CREDO ou le Refuge du chrétien dans les temps actuels

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Message  Louis Sam 27 Sep 2014, 8:43 pm



Chapitre XXV

Une expérience.


I. Afin de nous prouver, clair comme deux et deux font quatre, que la conversion du monde, avec toutes ses conséquences, par un Juif crucifié, qui n’est qu’un Juif, aidé de douze pêcheurs, comme tous les autres pêcheurs, est une chose très facile, très logique, qui ne surpasse nullement les forces humaines et qui n’exige aucun miracle, nous allons prier quelque incrédule en renom, M. Renan, par exemple, de nous en donner une répétition.

Jamais entreprise ne fut plus digne de son grand cœur. Sa profonde compassion pour le genre humain, sottement courbé, depuis tant de siècles, sous le joug dégradant de l’idolâtrie chrétienne ne permet pas de douter qu’il ne se prête avec bonheur à l’expérience proposée.

II. Donc, un matin, le fier négateur de la divinité du Christianisme, descend dans la rue, ses deux fameux volumes sous le bras, et se dirige vers le faubourg Saint-Antoine. A sa vue, s’offre le fils d’un charpentier, fumant sa pipe devant l’atelier de son père.

Il l’appelle et lui dit : « Je suis M. Renan, membre de l’Institut. La science m’a démontré que l’établissement du Christianisme, est une œuvre purement humaine. Jésus n’est pas Dieu, Il n’a pas fait de miracles. Ses apôtres étaient des rêveurs. Frappés d’hallucination, ce qui arrive souvent en Judée, ils ont cru voir ce qu’ils n’ont pas vu, entendre ce qu’ils n’ont pas entendu. Mes livres, que voici, t‘en donneront la preuve. Excepté moi et mes pareils, l’humanité est, depuis dix-huit siècles, victime d’une honteuse mystification. Pour l’en convaincre, j’ai résolu de donner une répétition du fait, dont Jésus fut le héros.

III. « Je t’ai choisi pour exécuter cette entreprise : le succès fera ta gloire aussi bien que la mienne. Plein de cette pensée, tu vas recommencer le rôle de Jésus de Nazareth. Ce rôle t‘est connu ; et tu es dans toutes les conditions voulues pour le remplir. D’une part, tu es charpentier et fils d’un charpentier ; d’autre part, tu n’as besoin pour réussir, ni d’agents surnaturels ni de miracles. A l’œuvre donc, et tu deviens immortel. »

IV. Sur la parole du savant académicien, le jeune charpentier quitte la boutique de son père, descend sur les bords de la Seine, et réunit autour de lui douze pêcheurs de profession. « Mes amis, leur dit-il, laissez là vos barques et vos filets. Suivez-moi ; J’ai une importante communication à vous faire. » Ils le suivent.

V. Avec eux il monte sur les Buttes-Chaumont, et se retirant à l’écart, il les fait asseoir sur le gazon ; puis, il leur parle en ces termes : « Vous me connaissez ; vous savez que je suis charpentier de mon état et fils d’un charpentier. Il y a bientôt trente ans que je travaille dans la boutique de mon père. Souvent vous m’avez vu, lorsque vous veniez nous chercher pour réparer vos barques.

VI. « Eh bien ! vous êtes dans l’erreur. Je ne suis pas du tout ce que vous pensez. Tel que vous me voyez, je suis Dieu. C’est moi qui ai créé le ciel et la terre. J’ai résolu de me faire reconnaître pour ce que je suis et adorer dans tout l’univers, jusqu’à la fin des siècles. Je veux bien vous associer à ma gloire.

VII. « Voici mon projet : je commence par courir, pendant quelque temps, en prêchant et en mendiant, les campagnes des environs de Paris. Les uns m’écoutent, les autres se moquent de moi et me repoussent. On m’accuse de différents crimes, et je manœuvre si bien que je me fais condamner à mort et conduire à l’échafaud. C’est là mon triomphe.

VIII. « Trois jours après l’exécution, je replace ma tête sur mes épaules ; je ressuscite, et vous dis : Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du charpentier de Paris et leur enjoignant de croire tout ce que je vous ai enseigné, de faire tout ce que j’ordonne.

IX. « Paris sera le premier théâtre de votre prédication. Vous parcourez les rues ; vous vous arrêtez sur les places ; vous appelez les passants et vous leur dites : « Écoutez la grande nouvelle. Le jeune charpentier du faubourg Saint-Antoine, qui parcourait les campagnes en mendiant et en prêchant ; qui s’est fait condamner à mort par la cour d’assise, et qui a été exécuté ces jours derniers, ce n’est pas un homme, c’est le Fils de Dieu, le Créateur du ciel et de la terre.

X. « Afin d’avoir la gloire et le plaisir de l’adorer, vous devez tous, sans exception, hommes, femmes, enfants, riches, pauvres, commencer par confesser que vous et vos pères, ainsi que tous les peuples du monde, n’avez été jusqu’ici qu’un troupeau d’ignorants, victimes des plus grossières erreurs.

« Ensuite, vous devez vous prosterner humblement à nos pieds, le repentir dans le cœur ; nous dire tous vos pêchés, même les plus secrets, et faire toutes les pénitences qu’il nous paraîtra bon de vous imposer.

XI. « Puis, vous aurez la complaisance de vous laisser moquer, injurier, insulter sans mot dire ; mettre en prison, sans opposer la moindre résistance ; fouetter jusqu’au sang, l’action de grâces sur les lèvres ; enfin, trancher la tête sur la place publique, et croire du fond du cœur que c’est tout ce qui peut vous arriver de plus heureux.

« Voilà, mes amis, ce que vous répéterez mot à mot dans tous les quartiers de Paris. De là, vous vous répandrez dans les provinces ; vous traverserez les Alpes, les Pyrénées, l’Océan, et vous irez prêcher la même doctrine jusqu’aux extrémités du monde.

XII. « Je ne dois pas vous le dissimuler. Tout le monde se moquera de vous. Les grandes personnes diront que vous avez bu. Des troupes d’enfants courront après vous, en vociférant et en vous jetant des pierres. Tout cela causera du trouble dans la ville. Les agents de police vous arrêteront, vous serez traduits devant la justice. Le Procureur impérial vous fera de sévères semonces et vous défendra de prêcher ma doctrine. « Vous ne l’écouterez pas, et vous la prêcherez de plus belle. On vous arrêtera de nouveau : vous vous laisserez arrêter. On vous fouettera de nouveau : vous vous laisserez fouetter. On vous mettra de nouveau en prison : vous vous laisserez mettre en prison. Enfin, pour vous faire taire, à Paris ou ailleurs, on vous coupera la tête : vous vous laisserez couper la tête. Alors tout ira pour le mieux.

XIII. « Quand cela sera fait, nous aurons complètement réussi : tout le monde voudra se convertir. Moi, je serai reconnu pour le seul vrai Dieu. On m’adorera d’abord à Paris, puis, dans tout le département de la Seine et dans tous les autres. De Paris mon culte passera à Rome, à Londres, à Pétersbourg, à Madrid, à Constantinople, à Pékin. Bientôt la boutique de mon père deviendra une jolie chapelle, où les pèlerins arriveront en foule des quatre coins du monde, et leurs riches présents feront l’orgueil de ma ville natale.

XIV. « Pour vous, mes douze apôtres, vous serez douze saints, qu’on invoquera par tout l’univers. On mettra vos os dans des autels d’or et de marbre ; vos statues dans des niches, et vos portraits, peints sur des bannières, seront portés en procession, non seulement à Paris, mais dans le monde entier, jusqu’à la fin des siècles. Ainsi, vous arriverez en ligne droite à l’immortalité, sans compter le ciel que je vous promets pour toute l’éternité. Quel bonheur pour vous ! quelle gloire pour vos femmes et vos enfants !

« Convertir le monde n’est pas plus difficile que cela, et voilà mon projet. Il est comme vous voyez très simple, très logique, il n’excède en rien les forces humaines et n’exige pas l’ombre d’un miracle. « Je peux compter sur vous, n’est-ce pas » ?

XV. Comment serait accueilli un pareil discours ? il n’est pas besoin de le dire. J’entends nos braves pêcheurs, irrités de la mystification dont ils sont l’objet, la reprocher énergiquement de la parole et du geste, peut-être du bras, à celui qui en est l’auteur. Je les vois descendre dans Paris, publiant partout que la tête du jeune charpentier du faubourg Saint-Antoine a déménagé.

Et personne ne serait étonné d’apprendre, que le nouveau dieu a été conduit, le jour même, à l’hospice de Charenton, où il jouit, au lieu des honneurs divins, du privilège incontesté de tenir le second rang parmi les fous, le premier appartenant, sans conteste, à l’inventeur du projet.

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Message  Louis Sam 27 Sep 2014, 8:44 pm



Chapitre XXVI

Une conclusion.


I. Il est dûment établi que l’entreprise du charpentier de Paris est le sublime de la folie. Toutefois, elle n’est pas plus insensée que celle de Jésus de Nazareth, si Jésus de Nazareth n’est qu’un simple mortel, né dans une étable et nourri dans la boutique d’un artisan, agissant seul et sans le secours des plus éclatants miracles.

II. Elle l’est même beaucoup moins. Un charpentier de Paris vaut bien un charpentier de Nazareth. Un Français guillotiné n’est pas au-dessous d’un juif crucifié. Douze pêcheurs de la Seine peuvent bien, pour le savoir et le courage, soutenir la concurrence avec douze pêcheurs des petits lacs de la Galilée. Faire adorer un citoyen français du dix-neuvième siècle est, sans comparaison, moins difficile que de faire adorer un Juif au siècle d’Auguste.

III. Ainsi, lorsqu’on veut expliquer l’établissement du Christianisme par des causes purement humaines, on arrive en quatre pas au dernier degré du ridicule. Pourtant, il n’y a pas d’effet sans cause. Quoi que fasse l’incrédule, le Christianisme est un fait, et ce fait importun se dresse devant lui de toute sa hauteur. Puisqu’il n’y a pas de cause humaine qui puisse en expliquer l’établissement, il faut donc, à moins d’admettre un effet sans cause, y reconnaître une cause divine. Dieu s’en est donc mêlé : il y a eu miracle.

IV. Mais si Dieu s’en est mêlé, le Christianisme est vrai, uniquement vrai, complètement vrai. A tous les dogmes qu’il enseigne, à tous les devoirs qu’il impose, il ne reste qu’à dire : CREDO.

Le Christianisme me dit : l’homme est tombé : CREDO.
L’homme a été racheté : CREDO.
Il a été racheté par Jésus-Christ, fils de Dieu fait homme : CREDO.
L’homme a une âme immortelle : CREDO.
Il y a un enfer éternel : CREDO.
Il y a un ciel éternel : CREDO.
Il y a une église infaillible chargée d’enseigner la vérité : CREDO.
Cette église subsistera jusqu’à la fin du monde : CREDO.
Cette église est l’Eglise catholique, apostolique, romaine : CREDO.

V. Le Christianisme me dit que l’unique moyen d’éviter l’enfer et de mériter le ciel, est de faire ce qu’Il m’ordonne : CREDO

Aimer Dieu plus que tout et mon prochain comme moi-même : CREDO.
Pardonner les injures : CREDO.
Respecter le bien d’autrui : CREDO.
Vivre chaste : CREDO.
Humble : CREDO.
Mortifié : CREDO.
Me confesser : CREDO.
Communier : CREDO.

VI. Puisque le Christianisme est vrai, complètement vrai, tous les systèmes contraires au Christianisme sont faux ; toutes les objections, nulles, attendu qu’il ne peut y avoir de vérités contradictoires. Donc devant le seul fait de l’établissement du Christianisme, tous les systèmes : Rationalisme, Panthéisme, Matérialisme, Athéisme, Naturalisme, Césarisme, Sensualisme, Positivisme, Socialisme, Solidarisme, Spiritisme, qui lèvent aujourd’hui leur tête hideuse contre le christianisme, comme l’hydre de la Fable ou la bête de l’Apocalypse, sont faux, complètement faux.

Donc tous les sophismes, tous les si, tous les mais, tous les pourquoi, contre le dogme, la morale et le culte du Christianisme tombent à plat, comme la balle de l’Arabe fugitif contre la pyramide du désert.

VII. Notre but est atteint. Le Chrétien du dix-neuvième siècle connaît le refuge, le château fort, la citadelle imprenable, d’où il peut braver les attaques de ses ennemis, ainsi que les tourments et les dangers des temps actuels.

Ici pourrait finir notre tâche. Nous voulons néanmoins la poursuivre. Il nous semble utile de mettre en lumière tout ce qu’il y a de puissance, non seulement défensive, mais offensive dans ce mot merveilleux : CREDO.

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Message  Louis Sam 27 Sep 2014, 8:44 pm




Chapitre XXVII

Une arme offensive.

I. Annihiler d’un seul coup toutes les objections, tel est le premier, l’immense avantage du fait sur lequel pose le CREDO du chrétien, l’établissement du Christianisme. Les tourner en preuves et en preuves triomphantes, en est un autre.

De bouclier et de refuge qu’il était, le CREDO devient revolver et canon rayé. Arme défensive, il se change en arme offensive d’une puissance et d’une précision que rien n’égale. Nous allons le montrer.

Assez longtemps l’impie s’est donné libre carrière contre la religion, il nous sera bien permis d’user une fois de représailles et de tourner contre lui ses propres armes. Assez souvent l’incrédule a transformé le chrétien en idiot : l’incrédule peut-il trouver mauvais que le chrétien le transforme en apologiste ?

II. Pour les libres penseurs de toute nuance, panthéistes, matérialistes, socialistes, solidaristes, rationalistes, spirites, le Christianisme n’est pas même un système raisonnable. Ils y découvrent une foule de choses qui ne soutiennent pas la critique, ou qui heurtent le bon sens. Leurs objections contre le dogme attaquent la divinité et même l’existence de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Pour les uns, Jésus de Nazareth n’est qu’un homme comme un autre. Pour ceux-là il est simplement un mythe, inventé dans le but de personnifier un système, comme les héros et les demi-dieux de la mythologie.

III. Les douze apôtres sont les douze signes du zodiaque : ou, s’ils ont existé, c’étaient des fanatiques, dupes de leur imagination, qui ont affirmé avoir vu ce qu’ils n’avaient pas vu, entendu ce qu’ils n’avaient pas entendu, touché ce qu’ils n’avaient pas touché.

Dans leur ensemble, les mystères du Christianisme forment un tissu de contradiction, d’impossibilités, d’absurdités et de rêveries, dont le moindre degré de science suffit pour faire prompte et souveraine justice.

IV. Quant à la morale, ils soutiennent que c’est un fatras de lois et de pratiques dont les unes sont surannées, inutiles, arbitraires, superstitieuses ; les autres, impossibles à observer, contraires aux penchants les plus impérieux de la nature et aux droits imprescriptibles de la liberté humaine. D’où ils concluent qu’un Dieu infiniment juste et infiniment sage ne peut en être l’auteur.

Ainsi, absurdité d’une part, impossibilité ou inutilité de l’autre : voilà le dernier mot des incrédules sur le Christianisme. Il en résulte qu’en l’embrassant le genre humain a été frappé d’hallucination.

V. Basé sur le fait de l’établissement du Christianisme, le CREDO tourne en preuve victorieuse cette double attaque. Par ce qui précède nous avons vu, et bien vu, que même en acceptant le Christianisme comme un système raisonnable, il est impossible d’en expliquer l’établissement par des moyens humains. A moins d’admettre un effet sans cause, il faut de toute nécessité recourir aux miracles, et aux miracles les mieux conditionnés.

VI. Vous venez maintenant nous dire, et vous vous efforcez de le persuader au monde entier, que le Christianisme n’est pas même un système raisonnable ; que son dogme est faux, incroyable, absurde en beaucoup de points. Qu’est-ce que cela ? Sinon augmenter immensément la difficulté, déjà si grande, de le faire accepter, et démontrer avec une force nouvelle l’existence, la nécessité, le nombre et l’éclat des miracles qui l’ont persuadé à l’univers.

VII. Plus vos objections sont fortes, plus elles sont nombreuses, plus aussi vous faites grandir la difficulté de l’entreprise. Par conséquent, plus le miracle vous saisit à la gorge et vous force de confesser la réalité et la puissance de l’intervention divine, qui a fait plier sous le joug de la foi chrétienne les plus fières intelligences, la raison même du genre humain.

VIII. Sans vous en douter, vous vous transformez en apologiste, et devenez pour vous-même un vrai Père de l’Eglise. Bon gré, malgré, vous êtes contraint de vous tenir ce langage :

« Mes objections contre les dogmes chrétiens ne sont pas nouvelles. Toutes ont été faites, et d’autres encore, à la naissance même du Christianisme, par les hérétiques, par les philosophes païens, par des négateurs non moins habiles que moi. Pas un dogme de la foi chrétienne qui n’ait été cent fois attaqué par le raisonnement, par la science, par l’histoire, par tous les genres d’objections, et cela avec une supériorité qui n’a point été dépassée. Pas un mystère qui n’ait été travesti, dénaturé, joué sur les théâtres, et livré aux risées d’un monde qui en entendait parler pour la première fois.

IX. « Si donc, malgré mon éducation dans un pays chrétien, malgré l’exemple de tant de grands hommes et de tant de grands peuples qui ont cru ; de tant de personnes, non moins éclairées que moi, qui continuent de croire ; malgré une possession publique de dix-huit siècles, le dogme du Christianisme me paraît si contraire à la raison que je le trouve impossible à croire : que devait-il paraître au monde païen, sinon un scandale à faire trébucher les plus fermes esprits ; une folie à aiguiser tous les sarcasmes, à provoquer tous les rires, à faire hocher toutes les têtes.

« Plus je sens la force des objections, plus aussi s’élèvent, à mes propres yeux, ce scandale et cette folie, par conséquent mieux je comprends l’impossibilité absolue où était le monde païen de croire au Christianisme.

X. « Pourtant, ce dogme chrétien, qui m’apparaît comme un système incohérent et qui ne se soutient pas devant ma critique ; comme un mélange ridicule de fables et de contradictions ; comme une montagne d’absurdités et d’impossibilités, l’univers l’a cru. Il l’a cru, sur la parole de douze ignorants.

« Il l’a cru, en plein siècle d’Auguste, c’est-à-dire comme je l’ai appris au collège, dans le siècle par excellence des lumières, de la philosophie, de l’éloquence et des arts.

« Il l’a cru, malgré les oppositions cent fois renouvelées des libres penseurs contemporains, dont les livres et la plume ne cessaient de lui dire absolument tout ce que je me dis à moi-même. Le dogme du Christianisme est un tissu de conceptions imaginaires, un plagiat maladroit de vieilles traditions orientales et de quelques formules philosophiques.

XI. « Il l’a cru, malgré les maîtres de la terre armés pour le proscrire ; malgré Néron, Domitien, Dioclétien, Galère ; malgré les lions, les tigres, les bûchers, les peignes de fer, employés pour l’empêcher d’y croire.

« Il l’a cru, sur tous les points du globe, à Athènes, à Rome, en Orient et en Occident.

« Et malgré moi et mes pareils, il le croit encore.

XII. « Quels moyens d’expliquer ce fait impitoyable ? « Deux seulement : le DÉLIRE OU LE MIRACLE.

« Le miracle, je ne l’admets pas ; si je l’admettais, je serais catholique.
« Le délire ; mais qui en est atteint ?○
Suis-je bien sûr que ce n’est pas moi ?
« Suis-je bien sûr d’avoir seul raison contre tout le monde et d’être seul sage, seul éclairé parmi les mortels ?

XIII. Puis-je prendre une confiance raisonnable à des objections qui n’ont rien de solide aux yeux du reste des hommes, et qui peut-être me sembleraient illusoires à moi-même, si mon cœur n’égarait ma raison ? « Je me crois sage ; et, par l’organe de ses grands hommes et de ses grands peuples, le monde entier me dit que je ne suis que dupe, martyr d’une vaine erreur ?

« Le monde ne dirait-il pas vrai ?

« Me faire apologiste malgré moi, tel est le résultat auquel aboutissent mes objections contre les dogmes du Christianisme. J’ai si bien manœuvré, que toutes sont devenues des preuves écrasantes ; en sorte que je me trouve enfermé dans un cercle de fer, d’où je ne puis sortir que par deux issues :

DELIRE OU MIRACLE ; FOU OU CATHOLIQUE.

« Pas de milieu ».

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Message  Louis Sam 27 Sep 2014, 8:46 pm



Chapitre XXVIII

Suite du précédent.

I. Non moins que les objections contre le dogme du Christianisme, les attaques contre sa morale ont pour effet inespéré d’affermir le CREDO du Chrétien. Toutes les réclamations de l’orgueil, tous les murmures des passions, toutes les révoltes de la nature contre les préceptes de l’Évangile, tendent à montrer que ces préceptes sont inutiles, impraticables, surannés, contraires à la liberté de l’homme, du moins qu’on peut en prendre ou en laisser, sans conséquence.

II.De là que résulte-t-il ?

Encore la preuve palpable de l’existence, de la nécessité, du nombre et de l’éclat des miracles qui ont forcé le monde à courber la tête sous le joug de la morale chrétienne. Plus les objections paraissent fortes, plus elles sont nombreuses, plus aussi elles font grandir la difficulté de l’entreprise ; par conséquent, plus elles font briller la force victorieuse des miracles qui ont triomphé des résistances de l’univers.

III. Ici le libre penseur, Renan, Proudhon, Strauss, quels que soient sa science, son âge ou son nom, se trouve de nouveau transformé, dans le fort de sa conscience, en apologiste involontaire.

Il est condamné à se dire : "La morale du Christianisme était, il y a dix-huit siècles, ce qu’elle est aujourd’hui. Or, cette morale me parait en beaucoup de points inutile, facultative, surannée, impraticable, contraire à ma raison et à ma liberté".

C’est moi qui tiens ce langage ! moi qui sens cette impossibilité ! moi qui proclame cette liberté de choisir les préceptes qui me conviennent et de laisser ceux qui ne me conviennent pas !

IV. "Qui suis-je, donc ? moi, né au sein du Christianisme ; moi, habitué dès l’enfance à regarder la loi évangélique comme une loi divine et de tous points obligatoire ; moi, façonné sur les genoux de ma mère au joug qu’elle impose ; moi, qui ai grandi dans une atmosphère chrétienne et qui vis environné d’exemples, dont la voix incessante me prêche et la nécessité absolue de la morale du Christianisme et la possibilité de la pratiquer !

V. "Si, malgré tout cela, elle me parait impossible, inutile, facultative ; à plus forte raison combien dut-elle le paraître au monde païen, enseveli dans les plaisirs des sens, lorsqu’elle lui fut annoncée pour la première fois. Comment donc tant de jeunes gens, de chair et d’os comme moi, aussi faibles, aussi riches, aussi instruits, aussi passionnés que moi, peut-être plus ; comment tant d’hommes de tout âge, de tout rang, de tout pays, de toute condition, aussi habiles, aussi savants que moi, peut-être plus, ont-ils pu accepter comme vraie, comme obligatoire, comme possible cette même morale que je déclare fausse, facultative, impossible?

VI. "Comment s’y sont-ils soumis avec tant de docilité ? Comment l’ont-ils observée de tous points et avec une perfection soutenue, alors que pour la pratiquer il fallait non seulement enchaîner des passions nourries dès le berceau par des habitudes contraires, fortifiées par l’exemple universel, consacrées, par la religion ; renverser de fond en comble ses idées, ses goûts, sa vie entière ; rompre, par conséquent, des chaînes auprès desquelles les miennes ne sont que des guirlandes de fleurs : mais encore consentir à être renié par ses proches, dépouillé de ses biens, criblé de sarcasmes, fouetté jusqu’au sang, marqué d’un fer rouge, envoyé aux galères, en attendant, pour dernier encouragement, le délicieux plaisir d’être rôti tout vif, ou gracieusement broyé entre les dents d’un lion d’Afrique ou d’un ours de Germanie, aux battements de mains de tout un peuple ?

VII. "Quel moyen d’expliquer ce nouveau fait, non moins impitoyable que le premier ?

"Deux seulement : le DELIRE ou le MIRACLE. FOI ou FOLIE. Pas de milieu.

VIII."Voilà le résultat des objections de mon esprit et des révoltes de mon cœur contre la morale du Christianisme. De degré en degré j’en suis venu à démontrer, mieux que tous les apologistes, l’impérieuse nécessité et l’inébranlable certitude des miracles, dont l’éclat seul a pu vaincre, dans le genre humain tout entier, la plus formidable opposition qui se puisse concevoir : l’orgueil des sens, la faiblesse du cœur et la violence des passions, ligués contre la morale évangélique

IX. "Cette démonstration a de plus la perfide propriété de grandir en raison directe de mes difficultés. Plus vives sont mes passions, plus indomptables sont mes sens, plus invétérées sont mes habitudes, plus pesantes sont mes chaînes, et plus je comprends la nécessité et la force irrésistible des miracles qui ont triomphé de toutes ces choses, dans le monde du siècle d’Auguste, et lui ont fait, au prix de son sang, accepter et pratiquer une morale, dont personne mieux que moi ne connaît l’impossibilité.

X . "Que me reste-t-il ?

"Prétendre que la croyance du genre humain au Christianisme est l’effet d’une hallucination ?
Mais on ne manquera pas de me répondre : si le genre humain est halluciné, qui vous a dit que vous ne l’êtes pas ?

Si tous les hommes sont fous, prouvez que vous êtes sage.

XI. "Que me reste-t-il donc ? A moins de fermer les yeux pour ne pas voir et de me condamner à une inconséquence perpétuelle, qui serait le ver rongeur de ma conscience, la honte de ma vie et le tourment de ma mort, il me reste à revenir à la foi de mon baptême, et à professer, plus encore par ma conduite que par mes paroles, l’inattaquable CREDO du monde catholique".

Ce parti seul est raisonnable : CREDO.


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Message  Louis Sam 27 Sep 2014, 8:47 pm


Chapitre XXIX

Résumé général.


I. Effrayé des immenses dangers qui menacent aujourd’hui la foi d’un grand nombre d’âmes, nous avons voulu leur procurer un REFUGE assuré. Ce refuge est dans ce mot CREDO.

Fondé sur un miracle le plus éclatant de tous et toujours subsistant, ce mot, bien compris, est pour le chrétien un infaillible moyen de défense et un principe éternel de victoire : Hœc est Victoria quœ vincit mundum, fides nostra. Quel est ce miracle ? C’est la conversion du monde, résumée dans ce fait : LE MONDE ADORE UN JUIF CRUCIFIE.

II. Ce fait donne lieu au raisonnement suivant : ou ce Juif crucifié est Dieu, ou il n’est pas Dieu.

S’il est Dieu, tout s’explique. Le monde adore le Juif crucifié, Jésus de Nazareth, parce que des miracles d’un éclat irrésistible, opérés par Lui et par Ses disciples, ont prouvé Sa divinité et forcé la foi du genre humain. Dans ce cas, le Christianisme, étant l‘œuvre de Dieu, est vrai, complètement vrai, éternellement vrai ; et rien n’est mieux fondé que le CREDO du chrétien.

Si le Juif crucifié, Jésus de Nazareth, qui, depuis dix-huit cents ans, trône sur les autels du genre humain, n’est pas Dieu, le monde entier, le monde civilisé, est frappé d’un immense, d’une incurable hallucination : attendu que sur la simple parole de douze ignorants, de douze faussaires, de douze fanatiques qui sont venus lui dire avoir vu ce qu’ils n’avaient pas vu, entendu ce qu’ils n’avaient pas entendu, il a, contrairement à toutes les lumières de sa raison et malgré tous les penchants de son cœur, adoré, et qu’il adore, comme le Créateur du ciel et de la terre, un Juif crucifié qui S’est dit Dieu et qui ne l’est pas.

III. La première conclusion de ce raisonnement est que le CREDO du chrétien, basé sur le fait de l’établissement du Christianisme, avec miracles ou sans miracles, demeure un refuge inexpugnable. La seconde, qu’il enferme l’incrédule dans un cercle de fer d’où il ne peut sortir que par l’une de ces deux issues : La FOI, à sa plus haute puissance ; ou la FOLIE, à ses dernières limites.

IV. Viennent maintenant les Puissances de ténèbres avec leurs heures néfastes ; les Temps mauvais, divinement annoncés, avec leurs périls de tout genre : l’affaiblissement de la foi, la décadence des mœurs, la progression des crimes, l’énormité des scandales ; les Hérétiques, avec leur activité fébrile de propagande menteuse, leur or corrupteur et leur dénigrement du catholicisme ; les Rationalistes, avec leurs blasphèmes et leurs sophismes chaque jour renouvelés ; les Solidaires, avec leur haine de la vérité, poussée jusqu’à la fureur ; les Négateurs de toute nuance et de toute taille, avec leurs superbes dédains et leurs ricanements sataniques ; les Révolutionnaires, avec leurs projets anarchiques, savamment élaborés dans les antres ténébreux des sociétés secrètes ; les Spirites, avec leurs oracles, leurs prestiges et leur prétention, hautement avouée, de substituer le culte des démons au culte du vrai Dieu.

V. Que les Gouvernements, frappés de démence, se liguent contre le Christianisme et contre l'Eglise ; qu'ils substituent le droit de la force à la force du droit, et ramènent les hommes à la morale des loups ; que les Nations, atteintes du militarium tremens, s'organisent en camps armés ; et qu'en prévision d'hécatombes humaines, inconnues dans l'histoire, toute leur sollicitude soit de trouver une arme capable de tuer cent hommes dans une minute ; que le Monde baptisé, ce monde qui doit tout au Christianisme, se mette en insurrection permanente contre Notre-Seigneur Jésus-Christ ; qu'il tourne contre Son Vicaire les armes de ses soldats et les ruses de sa diplomatie ; qu'il le dépouille de ses biens ; qu'il nie ses droits et l'abreuve d'outrages ; que la papauté temporelle s'écroule et avec elle la clef de voûte de l'édifice social ; que Pie IX, chassé de sa demeure par ses propres enfants, soit contraint de prendre le chemin de l'exil ; que des semences de schisme se manifestent et donnent lieu à de lamentables défections ; qu'enfin, sous un nom ou sous un autre, Solidarisme, Maçonnisme, Satanisme, Socialisme, la Révolution triomphante déchaîne toutes les mauvaises passions, ébranle les trônes, disloque les empires, noie dans le sang la civilisation moderne et attire sur la terre coupable des catastrophes justement méritées : le chrétien ne sera point ébranlé.

VI. Fort de son CREDO, lui, enfant, jeune fille, pauvre servante, petite ouvrière, obscur laboureur, il laissera passer, tranquille et confiant, la justice de Dieu. Il sait et il saura toujours, que toutes ces tempêtes ont été prédites ; qu'il ne tombera pas un cheveu de sa tête, sans la permission de son Père céleste ; que tout ce qui arrive tourne au bien des élus ; que les portes de l'enfer ne prévaudront point contre l'Eglise, et que ses ennemis pourriront bientôt dans le tombeau qu'ils avaient creusé pour elle.

VII LE MONDE ADORE UN JUIF CRUCIFIÉ. A l'abri de ce fait, base indestructible de son CREDO, le Chrétien, quel qu'il soit, attendra de pied ferme les ennemis de son Dieu et de sa foi. Au lieu de se troubler de leurs sophismes ; au lieu de s'évertuer à les repousser par le raisonnement, il les transformera en preuves victorieuses et fera ce que font les enfants du siècle, quand ils sont au spectacle : il se contentera de regarder, d'écouter et d'applaudir.

VIII. Quand ils auront bien disputé, bien nié, bien raisonné et encore plus déraisonné, il leur dira : "Courage ; en croyant faire votre œuvre, vous faites la mienne. Multipliez vos objections, vos négations, vos sarcasmes. Sapez tous les fondements du Christianisme ; niez les prophéties ; niez les miracles ; niez Jésus-Christ ; transformez ma religion en un tissu de rêveries, d'inutilités, d'impossibilités ; plus ses dogmes paraîtront absurdes et sa morale impraticable ; plus les apôtres seront hallucinés, faibles, méprisables ; plus les sophismes et les impies auront eu ou auront d'esprit, de savoir, d'éloquence, de crédit : PLUS MA FOI DEVIENT VIVE ET VOTRE FOLIE PALPABLE.

"Mieux que personne vous avez démontré que l'adoration d'un Juif crucifié, par toutes les nations civilisées du globe, est un FAIT INEXPLICABLE, évidemment au-dessus des forces humaines : par conséquent, ÉVIDEMMENT DIVIN, Incredibile ergo dïvinum 1 ".
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(1) N'ayant pas voulu faire un ouvrage d'érudition de cet opuscule destiné à toutes les classes de lecteurs, nous avons omis les citations. Si on désire connaître les preuves sur lesquelles s'appuie l'histoire de l'établissement du Christianisme, il suffira de consulter Bullet, Histoire de l'établissement du Christianisme ; De Colonia, la Vérité du Christianisme, prouvée par les auteurs païens ; Mamachi, Origines et antiquitates christianæ; Baronius, Annales ecclesiastici , an. 34-130; Tacite, Hist., lib. XV; Plinius, ad Trajanum; Suetonius, in Vespas. et Domitian. ; saint Justin, Tertullien, Arnobe, Minutius Félix; Celse, Porphyre, Lucien ; et le Catéchisme de persévérance, dont cette publication de circonstance est, en grande partie, une page détachée.

FIN.


IMPRIMATUR, Datum Versaliis die 17 decembris 1866, D. Bouix, Vic.-Gen. Versal.

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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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