FONDATION DE CARAVANTQUE (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

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Message  ROBERT. Jeu 27 Jan 2011, 5:44 pm

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FONDATION DE CARAVANTQUE

Par Sainte Thérèse d’Avila.

(CHAPITRE 26)


1. De quelle manière se fit cette fondation. La sainte exhorte à ne se point arrêter au bien dans la réception des religieuses. Elle parle ensuite des grands travaux qu’elle a soufferts dans ces fondations, et dit comme on lui rendit tant de mauvais offices auprès du Père Général qu’elle reçût des défenses d'en faire davantage : ce qui au lieu de l’affliger lui donna beaucoup de joie.

Lorsque j'étais sur le point de partir du monastère de Saint Joseph d'Avila pour aller à la fondation de Veas dont on était demeuré d'accord de tout, et qu'il ne restait que de nous mettre en chemin pour l'exécuter, j' appris par un homme qu’une dame de Caravantque nommée Madame Catherine m'envoya exprès, que trois demoiselles avaient été si touchées d'un sermon d'un Père de la Compagnie de Jésus, qu'elles s' étaient retirées chez elle dans la résolution de n'en point sortir jusqu’à ce que l'on eut fondé en ce lieu là un monastère. Il y a grande apparence qu’elles avaient concerté avec cette dame, et qu'elle les aiderait à faire cette fondation. Elles étaient filles de deux gentilshommes des plus qualifiés de Caravantque dont l'un se nommait Rodrigues De Moia qui était très-vertueux. Toutes ensemble avaient assez de bien pour exécuter ce dessein, et elles avaient appris ce qui s'était passé dans la fondation de nos monastères par les Pères de la Compagnie de Jésus qui nous y ont toujours assistées.


L’ardeur avec laquelle ces bonnes filles envoyaient de si loin pour s’engager dans l'Ordre de la Sainte Vierge me donna de la dévotion. Je résolus de seconder leurs bonnes intentions, et ayant su que ce lieu était proche de Veas, je menai un plus grand nombre de religieuses que je n’avais accoutumé, parce que les lettres que j’avais reçues me faisant croire que cette affaire ne recevrait point de difficulté, mon dessein était d’aller faire cette fondation aussitôt après que celle de Veas serait achevée.


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Message  ROBERT. Dim 30 Jan 2011, 7:07 pm

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FONDATION DE CARAVANTQUE

Par Sainte Thérèse d’Avila.

(CHAPITRE 26)



2. Mais Dieu en ayant ordonné autrement mes mesures furent rompues. Car comme je l’ai rapporté dans la fondation de Séville, la permission du conseil des ordres arrivait alors, et m’empêcha d'exécuter ce que j'avais résolu. Il est vrai aussi que j’en fus fort dégoûtée, parce que j'appris étant à Veas que le chemin était si mauvais que les supérieurs de nos monastères ne pourraient sans beaucoup de peine y aller faire leurs visites. Toutefois, comme j'avais donné sujet d’espérer que l’affaire s’achèverait, je priai le Père Julien D’Avila et Antoine Gaétan d'aller sur les lieux pour reconnaître l'état des choses, et me dégager s'ils le jugeaient à propos. Ils trouvèrent cette grande chaleur assez ralentie, non pas du côté de ces demoiselles, mais de celui de Madame Catherine qui avait la principale part dans ce dessein, et qui les avait logées chez elle dans un appartement séparé comme dans une espèce de monastère.

Ces bonnes filles demeurèrent néanmoins si fermes dans leur résolution d'être religieuses, et gagnèrent de telle sorte le Père Julien D'Avila et Antoine Gaétan, qu'avant que de s'en revenir, ils passèrent tous les actes nécessaires pour la conclusion du traité, et les laissèrent ainsi comblées de joie. Quant à eux, ils étaient si satisfaits d'elles et de la bonté du pays, qu'ils ne pouvaient se lasser de nous le témoigner : et ils avouaient, en même temps, que l'on ne pouvait voir de plus méchants chemins. Tout étant donc ainsi d'accord, je renvoyai le bon Antoine Gaétan qui ne trouvait rien de difficile pour m'obliger. Et sans l’affection que le Père Julien et lui avaient pour cet établissement, et la peine qu'ils prirent pour le faire réussir, il ne se serait jamais fait, tant j'y étais peu portée. Je priai ce bon homme de faire mettre un tour et des grilles aux lieux où l'on devait prendre possession et loger les religieuses jusques à ce qu'elles eussent acheté une maison qui leur fut commode. Ce serviteur de Dieu y passa plusieurs jours, et nous accommoda un logement dans la maison de Rodriguez De Moia, qui était comme je l'ai dit père d'une de ces demoiselles et qui en donna avec joie une partie pour ce sujet.

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Message  ROBERT. Lun 31 Jan 2011, 5:43 pm

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FONDATION DE CARAVANTQUE

Par Sainte Thérèse d’Avila.

(CHAPITRE 26)


3. Lorsque j'étais prête à me mettre en chemin je reçus la permission. Mais ayant su qu'il y avait une clause qui rendait les religieuses dépendantes des commandeurs, à quoi je ne pouvais consentir parce que cela est contraire à nos constitutions, il fallut envoyer demander une nouvelle permission ; et on ne l'aurait jamais obtenue non plus que celle de Veas si je n’eusse pris la liberté d’en écrire au Roi Dom Philippe II à présent régnant. Il commanda qu’on l'expédiât aussitôt. Car Sa Majesté affectionne de telle sorte les personnes religieuses qui vivent selon leur profession, qu'ayant su que nous observons dans nos monastères la première Règle, il nous a toujours favorisées. C'est pourquoi, mes filles, je vous prie de tout mon cœur de ne discontinuer jamais les prières particulières que nous faisons pour ce grand Prince.

Comme il fallait donc faire réformer cette permission, je partis par l'ordre du Père Jérôme Gratien de la Mère de Dieu alors commissaire et qui l’est encore : je pris mon chemin par Séville, et laissai ces pauvres demoiselles dans leur clôture où elles demeurèrent jusqu’au premier jour de l'année suivante, quoiqu'elles eussent envoyé vers moi à Avila dès le mois de février. La permission fut bientôt expédiée. Mais étant si éloignée d'elles et si occupée du sujet de mon voyage, tout ce que je pouvais était de les beaucoup plaindre dans les peines où elles me témoignaient être par leurs lettres, et de désirer extrêmement de les en soulager. M'étant donc impossible d'y aller, tant à cause de ce grand éloignement, que parce que cette autre fondation n'était pas encore achevée, le Père Jérôme Gratien trouvait bon que les religieuses qui avaient été destinées pour commencer cet établissement et qui étaient demeurées à Saint Joseph De Malagon, le fissent sans moi.


Je fis en sorte que l'on donna pour Prieure une religieuse en la conduite de laquelle j'avais une grande confiance, parce qu'elle est beaucoup meilleure que moi. Elles partirent avec tout ce dont elles avaient besoin, accompagnées de deux Pères Carmes de notre Réforme ; car le Père Julien d'Avila et Antoine Gaétan s'en étaient retourné, il y avait déjà quelques jours ; et comme le chemin était long et le temps fâcheux à cause que c'était sur la fin de décembre, je ne voulus pas leur donner la peine de revenir. Ces religieuses furent reçues à Caravantque avec une grande joie de toute la ville, et une très-particulière de ces demoiselles qui les attendaient dans leur clôture avec tant d'impatience. Elles fondèrent le monastère, et le Très-Saint-Sacrement y fut mis le jour du Saint Nom de Jésus de l'année 1576. Deux de ces trois filles prirent aussitôt l'habit. Mais la troisième étant d'un naturel trop mélancolique pour vivre dans une clôture si étroite et si austère, elle retourna en sa maison pour y demeurer avec une de ses sœurs.


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Message  ROBERT. Mar 01 Fév 2011, 10:02 pm

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FONDATION DE CARAVANTQUE

Par Sainte Thérèse d’Avila.

(CHAPITRE 26)


4. Qu'un tel exemple, mes filles, vous fasse admirer la conduite de Dieu, et combien nous sommes obligées de Le servir et de Le remercier de la grâce qu'Il nous a faite de persévérer jusqu’à faire profession, et de demeurer ainsi dans Sa maison durant tout le reste de notre vie en qualité de filles de la Sainte Vierge.


Il s’est servi du dessein qu’avait cette demoiselle d'être religieuse et de son bien pour l’établissement de ce monastère. Et lorsqu’elle devait jouir du bonheur qu’elle avait si ardemment souhaité, le courage lui a manqué et elle s’est laissé vaincre par cette humeur mélancolique sur qui nous rejetons si souvent les fautes que nos imperfections et la légèreté de notre esprit nous font commettre. Plaise à Sa divine Majesté de nous donner une grâce si abondante que rien ne soit capable de nous empêcher d'avancer dans son service ; et qu'Il veuille toujours, s'il Lui plaît, être notre protecteur et notre soutien, afin que nous ne perdions pas par notre lâcheté un aussi grand bien que celui dont Il a commencé de favoriser des créatures aussi faibles et aussi misérables que nous sommes. Je vous conjure en Son nom, mes sœurs et mes filles, de Lui faire sans cesse cette prière, et que chacune de celles qui entreront à l' avenir dans ces maisons saintes se représente continuellement que çà été par une grâce toute extraordinaire que cet ordre de la Sainte Vierge est rentré dans la première observance de sa règle, afin qu'Il ne permette pas qu'elle se relâche.


Considérez que des choses qui paraissent légères ouvrent la porte à de grands désordres, et font sans que l'on s'en aperçoive que l'esprit du monde entre dans ces lieux consacrés à la retraite et au silence. Représentez-vous la pauvreté et les travaux qui vous ont procuré le repos dont vous jouissez, et vous connaitrez que la plus grande partie de ces monastères ne sont pas l'ouvrage des hommes, mais celui de Dieu qui prend plaisir à nous accorder de nouvelles grâces quand nous n'y apportons point d'obstacle. Car d'où pensez-vous qu'une fille aussi faible et aussi imparfaite que je suis ait tiré de la force pour exécuter de si grandes choses ? Une fille soumise à autrui, une fille sans argent et sans secours ; celui de mes frères qui m'assista en la fondation de Séville étant encore alors dans les Indes ? Et comment pourriez-vous douter, mes sœurs que ce ne soit Dieu qui a tout fait, puisque je ne suis pas d’une naissance assez illustre pour m’attribuer l'honneur que l'on m'a rendu en tant de rencontres; et que de quelque côté que l'on considère ce qui s'est passé dans ces fondations, il faut toujours en venir à reconnaître que Dieu seul en a été la source.


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Message  ROBERT. Mer 02 Fév 2011, 6:18 pm

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Par Sainte Thérèse d’Avila.

(CHAPITRE 26)



5. Ne serions-nous donc pas bien malheureuses si nous manquions de maintenir en sa perfection un si grand ouvrage quand il nous devrait coûter pour le conserver notre repos, notre honneur, et notre vie ? Mais ces trois choses au contraire s’y rencontrent. Car quel repos égale celui dont vous jouissez avec une telle paix et une si grande joie intérieure, qu'au lieu d'appréhender la pauvreté vous la désirez ? Quel honneur peut être plus grand que d'être les épouses d'un Dieu ? Et quelle vie peut être plus heureuse que celle où l'on n'appréhende point la mort, comme nous en voyons des exemples en celles qui finissent leurs jours parmi nous ? Ainsi si vous demandez sans cesse à Dieu la grâce de vous avancer de plus en plus dans Son service : si vous vous défiez de vous-mêmes pour ne vous confier qu'en Lui ; et si vous ne vous découragez jamais Il ne vous refusera jamais Son assistance.

N'appréhendez donc point que rien vous manque, et pourvu que vous soyez contentes des dispositions de celles qui se présenteront pour être religieuses et qu'elles soient riches en vertu, ne craignez point de les recevoir encore qu'elles soient pauvres des biens du monde. Il suffit qu’elles viennent dans le dessein de servir Dieu le plus parfaitement qu’elles pourront. Il pourvoira à vos besoins par quelque autre voie qui vous sera beaucoup plus avantageuse. J'en parle par expérience : et Il m'est témoin que je n'ai jamais refusé aucune fille manque de bien quand j'étais contente du reste. Le grand nombre que vous savez que j'en ai reçu purement pour l'amour de Dieu en est une preuve ; et je puis assurer avec vérité que je n'étais pas si aise d'en recevoir de riches que de pauvres, parce que les premières me donnaient quelque crainte ; au lieu que les autres touchaient si sensiblement mon cœur, que souvent j'en pleurais de joie. Que si en tenant cette conduite lorsque nous n’avions ni maison, ni argent pour en acheter, Dieu nous a tant assistées, serions-nous excusables de ne pas tenir la même conduite maintenant que nous avons de quoi vivre ? Croyez-moi, mes filles, vous perdriez en pensant gagner.

Si celles qui se présenteront ont du bien qu'elles ne soient point obligées de donner à d'autres qui en auraient besoin, je trouve bon que vous le receviez en aumône, parce qu'il me semble qu'autrement elles vous témoigneraient peu d'affection. Mais prenez toujours garde que celles qui seront reçues ne disposent de leur bien que par l'avis de personnes doctes, et pour la plus grande gloire de Dieu. Nous ne saurions qu'avec ces conditions prétendre d'en recevoir d'elles, et il nous importe beaucoup davantage qu'elles servent Dieu le plus parfaitement qu'elles pourront, puisque ce doit être notre seul désir. Toute misérable que je suis, je puis dire à son honneur et pour votre consolation, que je n'ai jamais rien fait dans ces fondations que je n'aie cru conforme à Sa volonté dont je n'aurais voulu pour quoi que ce fut m'éloigner en la moindre chose, et par l'avis de mes confesseurs, qui depuis que j'ai pris cette résolution se sont tous trouvées fort savantes et personnes de grande piété.


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Message  ROBERT. Jeu 03 Fév 2011, 8:47 pm

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(CHAPITRE 26)



6. Peut-être que je me trompe, et que j'ai commis sans le savoir un très-grand nombre de fautes. J'en laisse le jugement à Dieu qui pénètre le fond des cœurs, et dis seulement ce qui me parait s'être passé en moi-même. Mais je voyais clairement que si je faisais quelque bien, c'était Lui qui me le faisait faire, et qu'Il se servait de moi pour accomplir Son ouvrage. Aussi ne l’ai-je rapporté, mes filles, qu'afin de vous faire encore mieux connaître combien vous Lui êtes obligées et que jusqu’à cette heure nous n'avons fait tort à qui que ce soit. Qu'Il soit béni à jamais d'être la cause de tout notre bonheur, et d'avoir suscité des personnes charitables pour nous assister. Je Le prie de nous faire la grâce de n'être point ingrates de tant de faveurs dont nous Lui sommes redevables. Ainsi soit-il.


Vous avez vu, mes filles, une partie des travaux que j’ai soufferts et qui à mon avis ont été les moindres. Je n'aurais pu sans vous ennuyer vous les rapporter tous et vous dire particulièrement combien grandes ont été les fatigues que nous donnaient dans nos voyages la pluie, la neige, la peine de nous trouver égarées de notre chemin, et surtout mon peu de santé, m'étant arrivé diverses fois d'avoir une fièvre si violente et plusieurs autres maux tant intérieurs qu'extérieurs. Il me souvient entre autres choses que le jour que nous partîmes de Malagon pour aller à Veas, je me trouvais réduite en tel état, que considérant la longueur du chemin qui nous restait encore à faire, les paroles du prophète Élie notre Père quand il fuyait la fureur de Jézabel me vinrent en l'esprit, et je dis à Dieu comme lui : je vous laisse à juger, Seigneur, si j'ai assez de force pour tant souffrir. Sa divine Majesté voyant ma faiblesse me délivra comme en un moment de cette fièvre et de tous ces autres maux tant intérieurs qu'extérieurs, dont j’attribuai la cause à un saint ecclésiastique qui survint.

Lorsque Dieu me donnait ainsi de la santé je supportais avec joie les travaux corporels. Mais ce ne m'était pas une petite peine de m'accommoder aux différentes humeurs des personnes des lieux où nous allions, et à me séparer de mes filles et de mes sœurs quand je me trouvais obligée de les quitter pour aller ailleurs ; la tendresse avec laquelle je les aime étant si grande que je puis dire avec vérité que ces séparations n'étaient pas les moindres de mes croix, principalement lorsque je pensais que je ne les reverrais plus. La douleur qu'elles ressentaient de leur côté leur faisait répandre quantité de larmes : parce qu'encore qu'elles soient détachées de tout le reste, Dieu ne leur a pas fait la grâce de l'être de moi, peut-être pour augmenter la peine que me faisait souffrir ce que je ne l'étais pas non plus d'elles. Je faisais tous mes efforts pour ne le leur pas témoigner, et les reprenais même d'être en cela si imparfaites : mais leur véritable affection pour moi dont elles me donnaient des preuves en toutes rencontres était si grande, que mes remontrances leur servaient de peu.


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Message  ROBERT. Ven 04 Fév 2011, 8:00 pm

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(CHAPITRE 26)


7. Vous aurez vu aussi comme j'avais non seulement la permission de Notre Révérendissime Père Général de faire ces fondations, mais un ordre particulier d'y travailler, et Dieu lui donnait tant de zèle pour ce bon œuvre que je n'en faisais aucune dont il ne me témoignât par ses lettres une extrême joie. J'avoue que rien ne m'a tant soulagée dans mes travaux, parce que je croyais servir Dieu en le contentant, étant comme il est mon supérieur, et que j'avais de plus une grande affection pour lui. Enfin, soit que Notre-Seigneur voulût me donner quelque repos, ou que le diable ne put souffrir l'établissement de tant de maisons consacrées au service de Dieu, le cours de ces fondations fut interrompu sans que l' on puisse en attribuer la cause à Notre Révérendissime Père Général, puisque, lui ayant écrit il n'y avait pas longtemps pour le prier de me dispenser de fonder davantage de monastères, il m'avait répondu que bien loin de me l'accorder, il souhaitait que leur nombre put égaler celui de ses cheveux.


Avant que je partisse de Séville on avait tenu un chapitre général dans lequel j'avais sujet de croire que l'on considérerait comme un service rendu à l'Ordre la fondation de ces nouveaux monastères. Mais au lieu d'envisager cette affaire de la sorte, on m'envoya une défense des définiteurs de faire davantage de fondations, et un commandement de me retirer dans celle de nos maisons que je voudrais choisir, avec défense d'en sortir pour quelque cause ou occasion que ce fut, ce qui était comme me mettre en prison, puisqu'il n'y a point de religieuse qu'un provincial ne puisse envoyer d'un monastère en un autre lorsque le bien de l'Ordre le désire. Mais ce qui était pis que tout le reste, et la seule chose qui m'était sensible, c'est que Notre Père Général était mal satisfait de moi sur de faux rapports que des personnes passionnées lui avaient faits.


Or pour vous faire voir, mes sœurs, combien grande est la miséricorde de Dieu, et qu'il n’abandonne jamais ceux qui désirent de Le servir, je puis assurer avec vérité que non seulement cet ordre du chapitre ne me donna point de peine, mais me causa tant de joie que je ne la pouvais dissimuler. Ainsi je ne m'étonne plus de ce que David dansa devant l'arche, puisque si je l'eusse osé j'aurais fait la même chose en cette rencontre. Je ne sais à quoi attribuer une joie si excessive, ne m'étant jamais trouvée en tant d'autres grandes traverses dans une semblable disposition quoi que l'une des accusations que l'on me supposait fût très-notable. Et pour ce qui était de ne plus fonder de monastères, si on en excepte le déplaisir que me donnait le mécontentement de Notre Révérend Père général, ce m'était un grand soulagement, et j'avais souvent désiré de finir ma vie dans le repos et la retraite. Ce n'était pas néanmoins la pensée de ceux qui me rendaient ces mauvaises offices. Ils croyaient au contraire extrêmement m'affliger, et peut-être avaient-ils bonne intention. Il est vrai que j'ai quelquefois senti de la joie dans les grandes contradictions que j'ai eues dans ces fondations, et les discours qui se faisaient contre moi par diverses personnes dont quelques-unes n’avaient pas de mauvais desseins. Mais je ne me souviens point d'avoir jamais en toute ma vie eu un contentement semblable à celui que j’éprouvais en cette rencontre : en quoi ce qui me touchait principalement était de penser qu'il fallait que mon Créateur fut satisfait de moi, puisque les créatures me récompensaient de la sorte des travaux que je souffrais.

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Message  ROBERT. Sam 05 Fév 2011, 7:15 pm

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Par Sainte Thérèse d’Avila.

(CHAPITRE 26)



8. Car j'étais très-persuadée que c'est se tromper que de chercher sa consolation dans les choses de la terre et les louanges des hommes. Ils sont aujourd’hui d'un sentiment, demain d'un autre : ce qui leur plaît le matin, leur déplaît le soir, et Vous seul, mon Dieu, êtes toujours immuable : « que soyez-Vous béni à jamais, Vous qui ferez jouir dans le ciel d'une vie sans fin ceux qui Vous serviront fidèlement jusqu’à la fin de leur vie. ». Je commençai, comme je l'ai dit, en l'année 1573 à écrire ces fondations par l'ordre du Père Ripalda, religieux de la compagnie de Jésus alors mon confesseur et recteur du Collège de Salamanque, où je demeurais dans le monastère de Saint-Joseph. Après en avoir écrit quelques-unes parmi plusieurs occupations, je résolus d'en demeurer là, tant parce que je ne me confessais plus à ce Père qui était allé demeurer ailleurs, qu'à cause que j'avais eu beaucoup de peine à les écrire ainsi que j'en ai toujours, sans néanmoins que j'y eusse regret l'ayant fait par obéissance.


Mais le Père Jérôme Gratien de la Mère de Dieu, commissaire apostolique me commanda de continuer. Comme mon obéissance est fort imparfaite je lui représentai pour m'en excuser mon peu de loisir, et les autres raisons qui me vinrent en l'esprit, tant j'appréhendais d'ajouter cette fatigue à celles que j'avais déjà. Ne l'ayant pu persuader, il m’ordonna d'y travailler quand je le pourrais, et je l'ai fait par soumission dans le désir que l'on en retranche tout ce que l'on y trouvera de mauvais, qui sera peut-être ce qui m'y paraît le meilleur. J'ai achevé ce traité le quatorzième jour de novembre 1576 veille de Saint Eugene dans le monastère de Saint Joseph De Tolède où je suis présentement, et par l'ordre de ce Père qui n'est pas seulement commissaire apostolique des Carmes Déchaussés et des Carmélites qui vivent selon la première règle; mais visiteur de ceux de l'observance mitigée de l'Andalousie. Je prie Notre-Seigneur Jésus-Christ qui règne et règnera dans tous les siècles de faire que cet ouvrage réussisse à Son honneur et à Sa gloire. Je conjure mes sœurs qui liront ceci de vouloir pour l'amour de Notre-Seigneur me recommander à Lui, afin qu'«Il me fasse miséricorde, et me délivre des peines du purgatoire que je puis avoir méritées, pour me faire jouir de Sa divine présence, et que, n'ayant pas le bonheur de Le voir durant ma vie, je reçoive quelque récompense après ma mort de la peine que j'ai eue à écrire ceci, et de mon extrême désir qu'Il donne quelque consolation à celles à qui on permettra de le lire.


Étant une veille de Pentecôte dans l'ermitage de Nazareth du monastère de Saint-Joseph d'Avila, et pensant à une très-grande grâce que Dieu m’avait faite à pareil jour il y avait environ vingt ans, j'en fus si touchée que je tombai en ravissement. Dans cette extase, Notre-Seigneur me commanda de dire de Sa part aux Pères de notre Réforme, qu'elle irait toujours en augmentant au lieu de se relâcher, pourvu qu'ils travaillassent avec grand soin à observer quatre choses. La première : que les supérieurs s'accordassent dans leurs sentiments. La seconde : qu'ayant plusieurs maisons il n'y eut que peu de religieux en chacune. La troisième : d'avoir peu de commerce avec les séculiers. Et la quatrième : d'enseigner plus par leurs actions que par leurs paroles. Ceci arrivait en l’année 1579 et pour témoigner qu'il est très-véritable, je l'ai signé de ma main.


Thérèse De Jésus.
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FIN DU RECIT DE LA FONDATION DE CARAVANTQUE.

À suivre: Fondation de SÉVILLE..
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