Le Saint Concile de Trente

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Message  Louis Jeu 26 Déc 2013, 4:58 am


Négociations du nouveau Pape pour la reprise du concile de Trente.

Le bien le plus considérable qu'il fit fut l'heureuse conclusion du concile de Trente. Pie IV, à peine sur le trône pontifical, reprit les négociations pour le rétablissement de cette sainte assemblée dans la ville où elle avait commencé. Ces négociations ne souffrirent pas grandes difficultés de la part des princes catholiques ; seulement l'empereur et le roi de France désiraient qu'on se relâchât en quelque chose de l'ancienne forme des conciles pour se rapprocher un peu plus des idées des protestants ; ils espéraient que par là on ramènerait plus facilement les hérétiques.

On évita donc le terme de continuation; mais on usa de termes équivalents, en disant qu'il s'était fait plusieurs décrets à Trente, d'abord sous Paul III, puis dans le rétablissement de ce concile sous Jules III, et qu'ensuite était arrivée une suspension qu'on levait enfin. C'était déclarer formellement qu'on attribuait aux décrets déjà portés toute la force et la vigueur que pouvaient avoir ceux d'un concile toujours subsistant depuis sa première ouverture. Cependant le roi d'Espagne incidenta longtemps sur cet énoncé et représenta comme un déguisement pernicieux ce qui n'était qu'un ménagement sage et dans le fond sans conséquence. Enfin tous les catholiques s'accordèrent pour remettre le concile à Trente. La bulle d'indiction fut publiée le 29 novembre 1560; elle portait qu'on reprendrait le concile à Pâques prochain, toute suspension levée.

Le Pape fit partir des nonces pour la porter aux princes catholiques et aux princes hérétiques; ils essuyèrent de grandes difficultés et même des avanies de la part de quelques protestants. On écrivit depuis aux patriarches d'Orient, de Moscovie, et jusqu'aux chrétiens d'Éthiopie, pour les inviter au concile. En un mot on ne négligea rien pour rendre l'assemblée aussi nombreuse que possible. Pie IV, sur les instances de son neveu, saint Charles Borromée, avait déjà nommé deux légats pour présider en son nom au concile œcuménique, savoir : les cardinaux de Mantoue, Hercule de Gonzague et Jacques du Puy, auxquels il associa bientôt Séripand, Napolitain, général des Augustins et archevêque de Salerne; Hosius, Polonais, évêque de Culm et ensuite de Warmie, et Simonette, Milanais, évêque de Pésaro, dans le duché d'Urbin, lesquels trois il venait de décorer de la pourpre romaine. Quand le temps approcha d'ouvrir le concile, comme le dépérissement de la santé du cardinal du Puy faisait qu'il ne put pas s'y rendre, le Pape nomma pour sixième légat son neveu, le cardinal Marc Sitique d'Altemps, évêque de Constance. Celui-ci n'avait ni l'expérience ni la capacité de ses collègues ; mais, outre sa qualité de cardinal neveu, par sa naissance, qu'il tirait d'une des meilleures maisons de l'empire, il avait beaucoup d'avantages pour traiter avec les Allemands.

Comme Pie IV était avancé en âge et encore plus infirme, il publia dans un consistoire, à l'exemple de ce qui s'était fait en pareille rencontre, un décret portant que, si le Saint-Siège venait à vaquer pendant la tenue du concile, l'élection du souverain Pontife serait dévolue au sacré collège et non pas à l'assemblée des Pères. Il ajouta deux autres décrets, dont l'un déclarait qu'il n'est pas permis au Pape de se choisir un successeur ni un coadjuteur pour lui succéder, quand bien même tous les cardinaux y consentiraient ; l'autre, tout relatif au concile, portait que le droit de suffrage ne serait accordé qu'aux évêques qui s'y trouveraient en personne. Paul III avait usé de la même précaution. Ce décret fut cause qu'on ne vit point d'évêques polonais au concile ; il n'en vint que deux qui se retirèrent, voyant qu'on ne leur permettrait pas de donner autant de voix qu'ils avaient de procurations de leurs confrères, comme ils s'en étaient flattés.

Le 18 janvier 1562 tous les prélats, qui étaient au nombre de cent douze…

A suivre : Dix-septième et dix-huitième sessions.


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Message  Louis Jeu 26 Déc 2013, 12:33 pm

Dix-septième et dix-huitième sessions.

Le 18 janvier 1562 tous les prélats, qui étaient au nombre de cent douze, et tous ceux qui avaient le droit d'assister au concile s'assemblèrent dans l'église de Saint-Pierre, d'où ils allèrent processionnellement à la cathédrale. Le cardinal de Mantoue y chanta la messe du Saint-Esprit, et le cardinal de Reggio, en Calabre, y prêcha sur l'autorité de l'Église et l'obligation d'imiter les apôtres. Après qu'on eut chanté le Veni, Creator, et fait les autres prières, Ange Massarel, évêque de Télèze, dans l'Abruzze, et secrétaire du concile, lut la bulle de convocation, et l'archevêque de Reggio un décret pour la continuation du concile, que tous les Pères approuvèrent, excepté quatre évêques espagnols, qui s'opposèrent fortement à ces mots : les légats présidant et proposant ; mais la clause passa malgré leur opposition. On lut ensuite un second décret pour fixer la session suivante au 26 février, et un troisième pour régler le rang que les primats auraient dans le concile.

Après cette dix-septième session le premier légat indiqua une congrégation générale pour le 27 janvier, dans son palais, afin de délibérer sur les matières qu'on devait définir. Les disputes sur la préséance entre les ambassadeurs qui arrivèrent dans cet intervalle, les anciennes difficultés sur le titre du concile renouvelées par les Espagnols, et la délicatesse de l'affaire des livres défendus, proposée, ainsi que le sauf-conduit des protestants, pour objet de cette session, toutes ces discussions remplirent les congrégations préliminaires qu'on tint, selon la coutume, pour la rendre tranquille.

On ouvrit donc, le 26 février, la dix-huitième session…

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Message  Louis Ven 27 Déc 2013, 5:48 am

Dix-septième et dix-huitième sessions.

(suite)

On ouvrit donc, le 26 février, la dix-huitième session, qui était la seconde sous Pie IV. Les Pères s'assemblèrent dès le matin dans la grande église ; Antoine Élius, patriarche de Jérusalem, célébra la messe, et le sermon fut prononcé en latin par l'archevêque de Patras, nommé à l'archevêché de Corfou. Il s'étendit sur les efforts que faisaient les hérétiques pour accréditer et augmenter leur secte ; il exhorta les Pères à s'y opposer. Après les prières accoutumées on lut les lettres de créance et les pouvoirs des ambassadeurs ; on fit aussi lecture de différentes lettres du Pape qui laissaient au concile le soin de dresser le catalogue des livres défendus, et d'un bref qui réglait le rang des évêques suivant leur ordination, sans avoir égard aux privilèges des primats. Le patriarche de Jérusalem lut ensuite un décret touchant l'examen des livres qui devaient être prohibés. On y décida aussi qu'on pourrait accorder, dans une congrégation générale, un sauf-conduit aux protestants, et qu'il aurait la même force que s'il avait été donné dans une session solennelle et publique. Enfin on lut le décret qui indiquait la session suivante au 14 mai, jour de l'octave de l'Ascension. Ces deux décrets furent approuvés de tous les Pères, à l'exception de l'archevêque de Grenade, qui renouvela la dispute sur le titre du concile, voulant qu'on y ajoutât ces mots : Représentant l'Église universelle.

Aussitôt après la session les légats chargèrent quatre évêques de dresser le sauf-conduit, et ils en accordèrent un conçu dans les mêmes termes et tel absolument qu'il avait été dressé autrefois dans la quinzième session, sous Jules III, c'est-à-dire sans aucune restriction et sans ombre d'équivoque. Mais, comme il n'avait été fait alors que pour les Allemands, on l'étendit en général à toutes les nations et sans les nommer en particulier, pour ne pas paraître les taxer d'hérésie. Le cardinal Séripand fut ensuite chargé de travailler à la réformation, avec plusieurs évêques des plus vertueux et des plus zélés. Le cardinal Simonette, comme très-habile dans le droit canonique, eut ordre de rédiger les matières. Séripand proposa de commencer d'abord par ce qui concernait la cour de Rome, afin d'établir la réformation sur un fondement solide et d'arrêter les langues médisantes qui reprochaient si souvent au clergé ses désordres et ses dérèglements.

Cet avis fut fortement appuyé par le célèbre dom Barthélémy des Martyrs, archevêque de Bretagne ; d'autres Pères, sans être opposés à la réformation du clergé et de la cour de Rome, voulaient avec raison qu'on attendît, pour traiter ce point si important, qu'il y eût à Trente un plus grand nombre d'évêques et qu'il en fût arrivé au moins de la France et de l'Allemagne. Parmi les prélats…

A suivre : Insistance de l’archevêque de Bragues pour la réformation des cardinaux.

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Message  Louis Ven 27 Déc 2013, 12:22 pm

Insistance de l’archevêque de Bragues pour la réformation des cardinaux.
…Parmi les prélats qui entendirent fort diversement le discours de l'archevêque de Brague, quelques-uns avaient dit que le respect ne leur permettait pas de croire que les révérendissimes et illustrissimes cardinaux eussent besoin d'être réformés. « Et moi, reprit l'archevêque, je crois que les très-illustres cardinaux ont besoin d'une très-illustre réforme ; car il me semble que la vénération dont je les honore serait plus humaine que divine, et plus apparente que véritable, si je ne souhaitais que leur conduite et leur réputation fussent aussi inviolables que leur dignité est éminente. Comme ils sont des fontaines dont les autres doivent boire, ils doivent d'autant plus prendre garde qu'il n'en sorte que des eaux très-pures, et la première chose que je souhaiterais qu'ils daignassent changer est la manière dont ils traitent aujourd'hui les évêques. »

Ce discours de dom Barthélémy des Martyrs, qui n'était pas exempt de quelque amertume, surprit beaucoup de personnes dans l'assemblée; mais on connaissait la profonde piété de l'illustre prélat, et on était persuadé qu'il n'avait ainsi parlé que par zèle pour la gloire de Dieu et l'utilité de l'Église. Les cardinaux eux-mêmes écoutèrent ses remontrances sans témoigner la moindre marque de mécontentement et d'émotion, et lui marquèrent la même estime, la même confiance dans la suite. Son avis, toutefois, ne fut pas suivi, et on commença par les matières qui semblaient le moins prêter aux débats. On discuta avec beaucoup d'exactitude, dans les congrégations suivantes, plusieurs articles importants de réformation, concernant surtout la résidence, la collation des ordres, l'union des bénéfices, l'administration des cures, la visite épiscopale, les bénéfices en commende et les mariages clandestins.

Tout le reste du mois fut employé en cérémonies pour la réception de quelques ambassadeurs. On reprit au commencement d'avril l'examen des articles de la réforme, et dans plusieurs congrégations on agita de nouveau, mais sans rien conclure, la question de savoir si la résidence des évêques était de droit divin. Pendant cette discussion il arrivait toujours à Trente des ambassadeurs et des prélats, et on attendait aussi ceux de France. On avait reçu, quelque temps auparavant, la copie d'une lettre écrite par Charles IX à son ambassadeur à Rome, dans laquelle ce prince marquait, entre autres choses, que son dessein était de remettre au concile la décision de toutes les disputes qui s'étaient élevées dans son royaume au sujet de la religion, ce qui causa une grande joie à tous les Pères 1.

Pour bien sentir les motifs de cette joie il faut se rappeler certains faits..

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1 Dassance, Essai hist. sur le Conc. de Trente.

A suivre : Réception des ambassadeurs. Joie du concile au sujet de la France.

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Message  Louis Sam 28 Déc 2013, 5:41 am

Réception des ambassadeurs. Joie du concile au sujet de la France.

Tout le reste du mois fut employé en cérémonies pour la réception de quelques ambassadeurs. On reprit au commencement d'avril l'examen des articles de la réforme, et dans plusieurs congrégations on agita de nouveau, mais sans rien conclure, la question de savoir si la résidence des évêques était de droit divin. Pendant cette discussion il arrivait toujours à Trente des ambassadeurs et des prélats, et on attendait aussi ceux de France. On avait reçu, quelque temps auparavant, la copie d'une lettre écrite par Charles IX à son ambassadeur à Rome, dans laquelle ce prince marquait, entre autres choses, que son dessein était de remettre au concile la décision de toutes les disputes qui s'étaient élevées dans son royaume au sujet de la religion, ce qui causa une grande joie à tous les Pères 1.

Pour bien sentir les motifs de cette joie il faut se rappeler certains faits. Pendant la seconde période du concile de Trente le roi de France, Henri II, ne permit point aux évêques français d'y assister. Les causes secrètes de cette opposition venaient, les unes du roi, les autres des évêques. Le roi, à l'exemple de son père François Ier, venait de faire alliance avec les Turcs contre les chrétiens et avec les hérétiques d'Allemagne contre les catholiques; pour seconder ses alliés hérétiques contre l'empereur Charles-Quint, il fit à celui-ci la guerre en Italie et accusa officiellement le Pape Jules III de tout le mal, en particulier de ce que les évêques français ne pouvaient aller au concile à cause de ces guerres.

De leur côté les évêques français de cour voulaient bien qu'on réformât les moines, les prêtres, voire même le Pape et les cardinaux ; mais, quand ils surent que le concile s'était permis de prescrire la résidence aux évêques mêmes, ils en furent singulièrement scandalisés et secondèrent par leur rancune l'alliance impie avec les Turcs et les hérétiques pour empêcher la réforme du clergé et du peuple par le Pape et le concile.

Par suite il se forma trois partis en France : les apostats, sous le nom de huguenots; les francs catholiques, ayant pour chefs les princes de Lorraine ; enfin les entre-deux ou les Politiques. Ces derniers proposèrent un concile national qui aboutit au colloque de Poissy entre les huguenots et les catholiques, ce colloque aux conférences de Saint-Denis, et ces conférences à zéro : à zéro pour le bien, mais non pour le mal; car cette dissidence d'avec le concile œcuménique et cette condescendance pour les apostats donnèrent à ceux-ci une consistance et une audace qu'ils n'avaient pas eue jusqu’alors. Si le mal ne devint pas plus grand la France le dut à la prudente intervention du Saint-Siège; par ses remontrances, soit directes, soit indirectes, il empêcha d'abord le concile national; quand le colloque de Poissy dut se tenir, il y envoya un légat avec le Père Laynez, général des Jésuites.

Le colloque s'ouvrit le 31 juillet 1561…

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1 Dassance, Essai hist. sur le Conc. de Trente.

A suivre : Colloque de Poissy. Sage conduite et excellent discours du Jésuite Laynez.

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Message  Louis Sam 28 Déc 2013, 12:23 pm

Colloque de Poissy. Sage conduite et excellent discours du Jésuite Laynez.

Le colloque s'ouvrit le 31 juillet 1561. C'était une imitation des diètes si infructueuses de l'Allemagne, La reine-mère, régente du royaume, y assistait avec le roi mineur, Charles IX. Ce colloque ou concile avorté avait pour président le cardinal de Tournon. Les cardinaux d'Armagnac, de Bourbon, de Lorraine, de Châtillon et de Guise, quarante archevêques et évêques, un grand nombre de docteurs ou de canonistes prenaient part aux discussions. Le cardinal de Châtillon était secrètement apostat. Le chancelier de l'Hôpital portait la parole au nom de la couronne; le roi de Navarre, Antoine de Bourbon, et le prince de Condé, représentaient les huguenots ou Français apostats, que les actes du colloque nomment les dévoyés de l'Église. Les principaux ministres calvinistes étaient le débauché Théodore de Bèze et Pierre Vermigli, dit Martyr, moine apostat de Florence. Le 9 septembre ces prédicants et leurs compagnons furent introduits dans l'assemblée; huit jours après, le légat du Saint-Siège, accompagné de Laynez et de Polanque, admoniteur du général des Jésuites, y prit place.

Dans ce colloque on fit des harangues sur le dogme et sur la réformation. La principale controverse du dogme roula sur la Cène. Bèze avait écrit dans un de ses livres que Jésus-Christ n'était pas plus dans la Cène que dans la boue, non magis in cœna quam in cœno. Le cardinal de Lorraine ayant relevé cette proposition, Bèze lui-même la rejeta comme impie et comme détestée de tout le parti calviniste; puis, au milieu de ce colloque, il avança l'équivalent ; car, étant tombé sur la Cène, il dit, dans la chaleur du discours, que, eu égard au lieu et à la présence de Jésus-Christ considéré selon la nature humaine, son corps était autant éloigné de la Cène que les plus hauts cieux le sont de la terre. A ces mots toute l'assemblée frémit.

On se ressouvint de l'horreur avec laquelle il avait parlé de la proposition qui excluait Jésus-Christ de la Cène comme de la boue; maintenant il y retombait sans que personne l'en pressât, ce qui montre combien il était franc dans sa créance et dans son langage.

Quant à la réformation, l'évêque Montluc de Valence, secrètement huguenot et négociateur de l'alliance avec les Turcs contre les chrétiens, discourut admirablement à son ordinaire contre les abus et sur les obligations des évêques, principalement sur celle de la résidence, qu'il gardait moins que personne. En récompense il ne dit mot de l'exacte observation du célibat, que les Pères nous ont toujours proposé comme le plus bel ornement de l'ordre ecclésiastique; il n'avait pas craint de le violer, malgré les canons, par un mariage ou plutôt un concubinage secret ; et d'ailleurs un historien protestant, l'évêque anglican Burnet, qui en fait un grand homme, convient toutefois qu'il avait certains défauts : c'est de s'être efforcé de corrompre la fille d'un seigneur d'Irlande qui l'avait reçu dans sa maison ; c'est d'avoir eu avec lui une courtisane anglaise qu'il entretenait ; c'est que, cette malheureuse ayant bu sans réflexion le précieux baume dont Soliman avait fait présent à ce prélat, il en fut tellement outré que ses cris réveillèrent tout le monde dans la maison, où l'on fut ainsi témoin de ses emportements et de son incontinence 1.

Tel était un de ces parleurs de réforme en France, un des orateurs de cette antipathie gallicane contre le concile de Trente et le Saint-Siège.

Le cardinal de Lorraine…

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1 Bossuet,  Variat., 1. 7, c.  7; l. 9, c. 99, 95.

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Message  Louis Dim 29 Déc 2013, 6:18 am

Colloque de Poissy.
Sage conduite et excellent discours
du Jésuite Laynez.


(suite)

Le cardinal de Lorraine parla bien et éloquemment ; un homme parla mieux encore, le Jésuite Laynez. Ce moine apostat de Florence, dit Pierre Martyr, ayant adressé un discours italien à la reine-mère, Catherine de Médicis, qui était également de Florence, le général des Jésuites prononça le discours suivant :

« Madame, sans doute il ne convient pas à un étranger de se mêler des affaires publiques d'un pays autre que le sien ; cependant, comme la foi n'est pas de quelques royaumes seulement, mais de tous les temps et de tous les lieux, il ne me paraît pas déplacé d'exposer à Votre Majesté quelques considérations qui s'offrent ici à mon esprit. Je parlerai en général sur ce qui se traite dans cette assemblée, et je répondrai en particulier à quelques objections de frère Pierre Martyr et de son collègue,

« Quant au premier point, si je me rappelle ce que j'ai lu, si je consulte les leçons de l'expérience, il me semble très-dangereux de traiter avec ceux qui sont hors de l'Église. Il ne faudrait pas même les écouter; car, comme dit très-bien le Sage, au livre de l'Ecclésiastique : « L'enchanteur mordu par un serpent et ceux qui s'approchent de trop près des bêtes féroces ont-ils droit à notre compassion 1 ? » Pour nous apprendre à nous garder de ceux qui se sont séparés de l'Église, l'Écriture les traite de serpents, et, sans doute à cause de leurs perfides artifices, elle les appelle loups cachés sous la peau de brebis ; elle les appelle encore renards. Telle a été en effet la conduite ordinaire des hérétiques. Les Pélagiens, par exemple, niaient la nécessité de la grâce de Dieu et reconnaissaient dans la nature des forces qu'elle n'a pas ; mais, pressés par les supérieurs ecclésiastiques, ils avouaient en leur présence que la grâce était nécessaire au salut, ce qui ne les empêchait pas de dire secrètement à leurs disciples que la grâce n'était autre chose que la nature, dont le Seigneur nous avait fait un don purement gratuit. D'autres sectaires niaient la résurrection des corps ; ils prétendaient que c'est l'âme seule qui ressuscite quand elle est justifiée. Étaient-ils interrogés publiquement sur leur croyance touchant la résurrection et plus explicitement sur la résurrection de la chair : ils répondaient d'une manière orthodoxe; mais, en particulier et devant leurs adeptes, ils affirmaient avoir voulu dire seulement que c'est l'âme qui ressuscite dans la chair au moment où elle est justifiée.

« Il en a été ainsi de la plupart des hérétiques. Cependant toutes les sectes s'accordent en général à reconnaître une Église catholique, des ministres légitimes, l'autorité des livres de l'Écriture sainte, au moins de quelques-uns. Il est vrai qu'elles se constituent elles-mêmes église catholique, leurs ministres en sont les prêtres légitimes, l'interprétation qu'ils font de l'Écriture est l'interprétation véritable et orthodoxe ; mais, s'il faut dire la vérité, ils ne présentent qu'une ombre, qu'un fantôme de l'Église catholique, de son sacerdoce sacré et de l'autorité infaillible qu'elle a pour expliquer et proposer le vrai sens des divines Écritures.

« Il est donc bien nécessaire que celui…

_____________________________________________

1 Eccl.,12, l3.

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Message  Louis Dim 29 Déc 2013, 11:08 am


Colloque de Poissy.
Sage conduite et excellent discours
du Jésuite Laynez.


(suite)

« Il est donc bien nécessaire que celui qui les écoute se mette en garde contre la séduction. Dans ce dessein je dois, Madame, indiquer à Votre Majesté deux moyens, dont l'un me semble tout à fait bon et l'autre ne me paraît pas absolument mauvais.

« Le premier moyen que je propose pour se défendre des séductions de l'hérésie, c'est de bien comprendre qu'il n'appartient ni à Votre Majesté ni à aucun autre prince temporel de traiter des choses qui regardent la foi, parce qu'ils n'ont pas le pouvoir de décider ces sortes de questions et parce que d'ailleurs ils ne sont point exercés à approfondir ces matières subtiles et abstraites; et s'il est juste, comme dit le proverbe, de laisser son art à l'artisan, il faut aussi laisser aux prêtres le droit de s'occuper des affaires de la religion ; il faut surtout laisser au souverain Pontife et au concile général à prononcer sur les causes majeures, qui sont exclusivement de leur ressort. Maintenant donc qu'un concile général est ouvert, il ne me paraît ni légitime ni convenable de tenir des assemblées particulières. Ce fut pour cette raison que les Pères du concile de Bâle défendirent que, pendant leur réunion, et même six mois auparavant, on convoquât aucun concile provincial.

« Voici donc le premier moyen que j'ai à proposer à Votre Majesté, moyen de tous le meilleur, et le plus concluant : ce serait d'envoyer à Trente les prélats, les théologiens et tous les religionnaires ici présents. Ce concile est le rendez-vous des savants de tous les pays. Il a un droit certain à l'assistance infaillible du Saint-Esprit, ce que, certes, on ne peut se promettre dans ces séances particulières. Les docteurs de la nouvelle religion, si toutefois, comme ils s'en vantent, ils ont la volonté sincère de connaître la vérité, peuvent s'y rendre avec une entière sécurité. Le souverain Pontife leur donnera les saufs-conduits et toutes les assurances nécessaires, quoique, à vrai dire, je ne pense pas qu'ils désirent être instruits, mais bien plutôt instruire ou redresser les autres et répandre partout le venin de leurs préceptes. En effet, au lieu d'écouter les oracles et les pasteurs de l'Église, nous les voyons empressés de prêcher eux-mêmes et de prononcer d'interminables harangues.

« Quant au second moyen…

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Message  Louis Lun 30 Déc 2013, 5:39 am

Colloque de Poissy.
Sage conduite et excellent discours
du Jésuite Laynez.


(suite)

« Quant au second moyen, qui, sans être bon, n'est pas mauvais, le voici. Puisque Votre Majesté, par indulgence pour les modernes sectaires et pour essayer de les gagner, a bien voulu permettre des conférences, je demanderai qu'elles se tiennent seulement en présence de gens instruits, parce que, pour ces personnes, il n'y aurait point danger de perversion et qu'elles seraient même capables de convaincre et d'éclairer les esprits plutôt entraînés par l'erreur que par l'entêtement de l'orgueil, il y aurait encore cet avantage qu'on épargnerait à Votre Majesté et à ces très-honorables seigneurs l'ennui de discussions longues et embrouillées. »

Le Père Laynez, ayant ensuite répondu à quelques objections du moine apostat, conclut en ces termes :

« Enfin, puisque frère Pierre Martyr a exhorté ses auditeurs à confesser leur foi, moi aussi, Madame, je confesse tout ce que j'ai dit de la présence réelle de Jésus-Christ dans l'Eucharistie en mémoire de sa Passion. Je confesse que c'est une vérité de la foi catholique pour laquelle, avec la grâce du Seigneur, je suis prêt à mourir. Je supplie donc Votre Majesté de défendre et de professer toujours la vérité catholique, ainsi qu'elle le fait, et de redouter plus Dieu que les hommes. Alors ce souverain Maître vous protégera, vous et votre fils, le roi très-chrétien ; il vous conservera votre royaume temporel et vous donnera l'éternel. Si, au contraire, vous faisiez moins de cas de la crainte de Dieu, de son amour et de la foi en lui, que de la crainte et de l'amour des hommes, ne vous exposeriez-vous pas au danger de perdre le royaume spirituel avec celui de la terre ? J'espère de Dieu, notre Seigneur, que cette calamité ne vous frappera point ; j'attends, au contraire, de sa bonté, qu'il vous accorde, ainsi qu'à votre fils, la grâce de persévérer. Il ne permettra pas qu'une noblesse comme celle qui est ici réunie, qu'un royaume très-chrétien et qui a servi d'exemple et de règle aux autres, abandonne la religion catholique. Il ne faut pas que ce royaume et cette noblesse se laissent souiller par la contagion des nouvelles sectes et des erreurs modernes 1

Catherine de Médicis ne s'attendait point à l'énergie de ce langage. L'impression que Laynez produisit sur elle fut si forte qu'elle ne put retenir ses larmes. Ni elle, ni le roi, ni les seigneurs n'assistèrent plus aux séances qui ne furent plus que des conférences entre les évêques et les théologiens. L'assemblée fut dissoute le 14 octobre 1561, et le roi résolut d'envoyer les évêques à Trente.

Calvin n'avait pas jugé à propos de venir au colloque…

_______________________________________________________

1 Crétineau Joly, t. 1, c. 8.

A suivre : Paroles sanguinaires de Calvin à ce propos.

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Message  Louis Lun 30 Déc 2013, 12:22 pm

Paroles sanguinaires de Calvin à ce propos.

Calvin n'avait pas jugé à propos de venir au colloque, mais de Genève il suivait toutes les évolutions de ses disciples. Il savait leur défaite ; il connaissait les dissensions qui s'étaient fait jour parmi eux, les jalousies qui avaient éclaté, les hésitations de Bèze, et il sentait le besoin de rendre aux siens le courage. Il adressa donc, le 30 septembre 1551, au marquis du Poët, chef des protestants du midi de la France, une lettre où on lit ces paroles : « Monseigneur, qu'avez-vous jugé du colloque de Poissy ? Nous avons conduit fièrement notre affaire... Vous n'épargnez ni conseils ni soins... Nous savons la récompense de tant d'espérances. Surtout ne faites faute de défaire le pays de ces zélés faquins qui exhortent les peuples à se bander contre nous, noircissent notre conduite et veulent faire passer pour rêveries notre croyance. Pareils monstres doivent être étouffés, comme je fis en l'exécution de Michel Servet Espagnol 2.

Ces zélés faquins dont il faut défaire le pays, ces monstres qu'il faut étouffer, au dire de l'hérésiarque de Genève, ce sont les Jésuites, avec les zélés catholiques, clercs et séculiers, qui s'unissaient à eux.

La mort de Henri II avait enhardi les protestants. Robert de Pellevé, évêque de Pamiers, a, dès l'année 1559, appelé les Jésuites dans son diocèse pour opposer leur logique à l'entraînement des Calvinistes. Les Calvinistes, qui, en demandant la liberté pour eux, n'accordaient aux autres que l'esclavage, tel que leur maître de Genève l'entendait, se révoltent à la seule idée qu'ils vont rencontrer dans les montagnes de l'Ariége des adversaires que le bruit n'intimidera pas. L'évêque Robert de Pellevé devient le but de leurs insultes ; mais sur ce théâtre de leurs luttes acharnées paraît le père Edmond Auger.

Il était de l'école même de saint Ignace…

____________________________________________________

2 Id., ibid. p. 422.

A suivre : Le Père Edmond Auger et d’autres Jésuites en France.

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Message  Louis Mar 31 Déc 2013, 6:31 am


Le Père Edmond Auger et d’autres Jésuites en France.

…le père Edmond Auger.

Il était de l'école même de saint Ignace. Né en 1531 dans un village près de Sézanne, en Brie, il entra au noviciat de la Compagnie à Rome. Vif, impétueux, ce jeune homme, avec ses saillies toutes françaises et son enjouement poétique, dont la religion ne parvenait pas à étouffer les éclats, tourmentait la patience des Italiens. Il mettait leur gravité à de rudes épreuves ; mais Ignace, qui, mieux que les Pères romains, avait compris tout ce que ce caractère si communicatif renfermait d'énergie et d'application, semblait l'avoir adopté comme un fils. Il espérait que l'excellence de son cœur triompherait des étourderies de la jeunesse, et, lorsque Auger eut achevé son noviciat, le général lui donna la chaire de poésie au Collège romain. Il la remplit avec distinction, ainsi que d'autres emplois analogues ; puis, après la mort de Henri II de France, Laynez, à la demande de plusieurs évêques, le renvoya dans ce royaume. Il y arriva avec les Pères Jean Roger et Pelletier.

Les voilà à Pamiers au mois d'octobre 1559 ; l'évêque était absent; ils ne trouvent point de protecteurs, point d'amis dans la ville, mais des huguenots tout prêts d'avance à rendre inutiles leurs efforts, ou des hommes indifférents qui font cause commune avec les sectaires. Auger et ses compagnons ne se découragent point. Les Calvinistes les accusent d'être dévoués au Pape de Rome ; les Jésuites acceptent l'accusation, ils s'en font gloire, et, malgré les répulsions dont ils se savent l'objet et, malgré les dangers qui les environnent, ils montent en chaire. Leur conviction avait quelque chose de si profond que bientôt les catholiques ne consentent plus à subir la loi dictée par les protestants. La réaction s'opère. L'évêque de Pamiers avait appelé Edmond Auger et Pelletier pour fonder un collège ; le collège est établi ; les jeunes gens y accourent; mais ils apportent avec eux les psaumes de Marot, quelques chansons impures et le catéchisme de Calvin, seuls livres mis à leur disposition. Les Jésuites avaient des auditeurs, il ne leur restait plus qu'à en faire des chrétiens.

Pelletier et Edmond ne reculent pas devant la tâche qui leur est préparée ; ils prêchent, ils enseignent ; la jeunesse qui les écoute se montre docile à leurs instructions. Le comté de Foix était en même temps une autre contrée ouverte à leur zèle ; le calvinisme y faisait de rapides progrès ; il pénétrait partout, amenant à sa suite les sacrilèges et la profanation. A Toulouse la sédition se coalisait avec l'hérésie. Pelletier accourt; il s'adresse à ces imaginations méridionales; pendant tout le carême il fait passer sous les yeux les leçons les plus frappantes de la religion. Sa parole vibre avec tant d'onction au cœur des Toulousains que l'hérésie comprit enfin que cette ville n'était plus tenable pour elle.

Pelletier et Auger s'étaient révélés les adversaires du calvinisme. Le cardinal de Tournon les appelle à lui. Il avait, en 1542, fondé un collège dans la ville dont il portait le nom ; mais ce collège, placé sous les auspices d'un prince de l'Église, était tombé entre les mains de professeurs qui, à l'aide des belles-lettres, faisaient couler le venin de l'erreur dans l'âme de leurs élèves. Le cardinal sentit le besoin de remédier à ces excès ; il cherchait des hommes dignes de sa confiance, quand Pierre de Villars, évêque de Mirepoix, lui conseilla d'introduire les Jésuites à Tournon, dans cette province du Vivarais où déjà Calvin comptait tant de sectateurs. Le conseil fut suivi; Edmond Auger reçut ordre de combattre sur ce terrain.

Dans l'année 1559 la ville d'Annecy devient…

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Message  Louis Mar 31 Déc 2013, 12:38 pm

Le Père Edmond Auger et d’autres Jésuites en France.

(suite)
Dans l'année 1559 la ville d'Annecy devient la proie des novateurs; le Père Louis Codret s'y présente ; il fait entendre les vérités du salut à des chrétiens que l'aimable piété de saint François de Sales maintiendra plus tard dans la foi de l'Église. Il triomphe de tous les empêchements ; puis, après avoir préservé Annecy de la contagion calviniste, Codret offre un nouvel aliment à son ardeur.

En 1560 le protestantisme, gardé dans quelques familles comme un secret, et, par cette espèce de mystère, attirant à sa cause de plus nombreux prosélytes, n'invoquait plus la tolérance ; il l'imposait par ses prédicateurs, il menaçait même de l'imposer par les armes. A Marseille, à Avignon et dans la plupart des villes du Midi, aujourd'hui si catholiques, tout était en feu. Les provinces du Nord se voyaient aussi agitées ; mais dans ce changement de culte, qui est une révolution, il surnage un fait qu'il ne faut pas oublier. Partout où les Jésuites purent pénétrer, en Auvergne, en Languedoc, dans les villes de Billom, de Mauriac, de Rodez, de Toulouse, de Pamiers et de Tournon, l'action protestante fut beaucoup moins décisive. Elle trouvait là des contradicteurs dont l'éloquence, dont les vertus ne laissaient guère de prise aux sophismes ou à des reproches mérités 1.

Pour faire plus de bien en France il importait de pénétrer au centre ; les Jésuites firent donc leur possible pour s'établir à Paris. Ils trouvèrent à cela trois sortes d'adversaires : le Parlement, dont plusieurs membres étaient infectés de la nouvelle hérésie ; l'Université, qui redoutait la concurrence des Jésuites pour l'enseignement ; enfin le cardinal de Châtillon, apostat dans le cœur, et, ce qu'on ne devait guère attendre, l'évêque de Paris, Eustache du Bellay. Cependant ce dernier s'adoucit quelque peu et consentit à leur admission dans son diocèse, à condition qu'ils renonceraient, comme ils l'avaient offert, à tous leurs privilèges. Le décret suivant en fut dressé et promulgué trois jours avant l'arrivée de Laynez à Poissy.

« L'assemblée, suivant le renvoi de ladite cour de Paris, a reçu et reçoit, approuvé et approuve ladite Société et Compagnie par forme de société et de collège, et non de religion nouvellement instituée, à la charge qu'ils seront tenus de prendre un autre titre que celui de Société de Jésus ou Jésuites, et que sur icelle dite société ou collège l'évêque diocésain aura toute superintendance, juridiction et correction de chasser et ôter de ladite Compagnie les forfaiteurs et malvivants; n'entreprendront les frères d'icelle Compagnie et ne feront, ne en spirituel, ne en temporel, aucune chose au préjudice des évêques, chapitres, curés, paroisses et universités, ne des autres religions; ains seront tenus de se conformer entièrement à ladite disposition du droit commun, sans qu'ils aient droit ne juridiction aucune, et renonçant au préalable, et par après, à tous privilèges portés par leurs bulles aux choses susdites contraires. Autrement, à faute de ce faire ou que pour l'advenir ils en obtiennent d'autres, les présentes demeureront nulles et de nul effet et vertu, sauf le droit de ladite assemblée et d'autrui en toutes choses. Donné en l'assemblée de l'Eglise gallicane tenue par le commandement du roi à Poissy...,le quinzième jour de septembre 1561 2 . »

Cet acte fut entériné au parlement de Paris le 13 janvier 1562. D'après cet arrêt les Jésuites devaient prendre le nom de prêtres du collège de Clermont ; c'est le collège de Paris qu'on appelle aujourd'hui Louis-le-Grand.

Quant à leur enseignement, voici…

_______________________________________________________________________

1 Crétineau-Joly, t. 1, c. 7. — 2 Crétineau-Joly, t. 1, c.8.

A suivre : Les Jésuites établissent un collège à Paris. Leur succès dans l’enseignement d’après l’historien de l’université Boulay, d’Alembert et le protestant Ranke.

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Message  Louis Jeu 02 Jan 2014, 6:20 am

Les Jésuites établissent un collège à Paris.
Leur succès dans l’enseignement
d’après l’historien de l’université Boulay,
d’Alembert et le protestant Ranke.

 Quant à leur enseignement, voici quel en fut le succès, d'après le témoignage non suspect de du Boulay, greffier et historien de l'Université.

« Admis par l'assemblée de Poissy à certaines conditions, dit-il, et reçus par le Parlement sous les mêmes conditions, les Jésuites commencent à enseigner, mais gratuitement, ce qui plut à beaucoup de gens. L'opposition de l'Université, à qui s'étaient joints l'évêque et le clergé de Paris, la ville et les ordres mendiants, ne servit de rien. Leurs classes sont aussitôt fréquentées par un grand nombre d'écoliers, et celles de l'Université se trouvent désertes. L'éclat dont celles-ci jouissaient avant eux a beaucoup souffert ; mais la religion catholique y a beaucoup gagné, de l'aveu même de ceux qui se sont élevés avec le plus de violence contre les Jésuites ; car on ne saurait dire combien cet ordre s'est accru en peu de temps et comment tout à coup il a été accueilli partout d'un consentement presque unanime, avec quel fruit il s'est appliqué à convertir à Dieu et au Christianisme les nations barbares, et à ramener des hérétiques à la foi catholique 1. »

Un homme qui a marqué dans la science et dans le philosophisme du dix-huitième siècle, d'Alembert, auteur d'un ouvrage sur la Destruction des Jésuites, destruction à laquelle il avait contribué d'une manière si active, enregistre néanmoins les mêmes aveux; il écrit :  

« A peine la Compagnie de Jésus commença-t-elle à se montrer en France qu'elle essuya des difficultés sans nombre pour s'y établir. Les universités surtout firent les plus grands efforts pour écarter ces nouveaux venus ; il est difficile de décider si cette opposition fait l'éloge ou la condamnation des Jésuites qui l'éprouvèrent. Ils s'annoncèrent pour enseigner gratuitement; ils comptaient déjà parmi eux des hommes savants et célèbres, supérieurs peut-être à ceux dont les Universités pouvaient se glorifier; l'intérêt et la vanité pouvaient donc suffire à leurs adversaires, au moins dans les premiers moments, pour chercher à les exclure. On se rappelle les contradictions semblables que les ordres mendiants essuyèrent de ces mêmes universités quand ils voulurent s'y introduire 2. »

Le protestant Ranke vient, de nos jours, confirmer les paroles de du Boulay et de d'Alembert ; il dit : « Les succès des Jésuites sous le rapport de l'enseignement furent prodigieux. On observa que la jeunesse apprenait chez eux beaucoup plus en six mois que chez les autres en deux ans. Des protestants mêmes rappelèrent leurs enfants des gymnases éloignés pour les confier aux Jésuites 3. »

Les Pères du concile de Trente ayant donc appris en même temps…

______________________________________________________________________

1 Du Boulay, Hist. de l'université de Paris, t. 6, p. 916, édition 1673. — 2  D'Alembert, Destruction des Jésuites p. 19, édition 1765. —  3 Ranke, Hist. de la Papauté, t.  3, p. 41, édit. 1838.

A suivre : Arrivée des ambassadeurs français à Trente. Dix-neuvième et vingtième sessions. Discours et demandes des ambassadeurs français et ceux de l’empereur. Les Français donnent lieu à des plaintes.

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Message  Louis Jeu 02 Jan 2014, 1:17 pm

Arrivée des ambassadeurs français à Trente.
Dix-neuvième et vingtième sessions.
Discours et demandes des ambassadeurs français et ceux de l’empereur.
Les Français donnent lieu à des plaintes.
Les Pères du concile de Trente ayant donc appris en même temps l'établissement des Jésuites à Paris, la dissolution du colloque de Poissy et le dessein du roi de remettre au concile la décision de toutes les disputes, ils en ressentirent une extrême joie.

Effectivement, dès la fin de février 1562, le roi Charles IX avait nommé Saint-Gelais, seigneur de Lansac, son ambassadeur au concile. On lui donna pour collègue Arnaud du Ferrier, président aux enquêtes du parlement de Paris, et Gui du Faur de Pibrac, alors président au parlement de Toulouse et depuis avocat général au parlement de Paris. Quelques jours avant son départ de Lansac écrivit au premier légat qu'il se rendrait à Trente le plus tôt possible, mais que, s'il ne pouvait arriver avant le jour marqué pour la session, il priait les Pères de la différer de quelques jours. Le roi aurait même souhaité qu'elle fût différée jusqu'au commencement de l'hiver, afin de donner le temps aux évêques du royaume de se rendre au concile, le triste état de leurs diocèses ne leur permettant pas de partir aussitôt qu'ils auraient voulu. La plupart des Pères croyaient qu'il était juste de déférer à la demande de l'ambassadeur de France ; mais, les Espagnols s'y étant fortement opposés, on prit un tempérament, qui fut de tenir la session au jour marqué, d'y lire seulement les lettres de créance des ambassadeurs, et de remettre la publication des décrets à une autre session, qu'on tiendrait huit jours après.

La dix-neuvième session se tint le 14 mai 1562 avec les cérémonies accoutumées. On n'y fit autre chose que lire les pouvoirs des ambassadeurs et un décret qui différait la décision des articles et la publication des décrets jusqu'à la session suivante, que l'on assigna au 4 juin, fête du Saint-Sacrement. Quatre jours après la session on vit arriver à Trente, de Lansac, ambassadeur de France ; il y fut reçu avec la distinction la plus honorable, comme il le témoigne dans la lettre qu'il écrivit aussitôt à de Lisle, ambassadeur français à Rome. C'est dans cette lettre qu'il le prie d'employer tous ses soins auprès du Pape pour engager Sa Sainteté à laisser libres les propositions, vœux et délibérations du concile, pour ne pas donner lieu de dire que ceux qui président au concile font venir de Rome le Saint-Esprit dans une valise ; expression aussi impie que de mauvais goût, qu'il tenait de l'un des ambassadeurs de Ferdinand, mais qui ne déshonore pas moins le copiste que l'auteur.

Les légats indiquèrent une congrégation au 26 mai pour y recevoir les ambassadeurs de France, qui présentèrent leurs pouvoirs et leurs lettres de créance; elles étaient adressées aux très-saints et très-révérends Pères du concile de Trente. Après la lecture de ces lettres Pibrac, un des trois ambassadeurs, fit un discours qui fut blâmé généralement. Les évêques espagnols trouvèrent fort à redire qu'il eût avancé que le concile tenu sous Paul III et sous Jules III avait été dissous sans avoir rien fait de bon, ou, selon d'autres exemplaires, sans avoir rien fait d'éclatant. Le concile n'examina point avec rigueur de pareilles incartades, et, dans la vingtième session, où la réception de ces ambassadeurs se fit avec solennité, il n'applaudit pas seulement au zèle du roi, leur maître, mais au choix qu'il avait fait de ministres d'une rare prudence, d'une foi intègre et d'une religion éclairée, pour assister en son nom et rendre au saint concile l'obéissance qui lui était due. Les ambassadeurs de plusieurs autres princes arrivèrent et furent reçus dans le même temps que ceux de France.

Deux jours après la session les Pères s'assemblèrent en congrégation générale…

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Message  Louis Ven 03 Jan 2014, 5:57 am


Arrivée des ambassadeurs français à Trente.
Dix-neuvième et vingtième sessions.
Discours et demandes des ambassadeurs français et ceux de l’empereur.
Les Français donnent lieu à des plaintes.

(suite)

Deux jours après la session les Pères s'assemblèrent en congrégation générale, et l'on proposa quelques articles sur le sacrement de l'Eucharistie. A la même époque Charles Visconti, évêque de Vintimille, fut envoyé de Rome à Trente par le Pape, dont il était parent, pour être son nonce secret au concile et son ministre de confiance, avec promesse de récompenser sa fidélité par le cardinalat. Il avait ordre de s'éclaircir à fond de tout ce qui pouvait avancer ou reculer ce grand ouvrage, et d'en rendre un compte exact au saint cardinal Charles Borromée, neveu du Pape. Il lui était ordonné de rendre les plus grands honneurs au cardinal de Mantoue, mais de se lier plus intimement avec Simonette. Il devait aussi témoigner aux cardinaux Hosius et Simonette que le Pape était content de leur conduite, et faire connaître aux cardinaux Séripand et de Mantoue les sujets de plainte qui s'étaient élevés contre eux. Le Pape chargeait aussi son nonce d'examiner les rapports des légats entre eux, la conduite des évêques, l'état des affaires, et de lui en faire une relations exacte et prompte. Visconti arriva à Trente au commencement de juillet et se donna tout entier au ministère dont il était chargé, comme on le voit par ses lettres, qui donnent une grande idée de sa capacité pour les affaires de gouvernement.

Après le départ de Visconti pour Trente le Pape se plaignit à de Lisle des ambassadeurs de France, et surtout de Lansac, qui ne lui paraissait pas être un ambassadeur du roi très-chrétien quand il demandait que la reine d'Angleterre, les Suisses protestants, les électeurs de Saxe et le duc de Wurtemberg fussent attendus au concile, quoiqu'ils fussent autant d'ennemis et de rebelles qui ne cherchaient qu'à rendre le concile huguenot, tandis que le roi de France voulait le conserver catholique. Les plaintes du Pape n'étaient pas sans fondement ; car un des ambassadeurs français, du Ferrier, finira par se déclarer calviniste.

On fit courir en même temps le bruit à Trente que le Pape était tellement irrité contre le cardinal de Mantoue qu'il avait ordonné qu'on ne lui adresserait plus les dépêches, qui seraient désormais envoyées directement au cardinal Simonette, et que le cardinal Gonzague, neveu de celui de Mantoue, avait été exclu de la congrégation établie à Rome pour les affaires du concile ; mais le saint cardinal Borromée manda à Visconti que ces bruits étaient faux, et que ce qui avait pu y donner lieu était que depuis quelques jours on n'avait point eu occasion d'envoyer de lettres communes aux légats, mais de particulières à Simonette; qu'on n'avait point tenu non plus de congrégation de cardinaux sur les affaires du concile, mais simplement sur celles de l'Inquisition, où Gonzague n'assistait pas, ce qui avait fait croire à son éloignement.

Lansac, informé par l'ambassadeur de France des plaintes que le Pape faisait de…

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Message  Louis Ven 03 Jan 2014, 2:27 pm


Arrivée des ambassadeurs français à Trente.
Dix-neuvième et vingtième sessions.
Discours et demandes des ambassadeurs français et ceux de l’empereur.
Les Français donnent lieu à des plaintes.

(suite)

Lansac, informé par l'ambassadeur de France des plaintes que le Pape faisait de lui, écrivit à ce ministre pour se justifier. Déjà par l'avis du cardinal de Mantoue, il avait écrit au Pape pour le même objet; Pie IV fut touché de sa lettre et s'adoucit beaucoup. Il quitta aussi les préventions qu'il avait contre le cardinal de Mantoue sur une lettre que le saint cardinal Borromée reçut de Visconti, qui faisait l'éloge de ce légat, relevant surtout sa sagesse et sa modération, et ajoutant que sa retraite serait un grand malheur, tant à cause de la profonde vénération que tous les Pères avaient pour lui qu'à cause de l'estime que les princes faisaient de sa prudence.

Cette lettre fit une grande impression sur le Pape, qui changea tellement de disposition à l'égard du cardinal de Mantoue qu'il lui écrivit en termes très-honorables et exigea que les autres légats suivissent en tout ses avis. Il déclara qu'il voulait que le concile fût libre, qu'on y évitât tout ce qui était contraire à la dignité d'un concile général, et qu'il ne s'opposait en aucune sorte à ce qu'on discutât la question de la résidence; mais qu'il fallait laisser aux esprits le temps de se calmer et n'avoir d'autre but que la gloire de Dieu et les intérêts de l'Église.  

Le 16 juin les ambassadeurs de l'empereur avaient présenté aux légats le Mémoire des articles dont ce prince demandait la réformation ; les légats avaient refusé d'en référer au concile ; ils en écrivirent à l'empereur, qui se rendit à leurs raisons et abandonna le tout à leur prudence.

On examina dans une congrégation générale, comme matière de la session suivante, une suite d'articles concernant l'usage de la communion. Quand ils eurent été discutés à fond dans un grand nombre de congrégations et de savantes conférences, les ambassadeurs de France et ceux de l'empire, qui, de concert et sans fruit, s'étaient efforcés d'abord d'obtenir l'usage du calice, puis d'empêcher qu'on ne touchât à une matière si délicate pour les deux nations, demandèrent avec de vives instances, deux jours avant la session, qu'on ne décidât rien et qu'on remît tout à la suivante; comme on avait déjà fait deux fois. Ce fut cette raison-là même qui fit rejeter leur requête ; on leur répondit que, si, après avoir tenu deux sessions sans rien faire, on en tenait une troisième aussi infructueusement, on ferait tomber le concile dans un discrédit irréparable. Comme on voulait donner une forme exacte aux canons et faire une exposition préliminaire de la doctrine, on avait partagé ce travail. Le cardinal Simonette fut chargé de dresser les canons, avec quelques théologiens et le général des Dominicains, et on laissa le soin des chapitres de la doctrine aux cardinaux Hosius et Séripand, avec Eustache du Bellay, évêque de Paris, deux autres prélats et le général des Augustins.

On tint d'autres congrégations, et l'on continua de discuter les points de doctrine qui devaient être décidés dans la prochaine session, qui était  la vingt et unième ; elle se tint le 16 juillet 1562 1.

Outre les cinq cardinaux-légats qui présidaient le concile…

______________________________________________________________________

1 Dassance, Essai hist. sur le Conc. de Trente.

A suivre : Vingt et unième session. Doctrine et canons touchant la communion sous les deux espèces et celle des enfants.

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Message  Louis Sam 04 Jan 2014, 5:51 am


Vingt et unième session.
Doctrine et canons
touchant la communion sous les deux espèces
et celle des enfants.

Outre les cinq cardinaux-légats qui présidaient le concile, il y eut à cette séance trois patriarches, dix-neuf archevêques, cent cinquante-huit évêques, trois abbés, six généraux d'ordre, trois jurisconsultes, vingt-trois théologiens séculiers et soixante et onze réguliers. Marc Cornaro, archevêque de Spalatro, en Dalmatie, chanta la messe solennelle, et André Dudith, évêque de Tininia, en Hongrie, prononça le discours latin, où il insista indirectement sur la concession du calice, fort désirée dans son pays. Les ambassadeurs de l'empereur, appuyés des ambassadeurs de France, avaient vivement demandé la même chose; les Pères du concile se trouvèrent fort partagés à cet égard, les uns refusant, les autres accordant, un grand nombre renvoyant l'affaire au Pape. Dans la session publique on se réduisit à décider que cela n'était pas nécessaire, en ces termes :

DOCTRINE DE LA COMMUNION SOUS LES DEUX ESPÈCES ET DE CELLE DES PETITS ENFANTS.

« Le très-saint concile de Trente, œcuménique et général, légitimement assemblé dans le Saint-Esprit, les mêmes légats du Siège apostolique y présidant; comme, au sujet du redoutable et très-saint sacrement de l'Eucharistie, divers monstres d'erreurs se répandent en plusieurs endroits par la malice du démon, et qu'ils semblent dans plusieurs provinces avoir fait séparer plusieurs personnes de la foi et obéissance de l'Église catholique, il a jugé à propos d'exposer ici ce qui regarde la communion sous les deux espèces et celle des petits enfants. C'est pourquoi il interdit et défend à tous les fidèles chrétiens d'être assez téméraires que de croire, ou enseigner, ou prêcher autre chose à l'avenir que ce qui a été expliqué et défini dans ces décrets.

CHAPITRE I. Que les laïques, ni les ecclésiastiques, quand ils ne consacrent pas, ne sont pas obligés de droit divin à la communion sous les deux espèces .

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Message  Louis Sam 04 Jan 2014, 12:10 pm


Vingt et unième session.
Doctrine et canons touchant
la communion sous les deux espèces
et celle des enfants.

(suite)
CHAPITRE I. Que les laïques, ni les ecclésiastiques, quand ils ne consacrent pas, ne sont pas obligés de droit divin à la communion sous les deux espèces .

« Le saint concile donc, instruit par le Saint-Esprit, qui est l'esprit de sagesse et d'intelligence, l'esprit de conseil et de piété, et suivant le jugement et l'usage de l'Église même, déclare et enseigne que les laïques, et les clercs qui ne célèbrent pas, ne sont obligés par aucun précepte divin à recevoir le sacrement de l'Eucharistie sous les deux espèces, et qu'on ne peut en aucune manière douter, sans blesser la foi, que la communion sous l'une des espèces ne suffise à leur salut. Car, quoique Notre-Seigneur Jésus-Christ ait institué dans la dernière cène et ait donné à ses apôtres ce vénérable sacrement sous les espèces du pain et du vin, néanmoins, pour l'avoir institué et donné de la sorte, ce n'est pas à dire que tous les fidèles chrétiens soient tenus et obligés, par l'ordonnance de Notre-Seigneur, à recevoir l'une et l'autre espèce. On ne peut pas non plus inférer des paroles de Notre-Seigneur au chapitre VI de saint Jean, de quelque façon qu'elles soient entendus, suivant les diverses interprétations des saints Pères et des docteurs, qu'il ait fait un précepte de la communion sous les deux espèces ; car celui qui a dit : Si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme et si vous ne buvez son sang, vous n'aurez point la vie en vous a dit aussi : Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement. Et celui qui a dit : Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, a dit aussi : Le pain que je donnerai est ma chair pour la vie du monde. Enfin le même qui a dit : Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui, n'a pas moins dit : Celui qui mange ce pain vivra éternellement.

CHAP. II. De la puissance de l'Église dans la dispensation du sacrement de l'Eucharistie.

« Le saint concile déclare aussi qu'il y a toujours eu dans l'Église, par rapport à la dispensation, cette puissance d'établir ou même de changer, sans toucher à leur substance, ce qu'elle a jugé de plus à propos pour le respect dû aux sacrements mêmes ou pour l'utilité de ceux qui les reçoivent, selon la diversité du temps, des lieux et des conjonctures. Et c'est ce que l'Apôtre a semblé insinuer assez clairement quand il a dit : On doit nous regarder comme les ministres de Dieu et comme les dispensateurs des mystères de Dieu. Il paraît en effet qu'il a fait usage de ce pouvoir en plusieurs occasions et particulièrement à l'égard de ce sacrement même, lorsque, ayant réglé certaines choses sur la manière d'en user, il ajoute : Je réglerai le reste quand je serai arrivé. C'est ainsi que notre mère la sainte Église, connaissant cette autorité qu'elle a dans l'administration des sacrements, quoique l'usage des deux espèces fut assez ordinaire dans les premiers temps du Christianisme, néanmoins, dans la suite des temps, cet usage se trouvant changé en plusieurs endroits, elle s'est portée et déterminée, pour de justes et fortes raisons, à approuver cette dernière coutume de communier sous une seule espèce, et en a fait une loi qu'il n'est pas permis de rejeter, ni de changer arbitrairement, sans l'autorité de cette Eglise.


CHAP. III. Qu'on reçoit sous l'une ou l'autre de ces espèces Jésus-Christ tout entier et le véritable sacrement.

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Message  Louis Dim 05 Jan 2014, 6:14 am


Vingt et unième session.
Doctrine et canons touchant
la communion sous les deux espèces
et celle des enfants.

(suite)
CHAP. III. Qu'on reçoit sous l'une ou l'autre de ces espèces Jésus-Christ tout entier et le véritable sacrement.

« Le saint concile déclare de plus que, encore que notre Rédempteur, comme on l'a déjà dit, ait institué et donné aux apôtres, dans la dernière cène, ce sacrement sous les deux espèces, il faut néanmoins confesser que sous l'une des espèces on reçoit Jésus-Christ tout entier et le véritable sacrement, et qu'ainsi ceux qui ne reçoivent qu'une de ces espèces ne sont privés, quant à l'effet , d'aucune grâce nécessaire au salut.

CHAP. IV. Que les petits enfants ne sont point obligés à la communion sacramentelle.

« Enfin le même saint concile déclare et prononce que les petits enfants qui n'ont pas encore l'usage de la raison ne sont nullement obligés à la communion sacramentelle de l'Eucharistie, puisque, étant régénérés par l'eau du baptême et incorporés à Jésus-Christ, ils ne peuvent perdre en cet âge la grâce déjà acquise d'enfants de Dieu. On ne condamne pas néanmoins pour cela l'antiquité qui a suivi cette coutume en quelques endroits; car, comme les saints Pères ont eu dans leur temps quelque cause raisonnable de le faire, aussi doit-on croire fermement et sans difficulté qu'ils ne l'ont fait nullement à raison de quelque nécessité pour le salut. »

DE LA COMMUNION SOUS LES DEUX ESPÈCES ET DE CELLE DES PETITS ENFANTS.

« CANON I. Si quelqu'un dit que tous et chacun des fidèles chrétiens sont obligés, de précepte divin ou de nécessité de salut, à recevoir le très-saint sacrement de l'Eucharistie sous l'une et l'autre espèce, qu'il soit anathème !

« II. Si quelqu'un dit que la sainte Eglise n'a pas eu des causes justes et raisonnables pour donner la communion sous la seule espèce du pain aux laïques et même aux ecclésiastiques, lorsqu'ils ne consacrent pas, ou qu'en cela elle a erré, qu'il soit anathème !

« III. Si quelqu'un nie que Jésus-Christ, la source et l'auteur de toutes les grâces, soit reçu tout entier sous la seule espèce du pain parce qu'il n'est pas reçu, comme quelques-uns le soutiennent faussement, selon l'institution de Jésus-Christ, sous l'une et l'autre espèce, qu'il soit anathème !

« IV. Si quelqu'un dit que la communion de l'Eucharistie est nécessaire aux petits enfants avant qu'ils aient atteint l'âge de discrétion, qu'il soit anathème !

«. Quant aux deux articles qui ont été autrefois proposés et n'ont pas encore été examinés, savoir : si les raisons qui ont porté la sainte Église catholique à donner la communion aux laïques, et même aux prêtres qui ne célèbrent pas, sous la seule espèce du pain, sont telles qu'on ne doive en aucune façon permettre à personne l'usage, du calice, et, supposé qu'on jugeât à propos, pour des causes raisonnables et fondées sur la charité chrétienne, d'accorder l'usage du calice à quelque nation ou à quelque royaume, savoir s'il faudrait l'accorder avec quelques conditions, et quelles elles devraient être, le même saint concile réserve à un autre temps et à la première occasion qui s'en présentera d'en faire l'examen et d'en prononcer, »

On ménageait ainsi les ambassadeurs de l'empire, qui demandaient cette permission pour leur nation; le roi de France, qui communie sous les deux espèces le jour de son sacre ; et surtout on ne détournait point les protestants de venir au concile, dont ils n'eussent plus rien attendu de favorable après un jugement de rigueur sur cet objet. Toute la décision qu'on donna là-dessus par la suite, ce fut de renvoyer l'affaire au Pape, comme plus propre qu'un tribunal moins fixe à régler ce qui conviendrait selon les temps et les conjonctures.

Après les décrets sur le dogme viennent neuf chapitres de réformation, que nous joindrons à ceux des deux sessions suivantes, afin d'en saisir mieux l'ensemble.

Le lendemain de la vingt et unième session…
A suivre : Congrégation préparatoire à la session suivante.

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Message  Louis Dim 05 Jan 2014, 11:05 am

Congrégation préparatoire à la session suivante.
Le lendemain de la vingt et unième session l'ambassadeur d'Espagne reçut une lettre du roi dans laquelle il mandait aux évêques de son royaume qu'il savait toutes les instances faites par eux pour faire déclarer, la résidence de droit divin et qu'il louait leur zèle et leurs bonnes intentions ; mais que cette déclaration ne lui paraissait point nécessaire actuellement, qu'ainsi il leur défendait de la poursuivre davantage. On tint le même jour, 17 juillet, une congrégation générale dans laquelle on donna aux théologiens treize articles à examiner sur le sacrifice de la messe. Dans une autre congrégation, qui se tint le lendemain, l'archevêque de Grenade et l'évêque de Cinq-Églises demandèrent qu'on joignît le sacrement de l'Ordre au sacrifice de la messe, dans le dessein de faire décider la question de la résidence; mais les légats ne les écoutèrent point.

Toutes les congrégations suivantes, jusqu'à la fin du mois d'août, furent employées à l'examen de la matière du Sacrifice. Celle du 21 juillet fut très-nombreuse; outre les légats, qui s'y trouvèrent tous, on y compta cent cinquante-sept prélats, environ cent théologiens et près de deux mille autres personnes, sans parler des ambassadeurs de l'empereur, du roi de France et de la république de Venise, qui y assistèrent. On y proposa quelques règlements pour traiter les matières par ordre et avec bienséance. Un de ces règlements portait que chaque théologien ne parlerait pas plus d'une demi-heure, après quoi le maître des cérémonies l'avertirait de cesser. Les théologiens du Pape refusèrent de consentir à ces règlements et voulurent surtout qu'on leur laissât la liberté de parler aussi longtemps qu'ils le jugeraient convenable à la matière qu'ils auraient à traiter, et le Jésuite Salmeron, le premier de ces théologiens, remplit seul toute la séance, où il parla sur le sacrifice de la messe qu'on avait donné à examiner.

Vers la fin de la congrégation du 11 août on proposa la question de la communion sous les deux espèces pour les laïques. Cette question fut agitée de nouveau vers la fin du mois d'août, et le résultat de cette longue dispute, comme nous l'avons déjà dit, fut de renvoyer cette affaire au Pape 1.

Dans la dernière congrégation ainsi que dans la session subséquente…

__________________________________________________________

1 Dassance, Essai hist.

A suivre : L’Assyrie orientale, dans la personne de son patriarche Abd-Isu, se soumet au Pape Pie IV qui érige de nouveaux évêchés dans l’Amérique et dans l’Inde.

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Message  Louis Lun 06 Jan 2014, 5:56 am

L’Assyrie orientale, dans la personne de son patriarche Abd-Isu,
se soumet au Pape Pie IV,
qui érige de nouveaux évêchés dans l’Amérique et dans l’Inde.
Dans la dernière congrégation ainsi que dans la session subséquente, les légats firent donner lecture d'une lettre venue de Rome, qui dut grandement réjouir tous les Pères. Le cardinal Amulius, de la part du Pape Pie IV, faisait savoir aux légats que Sa Sainteté avait présenté au consistoire un religieux de Saint-Antoine, ermite, nommé Abdsu. Il avait été élu patriarche de l'Assyrie orientale, près du Tigre, par le consentement du clergé et du peuple. C'était un homme très-instruit, noble, riche parmi ceux de sa nation, âgé de soixante ans. Malgré de nombreuses traverses et de mauvais traitements de la part des Turcs, il était venu à Rome, porté par son zèle à visiter les sanctuaires des apôtres et à baiser les pieds au vicaire de Jésus-Christ. Son intention était de s'instruire dans les observances de l'Église romaine et de se faire confirmer dans son patriarcat par l'autorité du Siège apostolique. Après plusieurs mois de séjour à Rome, bien informé des rites dans lesquels il ne s'accordait pas avec les catholiques, quoique la différence ne fût pas notable, il avait juré obéissance au Pontife romain et l'observance de tous les conciles passés et notamment de celui de Trente. De tout cela il présentait des certificats authentiques. Le Pape lui avait donné la confirmation du patriarcat et de quoi fournir aux frais du voyage pour son retour en Assyrie.

Le bon vieillard, si son âge et le besoin de ses peuples, c'est-à-dire près de deux cent mille personnes, en partie soumises aux Turcs ou aux Perses, ne lui avaient pas fait un devoir de retourner chez lui, aurait volontiers assisté aux sessions du concile. Amulius ajoutait que le patriarche, interrogé sur les livres de l'Écriture admis par les Assyriens et sur les rites usités parmi eux, avait mis au nombre des livres canoniques plusieurs de ceux que les hérétiques rejettent.

Parmi les rites, avec quelque diversité, il avait nommé les sacrements de l'Église et en particulier la confession auriculaire, comme aussi la vénération des saintes images. Son rapport semblait fournir un fort argument contre les hérétiques, qui les méprisent comme des inventions modernes; car il est certain que ces peuples, dont jusqu'alors on savait à peine le nom et qui n'étaient connus que par des relations mal assurées, n'ont pu apprendre ces choses que par d'anciennes traditions, et ces traditions ne pouvaient être que la suite des prédications des apôtres saint Thomas et saint Jude, et de Marc, leur disciple.

Amulius ajoutait dans sa lettre que c'étaient là ses propres idées, mais que les légats sentiraient mieux que lui la force de ses raisons. Pour lui il n'était chargé, de la part du Saint-Père, que de leur envoyer cette confession de foi du patriarche assyrien et la promesse d'obéissance qu'il avait faite au concile 1.

Voici la dernière pièce, certifiée authentique par le cardinal Amulius et quatre autres prélats…

_______________________________________________________

1 Pallavicin,   1, 18, c.  9, n. 5.

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Message  Louis Lun 06 Jan 2014, 2:48 pm


L’Assyrie orientale,  dans la personne de son patriarche Abd-Isu,
se soumet au Pape Pie IV,
qui érige de nouveaux évêchés dans l’Amérique et dans l’Inde.

(suite)
Voici la dernière pièce, certifiée authentique par le cardinal Amulius et quatre autres prélats.

« Moi Abd-isu, fils de Jean, de la ville de Gézir, sur le Tigre, autrefois moine de Saint-Antoine , du monastère des saints Raha et Jean frères, maintenant, par la grâce de Dieu et du Siège apostolique, primat ou patriarche de la cité de Muzal (Mossul), dans l'Assyrie orientale, sous la juridiction de qui sont compris beaucoup de métropolitains et d'évêques, savoir : Arbèles, métropole; Sirava, Hancava, évêchés; la métropole de Cheptiam, avec les évêchés de Caremleys et d'Achusc; la métropole de Nisibe, avec les évêchés de Macchazzin, Tallescani et Mardin ; la métropole de Scéert, avec l'évêché d'Azzeu ; la métropole d'Elchessen, avec les évêchés de Zuch et de Mesciara; la métropole de Gurgel, avec l’évêché d'Esci; la métropole d'Amed, avec les évêchés de Chiarruchia, Hayn et Tannur, lesquels pays sont tous sous l'empire des Turcs; la métropole d'Ormi supérieure, avec les évêchés d'Ulcismi et de Cuchia; fa métropole d'Ormi inférieure, avec les évêchés de Durasoldos et d'Escinuch ; la métropole d'Espurgan, avec les évêchés de Naré et de Giennum : la métropole de Selmas, avec les évêchés de Baumar, de Sciabathan et de Vastan, tous sujets du roi de Perse, appelé vulgairement sophi ; dans l'Inde soumise aux Portugais, les métropoles de Cochin, de Cananor et de Goa, avec l'évêché de Calicut, auquel est soumise la ville de Caronongol, encore occupée par les idolâtres et les païens ;

« Je jure et promets, ne pouvant aller au saint concile de Trente et étant obligé de me rendre dans mon patriarcat, qui a besoin de mon secours, et qui, en mon absence, n'a point de gardien ; car le devoir d'un pontife de l'Église est d'instruire chaque jour dans la sainte foi chrétienne les âmes qui lui sont soumises, de les confirmer dans la foi par les mœurs et par l'intégrité de la vie, de peur que le troupeau qui lui a été confié, n'étant pas gouverné par le pasteur, ne tombe en diverses maladies ; ce qui peut arriver d'autant plus facilement à mon troupeau qu'étant sous la tyrannie des infidèles il y en a encore beaucoup de faibles dans la foi chrétienne, et que chaque jour, par mes soins et la grâce de Dieu, ce troupeau peut s'augmenter; et comme il est difficile que mes frères les métropolitains et les évêques, étant si éloignés, puissent être convoqués à ce saint concile de Trente, moi, tant en mon nom qu'au nom d'eux tous, que je ne doute qui ne tiennent pour Rome, acquiesçant au serment de fidélité que j'ai rédigé et prêté, je jure, dis-je, et je promets que nous tenons et croyons tout ce qui a été fait jusqu'à présent dans les sacrés conciles œcuméniques, et je promets que nous élèverons tous nos enfants suivant leurs décrets et principalement dans ce qui sera décidé par le très-saint concile œcuménique de Trente, de la légitime assemblée duquel je n'ai pas le moindre doute ; mais, tant en mon nom qu'au nom de mes dits frères, je m'y soumets respectueusement et humblement, et, quand je serai appelé, je viendrai volontiers avec mes frères, soit à ce concile, soit à un autre. Ainsi Dieu me soit en aide et ses saints Évangiles 1. »

Ces nouvelles émurent profondément les Pères de Trente ; ils voyaient une partie de l'Allemagne, de la France et de l'Angleterre faire des efforts impies pour rompre l'unité chrétienne et se jeter dans les voies sanglantes d'une interminable anarchie, et, dans ce moment-là même, les restes déplorables des antiques Églises de la Mésopotamie et de la Chaldée, tristement assis sur les fleuves du Tigre et de l'Euphrate, au milieu des ruines inconnues de Ninive et de Babylone, et gémissant sous le bâton des Turcs, envoyaient leur patriarche au vicaire de Jésus-Christ, au successeur de saint Pierre, pour rentrer plus intimement dans l'unité catholique et y puiser la vie et la force qu'ils avaient perdues par leur éloignement. Et dans ce moment-là même Pie IV venait d'ériger de nouveaux évêchés et dans l'Amérique et dans l'Inde, pour recevoir les nouveaux peuples qui se pressaient aux portes de l'Église 2; et dans ce moment-là même le Japon ouvrait les yeux à la foi, et la Chine attendait un apôtre.

La vingt-deuxième session se tint au jour indiqué…

_________________________________________________

1 Raynald, ann. 1562,  n.  28.
2 Id.,  ann. 1561, n. 70.

A suivre: Vingt-deuxième session. Doctrine et canons touchant le saint sacrifice de la messe.

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Message  Louis Mar 07 Jan 2014, 5:58 am

Vingt-deuxième session.
Doctrine et canons touchant le saint sacrifice de la messe.
La vingt-deuxième session se tint au jour indiqué, 17 septembre 1562, quelques instances qu'eussent faites les ambassadeurs de l'empire et de la France pour la faire proroger. L'empereur se flattait toujours que dans la diète qu'il devait tenir à Francfort il pourrait engager les protestants à venir au concile; mais ses efforts furent inutiles. Les Français voulaient qu'on attendît le cardinal de Lorraine, qui devait toujours venir incessamment à la tête des prélats français et qu'on attendait en vain depuis une année entière. Outre les cinq cardinaux présidents il y eut à cette session un cardinal, trois patriarches, vingt archevêques, cent quarante-deux évêques, un abbé et sept généraux d'ordres. Après la messe et les prières accoutumées l'évêque de Vintimille, nonce spécial du Pape, prêcha sur l'utilité des conciles œcuméniques et légitimes, et exhorta vivement tous les Pères à unir leurs efforts pour ramener les brebis égarées 1. Ensuite on publia les décrets suivants sur la foi.                

EXPOSITION DE LA DOCTRINE
TOUCHANT LE SACRIFICE DE LA MESSE.  
« Le saint concile de Trente, œcuménique et général, légitimement assemblé dans le Saint-Esprit, les mêmes légats du Siège apostolique y présidant; afin que dans la sainte Église catholique la doctrine et la foi anciennes touchant le grand mystère de l'Eucharistie se maintiennent entières et parfaites dans toutes leurs parties et se conservent dans leur pureté, en bannissant toutes les erreurs et toutes les hérésies ; ce concile, instruit par la lumière du Saint-Esprit sur l'Eucharistie considérée comme véritable et unique sacrifice, enseigne, déclare et ordonne qu'il faut prêcher aux peuples fidèles ce qui suit:

CHAPITRE I. De l'institution du saint sacrifice de la messe.

___________________________________________________

1 Raynald, ann. 1562,  n.  101.

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Message  Louis Mar 07 Jan 2014, 11:43 am


Vingt-deuxième session.
Doctrine et canons touchant le saint sacrifice de la messe.


(suite)
CHAPITRE I. De l'institution du saint sacrifice de la messe.

« Parce que sous l'Ancien Testament, selon le témoignage de l'apôtre saint Paul, il n'y avait rien de parfait ni d'accompli à cause de la faiblesse et de l'impuissance du sacerdoce lévitique, il a fallu, Dieu, le Père des miséricordes, l'ordonnant ainsi, qu'il se soit levé un autre Prêtre selon l'ordre de Melchisédech, Notre-Seigneur Jésus-Christ, lequel pût consommer et mener à perfection tous ceux qui devaient être sanctifiés.

Or, quoique Notre-Seigneur Dieu dût une fois s'offrir lui-même à Dieu son Père en mourant sur l'autel de la croix pour y opérer une rédemption éternelle, néanmoins, parce que son sacerdoce ne devait pas être éteint par sa mort, pour laisser à l'Église, sa chère épouse, un sacrifice visible, tel que la nature des hommes le demande, sacrifice qui représentât le sacrifice sanglant qui devait s'accomplir une fois sur la croix, qui en conservât la mémoire jusqu'à la fin du monde et qui en appliquât la vertu salutaire pour la rémission des péchés que nous commettons tous les jours; dans la dernière cène, la nuit même où il fut livré, montrant qu'il était établi prêtre pour l'éternité selon l'ordre de Melchisédech, il offrit à Dieu le Père son corps et son sang sous les espèces du pain et du vin, et sous les mêmes symboles les donna à prendre à ses apôtres, qu'il établissait alors prêtres du Nouveau Testament.

Et par ces paroles: Faites ceci en mémoire de moi, il leur ordonna, à eux et à leurs successeurs dans le sacerdoce, de les offrir, comme l'Église catholique l'a toujours entendu et enseigné.

Car, après avoir célébré l'ancienne Pâque, que les enfants d'Israël immolaient en mémoire de la sortie d'Egypte, il établit la Pâque nouvelle, se donnant lui-même pour être immolé par les prêtres, au nom de l'Église, sous des signes visibles, en mémoire de son passage de ce monde, à son Père, lorsque, nous ayant rachetés par l'effusion de son sang, il nous arracha de la puissance des ténèbres et nous transféra dans son royaume.

C'est cette offrande pure, qui ne peut être souillée par l'indignité ni par la malice de ceux qui l'offrent, que le Seigneur a prédit par Malachie devoir être en tout lieu offerte à son nom, qui serait grand parmi les nations. C'est la même que l'apôtre saint Paul, écrivant aux Corinthiens, a marquée assez clairement quand il a dit, que ceux qui sont souillés par la participation de la table des démons ne peuvent être participants de la table du Seigneur, entendant en l'un et en l'autre lieu, par la table, l'autel. C'est elle enfin qui, au temps de la nature et de la loi, était figurée par diverses similitudes de sacrifices, comme renfermant tous les biens qui n'étaient que signifiés par les autres, dont elle était la consommation et la perfection.

CHAP. II. Que le sacrifice de la messe est propitiatoire tant pour les vivants que pour les morts.

* Note de Louis: J’ai aéré le texte pour une meilleure compréhension. Bien à vous.

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Message  Louis Mer 08 Jan 2014, 6:38 am

Vingt-deuxième session.
Doctrine et canons
touchant le saint sacrifice de la messe.

(suite)

CHAP. II. Que le sacrifice de la messe est propitiatoire tant pour les vivants que pour les morts.

« Et parce que, dans ce divin sacrifice qui s'accomplit à la messe, le même Jésus-Christ, qui s'est offert une fois lui-même sur la croix avec effusion de son sang, est contenu et immolé d'une manière non sanglante, le saint concile enseigne que ce sacrifice est vraiment propitiatoire, et que par lui nous obtenons miséricorde et trouvons grâce dans le temps opportun, si nous approchons de Dieu contrits et pénitents, avec un cœur sincère, une vraie foi, et dans un esprit de crainte et de respect. Car le Seigneur, apaisé par cette oblation et accordant la grâce et le don de pénitence, remet les crimes et les péchés, même les plus grands.

C'est en effet une seule et même hostie, et le même s'offre aujourd'hui, par le ministère des prêtres, qui s'offrit autrefois sur la croix, sans qu'il y ait de différence que dans la manière d'offrir. Et par cette oblation non sanglante on reçoit des fruits très-abondants de celle qui s'est faite avec effusion de sang; tant s'en faut que par elle on déroge à celle-ci. C'est pourquoi, selon la tradition des apôtres, elle est offerte non-seulement pour les péchés, les peines, les satisfactions et les autres nécessités des fidèles encore vivants, mais aussi pour ceux qui sont morts en Jésus-Christ et qui ne sont pas encore entièrement purifiés.

CHAP. III. Des messes qui se disent en l'honneur des saints.

« Quoique l'Église ait coutume de célébrer quelquefois des messes en l'honneur et en la mémoire des saints, elle n'enseigne pourtant pas que le sacrifice leur soit offert, mais bien à Dieu seul, qui les a couronnés. Aussi le prêtre ne dit-il pas : « Pierre ou Paul, je vous offre ce sacrifice ; » mais, rendant grâces à Dieu de leur victoire, il implore leur assistance, afin que ceux dont nous faisons mémoire sur la terre daignent intercéder pour nous dans le ciel.

CHAP. IV. Du canon de la messe.

«Et comme il convient que les choses saintes soient administrées saintement, et que ce sacrifice est de toutes choses la plus sainte, afin qu'il fût offert et reçu avec dignité et respect, l'Église catholique, depuis plusieurs siècles, a établi le saint canon, si exempt de toute erreur qu'il n'y a rien dedans qui ne ressente tout à fait la sainteté et je ne sais quelle piété, et qui n'élève à Dieu l'esprit de ceux qui offrent le Sacrifice. Car il est composé des paroles mêmes de Notre-Seigneur, des traditions des apôtres et des pieuses institutions des saints Pontifes.

CHAP. V. Des cérémonies solennelles du sacrifice de la messe.

* Note de Louis: J’ai aéré le texte pour une meilleure compréhension. Bien à vous.

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