Sainte Maria Goretti

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Message  Arthur Jeu 29 Juil 2010, 8:08 am

--- DÉLICATESSE FILIALE

En cette fête de pureté et d'amour l'enfant eut pu se dire au comble du bonheur. Pourtant, au fond de son coeur sensible un sentiment de tristesse tempéra la joie de ce beau jour; il lui manquait son père.


Son souvenir lui revint alors plus émouvant, plus vivant que jamais, comme pour inviter l'enfant à faire participer ce père aimé aux précieux dons de ce Divin Banquet. Alors, dans un élan de ferveur et de confiance, " elle offrit sa communion en suffrage pour le cher disparu " .


Oh ! certes, le papa lui-même a dû prier beaucoup pour que cette petite fille si intéressée à son salut éternel demeurât intacte comme un lis digne d'orner les autels de Dieu.


Et qu'au lieu de se contaminer en restant longtemps sur ce sol inhospitalier de notre terre, elle fût plutôt arrachée par une main cruelle, pour être recueillie par les anges et transplantée dans les jardins
du paradis.

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Message  Arthur Ven 30 Juil 2010, 9:04 am



V PURETÉ DE NOTRE MARTYRE

--- BIENHEUREUX LES COEURS PURS ( Matth., V, 8 . )


La pureté virginale, aussi bien que le martyre, a son germe dans l'Eucharistie. Il n'est pas possible de recevoir dignement ce grand Sacrement sans se pénétrer du céleste parfum du Lis des Vallées, Jésus, pureté des vierges.


Or Maria s'y était présentée dignement; elle put par la suite s'approcher encore de la Sainte Table, mais de trop rares fois à son désir, et pour sa plus vive peine.


Au moins, compensa-t-elle par la ferveur à la rareté relative de sa présence au Banquet Eucharistique.


On a retenu particulièrement le souvenir de deux de ces fructueuses communions parce qu'elle voulut les faire, à brève distance l'une de l'autre, aux pieds de la Reine de la Pureté, dans son sanctuaire des Grâces de Nettuno, où reposent aujourd'hui ses restes vénérés.


Mais le seul et très court contact avec Jésus reçu dans la Première Communion l'avait déjà transformé en une créature singulièrement enivrée de pureté.


Aussi, cette transformation de Maria se fit-elle sentir dans toutes les manifestations de sa vie. On la vit, par exemple, redoubler de ferveur dans la prière, d'application à tous ses devoirs, et témoigner d'une plus grande délicatesse de conscience.


Elle se fit encore remarquer, depuis ce jour, par un redoublement de sagesse et de jugement dans les soins donnés à ses petits frères, qu'elle ne laissait jamais aller au lit avant qu'ils eussent récité le Saint Rosaire; un " requiem " pour leur pauvre père, déjà souvent redit durant le jour, et enfin les trois " Ave Maria ".


Mais c'est surtout par une délicatesse extrême en tout ce qui touche la belle vertu de pureté, que Marietta se fit remarquer au sortir de sa première communion.


Il fut bientôt clair comme le jour que cette vertu en elle s'était fortifiée jusqu'à l'héroïsme. Elle pouvait impunément subir les assauts de la tentation.


Les épreuves allaient d'ailleurs se suivre à brève échéance, et servir à révéler au monde entier une nouvelle Agnès jusqu'alors perdue comme une violette dans la rude solitude
des champs.

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Message  Arthur Sam 31 Juil 2010, 9:25 am


--- LA PART DE LA MÈRE

Comme la pureté est le sommet candide et saillant de la vertu de notre martyre, nous avons voulu interroger longuement sa mère, sur cette singulière qualité de son enfant.


Nous avons voulu savoir, en particulier, si elle avait, elle-même, inspiré à sa fille une si profonde horreur pour le péché contraire à la pureté et une si héroïque résistance. Et sa réponse fut affirmative.


C'est elle qui lui apprit peu à peu, jour par jour et avec une extrême vigilance, comme seules les mères éclairées peuvent le faire, à fuir les occasions du mal impur; mais elle précisa résolument son enseignement à partir d'un fait dont elle a gardé le souvenir.


Maria était aller puiser de l'eau à la fontaine situé au-delà du pont des Ferriere quand elle entendit, pour la première fois, certaines mauvaises paroles sorties de la bouche d'un jeune libertin, à l'adresse d'une enfant qui les écoutait sans manifester aucune honte.


La mère de Marietta fut tellement frappée de l'étonnement horrifié de sa fille, qu'elle a conservé les noms du jeune homme et de l'enfant assez vicieuse pour lui répondre par des paroles indignes.


Nous tenons secrets ces noms, mais il n'est pas inutile de révéler que cette enfant n'avait été rien moins qu'une des compagnes de la martyre à la Première Communion.


La petite vierge pudique ne pouvait se faire à l'idée qu'une fillette qui avait, en même temps qu'elle, reçu le même Jésus, pût profaner ses lèvres par de tels propos. De là son exclamation douloureuse à l'adresse de sa mère :

--- Comme une telle parle mal !

--- Tu le vois, mon sang ! ( sic, sangue mio ! ) lui répondit sa mère avec sévérité, tu le vois... tu t'étonnes des autres qui parlent mal; eh bien, si tu faisais comme celle-là... de même que tu t'étonnes d'elle, de même les autres s'étonneraient de toi ! Sois donc attentive à ne jamais tenir de tels discours ou à y prendre part !


Épouvantée à l'idée que semblable chose pourrait lui arriver, l'enfant répondit avec vivacité :

--- Ne craignez pas maman ! Quant à moi, avant de les faire, je voudrais plutôt...


La phrase s'arrêta là, tronquée par l'humilité de la sainte enfant. Mais un mois plus tard, la voix de son sang allait expliquer cette réticence. Réticence sublime, qui vaut tout un poème à la gloire du Christ, dont l'amour est capable de susciter de pareils héroïsmes.


Mais non moins à la gloire de l'éducation maternelle, dont l'efficacité s'affirme, avec éclat, dans la vertu solide et précoce de cette merveilleuse vierge. Grande et magnifique leçon, que donne aux mères Assun
ta Goretti.

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Message  Arthur Lun 02 Aoû 2010, 8:54 am



L'HOMME RÉCOLTERA CE QU'IL AURA SEMÉ ( Gal., VI, 8. )


L'éducation parfaite de Marietta éclatait dans ses moindres démarches. Que ce fut sur la route de Conca, dans le village même où elle faisait ses emplettes, à l'église, ou simplement aux champs, Marietta conservait toujours un maintien édifiant.


Aussi la maman pouvait-elle se fier à sa fille. Ce qu'elle fit d'ailleurs aux moments des plus rudes travaux des champs, lui confiants des missions de confiance comme de l'envoyer, avec d'autres personnes, à Nettuno pour y vendre des oeufs et de petites colombes.


Installée devant son panier d'oeufs et la petite cage de ses blancs oiseaux, Marietta offrait avec simplicité sa marchandise aux passants qui s'arrêtaient, surpris et charmés, devant tant de modestie et de surprenante pudeur chez une simple fille de la campagne.


Il était impossible de demeurer insensible au charme angélique de cette enfant. Les voisins ne tarissait pas d'éloges : " Quel ange de petite file vous avez là, Madame Assunta ! Si on lui parle,elle répond modestement, continue droit son chemin et ne s'arrête avec personne ..."


Pourtant Assunta Goretti ne voulut se rendre à tant de félicitations qu'après avoir constaté la chose elle-même. Bien souvent, dès lors, du haut de l'escalier extérieur, les yeux maternels suivirent Marietta sur la route de Conca. De cette vision enfantine, la maman rentrait à la maison l'âme tout attendrie.


Elle aime à raconter plus spécialement que, dans une circonstance particulière, la vue de Marietta en ses lourds souliers hâtant avec peine le pas pour accomplir plus tôt sa tâche, ( elle n'avait alors que neuf ans ) lui avait suggéré une curieuse image : " Elle semblait une petite cane, " dit-elle avec simplicité.


La forte trempe de la pureté de la nouvelle Agnès ressort clairement de tous ces témoignages.


Mais jamais cette pureté n'apparut aussi sublime que durant les longs et terribles moments où, seule dans le silence, sans le réconfort d'un secours à sa porté, Marietta dut lutter, sans jamais s'abandonner, contre des sollicitations pressantes appuyées du sinistre reflet d'une lame meurtrière.


Gardant pour elle seule le lourd secret de cette lutte héroïque, Marietta n'osa jamais révéler à sa mère les embûches tendues à sa pudeur.


Quelle terrible violence dut subir ce tendre coeur d'enfant forcé, durant des semaines, de boire gorgée par gorgée la mort inévitable.


Puisque aussi bien son choix était fait irrévocablement, bien avant l'échéance de l'odieux marché imposé : ou de sauver sa vie par le sacrifice de sa pureté, ou de sauver sa pureté par le sacrifice de sa vie.


Terrible alternative pour toute âme pure, mais combien plus terrible encore pour une enfant à qui la vie sourit de tout l'espoir d'un printemps d'innocence et de joies virginales, et à qui la nature n'offre pas encore les moyens de défense qu'elle accorde à l'âge mûr.


Et pourtant, dans cette lutte inégale, l'amour de la sainte pureté triompha sur l'amou
r de la vie.

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Message  Arthur Mar 03 Aoû 2010, 9:03 am



Le travail maternel, assidu et empressé, avait implanté en son âme des racines si profondes que pas une force au monde n'était capable de les arracher.


Plût à Dieu qu'elles comprissent ce devoir, ces mères insouciantes de l'éducation de leurs enfants !


Combien, hélas ! au contraire, par l'imprudence de leurs paroles et de leurs actes, plus encore de leur maintien, sèment dans ces tendres âmes les germes d'une impudeur précoce.


Et, plus tard, elles se lamenteront en face des surprises de la mauvaise tournure de leurs fils et de leurs filles, maudissant leur sort et s'en prenant même au Seigneur, comme s'il était responsable des fruits de leur mauvaise éducation.


Que Maria Goretti, enfant bien élevée, détourne de l'enfance les exemples pervers, et qu'elle enseigne aux mères la valeur sans prix de l'éducation de la pureté !


Le récit de sa mort glorieuse leur apportera une ultime et convaincante leçon car, tandis que sous l'effet des terribles blessures dont son corps fut criblé, son intelligence se volait des ombres de la mort prochaine, cette enfant ne cessa de se défendre instinctivement comme une héroïque triomphatrice.


Il ne restera bientôt qu'à assister à ce magnifique triomphe. Mais d'abord, enivrons-nous encore des pures échappées de lumière de cette candide étoile à l'aube d
e la gloire.

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Message  Arthur Mer 04 Aoû 2010, 8:59 am


VI L'ANGE DE LA FAMILLE

--- UNE SITUATION HÉROÏQUE


Pour bien comprendre l'héroïsme de cette courte existence de notre sainte, il nous faut pénétrer à l'humble foyer où elle se déroula et contempler le tableau navrant des conditions de vie imposées à cette pauvre famille, au sein de laquelle Marietta jouait un rôle si important.


La mort du père y avait creusé un vide profond. Deux faibles bras de femme pour cultiver plusieurs hectares de terre, faucher le foin, moissonner le blé et exécuter les autres travaux d'une métairie, cela semblait une situation intenable.


Tel était pourtant l'unique moyen d'assurer la subsistance à une famille composée de la mère et de six petits enfants.


Une seule alternative s'offrait à la pauvre veuve : ou bien se résigner à faire fructifier la terre comme s'il y avait eu un homme au foyer, ou bien se voir congédier et se trouver complètement dans la rue avec sa nombreuse famille.


À son arrivée à la métairie des Ferriere, Luigi Goretti avait dû installer sa famille à la Cascina Antica, dans l'unique corps de logis, composé de deux appartements dont l'un était déjà occupé par la famille de Giovanni Serenelli, son associé dans l'exploitation de la ferme.


Les deux habitations étaient plus ou moins séparées, mais il n'y avait qu'une seule cuisine commune aux deux ménages. Par cette cohabitation forcée, une étroite intimité s'établit naturellement entre les deux familles.


Mais le bon Luigi n'allait pas tarder à regretter cette association imposée par son contrat de travail. Giovanni Serenelli était un homme de moeurs rudes et, au témoignage de son fils, le meurtrier de Marietta, esclave de la triste passion de la boisson.


Il fallait bien rester, cependant, et le doux et pacifique Luigi dut se résigner à subir quotidiennement les provocations et les manières inconvenantes de son associé.


Décidé à tout supporter pour cohabiter en paix, il réussit souvent, à force de patience et de prudence, à détourner les effets regrettables du mauvais caractère de cet homme irascible jusqu'à la violence.


Au moment de sa mort, prévoyant les malheurs de sa famille privée de son soutien, Luigi Goretti répéta souvent dans son délire : " Assunta doit retourner à Corinaldo ".


Les pressentiments du mourant ne furent que trop justifiés. Les Serenelli n'ayant plus devant eux qu'une faible femme et six jeunes enfants incapables d'en imposer, laissèrent libre cours aux exigences les plus déraisonnables.


Et tenant la malheureuse famille, privée de son défenseur naturel, sous un despotisme intolérable, ils disposèrent de tout et de tous à leur usag
e quotidien.

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Message  Arthur Jeu 05 Aoû 2010, 8:50 am


--- UNE MÈRE COURAGEUSE

Cependant, Assunta, avec tout le courage de la femme forte, assuma héroïquement la charge de son mari défunt. Engagée désormais dans la société inévitable des Serenelli, comme l'avait été le pauvre Luigi, elle se mit au même niveau que lui dans les plus lourds travaux.


Mais, malgré son courage, il semble bien que, sans une assistance divine, elle eût succombé sous le poids d'un trop lourd fardeau supporté dans des circonstances particulièrement pénibles.


Le travail prodigieux fourni par la courageuse veuve aurait dû, dans des conditions normales, procurer à la famille cette aisance relative qui fait honneur à un sage dévouement.


Malheureusement les conditions de travail ne furent pas normales; une ambiance de malveillance, contre laquelle la pauvre femme ne pouvait se défendre, déçut les plus beaux espoirs permis à un labeur acharné et à une minutieuse économie.


D'une enquête que nous avons nous-même effectuée, non sans un frémissement de compassion, il ressort que la première campagne se solda par un déficit considérable.


Après qu'elle eut rendu au propriétaire 96 quintaux de fèves et pas moins de 300 quintaux de blé, la pauvre femme se trouvait à la fin de la moisson sans une poignée de fèves ni de blé, et avec 15 lires de dettes par-dessus le marché.


Les frais de culture étaient loin d'être couverts par les entrées, et la faute n'en fut pas tout entière aux patrons, mais surtout à une main malfaisante qui n'était pas inconnue de la veuve.


Tout autre femme que la courageuse Assunta se serait rendue après un pareil échec. Mais le caractère d'Assunta Carlini était d'une autre trempe.


Les labours,les semailles, le foin; les récoltes de l'année suivante furent conduits de front avec ses devoirs de mère de famille. Hélas ! la campagne se termina comme la précédente, par une injuste défaite due aux même causes.


Et pourtant elle avait mené cette lutte épuisante avec un courage d'autant plus admirable, que cette triste année, fut précisément celle où mourut sa fille chérie.


Malgré la charge des autres enfants, la pauvre veuve ne pouvait plus continuer cette tâche ingrate. Le retour à Corinaldo auprès de ses parents et amis devenait inévitable.


Elle devait y arriver finalement, rendue presque méconnaissable par la misère, à la grande désolation de la compatissante Noémi.


Mais avant de se résoudre à cette décision que lui avait suggérée son époux mourant, que de souffrances endurées, que de larmes versées sur la terre des Ferriere.


Si invraisemblables qu'elles nous apparaissent, les douleurs physiques de cette année de dur labeur ne furent pourtant presque rien, en comparaison des souffrances morales endurées par la pauvre veuve.

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Message  Arthur Mer 01 Sep 2010, 8:20 am


--- UN COEUR PROFOND

C'est dans cette extrême misère que se passa l'existence de notre sainte enfant. Excessivement réfléchie pour son âge, elle comprenait parfaitement la situation de sa pauvre mère et de ses petits frères; elle s'en attristait même outre mesure.


Mais rien ne paraissait extérieurement de la peine immense de ce doux coeur d'enfant. Elle pleurait secrètement pour ne pas augmenter la tristesse de sa mère, cherchant dans la prière la force de souffrir en silence.


Durant trois années entières, la pauvre petite file endura le martyre du coeur comme préparation à celui du sang.

Ce refoulement d'une souffrance intolérable pour une âme moins bien trempée que la sienne, n'altérait en rien le trésor de la piété filiale de Marietta. Elle voulut, malgré tout, se montrer à toute heure un ange de réconfort pour sa mère éprouvée.


Quand elle la voyait triste et songeuse, accablée sous le poids des lourds soucis de l'entretien des enfants et des vexations continuelles dont elle était l'objet, l'angélique enfant essayait de la consoler par l'éloquence ingénue des paroles les plus affectueuses.


Et aussitôt qu'un nuage venait à assombrir le front maternel, Marietta se hâtait de le chasser par les plus douces caresses et les expressions les plus tendres de réconfort :

--- " Courage, maman ! lui disait-elle. Désormais nous devenons grands. Il suffit que le Seigneur nous donne la santé; la Providence nous aidera; nous nous en tirerons... nous nous en tirerons...


S'il arrivait que le frère aîné Angelo causât quelque peine à sa mère, Marietta l'apostrophait d'une façon touchante :


--- Et comment... toi, lui dit-elle un jour qu'il s'était montré insoumis, parce que papa n'y est plus, tu fais de la peine à maman ! Tu verrais, toi, si maman n'y était plus !...


Pour garder ses petits frères dans l'obéissance empressée et le respect filial, c'est le même thème qui revient souvent sur ses lèvres :


--- Si maman n'y était plus, comment ferions-nous, nous autres ?...


Mais, plus que par des paroles, Marietta prêchait surtout l'exemple. Elle prévenait les moindres volontés maternelles par une prompte obéissance, et sans jamais objecter la moindre remarque.


Elle était véritablement le bras droit de sa mère; ainsi la vaillante Assunta pouvait en toute tranquillité travailler aux champs du matin au soir, loin de ses enfants.


Et quand la fin du jour la ramenait au misérable foyer, elle y reprenait courage à la seule vue de Marietta si courageuse, si ingénieuse aussi à rechercher les manières les plus délicates et les paroles les plus aimables, pour réconforter l'âme attristée et le corps brisé de sa c
hère maman.

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Message  Arthur Jeu 02 Sep 2010, 8:28 am


--- LA PETITE MÈRE

Point n'était besoin de lui donner des avis ou de lui faire des recommandations. Dès le petit jour elle était à l'ouvrage.


Après la toilette et la prière des petits frères, elle se donnait tout entière à ses petites soeurs, les habillant, les peignant, et les habituant aux saintes prières avec une patience incomparable.


Sans relâcher un seul instant la surveillance des deux garçonnets, toujours prêts aux étourderies de leur âge, et sans négliger les soins du ménage, elle initiait les deux dernières nées aux secrets de la couture et du tricot.


Si l'une d'elles se trompait dans les mailles ou les points, elle la reprenait doucement, lui montrant le défaut à corriger. Si parfois l'une ou l'autre s'endormait, Marietta s'asseyait tout auprès, un ouvrage à la main, veillant sur elle comme un ange gardien.


Elle avait d'ailleurs un art tout spécial de gagner leur volonté et de les garder bonnes. Et, pour mieux réussir dans son entreprise d'éducation, Marietta récompensait les efforts des bons enfants par des petits cadeaux.


Comme des bonbons, des fruits ou d'autres choses semblables, qui lui venaient de l'estime que lui avait vouée beaucoup de personnes des Ferriere ou des autres villages, où ses admirables qualités étaient connues.


Ses deux petites soeurs l'aimaient donc comme leur âme et recouraient à elle dans tous leurs besoins.


Quand la maman les grondait ou les punissait, elles accouraient en larme implorer l'intercession toujours efficace de leur aînée en criant avec une naïve confiance : " Marietta, maman me bat ! "


Ce recours à sa protection était devenu, par sa fréquence même, comme une sorte d'instinct.


La maman en eut la preuve déchirante quand Ersilia vint à tomber malade, sans doute à la suite de la terreur éprouvée au moment du meurtre de sa soeur aînée : au plus fort de ses douleurs, la petite malade ne cessait de crier le nom de la chère disparue.


Le moment des repas était encore pour Marietta l'occasion de dépenser des trésors de dévouement et d'abnégation. Attentive aux besoins de sa mère et de ses petits frères et soeurs, elle les servait d'abord et se contentait de ce qui restait.


Jamais elle ne se montra mécontente de la qualité ou de la quantité des aliments qui lui revenaient, car elle connaissait les conditions difficiles où se débattait sa pauvre maman.


Et si, par une circonstance imprévue ou pour une commission urgente à accomplir, elle avait dû retarder son repas, la sage fillette n'avait pas une seule parole de lamentation.


En aucune circonstance la délicate enfant n'aurait toléré de laisser à sa mère le nettoyage de la vaisselle et des autres ustensiles de cuisine.


En cela, comme dans les autres petites besognes, elle était toujours prompte à la remplacer avec un courage empressé et la sûreté d'un bon jugement. Quelle vertu profonde ne révèlent pas ces petits épisodes de la vie domestique ?


Ils dévoilent peu à peu les nuances infinies de délicatesse d'une âme à la bonté raffinée, quoique enfouie sous l'enveloppe grossière d'une éducation rustique. À nos yeux éblouis, l'humble petite fille des champs se transfigure en une solennelle petite sainte.

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Message  Arthur Ven 03 Sep 2010, 8:21 am


--- UN ANGE AU FOYER

On a pu écrire en toute vérité que " son amour pour sa mère, s'affirmant après la mort de son père, croissait en intensité en même temps que sa précoce adolescence " .


Un délicieux axiome populaire nous apprend même que : " Maria ne regardait pas sa chère maman afin de ne pas l'user ".


Cet amour était donc désintéressé, sans autre motif que sa piété filiale et sans l'intervention d'une préférence maternelle.


Au contraire, Maria, comme ses frères et soeurs, dut subir les reproches de la maman; souvent même, sa qualité d'aînée lui attirait la responsabilité des contretemps même involontaires.


En ces occasions, assez rares d'ailleurs, pendant que sa mère lui faisait des remarques, Marietta n'ouvrait jamais la bouche : elle restait muette, humiliée et presque terrifiée du remords d'avoir été la cause d'une peine.


Ce silence de l'enfant injustement grondée tient de l'héroïsme, étant donnée l'inclination naturelle de cet âge aux justifications à tout prix, allant même jusqu'au mensonge, auquel les enfants ont si facilement recours.


Et ce qui est le plus surprenant, c'est que, en de semblables occasions et davantage encore dans les rudes et fréquents
" rabrouements " des Serenelli, notre jeune héroïne ne laissa jamais transpirer, sous son admirable silence, l'ombre d'un trouble.


Par caractère elle était, il est vrai, douce et tranquille, mais la constance héroïque de cette douceur qu'elle garda au milieu des circonstances les plus adverses ne peut être que le fruit de la vertu.


Et il convient d'insister sur ce fait que la cohabitation avec les Serenelli offrait à sa patience une lice continuellement ouverte.


L'ange de sa famille ! Maria le fut vraiment et d'une manière admirable jusqu'aux heures suprêmes, comme nous le dirons bientôt. Et elle ne le fut pas seulement pour les siens, mais aussi pour ceux qui partageaient avec eux la vie commune, c'est-à-dire les membres de la famille Serenelli.


Bien incapables de reconnaître l'ange de douceur que Dieu avait envoyé pour leur bonheur dans l'humble logis de " Cascina Antica ", les Serenelli ne tinrent aucun compte des sacrifices faits à leur avantage.


Ce qui n'empêcha pas la sainte fillette de continuer scrupuleusement à les servir, s'appliquant surtout à laver et raccommoder leur linge et leurs vêtements en même temps que ceux de la famille.


Ainsi, coïncidence assez éloquente, quand elle tomba sous le poignard homicide, elle se trouvait précisément occupée à raccommoder une chemise de son meurtrier.

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Message  Arthur Lun 06 Sep 2010, 9:12 pm


VII LA VICTIME ET LE MEURTRIER

--- UN LIS DE SERRE

Notre enfant, nous l'avons vu, avait grandi comme un délicat lis de serre. La maison avait toujours été le centre de ses affections et presque l'unique sanctuaire où sa belle âme s'était ouverte à l'amour de Dieu et de la sainte pureté.


Un instinct irrésistible, à défaut d'une connaissance expérimentale des dangers du monde, l'avait retenue dans la retraite de la maison maternelle.


Elle ne s'en était jamais éloignée que pour prendre part avec sa mère à quelque travail champêtre, ou pour aller puiser de l'eau à la fontaine voisine des Ferriere ou enfin s'empresser aux emplettes quotidiennes.


Mais, là aussi, aurait-elle pu vraiment procéder avec plus de sollicitude et de réserve ?


Ces belles qualités l'accompagnaient encore lorsqu'elle devait s'éloigner de la maison pour aller à la messe les dimanches et fêtes, et à la confession à peu près tous les deux mois, ne pouvant le faire plus souvent, à son gré.


Elle n'avait jamais fait seule ces déplacements forcés, mais toujours avec sa mère ou en compagnie de l'un ou l'autre de ses petits frères ou de l'amie fidèle de la maison, Teresa Lungarini, dont le nom reviendra dans la suite de ce récit.

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Message  Arthur Mer 08 Sep 2010, 8:39 am


--- LA SOIF DE DIEU

Ce n'était pas l'ambition de faire étalage de sa beauté ou d'un vêtement neuf qui la conduisait à l'église, comme c'est le cas chez d'autres, cette angélique enfant dont les vêtements portaient la marque d'une honorable pauvreté. Ce n'était pas non plus l'amour de la distraction qui la faisait sortir de sa retraite, pour aller se mêler au public des églises de Conca ou de Nettuno. Aucune de ces vanités n'avait de prise sur ce coeur généreux, mais c'était uniquement la soif de Dieu qui la stimulait dans sa course au pied de l'autel, même au prix d'une fatigue excessive. Et le jour même de la tragédie, le samedi 5 juillet 1902, elle avait dit à sa mère puis à Madame Lungarini :

--- " Demain, nous irons à la confesse.


On était au coeur de l'été, et sa mère sachant qu'il n'y avait plus de messe à Conca, lui avait objecté :

--- " Mais, où iras-tu ?

--- " J'irai à Campomorto ou à Nettuno. Qu'il me tarde d'être à demain pour faire la sainte communion, répondit-elle simplement.

Le pieux prêtre de Cisterna, Don Paliani, ne pouvant plus venir à Conca, il fallait désormais, pour assister à la messe, aller à Campomorto ou à Nettuno.


Le projet de Maria était donc de parcourir de nombreux kilomètres à pied et à jeun, sous le brûlant soleil de juillet, en absorbant beaucoup de poussière sur des routes poudreuses et blanches, pour se procurer la joie de recevoir Jésus.


Qui ne vit combien grands et vifs étaient, en ce coeur candide, l'amour et l'attrait de son Dieu ?


Hélas ! le jour suivant, ce désir si ardent de Jésus-Eucharistie devait être comblé d'une manière bien différente. L'Époux des Vierges, elle allait Le recevoir et Le posséder pleinement, et Le voir bientôt sans les voiles eucharistiques.

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Message  Arthur Jeu 09 Sep 2010, 8:22 am


--- LA CHASTE COLOMBE


Il eut semblé qu'avec une manière d'agir aussi circonspecte, si sérieuse et si pieuse, la bonne petite fille ne dût jamais subir les provocations auxquelles elle ne donnait aucunement occasion.


Elle était très belle, il est vrai, mais d'une beauté chaste et capable d'inspirer le respect à cause de cette rare, que dis-je ? de cette angélique pudeur qui ornait son front pur.


Deux fortes paupières, toujours prêtes à couvrir du voile de la modestie son regard très vif, donnaient un beau relief au rose pâle de son visage, d'un ovale régulier et gracieux, qui prenait à la plus légère occasion une belle couleur de flamme.


Des yeux aux regards profonds et limpides et d'épais cheveux châtain clair, rehaussaient encore par leurs charmes la véritable beauté de ce noble visage de jeune vierge.


Très grande pour son âge, Marietta ne ressemblait pourtant pas à ces fillettes qu'une croissance trop rapide au seuil de l'adolescence a rendues chétives.


Aux charmes du gracieux visage que nous venons d'évoquer, s'unissait l'élégance d'une taille élancées mais robuste et harmonieusement proportionnée.


Cet ensemble de qualités physiques joint à sa valeur morale en faisait, comme s'exprime le Chevalier Marini, ¨plus qu'une créature de la terre pleine d'attraits, un ange digne du pinceau du Beato Angelico. "


Il est malheureusement vrai qu'une beauté naturelle, même tempérée par la chasteté, peut involontairement provoquer un instinct dépravé.


Il est encore plus vrai, aujourd'hui surtout, que la manière de s'habiller et la liberté des relations sociales peuvent, même sans malice et sans basses intentions, causer à elles seules des effets funestes.


Mais ces circonstances particulières ne s'appliquent pas à notre héroïne, encore moins pour les vêtements, qu'à cette époque les enfants portaient longs et fermés au col, au grand avantage de la pudeur et, pourquoi pas, de l'esthétique aussi.


Déjà protégée par la sévérité de son habillement, la beauté de Maria aurait dû être davantage à l'abri des mauvais instincts d'autrui par la plus délicate modestie que nous avons admirée dans l'enfant.


Il nous reste encore à signaler sur ce sujet, l'excellent témoignage de Madame Assunta Candelotti, dépensière au Casal de la Madria et qui, à l'époque où vivait Marietta, était encore jeune fille et demeurait chez son père, le dépensier de Conca.


Cette personne nous a fait l'éloge sans réserve de la conduite pleine de modestie de notre sainte :

" Elle était sérieuse, d'une pudique réserve et sobre en paroles. Elle était venue durant presque trois années faire ses emplettes à notre dépense.


Je la remarquai dès sa première entrée parce que sa taille alors n'arrivait pas à la hauteur du comptoir; elle disait tout juste ce dont elle avait besoin...


Le matin même du jour où elle fut frappée, elle vint avec deux sous acheter un kilo de sel; elle semblait une petite Madone : on lui lisait la bonté dans la figure. Elle avait les traits et l'aspect d'une petite sainte. "


" Elle n'entrait en intimité avec personne; en cours de route, elle ne se joignait pas même à d'autres enfants. Personne ne put jamais lui faire une remarque, mais tous enviaient sa mère parce qu'elle avait cette fille si bonne.


Elle allait toujours couverte d'un châle qu'elle portait encadrant sa figure. Quand elle fut tuée, ce fut un regret général et tous la proclamèrent une sainte. Les membres de ma famille voulurent tous aller aux Ferriere pour la voir. "


Marietta n'avait donc rien de provocant. Malheureusement ce fut elle précisément que la basse convoitise de Serenelli choisit pour victime.


La malsaine et cruelle dépravation du meurtrier fut la seule cause de tout le mal, car jamais cet ange de pureté ne lui fournit la plus minime occasion de s'exercer. C'est donc le meurtrier lui-même que nous devons maintenant présenter.

Arthur

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Message  Arthur Ven 10 Sep 2010, 8:22 am


--- DISMAS --- L'ASSASSIN --- LE BON LARRON

Mais comment en parler ?


Il y a en lui, pourrait-on dire, deux personnalités distinctes : celle du coupable et celle du repenti exemplaire.


Il y a Dismas, le coupable du Calvaire, aux mains lourdes du sang innocent, s'avouant publiquement digne du châtiment que lui inflige la justice humaine.


Mais il y a le même Dismas qui, du haut de sa propre croix, demande pardon et, par cela même, obtient, avec une prodigieuse réhabilitation, la promesse du paradis.


Alessandro, les larmes aux yeux et des sanglots plein la voix, se stigmatisa lui-même d'assassin en présence de l'auteur de ces lignes qui le visitait dans sa prison.


Et ces larmes et ces sanglots disaient éloquemment son repentir et son désir de devenir un converti édifiant : un de ceux, peu nombreux, qui réparent sérieusement.


Il est donc vraiment le coupable comme il est vraiment le repenti. Mais de l'un à l'autre il y a : l'égaré du premier âge, l'orphelin de mère, le fils du veuf pas trop doux, un peu violent même.


Il y a encore, comme il l'avoue lui-même, le manque d'affection; il y a surtout enfin la vie errante du mousse d'abord, puis du cultivateur perdu au milieu des champs, vie rude, privée de prêtres et d'églises et, à cause de cela, il le déplore amèrement lui-même, privée de la formation chrétienne.


Ce qu'il y a de chrétien dans son âme," anima naturaliter christiana ", lutte pour triompher.


On le voit, en vérité, dans la récitation du Rosaire, presque chaque soir, avec les Goretti; dans l'assistance à la messe du dimanche; dans la confession aussi, qu'il faisait semble-t-il, assez fréquemment.


Un effort très louable est tenté pour rompre, une fois pour toutes, avec les mauvaises compagnies : Alessandro abandonne la colonie d'un certain Cappellini d'Olivano, protestant sectaire qui voyait d'un mauvais oeil la présence fréquente de ses colons à l'église.


Pourtant, ce qu'il y avait de bon dans cette âme ne réussit pas à s'affirmer sur l'énorme contrepoids d'un âge critique dépourvu d'une formation morale et religieuse.


Fâcheusement influencé, au surplus, par la fréquentation de mauvaises compagnies, malgré qu'elles lui allâssent un peu par tempérament, et surtout par des lectures qui étaient loin de former à la vertu.

Arthur

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Message  Arthur Sam 11 Sep 2010, 9:44 am


--- MAUVAISE ÉDUCATION --- MAUVAISE COMPAGNIE --- MAUVAISES LECTURES


Ce sont là ses propres confessions; nous n'y retranchons et n'y ajoutons rien.Mais il y en a suffisamment pour expliquer l'énorme crime dans lequel il est tombé.


C'est tout le jeune homme que dépeint, mieux encore, ce triste aveu : " Je fréquentais déjà étant petit des compagnons licencieux et, depuis, mon coeur commença à se corrompre. Avec les années, cette corruption devait continuer et même s'accroître. "


Mais ses pires compagnons furent encore ces journaux que, le dimanche surtout, il préférait aux distractions ordinaires des habitants de la campagne. Alessandro nous signale plus spécialement pour leur infâmie : "Il Messaggero " et " La Tribuna Illustrata " .


Il n'est pas nécessaire d'aller vérifier cette assertion chez un dépositaire de presse, pour se rendre compte de ce qu'étaient alors ces quotidiens.


Pornographiques ? Ils ne l'étaient pas ouvertement ; mais leurs vives descriptions de crimes commis, de cambriolages, de suicides et d'homicides pour des motifs d'amour surtout, n'étaient-elles pas plus suggestives que des peintures obscènes ?


Et qui ne se rappelle combien de vies furent gâchées ou fauchées par la lecture de la chronique noire de telles feuilles ?


Il y avait aussi l'amas considérable de ces petites histoires à cinq centimes en provenance de Florence, paraissant tous les huit jours, et plus ou moins avariées.


Ces livraison hebdomadaires présentaient aux lecteurs la vie d'assassins insignes comme Mastrilli, Musolino et tant d'autres. Ils étaient, eux aussi, ces mauvais livres, de petits criminels qui concouraient à former des dégénérés et à les transformer peu à peu en de grands assassins.


Et ici se pose naturellement la question de savoir comment, dans la lointaine solitude des champs, un jeune ouvrier de culture gagnant très peu put se fournir si facilement et si abondamment des lectures infâmes, qu'il devait pourtant acheter ?


Nous trouvons la réponse à cette question dans la presse catholique de cette époque. Elle déplore la diffusion à pleines mains et pour très peu de centimes, de ces lectures malsaines où les crimes étaient avec volupté, provoqués, exaltés...


Elle dénonce aussi l'action traîtresse de la Franc-maçonnerie qui se réjouissait de pouvoir immoler tant de victimes à " la liberté inviolable de la presse " , c'est-à-dire au perfide libertinage pornographique et aux blasphèmes impies.


Le cynisme des journaux d'information que nous avons cités plus haut allait jusqu'à la cruauté. Alessandro Serenelli en fit la triste expérience.


" Il Messaggero " de ces années-là, " ce journal qui raconte tant de crimes " , disait Serenelli devant les juges de son propre délit, ne pouvait manquer d'étaler tout au long de ses colonnes le récit du meurtre inouï des Ferriere.


Il le fit en effet à la façon d'un paladin de la moralité en lutte contre la " bête humaine " des Ferriere, et stigmatisa, en de véhémentes invectives, l'assassin qu'il avait lui-même formé par ses récits d'autres crimes plus abjects peut-être.


Aussi sur une tel arrière-plan, l'horrible crime de Sereneli ne suscite pas trop de surprise.


Comme toile de fond de l'horrible scène du meurtre, nous voyons se dresser l'infernale trilogie de tout crime et de toute dégénération : Mauvaise éducation, mauvaise compagnie, mauvaises lectures.



Et l'on éprouve un sentiment profond de commisération en constatant que tout ce qui chez Alessandro se révéla d'avilissant fut dû, presque exclusivement, à la mauvaise éducation et au défaut de formation chrétienne.


De l'avis même des experts psychiâtres, en effet, il était par tempérament " doux " et, dès son entrée dans la vie sociale, il se montra
" calme et serein, même plutôt misanthrope "; tandis que la dépravation progressive lui avait fait un caractère exactement contraire.


Cependant, bien avant son crime, Alessandro donnait déjà des signes de la folie qui devait l'y conduire.


En diverses circonstances il fut repris par plus d'un, surtout par son père, de ses manières bourrues et de ses gestes impérieux.


Et plus d'une fois en présence de plusieurs personnes, notamment du curé lui-même Don Paliani, il mit son père fort en colère pour " son étourderie et sa façon insolente ".


Ce jeune homme encore mineur, mais qui allait atteindre l'âge du service militaire, faisait donc mauvaise impression. Il était taciturne et fermé. En sorte que l'état d'esprit " la forma mentis " requis pour l'énorme délit, était parfaitement réalisé.


Telle était la boue qui avait enlisé Alessandro Serenelli et qui l'immobilisa pour jouer le rôle de bourreau, tandis que son innocente victime survolait de très haut ce bourbier, grâce aux blanches ailes que lui donnèrent le Rosaire, le Catéchisme, et surtout la Divine Eucharistie.

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Message  Arthur Lun 13 Sep 2010, 8:29 pm


VIII LE MARTYRE

--- LA VOIX DU CYGNE


Notre Bienheureuse eut-elle quelque pressentiment de sa fin prochaine ? Nous ne pouvons l'affirmer avec certitude.


Mais nous savons que, durant les dernières semaines, tout son extérieur était empreint d'une tristesse indéfinissables qui fut observée, non seulement par sa mère, mais aussi par quelques personnes étrangères, en particulier par Madame Laura Achilli déjà connue.


Une semaine environ avant l'assassinat, Marietta s'était rendue chez cette fermière de Conca, couturière à ses heures, pour la prier de lui faire un corset dont elle donna, en peu de mots, la description.


Au moment de la quitter, elle insista pour qu'elle voulût bien le lui faire le plus vite possible de manière à pouvoir le prendre au moins le dimanche suivant.


Or il y avait dans la voix de l'enfant, parlant pourtant de simples questions professionnelles, un tel accent de tristesse que la paysanne en fut très impressionnée et ne put s'empêcher, après le départ de la petite fille, de dire aux personnes présentes :

" Voyez comme elle est sérieuse et sentimentale cette enfant ! "


Cette voix aux résonnances impressionnantes, c'était la voix du cygne déjà près de sa fin.


Le travail commandé par Marietta fut exécuté pour la date indiquée, mais il ne lui servit jamais. Le poignard attendait la pauvre victime avant le jour où elle devait le reprendre.


Le malheureux Alessandro se leurrait de réussir, au moins avec la complicité de son poignard, à souiller ce lis immaculé.


C'est en vain que durant des semaines, il avait essayé de parvenir à ses fins et, dans les derniers jours, renouvelé ses violences. L'enfant l'avait toujours résolument repoussé.


Craignant cependant que Marietta ne rapportât à sa mère les violences subies, le jeune libertin lui imposa le silence sous peine de mort.


" Il fit cette menace, écrit Maccono dans un opuscule sur notre héroïne, non par honte du mal, mais de crainte que, si Maria avait parlé, l'occasion de tenter une nouvelle épreuve pour réussir finalement dans son intention diabolique ne vînt à lui manquer pour toujours. "


L'accent résolu et le " froncement de sourcil " sauvage du féroce agresseur convainquirent facilement la jeune fille de cette menace, car trois années de vie commune lui avait appris à connaître Alessandro. Et Mariette se tut.

Arthur

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Message  Arthur Mar 14 Sep 2010, 8:13 pm


--- MARTYRE INTIME

Cependant jour et nuit l'enfant craignait pour sa pureté. Elle évitait de tout son pouvoir de se trouver seule ou de rester dans la maison quand sa mère n'y était pas.


Lorsqu'elle devait exécuter des travaux féminins, comme de tricoter ou de raccommoder, elle se tenait sur le palier extérieur de l'escalier, à l'entrée de la maison.


Et si quelqu'une de ses petites soeurs succombait au sommeil, elle étendait une courte-pointe sur le pavé de la terrasse pour y faire reposer l'enfant à ses côtés. Elle prit exactement les mêmes mesures de prudence et refit les mêmes gestes le jour de son martyre.


La seule vue d'Alessandro l'épouvantait et chacun de ses ordres mêmes lui semblait dissimuler une embûche. Il lui était pénible de s'entendre commander par le jeune homme d'aller ici ou là pour quelque besogne qu'elle accomplissait en pleurant...


La maman, qui avait remarqué les larmes de sa fille, lui en demanda bien souvent la raison, mais la pauvre enfant, terrifiée par la menace d'Alessandro et par la crainte aussi des autres conséquences pour la paix domestique, n'osa jamais lui révéler la vérité.


La pauvre mère inconsolable et pleine de remords raconta ensuite que, le jour même qui avait précédé la tragédie, Marietta, les larmes aux yeux, l'avait suppliée en disant :


" Maman ne me laissez pas seule à la maison ! " Mais n'ayant pu obtenir aucune explication à cette requête, elle avait cru à un caprice dont il ne fallait pas tenir compte.


À la pauvre petite, captive de ce terrible silence, il ne restait donc d'autre réconfort que celui de la prière où elle pouvait librement donner cours à la tristesse de son âme martyrisée.


Combien de Rosaires récités et que de larmes versées aux pieds de sa céleste Mère, la seule à connaître ses angoisses en cette vigile de Martyre !


Comme le remarque très justement le Père Muller, il est évident que Marie écouta ces gémissements de colombe et reçut ces larmes secrètes et fréquentes.


Car Elle y répondit en répandant, comme une rosée bienfaisante, tant de réconfort sur ce lis et en infusant tant de prodigieuse vigueur dans cette poitrine, qu'Elle fit de cette frêle enfant une martyre invincible à la stupeur du monde entier.

Arthur

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Message  Arthur Mer 15 Sep 2010, 8:34 pm


--- LES PRÉPARATIFS DU MARTYRE

La victime était prête; prêt aussi l'instrument du sacrifice. L'arme homicide, en effet ( nous y avons déjà fait allusion ), ne fut pas un simple clou ou un simple poinçon ramassé fortuitement sous l'empire de la passion.


Mais un fer réduit patiemment depuis peu de mois auparavant, à une sorte de poignard ou de stylet plutôt, très aigu et très tranchant, comme il résulta de l'expertise judiciaire et de l'audition des témoins.

Il ne manquait plus à l'assassin que l'occasion de se saisir de cet ange. Il fallait étudier cette occasion et au besoin la provoquer. Elle fut bel et bien trouvée. Et voici comment.


C'était le 5 juillet 1902, un samedi, veille de la fête du Précieux Sang...


Sur l'aire, à quarante mètres de la maison, le battage des fèves, qui se faisait au moyen de charrettes tirées par des boeufs, avait été durant la matinée en pleine activité et devait se poursuivre tout le reste du jour.


On venait de terminer le repas préparé par Maria et chacun prenait un peu de repos. Pourtant Alessandro ne pouvait tenir en place.


Une idée venait de germer dans son cerveau brûlant et le poussait à l'action : trouver le moyen de retenir l'enfant à la maison ... Une chemise toute déchirée qu'il lui ferait raccommoder... Passant dans sa chambre, il se mit à fouiller fiévreusement dans ses effets et en retira l'objet désiré.


Au lieu de porter lui-même cette chemise à Marietta, comme il l'avait fait tant de fois, il l'étendit sur le lit et plaça tout auprès les quelques pièces nécessaires au raccommodage.


En agissant de la sorte il pensait peut-être sottement que, n'ayant pas besoin d'aller ailleurs chercher les morceaux d'étoffes indispensables, la fillette aurait effectué l'ouvrage à cet endroit où il voulait la surprendre.


Il revint ensuite à la cuisine où Marietta était en train de laver la vaisselle, pendant que sa mère se reposait un moment avant de redescendre sur l'aire pour s'y remettre au travail. S'adressant alors à la fillette, Alessandro lui dit :


--- Fais bien attention, Marietta, qu'il y a une de mes chemises à raccommoder.


Avec sa rare promptitude d'esprit, l'enfant a dû deviner le piège, car elle fit semblant de ne pas entendre, et sans rien répondre, continua son travail. Alors la mère n'entendant aucune réponse de la part de sa fille, attira son attention :


--- Marietta, tu entends ce que te dit Alessandro ? Je te répète qu'il y a une chemise à raccommoder.


Après cette intervention maternelle l'enfant ne pouvait plus simuler l'inattention; mais c'est à sa mère seule qu'elle s'adressa lui demandant simplement :


--- Où est-elle cette chemise ?


Négligeant l'attitude pourtant significative de Marietta, Serenelli répondit lui-même qu'elle était sur son lit avec tout ce qu'il fallait. Mais elle reprit son travail de nettoyage sans ajouter un seul mot, tandis que les deux Serenelli et sa mère retournaient à l'aire.


Et aussitôt qu'elle eut tout mis en ordre dans la cuisine, elle courut prestement chercher la chemise à raccommoder et s'installa bien vite à la terrasse.


Cependant la petite Teresa, à peine âgée de deux ans, n'avait pu suivre les autres sur l'aire où le battage des fèves venait de reprendre, et elle s'était endormie.


Marietta la coucha sur la courte-pointe habituelle, assez grande pour qu'un des coins pût lui servir à recouvrir l'enfant.


Ainsi sans quitter la terrasse, elle pourrait avoir sa petite soeur à côté d'elle, et sa présence, même silencieuse, augmenterait son impression de sécurité.

Arthur

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Message  Arthur Sam 18 Sep 2010, 9:07 am


--- PÈRE, L'HEURE EST VENUE... Joan., XVII, 1.


Dès que le travail fut de nouveau en pleine activité, Alessandro crut venu le moment opportun pour son mauvais coup.


Il avait calculé que même si l'enfant poussait des cris perçants, on ne pourrait les entendre de l'aire où grinçaient les roues du chariot et bruyaient les tiges sèches de la fève triturée.


Au besoin, le perfide trouveraient bien le moyen de les empêcher d'arriver jusqu'aux oreilles de la pauvre mère.


Prétextant donc la nécessité de s'éloigner pour une chose urgente, le jeune Serenelli descendit du chariot et pria Assunta de le remplacer auprès d'Angelo.


Il s'assurait du même coup des deux personnes les plus à craindre : la mère et le frère aîné de la fillette. La malheureuse veuve accepta sans l'ombre d'un soupçon et prit place auprès de son fils pour stimuler les deux bêtes dans leur travail ennuyeux.


C'était le bon moment en effet : là-haut à la maison la fillette était seule, ou presque seule, car Teresa devait certainement dormir.


Quant aux autres enfants, Mariano, Alessandro et Ersilia, ils étaient montés avec leur grand frère sur le chariot où ils prenaient grand plaisir à tourner et retourner sur l'aire.


Sûr de lui et de ses moyens, Alessandro Serenelli se rend donc droit à la maison commune et, trouvant Maria sur la terrasse, il passe sans manifester sa déception de ce premier échec au plan criminel qu'il avait soigneusement conçu.


Il entre d'abord dans sa chambre où il revêt une chemise propre et prend un mouchoir; il passe ensuite dans l'atelier de réparation où l'arme homicide, préparée depuis longtemps, était dissimulée au milieu de vieux fers.


Il s'empare de ce stylet long de 24 centimètres, entre dans la cuisine et dépose son terrible instrument sur le coffre à vivres, bien à portée de la main; il tire ensuite tout auprès du coffre un banc bas et grossier, monté sur tréteaux.


Ces horribles préparatifs de mort terminés, il ouvre la porte et appelle :

--- Maria, viens à l'intérieur !...


Et l'enfant, frissonnant comme une feuille secouée par le vent :

--- Pourquoi ? Que voulez-vous ?

--- Toi, viens à l'intérieur !

--- Dites-moi d'abord ce que vous voulez, autrement je n'y vais pas.


Pour toute réponse, l'autre soudainement la saisit au bras et, sans lui laisser le temps de crier, l'arrache au parapet de la terrasse auquel elle s'était accrochée avec la force du désespoir.


En un instant, par un coup de pied, la porte de la maison est fermée et la clenchette verticale abattue...

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Message  Arthur Dim 19 Sep 2010, 8:50 pm


--- COMME UNE BREBIS AU MILIEU DES LOUPS ( Luc, X, 3. )


Tel un tendre agneau, voici notre petite Maria prisonnière et livrée cette fois sans merci à la dent de ce fauve. Dans l'atmosphère surchauffée de cette pauvre cuisine plane un air de mystère.


C'est l'heure solennelle du martyre ! Martyr obscur, ignoré de tous ! Dieu seul, la Vierge Sainte, l'Ange Gardien, invoqués par la nouvelle Agnès, en sont les témoins.


Après le Thabor de la Première Communion, après la longue agonie des semaines précédentes, après les pressentiments angoissants des derniers jours, voici l'heure du Sacrifice Suprême.


La pauvre maison perdue dans la solitude d'une campagne ignorée se transforme tout-à-coup en une arène mystérieuse où se donnent rendez-vous les puissances du bien et celles du mal.


D'un côté la force brutale au service d'un Goliath sûr de sa victoire; de l'autre, moins encore qu'un humble pâtre armé de sa fronde, une pauvre enfant aux forces défaillantes et usées par les efforts d'une lutte sournoise.


Mais encore une fois, le bras du Très-Haut, par la force de sa grâce, triomphera dans l'âme simple et confiante des assauts déchaînés de l'enfer.


En quelques minutes de combat à forces inégales, aucune autre parole ne résonne sur les lèvres virginales que les vigoureux et tenaces :

--- Non ! non ! non !... Que fais-tu, Alessandro ?... Ne me touche pas ! C'est péché !... Tu vas en enfer, oui, tu vas en enfer. Dieu ne veut pas !... C'est péché !...


Mais autant implorer une bête féroce... Un mouchoir lui est enfoncé dans la bouche, comme elle-même à une infirmière de l'hôpital, l'empêchant de supplier ce monstre qui d'ailleurs ne voudrait rien entendre...


La faible enfant, forte de sa foi en Dieu et de sa conviction de l'horreur du péché, est devenue semblable à une lionne.


Elle défie intrépidement le fer homicide qui déjà fond violemment sur son corps virginal, ouvrant de longues et profondes lésions dans l'abdomen. Quel carnage !


Et pourtant, malgré les coups terribles dont la crible la brute déchaînée, l'héroïque enfant ne se préoccupe que de sauvegarder sa modestie .


Elle arrange et replace inlassablement, sur ses membres meurtries, les vêtements sans cesse déplacés par la lutte et lacérés par le stylet.


Et d'un coup rassemblant ses dernières forces, elle se dégage, réussit à se relever et, arrachant de sa bouche le mouchoir qui l'oppresse, elle pousse cet appel que les murs assourdissent :

--- Dieu... mon Dieu... je meurs... maman... maman...


Mais de nouveaux coups lui sont déchargés sur le dos en direction du coeur... Le bourreau continuerait à la frapper encore si l'innocente victime ne finissait par s'abattre impuissante sur le sol, mortellement blessée...


Le coeur a été transpercé de part en part... Le fer a pénétré, mais le péché, " le vilain péché " n'a pu y entrer.


Dieu seul, sa crainte et son amour infusés en elle par la confirmation, démesurément grandis par la prière, divinement nourris par la Sainte Communion, ont été son unique force.


Personne ne l'a aidée. La voici martyre glorieuse, invincible devant le ciel, à l'insu de tous : à l'insu de sa mère elle-même.

Arthur

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Message  Arthur Lun 20 Sep 2010, 8:34 pm


--- LA MÈRE DES DOULEURS


Sa mère ! Sa pauvre mère avait été invoquée, oh combien !, mais elle n'avait rien entendu.


Cependant quelqu'un avait entendu les supplications de la martyre : c'était le petit ange qui reposait sur la terrasse, la petite Teresa, dont les pleurs donnèrent l'alarme.


Jamais les cris de l'enfant n'avaient été si aigus ni si stridents. Ils parvenaient à l'aire, à plus de quarante mètres de distance, à travers le bruissement des tiges de la fève triturée et les grincements sonores des roues du chariot écraseur.


Aussi en l'entendant pleurer ainsi longuement, la mère de la fillette s'étonne que Marietta n'accoure pas avec sa promptitude habituelle pour l'apaiser. Elle l'appelle à plusieurs reprises de toute sa voix : --- Maria ! Maria !


N'entendant aucune réponse, elle dit au petit Mariano d'aller à la recherche de Marietta et elle ajoute aussitôt l'ordre d'aller apaiser la petite Teresa.


Dans son trouble, elle ne se rendait nullement compte de la difficulté, pour Mariano, d'accomplir en même temps les deux missions.


Quelque peu rassérénée par la prompte obéissance de Mariano, elle se prit à réfléchir sur l'absence tout à fait insolite de sa Maria. À quel moment et pour quelle raison s'était-elle éloignée de la maison sans en rien lui dire ?


Un vague soupçon commence à percer du milieu de ses réflexions : Serenelli avait pu la saisir et l'enfermer Dieu sait où, avec des intentions perverses...


À ce moment même, par un de ces faits inexplicables, les boeufs se mettent à dévier si étrangement hors de l'aire qu'elle s'écrie : "O ! mon bon saint Antoine, mais qu'est-ce donc qui peut bien nous arriver ?..."


Cependant Maria n'est pas morte... Elle se ranime, se traîne péniblement jusqu'à la porte qu'elle ouvre au prix d'efforts inouïs; le père de l'assassin est étendu à l'ombre, au bas de l'escalier qui descend de la terrasse; Maria l'appelle d'une voix éteinte :

--- Giovanni... montez... ici... Alessandro... m'a tuée !...


Mais ses efforts l'ont épuisée, elle n'a plus la force d'appeler sa mère... Peut-être aussi ne voulait-elle pas l'attrister.


Comment se faisait-il qu'elle ne fût pas morte ? Sans doute parce que la raison de sa mort prématurée devait être glorieusement connue du monde entier. Il fallait peut-être pour cela un miracle, et Dieu n'aura pas manqué de le faire.


Le Comte Mazzoleni, lui-même, prit de ce fait extraordinaire un argument pour réconforter la mère inconsolable et il lui dit avec un accent d'émerveillement :

--- Pourquoi pleures-tu ? Elle est déjà morte ton enfant et pourtant elle parlait... Que t'en semble-t-il : elle avait le coeur transpercé !

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Message  Arthur Mer 22 Sep 2010, 9:07 am


IX HEURES ÉMOUVANTES

--- TOUT LE DRAME


Et maintenant laissons la pauvre mère, premier auteur avec la grâce divine de tant d'héroïsme, nous raconter la page la plus déchirante de ce martyre.


--- " Quand, ( durant le travail de l'aire ) j'entendis pleurer la petite Teresa, levant les yeux, je ne vis plus Maria sur la terrasse et, craignant que la petite ne vînt à tomber dans l'escalier, j'envoyai mon fils Mariano qui était avec moi sur le chariot en lui disant :

Mariano, va voir un peu pourquoi la petite Teresa pleure et où est allée Maria.


À ce moment-là je ne soupçonnais encore rien de bien précis pour Maria. Pendant que Mariano s'en allait, je vis le vieux Serenelli se lever de l'endroit où il reposait et monter l'escalier avec une telle hâte que Mariano ralentit le pas, certain maintenant que la petite Teresa serait secourue.


Arrivé en haut de l'escalier, le vieux Serenelli ouvrit la porte et se retourna pour me crier :

" Assunta, veuillez monter ", mais il appela aussi Mario Cimarelli qui battait la fève sur l'aire, et cet appel m'épouvanta : Bonne Sainte Vierge ! m'écriai-je, que s'est-il passé chez moi ?


Aussitôt abandonnant le travail, je courus à la maison suivie de mes petits enfants qui étaient avec moi sur l'aire. Cependant Mario Cimarelli y arriva avant nous; la femme Cimarelli, Teresa, ainsi que les deux frères de Mario : Antonio et Domenico, nous suivirent de près.


Dès le seuil de la maison je vis que Mario avait dans ses bras ma fille Maria, avec la tête appuyée sur son épaule.


Voyant ma fille comme morte dans les bras de Cimarelli, je poussai un cri d'effroi et lui, pour essayer de me rendre courage, me dit calmement :

" Doucement, commère, Marietta s'est fait mal. "


Lui-même ne se rendait pas compte de ce qui s'était passé ( car on ne voyait pas de sang, il était resté figé à l'intérieur des vêtements de la martyre ).


De la cuisine, on porta Maria dans sa chambre sur son lit. Je la suivis et comme un éclair me vint à l'esprit le soupçon de ce qui avait pu être la cause de ce terrible malheur. Je la regardai de près et m'aperçus qu'elle avait l'abdomen perforé et que les intestins en étaient sortis.


Entre-temps Maria s'était évanouie. À cette vue, le coeur me manqua et je poussai un grand cri ; puis me ressaisissant et tombant à genoux je m'écriai :

Ô Dieu de miséricorde, sauvez ma petite fille !


Alors les autres me conduisirent sur la terrasse... De là, j'appelais avec angoisse ma petite fille qui commençait à s'agiter comme pour s'arracher les vêtements.


Revenue enfin à elle sous les compresses de vinaigre que lui avait appliquées Teresa Cimarelli, Marietta m'appela :

" Maman !... Maman !... " Alors me libérant au prix de grands efforts de l'étreinte de ceux qui me retenaient, je rentrai dans la chambre et me précipitai auprès de ma fille chérie.


--- Ma petite Maria, lui dis-je alors, qu'est-il arrivé ? Qui est l'auteur de tout cela ? Comment cela s'est-il passé ?


Et elle me répondit clairement :

--- C'est Alessandro ! Vois-tu ce que m'a fait Alessandro ?

--- Oui, pour quel motif ?

--- Il voulait me faire commettre le mal, et je n'ai pas voulu.


" Affolée par cette épouvantable révélation, je poussai derechef un grand cri, et l'on m'éloigna de nouveau.


" Je fus transportée à la maison des Cimarelli où ma voisine m'assista avec bonté. Pendant qu'on m'emmenait, j'aperçus le médecin appelé en toute hâte au chevet de ma pauvre Marietta, mais ensuite je ne le vis plus jusqu'à son transfert à l'hôpital où je l'accompagnai.


Tel est le récit, si pathétique dans sa simplicité, que nous fit la mère dela martyre.

Arthur

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Message  Arthur Jeu 23 Sep 2010, 6:07 am


Teresa Cimarelli était restée, ange tutélaire, auprès de notre héroïne avec d'autres personnes miséricordieuses. Teresa voyant Marietta reprendre ses sens, multiplia les demandes pour mieux comprendre ce carnage.


--- Qui est-ce... ma chère petite Maria ?

--- Alessandro, répondit-elle d'un souffle de voix.

--- Pourquoi t'a-t-il fait cela ?

--- Parce qu'il voulait me faire commettre un vilain péché, et moi, je lui disait : non ! non ! non !


S'apercevant tout-à-coup de la présence d'autres personnes auprès d'elle, la jeune fille dit à Madame Cimarelli, dans un sentiment de pudeur bien compréhensible :

" Je veux rester seule à seule avec toi. Enlève-moi d'ici. "


Le médecin entrant juste à ce moment, Teresa offrit ses services pour l'aider à soigner la pauvre blessée.


Quand les vêtements tout imbibés du sang qui continuait de couler furent enlevés du corps martyrisé, de multiples et horribles blessures apparurent aux yeux attristés de la compatissante Teresa.


Elle aida le médecin à les panser en les couvrant une à une de blanches pièces de toile, et à serrer avec des bandes tout le buste de la petite martyre.


Pendant qu'on lui donnait ces soins inévitablement douloureux, Marietta ne fit entendre aucune plainte, mais de temps en temps elle laissait échapper ces accents amers :

--- Eh !... Alessandro, comme tu es méchant ! Tu t'en vas en enfer.


Et comme uniquement préoccupée de sa pureté elle ajoutait :

--- Je vous en prie, ne laissez pas monter Alessandro.

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Message  Arthur Ven 24 Sep 2010, 8:33 am

--- CAÏN, QU'AS-TU FAIT DE TON FRÈRE ? ( GEN., IV, 9 )


Où s'en était-il donc allé, ce malheureux ?


Lui qui avait prémédité son crime jusque dans les attitudes à prendre après l'avoir commis, ayant vu gisante à terre son innocente victime, sûr de l'avoir frappée dans ses parties vitales, il jeta le fer ensanglanté derrière le coffre et alla s'enfermer dans sa chambre.


Il s'étendit de son long sur son lit, impassible, avec sa chemise propre, tout prêt à suivre son inéluctable destin, sans regret de ce qu'il avait froide
ment commis.

Arthur

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Message  Arthur Lun 27 Sep 2010, 7:33 pm


X L'ARRESTATION DU MEURTRIER

LA VICTIME À L'HÔPITAL


Le fait avait été connu très vite jusqu'à Netuno, où Mario Cimarelli s'était lui-même rendu pour faire appel à la force publique pendant que d'autres avaient demandé d'urgence une ambulance à Campomorto, afin de transporter la victime à l'hôpital.


D'autres encore avaient spontanément couru à Cisterna au poste de gendarmerie le plus proche. Alertés, deux gendarmes partirent aussitôt.


À leur arrivée aux Ferriere, l'effervescence populaire s'accrut et les femmes parurent les plus agitées et les moins maîtrisables.


L'une d'elles, faisant usage de sa force extraordinaire, défonça d'un coup de pied la porte de la chambre et aurait foncé sur l'assassin qui faisait semblant de dormir, si les gendarmes ne l'avaient retenue.


Les deux soldats de l'ordre, s'étant ouvert de force un chemin à travers la foule massée devant la chambre où l'assassin s'était barricadé, purent facilement en venir à bout et, l'ayant retranché dans les fers, le traînèrent hors de la maison.


L'apparition du meurtrier déchaîna un concert de cris et d'exécrations et tous l'auraient volontiers mis en pièces, si les gendarmes ne l'avaient protégé de la forêt menaçante de bâtons et d'instruments de travail.


Cependant l'excitation de cette foule était si dangereuse, qu'il ne fut pas possible aux gendarmes de se déplacer avec leur prisonnier sans danger pour leur propre vie.


Ils durent donc attendre les gendarmes à cheval du poste de Nettuno. Ceux-ci arrivèrent à deux et ainsi les gardiens, au nombre de quatre, purent sauver le prisonnier d'une mort certaine, en l'éloignant à la course de la foule exaspérée.


Le long de la route ils rencontrèraient encore des gens qui accouraient aux Ferriere, certains même de Nettuno.


Ces derniers étaient à peine arrivés dans le voisinage du bois communal, qu'ils croisèrent à la fois le groupe des gendarmes traînant l'assassin, et l'ambulance qui, partie des Ferriere avant eux, emmenait la victime accompagnée de sa mère et des époux Cimarelli.


Le contraste de cette double vision était si poignant que les personnes accourues furent violemment agitées de sentiments contraire : arrêtant leurs regards sur le convoi, elles se laissaient aller à des paroles de pitié; en face de l'assassin, elles frémissaient d'indignation et lui criaient : " À mort ! "


Quand le malheureux jeune homme apparut sur la place publique de Nettuno, le concours de gens près de la caserne fut si rapide et si pressé qu'il semblait un groupement serré d'abeilles se préparant à essaimer. De tous côtés des clameurs animées :

" Donnez-le nous, nous voulons qu'il meure ! "


Le souvenir de ces imprécations est encore vivant dans la mémoire de ceux qui en furent les auteurs ou les témoins, et ils l'évoquent encore aujourd'hui avec autant d'émotion que si c'était chose d'hier.


Aussitôt commença l'interrogatoire. Mais ce Serenelli, qui au tribunal avouera avoir tout exprès cherché le bagne, se refusait alors à donner des explications sur son crime.


On l'interrogea en vain, même en l'enveloppant de toute espèce de questions adroites. Jusqu'à près de minuit, le coupable demeura muet et impassible.


C'est alors qu'un des gardes, un certain Leonardo Ruggeri, eut l'heureuse idée de lui dire, seul à seul, qu'il avait un frère gendarme, et que grâce à lui, il pouvait lui faire espérer de se voir absous; seulement qu'il devait tout lui dévoiler afin de lui permettre de préparer sa grâce.


Le délinquant se laissa tout de suite prendre au piège et raconta, de point en point, tout le " développement " de son crime.


Il déclara solennellement qu'avant d'en venir à l'usage du poignard, qu'il avait préparé au lieu même où il traîna la pauvre martyre, il lui avait renouvelé promesses et menaces, mais qu'il n'avait pu rien en obtenir.


Quel précieux témoignage pour la candeur sans tache de notre Bienheureuse.

Arthur

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