L'ORDRE DE LA CHARITÉ (extraits du Traité de la Charité par Saint Thomas d’Aquin.)

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Message  ROBERT. Mer 11 Avr 2012, 8:07 pm

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L'ORDRE DE LA CHARITÉ (extraits du Traité de la Charité par Saint Thomas d’Aquin.) - Page 2 Sans-t10


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LA CHARITÉ.

QUESTION 26.

L'ORDRE DE LA CHARITÉ.



ARTICLE 9.

L’homme doit-il, en charité, aimer son fils plus que son père ?


DIFFICULTES: 1. Nous devons aimer davantage celui à qui nous devons faire du bien. Or, nous devons faire plus de bien à nos enfants qu'à nos parents, selon ces paroles de l'Apôtre: "Ce n'est point aux enfants à amasser des trésors pour leurs parents, mais aux parents pour leurs enfants". Donc les enfants doivent être aimés davantage.


2. La grâce perfectionne la nature. Or, naturellement, les parents aiment plus leurs enfants qu'ils n'en sont aimés, comme le remarque Aristote. Donc, nous devons aimer nos enfants plus que nos parents.


3. Par la charité, les affections de l'homme se conforment à celles de Dieu. Or, Dieu aime plus ses enfants qu'il n'en est aimé. Donc, nous aussi, devons aimer nos enfants plus que nos parents.


CEPENDANT, saint Ambroise dit: "Dieu doit être aimé d'abord, ensuite les parents, puis les enfants, enfin les familiers".




"IIa-IIæ, qu.26, par H.D. NOBLE O.P ; Éditions de la Revue des Jeunes, Paris, 1936."
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L'ORDRE DE LA CHARITÉ (extraits du Traité de la Charité par Saint Thomas d’Aquin.) - Page 2 Empty LA CHARITE ORDONNEE

Message  Joel Jeu 12 Avr 2012, 6:11 am


QUE PEUT-ON AIMER ? VERS QUI COURIR, AVEC QUI, ET A QUEL SUJET.
ORDONNEZ LA CHARITE.

Le texte de Hugues de Saint-Victor complète bien celui que vous avez cité mon cher Robert !

A mon tour de vous donner un extrait si vous permettez :

" "Ordonnez donc la charité" afin que, par le désir elle coure à partir de Dieu, avec Dieu, vers Dieu [ de Deo, cum Deo, in Deum ] ; à partir du prochain, et non vers le prochain ; à partir du monde, mais non avec le monde, ni vers le monde ; et qu'ainsi en Dieu seul elle se repose par la joie. Voilà la charité ordonnée, et en dehors d'elle, tout ce qui se fait n'est pas charité ordonnée, mais cupidité désordonnée. "

Hugues de Saint-Victor, La Réalité de l'Amour (De Substancia dilectionis), IV
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Message  gabrielle Jeu 12 Avr 2012, 10:52 am

Joel a écrit:
QUE PEUT-ON AIMER ? VERS QUI COURIR, AVEC QUI, ET A QUEL SUJET.
ORDONNEZ LA CHARITE.

Le texte de Hugues de Saint-Victor complète bien celui que vous avez cité mon cher Robert !

A mon tour de vous donner un extrait si vous permettez :

" "Ordonnez donc la charité" afin que, par le désir elle coure à partir de Dieu, avec Dieu, vers Dieu [ de Deo, cum Deo, in Deum ] ; à partir du prochain, et non vers le prochain ; à partir du monde, mais non avec le monde, ni vers le monde ; et qu'ainsi en Dieu seul elle se repose par la joie. Voilà la charité ordonnée, et en dehors d'elle, tout ce qui se fait n'est pas charité ordonnée, mais cupidité désordonnée. "

Hugues de Saint-Victor, La Réalité de l'Amour (De Substancia dilectionis), IV

Superbe ce texte!

Il est facile à retenir et à comprendre , ce que j'aime c'est courir à partir du prochaine et non vers le prochain, cela démontre bien, que le prochain n'est pas une fin en soi.

Merci.
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Message  ROBERT. Jeu 12 Avr 2012, 2:46 pm

Joel a écrit:
QUE PEUT-ON AIMER ? VERS QUI COURIR, AVEC QUI, ET A QUEL SUJET.
ORDONNEZ LA CHARITE.

Le texte de Hugues de Saint-Victor complète bien celui que vous avez cité mon cher Robert !

A mon tour de vous donner un extrait si vous permettez :

" "Ordonnez donc la charité" afin que, par le désir elle coure à partir de Dieu, avec Dieu, vers Dieu [ de Deo, cum Deo, in Deum ] ; à partir du prochain, et non vers le prochain ; à partir du monde, mais non avec le monde, ni vers le monde ; et qu'ainsi en Dieu seul elle se repose par la joie. Voilà la charité ordonnée, et en dehors d'elle, tout ce qui se fait n'est pas charité ordonnée, mais cupidité désordonnée. "

Hugues de Saint-Victor, La Réalité de l'Amour (De Substancia dilectionis), IV

J'aime bien la conclusion d'Hugues de Saint-Victor: Voilà la charité ordonnée, et en dehors d'elle, tout ce qui se fait n'est pas charité

ordonnée, mais cupidité désordonnée.
Paf ! Les modernos viennent d'en prendre pour leur rhume ! En plein dans le mille !! Merci Joël.

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Message  ROBERT. Jeu 12 Avr 2012, 2:55 pm

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LA CHARITÉ.

QUESTION 26.

L'ORDRE DE LA CHARITÉ.



ARTICLE 9.


L’homme doit-il, en charité, aimer son fils plus que son père ? (suite)




CONCLUSION: Comme il a été dit plus haut, le degré de l'amour peut s'apprécier de deux manières. Premièrement, par rapport à l'objet; et, dans ce sens, on doit aimer davantage ce qui représente un bien plus excellent et ce qui a le plus de ressemblance avec Dieu. De la sorte, le père doit être plus aimé que le fils, parce que nous aimons notre père comme principe et que le principe représente un bien plus éminent et plus semblable à Dieu.


Deuxièmement, les degrés de l'amour se prennent du côté de celui qui aime; et, sous ce rapport, on aime davantage celui auquel on est plus uni. Dans ce sens, le fils doit être plus aimé que le père, comme le dit Aristote: d'abord, parce que les parents aiment leurs enfants comme étant quelque chose d'eux-mêmes, tandis que le père n'est pas quelque chose du fils, ce qui fait que l'amour du père pour son fils se rapproche davantage de l'amour qu'il a pour lui-même. En second lieu, parce que les parents savent mieux quels sont leurs enfants que ceux-ci ne peuvent savoir quels sont ceux à qui ils doivent l'existence.


En troisième lieu, parce que le fils, existant par le père et étant comme une partie du père, est plus rapproché du père que celui-ci ne l'est de son fils dont il est le principe.


En quatrième lieu, parce que les parents ont aimé depuis plus longtemps, car, tout de suite, le père commence d'aimer son fils, tandis que le fils ne commence d'aimer son père qu'après un certain temps. Or, l'amour est d'autant plus fort qu'il est plus ancien, selon cette parole de l'Ecclésiastique: "Ne délaisse pas ton vieil ami, car le nouveau ne le vaudra pas "[109].







note explicative:

[109] Qu. 26, art. 9, concl. — Dans cet article et dans les trois suivants, saint Thomas montre jusqu'à quelle délicatesse peut être poussée la hiérarchie de la charité. A l'intérieur du cercle de nos parents, notre charité doit-elle avoir des préférences ? Qui préférer, son père ou son fils (art. 9)? Son père ou sa mère (art. 10) ? Ses parents ou sa femme (art. 11) ? Parmi nos affections de libre choix, devons-nous avoir aussi des préférences, par exemple, quand nous sommes des amis bienfaiteurs, aimons-nous mieux que lorsque nous sommes seulement des obligés (art. 12) ?



— Ces préférences de notre charité seront très nuancées, elles varieront selon les points de vue et même selon les circonstances. Le degré de l'amour peut s'apprécier de deux manières: par rapport à l’objet, c'est-à-dire par rapport au bien que représente cet objet et qui est d'autant plus aimable qu'il est plus excellent et possède plus de ressemblance avec Dieu; puis par rapport au sujet qui aime, car on aime davantage celui auquel on est plus uni et auquel, pour cette raison même, on donne un dévouement plus fréquent et plus continu. Les cas particuliers étudiés aux articles 9, 10, 11, 12 vont éclairer cette distinction. En voici une première application dans la question: Qui préférer, en charité, de ses parents ou de ses enfants ?



— Objectivement parlant, les parents, étant principes, ont plus de bonté, plus de raison d'être aimés que les enfants qui, étant dérivés, tiennent tout de leurs parents, et, à ce titre, représentent une valeur moindre; mais subjectivement parlant, et du point de vue de la jonction et de l'activité des vies, de l'obligatoire et assidu dévouement, on aime mieux ses enfants que ses parents. On goûtera les raisons qu'en donne saint Thomas, d'après Aristote: C'est soi-même que le père retrouve dans son fils. Le père sait mieux que son fils est à lui que celui-ci ne sait qu'il est le fils de son père. Pour le père, le fils est partie de lui-même; pour le fils, son père n'est point partie de lui-même. Et puis, un fils est aimé depuis qu'il existe; mais un père n'est pas aimé depuis qu'il existe, pas même depuis qu'il est père. Les parents demeurent les vieux amis fidèles: on retrouve leur fidélité désintéressée et tendre quand les autres amitiés ont fui. Ici, dit saint Thomas, vaut à plein le conseil de l'Ecclésiastique: "Ne délaisse pas ton vieil ami, car le nouveau ne le vaudra pas." (souligné ajoutés)





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Message  Gérard Jeu 12 Avr 2012, 3:04 pm


Gabrielle a écrit :
Superbe ce texte!

Il est facile à retenir et à comprendre , ce que j'aime c'est courir à partir du prochaine et non vers le prochain, cela démontre bien, que le prochain n'est pas une fin en soi.

Merci.
Chère Gabrielle, il faut absolument corriger votre faute d'orthographe sinon on peut croit que c'est un gag de Tournesol !

Bon ceci dit, je pense que tout le monde a bien compris ce que vous vouliez dire !
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Message  ROBERT. Jeu 12 Avr 2012, 3:08 pm

Gérard a écrit:
Gabrielle a écrit :
Superbe ce texte!

Il est facile à retenir et à comprendre , ce que j'aime c'est courir à partir du prochaine et non vers le prochain, cela démontre bien, que le prochain n'est pas une fin en soi.

Merci.
Chère Gabrielle, il faut absolument corriger votre faute d'orthographe sinon on peut croit que c'est un gag de Tournesol !

Bon ceci dit, je pense que tout le monde a bien compris ce que vous vouliez dire !

Je pense qu'on peut comprendre Gabrielle, même si elle fai des fautes orthographiques !
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Message  ROBERT. Jeu 12 Avr 2012, 5:04 pm

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LA CHARITÉ.

QUESTION 26.

L'ORDRE DE LA CHARITÉ.



ARTICLE 9.

L’homme doit-il, en charité, aimer son fils plus que son père ? (suite)



SOLUTIONS: 1. Au principe est due la soumission du respect; à l'effet revient proportionnellement, de la part du principe, l'influence et le soutien. De là, pour les enfants, l'obligation d'honorer leurs parents, et, pour les parents, l'obligation de pourvoir aux besoins de leurs enfants [110].


2. Le père aime naturellement davantage son enfant, en tant que celui-ci lui est uni. Mais, l'enfant aime naturellement davantage son père parce que celui-ci représente un bien supérieur.


3. Comme le dit saint Augustin: "Dieu nous aime pour notre avantage et pour sa gloire". Voilà pourquoi, le père, étant principe à l'égard des enfants, comme Dieu lui-même, il revient proprement au père d'être honoré par ses enfants, et, au fils, d'être sustenté dans ses besoins par ses parents. Toutefois, en cas de nécessité, le fils est obligé, en raison des bienfaits reçus, de venir en aide à ses parents.





notes explicatives:


[110] Qu. 26, art. 9, sol. 1. — Voyez les nuances du sentiment dicté par la charité, selon qu'il va des enfants aux parents, ou bien des parents aux enfants. Semblable en cela à l'amour naturel, l'amour de charité change d'attitude suivant qu'il remonte vers les parents ou qu'il descend vers les enfants: à l'égard des parents, il est fait de gratitude, de révérence et d'honneur: à l'égard des enfants, il s'affirme par une bienfaisance de tous les instants, par une vigilance, des soins et des sacrifices qui ne connaissent ni arrêt ni limite.



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Message  ROBERT. Ven 13 Avr 2012, 4:22 pm

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LA CHARITÉ.

QUESTION 26.

L'ORDRE DE LA CHARITÉ.




ARTICLE 10. L’homme doit-il aimer sa mère plus que son père ?


DIFFICULTES: 1. "Dans la génération, dit Aristote, la femme donne le corps". Mais, l'homme ne doit pas l'âme à son père, mais à Dieu qui la crée, comme nous l'avons établi. L'homme reçoit donc plus de sa mère que de son père. Par suite, il doit aimer sa mère plus que son père.


2. L'homme doit aimer davantage celui dont il est plus aimé. Or, l'enfant est plus aimé de sa mère que de son père. "Ce sont les mères, dit Aristote, qui aiment le plus leurs enfants; elles ont plus de peine dans la génération et elles savent que leurs enfants sont d'elles plus que les pères ne le savent". La mère doit donc être plus aimée que le père.


3. Nous devons avoir une plus grande affection pour celui qui s'est donné plus de peine pour nous, selon cette parole de saint Paul: "Saluez Marie, qui a beaucoup travaillé pour vous". Or, la mère a plus de peine que le père, soit pour engendrer, soit pour élever les enfants; c'est pourquoi il est dit dans l'Ecclésiastique: "N'oublie point les gémissements de ta mère". L'homme doit donc aimer sa mère plus que son père.



CEPENDANT, saint Jérôme dit: "Après Dieu, qui est le père de tous, il faut aimer son père". Il ne met la mère qu'en seconde ligne.




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Message  ROBERT. Ven 13 Avr 2012, 4:25 pm

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LA CHARITÉ.

QUESTION 26.

L'ORDRE DE LA CHARITÉ.



ARTICLE 10. L’homme doit-il aimer sa mère plus que son père ? (suite)




CONCLUSION: En ces sortes de comparaison, ce qui est dit doit être pris en soi. Ainsi, dans la présente question, il s'agit de savoir si le père, considéré comme tel, doit être plus aimé que la mère, considérée comme telle. Dans les cas de ce genre, en effet, les individus peuvent offrir une telle différence de vertu et de malice, que l'amitié en soit détruite ou du moins affaiblie, comme le dit Aristote.


Et c'est pour cela qu'au dire de saint Ambroise "les bons familiers doivent être préférés aux mauvais fils". Mais, à parler absolument, le père doit être plus aimé que la mère. En effet, le père et la mère sont aimés comme étant les principes de notre naissance naturelle. Or, le père est principe plus éminent que la mère: le père l'est par mode de principe actif, et la mère, par mode de principe passif et matériel.

Voilà pourquoi, absolument parlant, il faut aimer davantage le père [111].






note explicative:


[111] Qu. 26, art. 10, Concl. — Un enfant doit-il aimer plus son père que sa mère ? — Oui, objectivement, parce que, dans la génération, le père est le principe actif et formel de l'enfant, tandis que la mère est le principe passif et matériel. Evidemment, une telle préférence ne vaut qu'en soi, abstraitement, et seulement si l'on regarde l'excellence qui appartient au père en tant que père. A ce titre, plus d'honneur et de soumission lui sont dus. Peut-être, serait-on tenté, pour donner la préséance à la mère, de faire valoir la peine subie par celle-ci dans la gestation, la naissance et la première éducation physique de l'enfant; cependant le père n'en demeure pas moins le principe actif, la cause initiale de la vie. Quoi qu'il en soit de cette supériorité métaphysique du père, il arrive que les circonstances renversent la situation, par exemple, lorsque la mère est vertueuse et sainte, alors que le père est loin de la distancer sur ce point: au regard de la charité, l'amabilité de la mère ne peut manquer de l'emporter. C'est dans le même sens que saint Ambroise dit: "Les bons serviteurs doivent être préférés aux mauvais fils." D'autres particularités pourront encore intervenir et faire que la mère soit plus aimée que le père et qu'elle reçoive plus de témoignages d'affection.



Cela proviendra surtout de l'éducation, donnée en majeure partie par la mère. Le père doit assurer la subsistance de la famille; il reste davantage en dehors du foyer; tandis que la mère, vouée aux soins domestiques, demeure à l'intérieur et se trouve en commerce plus direct et plus intime avec l'enfant. Ainsi se créent des liens nouveaux dont les motifs, fort légitimes, contribuent à intensifier la charité en faveur de la mère. On pourrait aussi faire valoir, dans certains cas, la similitude des tempéraments et des sensibilités et bien d'autres particularités, mais qui demeurent des particularités et dont l'influence ne saurait amoindrir la primauté qui revient au père dans la fondation de la famille. Au demeurant, il n'est ici question que de nuances: notre amour filial et notre amour de charité embrassent à la fois notre père et notre mère; ils ne consentent guère à instituer un partage. (souligné ajouté)





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Message  ROBERT. Sam 14 Avr 2012, 12:02 pm

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LA CHARITÉ.

QUESTION 26.

L'ORDRE DE LA CHARITÉ.



ARTICLE 10. L’homme doit-il aimer sa mère plus que son père ? (suite)



SOLUTIONS: 1. Dans la génération humaine, la mère fournit la matière du corps non encore formé. Or, cette matière est informée par la vertu formative qui vient du père. Et, quoique cette sorte de vertu ne puisse pas créer l'âme raisonnable, elle dispose cependant la matière corporelle à la réception de cette forme.


2. La difficulté soulevée par l'objection se réfère à une autre raison d'amour. Car l'amitié, que nous avons pour quelqu'un qui nous aime, est d'une autre espèce que l'amitié par laquelle nous aimons celui qui nous engendre. Or, présentement, il s'agit de l'amitié que nous devons à notre père et à notre mère considérés comme principes de notre naissance.

Et cette réponse vaut pour la troisième difficulté.




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Message  ROBERT. Sam 14 Avr 2012, 4:33 pm

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LA CHARITÉ.

QUESTION 26.

L'ORDRE DE LA CHARITÉ.




ARTICLE 11.

L’homme doit-il aimer son épouse plus que son père et sa mère ?



DIFFICULTÉS: 1. Nul n'abandonne une chose, si ce n'est pour une autre qu'il préfère. Or, il est écrit, dans la Genèse, que, pour sa femme, "l'homme abandonnera son père et sa mère". L'homme doit donc aimer son épouse plus que son père et sa mère.



2. "Les maris, dit saint Paul, doivent aimer leurs femmes comme ils s'aiment eux-mêmes". Or, l'homme doit s'aimer lui-même plus que ses parents. Donc, il doit aimer son épouse plus que ses parents.



3. Là où il y a plus de motifs d'aimer, il doit y avoir aussi plus d'amour. Or, dans l'amitié pour une épouse, il y a plusieurs motifs d'amour. Aristote dit, en effet, que "dans cette amitié semblent se trouver l'utile, le délectable et aussi la vertu si les époux sont vertueux." Donc l'amour pour une épouse doit être plus grand que pour les parents.



CEPENDANT, saint Paul dit: "Le mari doit aimer sa femme comme sa chair". Mais, l'homme doit moins aimer son corps que le prochain, comme il a été dit plus haut. Or, parmi le prochain, ce sont nos parents que nous devons aimer le plus. Donc, ce sont ses parents que l'homme doit aimer plus que son épouse.





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Message  ROBERT. Dim 15 Avr 2012, 2:55 pm

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LA CHARITÉ.

QUESTION 26.

L'ORDRE DE LA CHARITÉ.




ARTICLE 11.

L’homme doit-il aimer son épouse plus que son père et sa mère ? (suite)



CONCLUSION: Ainsi qu'il a été dit, le degré de l'amour se prend de la nature du bien qui est son objet et de l'union que le sujet aimant réalise avec cet objet. A prendre la nature du bien, objet de l'amour, ce sont les parents qui doivent être aimés plus que l'épouse, parce qu'on les aime en tant que principes et comme représentant, à ce titre, un bien supérieur. Mais, sous le rapport de l'union, c'est l'épouse qui doit être aimée davantage, parce qu'elle est conjointe à son mari comme existant avec lui dans une seule chair, selon cette parole de l'Evangile: "Ainsi donc, ils ne sont plus deux, mais une seule chair". Et c'est pourquoi l'épouse est aimée plus ardemment; mais aux parents est dû un plus grand respect [112].









note explicative:

[112] Qu. 26, art. 11, concl. — Un homme doit-il préférer, en charité, ses parents ou sa femme ? — L'union conjugale est une liaison de choix; elle devient plus encore une liaison de nature, puisqu'elle fonde un ordre nouveau de parenté, par alliance. Dans l'ordre d'excellence, les parents, comme principes, présentent, de soi, plus d'amabilité de charité; c'est pourquoi il est des circonstances où l'homme doit venir en aide à ses parents plutôt qu'à son épouse: il appartient alors à la vertu de prudence de régler ces cas exceptionnels (sol. 1).



Mais, dans l'ordre de l'intimité, il est clair que la dilection doit être plus grande de l'époux à l'épouse et réciproquement: si l'on doit à ses parents plus de respect, on se doit, entre époux, plus de dévouement immédiat et continu. Ce degré d'intimité n'a pas et ne peut avoir son pareil. L'amour conjugal est ce qui se rapproche le plus de l'amour de soi (sol. 2). C'est pourquoi la vie en commun et l'accord moral entre époux passent avant les complaisances envers les parents. Ceux-ci doivent, non seulement par simple bon sens, mais par charité, se garder d'apporter, par égoïsme, voire même par jalousie, au jeune foyer de leur fils ou de leur fille, une intrusion fâcheuse qui risque d'amener la mésentente.
(gras ajoutés)





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Message  ROBERT. Dim 15 Avr 2012, 8:29 pm

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QUESTION 26.

L'ORDRE DE LA CHARITÉ.




ARTICLE 11.


L’homme doit-il aimer son épouse plus que son père et sa mère ? (suite)




SOLUTIONS: 1. Ce n'est pas en toutes choses que l'homme délaissera son père et sa mère pour son épouse; car, il est des circonstances où l'homme doit venir en aide à ses parents plutôt qu'à son épouse. Mais, c'est en ce qui concerne l'union conjugale et la cohabitation que l'homme doit laisser tous ses parents pour s'attacher à sa femme.



2. Dans ces paroles de saint Paul, il ne faut pas entendre que l'homme doive aimer son épouse à l'égal de lui-même. Elles signifient que la dilection qu'il a pour lui-même est le motif de celle qu'il a pour l'épouse qui lui est unie.



3. Même dans l'amitié pour les parents, se présentent de nombreux motifs d'amour. Et, d'une certaine manière, ces motifs l'emportent sur ceux que l'on a d'aimer sa femme, quant au bien, aimé en celle-ci. En revanche, les motifs d'aimer sa femme l'emportent quant à l'union qu'il faut réaliser avec elle.



4. Dans le texte cité au "cependant", il faut entendre la conjonction "comme" non pas en tant qu'exprimant l'égalité, mais seulement le motif de l'amour. C'est, en effet, principalement en raison de l'union charnelle que l'homme aime son épouse.




"IIa-IIæ, qu.26, par H.D. NOBLE O.P ; Éditions de la Revue des Jeunes, Paris, 1936."
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Message  ROBERT. Lun 16 Avr 2012, 7:40 pm

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LA CHARITÉ.

QUESTION 26.

L'ORDRE DE LA CHARITÉ.


ARTICLE 12.


L’homme doit-il aimer son bienfaiteur plutôt que celui à qui il fait du bien ?



DIFFICULTÉS: 1. Saint Augustin dit: "Rien n'est plus propre à provoquer l'amour de quelqu'un que d'être soi-même le premier à l'aimer. En effet, c'est avoir le cœur trop dur, lors même que l'on ne veut pas faire les premières avances, que de refuser de répondre à l'amour qu'on nous témoigne". Or, nos bienfaiteurs sont les premiers à nous témoigner leur amour par le bien qu'ils nous font. Donc ce sont eux qui doivent être aimés davantage.


2. On doit d'autant plus aimer quelqu'un qu'on pèche plus gravement en cessant de l'aimer, ou en agissant contre lui. Or, on pèche plus gravement en cessant d'aimer un bienfaiteur ou en agissant contre lui qu'en cessant d'aimer celui à qui on a fait du bien jusqu'alors. Donc, il faut plus aimer ceux qui nous font du bien que ceux à qui nous en faisons nous-mêmes.


3. Entre tout ce que nous devons aimer, Dieu est celui que nous devons aimer le plus; puis, c'est notre père, comme le dit saint Jérôme. Or, ce sont là nos plus grands bienfaiteurs. Donc, c'est le bienfaiteur qui doit être aimé davantage.


CEPENDANT, Aristote dit: "Les bienfaiteurs paraissent aimer leurs obligés plus qu'ils n'en sont aimés."




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Message  ROBERT. Lun 16 Avr 2012, 7:44 pm

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LA CHARITÉ.

QUESTION 26.

L'ORDRE DE LA CHARITÉ.



ARTICLE 12.

L’homme doit-il aimer son bienfaiteur plutôt que celui à qui il fait du bien ? (suite)




CONCLUSION: Ainsi qu'il a été dit précédemment, une chose est dite plus aimée à un double titre: ou, parce qu'elle présente une plus excellente raison de bien, ou parce qu'on lui est plus uni.


Dans le premier sens, c'est le bienfaiteur qui doit être aimé davantage: puisqu'il est principe de bien pour celui qui reçoit le bienfait, il y a en lui une raison de bien plus excellent, comme il a été déjà dit à propos du père.


Dans le second sens, c'est au contraire ceux à qui nous faisons du bien que nous aimons davantage, comme le prouve Aristote par quatre raisons.


Premièrement, parce que celui qui reçoit le bienfait est comme l'œuvre du bienfaiteur; aussi a-t-on coutume de dire: "C'est la créature d'un tel"! Or, il est naturel à chacun d'aimer son œuvre, comme nous le voyons chez les poètes qui aiment leurs poèmes; et cela, parce que tout être aime son être et aussi sa vie, qui s'affirme surtout par l'action.



— Deuxièmement, parce que chacun aime ce en quoi il voit son propre bien. Il est très vrai que le bienfaiteur et l'obligé trouvent l'un dans l'autre réciproquement leur bien; mais, le bienfaiteur voit, dans l'obligé, son bien honnête; l'obligé, au contraire, dans le bienfaiteur, son bien utile. Or, la considération du bien honnête apporte plus de joie que celle du bien utile: soit parce que ce bien est plus durable, car l'utilité passe vite, et le seul souvenir d'un bien passé n'égale pas la joie d'un bien présent; soit aussi parce que nous pensons avec plus de joie aux bonnes actions que nous avons faites qu'aux bons services que nous avons reçus des autres.


— Troisièmement, parce qu'il appartient, à celui qui aime, d'agir, puisqu'il veut et fait du bien à celui qui est aimé; celui-ci, au contraire, reçoit. Voilà pourquoi il est plus excellent d'aimer. D'où il suit que c'est au bienfaiteur d'aimer davantage.


— Quatrièmement, parce qu'il en coûte plus de faire du bien que d'en recevoir. Or, nous aimons mieux ce qui nous a coûté davantage, alors que nous dédaignons en quelque sorte ce qui nous arrive sans effort [113].









note explicative:

[113] Qu. 26, art. 12, concl. — Après avoir établi une hiérarchie de charité à l'égard de ceux qui composent notre parenté, saint Thomas en établit une nouvelle à l'endroit de nos autres liaisons avec autrui. C'est tout l'ordre des affections libres et spontanées, de nos amitiés vertueuses, de nos rapports de bienfaisance d'utilité ou d'action commune avec les personnes que nous fréquentons. Saint Thomas, il est vrai, n'envisage qu'une seule forme de liaison de choix; mais, c'est l'une des plus représentatives, et elle se retrouve, quoique différenciée, dans chaque spécialité de ces liaisons. Il s'agit de comparer le bienfaiteur et son obligé au sujet de la charité plus ou moins grande qu'ils méritent l'un et l'autre, puis au sujet de la charité plus ou moins grande déployée par le bienfaiteur ou par l'obligé dans l'exercice même de la bienfaisance.



Ces échanges bienfaisants, dont l'idéal est qu'ils soient mutuels, courent à travers toutes nos relations affectueuses et nos liaisons d'intérêts ou de coopération avec nos semblables; c'est pourquoi la question est de savoir s'il y a lieu de mettre du plus ou moins dans la charité qui les inspire.



— Si l'on compare le bienfaiteur à son obligé au point de vue de leur valeur d'amabilité respective, il est évident que le premier l'emporte et qu'il doit être le plus aimé. Il donne et diffuse la bienfaisance; il possède en propre une excellence de bien; il est le principe du bienfait reçu. Celui qu'il oblige devra l'aimer d'une charité d'autant plus grande qu'il recevra davantage. De notre part, la gratitude est déjà une dette de justice à l'égard de nos bienfaiteurs (sol. 2); elle est, au surplus, une obligation de notre charité. Celle-ci se proportionnera donc à la qualité et à la densité du bienfait. Dieu, notre premier et suprême bienfaiteur, mérite, de notre part, la plénitude de notre charité. Après Dieu, s'échelonnent, à des degrés divers, nos bienfaiteurs humains: parents, éducateurs, maîtres, amis, coopérateurs, tous ceux qui nous apportent les biens de l'âme, de l'esprit, du cœur, du corps, tous ceux qui nous aident dans les nécessités et les difficultés de l'existence. A notre charité de répondre proportionnellement au mérite particulier de ces divers bienfaiteurs.



— Si, maintenant, l'on compare le bienfaiteur et son obligé au point de vue de l'intensité de charité apportée dans l'exercice de la bienfaisance, il est manifeste que le bienfaiteur accuse une plus grande charité que le bénéficiaire de ses dons. Pour l'établir, saint Thomas emprunte à Aristote ces quatre excellentes raisons par lesquelles le Philosophe montre que le bienfaiteur aime plus et mieux son obligé que celui-ci ne l'aime :



1º Celui qui reçoit le bienfait est comme l'œuvre, la "création" de son bienfaiteur; et il est naturel à tout être d'aimer sa vie et les œuvres qu'il produit, de même qu'il est naturel au poète d'aimer les poésies qu'il crée.



2º C'est par honnêteté désintéressée que le bienfaiteur vient en aide à l'obligé; il s'enrichit de cette perfection qui consiste à faire le bien; il accomplit un acte de vertu qui vaut par lui-même et dont le souvenir persiste et le rend heureux. L'obligé, lui, reçoit un bien qui lui est utile transitoirement, mais qu'il oublie facilement, car nous pensons avec plus de joie aux bonnes actions que nous avons faites qu'aux bons services qui nous ont été rendus.



3º Le bienfaiteur prouve activement l'amour puisqu'il se dévoue, tandis que l'obligé reste passif en recevant ce qu'on lui donne; et il peut recevoir sans aimer.



4º II est toujours onéreux d'être bienfaisant, puisqu'en donnant on se prive, par quelque endroit, pour celui qui n'a qu'à tendre la main et à jouir des largesses dont il est gratifié. Et cela même dénonce plus d'amour chez le bienfaiteur; et la preuve en est que nous aimons mieux ce qui nous coûte davantage, tandis, que nous dédaignons en quelque sorte ce qui nous arrive sans effort. Déjà, dans l'ordre naturel, se manifeste plus d'amour chez le bienfaiteur que chez l'obligé dans l'exercice de la bienfaisance. Semblablement, dans l'exercice de la bienfaisance surnaturelle, la charité s'affirme plus intense chez le bienfaiteur que chez l'obligé.





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Message  ROBERT. Mar 17 Avr 2012, 10:54 am

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LA CHARITÉ.

QUESTION 26.

L'ORDRE DE LA CHARITÉ.


ARTICLE 12.

L’homme doit-il aimer son bienfaiteur plutôt que celui à qui il fait du bien ? (suite)




SOLUTIONS: 1. C'est le bienfaiteur qui incite son obligé à l'aimer; celui qui reçoit le bienfait est amené à aimer son bienfaiteur, tandis que c'est spontanément que le bienfaiteur se porte à aimer son obligé, sans y être attiré par celui-ci. Or, ce qui est spontané l'emporte sur ce qui est provoqué.


2. L'amour de l'obligé envers son bienfaiteur a davantage raison de dette, et voilà pourquoi son contraire donne lieu à un péché plus grand. Mais, l'amour du bienfaiteur pour l'obligé est plus spontané et, par cela même, plus prompt.


3. Dieu aussi nous aime plus que nous ne l'aimons; et les parents aiment plus leurs enfants qu'ils n'en sont aimés. Toutefois, pour autant, il n'est pas nécessaire de dire que nous devons aimer ceux à qui nous faisons du bien plus que certains de nos bienfaiteurs. Car, ces bienfaiteurs, comme Dieu et nos parents, auxquels nous sommes redevables d'insignes bienfaits, passent avant ceux à qui nous accordons des bienfaits beaucoup moindres.





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Message  ROBERT. Mar 17 Avr 2012, 3:31 pm

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LA CHARITÉ.


QUESTION 26.

L'ORDRE DE LA CHARITÉ.





ARTICLE 13. L'ordre de la charité demeure-t-il dans le Ciel ?


DIFFICULTES: 1. Saint Augustin dit: "La charité parfaite consiste à aimer les biens meilleurs davantage que les biens moindres". Or, au Ciel, la charité sera parfaite. On y aimera donc les meilleurs plus que soi-même ou que ceux qui nous sont unis.


2. On aime davantage celui à qui on veut le plus de bien. Or, tout être, au Ciel, veut un plus grand bien à celui qui possède un plus grand bien; sans quoi, sa volonté ne serait point, en toute chose, conforme à la volonté divine. Au Ciel, celui qui est meilleur possède un plus grand bien. Donc, dans le Ciel, chacun aimera davantage celui qui est meilleur. Et, par suite, on aimera un autre plus que soi, et un étranger plus qu'un proche.



3. Dans le Ciel, Dieu sera la raison totale de l'amour; car alors, s'accomplira cette parole de saint Paul: "Afin que Dieu soit tout en tous". Celui-là donc sera le plus aimé qui sera le plus proche de Dieu. Et par suite, on y aimera celui qui est meilleur plus qu'on ne s'aimera soi-même, et un indifférent plus qu'un proche.



CEPENDANT, la nature n'est pas détruite par l'état de gloire, mais elle est perfectionnée par lui. Or, l'ordre de la charité, dont nous avons parlé, procède de la nature elle-même. Tous les êtres, en effet, s'aiment naturellement eux-mêmes, plus qu'ils n'aiment les autres. Donc, cet ordre de la charité subsistera au Ciel.





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Message  ROBERT. Mer 18 Avr 2012, 2:36 pm

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LA CHARITÉ.

QUESTION 26.

L'ORDRE DE LA CHARITÉ.



ARTICLE 13. L'ordre de la charité demeure-t-il dans le Ciel ? (suite)




CONCLUSION: L'ordre de la charité, relativement à l'amour souverain que nous devons à Dieu, subsistera nécessairement dans le Ciel. Il en sera ainsi absolument, quand l'homme jouira parfaitement de Dieu. Quant à l'ordre de l'amour de soi-même, comparativement à l'amour des autres, il semble qu'il faille distinguer. Car, comme on l'a dit précédemment, le degré de l'amour peut être diversement apprécié: soit d'après la différence du bien que l'on souhaite à un autre, soit d'après l'intensité même de l'amour.



De la première manière, on aimera plus que soi-même ceux qui seront meilleurs que soi, et l'on aimera moins ceux qui seront moins bons. Car, chaque bienheureux voudra que chacun ait ce qui lui est dû selon la justice divine, à cause de la parfaite conformité de la volonté humaine à la volonté divine. Alors, ce ne sera plus le temps de progresser par le mérite, en vue d'une plus grande récompense, comme il arrive ici-bas, où l'homme peut aspirer à la vertu et à une récompense meilleure: au ciel, la volonté de chacun se fixera à ce qui aura été divinement déterminé.



De la seconde manière, au contraire, chacun s'aimera soi-même plus qu'il n'aimera le prochain, même le meilleur; parce que l'intensité de l'acte d'amour provient du sujet qui aime, comme on l'a vu. D'ailleurs, le don de la chanté est conféré à chacun par Dieu, afin que d'abord, il ordonne son âme à Dieu, ce qui se rapporte à l'amour de soi; puis en seconde ligne, afin de vouloir que les autres s'y ordonnent, et même afin d'y coopérer selon tout son possible.



Quant à l’ordre à établir entre ceux qui constituent le prochain, il faut dire, sans réserve, qu'on aimera mieux, par la charité, tout simplement celui qui sera meilleur. Car, toute la vie bienheureuse consiste dans l'ordonnance de l'âme à Dieu. Ce sera donc par rapport à Dieu que s'établira l'ordre dans la façon d'aimer les bienheureux; de telle sorte que celui qui sera le plus rapproché de Dieu sera aussi celui que l'on aimera davantage et que l'on regardera comme le plus rapproché de soi. Car alors, il n'y aura pas, comme dans la vie présente, cette nécessité de pourvoir aux besoins des autres, ce qui oblige chacun à préférer, dans l'aide qu'il donne, celui qui lui tient de plus près, à celui qui lui est étranger; ce qui fait qu'en cette vie l'homme aime davantage, par l'inclination même de la charité, celui qui lui est plus uni et auquel l'oblige plus aussi le dévouement effectif de sa charité.



— Toutefois, dans la patrie, il y aura ceci: chacun aimera, pour plusieurs motifs, celui qui le tient de près; car, dans l'âme du bienheureux persévéreront toutes les causes de l'honnête amour. Seulement, à toutes ces raisons d'aimer, sera incomparablement préférée celle qui résulte de la proximité à l'égard de Dieu [114].








note explicative:

[114] Qu. 26, art 13, concl. — Saint Thomas clôt son étude sur l'ordre hiérarchique de nos dilections de charité en se demandant si cet ordre sera respecté au ciel, dans la charité des élus, pour Dieu, pour eux-mêmes et pour les bienheureux.

— Au ciel comme sur la terre, Dieu sera aimé par-dessus tout, il sera aimé, non plus par des actes intermittents, en ne le connaissant qu'à travers les voiles de la foi et dans une contradiction incessante entre son amabilité et les amabilités terrestres dont notre aveuglement d'esprit et surtout nos passions grossissent les attraits. Au ciel, l'acte de vision béatifique, continu et éternel, nous livrera l'amabilité infinie de Dieu et nous jouirons de le posséder avec la conviction enivrante qu'il mérite l'amour plus que tout.


— Quant à la place à se faire à soi-même par rapport aux autres bienheureux, il y a lieu de se rappeler une distinction déjà instituée précédemment: le degré d'amour peut être apprécié soit d'après la différence du bien que l'on souhaite à ceux qu'on aime, soit d'après la différence d'intensité dans l'amour lui-même. Chaque bienheureux, ayant une volonté parfaitement rectifiée sur la volonté de Dieu, applaudit à l'ordre fixé immuablement par lui. Les élus jouissent respectivement d'un certain degré de béatitude, en proportion même du degré respectif de leur charité; car alors, ce n'est plus le temps de progresser par des mérites nouveaux, d'espérer ou de souhaiter, pour soi ou pour d'autres, un avancement dans la charité et dans la gloire. Par conséquent, les bienheureux apprécient, comme Dieu l'apprécie, l'ordre d'excellence établi par l'équitable justice distributive de Dieu; chacun aime mieux les meilleurs que lui, et il aime moins les moindres que lui; sa charité, dans son vœu intime de bien pour ceux qu'elle aime, se conforme à cet ordre d'excellence ne varietur. Par conséquent, pas plus au titre d'émulation qu'au titre d'envie, aucun élu ne désire pour lui-même, un degré de charité et de gloire plus excellent que celui qu'il possède; il s'apprécie lui-même en toute objectivité, par rapport à tous et se met juste à sa place, s'aimant comme il convient, ni plus ni moins qu'il ne convient.



Si, dans l'ordre objectif d'excellence la charité de chaque bienheureux ne saurait garder de privauté, elle peut toutefois en garder une au point de vue de l'intensité et de l'intimité. Ceci revient à dire que chaque bienheureux aime son Dieu avec toute la force et la ferveur de la charité qui lui est départie. De la part de Dieu, cette charité est un don d'amitié à l'âme bienheureuse; il se lie d'amour avec cette âme pour qu'elle l'aime lui et qu'elle s'aime elle-même en lui, dans toute l'intensité possible de sa charité. Dieu lui donne cette charité pour que, premièrement, elle s'aime en s'ordonnant toute à lui, et pour que, secondairement elle aime les autres élus. Dès lors, au point de vue de l'intensité, l'âme bienheureuse s'aime elle-même dans la totale ferveur de sa charité, avant de mettre sa ferveur à aimer les autres, parce qu'ils s'ordonnent à Dieu avec toute l'intensité de leur propre charité. (Voir le Commentaire de Cajetan sur cet article).



Sous le rapport de l'intensité de la charité, chaque élu s'aimera donc au ciel, plus que les autres élus. Mais, s'il s'agit d'exercer la charité à l'égard des autres élus, y a-t-il lieu de distinguer, parmi eux, ceux qui, sur la terre, étaient proches de nous par les diverses liaisons de parenté, d'amitié, de coopération, de nationalité, etc., et, même parmi les proches, y a-t-il lieu de distinguer les plus proches, de telle sorte que le plus ou moins de liaison et de proximité soit motif de préférence dans les échanges et le commerce de la charité ?



— Non, répond saint Thomas; car, les situations qui motivaient les liaisons de la charité dans la vie terrestre, cesseront au ciel. Ici-bas, dans les conditions de l'existence, nous sommes forcément engagés dans ces liens de parenté et d'amitié, dans ces rapports de communs intérêts avec nos semblables. Nous avons besoin de ces rapprochements et de ces liens, car notre béatitude humaine et les moyens d'aboutir à la béatitude divine en dépendent: c'est dans ce cercle que nous agissons, aimons, travaillons, c'est là que nous nous dévouons et qu'à notre tour nous rencontrons appui, joie et encouragement. Il est donc normal que notre charité déploie tout son dévouement à l'égard de tous ceux qui ainsi nous tiennent de près et auxquels nous attachent des obligations naturelles d'affection. Dans la vie céleste, ces liens ne motiveront plus une particulière prédilection de notre charité: au regard de celle-ci, ceux qui nous apparaîtront les plus proches seront les plus proches de Dieu, c'est-à-dire les plus saints. Il s'ensuivra par exemple, que nous aimerons, par la charité, la sainte Vierge et les Saints, plus que nos parents, nos amis, et nos anciens compagnons de la terre qui seront à un degré moindre d'amour de Dieu.



Toutefois, n'en concluons point que plus rien ne subsistera de nos affections de la terre. Elles revivront et persévéreront dans leurs échanges et leur béatitude. C'est Dieu, dans sa providence, qui nous a donné les êtres aimés que nous chérissions ici-bas, nos parents, nos amis, les coopérateurs de nos œuvres et nos compagnons de l'exil terrestre. Aucun de ces motifs légitimes d'attachement n'a raison de périr ni de s'amoindrir dans la patrie. Les échanges affectueux se continueront entre ceux qui se sont aimés et la charité les approuvera puisque, déjà sur la terre, elle les a sanctifiés. Cependant, les prédilections de la charité elle-même se motiveront surtout d'après la plus grande charité des élus, et cette raison d'aimer "l'emportera incomparablement ", dit saint. Thomas, sur toute autre raison d'aimer.




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Message  ROBERT. Mer 18 Avr 2012, 7:18 pm

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LA CHARITÉ.

QUESTION 26.

L'ORDRE DE LA CHARITÉ.






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SOLUTIONS: 1. La raison invoquée par l'objection est concluante en ce qui concerne ceux qui nous sont unis. Mais, pour ce qui est de soi-même, il faut que chacun s'aime plus que les autres, et cela d'autant plus que la charité est plus parfaite; car la perfection de la charité ordonne l'homme à Dieu d'une manière parfaite: ce qui rentre dans l'amour de soi-même, comme il a été dit.


2. Cette raison procède de l'ordre de l'amour selon le degré de bien que l'on veut à l'être aimé.


3. Dieu sera, pour chacun, la raison totale de l'amour, précisément parce que Dieu est le bien total de l'homme; car si, par impossible, Dieu n'était point le bien de l'homme, il ne serait plus, pour l'homme, la raison d'aimer. C'est pourquoi, dans l'ordre de l'amour, il faut qu'après Dieu, l'homme s'aime lui-même du plus grand amour.




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