L'Histoire de l'Église (Tome II)

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Message  Louis Lun 18 Mai 2009, 6:09 pm

Aspect général de la Chrétienté avant la Réforme.

II serait excessif de regarder les xive et xve siècles comme une époque de libertinage effréné analogue à celle qui précédera la Révolution française. La foi demeurait vive, ainsi qu'en témoignent, par exemple, la multiplication des corporations et confréries, la pratique maintenue du jeûne, la générosité en faveur des églises. D'ailleurs, par le théâtre et la prédication, l'Eglise conserve son ascendant sur le peuple. Sans doute, le théâtre s'est-il sécularisé : on ne joue plus dans l'Eglise parce que les drames sont maintenant trop loin de la simplicité biblique tant par le décor que par le détail de l'intrigue ; mais ils demeurent profondément religieux. Ainsi représente-t-on ordinairement sur la scène le Paradis avec ses anges et l'Enfer avec ses démons ; on joue par exemple, le Mystère de la Passion, d'Arnoul Greban, qui, en 35.ooo vers, fait défiler les principaux épisodes du Nouveau-Testament. L'Eglise donnait à ces mystères un concours actif ; parfois, on débutait en disant une messe, souvent, des chanoines consentaient à jouer un rôle ; le mystère restait encore un moyen d'édification. La prédication était aussi très populaire, surtout celle des franciscains et des dominicains ; souvent, les sermons se faisaient sur la place publique, « mélange d'élévations sublimes et de conseils pratiques exprimés avec une verdeur de termes allant jusqu'à la trivialité ». Le type des prédicateurs de l'époque est saint Bernardin de Sienne.

Toutefois, la piété est tourmentée, dominée par la hantise de la mort et du jugement ; la danse macabre retient l'attention : sur les murs des cimetières et des églises, et jusque dans l'intérieur des maisons, l'éternelle faucheuse est représentée, emmenant papes, rois, nobles et paysans, jeunes filles et enfants. Ces tendances aboutirent parfois à des manifestations excessives, comme les processions des Flagellants.

A suivre.


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Message  Louis Mar 19 Mai 2009, 6:58 pm

Aspect général de la Chrétienté avant la Réforme.

Lorsque, vers 135o, sévit la peste noire, des confréries de Flagellants se formèrent, dont les membres portaient comme signes distinctifs un chapeau et un manteau marqués de deux croix rouges, l'une devant, l'autre derrière. Ils organisaient des processions au cours desquelles, se formant en cercle, ils se donnaient la discipline, tandis qu'un chef de chœur entonnait un cantique repris par toute l'assistance. II se mêla vite à ces exhibitions des fantaisies extraordinaires : parfois on y lisait une lettre apportée du ciel par un ange le 25 décembre 1348, et où il était dit que la Sainte Vierge promettait aux Flagellants la rémission de tous leurs péchés. Clément VI interdit sévèrement ces pratiques et ordonna d'emprisonner les réfractaires. Les Flagellants disparurent, sauf en Thuringe et en Saxe, où ils dégénérèrent en illuminés d'après lesquels le baptême du sang, autrement dit la flagellation, agréait beaucoup plus au Seigneur que le baptême d'eau. Au début du xve siècle, le concile de Constance dut encore proscrire la flagellation publique.

Un autre phénomène plus singulier fut la fureur de la danse qui sévit dans la vallée du Rhin et aux Pays-Bas : des gens du peuple se réunissaient en masse sur les places ou dans les églises pour y danser.

A suivre.

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Message  Louis Mar 19 Mai 2009, 7:01 pm

Aspect général de la Chrétienté avant la Réforme.

La vraie Réforme de l'Eglise fut entravée par les guerres continuelles, les agitations du Grand Schisme et du concile de Bâle ; enfin les soucis de la question italienne qui accaparèrent les papes durant la seconde moitié du xve siècle. La seule tentative sérieuse fut l'œuvre de Nicolas de Cues envoyé comme légat en Allemagne par Nicolas V. Il tint des conciles provinciaux où furent, rédigés des statuts synodaux pour la réforme du clergé : guerre au concubinage, suppression de la simonie en interdisant aux candidats le serment d'abandonner aux collateurs et patrons des bénéfices les revenus des églises pour se contenter de la portion congrue. Appuyé sur les congrégations de Bursfeld et de Windesheim, il travailla aussi à réformer l'ordre monastique et obligea les moniales à une stricte clôture. Mais cet effort isolé, qui rappelle celui des légats de Grégoire VII, ne put porter que des fruits momentanés.

Cette époque connut, d'ailleurs,…

A suivre.


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Message  Louis Jeu 21 Mai 2009, 6:39 pm

Aspect général de la Chrétienté avant la Réforme.

...Cette époque connut, d'ailleurs, des âmes avides de réformer l'Eglise : ainsi, saint Bernardin de Sienne, l'orateur si populaire en Italie ; saint Vincent Ferrier, qui, durant le grand schisme, parcourut l'Espagne, la France, l'Italie tant qu'enfin il mourut en Bretagne après avoir prêché partout la pénitence et le jugement dernier.

Ajoutons les écrits réformistes des universitaires parisiens : les Canones reformationis Ecclesice in concilio Constantiensi et les Capita agendorum in concilio du chancelier Pierre d'Ailly, le De simonía, le De emendatione ecclesiastica du chancelier Gerson, le De corrupto Ecclesiæ statu, le De prœsulibus simoniachis du recteur Nicolas de Clamanges, etc.

Signalons aussi aux Pays-Bas le Liber de reformatione monasteriorum dû à Jean Bush, les écrits de Denys le Chartreux à Ruremonde, ceux de son frère en religion, Jacques de Jüterborgk (De negligentia prælatorum libellus, De auctoritate ecclesiæ).

Mais si autorisées qu'elles fussent, ces voix étaient dominées par celle des moralistes à la mode, les humanistes, dont la verve railleuse visait plus à détruire qu'à reconstruire : ils annonçaient une réforme, mais qui se ferait hors de l'Eglise et contre elle.

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I. La Réforme dans l'Eglise. — E. VANSTENBERGHE, Nicolas de Cues, 1920. — THUREAU-DANGIN, Saint Bernardin de Sienne. — FAGES, Saint Vincent Ferrier, 2 vol., 1893. — A. LAFONTAINE, Jehan Gerson, 1906. — L. SALEMBIER, art. Gerson. dans Dict. Théol. — G. BAREILLE, art. Flagellants, dans Dict. Théol. — M. GORCE, Saint Vincent Ferrier, 1923.

A suivre : CHAPITRE PREMIER— LES ORDRES RELIGIEUX

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Message  Louis Ven 22 Mai 2009, 6:22 pm

Aspect général de la Chrétienté avant la Réforme.

CHAPITRE PREMIER

LES ORDRES RELIGIEUX
I. Les Bénédictins. L'ordre bénédictin tomba à cette époque en décadence, surtout à cause des abus de la noblesse qui considérait les monastères comme des fiefs de famille : d'où l'admission de jeunes enfants auxquels on confiait parfois des bénéfices et des charges importantes, l'envahissement des abbayes par des personnages sans vocation qui ne voulaient point entendre parler de réforme, l'abus des lettres papales d'expectative ; il faut ajouter l'admission fréquente, volontaire ou imposée, de religieux mendiants, surtout franciscains, avides de se procurer des bénéfices réguliers qui leur permettraient de mener une vie aisée et indépendante. L'esprit mondain pénétra presque partout. Benoit XII tenta la Réforme par la bulle Summi magistri du 20 juin 1336, connue sous le nom de bulle « bénédictine » ; son objectif principal fut de rendre à l'ordre plus de cohésion en partageant toutes les maisons entre trente-cinq provinces où se tiendraient chaque année des chapitres provinciaux ; des commissaires extraordinaires devaient veiller au rétablissement de la discipline. Cependant, « la bénédictine » n'obtint que des résultats médiocres ; seule, l'érection de congrégations locales amènera, en certains endroits, une véritable réforme.

Dès 1312, le Bx Bernard Toloméi fonda, près de Sienne, dans la solitude d'Accona, un monastère bientôt appelé Mont Olivet ; approuvée par Jean XXII en 1318 et confirmée par Clément VI en 1344, la congrégation olivétaine fonda, dans l'Italie centrale, des abbayes telles que Gubbio et Foligno. Dom Louis Barbo instaurait à Sainte-Justine de Padoue une congrégation qui, approuvée par Martin V en 1417, gagna tous les monastères d'Italie, y compris l'abbaye du Mont Cassin, dont elle prendra le nom en 15o5. Sur son modèle s'érigea en Espagne, durant le xve siècle, la congrégation de Valladolid, qui finira par englober toutes les abbayes espagnoles et qui, à son tour, donnera naissance à la congrégation du Portugal avec ses dépendances brésiliennes (vers 156o), puis à la congrégation anglaise qui, durant la réforme, s'établira sur le continent, en France surtout.

A suivre.

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Message  Louis Sam 23 Mai 2009, 6:44 pm

Aspect général de la Chrétienté avant la Réforme.
CHAPITRE PREMIER

LES ORDRES RELIGIEUX
I. Les Bénédictins. Les conciles de Constance et de Bâle voulurent restaurer la vie monastique en Allemagne, et remirent en vigueur l'obligation de tenir, tous les trois ans, des chapitres provinciaux selon les prescriptions de la « bénédictine » ; mais ces chapitres manquaient d'autorité, et, d'ailleurs, les divergences disciplinaires et liturgiques les empêchaient de légiférer pour l'ensemble des monastères.

Comme en Italie, il y eut des essais de réformes locales : le premier fut tenté avant le concile de Constance par le monastère de Castel, au diocèse d'Eichstätt. Il était naturel qu'on prît modèle sur les monastères réformés d'Italie. L'abbaye de Subiaco, habitée depuis le milieu du xve siècle par plusieurs religieux allemands, possédait des coutumes particulières appropriées aux besoins de l'époque et qui y avaient restauré la discipline. Le renom de son prieur, l'abbé Nicolas de Matzen, porta Albert d'Autriche à requérir son aide; il s'établit à l'abbaye de Melk ; les coutumes de Melk s'introduisirent dans nombre d'abbayes non seulement en Autriche, mais aussi en Bavière grâce à l'appui des évêques de Passau, de Freising et de Salzbourg ; il se forma une confédération plutôt morale que réelle, et qui prit le nom d'Observance ou d'Union particulière.

Par contre, la réforme de Bursfeld destinée à grouper les monastères de Saxe, de Thuringe et des vallées du Rhin et. de la Moselle, aboutit à une véritable congrégation. Elle fut organisée par Jean Dederoth, abbé de Clus, que !e duc de Brunswick appela à réformer Saint-Thomas de Bursfeld, non loin de Münden, sur le Weser ; aidé par le concile de Bâle qui lui confia la mission de visiter et de réformer les provinces de Mayence, Cologne et Trèves, il put exercer une heureuse influence ; son successeur, Jean de Nagen, résolut d'établir entre les différents monastères réformés une union basée sur la conformité disciplinaire et liturgique et sur la convocation annuelle de chapitres particuliers. Nicolas de Cues, lors de sa grande légation en Allemagne, favorisa de tout son pouvoir la congrégation de Bursfeld ; elle comptera jusqu'à 136 monastères d'hommes et 42 de femmes.

A suivre :II : Les ordres mendiants

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Message  Louis Lun 25 Mai 2009, 6:53 pm

Aspect général de la Chrétienté avant la Réforme.
CHAPITRE PREMIER

LES ORDRES RELIGIEUX

I. Les ordres mendiants. Les Frères Prêcheurs connurent aussi, dès le XIVe siècle, une certaine décadence : en France, notamment, les ravages de la Peste noire dépeuplèrent les couvents dominicains. Un nouveau régime s'établit qui prit le nom de conventualité. D'après elle, si le religieux appartient toujours à son couvent, il pratique pourtant une vie plus ou moins privée ; en effet, d'une part, on distribue les bénéfices du couvent entre les frères ; d'autre part, on partage la diète conventuelle ou territoire sur lequel s'étend la prédication en termes ou secteurs comprenant, des villes et des villages ; chaque terme d'importance variable était desservi par un père, qui en percevait les bénéfices, quitte à en abandonner une part au couvent pour les frais généraux. Les termes les plus considérables échurent naturellement aux religieux les plus capables, d'où formation d'un haut et d'un bas clergé dominicain.

Raymond de Capoue, le confesseur de sainte Catherine de Sienne, devenu maître général de l'ordre, résolut d'opérer une réforme basée sur ce double principe :

ne rien innover, mais remettre seulement en pratique les observances primitives telles que les fournissaient les constitutions ;

dans ce but, former dans chaque province des couvents d'observance, véritables pépinières où seraient appelés des religieux zélés qui se rendraient ensuite dans les autres maisons pour y porter la vie régulière.

Muni de pleins pouvoirs par le chapitre général de Vienne (1388), il publia un décret de réforme authentiqué par Boniface IX (1391). Il désigna à Venise l'ancien couvent de saint Dominique pour devenir le centre de la réforme et y appela le Bx Jean Dominici à titre de vicaire général : celui-ci rétablit l'ancienne discipline à Chiogga, à Citta di Castello et au couvent des saints Jean et Paul (Zarepolo) ; bientôt, Raymond de Capoue étendait ses pouvoirs de vicaire général aux maisons réformées de toute l'Italie (1396). Un autre auxiliaire du bienheureux Raymond fut Conrad de Prusse, qui, nommé vicaire général pour l'Allemagne, établit l'observance régulière à Colmar (I39I), Nuremberg (I396), Utrecht (1397).

Mais, par crainte …

A suivre.

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Message  Louis Mar 26 Mai 2009, 6:07 pm

Aspect général de la Chrétienté avant la Réforme.
CHAPITRE PREMIER
LES ORDRES RELIGIEUX

I. Les ordres mendiants. …Mais, par crainte d'aboutir à une scission, Raymond avait voulu laisser les monastères libres d'accepter ou non la réforme : aussi, les vicaires généraux ne pouvaient-ils rien contre les réfractaires, et la réforme demeurait circonscrite aux couvents d'observance. Pour favoriser l'observance sans sacrifier l'unité, on adopta bientôt un régime nouveau : celui de la congrégation qui, sans limites territoriales, possédera des couvents réformés au sein des provinces ; elle obéira à un vicaire général élu par ses membres, mais dépendant du maître général. La congrégation lombarde, résultat des efforts de Dominici, fournit le type des autres congrégations. Citons la congrégation de Hollande qui, particulièrement prospère, compta jusqu'à 67 couvents d'hommes et 9 de femmes, non seulement aux Pays-Bas, mais en France et en Allemagne ; sous Louis XII, les maisons françaises en seront détachées pour former une congrégation gallicane. L'érection des congrégations indique un renouveau dans l'ordre de saint Dominique. Cette impression ne doit pas être effacée par la supplique que formula auprès de Sixte IV le général Léonard de Mansuetis ; il le priait d'accorder aux Prêcheurs le droit ordinaire et universel de posséder en commun rentes et propriétés, concession devenue nécessaire par suite de l'insuffisance des ressources. On appela cela « l'Ere nouvelle ».

A suivre.

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Message  Louis Mer 27 Mai 2009, 6:24 pm

Aspect général de la Chrétienté avant la Réforme.
CHAPITRE PREMIER
LES ORDRES RELIGIEUX

I. Les ordres mendiants. L'ordre franciscain restait toujours tiraillé entre deux partis : si l'agitation causée par les spirituels se calma dans le courant du XIVe siècle, la question de la stricte pauvreté demeura brûlante, et il continua à exister des frères qui désiraient l'observance primitive de saint François. Sous la direction d'un frère lai, Paul Trinci de Foligno, le couvent solitaire de Brogliano devint un vrai centre de réforme dans l'Ombrie et la Marche ; en 1415, on comptait déjà 35 couvents affiliés, entre autres celui de la Portioncule ; cette réforme fit des recrues d'élite, telles que saint Bernardin de Sienne, entré dans l'ordre en 1402 et saint Jean de Capistran eu 1414|.

En Espagne, ce mouvement de l'Observance s'affirmait également au début du xve siècle avec le concours de saints comme Pierre Régalât (+ 1456) et Didace d'Alcala (+ 1463).

En France, le couvent de Mirebeau, près de Poitiers, inaugura dans la province de Touraine une réforme qui gagna le nord du pays. Contre l'opposition des provinciaux, Benoit XIII voulut protéger ces observants français en leur accordant un vicaire général pour les trois provinces de Touraine, France et Bourgogne (14o8) ; bientôt, sur leurs instances, le concile de Constance leur accordera le pouvoir d'élire des vicaires provinciaux qui, à leur tour, nommeraient un vicaire général confirmable par le ministre général : ainsi s'acheminait-on vers la division de l'Ordre. En 1434, les observants d'Espagne adoptèrent ce mode de gouvernement.

Enfin, inspiré par saint Jean de Capistran, Eugène IV plaça tous les observants sous deux vicaires généraux par eux élus ; l'un gouvernerait les provinces dites cismontaines : l'Italie et aussi l'Autriche, la Hongrie et la Pologne, où la réforme s'était répandue ; l'autre commanderait aux autres provinces dites ultramontaines (1443).

Vivre selon l'esprit de la bulle Exiit de Nicolas III en renonçant aux biens immeubles, tel était le but de tous les observants. Ils se trouvèrent nécessairement en conflit avec les non réformés ou conventuels. Pour y remédier, Léon X convoqua, en 1517, un chapitre généralissime : comme les observants lui demandaient de ne point les forcer à se joindre aux conventuels, il décida de réunir toutes les congrégations réformées sous le titre de frères mineurs de la régulière observance ; ils fourniraient le ministre général de tout l'ordre ; quant aux conventuels, ils vivraient à part sous un maître, général qui devrait être confirmé par le ministre de tout l'ordre (bulle Ite et vos, 20 mai 1517).

Ainsi se consomma la séparation des observants et des conventuels.

A suivre.

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Message  Louis Sam 30 Mai 2009, 6:24 pm

Aspect général de la Chrétienté avant la Réforme.
CHAPITRE PREMIER
LES ORDRES RELIGIEUX

I. Les ordres mendiants. Les carmes connurent également la décadence : en partie à cause des guerres, de la peste noire et aussi du schisme d'Occident qui divisa l'ordre, en partie par suite des exemptions trop larges accordées aux membres des universités. En 1431, on voit Eugène IV adoucir la règle, à la demande d'un chapitre.

Par contre, des réformes locales s'esquissaient : en Italie, celle du couvent des Bois (sylvarum), près de Florence, donna naissance à la congrégation de Mantoue (1425), qui comptera plus de 5o monastères ; une autre celle du Mont des Oliviers, près de Gènes (1414), ne prit pas d'extension ; en France, l'union de plusieurs couvents, notamment Albi, Paris, Rouen et Meaux, donne naissance à la congrégation d'Albi qui, approuvée en 1513, disparut en 1584.

La réforme demeura donc très incomplète, malgré le zèle de certains supérieurs tels que le Bx Jean Soreth (I551-7I). Sous le généralat de ce dernier prirent naissance les carmélites : une communauté de béguines à Gueldre ayant demandé l'affiliation aux carmes, Nicolas V y consentit ; elles adoptèrent donc la règle et les constitutions de l'ordre et s'appelèrent carmélites, sans changer leur mode de vie : ni stricte pauvreté, ni clôture sévère. L'institution se répandit dans les Pays-Bas. en France, en Italie et en Bretagne ; elle bénéficia de l'exemple de la Bse Françoise d'Amboise, duchesse de Bretagne, devenue carmélite en 1467. Mais il était réservé à sainte Thérèse de donner au carmel sa véritable physionomie.

A suivre.

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Message  Louis Mar 02 Juin 2009, 6:22 pm

Aspect général de la Chrétienté avant la Réforme.
CHAPITRE PREMIER
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I. Les ordres mendiants. Les Ermites de saint Augustin tentèrent, eux aussi, de se réformer par le moyen de congrégations locales. En Italie, à la fin du XIVe siècle, le P. Ptolémée de Venise fonda celle d'Illiceto, qui compta 12 couvents; à la même époque, celle de la Carbonnière, dans le royaume de Naples, groupa 14 maisons, celle de Pérouse, fondée par le général Augustin de Rome (1419), s'éleva à 14 maisons; les plus florissantes furent celle de Notre-Dame de Consolation de Gènes 1470) avec 31 couvents, celle de Calabre (1507) avec 4o couvents, celle de Lombardie enfin (1431), qui groupa jusqu'à 56 couvents, dont le plus célèbre fut Notre-Dame de Brou, au diocèse de Belley.

Chacune de ces congrégations réformées mit à sa tête un vicaire général qui restait sous l'autorité du supérieur général. En Espagne, la réforme inaugurée par le P. Jean d'Alarcon (1430) gagna tous les couvents du royaume de Castille que l'on distribua en quatre provinces : Tolède, Salamanque, Burgos et Séville. En Germanie, Simon Lindner et André Prolès inaugurèrent une réforme qui engloba nombre de couvents allemands et 12 couvents bavarois (1493) : ce fut la congrégation de Saxe dont le chapitre de Nuremberg rédigea les constitutions et que Jules II exempta de la juridiction du supérieur général (15o3). Mais l'apparition de Luther devait discréditer cette congrégation, un moment florissante.

Les ordres mendiants eurent à compter avec le clergé séculier…

A suivre.

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Message  Louis Mer 03 Juin 2009, 6:09 pm

Aspect général de la Chrétienté avant la Réforme.
CHAPITRE PREMIER
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I. Les ordres mendiants. …Les ordres mendiants eurent à compter avec le clergé séculier. Au XIIIe siècle, Clément IV et Martin IV leur avaient accordé le privilège de prêcher partout sans aucun contrôle des évêques et des curés : d'où conflits fréquents.

Pour rétablir la paix, Boniface VIII restreignit les droits des mendiants : ils ne pouvaient, sans la permission de l'ordinaire, entendre les confessions, ni, sans celle des curés, prêcher dans les églises paroissiales et donner les derniers sacrements ; s'ils faisaient des inhumations dans leurs propres églises, ils devaient payer à la paroisse le quart des émoluments perçus (quarta funeralium).

Un moment supprimées par Benoit XI, puis rétablies au concile de Vienne par Clément V, ces ordonnances n'amenèrent pas la paix.

Sous Jean XXII ne vit-on pas Jean de Pouilly, maître de l'Université de Paris, enseigner que prélats et curés tiennent immédiatement de Dieu leur juridiction, et que, par conséquent, nul, fût-il pape, ne pouvait y toucher : aussi l'absolution donnée par les réguliers, même pourvus d'indults apostoliques, demeurait sans valeur. Jean XXII manda Jean de Pouilly à Avignon ; vaincu dans un débat théologique, il dut se rétracter, et la bulle Vas electionis du 24 juillet 1321 condamna ses erreurs. Allant à l'extrême opposé, certains mendiants affirmaient que leurs pouvoirs de confession étaient illimités.

Ancien général des franciscains, Sixte IV voulut terminer ces conflits, mais au profit des mendiants: il les dispensa de payer aux curés la quarta funeralium et leur donna pouvoir d'absoudre les cas réservés aux évêques (1474 et 1479).

La discorde ne put que s'envenimer : sous Léon X le Ve concile de Latran (1516) édicta une législation plus restrictive que celle de Sixte IV : les mendiants ne pourraient ni bénir un mariage, ni administrer les derniers sacrements sans l'autorisation du curé ; ils dépendraient de leur propre évêque pour la réception des ordinations et la consécration de leurs églises, et ils devraient se soumettre à la visite épiscopale dans les églises paroissiales par eux desservies. Ces prescriptions apaisèrent l'animosité des séculiers.

A suivre.

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Message  Louis Sam 06 Juin 2009, 7:11 pm

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CHAPITRE PREMIER
LES ORDRES RELIGIEUX

II. Les ordres mendiants. (fin) — Au XIVe siècle, il ne reste plus en Orient qu'un seul ordre militaire : les Hospitaliers de Saint-Jean. Après la prise de Saint-Jean-d'Acre, dernier boulevard de la chrétienté en Syrie (1291), ils s'étaient réfugiés dans l'île de Chypre ; comme ils s'y trouvaient à l'étroit, leur grand maître. Foulques de Villaret, obtint, en 13o8, l'autorisation de conquérir l'île de Rhodes, position stratégique de première importance, devenue alors un repaire de pirates ; ils y établirent le siège de leur ordre (1310-1522), et restèrent en Orient la seule force qui fût officiellement au service de la croisade. Lors de la destruction des Templiers par Philippe le Bel, leurs biens revinrent aux Hospitaliers. Mais l'ordre fut secoué par des troubles intérieurs : en 1317, mécontents de l'administration de leur grand maître, le brave mais prodigue Foulques de Villaret, les chevaliers le remplacèrent par Maurice de Pagnac : Jean XXII évoqua à lui l'affaire et en profita pour réformer l'ordre : tenue annuelle des chapitres prieuraux. interdiction au même frère de jouir de deux commanderies à la fois, défense au grand maître de consentir aucune aliénation de terres, etc. La réforme demeura incomplète : en 1343, on voit Clément VI menacer le grand maître Hélion de Villeneuve de déposséder l'Hôpital en faveur d'un ordre plus zélé. Les Hospitaliers n'en menèrent pas moins très bravement la lutte contre les Turcs sous des maîtres tels que Foulques de Villaret. Hélion de Villeneuve, Jean de Lastic, Pierre d'Aubusson, Villiers de l'Isle Adam. Lorsqu'ils durent enfin céder en 1522, Soliman leur accorda de quitter l'île avec les honneurs militaires ; ils s'établirent à Malte que leur donna Charles Quint avec les îles de Gozzo et de Comino (153o) ; ils n'en seront chassés qu'en 1798.
A suivre. : III. Les ordres nouveaux.

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Message  Louis Mar 09 Juin 2009, 5:29 pm

Aspect général de la Chrétienté avant la Réforme.
CHAPITRE PREMIER
LES ORDRES RELIGIEUX

III. Les ordres nouveaux. Cette époque vit aussi se fonder des ordres d'hommes nouveaux qui, le plus souvent, adoptèrent la règle de saint Augustin. Les Hieronymites comprirent quatre congrégations :

1° les ermites espagnols de saint Jérôme furent fondés en 1367 par Pierre-Fernand Pocha de Guadalajara, chambellan du roi de Castille, Pierre le Cruel (+ 1402) ; voués à l'étude et à l'apostolat, ils jouèrent un rôle considérable en Espagne, où les rois leur accordèrent de grandes faveurs : Charles Quint mourra dans leur couvent de Saint-Just (1558) et Philippe II leur bâtira l'Escurial ; hors de la péninsule, le cardinal Ximénès sut les employer à la conversion des Indiens ;

2° une réforme de ces hieronymites espagnols réalisée par Lopez de Olmedo rallia sept couvents qui finiront par retourner à la congrégation primitive en 1595 ; mais cette réforme avait pénétré en Lombardie, où elle fonda dix-sept maisons qui se groupèrent en une congrégation indépendante, les hieronymites de l'Observance ou de Lombardie;

3° les hieronymites italiens fondés en 1572 par le Bx Pierre de Pise ( + 1435) eurent leur siège à Montebello et se répandirent dans toute l'Italie, où ils comptèrent deux provinces et quarante-six couvents ;

4° les hieronymites de la congrégation de Fiesole fondés par Char¬les de Montgranelli n'eurent pas moins de quarante couvents ; plus tard, Clément IX les réunira à la congrégation de Pierre de Pise. Les Jésuates ou clercs apostoliques de Saint-Jérôme, simple congrégation de frères lais fondée par le B. Jean Colombini (136o), suivirent aussi la règle de saint Augustin ; ils menaient une vie austère, soignaient les malades, en particulier les pestiférés et ensevelissaient les morts ; ils rendirent de grands services en Italie et dans le midi de la France; où ils fondèrent un couvent à Toulouse (1425). Leur nom vient de la Salutation dont ils se servaient : « Loué soit Jésus-Christ. » Au XVIIe siècle, tombée en pleine décadence, cette congrégation sera supprimée par Clément IX (1668).

Il y eut aussi des sœurs jésuates fondées par Cathe¬rine Colombini de Sienne (+ 1387). Signalons encore les ermites de saint François, devenus ensuite, les Minimes ; ils furent fondés par un ancien ermite calabrais, saint François de Paule, que Louis XI avait appelé et que Charles VIII et Louis XII retinrent pour s'inspirer de ses conseils (+ 1507) ; l'ordre approuvé par Sixte IV en 1474 compta jusqu'à 450 maisons.

A suivre

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Message  Louis Jeu 11 Juin 2009, 6:06 pm

Aspect général de la Chrétienté avant la Réforme.
CHAPITRE PREMIER
LES ORDRES RELIGIEUX

III. Les ordres nouveaux. Parmi les femmes, de nouvelles institutions furent aussi créées. Sainte Jeanne de Valois, fille du roi Louis XI, épouse répudiée par le roi Louis XII à cause de sa difformité, fonda à Bourges, en l'honneur des dix vertus de la Vierge, l'ordre contemplatif de l'Annonciade qui se répandit en France et aux Pays-Bas.

Une autre princesse de sang royal, sainte Brigitte de Suède, émule de sainte Catherine de Sienne pour exhorter les papes d'Avignon au retour, fonda l'ordre du [b]Saint-Sauveur[b] calqué sur l'ancien ordre de Fontevrault : chaque monastère est double comprenant des religieux et des religieuses sous l'autorité d'une abbesse qui occupe le même rang que jadis la Vierge au milieu des apôtres ; cependant Urbain V ordonna que les deux monastères fussent séparés, et qu'ils eussent chacun leur église particulière. Sainte Brigitte imprégna sa règle de l'esprit cistercien. Le premier couvent fondé à Wadstena, près de Linkoeping en Suède acquit une grande célébrité ; les brigittines se répandirent un peu partout en Europe, et jusqu'en Italie.

Sainte Françoise Romaine (1384-1440) fonda à Rome en 1425 les Oblates de la Torre de Spechi en vue de réunir des dames et jeunes filles nobles qui vivraient conventuellement selon la règle de saint Benoit, mais sans faire de vœux : c'est déjà l'idéal de la Visitation. On voit alors poindre dans ces ordres féminins les préoccupations d'un symbolisme moderne: chez les Annonciades, robe de couleur cendrée, signe de pénitence, scapulaire d'écarlate par amour du Crucifié, ceinture bleue et manteau blanc pour honorer la virginité de Marie ; chez les Brigittines, les femmes portent sur leur voile noir une sorte de couronne en toile blanche marquée de cinq morceaux de drap rouge pour rappeler les cinq plaies du Sauveur.

Ces ordres nouveaux ne pouvaient prétendre dans l'Eglise à l'action réformatrice qu'avaient eue Cluny…
A suivre.

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Message  Louis Ven 12 Juin 2009, 6:15 pm

Aspect général de la Chrétienté avant la Réforme.
CHAPITRE PREMIER
LES ORDRES RELIGIEUX

III. Les ordres nouveaux. … Ces ordres nouveaux ne pouvaient prétendre dans l'Eglise à l'action réformatrice qu'avaient eue Cluny au XIe siècle et les Frères mendiants au XIIIe. Les Pays-Bas connurent cependant un mouvement trèes efficace grâce à l'initiative de Gérard de Groote. Né à Deventer, en Hollande (134o), il vint étudier à Paris, où il conquit le grade de maître ès arts ; richement doté de bénéfices il menait une vie assez mondaine quand la rencontre de Henri van Caikar, prieur de la chartreuse de Munnikhuizen près d'Arnhem l'amena à conversion (1379).

En 1379, il fondait les sœurs de la Vie commune qui sans habit spécial et sans vœux pratiquaient la vie religieuse sous l'autorité d'une supérieure élue chaque année ; l'institution devait se développer au point de compter dans le courant du XVe siècle jusqu'à 90 maisons.

D'autre part, tout en se livrant à la prédication dans le diocèse d'Utrecht, De Groote avait groupé autour de lui des jeunes clercs de l'Ecole capitulaire de Deventer à qui il faisait copier des livres ; bientôt, il décidait un chanoine d'Utrecht, Florent Radewijns à renoncer à sa prébende pour se joindre aux copistes de Deventer ; Florent eut l'idée de grouper ceux-ci en une communauté, et leur donna un règlement de vie, mais sans vœux proprement dits. Cette absence de vœux devait susciter contre les deux jeunes congrégations de nombreuses attaques : le dominicain Mathieu Grabo portera même ces griefs à Constance où les Frères de la Vie commune eurent pour défenseurs d'Ailly et Gerson.

Pour étouffer les reproches, De Groote avait conçu l'idée d'une troisième institution: un couvent de chanoines réguliers ; il mourut en 1384 avant d'avoir réalisé son projet ; mais dès 1387, une communauté de chanoines se réunit à Windesheim entre Deventer el Zwolle ; l'office choral, le travail, surtout la copie des manuscrits, telles furent leurs occupations. Ils se recrutèrent d'abord parmi les frères de la vie commune puis rallièrent à eux d'autres couvents de chanoines ; par Jean Loeder ce mouvement de réforme gagna la Westphalie, puis par Jean Busch l'Allemagne ; le prieur Jean Mauburne, appelé en France, réforma et groupa plusieurs chapitres notamment Saint-Victor de Paris et Saint-Acheul d'Amiens.

Au total, on compte que 86 couvents d'hommes et 16 couvents de femmes se rallièrent au mouvement de Windesheim. Noua verrons l'influence mystique considérable des chanoines réguliers qui comptèrent parmi eux Thomas A' Kempis.

Quant à l'influence intellectuelle des Frères de la vie commune, si elle s'exerça surtout par la copie des manuscrits, et si, contrairement à l'opinion reçue, ils n'eurent point d'abord d'écoles et se contentèrent de « diriger » les jeunes gens qui suivaient les cours des écoles capitulaires, pourtant vers la fin du XVe siècle ils s'adonnèrent à l'enseignement et favorisèrent le développement d'un humanisme chrétien. (Saint) Pie V les supprimera indirectement en 1568 lorsqu'il abolira les congrégations sans vœux.

_______________________________________________________

I. Ordres nouveaux. — Comtesse DE RAMBUTEAU. Le bienheureux Colombini, 1893. — HEBRARD, Histoire de sainte Jeanne de France, 1890. — DE MAULDE, Jeanne de France, duchesse d'Orléans et de Berry (1464-1505), 1883 ; Alexandre VI et le divorce de Louis XII (Bibl. de l'Ecole des Charles, t.. LV1I. 1896). — Comtesse DE FLAVIGNY, Sainte Brigitte de Suède, 1892. — DOM RABORY, Sainte Françoise Romaine, 1884. — Comtesse DE RAMBUTEAU, Sainte Françoise Romaine, 1900. — C. DE BONNET_MAURY, De opera scholastica fratrum vitæ communis in Neerlandia, 1889. — M. SHOENGEN, Die schule von Zwolle, I. Van den Anfängen bis zum Auftreten der Humanismus, Frib.-en-Br., 1898. — ACQUOY, Het Khlooster in Windesheim en siin invlœd, Utrecht, 3 vol., 1875-80.

A suivre Chapitre II— Les sciences sacrées.

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Message  Louis Sam 13 Juin 2009, 6:17 pm

Aspect général de la Chrétienté avant la Réforme.
CHAPITRE II
LES SCIENCES SACRÉES
I. La théologie dogmatique : scotisme et occamisme. Le XIVe et le XVe siècle marquèrent une véritable déchéance de la scolastique. Il faut surtout en chercher la cause dans la multiplication des universités et des écoles, dans l'insuffisance du personnel enseignant, et dans l'ingérence des princes qui iront jusqu'à imposer l'occamisme aux nouvelles universités d'Ingolstadt en 1472 et de Tubingue en 1477. Trois écoles sont alors en présence : le thomisme, le scotisme et l'occamisme.

Duns Scot qui serait né l'année même où mourut saint Thomas (1274) fut son adversaire dans l'enseignement qu'il donna successivement à Oxford (1294), à Paris (1304) et à Cologne (13o8). La tendance dangereuse de son système consiste surtout dans la primauté donnée à la volonté sur l'intelligence, ce qui doit aboutir à la faillite progressive de la connaissance. D'autre part, il semble qu'il y ait eu à l'origine de sa vie intellectuelle « comme un contrat entre sa pensée et la fameuse condamnation de 1277 ; génie raisonneur, il s'applique donc à une « revue critique » du thomisme et se pose en démolisseur subtil au moyen d'une dialectique extrêmement puissante. L'abus de cette dialectique le portera en particulier à user dangereusement de l'argument de potentia absoluta qui introduit en théologie, l'élément imaginatif et hypothétique sous la formule « il n'est pas impossible que ». Ainsi prépare-t-il « celle folle végétation de questions inutiles et cette invasion du verbalisme » qui discréditeront la scolastique. L'ouvrage principal de Scot est le commentaire des Sentences de Pierre Lombard composé à Oxford, et auquel on donna dans la suite le titre d'Opus oxiense ; il le résuma et le compléta à Paris dans un nouveau commentaire, les Reportata Parisiensia. Parmi les autres œuvres signalons en particulier le De rerum principio et les Theoremata qui abordent surtout des sujets métaphysiques. Les Scotistes du XIVe et du XVe siècle, en particulier François Mayronis (+ 1325) qui mérita le surnom de doctor acutus, dépasseront encore Scot en subtilité et compliqueront sa méthode.

A suivre : L’Occamisme.

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Message  Louis Lun 15 Juin 2009, 8:12 pm

Aspect général de la Chrétienté avant la Réforme.
CHAPITRE II
LES SCIENCES SACRÉES
I. La théologie dogmatique : scotisme et occamisme. L'Occamisme donna le coup de mort à la Scolastique. Guillaume, né à Ockham dans le comté de Surrey appartenait à l'ordre franciscain et fit ses études à Oxford où il commenta les Sentences ; il enseigna ensuite à l'Université de Paris où il brille vers 1320. Ses principaux écrits sont des Commentaires sur la logique et la physique d'Aristote, un Commentaire sur les Sentences, les Quodlibeta septem et le Centiloquium theologicum. A ses yeux, rien de réel que le particulier, et l'on ne doit pas dépasser les constatations expérimentales ; les concepts ne sont donc que de simples noms (nominalisme), de purs termes (terminisme) ; et les idées générales ne répondent à rien de réel. D'où un scepticisme inquiétant en ce qui regarde les données métaphysiques, et une volonté arrêtée de ne point dépasser les constatations expérimentales. Toutes les preuves de l'existence de Dieu n'aboutissent qu'à de simples probabilités, et l'immortalité de l'âme devient indémontrable : ainsi l'empirisme mène-t-il à l'agnosticisme.

Encore chrétien, Occam n'échappera au scepticisme que par la croyance aveugle, par le fidéisme, en sorte que la foi, « véritable coup d'Etat dans la vie intellectuelle de l'homme » devient chose subjective, irraisonnée et incommunicable. La doctrine d'Occam fut censurée à Avignon dès 1326, puis condamnée par l'université de Paris (1339 et 1340) ; en 1346 Clément VI prémunissait les étudiants parisiens contre ces variæ et extraneœ doctrinæ sophisticœ ; en 1348, il condamnait les erreurs d'un autre nominaliste, Nicolas d'Autrecourt qui niant la valeur transcendante du principe de causalité déclarait l'existence de Dieu indémontrable. D'autre part, Guillaume d'Occam achevait de se fourvoyer en prenant parti pour Louis de Bavière contre Jean XXII.

Néanmoins, dès la seconde moitié du XIVe siècle…

A suivre.

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Message  Louis Mar 16 Juin 2009, 6:11 pm

Aspect général de la Chrétienté avant la Réforme.
CHAPITRE II
LES SCIENCES SACRÉES
I. La théologie dogmatique : scotisme et occamisme. …Néanmoins, dès la seconde moitié du XIVe siècle, l'Occamisme régnera en maître à l'Université de Paris ; Pierre d'Ailly et son élève Gerson vont le professer. Les plus marquants des Occamistes se nomment Jean Buridan, qui prône un déterminisme psychologique apparenté à celui de Leibnitz, et Marsile d'Inghem (+ 1396) dont l'originalité est d'avoir tenté un accord entre le nominalisme et la métaphysique d'Aristote. Les divergences considérables qui séparent ce dernier du maître suffiraient à prouver que l'Occamisme n'est plus un système unifié comparable aux grandes synthèses de l'époque précédente, mais « une philosophie de-dissolution et d'éclectisme » : ainsi s'oppose à la via antiqua des philosophes du XIIIe siècle la via moderna où l'individualisme orgueilleux rompant tout lien de docilité traditionnelle s'étale en opinions bizarres et hétéroclites. L'influence de l'Occamisme va se prolonger : Luther s'en réclamera qui l'avait connu par Gabriel Biel (+ 1495), professeur à Tubingue : il aboutira, lui aussi, au même fidéisme qui désespère de la raison ; toutefois au point de vue de la méthode il abandonnera le dialectique terministe pour ne s'en remettre qu'à l'autorité de la Bible : ainsi s'achèvera la faillite de l'intelligence.

En vain, le thomisme essayait-il de réagir avec des hommes tels que Pierre de la Palud (+1342), Hervé de Nedellec (+ 1323), et surtout Jean Capreolus (138o-1444). Appelé le prince des thomistes, celui-ci composa les Libri defensionum où il oppose résolument l'enseignement du maître au scotisme et à l'occamisme. Mais ces thomistes attardés n'eurent pas suffisamment « le génie de l'invention adaptatrice » ; d'ailleurs l'excès de la dialectique et de la méthode purement expérimentale avait ruiné l'autorité de la raison dont le thomisme montrait l'accord avec la foi !

A l'écart du scotisme et du nominalisme, Nicolas de Cuse (1401-64) base son système sur le principe de la coïncidence des contraires (coincidentia oppositorum) qui ne se résolvent qu'en Dieu ; aussi « nos affirmations ne sont pas rationnellement plus vraies que nos négations », ce qui ouvre la porte à la fois à l'agnosticisme et au fidéisme ; l'infini et la vérité des choses échappent à notre intelligence et la science véritable consiste à connaître notre ignorance (docta ignorantia). Avec une doctrine aussi paradoxale et. aussi troublante, Nicolas de Cuse prétend de bonne foi rester orthodoxe ; et voilà qui prouve assez le désarroi intellectuel de l'époque.

__________________________________________

I. Le mouvement philosophique et théologique. — E. PLUZANSKI, Essai sur la philosophie de Duns Scot 1888. — B.. LANDRY, Duns Scot (coll. des Grands Philosophes),, 1922. — A. PELZER, Les 51 articles de Guillaume d'Occam censurés en Avignon en 1326, dans Rev. hist. eccl., t. XVIII (1922); p. 240-270. — Art. Biel., dans Dict. Théologie. — SALEMBIER, art. Ailly, dans Dict. Théol. — J. MARITAIN, Antimoderne, ch. III. De quelques conditions de la renaissance thomiste, 1922. — D'une façon générale, consulter M. DE WULF, Histoire de la philosophie médiévale, et E GILSON, La philosophie au Moyen Age. t. II. De S. Thomas à G. d''Occam (coll. Payot), 1922. — MANDONNET, art. Antonin, dans Dict. Théol. — MORÇAY, art. Antonin, dans Dict. d'Hist. ; Saint Antonin, fondateur du couvent de Saint-Marc, archevêque de Florence,1914.— P. EPHREM LONGPRE, La philosophie de Duns Scot, 1924.

I. Il faut toutefois noter qu'en se cantonnant dans l'expérience, les nouveaux docteurs parisiens tels que Buridan, Albert de Saxe et Nicolas Oresme oui pu préparer les grandes découvertes scientifiques mises au jour ensuite par Léonard de Vinci et Galilée.
A suivre : II. La théologie morale.

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Message  Louis Mer 17 Juin 2009, 9:09 pm

Aspect général de la Chrétienté avant la Réforme.
CHAPITRE II
LES SCIENCES SACRÉES
II. La théologie morale. La théologie morale qui jusqu'alors faisait corps avec la dogmatique commence à être l'objet d'études spéciales. Ainsi apparaît-il un grand nombre de summæ casuum, le plus souvent composées d'après l'ordre alphabétique et présentant la matière sous forme casuistique : le plus connu de ces ouvrages fut celui d'un frère mineur originaire d'Asti, et surnommé d'après le lieu de sa naissance, Astesanus. Bientôt, on vit des manuels à l'usage des confesseurs (confessionalia interrogatorio) : on peut signaler le Manuale confessorum du dominicain Jean Nider (+ 1348), et le Modus confitenti d'André Escobar (+ vers 143o).

Mais le véritable initiateur fut saint Antonin qui dans sa Summa theologica tenta de condenser la matière de la théologie morale. L'ouvrage se divise en quatre parties : la première, d'allure philosophique, traite de l'âme et des facultés et doit beaucoup à saint Thomas ; la deuxième expose les diverses espèces de péchés, la troisième étudie les différents états sociaux, religieux et ecclésiastiques, l'excommunication et les censures, et elle offre des ressources considérables aux historiens de l'Eglise et de la civilisation au xve siècle ; la quatrième est consacrée aux vertus morales et cardinales et aux dons du Saint-Esprit.

Sans posséder la belle ordonnance de la somme de saint Thomas, celle de saint Antonin est riche de matériaux, et les éléments juridiques s'y trouvent assez développés pour qu'on ait pu l'appeler parfois Juris pontificii et cæcarei summa. Deux siècles durant elle fera loi, et l'on doit reconnaître qu'elle témoigne d'un grand esprit de sagesse et du souci des opinions modérées si bien qu'on appelait parfois son auteur « saint Antonin des Conseils ».
A suivre : III. L’Écriture sainte.

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Message  Louis Jeu 18 Juin 2009, 6:37 pm

Aspect général de la Chrétienté avant la Réforme.
CHAPITRE II
LES SCIENCES SACRÉES
III. L’Écriture sainte. On fit à cette époque de notables progrès dans les études bibliques. Les connaissances linguistiques se développent : Clément V d'ailleurs, au concile général de Vienne (1311), ordonne déjà que des chaires d'hébreu, d'arabe et de chaldéen soient érigées à la résidence des papes et dans les universités de Paris, Oxford, Bologne et Salamanque. Le mouvement de la Renaissance, en favorisant l'étude du grec rendit de grands services : Reuchlin et Pierre Niger s'illustrèrent dans ce sens en Allemagne. Tous ses efforts devaient être couronnés par la confection de la Biblia polyglotta complutensis ou Polyglotte d'Alcala (1514-17) du cardinal Ximenès.

Mais les recherches linguistiques ne sont qu'un travail préparatoire en vue d'acquérir un sens vraiment littéral. Le plus fameux commentateur s'appelle au XIVe siècle Nicolas de Lyre, 0. M., professeur à Paris. Son grand ouvrage intitulé Postilla est un commentaire de toute la Bible selon le sens littéral en termes brefs et clairs avec de très rares digressions : car l'explication mystique est donnée à part dans un ouvrage intitulé Moralitates. En regard des commentaires allégoriques du Moyen Age, c'était une nouveauté : on combla Lyre des titres de doctor planus, doctor utilis ; enrichi plus tard d'Additions par Paul de Burgos, patriarche d'Aquilée, son ouvrage eut de nombreuses éditions.

Au XVe siècle, il faut citer Alphonse Tostat, professeur à Salamanque et évêque d'Avila ; il donna un Commentarius in Libros historicos V. T. et un Evangelicum S. Matthœi, où le sens littéral est soigneusement recherché, mais expliqué avec moins de brièveté que dans Lyre. Jean Gerson rédigea des principes excellents d'herméneutique dans ses Propositiones de sensu litterali scripturæ sacræ. Cependant, le sens mystique n'était pas totalement oublié : il abonde dans les commentaires de Denys le Chartreux, remarquables surtout pour les Psaumes, Job, la Sagesse, les Prophètes, les Evangiles et saint Paul.

L'étude de l'Ecriture était pratiquée dans tous les pays chrétiens et la fable reste inadmissible d'après laquelle Luther aurait remis en lumière la Bible oubliée. Il parut alors de nombreuses traductions allemandes et françaises ; la première Bible en français, dite de saint Louis, eut un très grand succès ; on édita ensuite la Bible du roi Jean le Bon et celle de Charles V (traduction Raoul de Presles) ; la première édition complète est la Bible de Charles VIII, à lui dédiée en 1487.

Avant la révolte de Luther, il était paru en Allemagne vingt traductions en langue populaire. D'autre part, il existait des postillæ sortes de paroissiens complets en langue vulgaire : on en compta plus de cent éditions en Allemagne.

__________________________________

II. Ecriture sainte.— CORNÉLY, Cursus scripturæ sacræ, t. I. lntroductio generalis, p. 660-67. — E. MANGENOT, art. Polyglottes, dans Dict. de la Bible.

Note de Louis : J'ai mis les caractères gras sur Luther.

A suivre : Chapitre III. – La Mystique

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Message  Louis Ven 19 Juin 2009, 6:48 pm

Aspect général de la Chrétienté avant la Réforme.
CHAPITRE III
LA MYSTIQUE
I. En Allemagne. Le milieu rhénan dans lequel s'épanouit la mystique allemande du XIVe siècle se trouvait préparé par une efflorescence d'associations religieuses libres : béghards et béguines, frères du Libre-Esprit, Amis de Dieu. Il leur manquait malheureusement une discipline ferme et une hiérarchie définie ; d'où l'éclosion d'hérésies mystiques. Le mal serait venu surtout de la secte des frères et sœurs du Libre-Esprit , sorte de société secrète, très influente dans la vallée du Rhin, et ayant son centre à Cologne ; les tendances panthéistes et averroïstes s'y trouvaient fort développées : la conséquence devait être un quiétisme absolu.

De fait, sur la demande des évêques allemands, le concile de Vienne condamnait dès 1315 cette erreur des béghards d'après laquelle « l'homme dans la vie présente est capable d'acquérir un si grand et un tel état de perfection qu'il devienne tout à fait impeccable et ne puisse plus croître en grâce » ; « dans cet état ses sens sont complètement qu'il peut accorder au corps tout ce qui lui plaît ». Aussi, ces hérétiques mêlaient-ils parfois à un mysticisme éperdu une grossière sensualité.

Une autre association de laïques, celles des Amis de Dieu, déploya sans doute contre les désordres du clergé un zèle parfois excessif, et dévoila une tendance à l'illuminisme, mais, somme toute, elle comptait des âmes avides d'un renouveau religieux.

A suivre.

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L'Histoire de l'Église (Tome II) - Page 4 Empty Re: L'Histoire de l'Église (Tome II)

Message  Louis Sam 20 Juin 2009, 6:11 pm

Aspect général de la Chrétienté avant la Réforme.
CHAPITRE III
LA MYSTIQUE
I. En Allemagne. Le mysticisme, allemand qui se développa dans ces milieux fut beaucoup plus intellectuel qu'affectif : tandis que les franciscains recherchaient l'union divine par la contemplation de l'humanité du Seigneur, Eckart et son école y tendaient à travers les données métaphysiques, s'attachant à l'essence divine, à l'essence de l'âme, à l'union du Seigneur avec l'âme. D'autre part, comme le mysticisme allemand s'adressait à tous, il parla non plus la langue latine, mais la langue populaire. Le chef de l'école, Eckart naquit à Hochheim en Thuringe vers 1260; entré chez les dominicains d'Erfürt, il prêcha à Strasbourg, enseigna à Cologne, et dut alors comparaître devant l'archevêque Henri de Virnebourg (1226), sous l'inculpation d'hérésie. Il en appela au pape et mourut en rétractant par avance ce qui pourrait être trouvé malsonnant dans ses écrits. Que valaient les accusations ? En juger directement est devenu presque impossible, parce qu'il ne nous reste que de minimes parties des œuvres d'Eckart. Pour les uns, ami des frères du Libre-Esprit, Eckart dut s'égarer dans un panthéisme idéaliste, et toute l'école puisa ensuite à cette source, mais en faisant un visible effort afin de rester orthodoxe.

Pour d'autres — notamment le savant P. Denifle — Eckart a dû surtout son mauvais renom à l'obscurité de certains textes : « il a des passages panthéistes, mais qui ne font pas corps avec l'ensemble de son système. Le fond de sa doctrine est orthodoxe » (Vernet). Cependant, plusieurs propositions tirées de lui furent censurées par Jean XXII ; l'union dont il parle devient parfois si intime qu'entre Dieu et l'âme l'identification semble absolue :

« Nous sommes transformés totalement en Dieu et nous sommes changés en lui de la même manière que dans le sacrement de l'eucharistie, le pain est changé au corps du Christ ; je suis ainsi changé en lui parce qu'il me fait son être, et non seulement semblable (Prop. 10).

Aussi « l'homme juste opère tout ce que Dieu opère, et il a créé conjointement avec Dieu le ciel et la terre, et il est générateur du Verbe divin, et Dieu sans cet homme ne saurait faire quelque chose (Prop. 13).

A suivre.

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Message  Louis Dim 21 Juin 2009, 6:07 pm

Aspect général de la Chrétienté avant la Réforme.
CHAPITRE III
LA MYSTIQUE
I. En Allemagne. Eckart art eut pourtant deux disciples d'une incontestable orthodoxie : Tauler et Suso. Né à Strasbourg, vers 1290, Jean Tauler entra comme Eckart chez les dominicains, et de même que lui il eut pour champ d'apostolat Strasbourg et Cologne (+ I36I). La partie la plus considérable de son œuvre se compose de sermons; il faut y joindre quelques traités didactiques, notamment les Considérations sur la vie et la passion du Sauveur. Tauler est avant tout un spéculatif, un analyste subtil el pénétrant ; on l'a parfois comparé au P. Faber.

Henri Suso, par contre, est premièrement un affectif. Né en 1295 à Neberlingen, au bord du lac de Constance, il entrait à l'âge de 13 ans chez les dominicains de Constance. Il devint le chevalier et l'amant de la Sagesse éternelle avec laquelle il contracta un mariage spirituel ; pour elle, il crucifia sa chair. Devenu prieur de Constance, il vit son orthodoxie suspectée à cause de son ouvrage intitulé Le Livre de la vérité, où pourtant il s'évertuait à réfuter béghards et frères du Libre-Esprit. Déposé en 1336 par le chapitre général tenu à Bruges, il passa la deuxième partie de sa vie dans un complet abandon et mourut à Ulm en 1365. Il raconta ses épreuves et ses grâces mystiques à une dominicaine du couvent de Toss, Elisabeth Staglin, qui, les colligeant, en composa sa Vie. Ses quatre, principaux ouvrages ; sa Vie, le Livre de la Sagesse éternelle, le Livre de la Vérité et le Petit Livre des lettres, ont été révisés et groupés par lui en un seul recueil sous le nom d'Exemplaire. Le plus célèbre, le Livre de la Sagesse éternelle, décrit avec un réalisme poignant les souffrances du Christ auxquelles s'opposent le péché et la mort. Les monastères de dominicaines vivant sous l'influence de ces mystiques furent des pépinières de sainteté: citons ceux de Toss, d'Unterlinden à Colmar, d'Adelhausen à Fribourg-en-Brisgau, d'Oltenback près de Zurich, du val Sainte-Catherine près de Dissenhofen-sur-le-Rhin ; notons les révélations de Christine Ebnerin (+ 1356) et d'Adélaïde Langmann (+ 1375) du couvent d'Engelthal, celles de Marguerite Ebnerin (t 1071) du couvent de Medingen.

A suivre.

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Message  Louis Mar 23 Juin 2009, 6:26 pm

Aspect général de la Chrétienté avant la Réforme.
CHAPITRE III
LA MYSTIQUE
I. En Allemagne. Il faut encore rattacher à l'école allemande le mystique flamand Jan van Ruysbroeck.Chanoine de Sainte-Gudule à Bruxelles, il écrivit contre la secte du Libre-Esprit ; s'étant retiré avec quelques compagnons dans un ermitage de la forêt de Soignes nommé Groenendaël (Viridis Vallis ou Vauvert), il y vécut sous la règle des chanoines de saint Augustin et y écrivit ses œuvres († 1381). Il faut citer : le Miroir du Salut éternel, le Livre des sept clôtures, le Royaume des amants de Dieu, où le rôle des dons du Saint-Esprit est lumineusement exposé ; enfin l'Ornement des noces spirituelles, où se trouvent décrues les trois phases de la vie mystique. Attaqué par Gerson, puis par Bossuet, Ruysbroeck demeure pourtant d'une orthodoxie absolue. On peut lui rattacher le franciscain Henri Halphius ou Henri de Herp, provincial des observantins de Cologne, puis gardien du couvent de Malines († 1478).
___________________________________

I. Mystiques allemands. - DENIFLE, Archiv für Litteratur und Kirchengeschichte des Mittetalters, l. V. 349-364. — H. DELACROIX, Essai sur le mysticisme spéculatif en Allemagne, au XIVe siècle, 1899. — F. VERNET, art. Bégards, Béguines hétéro(do ?)doxes. Frères du Libre-Esprit, Eckart et Eckart le Jeune, dans Dict. Théol.Œuvres mystiques du B. Henri Suso. trad. Thiriot, 1899. — DENIFLE, La vie spirituelle d'après les mystiques allemands du XIVe siècle, trad. Flavigny, 1907. — X. DE HORNSTEIN, Le Bienheureux Suso, dans Rev. Thomiste , 1922 ; Les grands mystiques allemands du XIVe siècle, Lucerne, 1922. — RENÉE ZELLER, Le Bienheureux Suso, 1922. — J. PAQUIER, Un mystique allemand au XIVe siècle. L'orthodoxie de la théologie germanique , 1922. Œuvres de Ruysbrœck l’admirable , traduction par les Bénédictins de Saint-Paul de Wisques, 3 vol. — G. THERY, Contribution à l'histoire du procès d'Eckart, dans Vie spirituelle, 1925-1926.

A suivre : II. Aux Pays-Bas.

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