LES INDULGENCES.

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Message  Roger Boivin Lun 30 Déc 2013, 12:04 am



INDULGENCES


Il est certains points de la doctrine catholique qui sont trop peu compris, ou très grossièrement présentés par ses adversaires ; dans le nombre, on peut ranger ce qui a trait aux indulgences.

Il faut attribuer les erreurs du peuple sur les indulgences, au changement qu'a subi graduellement la signification de ce mot. Le mot indulgence, à l'origine, signifiait faveur, rémission, pardon. Aujourd'hui, on l'entend communément dans le sens de liberté injuste, même de complète licence accordée aux passions. Par suite, dès que plusieurs personnes ignorantes ou imbues de préjugés parlent de l’Église qui accorde des indulgences, l'idée de licence et de péché se présente aussitôt à leur esprit.

Une indulgence n'est autre chose que la rémission en tout ou en partie, grâce aux mérites surabondants de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de ses saints, de la peine temporelle due au péché, après que la faute et la peine éternelle ont été remises.

Il est bon de savoir que, même après la rémission de la faute, il reste bien souvent une partie de la peine temporelle à expier soit en cette vie soit en l'autre, comme gage de réparation envers la sainteté et envers la justice divines.

L’Écriture sainte nous fournit plusieurs exemples de cette vérité. Le péché que Marie, soeur de Moïse, avait commis en murmurant contre son frère, lui avait été pardonné ; Dieu néanmoins lui infligea la peine de la lèpre, et sept jours de séparation d'avec le peuple (1).

Le prophète Nathan annonça à David que ses crimes étaient pardonnes, mais qu'il souffrirait bien d'autres châtiments sous la main de Dieu (2).

Que Notre-Seigneur ait accordé à son Église le pouvoir de donner des indulgences, on le déduit clairement du texte sacré. Il dit au prince des apôtres : « Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel » (3). Il fait aux apôtres réunis la même solennelle déclaration (4). Par ces paroles, notre Sauveur a donné à son Église le pouvoir de délivrer ses enfants (s'ils sont bien préparés), de tous les obstacles qui peuvent retarder leur entrée au ciel. Il en est deux qui éloignent l'homme du royaume céleste - le péché et même la peine temporelle qu'il mérite. L’Église ayant le pouvoir de faire disparaître le principal obstacle qui est le péché, a pareillement le pouvoir d'éloigner les moindres qui sont les peines temporelles infligées comme châtiment.

Le droit d'accorder des indulgences a été mis en pratique par les chefs de l’Église dès le commencement de son existence.

Saint Paul l'exerça en faveur de l'incestueux de Gorinthe, qu'il avait condamné à une sévère pénitence proportionnée à sa faute « afin que son âme fût sauvée au jour du Seigneur » (5). Pour ce qui est de celui qui a commis ce crime, c'est assez pour lui qu'il ait subi la correction et la peine qui lui ont été imposées par votre assemblée, vous devez le traiter maintenant avec indulgence et le consoler, de peur qu'il soit accablé par un excès de tristesse... C'est pour cela que je vous écris, afin de vous éprouver et de reconnaître si vous êtes obéissants en toutes choses. Car ce que vous donnez à quelqu'un par miséricorde, je l'accorde aussi : et si j'use moi-même d'indulgence à l'égard de ce pécheur, je l'emploie à cause de vous, et je le rétablis au nom et en la personne de Jésus-Christ, afin que Satan n'emporte rien sur nous ; car nous n'ignorons pas ses pensées et ses artifices (6).

Nous avons ici tous les éléments qui constituent une indulgence :1° La pénitence, ou peine temporelle proportionnée au péché et à sa gravité - qu'on impose au transgresseur. 2° Le pénitent qui est vraiment contrit de son crime. 3° Le motif qui détermine l'Apôtre à remettre la peine due au péché. 4° Nous voyons enfin la rémission de la peine ratifiée par Jésus-Christ, au nom de qui l'Apôtre l'accorde.

Nous trouvons tous les évêques de l’Église exerçant après l'Apôtre le même pouvoir. Personne ne leur conteste le droit, qu'ils s'attribuaient dans les premiers âges, d'infliger des peines canoniques contre les grands criminels qui étaient soumis à de longs jeûnes, à de sévères abstinences ou à d'autres mortifications, pour une période allant depuis quelques jours jusqu'à six années, et même jusqu'à la fin de la vie, selon la gravité de l'offense. Ces peines furent, dans plusieurs circonstances, adoucies ou annulées par l’Église, selon qu'elle le jugeait plus ou moins à propos. Une société, en effet, qui peut infliger des peines, peut aussi les remettre. Notre-Seigneur n'a pas seulement donné à son Église le pouvoir de lier, mais de délier. L’Église exerça souvent ce pouvoir discrétionnaire à la prière de ceux qui étaient condamnés au martyre, quand les pénitents eux-mêmes donnaient des marques éclatantes d'une vive douleur, comme nous l'apprenons par les écrits de Tertullien et de saint Gyprien.

Le concile général de Nicée et d'autres synodes autorisent les évêques à adoucir, ou même à remettre totalement les pénitences publiques, toutes les fois qu'ils auront jugé que le pénitent a donné des marques extraordinaires de repentir. En relâchant les pénitences canoniques, ou en leur substituant une plus douce satisfaction, les évêques accordaient ce que nous appelons une indulgence. Cette sentence de rémission de la part des évêques était valide non seulement en face de l'Église, mais encore devant Dieu. Quoique l’Église n'impose plus des pénitences canoniques aussi longues. Dieu n'a jamais cessé d'infliger des peines temporelles pour le péché. Aussi l'indulgence continue-t-elle à être nécessaire, sinon pour se substituer aux peines canoniques, au moins comme un paiement adouci et plein de miséricorde de la dette temporelle due au péché.

L'indulgence est appelée plénière ou partielle selon qu'elle remet la totalité ou une partie seulement de la peine temporelle due au péché. Une indulgence, par exemple, de quarante jours, remet devant Dieu la portion de la peine temporelle qui aurait été expiée dans la primitive Église par une pénitence canonique de quarante jours.

Bien que le nom seul d'indulgence répugne aujourd'hui si fort à nos frères séparés, il fut un temps où l’Église protestante elle-même faisait profession d'en accorder. Dans les canons de l’Église d'Angleterre, il est fait mention des indulgences et de l'usage auquel doit servir l'argent qu'on en retire (7).

Par ce qui précède, vous pouvez voir vous-mêmes comment doivent être jugés ceux qui soutiennent que l'indulgence est la rémission des péchés passés, ou la licence de commettre le péché ; licence accordée par le pape en vue des offrandes qui lui sont faites par les fidèles. Il est inutile d'affirmer que l'indulgence n'est ni l'une ni l'autre. Ce n'est pas la rémission du péché, puisque personne ne peut gagner l'indulgence avant d'en avoir été purifié. C'est encore bien moins la licence de le commettre ; car tout enfant catholique sait que ni le prêtre, ni l'évêque, ni le pape, ni Dieu lui-même, - que ceci soit dit en toute soumission et en tout respect - ne peuvent permettre la faute la plus légère.

Les indulgences ne sont-elles pas en désaccord avec l'esprit de l’Évangile, puisqu'elles semblent être une douce et faible substitution pour les aumônes, les jeûnes, les abstinences et autres austérités que Jésus-Christ a prescrits et pratiqués, et que la primitive Église a mis en vigueur ?

L’Église ne dispense jamais ses enfants de l'obligation de faire des œuvres de pénitence, comme ne l'ignore pas celui qui connaît son histoire.

On ne saurait nier que les pratiques de mortifications ne soient plus fréquentes parmi les catholiques que parmi les protestants. Où trouvez-vous le précepte du jeûne inculqué, si ce n'est dans l’Évangile catholique ? Personne n'ignore que ceux des catholiques qui mettent à profit les faveurs des indulgences, sont habituellement ses enfants les plus pratiquants, les plus édifiants et les plus fervents. Leurs fruits spirituels, loin d'être retardés, sont vivifiés par le secours des indulgences, qui sont ordinairement accompagnées d'actes de contrition, de dévotion, de renoncement à soi-même, et de la réception des sacrements.

En résumé, quels que soient nos efforts, nous ne parviendrons jamais à satisfaire nos adversaires. Si nous jeûnons et si nous faisons l'aumône ; si nous crucifions notre chair, si nous entreprenons des pèlerinages, et si nous accomplissons d'autres œuvres de pénitence, on nous accuse de nous attacher aux haillons des œuvres mortes, au lieu (de nous fixer en Jésus) par la foi ? Si, d'autre part, nous enrichissons nos âmes des trésors des indulgences, on nous accuse de faire fonds sur des mérites étrangers et de trop diminuer le fardeau salutaire de la croix. Pourquoi les protestants persistent-ils à faire un crime à l'Église de mitiger les austérités de la pénitence, puisque leur principe fondamental repose sur la foi seule sans les bonnes œuvres ?

Les indulgences n'ont-elles pas été la source de nombreux abus, à des époques diverses, particulièrement au seizième siècle ?

Je ne puis nier qu'on n'ait abusé des indulgences, mais parfois n'abuse-t-on pas des choses les plus sacrées jusqu'à les pervertir? C'est ici le lieu de rapporter brièvement la bulle du pape Léon X publiant les indulgences qui fournirent à Luther un prétexte pour son apostasie. Léon avait résolu de terminer la magnifique église de Saint-Pierre, commencée par son prédécesseur Jules II et, dans cette fin, il lança une bulle promulguant une indulgence pour tous ceux qui voudraient contribuer par une offrande volontaire à l'érection de cette grande basilique. Ceux qui n'y prenaient aucune part pouvaient puiser aux trésors do l’Église, pourvu qu'ils remplissent les conditions requises pour gagner l'indulgence. La bulle du pape prescrivait comme conditions indispensables de se repentir et de confesser ses péchés. D'Aubigné admet cette vérité en hésitant, quand il fait remarquer « que dans la bulle du pape on a dit quelque chose du repentir du cœur et de la confession des péchés » (8 ). Ceux qui s'appliquaient l'indulgence savaient fort bien que leur offrande, pour si magnifique qu'elle fût, ne leur servirait de rien sans la vraie contrition du cœur.

Par conséquent ni le trafic, ni la vente des indulgences n'étaient autorisés par le chef de l’Église, puisque les offrandes, c'était ainsi compris, devaient être volontaires. Et afin de prévenir tout amour sordide du gain dans ceux qui avaient reçu l'ordre de prêcher les indulgences, « la main qui les accordait, comme le témoigne d'Aubigné, ne pouvait recevoir l'argent sous les peines les plus sévères » (9).

En quoi la conduite du pape était-elle donc répréhensible ? Ce n'est pas sans doute pour avoir sollicité les dons des fidèles dans l'intention d'ériger un temple qui est encore debout aujourd'hui, et qui demeure sans rival pour la magnificence et la beauté !

« Aucun des vieux temples et des nouveaux autels ne saurait vous être comparé, vous restez sans égal dans votre majesté solitaire, vous êtes le plus digne de la sainteté de ce Dieu véritable. Depuis la désolation de Sion et à partir du moment où Dieu a abandonné son ancienne cité, parmi les édifices terrestres construits en son honneur, pourrait-on en trouver d'un aspect plus sublime ? La majesté, la puissance, la force, la beauté se rencontrent à la fois sous ces arches éternelles élevées à un culte sans tache » (10).

Si, dans l'ancienne loi, l'on a justifié Moïse d'avoir fait appel aux offrandes des Hébreux pour orner le tabernacle, pourquoi ne justifierait-on pas, au même titre, le pape d'avoir sollicité la générosité du peuple chrétien, au milieu duquel il exerce la suprême autorité, comme Moïse au milieu des Israélites ?

Le pape n'a pas outrepassé son pouvoir légitime en promettant aux pieux donateurs des faveurs spirituelles en échange de leurs offrandes. Car si nos péchés peuvent être rachetés par l'aumône faite au pauvre (11), comme nous le dit l’Écriture, pourquoi ne le seraient-ils pas par des donations faites pour un motif de religion ? Quand les ministres protestants font un appel à leurs fidèles pour eux et pour leurs enfants, ou pour l'entretien du temple, ils ne manquent pas d'assurer à leurs auditeurs des grâces spirituelles en récompense de leurs dons. Il n'y a pas longtemps qu'un ecclésiastique de l’Église méthodiste de New-York a adressé ces paroles à Cornélius Vanderbilt, le millionnaire qui avait doté un collège méthodiste : « Cornélius, votre prière est entendue, et vos aumônes sont rappelées devant Dieu » (12). Le ministre est plus libéral que le pape même à qui les clefs du ciel ont été données, car le ministre déclare Cornélius absous sans la confession et la contrition préalables, lorsque, même d'après d'Aubigné, l'inflexible pape insistait sur la nécessité « du repentir du cœur et de la confession des lèvres, » avant que l'offrande du donateur put lui être utile pour le salut.

Jean Tetzel, dominicain qui avait été désigné comme prédicateur principal pour publier les indulgences en Allemagne, fut accusé par Luther d'excéder ses pouvoirs en les faisant servir à ses intérêts privés. La conduite de Tetzel fut désapprouvée et condamnée par le représentant du saint-siège. Le concile de Trente, qui se tint quelque temps après, prit des mesures efficaces pour mettre un terme aux irrégularités concernant les indulgences et porta le décret suivant :

« Désirant corriger et amender les abus qui s'y sont glissés, à l'occasion desquels ce nom insigne d'indulgence est blasphémé par les hérétiques, le saint synode prescrit en général, par le présent décret, que tout mauvais trafic pour les obtenir, ce qui a été la source d'un grand nombre d'abus dans le peuple chrétien, soit désormais aboli » (13).

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(1). Nombres, XII.
(2). II Rois, XII.
(3). S. Matth., XVI, 19.
(4). Ibid., XVIII, 18.
(5).  I Corint., V, 5.
(6). 1 Corint., II, 6, 10.
(7).  Articuli pro clero. A. D. 1584, Sparow. J'admets cependant que les canons protestants n'ont qu'une autorité fugitive et éphémère, même parmi eux, et que les canons doivent s'adapter à l'esprit du temps, et non le temps aux canons. J'ose même dire que plusieurs théologiens protestants connaissent les canons dont je viens de parler. Mais beaucoup ont une faculté complaisante pour oublier les traditions désagréables.
(8 ). Volume 1, p. 214.
(9).   Ibid.
(10).  Byrou.
(11). Daniel, IV, 2i.
(12). Actes, X, 31.
(13). Session XXV, dec. de indulgentiis.

LA FOI DE NOS PÈRES : https://archive.org/stream/lafoidenospres00gibb#page/376/mode/2up

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Message  Roger Boivin Lun 30 Déc 2013, 8:37 am


Prière pour gagner les Indulgences.

Seigneur mon Dieu, je vous supplie de m'accorder,
en considération des mérites de Notre-Seigneur Jésus-Christ,
toutes les indulgences attachées aux prières et aux actions que je vais faire aujourd'hui ;
je désir entrer dans les intentions requises pour gagner ces indulgences,
afin de satisfaire à la Justice divine,
et de soulager les âmes du Purgatoire.

Ainsi-soit-il.
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