Plaidoyer pour le PENTECÔTISME de l'abbé Laurentin - par le P. Philibert de St-Didier o. f. m. cap. - 1975.

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Message  Roger Boivin Lun 04 Aoû 2014, 9:37 pm



P. Philibert de St-Didier

o. f. m. cap.


Plaidoyer pour le Pentecôtisme de M. l’Abbé Laurentin

« N’allons pas nous enthousiasmer pour un renouvellement qui réorganiserait l’Église par voie charismatique, comme si pouvait naître une Église véritable et neuve de conceptions particulières, généreuses sans doute et parfois subjectivement persuadées qu’elles procèdent d’une inspiration divine, mais qui aboutiraient à introduire dans le plan de l’Église des rêves sans fondement d’un renouveau fantaisiste. »
Paul VI. Enc. Ecclesiam suam (Doc. cath. 1964, col. 1072).

VERJON par 01270 Coligny - P. Eugène, dépositaire
Moulins - Imp. A. Pottier S.A. - Dépôt légal 4° trimestre 1975


Dernière édition par roger le Jeu 07 Aoû 2014, 7:19 pm, édité 2 fois
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Message  Roger Boivin Lun 04 Aoû 2014, 9:38 pm



Plaidoyer pour le Pentecôtisme
de M. l’Abbé Laurentin
(1)

Ce terme de « plaidoyer » ne plaira sans doute pas à l’auteur du livre que nous allons analyser. Je n’en vois pas cependant de plus exact. Encore faudrait-il l’accompagner des qualificatifs : fervent et pléthorique. La couverture évoque, il est vrai, des risques auxquels pourraient s’exposer ceux qui suivraient le mouvement, mais on a l’impression que c’est pour faire montre d’impartialité, que l’auteur n’y croit pas sérieusement et que la lecture de son ouvrage suffira à vous en prouver l’inanité.

Eh bien ! je n’ai pas eu cette bonne fortune ! Je l’ai pourtant lu consciencieusement et plume en main, de la première à la dernière ligne et c’est pourquoi il m’a paru utile de faire connaître à mon tour, mon sentiment.

Une épigraphie

Faut-il s’arrêter à une épigraphie ? Ce n’est, d’ordinaire, qu’une certaine caution qu’on veut faire apporter par un texte vénérable aux propos qu’on va tenir. Encore faut-il que le texte, sorti de son contexte, n’aille pas à l’encontre de la pensée de l’auteur. Qu’en est-il ici du texte de Saint Paul qui couvre la demi-page inférieure du livre de l’Abbé Laurentin ? Je le cite : « Celui qui parle en langues ne parle pas aux hommes mais à Dieu. Nul ne le comprend. » I Cor. XIV. 24.

Cela semble clair : Ne faites pas grief aux pentecôtistes de vocaliser parfois de façon incompréhensible ! C’est ainsi qu’on parle à Dieu !

Vraiment ?… Les pentecôtistes recevraient de saint Paul une garantie de respectabilité, presque une approbation, aussi exempte de réserve ?… Poursuivons donc la lecture de ce chapitre XIV (2) :

« Parler de la sorte c’est n’édifier personne, sauf soi-même » (v. 4).
« Une trompette aux sons indistincts ne sert de rien dans la lutte. » (v. 7).
« Parler ainsi c’est parler en l’air » (v. 9).
« Cinq mots instructifs vaudraient mieux que dix mille incompréhensibles » (v. 19).
« Il ne faut pas faire ainsi les enfants sinon les païens vous prendront pour des fous » (v. 28).
« Les femmes surtout qui feraient mieux de s’entendre avec leurs maris à la maison » (v. 34).
« Toutefois, s’il en est qui parlent de cette manière, laissez-les faire pourvu que ce ne soit pas inconvenant et que cela ne crée pas de désordre ».

Voilà la « mise au point ». Elle nous suffit !
___

(1) Pentecôtisme chez les catholiques. Beauchesne, éditeur, 260 pages.
(2) L’Abbé Laurentin se sentira contraint de le faire lui-même plus loin. Il qualifiera cette suite de diatribe.


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Message  Roger Boivin Lun 04 Aoû 2014, 9:40 pm





Les « sources » de l’auteur

Il nous gâte vraiment avec l’abondance de sa bibliographie. Il s’est rudement renseigné ! Vingt-quatre pages entières sont couvertes par les citations d’ouvrages, composées en petits caractères ! Constatez, ce sont les pages 29, 30, 38, 82, 100, 119, 120, 121, 122, 123, 124, 125, 126, 127, 128, 192, 253, 254, 255, 256, 257, 258, 259, 260. Ne sommes-nous pas bien servis ?

De plus, vous aurez encore droit à pas mal de « notes » au talon des autres pages.

Pourtant, si vous y cherchez les auteurs qui n’apportent pas, d’une façon ou d’une autre, de l’eau au moulin pentecôtiste, le bilan sera maigre.

Ainsi, ni les articles du P. Rumble, m.s.c., dans « Approaches » ni ceux du P. Hardon, s.j. (Conférence au clergé de New-York, avril 1967) malgré que le P. Joseph d’Anjou en ait donné une traduction française, ni les écrits du Pasteur Yvons Charles qui, bien que protestant, n’est guère favorable au pentecôtisme ne sont cités. Pas d’allusion non plus aux articles de « Sign-Magazine », de « Vers demain », de Guy Thibaut, du Père Barbara, ni de moi évidemment !

Certaines lectures sont tellement désagréables !

Cependant, il connaît le Père Eugène de Villeurbanne (1) et il qualifie sa brochure de pamphlet sans date, ni éditeur, ni « imprimatur »

Sans date ? Pourquoi indique-t-il celle de 1974 ?

Sans éditeur ? Dame ! Ce n’est pas n’importe qui, qui peut arborer Beauchesne !

Sans imprimatur ? Mais je n’en vois pas davantage sur le livre de notre Abbé, ni dans le plus grand nombre des ouvrages qu’il cite à l’appui de ses dires. Quant à son souci d’orthodoxie, nous l’admirerions s’il ne nous donnait plus loin l’affligeante occasion de le prendre lui-même en contradiction, non plus simplement avec une disposition disciplinaire, dont on sait d’ailleurs qu’elle a été récemment modifiée, mais avec les canons mêmes des Conciles, aussi bien de Trente que de Vatican I, portant sanction d’anathème ! Sa sensibilité ecclésiastique doit donc être bien particulière !
___

(1) « Illuminisme 67 » - Verjon par 01270 Coligny - 5 F - 5e mille.

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Message  Roger Boivin Lun 04 Aoû 2014, 9:40 pm




Présentation générale

Mon préambule est un peu long mais m’a paru nécessaire. Face au corps de l’ouvrage, maintenant, j’avertis le lecteur qu’il ne me sera pas possible, sous peine d’être fastidieux, de citer tous les textes examinés in-extenso, mais j’ai établi une numérotation. Les chiffres (ils seront nombreux et je m’en excuse) qu’on trouvera entre parenthèses indiqueront la page où sont tenus les propos que je rapporte. Ainsi le contrôle en sera aisé.

De plus, pour échapper au fouillis des redites, l’ordre que je suivrai sera légèrement différent de celui de l’Abbé Laurentin. Avec lui, néanmoins, nous verrons du pentecôtisme : les appellations diverses, l’histoire, la structuration tant externe qu’interne. De celle-ci, nous relèverons les principaux éléments : prière communautaire, gestes, imposition des mains sur laquelle il faudra nous attarder davantage, examiner ses rapports avec le baptême sacramentel, sa prétention d’être un « baptême dans l’Esprit ». Ensuite, le rôle qu’on lui attribue, tant pour une infusion de charismes que pour prouver une intervention du Saint-Esprit. Ce sera alors le tour des dits charismes, en particulier : glossolalie, prophétie, guérisons (?) ; des « fruits » divers attribués au pentecôtisme (conversions ?). Revenant à son aspect général, nous tâcherons de le « situer » face à l’Église catholique, face aussi à des données théologiques certaines. Nous regarderons comment il se « tire » des objections qu’il veut bien se faire et s’il a le droit de se réclamer de certains « modèles ». Enfin, nous conclurons !

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Message  Roger Boivin Lun 04 Aoû 2014, 9:41 pm





Comment appeler le… pentecôtisme ?

On devient déjà inquiétant quand on n’arrive pas à convenir de son propre nom. C’est l’aventure du pentecôtisme.

Appelé d’abord « mouvement pentecôtiste » tout simplement, le qualificatif y parut bientôt encombrant. N’évoquait-il pas une secte protestante ? On préféra donc dire : « Mouvement charismatique ». Ce n’était pourtant pas encore une réussite. Des malintentionnés n’allaient-ils pas traduire : « foire aux charismes » ? Alors disons : « Retour de l’Esprit ». Hélas, c’est jouer de malchance ! L’esprit, l’avait-on vraiment perdu avec ou sans majuscule ?

Ah ! l’Abbé Laurentin a bien raison de parler d’ « une grande confusion verbale ». Pourvu qu’elle ne soit que verbale ! En définitive, il opte donc lui-même pour « Mouvement néo-pentecostal catholique » !

Pardon, Monsieur l’Abbé. Ce « néo » et ce « catholique » jurent ensemble. Paul VI lui-même, en effet, a déclaré qu’un catholique ne peut pas considérer la pentecôte comme une nouveauté, que la pentecôte date de l’origine de l’Église et qu’elle ne cesse de continuer !

On ne peut donc pas en sortir !
Alors, passons à l’histoire !
___

(1) Audience du 12 juin 1974 : « La Pentecôte est quelque chose de permanent, qui demeure, une histoire permanente. L’Église vit toujours en vertu de cette prodigieuse infusion ». D.C. 7 juillet 1974, p. 602.

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Message  Roger Boivin Lun 04 Aoû 2014, 9:41 pm





Un peu d’histoire

Notre auteur voit l’origine lointaine du pentecôtisme dans les « rewivals » de Westley (XVIIIe siècle). Ils furent rejetés par l’anglicanisme mais continués par les « enthousiastes » (170). C’était une réaction contre le formalisme doctrinal et disciplinaire qui « affadit » la religion (172). C’est pourquoi, comme Jésus, comme les prophètes (173), ils furent vilainement persécutés.

Mais, dès le IIe siècle, Montan n’avait-il pas déjà été condamné ? Mettons qu’il exagérait un peu en se prenant lui-même, peut-être, pour l’Esprit-Saint et en faisant quelques autres grosses bêtises, mais n’était-ce pas pour le même noble motif ?

Car du « charismatique » notre auteur en voit partout : dans saint Antoine abbé, dans les Pères du désert, dans saint François d’Assise et dans saint Dominique ! L’un et l’autre en instituant leur Ordre seraient allés contre les consignes du IVe Concile de Latran. Je croyais pourtant que c’était au Pape Honorius III lui-même que François avait demandé non seulement l’approbation de sa Règle, mais, par dessus le marché, « un cardinal protecteur et correcteur de sa Fraternité » ! Après cela, le mettre dans le même sac avec Joachim de Flore et les Fraticelli ne relève peut-être pas de la dernière délicatesse.

Mais notre Abbé veut absolument rassembler à travers les siècles une masse importante de « victimes des structures » (179-180). Aussi n’hésite-t-il pas à mobiliser Savonarole avec Louis de Grenade, sainte Thérèse d’Avila et saint Jean de la Croix avec saint Ignace qui fut incarcéré 42 jours !… Allez-vous risquer, maintenant, de faire, avec les pentecôtistes, de nouvelles innocentes victimes ?

Nous rejoignons donc le présent.

Or, le « présent », c’est le pentecôtisme qui, dès 1900-1907, revit chez les protestants. Deux pasteurs « baptistes » le relaient en 1914. Enfin, les catholiques le rejoignent en 1967 par les deux professeurs de l’Université Duquesne, une chancellerie et une dame épiscopaliennes ayant joué les agents de liaison. Tout cela est bien connu. Mais peut-être ignorez-vous que cette Université Duquesne avait été fondée par des Pères du Saint-Esprit ! Tout un programme !

Agrégés par imposition des mains au pentecôtisme, nos professeurs ont fait des adeptes, non seulement dans les campus universitaires, mais un peu partout. Maintenant, l’Abbé Laurentin nous en avertit, les portes restent ouvertes (7) et vous pouvez facilement prendre contact car il y a sûrement un groupement tout près de chez vous !…

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Message  Roger Boivin Lun 04 Aoû 2014, 9:42 pm






Ampleur actuelle du « Mouvement »

Les pentecôtistes seraient un demi-million, répartis en une centaine de pays (7). Leur progression, dont l’Abbé dresse la chronologie, serait géométrique (18). À l’heure actuelle, d’autres groupements, comme les Focolarini, Christian Encounter, Graal, Tour de David, convergeraient vers eux (237).

Il est vrai qu’on en prend la peine et notre auteur ne s’en cache pas. Presse, télévision, livres et brochures, déplacements importants… Ainsi, un Américain vient à Lyon-Fourvière pour lancer le mouvement et deux Jésuites en partent pour aller en chercher aux U.S.A., l’authentique flamme. On a même d’agréables surprises, celle, par exemple, de constater que l’Église de France qu’on craignait allergique, fait au pentecôtisme le meilleur accueil ! (27). Il ne reste plus qu’à enregistrer les progrès dans un annuaire international et c’est à cela que l’on s’emploie consciencieusement.

Il valait donc la peine d’en écrire !

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Message  Roger Boivin Lun 04 Aoû 2014, 9:42 pm



La structure externe

Les pentecôtistes n’en parlent pas volontiers. Ils préfèrent laisser croire qu’elle est inexistante ou… presque ! Ils veulent qu’on les regarde comme un mouvement spontané de la base… sous l’impulsion de l’Esprit-Saint, bien sûr ! C’est pourquoi on vous répète que les assemblées se tiennent sans plan ni direction (7).

Regardons-y de plus près !

D’abord, il y a toujours au moins un leader (57). La communauté l’a « reconnu ». À quoi ? Présenté par qui ?

Son rôle ne serait pas directif. Et pourtant il peut prier quelqu’un de se taire et de s’asseoir, s’il juge le comportement de ce monsieur excessif (210). Il peut même, si c’est nécessaire, faire exécuter cet ordre par la poigne de vigoureux gars tandis qu’il fera couvrir les protestations du récalcitrant par les chants de l’assemblée. Ne serait-ce pas là une direction ?

Non ! répond l’Abbé, c’est l’action d’une « synergie ».

Nous voilà servis par un mot grec ! Or, c’est la chose qui nous intéresse !

Dans les grandes assemblées, on groupe autour du micro, uniquement les « sélectionnés » dont « le charisme de prophétie (est) confirmé » (211). Mais qui fait la sélection ?… Qui « confirme » le charisme ?… Mystère ! s’il n’y a pas d’autorité directive » !

À la fin de la réunion, des questionnaires sont distribués pour permettre aux gens de dire ce qu’ils en pensent. Qui rédige ces questionnaires ? Qui en retient de droit les indications pratiques ?

On nous fait savoir aussi que des concertations de leaders, locales, régionales, nationales et internationales se tiennent régulièrement afin d’arrêter les meilleures méthodes d’organisation des assemblées, d’initiation des nouveaux venus, d’animation des réunions… N’est-ce pas réaliser ainsi une direction de fait ?… Et qui se répercute à tous les échelons ? (211).

L’ « autorégulation communautaire » a bon dos (212). Quand on nous avoue qu’un chef local peut commander à l’un des adeptes du mouvement, même de se couper la barbe ou de la porter ! Quel Supérieur ecclésiastique oserait se permettre un tel autoritarisme ?

En réalité, ce qu’on veut soutenir, c’est que l’autorité n’y est constituée que par la « base » et non pas une « hiérarchie », la bête noire !

L’orthodoxie, elle, affirme au contraire que, dans l’Église, l’autorité vient de Dieu, par le Christ-Chef ! Celui-ci l’exerce par un Vicaire, le Pape, et par une hiérarchie subordonnée d’évêques par qui sont délégués tous les autres « fondés de pouvoirs ». Ce qui est imposé ainsi, c’est la volonté infiniment sage, sainte, puissante et bienveillante de Dieu.

Dans le pentecôtisme, on professe, au rebours, la démocratie intégrale et radicale, la volonté de l’homme-individu qui s’imposerait en se faisant collective. Une telle démocratie a-t-elle jamais pu exister ? C’est une autre histoire ! En tout cas, constatons qu’en face de la mentalité catholique, le pentecôtisme représente une inversion radicale de sens.

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Message  Roger Boivin Lun 04 Aoû 2014, 9:43 pm



La structure interne

Par là, j’entends la façon dont s’organisent et se déroulent les réunions. Plus loin, nous en analyserons les « phénomènes ».

L’important nous déclare-t-on c’est l’ « ouverture ». « Pas de restriction à l’ouverture » ! (208). On y accueille tout le monde et on en veut toujours plus. Nous nous en étions déjà aperçus.

Et, parce qu’on y éprouve parfois, comme ailleurs, le besoin de s’asseoir, on range des sièges en cercles concentriques (7.208). Le cercle le plus intérieur étant d’environ douze sièges, ce qui peut vous faire penser aux douze Apôtres.

Alors on prend contact les uns avec les autres. Des lectures bibliques (choisies par qui ?), des chants, des prières habituellement spontanées, hors des formules traditionnelles. Ce n’est pas une réunion du Rosaire !… Alors quelqu’un ou quelques-uns pourront se mettre à vocaliser incompréhensiblement : ils « parleront en langues », ou compréhensible ment : ils « prophétiseront » !

Quand il s’agit d’admettre de nouvelles recrues, il y a imposition des mains, geste qui pourra encore servir à des « guérisons » ! Puis on revient aux chants ou aux modulations d’ensemble avant de se séparer !

À la prochaine fois ! Sans plus de programme, ni de règlement !

Aucune vérité de Foi n’est enseignée, aucun dogme approfondi. Aucune obligation morale n’est rappelée, sauf l’universelle bienveillance. On n’y donne pas de directives sauf en certains groupes qui ont pris position pour des revendications sociales ou politiques. L’Esprit-Saint, vous assure-t-on, laisse chacun à ses options personnelles. Tout au plus, lui donne-t-il du « tonus » et un enthousiasme indistinct.

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Message  Roger Boivin Lun 04 Aoû 2014, 9:44 pm



Quelques précisions supplémentaires
sur ce mode de prière

Les formules traditionnelles sont donc récusées. Non pas qu’on veuille critiquer la « forme de prier » enseignée par Jésus, le « Notre Père », ni l’Ave, ni les actes de Foi, d’Espérance et de Charité, mais ces formulations ne doivent pas gêner la spontanéité priante des pentecôtistes.

Quant au symbole il ne saurait en être question entre gens de confession de foi différentes et même sans aucune profession de foi.

Pourtant si ! Il leur faut croire à l’Esprit-Saint puisque c’est lui qui doit les empoigner ! C’est cela l’important non les mots qui « reprennent ici leur poids de vie » (35). Tout l’être, en effet, est libéré, facultés émotives et motrices comprises. « Le corps s’engage spontanément dans cette prière, les mains s’ouvrent, elles se lèvent… Les groupes charismatiques retrouvent le geste de l’orante… que la liturgie prescrit au prêtre à la Messe et qui devient si disgracieux (avis charitable aux confrères !) lorsqu’il n’est pas soutenu par une attitude intérieure ».

Les charismatiques « retrouvent » encore la « prostration » sous la forme même la plus complète qui consiste à s’allonger par terre. Ils pratiquent la génuflexion (pas forcément à la Communion!) et surtout une forme de « concentration » d’où l’homme ressurgit « comme le grain semé en terre ». Pas d’injonctions extérieures ! Tout de l’intérieur ! On vous l’assure : cela vous « refait l’homme occidental dissocié », bien qu’on suive une marche inverse de celle des orientaux qui vont, eux, de la position corporelle à l’esprit, tandis qu’ici « l’esprit commande et le corps, suit » (36).

Une telle prière est forcément personnelle, ce qui ne veut pas dire individualiste, au contraire, elle devient facilement communautaire. N’existe-t-il pas des harmonies intérieures communes à tous ceux qui lisent assidument la Bible ? On n’empêche pas d’ailleurs les catholiques de fréquenter les Sacrements, ni les prêtres de dire leur bréviaire, mais on leur demande d’élargir leur capacité d’amitié (!), de devenir capables d’embrasser n’importe qui, sans distinction de race, ni de sexe. Bien entendu, rien n’est concédé à l’érotisme ! Ainsi n’a-t-on pas conjuré des menaces de divorce, recueilli des « paumés », des alcooliques, des drogués ? (39).

C’est ce qui vous explique que le premier venu peut prier avec les pentecôtistes « sans préalable ».

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Message  Roger Boivin Lun 04 Aoû 2014, 9:44 pm



Baptême et Imposition des mains

L’imposition des mains joue un rôle considérable dans le pentecôtisme où on l’a appelée aussi « Baptême dans l’Esprit ». On n’entendait cependant pas, paraît-il, porter ombrage au Baptême sacramentel. « Pour le chrétien qui a reçu le Sacrement de Baptême, le « baptême dans l’Esprit » n’instaure pas une nouveauté objective mais un renouvellement » (32).

Que ferait-elle chez un non-baptisé ? La question serait intéressante pour préciser l’efficacité du rite, mais cette question, l’Abbé Laurentin ne la soulève pas !

De notre côté, nous nous réservons de revenir plus loin sur le genre de « renouvellement » dont il parle. Nous sommes en effet pressés par une question plus grave : quelle est sa théologie sur le Baptême Sacrement ?

Il écrit, en effet, que, même validement reçu, il « serait si souvent inopérant » (55). Alors ? N’effacerait-il pas, même chez le nouveau-né, le péché originel ? N’infuserait-il pas la grâce sanctifiante et tout son cortège de vertus ? N’imprimerait-il pas le caractère indélébile d’enfant de Dieu ? Et tout cela faudrait-il le considérer comme inexistant ou comme peu de chose ? En supposant même un adulte bizarrement attaché au péché mortel, n’y aurait-il pas rémission du péché originel et impression du caractère ? Et ce caractère ne fonderait-il pas un droit à la reviviscence du sacrement moyennant le sacrement de pénitence ?

L’affirmation de notre abbé est donc grave. Or, il en rajoute n’hésitant pas à parler de « sacrement mort-né » qui marquerait son sujet plutôt d’ « un signe de condamnation » !

Notez bien qu’il n’a pas été question de réception sacrilège. Non ! Ce qu’il reproche à la pratique de ce sacrement, c’est qu’on l’administre à des sujets incapables (les nouveau-nés) d’ « opus operantis », en français : de « coopération à la grâce », c’est d’en faire « un rite magique » qui n’aurait rien de « vécu » alors que « nous serons jugés sur notre vie et non sur un formulaire sacramentel » !

Il me semble qu’ici, ce n’est plus à moi de répondre, mais à la Foi catholique !

Nier qu’un baptême validement reçu remette le péché originel ainsi que les péchés actuels auxquels la volonté ne reste pas attachée c’est être anathème ! (Dz. Ban. 792).

Dire qu’il ne comporte pas, non indignement reçu, l’infusion de la vie divine (notre abbé le déclare mort-né)…

Dire qu’il n’imprime pas toujours un caractère indélébile, c’est être anathème ! (Dz. Ban. 821, 849, 851).

Dire qu’on ne doit pas l’administrer aux enfants, incapables de former un acte de coopération, ou dire qu’il serait alors administré infructueusement, c’est être anathème (Dz. Ban. 869).

Voilà la Foi catholique définie infailliblement par le Concile de Trente en ses sessions 6e et 7e. Entre elle et vos propos, Monsieur l’Abbé, il vous faut choisir !

Le reste, après cela, peut paraître broutille. Et pourtant, en blâmant le baptême des nouveau-nés, ne méconnaissez-vous pas la nécessité, pour tous, d’être baptisés pour être sauvés, définie, elle aussi, par le même Concile (Canon 5 de la session 7e. Dz. Ban. 861) qui ne fait qu’urger une déclaration de N.S. Jésus-Christ lui-même !

Il faut également beaucoup d’audace pour avancer que la Catéchèse catholique a été « équivoque » ou « ambiguë » sur ce point (55, 56) ; qu’elle a mis « sur le même pied le sacrement saint ou sacrilège » !

Enfin, sait-on encore ce qu’on dit quand on avance que la théologie, en distinguant l’ « opus operatum » de « l’opus operantis », a oublié que cette coopération elle-même résultait du jeu de la grâce et de la liberté ? Vieux professeur de dogme, je n’ai jamais relevé une telle méprise, ni, cela va sans dire, chez mes collègues, ni chez mes étudiants !

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Message  Roger Boivin Lun 04 Aoû 2014, 9:45 pm



Un prétendu « Baptême dans l’esprit »

Cette appellation, aux dires de l’Abbé Laurentin, serait « irréversible » (44). Pourquoi ? Le P. Eugène de Villeurbanne, lui, a parfaitement démontré qu’elle n’est pas scripturaire. Le N.T. parle bien de « baptiser » (verbe) dans l’Esprit, mais jamais comme d’un rite distinct du sacrement.

« Dispute de mots » (42) dit un pentecôtiste ! Soit ! Mais que ceci ne soit pas un geste inélégant pour écarter une réfutation !

Enfin, quoi qu’en pense un calviniste, les auteurs catholiques ne retiennent pas que, dans la primitive Église, il y ait eu, pour donner le Saint-Esprit, un rite différent du sacrement de Baptême, si ce n’est le sacrement de Confirmation.

Puisqu’il se dit théologien, notre Abbé doit savoir encore qu’il n’y a mission invisible de l’Esprit-Saint qu’avec infusion de grâce sanctifiante ou vie divine ; qu’il est donc absurde d’en parler à propos d’une âme en état de péché mortel, originel ou actuel. Les pentecôtistes, évidemment, n’y trouvent pas leur compte, mais ce n’est pas sur eux qu’il nous faut nous ajuster, c’est sur la vérité !

Plus prudemment, on en est venu à parler de simple « actualisation » des dons du baptême (46). Mais ces dons n’étaient-ils donnés qu’en puissance au point d’exiger leur « actualisation » par un rite ultérieur ?

Parler encore de « reviviscence » obligatoire par ce rite supposerait le sacrement toujours « mort-né », dont nous avons déjà dit ce qu’un catholique doit penser.

Oui ! Hélas ! La grâce peut se perdre et aussi revivre, mais le Seigneur a institué à cette fin les sacrements de Pénitence et, pour suppléance, d’Extrême-Onction, la contrition parfaite gardant toujours sa vigueur naturelle. D’une institution de « foire aux charismes » supplémentaire, il n’a jamais été question.

Poursuivons ! Les pentecôtistes entendent lier la collation de charismes à toute mission invisible du Saint-Esprit. C’est manifestement faux ! Nombre de saintes gens et même de grands saints n’ont jamais reçu de charismes durant leur vie terrestre. Pensez, par exemple, à Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus !

Et sur quelle base s’appuie notre abbé pour affirmer (56) que, sans une collation de charismes, une partie de ce que postulait le sacrement de Baptême ne serait pas réalisée ? Le Concile de Trente qui a énuméré tous les effets du Baptême, n’a pas connu ce complément préconisé.

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Message  Roger Boivin Lun 04 Aoû 2014, 9:46 pm



Imposition des mains pentecôtistes

Je l’ai déjà dit : son rôle est capital dans le pentecôtisme bien qu’on y cherche à le minimiser. Elle en est le seuil initiatique. « Non », dit l’Abbé Laurentin, qui répond à deux correspondantes qui relevaient l’analogie entre le pentecôtisme et la « Jamaa » condamnée du P. Tempels, il n’y a pas de seuil initiatique dans le pentecôtisme ! (189). Mais comment appeler autrement le rite qui fit de deux catholiques les chefs de file du mouvement ?… qui agrégea le Cardinal Suenens ?… qui continue à être requis pour toute nouvelle recrue ? Ne nous payons pas de mots, voyons la chose ! Or, c’est bien un rôle d’initiation qui est dévolu à l’imposition des mains dans le pentecôtisme. Les Ranaghan n’en font pas mystère ! Ils ont écrit, en effet, « Il faut que vous attendiez les dons du Saint-Esprit, que vous les acceptiez au moment où vous priez pour le baptême dans l’Esprit » (1). Et encore, « le rôle du leader devient crucial »… il faut « céder » au rite, « s’abandonner corps et âme… » Que voulez-vous de plus ?

Or, c’est à des gens qualifiés pour cela (par qui ?) qu’il faut vous adresser. Eux jugeront si votre demande est acceptable.

Le rite sera ensuite pratiqué soit par un seul, soit par plusieurs, soit par toute la Communauté. On l’accompagnera d’une prière d’invocation, ou d’exclamations ou de bruits indistincts.

Il doit en résulter, normalement, une infusion de charismes. Nous allons nous en occuper !
___

(1) « Le Retour de l’Esprit » par Kevin et Dorothy Ranaghan, p. 176, 180, 181, 195.

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Message  Roger Boivin Lun 04 Aoû 2014, 9:47 pm



Charismes en général

Quels sont ces phénomènes et quel rôle le pentecôtisme leur attribue-t-il ?

Sur ces points, malheureusement, l’Abbé Laurentin ne cherche pas à être précis. « Il y en a partout, dit-il, une infinité » ! (60).

C’est un peu trop ! Quel intérêt y aurait-il, dans ce cas, à aller chez les « charismatiques » et comment les distinguerait-on ?

Il ne voudrait définir les charismes que comme aptitudes à faire quelque chose. Dans ce cas, nous en aurions plein le corps et plein l’esprit ! On ne pourrait plus les remarquer, ni par conséquent en parler !

Il peut bien moquer le Cardinal Rufini de ne plus vouloir en voir nulle part, alors que le Cardinal Suenens en verrait partout (60), il n’en reste pas moins qu’on ne peut parler que de choses identifiables, de phénomènes distincts des phénomènes ordinaires de la vie. Cette distinction n’est pas possible si on suit la définition de notre Abbé : (63) « dons multiformes de l’Esprit-Saint concernant toute réalité humaine, individuelle et collective ». Il se refuse à préciser : naturels ? ou préternaturels ? comme semblait le penser Vatican II quand « il tâtonnait » (sic) (61-62). Il ne veut même pas se compromettre à dire si ce sont ou non des grâces. L’important, après tout, dit-il, n’est-il pas d’aimer ?

Certes ! Mais aimer est une chose et savoir de quoi on parle en est une autre. C’est cette « autre » qui nous intéresse.

Le Cardinal Rufini pensait sûrement aux phénomènes qu’ont connus certaines communautés primitives dans l’Église. Ils ont leur définition théologique. Ce sont des dons préternaturels qui ne résultent pas forcément d’un mérite et qui sont conférés plus pour l’utilité du prochain que pour l’avantage de celui qui les reçoit. On les appelle aussi grâces « gratis datae » (1). Il n’est pas nécessaire de les référer à l’Esprit-Saint puisqu’ils procèdent de la Très Sainte Trinité agissant comme un seul principe. On peut cependant le faire correctement puisqu’ils manifestent spécialement l’amour que Dieu nous porte.

Ils ont parfaitement existé au début de l’Église et leur rôle a été, alors, d’aider à son établissement. On en a relevé aussi beaucoup au cours des siècles chrétiens, conférés surtout à des saints à qui le Seigneur voulait faire jouer le rôle de types de sainteté, d’entraîneurs vers la sainteté. La sanctification des hommes a toujours été leur but. Resterait-il le même chez les pentecôtistes ?
___

(1) Don gratuit

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Message  Roger Boivin Lun 04 Aoû 2014, 9:47 pm



Rôle de preuve que le pentecôtisme veut faire jouer aux charismes

Il n’est pas le seul car les charismes servent d’abord à piquer la curiosité du public, à exploiter son goût du merveilleux. Mais, en même temps, on veut y trouver une preuve que l’Esprit-Saint intervient dans les assemblées pentecôtistes. Sinon, pourquoi aurait-on affiché : « Assemblées charismatiques » ? La marchandise en vitrine ne sert-elle pas à attirer les chalands ?

Il importe de noter qu’aucun théoricien du pentecôtisme ne précise que la référence à l’Esprit-Saint est une pure « appropriation ». Aucun, non plus, ne prend la précaution anti-illuministe, de rappeler que, seule, l’Humanité sainte de Jésus a une relation particulière, exclusive, avec une Personne divine, que toutes les autres références du créé sont à la Très Sainte Trinité ! Redoute-t-on d’y voir trop clair, tout comme dans certaines de leurs réunions qui ne s’éclairent qu’à une chandelle ?

Tous, cependant, retiennent que les prétendus charismes prouveraient l’intervention de l’Esprit-Saint.

Pourtant, il n’y aurait vraiment preuve que s’il y avait vraiment miracle.

Or, le miracle gêne énormément l’Abbé Laurentin ! Pour lui, l’idée de miracle « relève de la conception dépassée d’un Dieu bouche-trou » (notez la révérence verbale) ! (129). Il ose même affirmer que « la raison scientifique a évincé la mentalité primitive, etc. ». C’est du plus pur Homais, qui nous oblige tout de même à crier de nouveau : « halte-là ! ». Le Concile Vatican I, session III, a quelque chose à nous dire à ce sujet !

Canon 3 de fide : « Si quelqu’un dit que la Révélation ne peut être rendue croyable par des signes extérieurs… qu’il soit anathème ! » Dz. Ban. 1812.

Canon 4 : « Si quelqu’un dit qu’il ne peut y avoir de miracles… ou, s’il y a miracle, qu’on ne peut pas l’identifier avec certitude… qu’il soit anathème ! » Dz. Ban. 1813.

Donc, pour la deuxième fois, Monsieur l’Abbé, vous ? ou l’Église infaillible ?

À Lourdes, on n’est pas si gêné par le miracle ! Il est vrai qu’on n’y a pas peur, non plus, de l’enquête scientifique, qu’on l’y exige même. Tandis que chez les pentecôtistes, vous nous dites que, s’il y a miracle : « cela ne se réalise que dans le clair-obscur » (94).

Délicieux ce « clair-obscur » dans certains tableaux ! Mais, en matière de miracle, c’est uniquement du clair qu’il nous faut. Il n’est d’ailleurs pas vrai que le clair-obscur soit le fait de tous les vrais miracles, comme vous l’affirmez. La résurrection du Christ manque-t-elle de clarté ? et celle de Lazare ? Et la guérison de l’aveugle-né ? et tant d’autres ! Nous sommes réfractaires, sachez-le, à la poudre aux yeux !

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Message  Roger Boivin Lun 04 Aoû 2014, 9:48 pm



Parler en langues et prophétie

Une des prétendues preuves de l’intervention de l’Esprit-Saint dans les assemblées pentecôtistes serait le parler en langues et la prophétie. Je ne les sépare pas car la seule différence qu’on relève entre les deux, c’est que, dans un cas, ce qui est vocalement émis est compréhensible, dans l’autre il ne l’est pas.

Le mot « prophète » est d’ailleurs pris, ici, dans son sens étymologique : « parler au nom d’un autre ». Certains pentecôtistes vont même jusqu’à dire : « Ainsi parle Yaweh ! ». Les prophètes du Vieux Testament n’ont plus qu’à bien se tenir !

« Le prophète actualise, dans la Communauté, la vivante présence de Dieu » (59), nous dit l’Abbé Laurentin. Il vous faut le croire.

Sans vous y fier trop cependant, car les pentecôtistes eux-mêmes ne s’y fient pas toujours ! Nous avons vu qu’ils ne groupent autour du micro, dans les réunions, que les prophètes confirmés (par qui ?). Et le prophète en exercice est surveillé au point qu’il doive parfois se taire par ordre supérieur, la communauté couvrant sa voix. Il y a donc des prophéties non agréées.

La glossolalie ne donnera pas moins de perplexité. Elle est pourtant le charisme le plus fréquent. 80 % des pentecôtistes français parleraient ainsi en langues (72). Les groupes qui rejettent cet exercice ne sont qu’une petite minorité.

Mais entendez bien « glossolalie » ! Le mot vient, vous explique l’Abbé, du grec « glossa » qui veut dire « langue ». Donc, en glossolalie, on se sert de sa langue. N’est-ce pas limpide ? Mais de quelle façon s’en sert-on ?

Généralement quand on prétend parler une langue, c’est qu’on est capable d’émettre des sons conventionnels expressifs et parfaitement compris par un certain nombre de gens. Dans ce sens, les pentecôtistes prétendraient abusivement parler en langues. Chez eux, en effet, il s’agit d’ordinaire de bruits de bouche, de modulations indistinctes gagnant de proche en proche toutes les personnes de l’assemblée, en allant volontiers crescendo, sorte de chants à bouche fermée ou… ouverte (76). Il arrive, toutefois, que ce soit en solitaire qu’un pentecôtiste se manifeste ainsi, sans broncher, ni bégayer (77). Ce n’est que s’il devenait extatique, délirait ou extravaguait qu’on le contraindrait à se taire. La difficulté serait plutôt de faire sortir le son de la gorge malgré qu’on y soit poussé par une force dite « irrésistible » (78) et pourtant insuffisante par elle-même au résultat, le sujet devant faire effort lui-même pour mettre en marche ses organes vocalisateurs. Je trouve cela admirable !

Un peu moins l’affirmation de l’Abbé Laurentin que, lors de la première Pentecôte, apôtres et disciples auraient eux-mêmes parlé de façon pareillement incompréhensible. Dans ce cas, comment les Actes auraient-ils pu reproduire les discours ? Et comment expliquerait-on que tous les auditeurs les comprenaient, chacun dans sa langue, sans doute, mais si distinctement que 3.000 en furent convertis ?

Vous penseriez aussi, peut-être, que vocaliser pour ne rien dire est une bouffonnerie. Pas du tout ! s’indigne l’Abbé Laurentin, c’est du langage « protée » (75). Oh ! secourable grec ! Ce serait donc une expression humaine, primitive, un peu comme le gargouillis dans la gorge du nouveau-né ! D’ailleurs, ne pensez-vous pas que les inventeurs du langage ont dû débuter ainsi ? Et c’est pourtant à cause de ça que votre fille n’est pas muette ! Les coupables sont les cultures successives qui ont obstrué les voies phonétiques de « pesanteurs », d’ « inhibitions », à telle enseigne qu’il vous a fallu apprendre à parler ! Sauveur, le pentecôtisme vient secouer cette horrible servitude et, au lieu du processus vie-langage, restitue le processus langage-vie. N’en n’êtes-vous pas ravis ? (99).

Après de telles prouesses verbales, l’Abbé Laurentin peut convenir que, si certains de ces vocalisants parlaient réellement une langue étrangère qu’ils n’auraient pas apprise, ce serait plus convaincant de l’intervention d’une puissance d’en-Haut. Mais, dit-il, cela existe aussi et tant pis pour la supériorité du « protée » ! Dans ce que certains proféraient, en effet, on a pu relever du chinois, du japonais, de l’hébreu… Parham (81), en venait à penser que ce serait un bon moyen, pour les missionnaires, de se faire entendre en langues étrangères sans les apprendre. Malheureusement, les enregistrements faits à l’essai ont montré qu’en fait de langues étrangères, ce n’était rien du tout !

Alors, à quoi ça rime de faire ainsi du bruit avec la bouche ? Si ! (95), ça sert tout de même, dit l’Abbé Laurentin. Par cet exercice le pentecôtiste se « débloque » (98). Il se reconnaît plus facilement (?) pécheur !… Sans s’être fatigué par le rebutant examen de conscience ! Au demeurant, dans ces exercices, on ne « ment » jamais ! Je le crois facilement puisqu’on n’y dit rien (99) !

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Message  Roger Boivin Lun 04 Aoû 2014, 9:49 pm



Des guérisons

Mais nous, puisque nous aimons dire quelque chose, parlons un peu de ce que nous présente le pentecôtisme sous l’étiquette « guérisons ».

Elles ne sont pas rares, nous dit l’Abbé Laurentin, mais les pentecôtistes, gens modestes, ne les crient pas sur les toits ! Ils ne les soumettent pas davantage à un contrôle médical qui est bien bon pour Lourdes. Eux, ils ont organisé aux U.S.A., le 14 juin 1974, un « service des guérisons » dont font partie : un dominicain, un prêtre séculier et… une infirmière (131). Le rôle de ce service n’est pas de contrôler scientifiquement les guérisons mais de les promouvoir en les faisant désirer, demander (132, 133).

La chose peut se passer ainsi : au cours d’une assemblée, une Barbara quelconque monte sur un podium. Et puis, elle commence : « Nous vous louons Jésus… parce que vous êtes en train de nous guérir de tout ce qui a été, jusqu’ici, échec pour les médecins… nous sentons votre douce chaleur… beaucoup de cancers sont en train de guérir… des leucémies… Jésus vous dit que votre sang est guéri… Il vous fait une transfusion spirituelle, etc… » Après quoi, le leader demande : « Qui est guéri ? ». La moitié de la salle se lève. L’autre moitié n’a pas dû arriver à se sentir malade !… Et vous ne parlerez pas d’autosuggestion !

D’ailleurs, certaines manières comme celles de Katryn Kuhlmann, n’ont pu être tolérées (139, 142, 1588). Elle osait s’attribuer à elle-même le monopole de guérir ! Non ! c’est un charisme démocratique. Tous y ont droit, même les femmes enceintes (?) ! Ça, c’est l’authentique christianisme qui apporte à la fois la santé du corps et de l’âme. Le catholicisme l’a trahi (142) en privilégiant le spirituel, en voulant que la maladie soit une « épreuve valorisante ». Jésus, au contraire, affirme imperturbable notre Abbé, n’a jamais demandé d’accepter la maladie ; il a poussé chacun à vouloir guérir.

Comment concilier cela avec les paroles du Maître : « Si quelqu’un veut venir après Moi, qu’il se renonce, qu’il porte sa croix… » (Math. XVI-24). Comment comprendre que son dramatique commentaire du « fiat volontas tua » qu’Il nous avait enseigné dans le Pater, ait été l’acceptation du calice épouvantable de sa passion au Jardin des olives ? et pourquoi Il jugeait l’aptitude de ses apôtres à leur mission d’après leur capacité de boire à ce calice ? (Marc X, 38). C’est donc par Lui qu’aurait été égaré Saint Paul, qui croyait qu’il devait achever dans sa chair ce qui manque à la passion du Christ (Coloss. I. 24). Égarés tout autant, à la suite du grand Apôtre, une sainte Thérèse d’Avila avec son « ou souffrir ou mourir ! » ; un saint François d’Assise avec ses stigmates, bref tous les martyrs, confesseurs et vierges canonisés !

C’est peu rassurant sur la doctrine de quelqu’un qui se présente comme un maître de vie spirituelle avec un nouveau défilé de mots grecs : thérapeus, Iaomaï, Katharizo, dynamis… Franchement, on préfèrerait un peu de bonne théologie, même élémentaire (143).

Il veut que nous convenions que l’Église n’a jamais condamné les guérisseurs. C’est peut-être vrai, mais elle pouvait penser qu’en la matière, chacun pouvait se débrouiller avec son bon sens. Ce que nous ne pouvons vous accorder, M. l’Abbé, c’est de dire qu’elle a fait de l’Extrême-Onction « le sacrement de la mort » (146). La calomnie d’un tel propos le dispute à l’odieux car c’est, tout de même, de votre Mère qu’il s’agit.

Non ! ne perdez pas votre temps à vouloir nous apprendre que la thérapeutique spirituelle a une incidence sur le corporel (149). Passez-vous autant de temps que nous au confessionnal ? Enfin, quand vous claironnez : Pentecôtistes « pionniers catholiques des guérisons », j’ai le droit de vous crier : « Fermez le ban » !

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Message  Roger Boivin Lun 04 Aoû 2014, 9:49 pm



Fruits divers

À sainte Bernadette, la Très Sainte Vierge a dit : « Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde mais dans l’autre ». Les vrais fruits de la Rédemption ne sont donc pas des avantages temporels mais la réussite éternelle de sainteté.

Peut-on, avec certitude, attribuer des fruits de sainteté au pentecôtisme ?

D’abord, dites-vous, on y prie… J’en conviens : prières sans imprimatur, Monsieur l’Abbé ! Du moins, intensément communautaires ! D’accord. Mais, depuis toujours, l’Église prie ainsi. Son nom ne veut-il pas dire « rassemblement » pour la prière ? Et comme il est poussé loin ce caractère communautaire de la prière chez les religieux, les religieuses, surtout les contemplatifs. Le pentecôtisme en fait-il autant ? Fait-il mieux ?

Il exerce aussi une action réconciliatrice sur les époux désunis ! il accueille les asociaux, les ivrognes, les drogués ! Parfait ! Depuis des siècles, des prêtres zélés, des institutions charitables s’y emploient. Ils n’ont jamais pensé en faire une enseigne. Qu’en cela nos pentecôtistes continuent, ils n’encourront aucun blâme de notre part, mais nous n’en garderons pas moins le sens des proportions quand nous penserons aux fils et aux filles de saint Vincent de Paul, de saint Camille de Lellis, de saint Jean de Dieu, etc.

Enfin, voici un fruit dont le pentecôtisme revendique l’exclusivité : chez eux, on « sent » qu’on a en soi l’amour de Dieu. C’est l’ « agapè » retrouvée (16). Hélas ! l’ « agapè » est charité essentiellement surnaturelle. Elle tombe si peu sous les sens qu’on ne peut savoir, à son propos, si l’on est digne d’amour ou de haine (Eccl. IX, 1). Seule, la Foi peut affirmer avec certitude cette valeur surnaturelle que les sens ne sont pas aptes à percevoir.

Et c’est parce que la Foi est la seule base solide des vocations sacerdotales et religieuses qu’en préconisant le « senti » pour emplir à nouveau noviciats et séminaires, on tourne le dos à l’objectif ! Choisir une telle vocation parce qu’on « sent » ou pour « sentir », c’est s’égarer dans la recherche de soi, naufrage du don de soi, c’est se lancer dans une fausse et décevante mystique. Et cela, non sans une coupable préemption car les maîtres de la vie spirituelle ont toujours été unanimes pour condamner cette recherche du « senti ». Et ne devrait-on pas dire que c’est précisément cette prévalence qu’a prise le « sensible » sur la Foi, chez les chrétiens, qui est la véritable cause de la disparition des vocations ? Inutile de recourir à la propagande ou à des procédés secondaires ! La crise ne cédera que par la suppression de sa cause et non pas par son aggravation.

Dans un pareil climat, les notions de pauvreté, de chasteté, d’obéissance, sonnent douteusement, surtout quand on sait que nos modernistes-pentecôtistes ne veulent plus entendre parler de vœux de religion, ces attentats à la liberté ! Mais qui est plus libre que celui qui se lie de plein cœur, au-delà même de son devoir, à la générosité de l’Amour ? Une religion permissive est une fausse religion, qui ne relie plus à Dieu, mais laisse aller à la paresse, au sensualisme, à l’amour-propre, toujours, en fin de compte, à l’égoïsme, mort de l’amour ! Dans ces conditions, je comprends très bien, au contraire, que des groupes pentecôtistes se lancent dans l’agitation sociale et la politique (222). Le « moi » s’y retrouve toujours. Et l’Abbé Laurentin ne m’étonne plus en me disant que cela débouche sur la libération de la femme, propos agréable à Mme Giroud mais qui nous entraîne loin de la « Servante du Seigneur » !

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Message  Roger Boivin Lun 04 Aoû 2014, 9:50 pm



Le Pentecôtisme essaie de se justifier

D’abord, vis-vis de l’Église.

Que celle-ci se rassure : il n’est ni une église parallèle (237), ni une super-église (207). Il entend simplement restaurer « les valeurs universelles de l’Évangile » que l’Église catholique, trop peu soigneuse du dépôt confié, aurait laissé perdre ! C’est dans ce seul but que le pentecôtisme veut faire passer son « ferment » dans la vie des églises « (notez le pluriel). Ensuite, il ne songera qu’à disparaître. Et, en attendant, il fera, croyez-le, les meilleurs paroissiens du monde (208), les meilleures religieuses qui viendront s’y reposer de la « grisaille » de l’Office canonial (209), rassurées par la fameuse « synergie » qui les protégera des exaltés !

Mais, précisément, ce rôle, n’est-il pas d’une super-église ? Vous ne pouvez pas soigner indifféremment « toutes les églises » sans les mettre toutes sur le même pied d’incapacité et de maladie, pour, en les surpassant, leur apporter ce qui leur manque !

Plus audacieuse encore est la conception de la structure même de l’Église que notre abbé voudrait accréditer. Selon ses dires, il ne faudrait pas considérer l’Église comme structurée de l’extérieur par un primat de juridiction et, sous sa dépendance, par une hiérarchie qui construirait l’unité au moyen du triple pouvoir d’enseigner, de gouverner et de sanctifier.

C’est pourtant ainsi que Jésus l’a édifiée ; c’est ainsi qu’elle s’est toujours infailliblement affirmée.

Mais l’Abbé Laurentin ne l’admet pas. Il veut tout faire procéder de la base moyennant l’ « agapè » (plus exactement ce qu’il met sous cette sainte étiquette) (232). Ainsi orthodoxie et hétérodoxie n’auraient plus de sens et c’en serait fini des « tensions extérieures » (233-234).

Voilà qui contredit effrontément au Concile de Trente et à tout le Magistère (Dz. Ban. 44, 426, 427) et entend donner le démenti au Droit Canon (C. 108, 33) : « La sacrée hiérarchie est divinement constituée, etc. »

Ah ! Ça, c’est tout de même autrement grave que de ne pas arborer un « imprimatur » !

Nous reconnaissons bien là l’authentique modernisme : unité par la confusion. On ne peut plus démocratiquement ! Qu’a-t-on besoin alors de dogmes, d’impératifs moraux, de sacrements, de discipline ? Ainsi est combattue « la valorisation du sommet de la pyramide au détriment de la base » (183-66) qui a éteint les charismes dans le peuple, les annexant « aux cadres ». C’est aux intégristes à rougir et non aux pentecôtistes parce qu’ils subissent une influence protestante (184). Il s’en est fallu de si peu que Cardijn ne soit mutilé par Pie XI ! dit-il !

Et puis, à quoi bon un « Credo » quand on a le Saint-Esprit ?

Or, on vous affirme qu’on l’a. On l’a même sans préalable d’état de grâce ! Comme on vous le dit : mission divine sans vie divine. Suffit l’imposition des mains des premiers venus et, sans autre engagement que d’être humainement bienveillants, de vocaliser ou chanter ou vous agiter avec tous ! Votre assurance viendra de ce que vous expérimenterez. Et ne dites pas que cet immanentisme a été condamné par « Pascendi » (Dz. Ban. 2074-2078). Le pentecôtisme ne se fait pas souci de telles condamnations !

C’est ainsi que la religion traditionnelle doit disparaître (224) afin d’être remplacée par la rencontre personnelle avec Dieu (225).

Dans ce cas, vous avez perdu votre temps, M. l’Abbé, à vouloir être prêtre. Maintenant, en rejetant les « abstractions théologiques » qui occupèrent vos études, vous entendez opérer sans frais « la démocratisation de la sainteté » par une action intégralement laïque (227) où la communauté sera réalisée « par un élan collectif spontané surgi de la base » (223). Cet édifice n’a plus besoin, ni de la Pierre fondamentale, ni de la succession des Apôtres. Bien au contraire, ces hiérarques eux-mêmes seront « arbitrés » par la base (68). La pyramide est alors bien renversée, le Christ est la tête en bas !

Et l’Abbé Laurentin pense que c’est avec raison car l’Église doit être avant tout une vie !

Peut-on rectifier, Monsieur l’Abbé : une structure de vie ! Structure absolument indispensable car la Vie qu’elle transmet vient, non de l’homme, mais de Dieu : c’est la Vie divine. Elle obtient ce résultat en enseignant la vérité de Dieu, en prescrivant la volonté de Dieu, en conférant la force de Dieu. Mettre, comme vous le faites, la source d’une vie divine, participée mais authentique, dans le fond humain et non en Dieu, c’est prétendre plus que Dieu lui-même ne pourrait faire !

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Message  Roger Boivin Lun 04 Aoû 2014, 9:50 pm



Broutilles

Avant de terminer, jetons un coup d’œil sur la façon dont notre auteur se ʺtireʺ des objections qu’il se fait à lui-même !

– Le pentecôtisme, c’est du protestantisme ! Réponse : Ce sont les intégristes qui disent cela (8 ).

– C’est du mysticisme compromettant l’action ! Réponse : nullement. Transformant intérieurement, il rend plus apte à l’action (214).

– Il verse dans le subjectivisme. Réponse : la communauté y veille.

– C’est de l’Illuminisme ! Réponse : cela vaut mieux que de veiller un Dieu mort (!)

– De l’ « émotionnalisme » ! Réponse : Possible, mais les trous d’air n’empêchent pas les avions de voler (215).

D’ailleurs, la religion actuelle frustre la sensibilité humaine !… Peut-être, mais pas depuis longtemps, comme nous l’avons relevé dans un précédent article.

– C’est anti-intellectuel ! Réponse : Mais regardez tous ces universitaires parmi nous !

– C’est de l’orgueil que de vouloir traiter directement avec Dieu ! Réponse : Saint Paul l’a bien fait !

La caution, ici, est bourgeoise mais est-elle recevable ? Saint Paul n’a jamais désiré ni recherché les grandes faveurs dont il a été l’objet. Les pentecôtistes, eux, s’y appliquent sérieusement !

– C’est une gourmandise que de vouloir « éprouver », « sentir » ! Réponse : Sans danger !,.. (Mais les Maîtres de vie spirituelle ne sont pas d’accord avec une telle assurance !).

– Des extravagances sont relevées chez les pentecôtistes ! Réponse : Aléas d’une recherche que « Mater et Magistra » a recommandée (195).

– Une secte ! Réponse : Pas plus qu’un nouvel Ordre religieux !

Pourtant, un Ordre religieux exige une règle, une institution canonique, une insertion officielle dans la hiérarchie. Qu’y-a-t-il de tout cela dans le pentecôtisme ?

Ainsi l’Abbé Laurentin pense avoir plaidé le dossier de défense du pentecôtisme et il y a mis, certes, toute sa subtilité, toute son ardeur. Je ne crois pas qu’il faille s’y attarder car ce sont des griefs bien plus graves que nous avons dû relever au cours des pages qui précèdent et, à ces griefs, je gage qu’il ne pourra rien répondre.

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Message  Roger Boivin Lun 04 Aoû 2014, 9:52 pm



Des « patrons » au pentecôtisme ?

Il faut encore que j’aborde ce point particulièrement odieux, avant de finir !

Qui aurait pensé que le pentecôtisme irait jusqu’à se réclamer de la Très Sainte Vierge et des Saints ? (242).

« Marie prototype charismatique », n’est-ce pas un blasphème ?

« L’Immaculée » poussée dans cette cohue indifférente au péché, gourmande d’expérimentations sensibles !…

La Mère des Sept Douleurs assimilée à des gens qui récusent la rédemption par la souffrance !

La Mère de l’Église, qui nous a donné le Divin Chef en disant : « faites tout ce qu’il vous dira », la compromettre dans la tentative de renversement de la pyramide, du Christ la tête en bas !

L’Orante, effacée et silencieuse, vouloir lui faire présider les ululants et les agités !…

La « Kékaritoméné » (certains modernes veulent traduire « favorisée de Dieu » au lieu de « pleine de grâces »), qui ne s’est jamais prévalue de charismes, humblement « pleine de grâces », lui attribuer un rôle exemplaire dans la foire aux charismes de nos novateurs !…

Je le répète : cela ne vous a-t-il pas un goût de blasphème ?

Et quelles pauvres raisons (si on peut encore les appeler ainsi) invoque-t-on à de pareilles audaces ?

Parce que Marie a reçu l’Esprit-Saint ! Bien sûr, à chaque augmentation de grâce sanctifiante comme il devrait nous arriver à tous !

Elle aurait parlé en langues ! Quand donc ? Aucun exégète sérieux ne l’a déclaré avant vous !

Elle a prophétisé dans son « Magnificat » ! Parfaitement ! Et ses paroles inspirées de Dieu, font partie de la Sainte Écriture. En prétendez-vous autant des professions verbales de vos pentecôtistes ? Alors, et pour la même raison, laissez donc tranquille sainte Élisabeth, le vieillard Siméon et les autres !… À partir de certains extrêmes, la sottise donne envie de pleurer !

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Message  Roger Boivin Lun 04 Aoû 2014, 9:53 pm

Concluons

Nous avons l’impression d’avoir inventorié un stock énorme de poudre aux yeux ! Exposés prétentieux, affirmations gratuites, parfois hétérodoxes, le tout dans un fouillis déconcertant.

L’intention de propagande outrageusement affichée !

Un dédain qui fait mal de la science théologique et de certaines certitudes de Foi !

On veut prendre les Chefs de l’Église en remorque et l’on brade des valeurs sacrées : Saint Sacrifice, Sacrements, pureté de conscience, progrès spirituel, sécurité, discipline…

Au Père Eugène, l’Abbé Laurentin a reproché de faire du pentecôtisme en bloc une entreprise diabolique. Sûrement pas avec un tel manque de nuances ! Ce confrère, prudent, sait ce qu’il faut attribuer à la curiosité imprudente, au déséquilibre psychique, à l’anesthésie volontaire de certains besoins religieux. Il n’en reste pas moins qu’un tel milieu, si dépourvu d’exigences doctrinales et morales, de tout contrôle efficace hiérarchique, gourmand de sensations, constitue par lui-même un champ de manœuvre rêvé pour l’esprit des ténèbres. Celui-ci serait bien sot de négliger une si belle occasion ! Or, sot, le démon ne l’est pas, bien qu’il soit une canaille ! Il sait saisir les perches tendues !

Et voilà donc, en bonne et belle édition, 250 pages d’enquêtes, de subtilités, d’habiletés, pour aboutir à quoi ? Oseriez-vous dire : à une bonne action ?

Père Philibert de Saint-Didier.
o.f.m. Cap.

« La charité procède d’un cœur pur, d’une bonne conscience et d’une Foi sans détours. Pour avoir dévié de cette ligne, certains se sont fourvoyés en un creux verbiage : ils ont la prétention d’être des docteurs de la Loi alors qu’ils ne savent ni ce qu’ils disent, ni de quoi ils se font les champions. » I Tim. I, 5-7.

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Message  Roger Boivin Lun 04 Aoû 2014, 9:54 pm


« Plaidoyer pour le pentecôtisme, de M. l’abbé Laurentin » / P. Philibert de S-Didier, O.F.M. Capucin, 1975

Extrait de “La Pensée catholique”, Sept-Oct 1975, n°158



Saint-Didier, Philibert de (frère mineur capucin)
Langue d’expression : français
Nationalité : FRANCE
Date de naissance : 08 06 1896

Note publique d’information : O.F.M. Nom en religion de Jean Defour. Né à Saint-Didier-en-Velay, Haute-Loire


http://wordpress.catholicapedia.net/plaidoyer-pour-le-pentecotisme-de-m-labbe-laurentin/


http://wordpress.catholicapedia.net/wp-content/uploads/2013/12/1975_R.P.Philibert-de-Saint-Didier_Plaidoyer-pour-le-pentecotisme_de-M.-l.abbe-Laurentin.pdf
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Message  Roger Boivin Jeu 07 Aoû 2014, 7:17 pm

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Message  Roger Boivin Dim 24 Mai 2015, 11:16 am

SERMON POUR LA FÊTE DE LA PENTECÔTE.

Bourdaloue a écrit:
Ils furent tous remplis du Saint-Esprit.

(…) la solennité que nous célébrons n'est point, comme les autres fêtes de l'année, une simple commémoration , mais le mystère même de la descente du Saint Esprit. Mystère toujours subsistant, et qui, jusques à la fin des siècles, subsistera dans l'Église de Dieu, tandis qu'il y aura des fidèles en état d'y participer, et qui se mettront en devoir de le renouveler dans leurs cœurs. (…) nous pouvons tous les jours recevoir le Saint-Esprit ; et qu'en vertu des promesses du Sauveur, le même Esprit qui descendit visiblement sur les disciples assemblés dans Jérusalem, descend encore actuellement et véritablement sur nous ; non pas avec le même éclat ni avec les mêmes prodiges, mais avec les mêmes effets de conversion et de sanctification, quand il trouve nos âmes bien préparées, et que nous prenons soin de les lui ouvrir (…)

(…) Le monde, dans l'état malheureux où l'a réduit le péché, ne peut recevoir le Saint-Esprit. C'est la plus sensible marque et la plus funeste que Jésus-Christ nous ait donnée de la réprobation du monde : et en prononçant contre lui cet anathème, il n'en a point apporté d'autre raison, sinon que le monde, dans l'excès de son aveuglement, ne sait pas même ce que c'est que l'Esprit de Dieu (…)

Combien de chrétiens, disons mieux, combien de mondains, à la honte du christianisme qu'ils professent, vivent aujourd'hui dans la même ignorance, et peut-être dans une ignorance encore plus criminelle! car il ne suffit pas, pour le salut, de savoir que le Saint-Esprit est la troisième personne de l'adorable Trinité, qu'il est consubstantiel au Père et au Fils, qu'il procède éternellement de l'un et de l'autre ; ce sont des points de créance qui nous apprennent ce que le Saint-Esprit est en lui-même, et par rapport à lui-même : mais de plus, mes chers auditeurs, il faut savoir ce qu'il est par rapport à nous, ce qu'il doit produire en nous, pourquoi il nous est envoyé, ce que nous devons faire pour le recevoir, et par où nous pouvons juger si nous l'avons reçu. Or combien de lâches chrétiens, uniquement occupés du monde, ne se sont jamais mis en peine de s'instruire sur tout cela (…)

Comment aurions-nous reçu le Saint-Esprit, puisque nous ignorons même ce que c'est que le Saint-Esprit ? (…)

Enseigner la vérité, c'est une chose qui peut convenir à l'homme, et qui n'est point au-dessus de la portée de l'homme. Mais enseigner sans exception toute vérité, mais l'enseigner sans distinction à toute sorte de sujets, mais pouvoir l'enseigner en toutes manières, c'est ce qui n'appartient qu'à Dieu, et de quoi tout autre esprit que celui de Dieu est absolument incapable. Aussi est-ce le caractère le plus essentiel et le plus divin que Jésus-Christ, dans l'Évangile, ait attribué au Saint-Esprit : Quand cet Esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité ; et c'est ce même caractère qui me semble d'abord avoir paru plus sensiblement en ce jour solennel, où cet Esprit de vérité descendit sur les apôtres et sur tous les disciples assemblés. En voici la preuve, que je vous prie d'écouter.

Non, dit saint Augustin, pesant ces paroles, toute  vérité, il n'appartient qu'à l'Esprit de Dieu d'enseigner et de persuader toute vérité. Car il y a des vérités que la chair et le sang ne veulent point, des vérités qui choquent et qui révoltent la raison humaine, des vérités dont la nature s'effraye, des vérités humiliantes, gênantes, mortifiantes, mais qui sont par là même des vérités salutaires et nécessaires ; en un mot, des vérités que l'homme, selon le terme de l'Evangile, ne saurait porter, beaucoup moins goûter, ni aimer. S'il arrive donc qu'il vienne à en être sincèrement et efficacement persuadé, ce ne peut être que l'effet d'un esprit supérieur, qui agit en lui et qui l'élève au-dessus de lui.

Or il n'y a que l'Esprit de Dieu qui ait ce pouvoir. L'esprit de l'homme, dit saint Chrysostome, apprend à l'homme et lui persuade ce qui satisfait l'amour-propre, ce qui flatte la vanité, ce qui excite la curiosité, ce qui favorise la cupidité : voilà ce qui est de son ressort. Mais ce qui combat nos passions, et ce qui est contradictoirement opposé à toutes les inclinations de l'homme, ne pouvant pas venir du fonds de l'homme, et d'ailleurs étant vérité, il faut nécessairement que ce soit l'Esprit de Dieu qui nous l'enseigne et qui nous le persuade. De même, c'est une marque sûre et infaillible de l'Esprit de Dieu, d'enseigner la vérité à toute sorte de sujets ; et la raison en est évidente : parce qu'il se trouve dans le monde des sujets si mal disposés, soit à comprendre la vérité, soit à s'y soumettre et à la croire, quand même ils la comprennent, qu'il n'y a que le Dieu de la vérité qui puisse les en rendre capables. En effet, donnez au docteur le plus consommé, et au plus habile homme de la terre, certains esprits grossiers à instruire : avec toutes ses lumières, il ne les éclairera pas. Donnez-lui à persuader certains esprits obstinés et entêtés : avec toutes ses démonstrations, il ne les persuadera pas. Mais quand l'Esprit de Dieu s'en rend le maître, ni l'entêtement de ceux-ci, ni la stupidité de ceux-là, n'est un obstacle aux impressions toutes-puissantes de la vérité: pourquoi ? parce que cet Esprit, qui est souverainement et par excellence l'Esprit de vérité, en se communiquant à nous, surmonte ou plutôt détruit dans nous tous ces obstacles : c'est-à-dire parce qu'un des effets de sa puissance est de corriger tous les défauts de nos esprits, et qu'ayant lui-même formé tous les esprits, il sait leur donner le tempérament qu'il lui plaît. Ainsi, de grossiers qu'ils étaient, il les rend, quand il veut agir en eux, spirituels et intelligents; et, de rebelles à la vérité, souples et humbles pour lui obéir. Les autres maîtres cherchent des disciples, et qui par eux-mêmes aient déjà des dispositions pour entendre les vérités qu'on se propose de leur enseigner. Mais l'Esprit de Dieu n'a pas besoin de ce choix : toutes sortes de disciples, indociles, pesants, incrédules, opiniâtres, prévenus, lui peuvent convenir, dit saint Chrysostome, parce qu'il sait faire de tous autant de sujets propres à être instruits, et c'est la merveille que les prophètes nous ont distinctement marquée (…)

Enfin, c'est l'ouvrage de l'homme d'enseigner la vérité d'une manière bornée et limitée ; je veux dire, de l'enseigner à force de leçons et de préceptes, et de la faire entrer dans les esprits jusqu'à un certain point de persuasion et de conviction. (…)

(…) Mais enseigner dans un instant les vérités les plus profondes et les plus incompréhensibles de la religion; mais les enseigner sans qu'il en coûte, pour les apprendre, ni étude ni travail ; mais les enseigner et les persuader jusqu'à déterminer les hommes à mourir et à se sacrifier pour elle, c'est les enseigner en Dieu, et d'une manière qui justifie parfaitement l'efficace et l'opération de l'Esprit de Dieu. Or voilà, mes chers auditeurs, ce qui s'est accompli à la lettre dans la personne des apôtres, et ce que je remarque comme un des plus grands miracles qui jamais aient paru sous le ciel, comme le miracle qui a le plus contribué à l'établissement de notre foi, et dont nous devons pour cela conserver un éternel souvenir.

(…) vous le savez, Jésus-Christ, tout Dieu qu'il était, n'avait pas suffi, ce semble, pour leur faire entendre cette doctrine céleste qu'il était venu établir sur la terre. Quelque soin qu'il eût pris de leur en donner une intelligence parfaite, après trois années d'instruction, tout ce qui regardait sa divine personne leur était encore caché; son humilité les choquait, sa croix était pour eux un scandale, ils ne concevaient rien à ses promesses : au lieu de la vraie rédemption qu'ils devaient attendre de lui, ils s'en figuraient une chimérique, c'est-à-dire une rédemption temporelle, dont la vaine espérance les séduisait : et quand ce Dieu-Homme leur parlait de la nécessité des souffrances, des avantages de la pauvreté, du bonheur des persécutions, de l'obligation de pardonner les injures jusqu'à aimer ses ennemis, c'étaient, dit l'Ecriture, autant d'énigmes où ils ne comprenaient rien (…) pourquoi ? parce qu'ils n'avaient pas encore reçu l'Esprit de Dieu, et que toutes ces vérités étaient de celles que le seul Esprit de Dieu peut enseigner. Mais dans l'instant même que le Saint-Esprit leur est donné, ces vérités, qui leur avaient paru si incroyables, se développent à eux : ils en comprennent le secret, ils en découvrent les principes, ils en voient clairement les conséquences. Renoncer à soi-même et porter sa croix, ce n'est plus dans leur idée une folie, puisqu'ils font consister en cela toute leur sagesse. Aimer ses ennemis et pardonner les injures les plus atroces, ce n'est plus, dans leur estime, ni faiblesse, ni bassesse, puisque c'est par là qu'ils mesurent la grandeur et la force de l'esprit chrétien. Ils ne comptent plus pour un bien les richesses de la terre, puisqu'ils se font une béatitude d'être pauvres et de manquer de tout. Ils ne regardent plus la persécution comme un mal, puisqu'ils triomphent de joie d'en avoir été trouvés dignes (…)

(…) Mais encore quels hommes pensez-vous qu'étaient les apôtres avant que le Saint-Esprit vint leur enseigner ces vérités ? Ah ! Chrétiens, quelle merveille ! des hommes remplis de défauts ; des hommes, selon le reproche de Jésus-Christ, insensés et lents à croire; des hommes charnels, et ne voulant juger des choses de Dieu que par les sens ; des hommes intéressés, qui ne reconnaissaient pour vérité que ce qui était conforme à leurs désirs ; des hommes que le Sauveur lui-même avait eu peine à supporter, et à qui, dans le mouvement de son indignation, il avait dit : O race incrédule, jusqu’à quand serais-je avec vous ? Jusqu’à quand vous supporterai-je ? Car c'est ainsi que l'Evangile nous les dépeint, et telle était, même après la résurrection du Fils de Dieu, la disposition où ils se trouvaient encore, puisque Jésus-Christ, en se séparant d'eux et montant au ciel, leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leurs cœurs. Sont-ce là des sujets capables de profiter à l'école du Saint-Esprit, et d'y être admis? Oui, répond saint Chrysostome, ce sont là les sujets que le Saint-Esprit choisit pour en faire ses disciples

(…) Voilà justement le fonds que cherchait l'Esprit de vérité, pour faire éclater sa puissance. De ces incrédules, il fait les appuis de la foi, et de ces ignorants, les docteurs de toutes les nations, afin qu'il n'y ait personne sur la terre qui ne puisse prétendre à la qualité de disciple du Saint-Esprit, et dont le Saint-Esprit ne puisse être le maître : car s'il l'a été des apôtres, de qui ne le sera-t-il pas ?

Au reste, Chrétiens, ne pensez pas que tout ceci ne se soit accompli qu'une fois, ou ne l'ait été que dans la personne de ces premiers disciples. Car saint Luc, en termes exprès, nous assure que le miracle dont je parle se renouvelait tous les jours dans l'Eglise naissante (…)

Or, ce qui arrivait alors avec ces signes éclatants que saint Luc rapporte, c'est, malgré la perversité du siècle, ce qui arrive encore aujourd'hui, quoique d'une manière plus simple, c'est ce que nous avons vu nous-mêmes plus d'une fois : et ce que nous avons admiré, lorsque des esprits libertins et obstinés dans leur libertinage, que des mondains, des impies, des incrédules qui vivaient au milieu de nous, touchés de cet Esprit de vérité, ont renoncé à leur impiété, se sont soumis au joug de la religion, ont commencé à connaître Dieu et à le glorifier.

(…) Mais qu'a fait le démon, ce prince des ténèbres, ennemi des œuvres de Dieu et jaloux de sa gloire ? Pour combattre ce miracle, il s'est efforcé, et il a même trouvé le moyen de pervertir l'univers par un esprit tout contraire à l'Esprit de vérité ; je veux dire par l'esprit du monde, qui, se communiquant et se répandant a défiguré toute la face de la terre, que l'Esprit de Dieu avait saintement et heureusement renouvelée : je m'explique. Car voici, mes chers auditeurs, le désordre de notre siècle, que nous ne pouvons assez déplorer.

Tout l'univers est aujourd'hui rempli de l'esprit du monde, et on peut dire que l'esprit du monde est comme l'esprit dominant qui conduit tout. En effet, c'est l'esprit du monde que l'on consulte dans les affaires, c'est l'esprit du monde qui règne dans les conversations, c'est l'esprit du, monde qui fait les liaisons et les sociétés, c'est l'esprit du monde qui règle les usages et les coutumes. On juge selon l'esprit du monde, on parle selon l'esprit du monde, on agit et on se gouverne selon l'esprit du monde; le dirai-je ? on voudrait même servir Dieu selon l'esprit du monde, et accommoder sa religion à l'esprit du monde. Et parce que cet esprit du monde est un esprit de mensonge, un esprit d'erreur, un esprit d'imposture et d'hypocrisie; par une conséquence nécessaire, et que l'expérience même ne nous fait que trop sentir, de là vient qu'il n'y a rien dans le monde que de faux et d'apparent. Faux plaisirs, faux honneurs, fausses joies, fausses prospérités, fausses promesses, fausses louanges; voilà pour les biens extérieurs : fausses vertus , fausse prudence, fausse modération, fausse justice, fausse générosité, fausse probité; voilà pour les biens de l'esprit : mais ce qui est bien plus indigne, fausses conversions, fausses dévotions, fausses humilités, fausses pénitences, faux zèles pour Dieu, et fausses charités pour le prochain ; voilà pour ce qui regarde le salut. De la vient que les hommes du monde, pleins de cet esprit, semblent n'avoir point d'autre étude que d'imposer aux autres et de se tromper eux-mêmes, que de cacher ce qu'ils sont et de montrer ce qu'ils ne sont pas (…)

(…) par le miracle qu'a opéré dans les apôtres le Saint-Esprit, reconnaissons ce que nous sommes devant Dieu. A en juger par les effets, cet Esprit de vérité, dont je viens de vous faire voir les merveilles et les prodiges, a-t-il été jusqu'à présent un esprit de vérité pour nous ? et s'il ne l'a pas été, à quoi devons-nous l'imputer, sinon à l'endurcissement et à la dépravation de nos cœurs ? Quelque profession que nous fassions, comme chrétiens, d'être les disciples de cet Esprit de vérité, nous a-t-il réellement persuadé les vérités du christianisme? nous les a-t-il fait goûter ? nous a-t-il mis dans la disposition sincère et efficace de les pratiquer ? Nous adorons en spéculation ces vérités, mais y conformons-nous notre conduite? nous en parlons peut-être éloquemment, mais nos mœurs y répondent-elles ? nous en faisons aux autres des leçons, mais en sommes-nous bien convaincus nous-mêmes ? croyons-nous d'une foi bien vive qu'il faut, pour être chrétien, non-seulement porter sa croix, mais s'en faire un sujet de gloire ? qu'il faut, pour suivre Jésus-Christ, renoncer intérieurement, non-seulement à tout, mais à soi-même ? qu'il faut, pour lui appartenir, non-seulement ne pas flatter sa chair, mais la crucifier ; qu'il faut, pour trouver grâce devant Dieu , non-seulement oublier l'injure reçue, mais rendre le bien pour le mal ? Croyons-nous, sans hésiter, tous ces points de la morale évangélique, et pouvons-nous nous rendre témoignage que nous les croyons aussi solidement de cœur, que nous les confessons de bouche (…)

Peut-être, pour excuser l'aveuglement criminel où nous vivons, osons-nous dire que ce sont les lumières du Saint-Esprit qui nous manquent, et rejeter sur lui l'iniquité de nos erreurs. Mais comme Esprit de vérité, il a bien su nous ôter ce vain prétexte, et nous convaincre, par les reproches qu'il nous fait si souvent dans l'Ecriture, que nos erreurs viennent uniquement de nos résistances  à ses  lumières; que si nous sommes toujours aveugles, c'est que toujours incirconcis de cœur, toujours indociles et opiniâtres, nous ne voulons pas l'écouter, et qu'au mépris de ses inspirations, nous ne suivons point d'autre guide que l'esprit séducteur du monde, qui nous corrompt et qui nous perd (…)

Ce n'est donc pas sans raison que le Sauveur du monde, sur le point de monter au ciel, et parlant du Saint-Esprit, qu'il devait envoyer sur la terre, se servit d'une expression bien mystérieuse en apparence, quand il dit à ses disciples que ce divin Esprit leur tiendrait lieu d'un second baptême, et qu'au moment que ces promesses s'accompliraient en eux, ce qui devait arriver peu de jours après, ils seraient baptisés par le Saint-Esprit et par le feu (…)

(…) Mais il est maintenant question d'en bien pénétrer le sens ; et puisque ce baptême du Saint-Esprit a été généralement promis à tous les fidèles

(…) Or qu'est-ce que d'être baptisé dans le Saint-Esprit, une pureté toute céleste et toute divine ? Je sais, Chrétiens, que les apôtres, dès leur vocation à l'apostolat, avaient été baptisés par Jésus-Christ : et je sais que, par la vertu de ce premier baptême, ils étaient déjà purs devant Dieu, selon le témoignage de Jésus-Christ même (…) Mais aussi vous n'ignorez pas que ce premier baptême conféré aux apôtres avait été le baptême de l'eau ; au lieu que le second, dont le Saint-Esprit, par son ineffable mission et par sa présence immédiate, leur imprima le caractère, fut, d'une façon toute particulière, le baptême du feu (…)

Pourquoi ce symbole du feu ? Pour marquer, dit saint Chrysostome, que comme le feu a une vertu infiniment plus agissante, plus pénétrante et plus purifiante que l'eau, aussi, par la venue du Saint-Esprit, les cœurs des hommes devaient être purifiés d'une manière bien plus parfaite qu'ils ne l'avaient été par le premier baptême de Jésus-Christ. Eu effet, après le baptême de Jésus-Christ, les apôtres, tout sanctifiés et tout régénérés qu'ils avaient été par ce sacrement, ne laissaient pas d'être encore très-imparfaits. (…)

(..) Mais à peine ont-ils reçu le Saint-Esprit, qu'ils deviennent des hommes tout spirituels, des hommes détachés du monde, des hommes au-dessus de tout intérêt ; des hommes non-seulement saints, mais d'une sainteté consommée ; des hommes pleins de Dieu et vides d'eux-mêmes ; en un mot, des hommes parfaits et irrépréhensibles. Ils ne sont plus, dit saint Chrysostome, cet or de la terre, grossier et informe, tel que la terre le produit, mais cet or purifié et éprouvé, qui a passé par le feu (…)

(…) Voulez-vous savoir, Chrétiens, jusqu'à quel degré de perfection et de pureté alla ce baptême de feu ? Ne vous scandalisez pas de ce que je vais dire, puisque c'est une vérité des plus constantes de la foi. Peut-être croyez-vous que ce baptême se termina, dans les apôtres, à leur ôter certains restes de leurs premières attaches, ou au monde, ou à eux-mêmes : vous vous trompez ; j'ai quelque chose encore de plus important à vous déclarer : et quoi ? le voici : car la perfection de ce baptême de feu alla jusqu'à purifier leurs cœurs d'un certain genre d'attache qu'ils avaient eue et qu'ils conservaient pour Jésus-Christ. Oui, cette attache trop humaine pour le Sauveur du monde était dans la personne des apôtres un obstacle à la descente du Saint-Esprit; et si Jésus-Christ, pour rompre cette attache, ne s'était séparé d'eux, jamais le Saint-Esprit ne leur eût été donné (…)

(…) Il fallait donc, poursuit saint Augustin, que les apôtres perdissent Jésus-Christ de vue, pour pouvoir être remplis du Saint-Esprit ; et il fallait que le Saint-Esprit, prenant, si j'ose ainsi parler, les intérêts de Jésus-Christ contre Jésus-Christ même, arrachât du cœur des apôtres les sentiments trop naturels qu'ils avaient pour ce Dieu-Homme. Voilà, dis-je, mes chers auditeurs, quelle a été, dans les apôtres, l'excellence de ce baptême de feu, et d'où nous devons conclure quelles en doivent être les obligations par rapport à nous; je veux dire, jusqu'à quel point le Saint-Esprit doit être pour nous un Esprit de pureté et de sainteté.

(…) Faut-il s'étonner si dans l'horreur extrême que Dieu conçut de la corruption des hommes, se repentant d'avoir créé l'homme, il lui ôta son Esprit, et lui fit sentir les effets de sa justice par ce déluge universel, qui fut comme l'expiation , mais l'expiation authentique, des dérèglements de la chair ? Non, non, Chrétiens, il n'y a rien en cela qui me surprenne ; et supposé le principe que je viens d'établir, Dieu, selon les lois ordinaires de sa sagesse, n'en pouvait autrement user. Ce qui m'étonne, c'est qu'on se flatte encore de pouvoir, sans éloigner Dieu de nous, entretenir dans le monde certaines attaches (…)

(…)  Car c'est ainsi, mondains, que vous en jugez; et voilà peut-être la plus dangereuse illusion dont vous ayez à vous parer. Mais vous avez beau vouloir vous tromper vous-mêmes, et chercher des excuses, cet Esprit de Dieu, dont la pénétration est à l'épreuve de tous vos artifices, ou ne demeurera jamais en vous, ou détruira dans vous toutes ces damnables attaches qui vous lient à la créature, et que votre amour-propre tâche de justifier. Si vous étiez de bonne foi, et si vous vouliez, au lieu d'en croire l'esprit du monde, cet esprit de séduction et d'erreur, vous en rapporter à l'Esprit même de sainteté, dont vous devez être, comme chrétiens, les temples vivants; par les vues qu'il vous donnerait, par les remords qu'il exciterait dans vos cœurs, il vous ferait reconnaître l'impossibilité absolue de l'accorder jamais (…)

(…) Mais soit que vous l’écoutiez, ou que vous ne l'écoutiez pas, indépendamment de vous, Dieu en a prononcé l'arrêt qu'il retirerait son Esprit de l'homme qui vit selon la chair. (…)

(…) Quoi donc ! Chrétiens, les apôtres n'ont pu recevoir le Saint-Esprit, tandis qu'il leur restait pour Jésus-Christ une attache un peu trop humaine ; et vous vous croiriez disposés à le recevoir, en laissant former dans vos cœurs des passions vives et ardentes pour de mortelles créatures, en concevant pour elles des sentiments de tendresse, dont la suite immanquable est de n'avoir plus que des sécheresses pour Dieu (…)

(…) Quand tout cela n'irait pas jusqu'à détruire, par une offense grave, votre règne en moi, et qu'absolument une telle attache ne romprait pas encore le lien de la grâce habituelle qui m'unit à vous, le seul respect de votre adorable personne, ô Esprit de mon Dieu, la seule idée que la foi me donne de votre délicatesse sur la préférence infinie qui vous est due, et sur l'amour sans partage que vous exigez comme Dieu ; la seule crainte de vous irriter et de provoquer votre jalousie (car vous êtes le Dieu jaloux), devrait me faire renoncer à tout objet créé : fût-ce mon œil, il faudrait l'arracher, puisque ce serait un sujet de scandale pour moi, et un obstacle à vos grâces les plus intimes et à la participation de vos plus exquises faveurs. (…)

Que devons-nous donc faire pour accomplir ces obligations importantes, et à quoi, dans la pratique, doit se réduire ce mystérieux baptême ? Le voici. Pour répondre au dessein de Dieu, notre soin continuel doit être de corriger et de retrancher tout ce qu'il y a d'humain dans nos pensées, dans nos désirs, dans nos paroles et dans nos actions (…)

L'Esprit de Dieu ne demeurera point en nous, tandis que nous serons charnels; mais il se répandra sur nous, afin que nous cessions d'être charnels : et voilà le miracle que nous devons lui demander; miracle plus grand que celui de la création du monde ; ou plutôt qui, dans l’ordre de la grâce, est une espèce de création plus miraculeuse que celle du monde. Mais il faut pour cela, Seigneur, la toute-puissance de votre grâce. Quand vous créâtes le monde, vous travailliez sur le néant, et ce néant ne vous résistait pas ; ici c'est le néant du péché, qui, tout néant qu'il est, s'oppose à vous, et s'élève contre vous. Envoyez-nous donc votre Esprit dans toute sa plénitude ; et par là, Seigneur, créez dans nous des cœurs purs, des cœurs chastes, des cœurs soumis à votre loi

(..) C'est un caractère qui ne peut convenir qu'au Saint-Esprit, et qui le distingue essentiellement comme Saint-Esprit, de posséder en soi l'Etre divin, sans pouvoir le communiquer à nulle autre personne divine ; d'être produit par le Père et par le Fils, et de ne pouvoir être le principe d'aucune autre semblable production ; en un mot, d'être, tout Dieu qu'il est, stérile dans l'adorable Trinité, parce qu'il est le terme de la Trinité même. Stérilité, disent les théologiens, qui, bien loin d'être défectueuse, marque et suppose en lui la plénitude de toute perfection. Mais autant que la foi nous représente le Saint-Esprit stérile dans lui-même, et par rapport aux deux autres personnes dont il procède, autant nous le fait-elle concevoir agissant, fécond et plein d'efficace et de vertu, hors de lui-même, et dans les sujets à qui il fait part de ses dons. Car, selon l’Ecriture, c'est le Saint-Esprit qui est en nous le principe immédiat et substantiel de toutes les opérations de la grâce : c'est par le Saint-Esprit que nous sommes régénérés dans le baptême (…)

(…) c'est par le Saint-Esprit que nous prions, ou plutôt, c'est lui-même qui prie en nous avec des gémissements ineffables (…)

(…) c'est par le Saint-Esprit que la charité s'est répandue dans nos cœurs : et comme, en qualité de Saint-Esprit, il est en lui-même la charité subsistante, par qui le Père et le Fils s'aiment d'un amour mutuel et éternel ; aussi, disent les Pères, est-il, dans le fond de nos âmes, la charité radicale par où nous aimons Dieu, et d'où procèdent tous les saints désirs que nous formons pour Dieu (..)

Or, si jamais cette propriété de l'Esprit de Dieu nous a été sensiblement révélée, c'est encore dans le glorieux mystère de ce jour, où nous voyons des hommes, j'entends les apôtres, auparavant faibles, lâches, timides, embrasés tout à coup, par la vertu de cet Esprit divin, d'un zèle fervent, d'un zèle (ne perdez pas, s'il vous plaît, ceci) qui les fait parler d'abord et se déclarer, d'un zèle qui les détermine à tout entreprendre, d'un zèle qui les rend capables de tout souffrir pour le nom de Jésus-Christ : trois dispositions que le Saint-Esprit opère en eux par sa présence, et qui montrent bien qu'il est souverainement et par excellence l'Esprit de force, ou, pour mieux dire, la force même. (…)

(…) Ce sont de pauvres pêcheurs, des hommes sans talent, sans crédit, sans nom, des hommes que l'on regarde comme le rebut du monde (…) mais qui, possédés de cet Esprit, se proposent de changer et de réformer le monde. (…)

(…) croire qu'on a reçu l'Esprit de Dieu, et n'oser se déclarer pour Dieu, et se taire quand il faudrait parler, et demeurer oisif quand il faudrait agir, et craindre de s'exposer ou de se commettre quand il faudrait se sacrifier; croire qu'on a reçu l'Esprit de Dieu, et ne rien faire pour Dieu, et être languissant dans le service de Dieu, et n'avoir nul zèle pour les intérêts de Dieu, et ne rien entreprendre pour la gloire de Dieu ; croire qu'on a reçu l'Esprit de Dieu, et ne se résoudre jamais à rien endurer pour Dieu, et trouver pour Dieu tout difficile et tout impossible, et ne vouloir pour Dieu ni se mortifier, ni se vaincre, ni se contraindre, ce serait une erreur grossière. Non, Chrétiens, ne nous aveuglons pas jusques à ce point. Le Saint-Esprit est essentiellement ferveur et amour. Or l'amour, dit saint Grégoire, pape, opère de grandes choses partout où il est; et s'il n'opère rien, ce n'est plus amour (…)

Faisons-nous donc autant qu'il nous convient, une sainte pratique de tout ce que pratiquèrent les apôtres. Si nous avons reçu le don de Dieu et le Saint-Esprit comme eux, commençons à parler comme eux, à agir comme eux; et quand la Providence l’ordonnera, soyons prêts à souffrir comme eux. En vrais disciples du Sauveur, pleins de son Esprit, confessons hautement son nom, ne rougissons point de son Evangile, rendons-lui dans le monde des témoignages dignes de notre foi ; expliquons-nous dans les occasions ; n'ayons point, quand il est question de la cause de Dieu, de lâches complaisances pour les hommes ; ne donnons point cet avantage à l'impiété, qu'elle nous rende timides et muets ; mais confondons-la par une sainte, quoique modeste, liberté. On dira que nous sommes imprudents; on a bien tenu des apôtres d'autres discours et plus injurieux, sans que leur zèle en ait été refroidi. Ne nous contentons pas de parler ; travaillons pour Dieu avec courage ; intéressons-nous dans tout ce qui regarde son culte, sa religion, sa loi, son Eglise. Dans l'étendue de notre pouvoir, à proportion de nos talents, formons pour lui des desseins et des entreprises. Ne nous rebutons point des obstacles qu'il y aura à surmonter : l'Esprit de Dieu nous donnera des forces, et il nous fera vaincre le monde. Nous aurons des contradictions à essuyer, il faudra livrer des combats, peut-être nous en coûtera-t-il des persécutions : eh bien ! nous nous ferons de tout cela, comme les apôtres, une consolation et un mérite. A quoi connaîtra-t-on que nous avons reçu le Saint-Esprit, si ce n'est par notre constance à soutenir ces sortes d'épreuves ?


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Roger Boivin
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