Il avait un désintéressement admirable : jamais il ne demanda rien pour sa famille ni pour lui-même.

— Quel homme êtes-vous, lui disait Paul V? Les autres me demandent sans cesse et ne sont jamais contents ; je ne vous donne rien et vous l'êtes toujours.

— Je suis né pauvre gentilhomme, répondit Bellarmin; j'ai vécu longtemps pauvre religieux; je veux vivre et mourir pauvre cardinal.

Tout pauvre cardinal qu'il était, il donnait avec une inépuisable générosité. Quand il n'avait plus d'argent, il donnait ses meubles. Un jour qu'il avait vendu un de ses carosses, ne sachant plus où trouver de l'argent pour ses chers pauvres, il donna son matelas. Le pauvre sortait du palais avec le seul matelas sur lequel couchât le cardinal, lorsqu'un officier de sa maison s'en aperçut et le racheta de ses deniers.

Une femme mourut de faim non loin de son palais. Le cardinal le sut et en eut le cœur déchiré.

— Ignoriez-vous donc sa misère, dit-il au domestique qui lui racontait cette triste nouvelle?

— Il y a longtemps, Monseigneur, que je la voyais souffrir.

— Et vous ne m'avez rien dit, reprit le cardinal indigné !

— Monseigneur, je savais que vous n'aviez plus d'argent.

—  Ah ! ne me restait-il pas cet anneau, dit le cardinal en pleurant.

Il préférait ses pauvres à tout, même à sa santé et à sa vie. Il tomba malade, et les médecins lui ordonnèrent d'aller respirer l'air frais et pur de Frascati.

Il fît venir son intendant.

— Mon ami, lui dit-il, combien dépenserions-nous à Frascati ?

— A peu près le double qu'à Rome, à cause du déplacement.

— O mes chers pauvres, s'écria Bellarmin, il faudrait vous laisser jeûner! Nous resterons à Rome.

Un soir, dans une rue de Rome, ses chevaux furent effrayés d'un coup de fusil tiré presque à la portière de son carosse. Un cri déchirant se fait entendre. Le cocher arrête. Le cardinal descend et trouve un homme baigné dans son sang, soutenu par une jeune fille éplorée.

— Monseigneur, dit cet homme, c'est ma pauvre fille qu'on m'enlevait, et le ravisseur m'a tué.

Le cardinal le fit porter chez un gentilhomme de ses amis, et dit à la femme de ce gentilhomme :

— Madame, je vous présente une pauvre fille qui bientôt n'aura plus de père : voulez-vous être sa mère !

Il paya sa pension et la dota richement.

Tant de bonté, de charité, de désintéressement, l'avait rendu l'idole du peuple de Rome…

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Message  Louis Ven 08 Juin 2018, 6:47 am

ESSAI HISTORIQUE

X

(SUITE)

Tant de bonté, de charité, de désintéressement, l'avait rendu l'idole du peuple de Rome. Si le pape et le Sacré-Collège avaient confiance dans ses lumières, le peuple avait confiance en sa vertu. Je n'en citerai plus que ce trait singulier :

Un notaire du Saint-Office fut condamné à mort pour une faute que ce malheureux regardait comme légère. Dans son désespoir, il s'en prenait à Dieu de ce qu'il appelait l'injustice des hommes, et ne voulait point se réconcilier. Les aumôniers de la prison firent auprès de lui toutes les instances possibles, mais inutilement. Enfin l'heure du supplice arriva, et avec elle le bourreau.

—  Traînez-moi, criait ce malheureux, mais je n'irai pas de plein gré. C'est une infamie de tuer un homme pour si peu.

—  Mais, mon ami, disait l'aumônier, songez donc que vos juges sont des hommes honorables, et qu'ils n'ont fait qu'appliquer la loi.

—   Le cardinal Bellarmin n'eût pas commis cette injustice, interrompit le criminel ; c'est un homme de cœur, lui, et s'il me disait que j'ai mérité la mort, je le croirais et me confesserais sur-le-champ; mais il ne me le dirait pas.

— Voulez-vous que nous l'envoyions chercher ?

-- Je le veux bien, dit le criminel, qui vit un délai dans cette démarche.

Le cardinal vint. Le notaire lui expliqua lui-même sa condamnation.

—  N'est-il pas vrai, monseigneur, qu'une si petite faute ne méritait pas la mort?

—  Mon ami, dit le cardinal, je fais partie de la congrégation du Saint-Office, et j'ai suivi toute votre affaire. Le crime est plus grave que vous ne pensez : J'ai conclu à la mort.

—  Ah! monseigneur, dit le malheureux, je n'avais jamais compris la gravité de mon crime; mais si vous le jugez digne de mort, je suis résigné.

Il se confessa et mourut plein de regrets.

Telle a été la vie du cardinal Bellarmin. Le Sacré-Collège écrivit de lui cet éloge dans le registre mortuaire des cardinaux :

« Le dix-septième jour de septembre de l'an 1621, le révérendissime seigneur Robert Bellarmin, prêtre-cardinal, né à Montepulciano, et qui a été profès de la vénérable compagnie de Jésus, est passé aujourd'hui de la région des morts en la terre des vivants. C'était un personnage très-illustre, un éminentissime théologien, un très-zélé défenseur de la foi catholique, le marteau des hérétiques : également pieux, sage, humble et souverainement aumônier. Tout le Sacré-Collège des cardinaux et toute la Cour de Rome ont pleuré la perte d'un si grand homme. »

Heureux siècle, éprouvé par de grands revers, mais que Dieu avait consolé en lui donnant des hommes admirables comme saint Ignace, saint Gaétan, saint Philippe de Néri, saint François Xavier, saint Camille de Lellis, saint François de Borgia, saint Louis de Gonzague, saint Charles Borromée, saint Pie V, saint François de Sales, qui furent les amis ou les contemporains du vénérable Baronius et du vénérable Bellarmin. Notre siècle supporte aussi de grandes épreuves : que Dieu daigne donner encore à son Église de pareils hommes pour en triompher !

L'ABBÉ E. DARAS.

FIN.

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