La Sainte Vierge et les Arts au Moyen Age

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Message  Monique Mer 12 Oct 2011, 12:27 pm

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La Sainte Vierge et les Arts au Moyen Age.



Le Moyen Age a-t-il regardé la beauté physique « comme une œuvre du démon, » ainsi que Venturi nous le dit ? Nos lecteurs auront peine à le croire. Non, le Moyen Age n'avait pas la beauté physique en horreur. Mais au-dessus de la beauté physique, il mettait la beauté immatérielle. Il croyait plus méritoire et plus généreux de faire saillir une idée que de dessiner les muscles et les nerfs.

L'idée de la Reine-Mère, l'idée de l'Avocate intercédant pour les hommes, ou encore l'idée de la Prêtresse offrant son Fils pour le rachat du monde, voilà les trois idées maîtresses que les artistes d'alors s'efforcent de faire ressortir.

Transportez-vous, cher lecteur, à Rome, dans l'église de Sainte-Praxède, proche de Sainte-Marie Majeure ; pénétrez dans la chapelle de Saint-Zénon ; elle renferme à elle seule quatre représentations de la Mère de Dieu, œuvre du IXe siècle. Trois d'entre elles sont sans valeur artistique ; mais vous ne pourrez manquer d'admirer la quatrième.

« Droite, immobile, assise sur son trône, les regards fixés sur l'infini, elle ne semble préoccupée que de tenir l'Enfant Sauveur, autour duquel elle enlace ses mains. Tout le mouvement est concentré dans le geste de Jésus qui ouvre largement ses bras.

» Cependant deux vierges, deux sœurs, assistent à cette scène et semblent aux côtés du divin Docteur représenter ce que Notre-Seigneur a le plus aimé, la virginité et la chanté... L'auteur, selon l'usage, a, de chaque côté de la tête de la Sainte Vierge, écrit le Mirrrnp Oeoû. Oui, c'est la Mère de Dieu qui en plein Moyen Age nous est représentée là dans toute sa beauté ; c'est la Reine du monde qui nous apparaît dans toute sa splendeur.

L'église de Sainte-Praxède renferme une autre merveille. Descendez dans la crypte.
« Une fresque se trouve dans le fond, au-dessus de l'autel. Elle se compose de trois figures : au milieu une femme, plus grande que les deux autres, le front couronné d'un diadème un peu différent, avec la partie centrale dominante ; les tempes sont serrées par les plis brillants d'un voile de perles qui retombe gracieusement sur les épaules, sans presque laisser apercevoir les cheveux dont il cache les ondes blondes ; les épaules recouvertes par un manteau que relève la main gauche et qui découvre un riche costume, chargé de broderies, de perles et de pierres précieuses. De chaque côté de cette figure, deux jeunes filles se penchant respectueusement pour écouter leur maîtresse et lui offrant des couronnes. On dirait les deux servantes d'une reine, écoutant ses ordres ou préparant son service... Il règne dans ce tableau une symétrie, un calme, une sérénité admirables, auxquels la douceur du coloris, si fin, si blond, prête un attrait de plus.




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A suivre...

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Message  Monique Jeu 13 Oct 2011, 12:24 pm

La Sainte Vierge et les Arts au Moyen Age.



Au point de vue artistique, et en cela nous ne craignons d'être contredit par personne, cette fresque est un chef-d'œuvre, digne d'être envié par les plus belles époques de l'art et par les plus grands peintres. Raphaël n'a jamais, dans ses plus sublimes élans de génie, dépassé ces hauteurs de noblesse, de douce et majestueuse dignité. On retrouve à la fois dans cette suave peinture le dessin antique et les divines extases de Fra Angelico...

« Cette royale figure est une vision que feraient à peine pâlir les lumineuses apparitions de Lourdes. Devant elle, on s'écrie spontanément : « C'est Marie ! » et il semble que la Reine des Anges a seule pu inspirer de tels coups de pinceau (1) »

N'ont-ils pas vu cette Vierge du IXe siècle les écrivains modernes qui nous montrent en ces âges de foi « l'art s'enfonçant de plus en plus dans la barbarie ? »

Nous avouons sans peine que peu d'œuvres à cette époque égalent en beauté cette fresque de Sainte-Praxède. Les statues surtout sont la plupart du temps d'une forme grossière. Telle la Sedes Sapientiae, du XII" siècle, trésor de l'église d'Orcival. Grossière oui, et cependant parlante encore.

Le second type de Vierge que nous admirons au Moyen Age, c'est le type de la Vierge de l'Intercession. Il représente celle que l'Église invoque dans l'antienne Salve Regina, quand elle lui crie de la terre de l'exil : Eia ergo, advocata nostra, illos taos miséricordes oculos ad nos converte ! Allons ! notre Avocate, tournez vers nous les yeux de votre miséricorde.

Nous voyons ce type admirablement réalisé, dès le VIIe siècle, sur les murs de Saint-Venance, petite église annexée au baptistère de Saint-Jean de Latran.

Le troisième type de la Vierge que nous voulons étudier, à la gloire des artistes de l'époque médiévale, c'est le type de Marie debout au pied de la Croix.

« Voyons, dit Bossuet, voyons en quelle posture elle se présente à son Fils. La douleur l'a-t-elle abattue ? l'a-t-elle jetée à terre par la défaillance ? Au contraire, ne voyez-vous pas qu'elle est droite, qu'elle est assurée : Stabat juxta crucem, Elle est debout auprès de la Croix. Non, le glaive qui a percé son cœur n'a pu diminuer ses forces: la constance et l'affliction vont d'un pas égal ; et elle témoigne par sa constance qu'elle n'est pas moins soumise qu'elle est affligée (1).

Ainsi l'ont représentée tous les artistes, du haut Moyen Age, M. Rohault de Fleury nous l'affirme. Après avoir flétri la coutume, qui dominera au XVe siècle, de représenter Marie, évanouie au pied de la croix, il ajoute : « Cette idée... n'était pas encore connue dans le haut Moyen Age, et nous verrons dans toutes nos images notre divine Vierge debout, telle que l'Évangile nous la présente...(2). »


1. Rohault de Fleury, La Sainte Vierge, tome II, pages 61 et 62. Dans les pages qui suivent, l'archéologue montre, à la suite de Rossi, de Riche-mont, de Barbier de Montault, de H. Stevenson, que cette image est bien l'image de la Sainte Vierge ; et il appuie par de solides arguments la date du IXe siècle à laquelle il l'attribue.
1. 1er sermon pour la Compassion de la Vierge.
2. Rohault de Fleury, La Sainte Vierge, tome I, page 211.



A suivre...

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Message  Monique Mer 19 Oct 2011, 9:48 am

La Sainte Vierge et les Arts au Moyen Age



C'est debout qu'elle nous apparaît au VIP siècle, dans le Crucifix de saint Valentin. Même pose dans l'Hortus deliciarum, ce monument incomparable du XIIe siècle. Étudiez à loisir la fameuse miniature (2) ; le Christ nous y apparaît, les bras majestueusement étendus sur l'arbre de la Croix. A sa droite, Marie est là, debout, les yeux fixés sur son Fils mourant, et faisant de sa main le geste que fait le prêtre à l'autel, quand il offre à Dieu la sainte Victime. Encore la même attitude forte et vaillante dans l'ivoire de Tongres, œuvre du XIIe siècle.

Nous avons vu dans les premières pages de ce chapitre l'amour que l'artiste chrétien du Moyen Age avait pour Marie. C'est cet amour qui dirigeait son pinceau et guidait son ciseau, quand avec tant de vérité il représentait en Marie la Reine-Mère, assise sur son trône ; l'Avocate tendant pour nous les mains vers le ciel ; la Prêtresse, debout au pied de la croix, offrant son Fils au Père éternel., pour le salut du genre humain.

Encore quelques années et l'amour pour Marie va se changer en un saint enthousiasme ; tous les arts vont être mis à contribution pour célébrer celle à qui plus que jamais les peuples, heureux feu-dataires, donneront cette dénomination significative, expression de leur dépendance volontaire et aimée : Notre-Dame !

Chers lecteurs, si jamais vous rencontrez des détracteurs du Moyen Age ressassant leurs éternelles doléances sur la barbarie de nos dévots aïeux, conduisez-les devant le portail de Reims, à l'heure où les énormes vantaux de la grand'porte sont ouverts et laissent pénétrer le regard dans les profondeurs mystérieuses de la lointaine abside. Là contemplez tour à tour les merveilleuses dentelles de pierre qui décorent cette façade et les fuyantes perspectives des colonnes qui attirent l'œil charmé jusqu'au fond du sanctuaire.

« Est-ce là, leur direz-vous, une œuvre de barbares ? »
Si le Moyen Age a besoin d'être vengé, ce sera là toute sa vengeance. Puis, tombant à genoux sur les marches de pierre qui sont là tout au-dessous du fronton où le ciseau sculpta le Couronnement de la Vierge, vous laisserez aller votre cœur à la reconnaissance ; vous remercierez Dieu de ce que, à un siècle donné de l'histoire, sa Mère ait été assez aimée pour faire jaillir du sol ces prodigieux palais, merveilles d'architecture et de sculpture, qui s'appellent Notre-Dame de Paris, Notre-Dame de Chartres, Notre-Dame de Tournai, Notre-Dame d'Amiens et Notre-Dame de Reims !


2. Rohault de Fleury, La Sainte Vierge, tome I, page 211.


A suivre...
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Message  Monique Mer 19 Oct 2011, 9:14 pm

La Sainte Vierge et les Arts au Moyen Age.



C'est debout qu'elle nous apparaît au VIIe siècle, dans le Crucifix de saint Valentin. Même pose dans l'Hortus deliciarum, ce monument incomparable du XIIe siècle. Étudiez à loisir la fameuse miniature (3) ; le Christ nous y apparaît, les bras majestueusement étendus sur l'arbre de la Croix. A sa droite, Marie est là, debout, les yeux fixés sur son Fils mourant, et faisant de sa main le geste que fait le prêtre à l'autel, quand il offre à Dieu la sainte Victime.
Encore la même attitude forte et vaillante dans l'ivoire de Tongres, œuvre du XIIIe siècle.

Nous avons vu dans les premières pages de ce chapitre l'amour que l'artiste chrétien du Moyen Age avait pour Marie. C'est cet amour qui dirigeait son pinceau et guidait son ciseau, quand avec tant de vérité il représentait en Marie la Reine-Mère, assise sur son trône ; l'Avocate tendant pour nous les mains vers le ciel ; la Prêtresse, debout au pied de la croix, offrant son Fils au Père éternel, pour le salut du genre humain.

Encore quelques années et l'amour pour Marie va se changer en un saint enthousiasme ; tous les arts vont être mis à contribution pour célébrer celle à qui plus que jamais les peuples, heureux feudataires, donneront cette dénomination significative, expression de leur dépendance volontaire et aimée : Notre-Dame !

Chers lecteurs, si jamais vous rencontrez des détracteurs du Moyen Age ressassant leurs éternelles doléances sur la barbarie de nos dévots aïeux, conduisez-les devant le portail de Reims, à l'heure où les énormes vantaux de la grand'porte sont ouverts et laissent pénétrer le regard dans les profondeurs mystérieuses de la lointaine abside. Là contemplez tour à tour les merveilleuses dentelles de pierre qui décorent cette façade et les fuyantes perspectives des colonnes qui attirent l'œil charmé jusqu'au fond du sanctuaire. « Est-ce là, leur direz-vous, une œuvre de barbares ? »

Si le Moyen Age a besoin d'être vengé, ce sera là toute sa vengeance. Puis, tombant à genoux sur les marches de pierre qui sont là tout au-dessous du fronton où le ciseau sculpta le Couronnement de la Vierge, vous laisserez aller votre cœur à la reconnaissance ; vous remercierez Dieu de ce que, à un siècle donné de l'histoire, sa Mère ait été assez aimée pour faire jaillir du sol ces prodigieux palais, merveilles d'architecture et de sculpture, qui s'appellent Notre-Dame de Paris, Notre-Dame de Chartres, Notre-Dame de Tournai, Notre-Dame d'Amiens et Notre-Dame de Reims !


3. L'original fut brûlé en 1870.



FIN

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