SAINT AUGUSTIN — CITÉ DE DIEU — LIVRE HUITIÈME: THÉOLOGIE NATURELLE (complet)

Page 2 sur 2 Précédent  1, 2

Aller en bas

 SAINT AUGUSTIN — CITÉ DE DIEU — LIVRE HUITIÈME: THÉOLOGIE NATURELLE  (complet) - Page 2 Empty Re: SAINT AUGUSTIN — CITÉ DE DIEU — LIVRE HUITIÈME: THÉOLOGIE NATURELLE (complet)

Message  ROBERT. Ven 10 Juin 2016, 10:52 am

Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre VIII, cap XXIV a écrit:

LIVRE HUITIÈME: THÉOLOGIE NATURELLE.


CHAPITRE XXIV.


TOUT EN DÉPLORANT LA RUINE FUTURE DE LA RELIGION DE

SES PÈRES, HERMÈS EN CONFESSE OUVERTEMENT LA FAUSSETÉ.   (suite)




(suite) Aussi le titre de ce psaume porte-t-il: "Quand la maison  s’édifiait après la captivité". En effet la maison du Seigneur, cette Cité de Dieu qui est la sainte Eglise, s’édifie par toute la terre, après la captivité où les démons retenaient les vrais croyants, devenus maintenant les pierres vivantes de l’édifice. Car, bien que l’homme fût l’auteur de ses dieux, cela n’empêchait pas qu’il ne leur fût soumis par le culte qu’il leur rendait et qui le faisait entrer dans leur société, je parle de la société des démons, et non de celle de ces idoles sans vie. Que sont en-effet les idoles, sinon des êtres  qui  ont eu des yeux et ne voient pas », suivant la parole de I’Écriture 2, et qui, pour être des chefs-d’œuvre de l’art, n’en restent pas moins dépourvus de sentiment et de vie ? Mais les esprits immondes, liés à ces idoles par un art détestable, avaient misérablement asservi les âmes de leurs adorateurs en se les associant.



C’est pourquoi l’Apôtre dit: "Nous savons  qu’une idole n’est rien et c’est aux démons,  et non à Dieu, que les gentils offrent leurs  victimes. Or, je ne veux pas que vous ayez  aucune société avec les démons 3 ." C’est donc après cette captivité qui asservissait les hommes aux démons, que la maison de Dieu s’édifie par toute la terre, et de là le titre du psaume où il est dit: "Chantez au Seigneur un cantique nouveau; chantez au Seigneur, peuples de toute la terre; chantez au Seigneur et bénissez son saint nom; annoncez dans toute la suite des jours son assistance salutaire; annoncez sa gloire parmi les nations et ses merveilles au milieu de tous les peuples; car le Seigneur est grand et infiniment louable; il est plus redoutable que tous les dieux, car tous les dieux des gentils sont des démons, mais le Seigneur a fait les cieux 1".



Ainsi, celui qui s’affligeait de prévoir un temps où le culte des idoles serait aboli, et où les démons cesseraient de dominer sur leurs adorateurs, souhaitait, sous l’inspiration de l’esprit du mal, que cette captivité durât toujours, au lieu que le psalmiste célèbre le moment où elle finira et où une maison sera édifiée par toute la terre. Trismégiste prédisait donc en gémissant ce que le Prophète prédit avec allégresse; et comme le Saint-Esprit qui anime les saints Prophètes est toujours victorieux, Trismégiste lui-même a été miraculeusement contraint d’avouer que les institutions dont la ruine lui causait tant de douleur, n’avaient pas été établies par des hommes sages, fidèles et religieux, mais par des ignorants, des incrédules et des impies. Il a beau appeler les idoles des dieux; du moment qu’il avoue qu’elles sont l’ouvrage d’hommes auxquels nous ne devons pas nous rendre semblables, par là même il-confesse, malgré qu’il en ait, qu’elles ne doivent point être adorées par ceux qui ne ressemblent pas à ces hommes, c’est-à-dire qui sont sages, croyants et religieux.



Il confesse, en outre, que ceux mêmes qui ont inventé l’idolâtrie ont consenti à reconnaître pour dieux des êtres qui rie sont point dieux, suivant cette parole du Prophète: "Si l’homme se fait des dieux, ce ne sont point des dieux véritables2". Lors donc que Trismégiste appelle dieux de tels êtres, reconnus par de tels adorateurs et formés par de tels ouvriers, lorsqu’il prétend que des démons, qu’un art ténébreux a attachés à de certains simulacres par le lien de leurs passions, sont des dieux de fabrique humaine, il ne va pas du moins jusqu’à cette opinion absurde du platonicien Apulée, que les démons sont des médiateurs entre les dieux que Dieu a faits, et les hommes qui sont également son ouvrage, et qu’ils transmettent aux dieux les prières des hommes, ainsi qu’aux hommes les faveurs des dieux. Car il serait par trop absurde que les dieux créés par l’homme eussent auprès des dieux que Dieu a faits, plus de pouvoir que n’en a l’homme, qui a aussi Dieu pour auteur. En effet, le démon qu’un homme a lié à une statue par un art impie, est devenu un dieu, mais pour cet homme seulement, et non pour tous les hommes. Quel est donc ce dieu qu’un homme ne saurait faire sans être aveugle, incrédule et impie ?



Enfin, si les démons qu’on adore dans les temples et qui sont liés par je ne sais quel art à leurs images visibles, ne sont point des médiateurs et des interprètes entre les dieux et les hommes, soit à cause de leurs mœurs détestables, soit parce que les hommes, même en cet état d’ignorance, d’incrédulité et d’impiété où ils ont imaginé de faire des dieux, sont d’une nature supérieure à ces démons enchaînés par leur art au corps des idoles, il s’ensuit finalement que ces prétendus dieux n’ont de pouvoir qu’à titre de démons, et que dès lors ils nuisent ouvertement aux hommes, ou que, s’ils semblent leur faire du bien, c’est pour leur nuire encore plus en les trompant. Remarquons toutefois qu’ils n’ont ce double pouvoir qu’autant que Dieu le permet par un conseil secret et profond de la Providence, et non pas en qualité de médiateurs et d’amis des dieux. Ils ne sauraient, en effet, être amis de ces dieux excellents que nous appelons Anges, Trônes, Dominations, Principautés, Puissances, toutes créatures raisonnables qui habitent le ciel, et dont ils sont aussi éloignés par la disposition de leur âme, que le vice l’est de la vertu et la malice de la bonté
.

-----------------------------------------------------------


2. Psaume CXIII, 5. — 3. I Corinthiens VIII, 4;  I Corinthiens X, 20. ― 1. Psaume  XCV, 1-5. — 2. Jérémie XVI, 20.



Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…

.
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

 SAINT AUGUSTIN — CITÉ DE DIEU — LIVRE HUITIÈME: THÉOLOGIE NATURELLE  (complet) - Page 2 Empty Re: SAINT AUGUSTIN — CITÉ DE DIEU — LIVRE HUITIÈME: THÉOLOGIE NATURELLE (complet)

Message  ROBERT. Sam 11 Juin 2016, 1:11 pm

Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre VIII, cap XXV a écrit:

LIVRE HUITIÈME: THÉOLOGIE NATURELLE.


CHAPITRE XXV.

DE CE QU’IL PEUT Y AVOIR DE COMMUN

ENTRE LES SAINTS ANGES ET LES HOMMES. 




Ce n’est donc point par la médiation des démons que nous devons aspirer à la bienveillance et aux bienfaits des dieux, ou plutôt des bons anges, mais par l’imitation de leur bonne volonté; de la sorte, en effet, nous sommes avec eux, nous vivons avec eux et nous adorons avec eux le Dieu qu’ils adorent, bien que nous ne puissions le voir avec les yeux du corps. Aussi bien, la distance des lieux n’est pas tant ce qui nous sépare des anges, que l’égarement de notre volonté et la défaillance de notre misérable nature. Et si nous ne sommes point unis avec eux, la raison n’en est pas dans notre condition charnelle et terrestre, mais dans l’impureté de notre cœur, qui nous attache à la terre et à la chair. Mais, quand arrive pour nous la guérison, quand nous devenons semblables aux anges, alors la foi nous rapproche d’eux, pourvu que nous ne doutions pas que par leur assistance Celui qui les a rendus bienheureux fera aussi notre bonheur.



Traduction par M. SAISSET, 1869.
gras ajoutés.
à suivre…

.
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

 SAINT AUGUSTIN — CITÉ DE DIEU — LIVRE HUITIÈME: THÉOLOGIE NATURELLE  (complet) - Page 2 Empty Re: SAINT AUGUSTIN — CITÉ DE DIEU — LIVRE HUITIÈME: THÉOLOGIE NATURELLE (complet)

Message  ROBERT. Dim 12 Juin 2016, 12:15 pm

Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre VIII, cap XXVI a écrit:

LIVRE HUITIÈME: THÉOLOGIE NATURELLE.


CHAPITRE XXVI.

TOUTE LA RELIGION DES PAÏENS SE RÉDUISAIT

À ADORER DES HOMMES MORTS.  




Quand il déplore la ruine future de ce culte, qui pourtant, de son propre aveu, ne doit son existence qu’à des hommes pleins d’erreurs, d’incrédulité et d’irréligion, notre égyptien écrit ces mots dignes de remarque: "Alors  cette terre, sanctifiée par les temples et les  autels, sera remplie de sépulcres et de  morts.". Comme si les hommes ne devaient pas toujours être sujets à mourir, alors même que l’idolâtrie n’eût pas succombé ! Comme si on pouvait donner aux morts une autre place que la terre ! Comme si le progrès du temps et des siècles, en multipliant le nombre des morts, ne devait pas accroître celui des tombeaux ! Mais le véritable sujet de sa douleur, c’est qu’il prévoyait sans doute que les monuments de nos martyrs devaient succéder à leurs temples et à leurs autels; et peut-être, en lisant ceci, nos adversaires vont-ils se persuader, dans leur aversion pour les chrétiens et dans leur perversité, que nous adorons les morts dans les tombeaux comme les païens adoraient leurs dieux dans les temples.



Car tel est l’aveuglement de ces impies, qu’ils se heurtent, pour ainsi dire, contre des mensonges, et ne veulent pas voir des choses qui leur crèvent les yeux. Ils ne considèrent pas que, de tous les dieux dont il est parlé dans les livres des païens, à peine s’en trouve-t-il qui n’aient été des hommes, ce qui ne les empêche pas de leur rendre les honneurs divins. Je ne veux pas m’appuyer ici du témoignage de Varron, qui assure que tous les morts étaient regardés comme des dieux mânes, et qui en donne pour preuve les sacrifices qu’on leur offrait, notamment les jeux funèbres, marque évidente, suivant lui, de leur caractère divin, puisque la coutume réservait cet honneur aux dieux; mais pour citer Hermès lui-même, qui nous occupe présentement, dans le même livre où il déplore l’avenir en ces termes: "Cette terre, sanctifiée par les temples et les autels, sera remplie de sépulcres et de morts, il avoue que les dieux des Égyptiens n’étaient que des hommes morts.



Il vient, en effet, de rappeler que ses ancêtres, aveuglés par l’erreur, l’incrédulité et l’oubli de la religion divine, trouvèrent le secret de faire des dieux,  et, cet  art une fois inventé, y joignirent une vertu  mystérieuse empruntée à la nature universelle; après quoi, dans l’impuissance où ils étaient de faire des âmes, ils évoquèrent  celles des démons et des anges, et, les attachant à ces images sacrées et aux divins mystères, donnèrent ainsi à leurs idoles le pouvoir de faire du bien et du mal
"; puis, il poursuit, comme pour confirmer cette assertion par des exemples, et s’exprime ainsi: "Votre aïeul, Esculape, a été l’inventeur de la médecine, et on lui a consacré sur la montagne de Libye, près du rivage des Crocodiles, un temple où repose son humanité terrestre, c’est-à-dire son corps; car ce qui reste de lui, ou plutôt l’homme tout entier, si l’homme est tout entier dans le sentiment de la vie, est remonté meilleur au ciel; et maintenant il rend aux malades, par sa puissance divine, les mêmes services qu’il leur rendait autrefois par la science médicale". Peut-on avouer plus clairement que l’on adorait comme un dieu un homme mort, au lieu même où était son tombeau ?



Et, quant au retour d’Esculape au ciel, Trismégiste, en l’affirmant, trompe les autres et se trompe lui-même. "Mon aïeul Hermès", ajoute-t-il, "ne fait-il pas sa demeure dans une ville qui porte son nom, où il assiste et protège tous les hommes qui s’y rendent de  toutes parts ?" On rapporte, en effet, que le grand Hermès, c’est-à-dire Mercure, que Trismégiste appelle son aïeul, a son tombeau dans Hermopolis. Voilà donc des dieux qui, de son propre aveu, ont été des hommes, Esculape et Mercure. Pour Esculape, les Grecs et les Latins en conviennent; mais à l’égard de Mercure, plusieurs refusent d’y voir un mortel, ce qui n’empêche pas Trismégiste de l’appeler son aïeul. A ce compte le Mercure de Trismégiste ne serait pas le Mercure des Grecs, bien que portant le même nom. Pour moi, qu’il y en ait deux ou un seul, peu m’importe. Il me suffit d’un Esculape qui d’homme soit devenu dieu, suivant Trismégiste, son petit-fils, dont l’autorité est si grande parmi les païens.



Il poursuit, et nous apprend encore "qu’Isis, femme d’Osiris, fait autant de bien quand  elle est propice, que de mal quand elle est irritée". Puis il veut montrer que tous les dieux de fabrique humaine sont de la même nature qu’Isis, ce qui nous fait voir que les démons se faisaient passer pour des âmes de morts attachées aux statues des temples par cet art mystérieux dont Hermès nous a raconté l’origine. C’est dans ce sens qu’après avoir parlé du mal que fait Isis quand elle est irritée, il ajoute: "Les dieux de la terre et du monde sont sujets à s’irriter, ayant reçu des hommes qui les ont formés l’une et l’autre nature"; ce qui signifie que ces dieux ont une âme et un corps: l’âme, c’est le démon; le corps, c’est la statue. "Voilà pourquoi, dit-il, les Égyptiens les appellent de saints animaux; voilà aussi pourquoi chaque ville honore l’âme de celui qui l’a sanctifiée de son vivant, obéit à ses lois, et porte son nom". Que dire maintenant de ces plaintes lamentables de Trismégiste, s’écriant que la terre, sanctifiée par les temples et les autels, va se remplir de sépulcres et de morts ? Evidemment, l’esprit séducteur qui inspirait Hermès se sentait contraint d’avouer par sa bouche que déjà la terre d’Egypte était pleine en effet de sépulcres et de morts, puisque ces morts y étaient adorés comme des dieux. Et de là cette douleur des démons, qui prévoient les supplices qui les attendent sur les tombeaux des martyrs; car c’est dans ces lieux vénérables qu’on les a vus plusieurs fois souffrir des tortures, confesser leur nom et sortir des corps des possédés.




Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…

.
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

 SAINT AUGUSTIN — CITÉ DE DIEU — LIVRE HUITIÈME: THÉOLOGIE NATURELLE  (complet) - Page 2 Empty Re: SAINT AUGUSTIN — CITÉ DE DIEU — LIVRE HUITIÈME: THÉOLOGIE NATURELLE (complet)

Message  ROBERT. Lun 13 Juin 2016, 12:03 pm

Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre VIII, cap XXVII a écrit:

LIVRE HUITIÈME: THÉOLOGIE NATURELLE.


CHAPITRE XXVII.

DE L’ESPÈCE D’HONNEURS QUE LES

CHRÉTIENS RENDENT AUX MARTYRS.    




Et toutefois, nous n’avons en l’honneur des martyrs, ni temples, ni prêtres, ni cérémonies, parce qu’ils ne sont pas des dieux pour nous, et que leur Dieu est notre seul Dieu. Nous honorons, il est vrai, leurs tombeaux comme ceux de bons serviteurs de Dieu, qui ont combattu jusqu’à la mort pour le triomphe de la vérité et de la religion, pour la chute de l’erreur et du mensonge; courage admirable que n’ont pas eu les sages qui avant eux avaient soupçonné la vérité ! Mais, qui d’entre les fidèles a jamais entendu un prêtre devant l’autel consacré à Dieu, sur les saintes reliques d’un martyr, dire dans les prières Pierre, Paul ou Cyprien, je vous offre ce sacrifice ? C’est à Dieu seul qu’est offert le sacrifice célébré en leur mémoire; à Dieu, qui les a faits hommes et martyrs, et qui a daigné les associer à la gloire de ses saints anges.



On ne veut donc par ces solennités que rendre grâce au vrai Dieu des victoires des martyrs, et exciter les fidèles à partager un jour, avec l’assistance du Seigneur, leurs palmes et leurs couronnes. Voilà le véritable objet de tous ces actes de piété qui se pratiquent aux tombeaux des saints martyrs: ce sont des honneurs rendus à des mémoires vénérables, et non des sacrifices offerts à des morts comme à des dieux 1. Ceux mêmes qui y portent des mets, coutume qui n’est d’ailleurs reçue qu’en fort peu d’endroits, et que les meilleurs chrétiens n’observent pas, les emportent après quelques prières, soit pour s’en nourrir, soit pour les distribuer aux pauvres, et les tiennent seulement pour sanctifiés par les mérites des martyrs, au nom du Seigneur des martyrs 2 . Mais, pour voir là des sacrifices, il faudrait ne pas connaître l’unique sacrifice des chrétiens, celui-là même qui s’offre en effet sur ces tombeaux.



Ce n’est donc ni par des honneurs divins, ni par des crimes humains que nous rendons hommage à nos martyrs, comme font les païens à leurs dieux; nous ne leur offrons pas des sacrifices, et nous ne travestissons pas leurs crimes en choses sacrées. Parlerai-je d’Isis, femme d’Osiris, déesse égyptienne, et de ses ancêtres qui sont tous inscrits au nombre des rois ? Un jour qu’elle leur offrait un sacrifice, elle trouva, dit-on, une moisson d’orge dont elle montra quelques épis au roi Osiris, son mari, et à Mercure, conseiller de ce prince; et c’est pourquoi on a prétendu l’identifier avec Cérès. Si l’on veut savoir tout le mal qu’elle a fait, qu’on lise, non les poètes, mais les livres mystiques, ceux dont parla Alexandre 1 à sa mère Olympias, quand il eut reçu les révélations du pontife Léon, et l’on verra à quels hommes et à quelles actions on a consacré le culte divin.



A Dieu ne plaise qu’on ose comparer ces dieux, tout dieux qu’on les appelle, à nos saints martyrs, dont nous ne faisons pourtant pas des dieux ! Nous n’avons institué en leur honneur ni prêtres, ni sacrifices, parce que tout cela serait inconvenant, illicite, impie, étant offert à tout autre qu’à Dieu; nous ne cherchons pas non plus à les divertir en leur attribuant des actions honteuses ou en leur consacrant des jeux infâmes, comme on fait à ces dieux dont on célèbre les crimes sur la scène, soit qu’ils les aient commis, en effet, quand ils étaient hommes, soit qu’on les invente à plaisir pour le divertissement de ces esprits pervers.



Certes, ce n’est pas un dieu de cette espèce que Socrate aurait eu pour inspirateur, s’il avait été véritablement inspiré par un Dieu; mais peut-être est-ce un conte imaginé après coup par des hommes qui ont voulu avoir pour complice dans l’art de faire des dieux un philosophe vertueux, fort innocent, à coup sûr, de pareilles œuvres. Pourquoi donc nous arrêter plus longtemps à démontrer qu’on ne doit point honorer les démons en vue du bonheur de la vie future ? Il suffit d’un sens médiocre pour n’avoir plus aucun doute à cet égard. Mais on dira peut-être que si tous les dieux sont bons, il y a parmi les démons les bons et les mauvais, et que c’est aux bons qu’il faut adresser un culte pour obtenir la vie éternelle et bienheureuse; c’est ce que nous allons examiner au livre suivant.



---------------------------------------------------------

1. Saint Augustin a traité à fond cette question dans son écrit Contre Fauste, ch. 21.―2. Comp. Confessions, livre VI, ch. 2.―1. Sur cette prétendue lettre d’Alexandre à Olympias, voyez plus haut, ch. 5. Comp. Diodore de Sicile, livre I, ch. 13 et suiv.



Traduction par M. SAISSET, 1869.
gras ajoutés.

.


 FIN DU LIVRE HUITIÈME: THÉOLOGIE NATURELLE.
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Page 2 sur 2 Précédent  1, 2

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum