La Vierge Marie silencieuse (Frédéric William Faber)

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Message  Javier Dim 04 Déc 2011, 4:30 pm

Marie silencieuse

La tradition dit que les trois habitants de la sainte maison de Nazareth ne parlaient presque jamais. Les doux entretiens célestes, que nous avons pu nous figurer comme une partie de la vie de la Sainte Famille, n'ont eu lieu que dans notre imagination, ils n'ont pas existé. Il y régnait un silence plus profond que dans une solitude de larmes ou dans une maison de Chartreux où les vents des Alpes mugissent à travers les corridors et ébranlent les fenêtres, tandis que tout le reste est silencieux comme la tombe. Les paroles de Jésus étaient très rares. C'est là la raison pour laquelle Marie les conservait dans son cœur, parce que, comme des trésors, elles étaient rares autant que précieuses. Si nous réfléchissons, nous verrons qu'il ne pouvait guère en être autrement. Dieu est très silencieux. En ce qui concerne Marie, le récit de l'Evangile confirme la tradition. Le petit nombre des paroles de Marie qui s'y trouvent rapportées est étonnant. Qu'elle soit en mouvement ou en repos, elle y apparaît comme une belle statue dont la beauté est le seul langage. Cela est si frappant que quelques saints contemplatifs ont supposé que, dans son humilité, Marie avait commandé aux évangélistes de supprimer, en ce qui la concernait, tout ce qui n'était pas absolument nécessaire à la doctrine de Notre-Seigneur. Saint Jean, qui vécut le plus avec la Sainte Vierge, ne dit presque rien d'elle ; saint Marc ne fait mention d'elle qu'une seule fois, et seulement d'une manière indirecte. Sans nul doute, aucun saint ne pratiqua le silence comme elle le fit. Son silence envers saint Joseph en est une preuve merveilleuse.

Mais comment eût-elle pu n'être pas silencieuse ? Une créature qui avait vécu si longtemps avec le Créateur ne pouvait parler beaucoup ; son cœur était plein, son âme était réduite au silence. Elle était avec Jésus depuis douze longues années, de longues années relativement à la formation des habitudes, quoiqu'elles eussent passé pour Marie comme une extase sainte, pleine d'un douloureux amour. Elle avait porté Jésus dans ses bras. Elle avait veillé sur lui pendant qu'il dormait. Elle lui avait donné sa nourriture ; elle l'avait regardé dans les yeux. Il lui avait sans cesse dévoilé son cœur. Elle avait appris à le comprendre. Toutes les similitudes avec Dieu étaient passées dans l'âme de Marie. Nous savons combien Dieu est silencieux. Entre le Créateur et la créature, dans des relations telles que celles qui existaient entre Jésus et Marie, le silence, mieux que les paroles, était un langage. Qu'auraient pu faire les paroles ? Qu'auraient-elles pu dire ? Elles n'auraient pu porter le poids des pensées de la Mère, encore moins celui des pensées du Fils. Parler aurait été un effort, une condescendance, une descente de la montagne, de la part de Marie aussi bien que de Jésus. Et pourquoi descendre ? Saint Joseph n'en avait pas besoin. Lui aussi demeurait bien haut parmi ces montagnes de silence, trop haut pour qu'aucune voix, je dirais presque le moindre écho de la terre, pût retentir jusqu'à lui.

À SUIVRE...
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Message  Javier Dim 04 Déc 2011, 4:32 pm

Les souffrances de Marie, lorsqu'elle perdit Jésus durant trois jours, dépassèrent non seulement le pouvoir, mais les droits du silence. Elles entraînèrent la nature de Marie jusqu'aux dernières limites de sa faculté de souffrir, quelque sublime et vénérable que fût cette nature. Elles la forcèrent à faire ce qui était proportionné à leur violence, c'est-à-dire à chercher le dernier refuge de la créature en ouvrant entièrement son cœur au Créateur. La perfection de Notre-Seigneur, dans sa nature humaine, atteignit à son plus haut point dans une parole. Son silence était, sans doute, une adorable perfection, mais il y avait encore plus de sublimité dans ce cri qui s'échappa de ses lèvres : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ? C'est alors que sa Passion atteignit aux dernières limites de son humanité. C'est ainsi que notre Mère bien-aimée eut sa passion à la fin de l'enfance de Jésus, et sa compassion en même temps que la Passion de Notre-Seigneur, à la fin du ministère public. Les ténèbres de la troisième douleur furent le Gethsémani, la perte de Jésus fut le crucifiement de l'âme de la Sainte Vierge ; la plainte de Marie fut son cri sur la croix, quand le tourment de la croix finissait. Il en était alors de Marie, comme il devait en être plus tard pour Jésus.

Frédéric William Faber (1814-1863)

Le Pied de la Croix, 3° douleur, Paris, Ambroise Bray, 1858.
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Message  Javier Lun 05 Déc 2011, 6:39 am

La Vierge Marie silencieuse (Frédéric William Faber) Sagrad10 ...Une créature qui avait vécu si longtemps avec le Créateur ne pouvait parler beaucoup ; son cœur était plein, son âme était réduite au silence. Elle était avec Jésus depuis douze longues années, de longues années relativement à la formation des habitudes, quoiqu'elles eussent passé pour Marie comme une extase sainte, pleine d'un douloureux amour. Elle avait porté Jésus dans ses bras. Elle avait veillé sur lui pendant qu'il dormait. Elle lui avait donné sa nourriture ; elle l'avait regardé dans les yeux. Il lui avait sans cesse dévoilé son cœur. Elle avait appris à le comprendre. Toutes les similitudes avec Dieu étaient passées dans l'âme de Marie. Nous savons combien Dieu est silencieux. Entre le Créateur et la créature, dans des relations telles que celles qui existaient entre Jésus et Marie, le silence, mieux que les paroles, était un langage. Qu'auraient pu faire les paroles ? Qu'auraient-elles pu dire ? Elles n'auraient pu porter le poids des pensées de la Mère, encore moins celui des pensées du Fils...
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