FONDATION DE VILLENEUVE (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

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Message  ROBERT. Ven 31 Déc 2010, 6:08 pm

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FONDATION DE VILLENEUVE

(Chapitre 27)

Par Sainte Thérèse d’Avila.



1. Persécutions faites aux Pères Carmes Déchaussés par ceux de l'Observance mitigée soutenus par le nonce apostolique, et qui ne cessèrent qu’après que le roi Philippe Second eut donné à ce nonce quatre assesseurs très-gens de bien pour juger de cette affaire. La sainte entreprend par l’ordre de Dieu de fonder un monastère de Carmélites à Villeneuve De La Gare où neuf demoiselles qui vivaient en communauté d'une manière admirable souhaitaient avec ardeur d'être Carmélites. La sainte ayant passé pour y aller par un monastère fondé par Sainte Catherine De Cardone elle parle fort au long de la vie et des vertus de cette grande sainte.


Après que la fondation de Séville fut achevée on demeura plus de quatre ans sans en faire d'autres, à cause des grandes persécutions qui s’élevèrent tout à coup contre les Carmes Déchaussés et les Carmélites. Il y en avait eu d'autres auparavant ; mais non pas si rudes que celles-ci qui pensèrent tout renverser. Le diable fit voir combien de si saints commencements lui étaient insupportables, et Dieu fit connaître que c’était Son ouvrage en le conduisant à sa perfection malgré les efforts de cet ennemi de toutes les bonnes œuvres. Les Pères Carmes Déchaussés, et particulièrement les supérieurs eurent beaucoup à souffrir par l'opposition des Pères Carmes mitigés et les témoignages si désavantageux que presque tous ces Pères leur rendirent auprès du Révérendissime Père Général. Car encore que ce soit un fort saint religieux, et que tous ces nouveaux monastères de Carmes Déchaussés n'eussent été fondés que par sa permission, excepté celui de Saint Joseph d'Avila pour lequel le Pape l'avait lui-même donnée, ils lui représentèrent tant de choses et le prévinrent de telle sorte, qu'il ne voulait pas qu'on en fondât davantage, et ils l'indisposèrent aussi contre moi sur ce que j'avais contribué à ceux qui étaient déjà établis. Mais pour ce qui est des nouveaux monastères de religieuses il y a toujours été favorable.


La peine que je souffris peut passer pour la plus sensible de toutes celles que j'ai éprouvées dans ces fondations quoique j'en aie eu de très- grandes, à cause que d'un côté je ne pouvais me résoudre d’abandonner une entreprise que je voyais clairement regarder la gloire de Dieu et l’avantage de notre Ordre, et que mes confesseurs, qui étaient des personnes très-capables, me conseillaient de poursuivre. Et que d'autre part ce m'était une mortelle douleur de ne pas déférer à la volonté de mon supérieure, parce qu'outre l'obligation que j'avais de le contenter, je l'aimais extrêmement et lui étais fort obligée. Mais quelque désir que j’eusse de le satisfaire je ne le pouvais, à cause que nous avions des visiteurs apostoliques à qui nous étions contraintes d'obéir. Un nonce du Pape qui était un homme fort saint, et qui par son affection pour la vertu estimait beaucoup les Carmes Déchaussés, mourut alors ; et Dieu permit pour exercer ces religieux que celui qui lui succéda et qui était un peu parent du Pape, leur fut très-contraire. Je veux croire qu’il était homme de bien : mais se trouvant disposé à favoriser en toutes choses les Pères de l’Observance mitigée, et se laissant persuader de ce qu'ils lui disaient contre les Réformés, il se mit dans l'esprit qu'il les devait empêcher de se multiplier davantage, et commença d'agir contre eux avec une si extrême rigueur qu'il condamnait au bannissement et à la prison ceux qu'il croyait pouvoir s'opposer à son dessein.
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Message  ROBERT. Sam 01 Jan 2011, 3:10 pm

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(Chapitre 27)

Par Sainte Thérèse d’Avila


2. Le Père Antoine De Jésus qui avait le premier commencé la réforme, le Père Jérôme Gratien que le nonce précédent avait établi visiteur apostolique des Mitigés contre lequel ce nouveau nonce était principalement aigri, et le Père Marian De Saint- Benoit desquels j'ai parlé dans les précédentes fondations, furent ceux qui souffrirent le plus. Il imposa des pénitences rigoureuses à d'autres très-bons religieux, et défendit particulièrement à ceux-ci sous de grandes peines de se plus mêler d'aucune affaire. En quoi il était facile de juger que Dieu ne permettait cet orage que pour faire mieux connaître la vertu de ces excellents religieux, comme la suite le fit voir. Ce même nonce établit pour visiteur de nos monastères tant de religieux que de religieuses, un Père de l'Observance mitigée, ce qui nous aurait extrêmement fait souffrir si les choses eussent été comme ils se l'imaginaient, et ne laissa pas de nous faire beaucoup endurer, ainsi qu'on le pourra apprendre par ce qu'en écriront ceux qui le pourront mieux rapporter que moi.


Je me contente de le toucher seulement en passant, afin de faire voir à celles qui nous succèderont combien elles sont obligées d'aspirer de plus en plus à la perfection, puisqu'elles n'auront qu'à marcher dans un chemin que celles qui les ont précédés ont eu tant de peine à leur aplanir. On disait contre quelques-unes d'elles mille choses fausses dont j'étais extrêmement touchée. Et quant à celles que l'on publiait contre moi, j'en avais au contraire de la joie, parce que me considérant comme la cause de cette tempête, j'aurais souhaité que l'on m'eût jetée dans la mer ainsi que Jonas, afin de la faire cesser. Mais Dieu soit loué à jamais d'avoir protège la justice. Le Roi Dom Philippes ayant été informé de la piété et de la manière de vivre des Carmes Déchaussés conçut de l'affection pour eux. Ainsi il ne voulut pas que le nonce fut le seul juge de cette affaire. Il lui donna quatre assesseurs tous grands personnages, et dont trois étaient religieux.


L'un d'eux se nommait le Père Pierre Fernandez homme de très-grand esprit, très-savant, et d'une fort sainte vie. Comme il avait été visiteur tant des Pères de l'Observance mitigée de la province de Castille que des Carmes Déchaussés, il était très informé de la manière de vivre des uns et des autres ; ce qu'il nous importait de tout qui fut bien connu. Ainsi lorsque je sus que sa Majesté l'avait choisi je crus notre affaire terminée, comme elle l'est par la grâce de Dieu. Je souhaite que ce soit pour Son honneur et pour Sa gloire. Il est certain qu'encore que plusieurs Évêques et des plus grands Seigneurs du royaume s'employassent avec chaleur pour informer ce nonce de la vérité, leurs efforts auraient été inutiles si Dieu n'eut permis que le Roi lui-même eut pris connaissance de l'affaire. Quelle obligation n'avons-nous donc point, mes sœurs de prier extrêmement Dieu pour ce grand prince, et pour ceux qui ont favorisé avec lui la cause de Notre-Seigneur et de la Très-Sainte Vierge sa Mère : et saurais-je trop vous le recommander, puisque vous voyez qu' autrement il aurait été impossible de continuer ces fondations : en quoi tout ce que nous pouvions contribuer était de demander à Dieu par des prières et des pénitences continuelles, qu'il Lui plût que cette nouvelle réforme non seulement subsistât, mais fît un plus grand progrès s'Il le jugeait être de Son service.



Comme je ne vous ai parlé qu’en passant de tant de travaux qu'on eut à souffrir ils vous paraitront peut-être peu considérables. Je vous assure néanmoins qu'ils furent fort grands et fort longs. Lorsqu'en l'année 1576 j’étais à Tolède, après être revenue de la fondation de Séville, un ecclésiastique de Villeneuve, de la Gare m'apporta des lettres du conseil de ce lieu-là, avec ordre de tâcher de me porter à y fonder un monastère, et à y recevoir neuf filles qui s'étaient retirées il y avait déjà quelques années dans un ermitage de Sainte Anne du même lieu. Elles vivaient en communauté dans une si grande retraite et une si grande perfection que toute la ville, admirant leur vertu, les voulait assister dans leur désir d’être religieuses ; et un curé de ce lieu, nommé Augustin De Nervais, fort savant et fort homme de bien, touché du même sentiment, m'écrivit aussi en leur faveur. Je crus ne pouvoir entrer dans cette proposition pour quatre raisons.
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Message  ROBERT. Mar 04 Jan 2011, 2:37 pm

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(Chapitre 27)

Par Sainte Thérèse d’Avila


3. La première : qu’il était difficile que ce grand nombre de filles se put accommoder à notre manière de vivre après en avoir pratiqué une autre. La seconde : qu'elles n'avaient pas à beaucoup pris de quoi subsister, et qu'encore que la ville promît de les nourrir, cela ne me paraissait pas pouvoir continuer et suffire pour vivre d'aumônes dans un lieu qui n'était guère de plus de mille feux. La troisième : qu'elles n'avaient point de maison. La quatrième : que ce lieu était fort éloigné de nos monastères. Et de plus, parce que ne les ayant jamais vues, je ne pouvais quoiqu’on on me dise de leur vertu, m'assurer qu'elles eussent toutes les qualités nécessaires pour embrasser une vie semblable à la notre. Ainsi je me résolvais à un refus. Mais comme je ne fais rien sans le conseil de personnes savantes et vertueuses, je voulus en parler au docteur Velasquez mon confesseur alors chanoine et théologien de Tolède et maintenant évêque d'Orme, homme de grande capacité et piété.


Après qu'il eut vu les lettres et été informé de l'affaire, il me dit que je devais rendre une réponse favorable, à cause que lorsque Dieu unit ainsi dans un même dessein tant de personnes vertueuses, c'est une marque qu'il y va de Son service. Je lui obéis, et renvoyai celui qui m'avait été dépêché sans lui donner un entier refus. On continua ensuite à me tant presser, et on employa tant de personnes pour m'engager dans cette fondation que cela dura jusqu’en l'année 1580 parce que d'un côté il me semblait toujours qu'il n'y avait point d'apparence de s'y résoudre ; et que de l'autre mes réponses n'étaient point si mauvaises qu'elles ne leur laissassent quelque espérance.


Il arrivait que le Père Antoine de Jésus se retira durant le temps qui restait de son exil dans le monastère de Notre-Dame du secours distant de trois lieues de Villeneuve. Ainsi il y allait quelquefois prêcher, et le Père Gabriel De l'Assomption, prieur de ce monastère qui est un homme fort sage et de grande piété l'y accompagnait. Comme ils étaient tous deux amis du docteur Gervais, ils eurent par lui la connaissance de ces saintes filles, et furent si touchés de leur vertu et des instances que ce docteur et toute la ville faisaient en leur faveur, qu'ils embrassèrent cette affaire comme si elle eut été la leur propre ; et il n'y eut rien qu'ils ne fissent par leurs lettres pour tâcher à me persuader d'y entendre. J’étais alors dans le monastère de Saint Joseph De Malagon, éloigné de plus de vingt-six lieues de Villeneuve : et ce Père prieur vint me trouver sur ce sujet. Il m’assura entre autres choses que lorsque l'établissement serait fait, le docteur Ervias donnerait à cette maison trois cens ducats de rente à prendre sur son bénéfice aussitôt que l'on en aurait obtenu la permission de Rome. Si c'eût été une chose présente, j'aurais crû que cela joint avec le peu qu'avaient ces filles suffirait pour leur subsistance : mais ne se devant faire qu'après la fondation, je n'y trouvais pas assez de sureté. Ainsi, pour m'en excuser, je représentai au Père prieur diverses raisons qui me paraissaient très fortes, le priai de bien considérer l'affaire avec le Père Antoine de Jésus, et lui dis que je la remettais sur leur conscience, et ne croyais pas qu'elle se dût faire.


Après qu'il fut parti, considérant combien il avait cette affaire à cœur et qu'il ne manquerait pas sans doute de faire tous ses efforts pour persuader au Père Ange De Salazar, maintenant notre Supérieur, d'approuver ce dessein, j'écrivis à l'heure même à ce dernier pour le prévenir, et le prier de ne point donner cette permission. Je lui en représentais les raisons : et il m'a mandé depuis qu'il ne l'aurait jamais accordée sans savoir si je l'approuvais. Six semaines après ou environ lorsque je croyais l'affaire rompue, je reçus des lettres du conseil de Villeneuve par lesquelles il s'obligeait à donner tout ce qui serait nécessaire pour la subsistance de ce monastère. Ces lettres étaient accompagnées de celles du Docteur Ervias qui confirmaient la promesse qu'il avait faite, et d'autres lettres des deux Pères dont j'ai parlé, qui continuaient de me représenter avec beaucoup de force combien cette œuvre serait agréable à Dieu. J'appréhendais tant néanmoins de recevoir ce grand nombre de religieuses qui pourraient, comme il arrive souvent, se liguer ensemble contre celles que je leur joindrais, que ne trouvaient pas d'ailleurs ce qu'on offrait pour la subsistance de cette maison assez assurée, je ne pouvais me déterminer.
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Message  ROBERT. Jeu 06 Jan 2011, 4:40 pm

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(Chapitre 27)

Par Sainte Thérèse d’Avila



4. J'ai reconnu depuis que c’était le démon qui m'abattait ainsi le courage, et me faisait perdre par ses artifices presque toute la confiance que j'avais en Dieu. Mais les prières de ces vertueuses filles triomphèrent enfin de la malice de cet ennemi de notre salut.


Comme dans l'extrême désir que j'ai toujours de voir augmenter le nombre de ceux qui louent et qui servent Dieu, et que la crainte d'empêcher l'avancement de quelques âmes avait été la cause des réponses favorables que j'avais rendues touchant cette affaire, je ne cessais point de la recommander à Notre-Seigneur. Et un jour après avoir communié, Il me demanda d'une manière fort sevrée avec quels trésors j'avais donc établi les monastères que j'avais fondés, et ajouta : que je ne délibérasse point d'accepter celui-là : qu’Il y serait très-bien servi ; et qu'il serait utile à plusieurs âmes.


La force toute-puissante de ces paroles d'un Dieu qui ne se font pas seulement entendre à l'esprit, mais qui l'éclairent pour le rendre capable de connaître la vérité, et disposent la volonté à agir conformément à cette connaissance, me touchèrent si vivement que je ne délibérai plus à accepter cette maison, et reconnus la faute que j'avais faite d'avoir différé si longtemps par des considérations humaines, après avoir vu tant d'effets si extraordinaires de la conduite de Dieu dans l'établissement de ces maisons saintes consacrées à Son service. Ne mettant donc plus en doute d’entreprendre cette fondation, je crus pour diverses raisons qu'il était nécessaire d'y mener moi-même les religieuses qui devraient y demeurer, quoique je ne le puisse faire sans beaucoup de peine, parce que j'étais arrivée malade à Malagon, et l'étais encore. Mais jugeant qu'il y allait du service de Dieu j'en écrivis à Notre Supérieur afin de savoir sa volonté. Il m’envoya la permission pour cette fondation, et m'ordonna de l'aller faire, et de mener avec moi telles religieuses que je voudrais. Ce choix ne me mit pas peu en peine, à cause qu'il faudrait qu'elles demeurassent avec ce grand nombre de filles que je m'engageais à recevoir,


Après avoir extrêmement recommandé l'affaire à Dieu, je tirai du monastère de Saint Joseph De Tolède une religieuse pour être prieure, et deux de celui de Malagon dont l’une serait Supérieure. Comme on avait beaucoup prié pour ce sujet ce choix réussit très bien, et je l'attribuai à une faveur particulière de Dieu. Car quant aux fondations où il n’y a que de nos religieuses qui les commencent sans se mêler avec d’autres, elles ne sont pas sujettes à rencontrer de grandes difficultés.

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Message  ROBERT. Ven 07 Jan 2011, 5:04 pm

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(Chapitre 27)

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5. Le Père Antoine De Jésus et le Père Gabriel de l'Assomption, ce bon prieur, nous vinrent quérir avec les ordres que la ville avait donnés pour notre établissement ; et nous partîmes de Malagon le treizième jour de février 1580 un samedi avant le Carême. Je ne pus voir sans étonnement qu’étant auparavant si malade je me trouvais dans un moment en tel état que je ne me souvenais plus de l'avoir été.

On voit par là combien il importe lorsque Dieu demande quelque chose de nous, de ne point considérer nos infirmités ni les obstacles qui s’y rencontrent, puisqu'Il peut quand il lui plaît changer la faiblesse en force, et la maladie en santé ; et que s'Il ne le fait pas c'est qu'Il juge que la souffrance nous est plus avantageuse. Car à quoi notre santé et notre vie peuvent-elles être mieux employées qu'à les sacrifier pour le service d’un si grand Roi ? Et ne devons-nous pas nous oublier nous-mêmes quand il s'agit de Son honneur et de Sa gloire ? N'appréhendez donc point, mes sœurs, de pouvoir jamais vous égarer en marchant par ce chemin. J’avoue que ma lâcheté et ma faiblesse m'ont souvent fait douter et craindre. Mais il ne me souvient point que depuis que je suis Carmélite, et même quelques années auparavant, Notre-Seigneur ne m'ait par Sa miséricorde fait la grâce de surmonter ces tentations pour embrasser ce qui regardait Son service, quelques difficultés qui s'y rencontrassent. Car encore que je connusse clairement que ce que je pouvais y contribuer n’était rien, et que Lui seul faisait tout, je trouvais ma satisfaction dans l’assurance qu'Il ne demande de nous qu'une ferme résolution de vouloir absolument tout ce qu'Il veut. Qu'Il soit béni à jamais. Ainsi soit-il.


Notre chemin se rencontrant par le monastère de Notre-Dame du Secours dont j'ai parlé, nous devions nous y arrêter pour donner avis de notre arrivée à Villeneuve qui n'en est éloignée que de trois lieues, et cela avait été ainsi résolu par ces Pères qui nous conduisaient et à qui nous étions obligées d'obéir. Ce monastère est assis dans un désert assez agréable. Les religieux vinrent en bon ordre au devant de leur Prieur : et comme ils étaient pieds nus avec de pauvres manteaux de gros drap, ils nous donnèrent à tous de la dévotion. Pour moi j'en fus fort attendrie, m'imaginant de revoir ce temps bienheureux de nos saints Pères. Je les considérais en cette solitude comme des fleurs odoriférantes dont la blancheur est une marque de leur pureté ; et je les crois tels devant Dieu, parce que je suis persuadée qu'ils Le servent très-fidèlement. Ils entrèrent dans l'église en chantant le Te deum d'un ton qui témoignaient assez combien ils étaient mortifiés. Cette entrée est sous terre comme serait celle d'une caverne, et représente ainsi celle de Notre Saint Père Elie. Tant d'objets de piété me donnaient une telle joie, que quand le chemin que nous avions fait pour venir dans une demeure si dévotes aurait été encore beaucoup plus long, le travail m'en aurait paru bien employé. Mais je ne pouvais penser sans douleur que je n'avais pas été digne de trouver encore en vie Sainte Catherine De Cardone dont Dieu s'était servi pour fonder ce monastère, quoique j'eusse tant souhaité de la voir.

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Message  ROBERT. Lun 10 Jan 2011, 2:21 pm

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(Chapitre 27)

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6. Je crois qu'il ne sera pas mal à propos de rapporter ici quelque chose de sa vie, et des moyens dont j'ai appris que Dieu S'est servi par elle pour fonder cette maison qui a été si utile à plusieurs âmes des lieux d'alentours, afin, mes sœurs, que voyant quelle a été la pénitence de cette sainte, et combien nous sommes éloignées de lui ressembler, nous fassions de nouveaux efforts pour plaire à Dieu. Car, comment pourrions-nous nous excuser de faire moins qu'elle, puisque la grandeur de sa naissance qu'elle tirait des ducs de Cardone et qui lui donnait tant d'avantages sur nous, l'avait fait élever d'une manière plus délicate que nous ne l'avons été. Ayant reçu quelques lettres d'elle, j'y ai remarqué, qu'au lieu de signer son nom propre, elle signait seulement la pécheresse.


D'autres écriront les particularités de sa vie avant et depuis que Dieu lui eut fait tant de grâces. Je me contenterai de rapporter ce que j'en ai appris de plusieurs personnes dignes de foi qui avaient fort conversé avec elle. Dès le temps que cette sainte fille vivait dans le monde avec les personnes de sa qualité, elle veillait très-soigneusement sur elle-même, faisait beaucoup d'austérités, et désirait toujours de plus en plus de se retirer en quelque lieu solitaire pour ne s'occuper que de Dieu seul et à des actions de pénitence sans qu'on l'en put détourner. Elle le disait à ses confesseurs, et ils le lui déconseillaient, considérant cette pensée comme une folie, parce que le monde est si plein de discrétion qu'à peine se souvient-on des faveurs si extraordinaires que Dieu faites aux saints et aux saintes qui ont tout abandonné pour L'aller servir dans les déserts. Mais comme Il ne manque jamais de favoriser les véritables désirs qu'on a de Lui plaire, Il permit que cette bienheureuse fille se confessa à un religieux de S. François nommé le Père François De Torez. Je l'ai connu particulièrement, et le regarde comme un saint. Il y a déjà plusieurs années qu'il est très-fervent dans l'oraison et dans la pénitence; qu'il souffre une grande persécution, et qu'il sait quelles sont les grâces que Dieu fait à ceux qui s’efforcent de s'en rendre dignes. Ainsi il dit à cette dame, qu'au lieu de perdre courage, elle devait répondre à la vocation de Dieu. Je ne sais si ce furent ses propres paroles : mais on en vit bientôt l'effet par la résolution qu'elle prit.


Elle découvrit son dessein à un ermite d'Alcala, le pria de l'accompagner pour l’exécuter, et le conjura de lui garder un secret inviolable. Ils s'en allèrent ensemble au lieu où est maintenant bâti ce monastère ; et y ayant trouvé une caverne si petite que cette grande servante de Dieu pouvait à peine y tenir, ce bon ermite l'y laissa et s'en retourna. Quel devait être, mon Sauveur, l'amour dont cette grande âme brûlait pour Vous, puisqu'il lui faisait ainsi oublier le soin de sa nourriture, les périls où elle s'exposait, et le hasard où elle mettait sa réputation lorsque l'on ne saurait ce qu'elle serait devenue ? Quelle devait être cette sainte ivresse qui par l'appréhension de rencontrer quelque obstacle qui l’empêchât de jouir sans cesse de la présence de Son Divin Époux lui faisait ainsi renoncer pour jamais à tous les biens, à tous les plaisirs, et à tous les honneurs du monde ?
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Message  ROBERT. Mar 11 Jan 2011, 4:10 pm

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7. Considérez attentivement, mes sœurs, je vous prie de quelle sorte cette pure et chaste colombe s'élevait dans un moment au dessus de toutes les créatures. Car encore que nous ayons fait la même chose en entrant en religion, et offert à Dieu notre liberté en faisant vœu d'une perpétuelle clôture, je ne sais si nous ne trouvons point dans quelques rencontres que notre amour-propre est toujours le maitre. Je prie Dieu de nous préserver de ce malheur ; et que nous faisant la grâce d'imiter cette sainte en renonçant comme elle à tout ce qui est du siècle, Il lui plaise d'en détacher entièrement notre cœur.

J'ai entendu dire des choses extraordinaires de ses austérités, quoique l'on n'ait sans doute eu connaissance que des moindres, puisqu'ayant passé tant d’années en cette solitude dans un si ardent désir de faire pénitence et sans que personne put modérer sa ferveur, il y a sujet de croire qu'elle traitait son corps d’une terrible manière. J'en rapporterai ce que des personnes croyables ont appris de sa propre bouche, et ce qu'elle en dit à nos sœurs de Saint Joseph De Tolède, lorsque les considérants comme si elles eussent été les siennes, elle leur parla dans la visite qu' elle leur fit, avec cette sincérité et cette ouverture de cœur qui lui étaient naturelles, à quoi je dois ajouter que cette profonde humilité qui lui faisait connaître qu'elle ne pouvait rien par elle-même, la rendait si incapable de vanité, qu'elle ne prenait plaisir à raconter les grâces qu'elle recevait de Dieu, qu'afin qu'on en rapportât à Lui seul toute la gloire. Une manière d'agir si franche pourrait être périlleuse à des âmes qui ne seraient pas arrivées à un aussi haut degré de perfection que cette sainte, parce qu'il se mêlerait peut-être parmi ces louanges que l'on donnerait à Dieu quelque sentiment d'amour-propre. Mais je ne doute point que la simplicité avec laquelle cette bienheureuse fille agissait ne l'ait exemptée de ce défaut, et je n'ai jamais ouï dire qu'on l'en ait blâmée.

Elle raconta donc à nos sœurs, qu'après avoir mangé trois pains que l'ermite qui la conduisit dans cette caverne lui avait laissés, elle y passa plus de huit ans sans autre nourriture que des herbes et des racines qui croissaient dans ce désert. Qu'ensuite, un petit berger qui la rencontra lui apportait du pain, et de la farine dont elle faisait de petits tourteaux qu'elle mangeota de trois jours en trois jours. Une preuve de cette vérité est que des religieux, qui étaient présents lors qu'elle fonda ce monastère, assurent qu'elle avait tellement perdu le goût, que s’il arrivait qu'on l'obligeât à manger quelque sardine ou quelque autre chose, elle lui faisait plutôt du mal que du bien. Pour ce qui est du vin, elle n'en but jamais que je sache. Les disciplines qu'elle se donnait avec une grande chaîne duraient souvent une heure et demie, et quelquefois deux heures. Et ses cilices étaient si rudes qu'une femme m'a dit que revenant avec elle d'un pèlerinage et ayant la nuit fait semblant de dormir, elle lui vit ôter et nettoyer son cilice qui était tout plein de sang. Mais ce qu'elle souffrait de la part des démons était encore beaucoup plus pénible. Car elle dit à nos sœurs qu'ils lui apparaissaient comme de grands dogues qui lui sautaient sur les épaules, ou comme des couleuvres, sans que quelques tourments qu'ils lui fissent elle en eût peur.
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Message  ROBERT. Mer 12 Jan 2011, 4:18 pm

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8. Après même avoir fondé le monastère elle ne laissait pas de coucher dans sa caverne, excepté quand elle allait au Divin Office. Auparavant qu’il fut bâti, elle entendait la messe aux Religieux de la Merci à un quart de lieue de là. Et faisait quelquefois ce chemin à genoux. Son vêtement, que l'on aurait pris pour celui d’un homme, était de bure, et sa tunique de gros drap. Quand elle eut passé quelques années dans une si étrange solitude, Dieu permit que le bruit de sa vertu se répandit, et l'on commença d'avoir tant de vénération pour elle qu'elle ne pouvait éviter qu'un très-grand nombre de gens ne la vinssent voir. Ceux qui lui pouvaient parler s'estimaient heureux : et cela augmentant toujours, elle en était si lasse et si ennuyée qu'elle disait qu'ils la faisaient mourir. Presqu’aussitôt que le monastère fut bâti, il y avait des jours que la campagne était toute couverte de chariots, et ces religieux ne trouvaient autre moyen de la soulager que de la faire monter sur un lieu élevé, d'où elle priait Dieu de bénira ce peuple, et s'en délivrait ainsi : ensuite des huit années qu'elle avait passées dans cette caverne que ceux qui y allaient avaient accrue, elle tomba dans une si grande maladie qu'il n'y y avait point d'apparence qu'elle en revint, sans que néanmoins elle se put résoudre à sortir d'une si affreuse demeure.

Elle commença alors à être touchée d'un grand désir de fonder proche de ce lieu un monastère de religieux. Mais elle demeura assez longtemps sans savoir de quel Ordre elle les choisirait. Étant en oraison devant un crucifix qu'elle portait toujours sur elle, Notre-Seigneur lui fit voir un manteau blanc et connaître qu'elle devait choisir l'ordre des Carmes Déchaussés dont elle n'avait point entendu parler, ni ne savait pas seulement qu'il y en eut dans le monde, et il n'y avait encore que ceux de Mancera et de Pastrane. Elle s'en informa, et ayant appris qu'il y en avait un à Pastrane dont la ville appartenait à la Princesse D’Éboli, femme du Prince Ruy Gomez De Silvais son ancienne amie, elle s'y en alla pour travailler à exécuter sa résolution. Y étant arrivée elle prit l'habit de la Sainte Vierge dans l'église de Saint Pierre, mais sans dessein de se faire religieuse, n'y ayant jamais eu d'inclination, parce que Dieu la conduisait par une autre vole, et qu'elle appréhendait qu'on ne l'obligeât par obéissance à modérer ses austérités, et à abandonner sa solitude.

Elle prit ce saint habit en présence de tous les religieux, du nombre desquels était le Père Marian dont j'ai parlé, et il m'a dit, qu'étant entré alors dans un ravissement, il eut une vision en laquelle il lui sembla qu'il voyait plusieurs religieux et religieuses à qui l'on avait fait souffrir le martyre, dont les uns avaient eu la tête tranchée, et les autres les jambes et les bras coupés. Et ce n'est pas un homme capable de rien rapporter que de véritable, ni qui soit accoutumé d’avoir des ravissements, Notre-Seigneur ne le conduisant pas par ce chemin. Priez Dieu, mes sœurs, qu'Il nous fasse la grâce de mériter d'être du nombre de ces bienheureux martyrs.
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Message  ROBERT. Jeu 13 Jan 2011, 8:07 pm

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FONDATION DE VILLENEUVE

Par Sainte Thérèse d’Avila.

(Chapitre 27)



9. Ce fut donc en ce lieu de Pastrane que cette sainte fille commença à traiter de la fondation de son monastère. Et elle alla ensuite pour ce sujet à la Cour qu'elle avait quittée avec tant de joie. Ce ne lui fut pas une petite mortification, parce qu’elle ne sortait pas plutôt du logis qu'elle se trouvait environnée d'une grande multitude de gens, dont les uns coupaient des morceaux de son habit, et les autres des morceaux de son manteau. De là, elle fut à Tolède où elle vit nos religieuses : et toutes m'ont assurée qu'il sortait d'elle une odeur si agréable et si grande qu'il n'y avait pas jusqu’à son habit et à sa ceinture, qu'elles lui ôtèrent pour lui en donner une autre, qui n'en fussent parfumées : et que plus on s’approchait d'elle, plus on sentait cette bonne odeur, quoique l'étoffe de ses vêtements et l'extrême chaleur qu'il faisait alors dussent produire un effet contraire. Cette marque qui paraissait en son corps de la grâce que Dieu répandait dans son âme leur donna une grande dévotion, et je suis très-assurée que ces bonnes filles ne voudraient pour rien du monde dire un mensonge. Cette sainte obtint à la Cour et ailleurs tout ce qu'elle désirait pour l’établissement de ce monastère ; et il fut fondé ensuite de la permission qu'elle en eut.


L’église fut bâtie au même lieu où était sa caverne, et on lui en fit une autre assez proche où il y avait un sépulcre. Elle y passait la plus grande partie du jour et de la nuit durant les cinq ans et demie qu'elle vécut encore. Et l'on a considéré comme une chose surnaturelle que des austérités aussi extraordinaires qu’étaient les siennes n'aient pas plutôt fini ses jours. Elle mourut en l'année 1577 et on l'enterra avec une très-grande solennité ; un gentilhomme nommé Dom Juan De León n'y ayant rien épargné. Son corps est maintenant en dépôt dans une chapelle de la Sainte Vierge pour qui elle avait tant de dévotion, en attendant que l'on bâtisse une église pour y conserver un si grand trésor. La vénération que l'on a à cause d'elle pour ce monastère et pour tous les lieux d’alentours est si grande, qu'il semble qu'elle ait imprimé des marques de sa sainteté dans cette heureuse solitude, et particulièrement dans cette caverne où elle a passé tant d'années avant la fondation du monastère. On m'a assuré que cette sainte souffrait avec une telle peine l'incroyable multitude de ceux qui venaient pour la voir, qu'elle voulait s'en aller en quelque autre lieu où elle ne fut connue de personne, et qu'elle fit chercher l'ermite qui l'avait conduite en celui-là, afin qu'il la menât en un autre. Mais il était déjà mort, et Notre-Seigneur ne permit pas qu'elle exécutât ce dessein, parce qu'Il voulait que l'on consacrât à l’honneur de Sa sainte Mère la maison où on Le sert aujourd’hui si fidèlement.


Il ne faut que voir ces religieux pour connaître quelle est leur joie d'avoir renoncé au monde, et principalement le prieur, qui est passé des délices du siècle dans une vie si pénitente. Dieu les a bien récompensés d'avoir ainsi tout abandonné pour l'amour de Lui, en les élevant si fort au-dessus de toutes les choses de la terre. Ils nous reçurent avec beaucoup de charité, et nous donnèrent des ornements pour le monastère que nous allions fonder ; le respect et l'affection que l'on a pour la mémoire de la sainte faisait qu'on leur en donne beaucoup. Je ne vis rien en ce lieu qui ne m'édifiât extrêmement. Mais la satisfaction que j'en avait était mêlée d'une confusion qui me dure encore lorsque je pense, que cette grande sainte qui a passé sa vie dans une si âpre pénitence était une fille comme moi, plus délicatement élevée à cause de sa condition, moins pécheresse sans comparaison que je ne suis, et qui n'a pas reçu de Notre-Seigneur tant de faveurs qu'Il m'en a fait en toutes manières, dont celle de ne m'avoir pas précipitée dans l'enfer comme mes péchés le méritaient, en est une toute extraordinaire. Ma seule consolation est le désir que j'ai de mieux faire à l’avenir : mais cette consolation est faible, parce que toute ma vie s'est passée dans de semblables désirs sans y avoir répondu par mes actions. Dieu veuille, s’il Lui plaît, m'assister par Son infinie miséricorde. J'y ai toujours mis ma confiance en m'appuyant sur les mérites de Son Fils et sur l'intercession de la Sainte Vierge dont Il me fait la grâce de porter l'habit.
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Message  ROBERT. Mar 18 Jan 2011, 7:28 pm

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.FONDATION DE VILLENEUVE

(Chapitre 27)

Par Sainte Thérèse d’Avila.


10. Ce fut donc en ce lieu de Pastrane que cette sainte fille commença à traiter de la fondation de son monastère. Et elle alla ensuite pour ce sujet à la Cour qu'elle avait quittée avec tant de joie. Ce ne lui fut pas une petite mortification, parce qu’elle ne sortait pas plutôt du logis qu'elle se trouvait environnée d'une grande multitude de gens, dont les uns coupaient des morceaux de son habit, et les autres des morceaux de son manteau. De là, elle fut à Tolède où elle vit nos religieuses : et toutes m'ont assurée qu'il sortait d'elle une odeur si agréable et si grande qu'il n'y avait pas jusqu’à son habit et à sa ceinture, qu'elles lui ôtèrent pour lui en donner une autre, qui n'en fussent parfumées : et que plus on s’approchait d'elle, plus on sentait cette bonne odeur, quoique l'étoffe de ses vêtements et l'extrême chaleur qu'il faisait alors dussent produire un effet contraire. Cette marque qui paraissait en son corps de la grâce que Dieu répandait dans son âme leur donna une grande dévotion, et je suis très-assurée que ces bonnes filles ne voudraient pour rien du monde dire un mensonge. Cette sainte obtint à la Cour et ailleurs tout ce qu'elle désirait pour l’établissement de ce monastère ; et il fut fondé ensuite de la permission qu'elle en eut.


L’église fut bâtie au même lieu où était sa caverne, et on lui en fit une autre assez proche où il y avait un sépulcre. Elle y passait la plus grande partie du jour et de la nuit durant les cinq ans et demie qu'elle vécut encore. Et l'on a considéré comme une chose surnaturelle que des austérités aussi extraordinaires qu’étaient les siennes n'aient pas plutôt fini ses jours. Elle mourut en l'année 1577 et on l'enterra avec une très-grande solennité ; un gentilhomme nommé Dom Juan De León n'y ayant rien épargné. Son corps est maintenant en dépôt dans une chapelle de la Sainte Vierge pour qui elle avait tant de dévotion, en attendant que l'on bâtisse une église pour y conserver un si grand trésor. La vénération que l'on a à cause d'elle pour ce monastère et pour tous les lieux d’alentours est si grande, qu'il semble qu'elle ait imprimé des marques de sa sainteté dans cette heureuse solitude, et particulièrement dans cette caverne où elle a passé tant d'années avant la fondation du monastère. On m'a assuré que cette sainte souffrait avec une telle peine l'incroyable multitude de ceux qui venaient pour la voir, qu'elle voulait s'en aller en quelque autre lieu où elle ne fut connue de personne, et qu'elle fit chercher l'ermite qui l'avait conduite en celui-là, afin qu'il la menât en un autre. Mais il était déjà mort, et Notre-Seigneur ne permit pas qu'elle exécutât ce dessein, parce qu'Il voulait que l'on consacrât à l’honneur de Sa sainte Mère la maison où on Le sert aujourd’hui si fidèlement.


Il ne faut que voir ces religieux pour connaître quelle est leur joie d'avoir renoncé au monde, et principalement le prieur, qui est passé des délices du siècle dans une vie si pénitente. Dieu les a bien récompensés d'avoir ainsi tout abandonné pour l'amour de Lui, en les élevant si fort au-dessus de toutes les choses de la terre. Ils nous reçurent avec beaucoup de charité, et nous donnèrent des ornements pour le monastère que nous allions fonder ; le respect et l'affection que l'on a pour la mémoire de la sainte faisait qu'on leur en donne beaucoup. Je ne vis rien en ce lieu qui ne m'édifiât extrêmement. Mais la satisfaction que j'en avait était mêlée d'une confusion qui me dure encore lorsque je pense, que cette grande sainte qui a passé sa vie dans une si âpre pénitence était une fille comme moi, plus délicatement élevée à cause de sa condition, moins pécheresse sans comparaison que je ne suis, et qui n'a pas reçu de Notre-Seigneur tant de faveurs qu'Il m'en a fait en toutes manières, dont celle de ne m'avoir pas précipitée dans l'enfer comme mes péchés le méritaient, en est une toute extraordinaire. Ma seule consolation est le désir que j'ai de mieux faire à l’avenir : mais cette consolation est faible, parce que toute ma vie s'est passée dans de semblables désirs sans y avoir répondu par mes actions. Dieu veuille, s’il Lui plaît, m'assister par Son infinie miséricorde. J'y ai toujours mis ma confiance en m'appuyant sur les mérites de Son Fils et sur l'intercession de la Sainte Vierge dont Il me fait la grâce de porter l'habit.

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Message  ROBERT. Mer 19 Jan 2011, 2:38 pm

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(Chapitre 27)

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11. Après avoir communié dans cette église j'entrai dans un ravissement, et cette sainte fille accompagnée de quelques anges m'apparut d'une manière intellectuelle telle qu'un corps glorieux. Elle me dit de ne me point lasser de fonder des monastères : et je compris, quoiqu'elle ne me le dit pas, qu'elle m’assistait auprès de Dieu. Elle ajouta d'autres choses qui ne se peuvent écrire, dont je demeurai fort consolée et avec un grand désir de travailler pour le service de Dieu. Ainsi j'espère de sa bonté et des prières de cette sainte que je pourrai y réussir en quelque sorte. Vous voyez, mes sœurs, par ce que je viens de rapporter, que les souffrances et les travaux de cette grande servante de Dieu sont finis avec sa vie ; mais que la gloire dont elle jouit maintenant ne finira point. Puisse donc que nous la pouvons considérer comme ayant été l'une de nos sœurs, efforçons-nous de l'imiter, et je vous en conjure au nom de Notre-Seigneur. Ayons pour nos misérables corps cette sainte horreur qu'elle avait d’elle-même, et n'y ayant rien ici bas de permanent, achevons ce qui nous reste à passer de la durée si courte de cette vie comme elle a achevé la sienne.


Nous arrivâmes à Villeneuve De La Gare le premier dimanche de Carême de l’année 1580 le jour de la fête de Saint Barbacien, et la veille de celle que l'on célèbre en l'honneur de la chaire de Saint Pierre. Tout le conseil de la ville et le docteur Ervias, accompagnés de plusieurs autres vinrent au-devant de nous, et nous allâmes descendre à l'église de la ville qui est fort éloignée de celle de Sainte Anne. Je ne pouvais voir sans en ressentir une grande consolation avec quelle joie tout ce peuple recevait des religieuses de l'Ordre de la Très-Sainte Vierge. Nous entendîmes de loin le son des cloches, et aussitôt que nous fûmes entrées dans l'église on, chanta le Te deum en musique et au son des orgues. On mit le Très-Saint Sacrement sur une machine faite pour ce sujet, et l’image de la Vierge sur une autre moindre. La procession précédée par plusieurs croix et bannières commença de marcher avec grande pompe, et nous étions proches du Saint-Sacrement avec nos voiles baissés et nos manteaux blancs.


Les Carmes Déchaussés qui étaient venus en bon nombre de leurs monastères étaient près de nous. Les religieux de Saint François du convent de la ville y assistèrent. Et il s'y rencontra un Père Dominicain dont je fus fort aise, quoiqu'il fût seul. Comme l'église d'où nous partions et celle où nous allions étaient assez éloignées, on avait dressé plusieurs reposoirs sur le chemin. On s’y arrêtait, et l'on y récitait des vers sur le sujet de Notre Ordre qui me donnaient beaucoup de consolation, parce qu'ils étaient pleins des louanges de ce Dieu Tout-Puissant qui nous honorait de Sa présence, et pour l'amour Duquel on faisait tant de cas de sept pauvres Carmélites que nous étions. Mais en même temps, ce m'était une grande confusion de me voir parmi ces servantes de Dieu, et de savoir que si l'on m'eut traitée comme je le méritais, on n'aurait pu me souffrir. Je ne vous ai, mes filles, rapporté si au long cet honneur que l'on rendit à l'habit de la Sainte Vierge, qu'afin que vous en remerciez Notre-Seigneur, et Le priiez de vouloir rendre cette fondation utile à Son service. Car pour moi je vous avoue que je ne suis jamais si contente que lorsque ces établissements se font après beaucoup de persécutions et de travaux, et que ce sont ceux que je vous raconte plus volontiers. Il est vrai néanmoins que ces bonnes filles qui étaient dans cette maison ont extrêmement souffert durant les cinq ou six ans qu'il y avait qu'elles s'y étaient enfermées, tant par d'autres travaux que parce que leur pauvreté était si grande qu'elles n'avaient pas peu de peine à gagner de quoi vivre. Car elles ne purent jamais se résoudre à demander des aumônes, à cause qu'elles ne croyaient pas le devoir faire. Elles jeûnaient beaucoup, mangeaient peu lorsqu'elles ne jeûnaient pas, étaient fort mal couchées, et logées fort étroitement.

à suivre...

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Message  ROBERT. Dim 23 Jan 2011, 9:03 pm

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(Chapitre 27)

Par Sainte Thérèse d’Avila



12. Mais leur principale peine venait à ce qu'elles me dirent, de leur extrême désir de se voir revêtues de ce saint habit. Elles ne pensaient jour et nuit à autre chose tant elles appréhendaient de ne l'avoir point. C'était le sujet de leurs prières. Elles demandaient sans cesse à Dieu en pleurant en Sa présence de leur vouloir faire cette grâce. Et dans l'extrême affliction que leur donnaient les obstacles qui s'y rencontraient, elles redoublaient leurs pénitences, et retranchaient de leur nourriture pour épargner sur ce qu'elles gagnaient du travail de leurs mains, afin d'avoir moyen de m'envoyer des messagers et donner quelque chose à ceux qui les pouvaient assister dans leur dessein. Depuis avoir communiqué avec elles et reconnu leur sainteté je n'ai pu douter que ce qu'elles ont été reçues dans notre Ordre ne soit un effet de leurs oraisons et de leurs larmes. Ainsi je crois avoir rencontré en ces âmes un beaucoup plus riche trésor que si elles avaient un grand revenu ; et j'espère que cela ira toujours en augmentant.

Lorsque nous entrasses dans la maison ces bonnes filles nous reçurent avec les mêmes habits qu'elles y avaient apportés, parce qu'elles n'avaient point voulu prendre celui des dévotes que l'on nomme béates, à cause qu'elles espéraient toujours que Dieu leur ferait la grâce de recevoir le notre. Le leur était fort honnête, quoiqu'il fût facile d'y remarquer le peu de soin qu'elles avaient de leurs personnes, et il ne fallait point de meilleure preuve de l'austérité de leur vie et de leurs pénitences, que les marques qui en paraissaient sur leurs visages. L'abondance des larmes qu'elles répandirent en nous voyant et qu'il était facile de juger n'être pas feintes, faisait connaître leur joie : et cette joie, jointe à leur humilité, à leur obéissance pour la prieure, et à ce qu'il n'y avait rien qu'elles ne fissent pour nous contenter, étaient des témoignages de leur vertu. Leur seule appréhension était que leur pauvreté et la petitesse de leur maison ne nous portassent à nous en retourner. Nulle d'elles n'avait jamais commandé. Chacune travaillait avec grande humilité à ce dont elle était capable. Deux des plus âgées traitaient de leurs affaires lorsqu'il en était besoin, et les autres ne parlaient ni ne voulaient parler à personne. Il n'y avait point de serrure à leur porte, mais seulement un verrou, et la plus ancienne qui rendît les réponses était la seule qui osât s'en approcher. Elles dormaient fort peu afin d'avoir assez de temps pour travailler à gagner leur vie, et pour prier ; car elles y employaient plusieurs heures, et les journées entières aux jours de fête. Les ouvrages du Père Louis De Grenade et du Père Pierre D'Alcantara étaient les livres d'où elles tiraient les règles de leur conduite. Elles s'occupaient la plupart du temps à réciter l'Office Divin qu'elles lisaient le mieux qu'elles pouvaient, n'y en ayant qu'une qui sut bien lire.

Leurs bréviaires n'étaient pas semblables, et quelques-uns qui étaient du vieux style romain leur avaient été donnés par des prêtres qui ne pouvaient plus s'en servir. Comme à peine savaient-elles lire, elles y employaient beaucoup de temps, et ne le récitaient pas en lieu d'où ceux du dehors les pussent entendre. Il y a sujet de croire qu'elles y faisaient plusieurs fautes; mais je ne doute point que Dieu, qui connaissait leur bonne intention ne les excusât. Lorsque le Père Antoine De Jésus commença de communiquer avec elles, il fit qu'elles ne récitèrent plus que l'office de la Sainte Vierge. Elles avaient un four où elles faisaient cuire leur pain, et se conduisaient en toutes choses avec autant de régularité que si elles eussent eu une supérieure.
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Message  ROBERT. Mer 26 Jan 2011, 7:55 pm

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(Chapitre 27)

Par Sainte Thérèse d’Avila


12. (suite)

Plus je conversais avec elles, plus je louais Dieu des grâces qu'Il leur faisait, et me réjouissais d'être venue; n’y ayant point de travaux que je ne voulusse souffrir pour consoler de telles âmes. Celles de mes compagnes destinées pour demeurer avec elles me dirent qu’elles avaient eu quelque peine durant les premiers jours ; mais qu'ayant connu leur vertu, elles avaient conçu tant d'affection pour elles qu'elles demeureraient avec joie : et l'on voit par cet exemple quel est le pouvoir de la sainteté. Il est vrai que ces religieuses étaient telles, que quand (même) cela leur eut été fort pénible, elles n'auraient pas laissé de s'y engager volontiers avec l’assistance de Notre-Seigneur par le désir qu'elles ont de souffrir pour Son service. Celles qui ne se sentent pas être dans cette disposition ne se doivent point croire de véritables Carmélites ; puisque ce n'est pas le repos, mais la souffrance que nous sommes obligées de rechercher, afin d'imiter en quelque chose Notre divin Époux. Je Le prie de vouloir par Son infinie Bonté nous en faire la grâce.


Je dois maintenant vous dire, mes sœurs, quel a été le commencement de cet ermitage de Sainte Anne. Un prêtre fort vertueux et fort recueilli nommé Jacques De Guadalajara natif de Zamora et qui avait été religieux de Notre-Dame-du-Carmel, ayant une dévotion particulière pour la glorieuse Sainte Anne fit bâtir en ce lieu un ermitage tout proche de sa maison d'où il pouvait entendre la messe. L'ardeur de son zèle lui fit entreprendre le voyage de Rome, et il en rapporta des bulles avec de grandes indulgences pour cette chapelle. En mourant, il ordonna par son testament que cette maison et tout son bien seraient employés pour fonder un monastère de religieuses de Notre-Dame Du Mont Carmel : et que si cela ne se pouvait exécuter, il y aurait un chapelain qui dirait quelques messes toutes les semaines : mais que cette obligation cesserait aussitôt qu'il y aurait un monastère fondé.

Ces lieux demeurèrent ainsi entre les mains d'un chapelain durant vingt ans pendant lesquels le bien diminua beaucoup : et ces demoiselles ne jouissaient que de la maison. Car le chapelain qui demeure dans un autre lieu dépendant de la même chapelle ne veut pas la leur céder, ni ce peu qui reste du bien. Néanmoins, la bonté de Notre-Seigneur est si grande qu'Elle n’abandonnera point la maison de Sa glorieuse aïeule. Plaise à Sa divine Majesté qu'Il y soit toujours servi, et que toutes Ses créatures ne cessent jamais de Lui donner les louanges qui Lui sont dues. Ainsi soit-il.


FIN.

à suivre: prochaine Fondation, celle de Caravantque.


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