LA CROIX dans LA TEMPÊTE
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LA CROIX dans LA TEMPÊTE
LA CROIX
dans
LA TEMPÊTE
2ème Edition
A Pakhoi
En Chine rouge
Nazareth-Press
Hongkong
NIHIL OBSTAT
F. Billaud
Censor deputatus
IMPRIMATUR
L. BIANCHI
Episc. Sciamchiamensis.
Hongkong, die 6 Februarii 1953****
A Son Excellence
Monseiqneur G u s t a v e D E S W A Z I E R E
Evêque de Pakhoi,
Apôtre des Lépreux,
Chevalier de la Léqion d'honneur.
«Vous avez le devoir d'éclairer l'opinion
publique catholique en disant la Vérité sur la
réalité et l'ampleur de la présente persécution
religieuse en Chine.»
( Sa Sainteté Pie XII )********
L'HORRIBLE CALOMNIE
Depuis bientôt un mois, l'horrible calomnie est colportée
partout: "Les Religieuses françaises, considérées jusqu'ici par le
pauvre peuple ignorant comme les Pères et Mères ” des orphelins
et des malades, sont en réalité de sinistres assassins. Elles ont été
démasquées par le Gouvernement populaire et accusées de tuer
les enfants qu'on leur confie. A ces pauvres enfants elles
arrachent les yeux pour en faire des remèdes mystérieux; elles
boivent leur sang, etc... ''Depuis vingt-cinq ans, plus de vingt-mille
enfants ont été ainsi massacrés.” Bientôt même, des affiches
représentant des Sœurs jetant des enfants à terre sont
placardées sur les murs.
Malgré cette odieuse campagne de calomnie, le bon peuple
chinois, plus que jamais, réclame les soins des Religieuses.
Chaque matin, plus de cent malades se présentent à l'hôpital.
Il faut en finir. Le 9 août, le Chef de la Police de Pakhoi, une
brute surnommé "le tartare,” conduit le P. Cotto, Mère
Sophie et Sœur Vincent dans l'enclos où sont inhumés les
corps des orphelins décédés, et leur ordonne de les déterrer.
Durant dix jours, le Père et les deux Sœurs, aidés parfois
par les autres Pères et Religieuses, se livrèrent à ce travail, du
matin jusqu'au soir pendant douze heures, sans repos et même
sans pouvoir boire ni manger.
Toute la population de la ville et des environs fut convoquée,
par quartiers, et conduite par ses chefs pour venir contempler
les "assassins et criminels impérialistes”. Que d'insultes et
d'avanies ne durent-ils pas supporter! Parfois la foule qui se
pressait autour des travailleurs était si dense que ceux-ci
n'avaient plus l'espace nécessaire pour travailler. Le mot d'ordre
du P. Cotto était de garder le silence; mais parfois les
accusations des spectateurs étaient si horribles que les Pères et
les Sœurs ne pouvaient se contenir. Aussitôt les soldats présents
les faisaient taire en leur donnant des coups sur la tête ou dans le
dos.
A certains moments, dans la foule on apercevait quelques
chrétiens qui pleuraient et n’hésitaient pas à prendre la défense
des prétendus assassins. Plusieurs, apportant des pelles et des
pioches, voulurent les aider; mais ils furent renvoyés avec
menaces et même emprisonnés. Certains spectateurs ne se
faisaient pas faute de tourner les Pères et les Sœurs en dérision:
"Pourquoi Jésus ne vient-il pas à votre aide?... Priez-le donc de
vous délivrer!... Comment voulez-vous que nous nous fassions
chrétiens, puisque votre Dieu vous abandonne?... ” Les Juifs au
Calvaire parlaient de la même façon. Un jour, une femme
protestante entendit des païens demander: "C'est curieux!
comme les Pères gardent le silence! Peut-être ne comprennent-ils
pas les insultes qu'on leur adresse?” Cette brave femme de
répondre: " Oui, les Pères vous entendent fort bien, mais ils
gardent le silence et souffrent avec patience pour imiter Jésus
dans sa Passion.”
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA CROIX dans LA TEMPÊTE
Le dimanche 12 août fut le jour le plus terrible. Prévoyant
que la foule serait plus nombreuse, à cause de la cessation du
travail et de la fermeture des écoles, le Père Cotto avait interdit
aux autres Pères et Sœurs de venir aider les trois condamnés.
Seul il irait avec Mère Sophie et Sœur Vincent affronter la
populace. Durant tout le jour, plusieurs milliers de personnes
occupèrent le cimetière. De temps à autre, des personnages
officiels haranguaient la foule et l’excitaient contre les trois
travailleurs. Les enfants et les femmes surtout furent ignobles
dans leur façon d’agir: coups de bâton, mottes de terre jetées
sur la tête, le cou, la figure des trois victimes. Poussés, ballotés,
projetés la face contre terre par des bourrades dans le dos, le
Père et les deux Sœurs, le visage inondé de sueur, épuisés de
fatigue, sans pouvoir boire ni manger, supportaient tout en
silence.
Vers trois heures de l’après-midi, des cris de fureur retentirent
tout à coup dans un angle du cimetière. Mère Sophie, qui
travaillait non loin du Père Cotto, lui dit: "L ’autre jour, le chef
du Bureau de la navigation, notre voisin, a fait enterrer son fils
aveugle dans ce coin-là: peut-être vont-ils nous accuser de
l’avoir tué.” C’est en effet ce qui arriva. Plusieurs fonctionnaires
se précipitèrent en effet sur le Père et, l’entrainant là où ils
savaient devoir trouver un cadavre, l’obligèrent à creuser la terre.
Bientôt on aperçut une bouillie informe: débris de vêtements, de
chair, des os... Des cris d’horreur retentissent; tous veulent voir
et en même temps frappent le Père avec rage, criant: "assassin,
tigre, etc... Venez, tuons-le, vengeons nos pauvres enfants!”-
Le Père épuisé, à demi-étouffé par la foule, est tombé sur les
restes du cadavre; on lui en met des morceaux dans la bouche,
dans les yeux. Il croit sa dernière heure venue et recommande
son âme à la Reine des Martyrs. L’arrivée du Maire de Pakhoi le
sauva. La fouie fut de nouveau maintenue à distance par les
soldats. Le Père demande alors le secours des deux Religieuses.
On lui répond: "Il n’y a pas ici de Religieuses, mais seulement
des criminelles.” S’affaiblissant de plus en plus, ne voulant pas
mourir seul au milieu de ces loups, le Père murmure: "Faites
donc venir ces deux criminelles pour m’assister.” Dans la
foule, quelques chrétiennes prennent la parole: "Laissez donc
venir les Sœurs l’aider! Ne voyez-vous pas qu’il va mourir?”
On permit enfin aux deux Religieuses de s’approcher. Elles-
mêmes exténuées de fatigue, elles n’hésitent pas, pour préserver
le Père, à piocher de toutes leurs forces. De temps à autre, le
P. Cotto, toujours allongé à terre, les entend murmurer: "Jésus,
venez à notre aide!... O Marie conçue sans péché, priez pour
nous !”
Le lendemain, malgré leur épuisement, nos trois condamnés
durent retourner au travail. Vers deux heures de l'après-midi,
sous un soleil de feu, le P. Cotto s'évanouit. Les Religieuses et
les Pères présents implorent les gardiens pour qu'ils permettent
de transporter le malade à l'hôpital. Ceux-ci refusent d'abord;
mais craignant de voir le Père mourir sur le terrain, ils don
nent enfin l'autorisation. La nouvelle se répand comme une
traînée de poudre dans la ville. Chrétiens et païens se pressent
en foule devant l'hôpital. Le Père n'avait pas encore repris ses
sens que déjà les sentinelles revenaient le chercher pour le
conduire de nouveau au travail. Le médecin, un protestant, ainsi
que les infirmiers et même la foule s'y opposent, et le Père,
transporté au presbytère, put s'y reposer un jour. Mais dès le 15
août, de grand matin, titubant, tombant presque, il lui fallut
retourner à l'ignoble travail. Les Religieuses furent vraiment
admirables, se dépensant sans compter pour procurer au Père un
peu de répit. Mère Sophie eut, quelques jours après, jusqu'à huit
syncopes. Pendant que Pères et Sœurs piochaient dans le
cimetière, les chrétiens subissaient de terribles assauts de la part
des autorités. Chaque jour durant plusieurs heures, on les obligeait
à se réunir à l'église pour écouter de longs discours qui avaient
pour but de les détacher de leurs prêtres, des Religieuses.
A part quelques égarés, tous les Prêtres chinois, les religieuses
chinoises et les chrétiens restèrent fidèles. A la réunion du 18 août,
le Maire de Pakhoi et le Chef de la Police demandent à la foule des
chrétiens de reconnaître que les Pères et les Sœurs françaises sont
des criminels et les assassins de milliers d'enfants. Tous gardent le
silence. Interrogeant une orpheline, âgée de seize ans, le Chef de la
Police lui dit: "Vous orphelines, vous devez vous réjouir, car le
Gouvernement a découvert les crimes, jusqu'ici cachés, des chiens
courants des impérialistes. Reconnaissez donc la vérité de nos
affirmations.” L'orpheline répondit à haute voix: "Ce que vous dites
est faux! les Pères et les Sœurs ne sont pas des assassins ! Depuis
mon enfance, je ne les ai jamais vu faire ce que vous dites.''
Un jeune homme chrétien, se levant et s'adressant à la foule, lui dit:
"Ne gardons pas le silence qui peut être mal interprété et faire croire
que nous avons peur. Si nous croyons vraiment à l'innocence des
Pères et des Sœurs, levons-nous et applaudissons aux paroles de
l'orpheline. ” Aussitôt la foule applaudit avec force et, laissant là
les autorités stupéfaites, sortit de l'église.
Le lendemain, Pères et Sœurs ne furent plus conduits au
travail. Les Pères furent internés à la cathédrale sous la
garde de policiers, tandis que les Sœurs restaient
enfermées dans leur maison.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA CROIX dans LA TEMPÊTE
Cœurs de mères
Il est bientôt six heures du matin. Sœur Vincent pousse la
porte de l'orphelinat ; elle ne tarde pas à apercevoir dans la
pénombre quelques bébés posés à terre. L'un d'eux presque nu
est déjà mort ; un autre est recouvert d'ulcères ; un troisième, la
tête à peine plus grosse que le poing, ressemble plus à un singe
qu’à un enfant. En soupirant la bonne Sœur pose les bébés dans
une corbeille et les porte à la pharmacie de l’orphelinat. Vrai
ment la récolte d’aujourd'hui, comme celle des autres jours d’ail
leurs, fait pitié. Comment sauver ces petits arrivant, la plupart
du temps, mourants ? Les pauvres mamans ne voulant pas voir
mourir leurs enfants malades les font déposer à la porte de
l'orphelinat. Elles connaissent le bon cœur de nos Religieuses,
elles savent qu’elles feront le nécessaire pour enterrer les cadavres.
Bien des mères se contentent de déposer leur enfant au coin des
rues, où les chiens et les porcs les mutilent et parfois les dévorent.
Cette grande misère avait décidé le Curé de Pakhoi à fonder
l'orphelinat. Plusieurs milliers d'enfants lui doivent la vie et une
éducation honnête. Tout en faisant la toilette des bébés recueillis
par elle, Sœur Vincent pense à tout cela. Elle se rappelle aussi les
travestissements des fêtes de la Sainte-Enfance, alors que, déguisée
en petite chinoise, elle chantait :
Ah ! combien votre mère est bonne,
Combien de soins elle a pour vous ;
Mais la nôtre nous abandonne.
Frères chéris, secourez-nous.
Et ses petites compagnes répondaient en chœur :
Petits chinois, dans vos misères
Nous voulons vous soulager tous ;
Nous en parlerons à nos mères.
Frères chinois, consolez-vous.
Mère Sophie est entrée tout doucement, portant un enfant
trouvé dans le champ voisin. — "Qu’avez-vous, Sœur Vincent,
vous pleurez encore ? Ce n'est pas bien pour une Religieuse de
pleurer sans cesse et d'en cacher le motif à sa supérieure” —
“ Oh! m a Mère, je n’ai rien, je vous assure; je pleure sur ces
chers enfants, sur leurs pauvres mères...”
Dans le grand réfectoire de l’orphelinat, une table est réservée
aux aveugles, une autre aux infirmes aux membres tordus
presque incapables de se mouvoir ; il y a aussi les idiotes. Vrai
ment l'orphelinat de Sœur Vincent est une véritable " cour des
miracles”. La Sœur va, vient, s'attardant davantage auprès des
plus misérables, dont la vue seule soulève le cœur des visiteurs.
L'autre jour, une délégation communiste est venue visiter
l'orphelinat : la visite fut bien courte. Ces Messieurs passaient
rapidement tenant leurs mouchoirs appliqués sur le nez et la
bouche. Une " camarade” très émue, sur le point de quitter
l'orphelinat, s'attarda quelque peu et se tournant vers Sœur
Vincent, lui dit rapidement : "Moi aussi j'ai été élevée par les
Religieuses ; permettez que je vous embrasse. ”
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA CROIX dans LA TEMPÊTE
Tout à côté de l’orphelinat se trouve l'hôpital catholique.
Là règne Sœur Marie-Paul. Chaque matin, une multitude
de malheureux inonde les vérandas de l’établissement et
rend presque impossible toute circulation. Cependant
Sœur Marie-Paul va et vient au milieu d'eux comme dans
un parterre de fleurs, sans crainte de la vermine, de la
gale, de la lèpre, prodiguant à tous les sourires.
Dans cet hôpital si fréquenté par les pauvres, on rencontre
toute sorte de gens : matelots, anciens pirates, ouvriers
sans travail, vagabonds, mendiants, vieillards abandonnés.
Chacun vient chercher ici un vêtement, un secours, un bol
de riz, un remède... Les vieillards ne désirent qu'une chose :
être recueillis et soignés par Sœur Marie-Paul, que déjà ils
ont adoptée pour fille et qui les soignera si bien, mieux que
la meilleure des brus.
L'autre jour, Sœur Marie-Paul dut s'absenter et, par voie
de mer, se rendre à Saiying.
La mer est calme. Une légère brise du sud-ouest pousse
doucement la jonque où s'entasse une centaine de
voyageurs. Sœur Marie-Paul est très entourée, car tous ces
gens connaissent les Sœurs et leur bon cœur. Naturellement
les hommes posent l'inévitable question : "Alors, ma Sœur,
vous n'êtes pas mariée, et pourquoi ? ” Et la Sœur avec
patience d'expliquer une fois de plus ce qu'est la vie religieuse
et la vie de charité que mènent les Sœurs. Ces païens ont l’air
de comprendre et restent rêveurs.
Soudain quelqu'un s’écrie, désignant le chef de la jonque :
"Voyez comme le patron est inquiet ! Que regarde-t-il avec sa
longue vue?.., Y aurait-il des pirates à l'horizon?” A ce mot,
tous se lèvent inquiets. Pas très loin on aperçoit une autre
jonque qui paraît suivre la même route. Tout à coup cette
jonque virant de bord se dirige vers nos voyageurs.
Quelques coups de fusil viennent confirmer qu'il s’agit bien
d'une attaque de pirates. La première jonque essaye de
s'échapper, mais plus lourdement chargée, elle ne peut lutter
de vitesse. Parmi nos voyageurs se trouvent des fonctionnaires,
des commerçants, qui craignent pour leur vie et leurs
marchandises. De part et d'autre, on échange des coups de feu.
Les vieilles bombardes du bord entrent en action et crachent
leur mitraille avec un bruit de tonnerre. Déjà plusieurs voyageurs
sont blessés; Sœur Marie-Paul se dévoue auprès d'eux.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA CROIX dans LA TEMPÊTE
Par malheur le vent tombe et la jonque des pirates, qui
possède un moteur, s'approche de plus en plus. Bientôt
c’est l'abordage. Matelots et voyageurs terrifiés se
groupent derrière la Religieuse ; celle-ci étend les bras
pour les préserver. Dans ses habits blancs elle apparaît
à tous ces gens comme l’image de la Vierge, Secours des
Chrétiens. Ces chinois savent que les pirates ne font pas
grâce de la vie à ceux qui leur résistent. Il y a peu de
temps, tous les occupants d'une jonque n’ont-ils pas été
renfermés tout ficelés dans la cale, dont on cloua les
ouvertures, et ensuite précipités au fond de la mer avec
leur jonque ?
D’un bond le chef pirate saute sur la jonque, bientôt suivi
d ’une bande de forcenés. Déjà son revolver braqué sur le
groupe des voyageurs terrifiés, il s’apprête à tirer, quand
soudain il regarde attentivement la Sœur qui ne cesse de
crier : " Ne tirez pas! ne tirez pas!”Le chef pirate, d’un
geste, arrête sa troupe et s'approche lentement de Sœur
Marie-Paul. Que se passe-t-il dans son cœur?... Le voilà
qui remet son revolver dans sa ceinture ; il s’agenouille,
se prosterne devant la Sœur, les bras toujours étendus.
Celui qui s’apprêtait au massacre est devenu doux comme
un enfant. Il relève lentement la tête et tous : passagers,
matelots et pirates, voient des larmes couler sur son visage.
Le voilà qui prend un pan de la robe blanche dans sa main
et la porte à ses lèvres pour la baiser. Puis, devant les
assistants stupéfaits, il fait, toujours agenouillé, plusieurs
inclinations de tête en disant chaque fois : " Merci !
merci à toi ! " To tsè, to tsè ni ! ”. Alors la Sœur le
reconnaît: c'était un ancien pensionnaire de l'hôpital de
Pakhoi. Mais avant que Sœur Marie-Paul ait pu lui adresser
la moindre parole, il se relève brusquement et, d'un geste
impérieux montrant son bateau collé à la jonque, dit d'une
voix forte : "La Sœur m’a sauvé la vie ! A la vie, à la mort,
je ne puis lui faire du mal ; partons tous !”
Les pirates obéissant abandonnèrent la jonque sans rien
emporter et s’éloignèrent. Dire la joie des matelots et des
passagers est quelque chose d'impossible.
Les Religieuses étaient universellement aimées et respectées.
C’est la raison pour laquelle les communistes les ont calomniées.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA CROIX dans LA TEMPÊTE
« De la bouche des enfants... »
Par tous les moyens on s'efforce de détacher les Chrétiens
des missionnaires... Depuis dix jours déjà, le Vicaire général,
administrateur du diocèse de Pakhoi, les missionnaires et les
religieuses doivent déterrer les cadavres des enfants décédés à
l'orphelinat. Les élèves chrétiens de l'école primaire supérieure
de la Mission Catholique sont tous réunis dans une salle de
classe, tous sauf un qui, la veille, a donné son nom à l’Eglise
dissidente et reconnu la culpabilité des Pères et des Religieuses
"impérialistes et assassins”. Ce sont des enfants de dix à
quatorze ans. Un envoyé de la Police doit venir dans un instant
les interroger et les engager à se séparer des ennemis de leur
patrie. Tous gardent le silence ; quelques-uns plus timides se
sont placés derrière Antoine, le plus décidé des garçons ; les
petites filles se serrent contre Cécile qui est leur aînée et a son
franc parler.
Dehors les élèves païens s'attroupent et n'osent
s'approcher, car être chrétien semble, depuis dix jours, une
marque d'infamie. Voilà le policier, accompagné de deux
professeurs catholiques de l’école ; tous deux ont faibli et renié
les Pères et les Sœurs. Le policier souriant salue les élèves au
nombre d'une vingtaine. Il leur fait un long discours trop savant
pour leur âge, où reviennent sans cesse les mots "impérialisme...
assassins... pharisiens... menteurs... ” Il les engage enfin à
reconnaître la culpabilité des missionnaires et à adhérer au
"mouvement autonomiste” de l'Eglise de Chine.
Personne ne répond. Un des deux professeurs catholiques,
Madame L. s'adressant aux enfants leur dit : " Voyez ! moi qui
suis votre professeur et qui suis catholique, j'ai reconnu mes
erreurs, je sais maintenant que le Pape, l'Evêque; les Pères sont
des impérialistes. Voulez-vous être leurs chiens courants ? Non,
n'est-ce pas? Eh bien! séparez-vous d'eux: ils sont les ennemis
de notre patrie, ils souillent notre Eglise par leur présence. ''
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA CROIX dans LA TEMPÊTE
Cécile, la plus grande des élèves chrétiennes, âgée de
quatorze ans, regarde Madame L. avec mépris et lui dit :
"Comment vous qui avez été sauvée par les Sœurs
françaises, qui vous ont soignée, nourrie, aidée autant
qu'elles ont pu, comment osez-vous dire du mal d'elles?
N'avez-vous point honte?... Vous qui êtes notre
professeur, vous devriez plutôt nous engager à être
fidèles.” — "Tais-toi, lui répond l'autre professeur; tout le
monde sait que tu es le chien courant des Pères et des
Sœurs.'' Le policier rétablit le calme et s'adressant à Cécile
lui parle gentiment: "Voyons! si le gouvernement populaire
dit que les Pères et les Sœurs sont des criminels, c'est que
c'est vrai. ” — " C'est faux, rétorque Cécile d'une ton
coléreux ; vous pouvez dire tout ce que vous voudrez, je ne
ferai rien... ” Et elle se réfugie dans un coin de la salle, les
lèvres serrées, prête à la bataille. "Allons! vous les petits
garçons, vous êtes plus éclairés que les filles ; vous savez
bien que le Pape se sert des Pères et des Sœurs pour préparer
l’invasion de la Chine : le Pape s'occupe de politique, c'est un
hypocrite... Jésus, dans l'évangile, a maudit les hypocrites...
Nous ne vous demandons pas d'apostasier... La loi accorde la
liberté de religion... Donner son nom au "mouvement
autonomiste ” ce n'est pas abandonner la religion, c'est au
contraire revenir à une religion plus pure ...” Et le policier de
continuer ainsi longtemps encore. Antoine interrogé et pressé
de répondre dit : " Moi je ne sais pas beaucoup de doctrine ;
mais je sais qu'il ne faut pas se séparer du Pape et qu'il faut
plutôt mourir. ”
— Nous aussi nous pensons et disons comme lui, "ngo ti to
hai kom kong”, approuvent aussitôt une dizaine d'enfants.
Les professeurs s'impatientent. Le Policier leur fait signe
de se contenir ; puis tourné vers les enfants :
" Si vous ne vous séparez pas du Pape et des Pères, vous
serez considérés comme antirévolutionnaires et amis des
impérialistes. — Ho! C'est bien! répond Antoine.
Tout à coup la petite Louise, douze ans, portant son petit
frère sur son dos, se plante devant le policier :
"Ce n'est pas possible de demander le départ des Pères!
Qui nous confessera, qui dira la messe? Est-ce vous?.., Non!...
Donc laissez-nous tranquilles : nous sommes et resterons
chrétiens. ”
Après quelques paroles du policier invitant les enfants à la
réflexion, on en resta là pour le moment.
Pour ces braves enfants se séparer du Pape, des Pères, c'est
apostasier, c'est renier sa foi.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA CROIX dans LA TEMPÊTE
On lit dans le Bulletin des Missions-Etrangères de Paris,
numéro de Juillet 1952 : "Le Pape concrétise pour les
catholiques chinois leur appartenance à Dieu. Dans leur
psychologie, renoncer au Pape se confond avec
l'apostasie ; garder le Pape c'est sentir au fond du cœur
le lien à Dieu toujours présent et vivant. Attitude
authentiquement catholique et qui prouve la profondeur
du sens chrétien essentiel chez nos fidèles chinois. C'est
la raison pour laquelle on peut dire que la réforme a
échoué. Ici ou là de graves désordres disciplinaires
peuvent s'être produits, et ils s'aggraveront encore sans
doute mais la renonciation intérieure au Pape est quasi
impensable : le schisme formel semble à peu près
impossible car la génération adulte sera morte avant d'avoir
été pervertie dans son âme. Les communistes le savent ;
même dans les lieux où ils ont obtenu des concessions, ils
n'osent pas s'attaquer directement à la personne du Pape. ”
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA CROIX dans LA TEMPÊTE
David, “chien fidèle de l’Eglise”
Droiture, dévouement, fidélité se trouvaient à un degré
éminent chez ce frêle jeune homme emprisonné pour la foi.
Lorsqu'il était déjà adolescent, ses camarades le disaient
sans le péché originel. Jamais on ne le vit dire ou faire quelque
chose de répréhensible. Plusieurs fois, le couteau en main, il dut
défendre sa vertu contre les tentatives de soldats ou de mauvais
sujets séduits par la gentillesse de ses traits.
Toujours prêt à rendre service, il fut tour à tour enfant de chœur,
chantre, catéchiste, infirmier, comédien même. Sa vertu en
imposait et ses camarades le considéraient comme leur chef.
Agé de dix-huit ans, il gifla, un jour, son jeune frère qui
affirmait, devant un groupe de chrétiens, que les Pères aussi
devaient se confesser pour observer les règlements de leur
congrégation. "Comment oses-tu dire pareille chose, lui dit-il?
Tu ne sais donc pas que les prêtres qui célèbrent la messe ne
peuvent avoir de péchés ?... "
Il n'hésitait pas à demander à son curé d'aller avec lui rendre
visite aux païens des alentours, allant jusqu'à lui dire ; "Pourquoi
"Pourquoi rester toujours dans votre chambre?... Comment les
païens pourront-ils connaître notre religion?...”
---------------------------------------------------------------------
Textes des deux affiches collées sur les murs de Pakhoi lors de
l'arrestation de Fong David.
"Unissons-nous et soutenons le gouvernement du peuple qui vient
d'arrêter le saboteur du mouvement d'amour de la patrie et des
trois autonomies : Fang fou tien.
Comité catholique de la Réforme de Pakhoi.
8 février 1952.
"Nous demandons au gouvernement populaire de punir sévère-
ment le saboteur du mouvement patriotique et réformateur :
Fang fou tien.
Comité catholique de la Réforme de Pakhoi.
8 février 1952.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA CROIX dans LA TEMPÊTE
Durant la guerre sino-japonaise, il resta seul, malgré ses
parents, auprès du Père malade, tandis que tous les habitants
fuyaient devant l'ennemi qui attaquait la ville. Il n’hésita pas à
vendre une partie de ses vêtements pour nourrir le Père obligé
de se cacher pour échapper aux Japonais.
Le choléra, en 1946, fait de nombreuses victimes dans l’île
de Waichow, située dans le golfe du Tonkin. Un gros village, en
grande partie païen, est particulièrement atteint et les habitants
meurent par centaines. Les soldats empêchent les villageois d’en
sortir : abandonnés de tous, ils n’ont plus qu’à attendre la mort.
Le jeune David se dévoue pour eux : il va plusieurs fois par
jour leur apporter les remèdes nécessaires. Mais la population
des environs craignant la contagion, il s’installe chez ces pauvres
gens et, durant deux mois, en sauve un grand nombre.
Un jour d’hiver, il fait avec le Père un voyage en mer. La
jonque qui les transporte, assaillie par la tempête, est durant
trois jours et trois nuits le jouet des vagues, avant d’être jetée
disloquée à la côte. Matelots et passagers, transis de froid, et
mourant de faim, n’ont plus d’espoir. Lui seul sur la jonque garde
son calme et, souriant au milieu du désordre, soigne les passagers
malades.
Cette vertu, il ne l’avait pas obtenue en naissant, car son
père était un chrétien bien tiède et sa mère était encore païenne.
Il n’avait pu satisfaire son désir de devenir prêtre. D’une piété
simple et aimable, il avait coutume d’approfondir l’étude de la
religion, ce qui lui permit, plus tard, de faire à ses juges des
réponses qui les laissaient tout pantois.
Jamais il n’admettait de comparaisons entre prêtres chinois
et étrangers : pour lui tous étaient prêtres de Dieu. Cela lui
attira un jour cette apostrophe : "T u n’as pas un cœur de Chinois,
mais un cœur de Français. ” Et lui de répondre doucement :
"Vous vous trompez... j’ai un cœur de chrétien...”
Infirmier, il ne se contente pas de travailler en mercenaire,
mais fait de son travail un véritable apostolat : assistant les
mourants, les exhortant au baptême, baptisant les enfants en
danger de mort ; aux indigents, il achète lui-même des remèdes
et leur passe des vêtements.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA CROIX dans LA TEMPÊTE
Lorsqu’il fut emprisonné, sa femme dut lui faire des habits ;
mais il les refusa sous prétexte que le tissu était trop beau. Il
est bien rare de trouver à ce degré chez nos chrétiens chinois
l’estime de la pauvreté. Sa générosité l’oblige à des économies :
pour lui pas de cinéma, pas de sorties, pas de cigarettes. Depuis
dix ans, il désire un bracelet-montre; mais il ne s’est jamais
décidé à faire cette dépense.
Tout cela il le fait sans ostentation et, en dehors des quelques
Religieuses qui travaillèrent avec lui, personne n’en eut jamais
connaissance.
Depuis longtemps, les communistes le surveillent ; ils savent
qu’on a recours à lui pour traiter la plupart des affaires de
l’évêché. Parents et amis lui conseillent la prudence, lui
reprochant de se compromettre trop ouvertement avec les Pères.
Convoqué plusieurs fois à la Police, sollicité chaque jour par les
chrétiens dissidents, il refuse constamment de donner son
nom au mouvement schismatique. Bien plus, en de multiples
discussions, il ne craint pas de réfuter leurs arguments.
Plusieurs fois on lui fait entrevoir la prison. Lui, sentant venir
l’orage, se prépare à la lutte, communie plus souvent. Sa
persévérance est d’autant plus méritoire qu’il est maintenant
marié et père de deux enfants.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA CROIX dans LA TEMPÊTE
En novembre 1951, les autorités communistes et les
chrétiens dissidents, dans une réunion générale, décident
de fonder officiellement le comité directeur de l'Eglise
réformée.
Cette manifestation fut le prélude d’une nouvelle
campagne de calomnie contre les dirigeants de l’Eglise
catholique. David eut l’honneur d’être confondu dans la
même haine avec les Missionnaires et les Religieuses et fut
proclamé devant tous "le chien fidèle de l’Eglise”. Cette
appellation, qui lui fut donnée par dérision, n’est-elle pas
son plus beau titre de gloire ?
Plusieurs docteurs de ses amis, voyant la menace se
préciser de plus en plus, l’engagent à modérer son attitude
intransigeante.
Le 6. février suivant, la nuit venue, il se présente chez le
Père, s’agenouille devant lui, lui baise les mains disant en
sanglotant : "Père, qu’allez-vous devenir ?... Hélas! je ne
vous verrai plus!...”
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA CROIX dans LA TEMPÊTE
Le lendemain vers midi, de nombreux policiers entourent
l'hôpital. Ne trouvant pas David, ils vont le chercher chez lui
et, devant sa famille, lui signifient son arrestation. David,
sans un mot, sans un regard vers les siens, prend son
manteau et les suit. On veut, par cet exemple, effrayer les
chrétiens fidèles. Le cortège traverse la ville et provoque
bien des sympathies. "Celui-là, disent certains païens, n'a
rien fait de mal : on le conduit en prison pour sa fidélité à la
religion. ”
Qu'il fut arrêté pour sa foi, cela ne faisait aucun doute
pour personne. Le lendemain, des affiches collées contre les
murs apprirent à la population que David, considéré comme le
saboteur du mouvement dissident et le chien des impérialistes,
était arrêté et qu'il serait sévèrement puni.
Neuf mois plus tard, un chrétien se trouvant dans la même
prison fut libéré. En traversant les cours de l'établissement, il
passa devant une cellule, dont la porte était remplacée par des
barreaux de fer. Les soldats qui accompagnaient ce chrétien lui
dirent: "Toi qui es chrétien, regarde donc le chien du Père.”
Le chrétien surpris s’approcha des barreaux et aperçut David
qui, en souriant, lui montrait ses mains et ses pieds chargés de
chaînes.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA CROIX dans LA TEMPÊTE
Les jugements populaires
Lorsque nous parlons de "jugement”, nous nous
imaginons aussitôt, habitués que nous sommes aux
coutumes occidentales, des juges qui siègent
gravement écoutant de prolixes avocats devant un
public silencieux. Ce qu’on nomme "jugement
populaire” en Chine devrait bien plutôt s’appeler :
proclamation de la sentence devant le peuple. Dans
un jugement populaire en effet on ne tolère pas les
avocats; l’accusé lui-même ne peut exposer sa
défense : il lui est presque toujours défendu de parler
et si parfois, transgressant la défense, il élève la voix,
le groupe des fonctionnaires présents dûment stylé
pousse aussitôt des cris pour l’empêcher de se faire
entendre. On pourrait sans exagération répéter les
paroles que le défenseur de Louis XVI adressait à la
Convention : "Je cherche ici des juges ; je ne vois
que des accusateurs. ''
Ce terme de "jugement populaire” ne doit pas
nous induire en erreur. Le peuple y a peu de part :
il est figurant et la plupart du temps il ne sait même
pas si ceux qui sont jugés sont dignes d ’amour ou de
haine.
Un jugement populaire est minutieusement préparé.
Rien n'est laissé au hasard. La cour de notre école
catholique ayant servi bien souvent à ce genre de
spectacle, nous avons pu tout à loisir étudier
l’organisation de ces prétendus jugements.
Plus de deux heures avant l'ouverture des débats, les
dirigeants arrivent sur les lieux. Le terrain est mesuré,
marqué à la chaux tout comme pour une
manifestation sportive. Un groupe de fonctionnaires
spécialement choisis reçoit les dernières instructions.
A chacun on remet une liste assez longue de slogans,
qu'ils devront débiter au moment propice. Leur rôle est
important : dispersés au milieu de la foule, ils doivent,
sans avoir l'air de rien, stimuler par leurs cris le peuple
indifférent, couvrir par leurs clameurs la voix de
l’accusé qui veut réfuter les énormités qu'on lui attribue.
Lorsque les prétendus juges demandent comme Pilate:
"Que voulez-vous que je fasse de lui? ”, comme les
prêtres juifs ils engageront les assistants à demander la
punition déjà fixée et qu'on leur a fait connaître par
avance.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA CROIX dans LA TEMPÊTE
L'heure du jugement populaire est venue. Les soldats,
baïonnette au canon, entourent la cour de l'école ;
n'entre pas qui veut. Les fonctionnaires d'abord, qui se
placent tout près de l'estrade. Le groupe formant la
"claque” prend aussi position. C'est le tour du peuple.
Il arrive embrigadé par sections, conduit par les chefs
de quartiers, les dirigeants de syndicats, les directeurs
d'écoles. Chaque groupe occupe la place qui lui est
assignée par un "camarade”.
Les juges s'installent sur l'estrade ; puis commencent
de longs discours diffusés par les haut-parleurs.
L'accusé arrive à son tour accompagné de nombreux
soldats. Dès qu'il apparaît, les fonctionnaires de la claque
se lèvent tout à coup et hurlent de toutes leurs forces un
des slogans écrits sur le papier qu'on leur a remis. La
foule répété à tue-tête : c’est un vacarme indescriptible.
Tous, le bras levé, maudissent en hurlant le pauvre
condamné que les soldats poussent vers la tribune. Il doit
le plus souvent demeurer à genoux pendant toute la
séance parfois fort longue ; nous avons assisté une fois à
un jugement qui dura sept heures d'affilée. Pendant le
jugement, on ne peut s’en aller. Parfois après plusieurs
heures de discours et de discussions, des mamans portant
leur gosse sur le dos veulent retourner chez elles ; elles ne
le peuvent, car la consigne est formelle.
Le jugement des Pères Lebas et Blusson et des Religieuses -
Catéchistes-Missionnaires de Saiying dura trois heures. Pères
et Sœurs, menottes aux mains, le P. Lebas en prison depuis
plus d’un mois ayant en outre les fers aux pieds, furent
exposés au soleil, en plein mois d’août, pendant tout le
jugement. Une des Religieuses tomba évanouie atteinte
d’insolation. Pères et Sœurs furent condamnés à la prison ;
cette peine fut ensuite commuée et nos missionnaires furent
contraints de sortir de Chine.
Ils quittaient Saiyîng le 10 août. Le 12, ils traversaient la
ville de Pakhoi, en route pour l'Indochine. Ils ne purent avoir
aucun contact avec la mission catholique; ce jour-là, Pères et
Sœurs travaillaient justement à déterrer les cadavres des
orphelins décédés.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA CROIX dans LA TEMPÊTE
Le jugement de Mère Sophie et de Sœur Marie-Femand,
les " criminelles ” de Pakhoi, eut lieu en mai de l’année
suivante. Au cours de la séance, elles furent maltraitées :
Sœur Marie-Femand fut frappée à plusieurs reprises. A la
fin de la sinistre comédie, on les fit aussitôt monter dans
une auto qui les conduisit à la frontière.
Le 18 décembre, ce fut le tour du P. Cotto, Vicaire général.
Depuis quinze mois ce jour était attendu. On commença
comme toujours par de longs discours ; suivit ensuite la
longue liste des crimes attribués au Père, parmi lesquels
les plus importants étaient :
— Opposition à la rénovation nationale,
— autorisation donnée au P. Pallier de fonder la Légion de
Marie,
— responsabilité du massacre de milliers d’orphelins à
Saiying et à Pakhoi,
— direction de l’espionnage au service des Français d’Indo-
chine,
— détention d’armes, de munitions, de radios...,
— défense faite aux chrétiens d ’adhérer au Parti
communiste,
— propos antirévolutionnaires traitant le gouvernement
populaire de "gouvernement du diable”,
— affirmation formulée devant les autorités que les
jugements populaires étaient de "sinistres comédies”, etc...
Au milieu du jugement, pendant l’entr'acte, on fit promener
le Père ayant en main l’étendard de la Légion de Marie.
Pendant cette procession, à la tribune officielle, les
haut-parleurs criaient: " Peuple de Pakhoi! voilà l'étendard
des rebelles, des criminels légionnaires, des chiens courants
des impérialistes, des ennemis du peuple. ” On voulut ensuite
faire approuver par le Père la liste de ses crimes. Il s'y
refusa et on n'insista pas.
Le 23 décembre, le Père conduit par des policiers arrivait
à la frontière de Hongkong. On l’avait auparavant dépouillé
de toutes ses affaires. Devant les gardes anglais, on voulut
de nouveau lui faire signer la longue liste des accusations
portées contre lui ; ayant refusé, il fut emmené dans la
prison de la localité où il vécut un jour en compagnie d'une
soixantaine de prisonniers, la plupart punis parce qu'ils
avaient voulu fuir le paradis rouge. Enfin le 24 au soir, veille
de Noël, rendu à la liberté, le Père Cotto arrivait à Hongkong.
Missionnaires arrivant de Chine
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA CROIX dans LA TEMPÊTE
«Vous serez mes témoins...»
" Depuis deux ans, écrit le " China Missionary ” de décembre
" 1952,43 prêtres ont donné leur vie pour l'Eglise de Chine.
'' Nous ne parlons que des prêtres et religieux et seulement
de ceux dont la mort ne fait aucun doute. Il en est sûrement
d’autres. Il faudrait aussi mentionner plusieurs religieuses
chinoises, encore plus de laïques chinois, mais nous
n'avons pas les dernières précisions. ''
Au moins 300 prêtres chinois et religieuses chinoises sont
en prison également. " Depuis 1945, nous nous trouvons à
atteindre un total d'environ 200 prêtres, religieux et
religieuses, en grande majorité chinois, tués en haine de la
foi. Pour un bon nombre, l'évidence est très nette à ce sujet et
ce sont de vrais martyrs. Pour les autres, on s'est servi de
prétextes politiques... mais qui ne réussissent pas, sauf de
très rares exceptions, à cacher la vraie raison de leur mort.''
" Nous ne savons dire, même d'une façon approximative,
combien de catholiques souffrent la prison, combien ont
sacrifié" leur vie. Mais ils sont nombreux, puisque presque
tous les missionnaires qui arrivent nous parlent chacun de
deux ou trois cas. En général, ce rie sont pas les simples
fidèles, mais les chefs, les catholiques influents, les
catéchistes, les membres de la Légion de Marie, les chefs
de chrétientés. ”
Notre diocèse de Pakhoi a aussi sa page dans ce
martyrologe. Déjà durant la guerre sino-japonaise, les
Pères Sonnefraud et Castiau, missionnaires dans l’île de
Waichow, qui n'avaient pas voulu abandonner leur poste,
furent massacrés par les Japonais.
En novembre 1951, le Père chinois Thaddée LIOU, chargé
des districts situés près de la frontière du Tonkin, est
emprisonné et cruellement torturé : exposé durant de
longues heures à la pluie, au soleil, au froid ; obligé de
s’agenouiller sur des débris de verre ; suspendu par les
pouces à plusieurs reprises et jeté brusquement à terre
d ’une hauteur de quelques pieds ; frappé sauvagement
et complètement défiguré ; le corps démesurément
enflé, notre pauvre confrère mourut en prison. Transporté
par les chrétiens il fut inhumé dans le cimetière catholique.
Des personnes dignes de foi nous ont rapporté que païens
et chrétiens ont bien souvent remarqué avec admiration
que des parfums pénétrants se répandaient et se
répandent encore autour de sa tombe.
LE PÈRE THADDÉE LIOU
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA CROIX dans LA TEMPÊTE
Quatre Religieuses chinoises de l'orphelinat de Tchekham,
accusées elles aussi d ’avoir tué un nombre considérable
d'enfants, furent emprisonnées. L'une d elles, Sœur
Marie-Louise, dangereusement malade, fut autorisée à se
soigner à l'extérieur de la prison. Elle mourut peu de
temps après. Ses trois compagnes sont encore en prison :
leurs souffrances durent depuis près de deux ans.
Le Père Gabriel Richard, 69 ans, malade depuis plusieurs
mois, complètement isolé depuis l'arrivée des communistes,
il y a trois ans, ne put obtenir la permission d'aller se faire
soigner dans un centre plus important. Les missionnaires,
ses voisins, ne purent d'autre part se rendre auprès de lui.
Le 3 juin 1952, le Père mourait sans sacrements, assisté
seulement de quelques chrétiens.
Deux prêtres chinois sont emprisonnés depuis deux ans ;
un troisième vient d'être libéré après une longue captivité.
Plusieurs chrétiens sont également privés de leur liberté.
D'autres missionnaires, des prêtres chinois, des religieuses
ont fait en prison des séjours plus ou moins longs et se
sentent encore très surveillés.
Les prêtres, qui sont censés libres, ont aussi leur part de
tribulations. Cette prétendue liberté est d'ailleurs bien limitée,
car il leur est interdit de sortir de leur presbytère et, la plupart
du temps, ils ne peuvent s'occuper des chrétiens. Certains
mènent une vie particulièrement pénible, en butte à la haine
suscitée autour d ’eux surtout auprès de la jeunesse des écoles.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA CROIX dans LA TEMPÊTE
Parmi eux, le P. Barreau, séquestré dans sa " maison ” qui,
entre parenthèses était son ancienne écurie, seule pièce
ayant été épargnée par l’incendie allumé par des bandes
communisantes en 1947, fut condamné pendant de longs
mois à ne manger que du riz cuit à l'eau sans rien d'autre
et dut supporter chaque jour les railleries, injures,
menaces d'une soldatesque déchaînée et diabolique. Son
expulsion fut bien des fois réclamée à grands cris; son
exécution capitale fut même mise en discussion. Le Père,
qui était au courant de ce qui se tram ait contre lui, eut à
subir un calvaire moral inimaginable, surtout après la
défection de quelques chrétiens terrorisés et désireux de
se faire pardonner leurs fautes passées. Ces angoisses
continuelles, une nourriture déficiente, la fatigue et
l'isolement altérèrent rapidement la santé de notre
confrère.
A toutes ces souffrances il faut ajouter les tracasseries, les
perquisitions, les multiples et longs interrogatoires. Pour un
rien, la sonnerie d'un réveil par exemple, on est soupçonné
d'espionnage. La vue d'un moulin à café suscite, malgré
d'amples explications, une grave histoire au Vicaire général.
A Pakhoi, des ouvriers passent plusieurs jours à creuser le sol
à l’intérieur du presbytère et de la maison des Religieuses
pour y découvrir les trésors et les armes qu'ils soupçonnent y
avoir été cachés. Un moteur est même installé pour tarir le
puits des Religieuses et découvrir les armes qu'il est censé
recéler.
Les établissements de charité (orphelinats, hôpitaux), de
tout temps considérés avec bienveillance par la population
qui en bénéficiait, servent de prétexte à d’horribles calomnies.
Les couvents, les séminaires, les associations pieuses, la Légion
de Marie deviennent des organisations d'espionnage.
Toutes ces souffrances, le Christ, notre Maître, les avait
prédites: "Ils m'ont persécuté... ils vous persécuteront...
Le disciple n'est pas au-dessus du Maître... Vous serez mes
témoins...
”0 Dieu, de tes soldats la couronne et la gloire, Dieu par qui
nos martyrs ont gagné la victoire, daigne écouter nos vœux
en ce jour solennel ;
C'est un jour de salut, de paix, de délivrance. L'Esprit-Saint
nous l'a dit : c’est un jour de naissance : La naissance des saints
au Ciel.
C'est en ce jour, ô Christ ! que ta grâce féconde les a rendus
vainqueurs de Satan et du monde, et les a fait témoins du
Testament nouveau !
En ce jour nos martyrs ont par droit de conquête pris leur
place au festin, car leurs habits de fête sont rougis du sang de
l’Agneau !
Dans ces lointains pays prêchant ton Evangile, ils ont écrit ton
nom du sang indélébile.
La terre a bu ce sang, cette terre est à toi ! Et jamais de l’enfer
la haine furieuse n’y pourra renverser ta croix victorieuse,
Car ce sang t’a proclamé Roi.
Extrait du Chant pour l’anniversaire des
Martyrs des Missions-Etrangères.
Dans la rue du village
La misère des réfugiés
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA CROIX dans LA TEMPÊTE
“ J’ai pitié de la foule...”
A l'exemple du Christ, notre Maître, nous pardonnons de
grand cœur aux chrétiens dissidents, pauvres instruments
aux mains des Communistes.
Lorsque fut lancé le " mouvement d’amour de la Patrie et
d ’autonomie de l’Eglise de Chine ”, ils nous disaient d’un
air convaincu : " Pères ! nous ne vous abandonnons pas ;
nous sommes toujours chrétiens, catholiques fidèles au Pape ...
” Peu à peu ils furent amenés là où ils ne voulaient pas aller
et, parmi eux, plusieurs eurent une activité vraiment
diabolique. Ils sont toujours une minorité infime : quelques
dizaines sur près de six cents chrétiens pour la ville épiscopale.
"L ’épreuve, a dit le Cardinal Saliège, déprime les faibles,
exalte les forts. ”
La grande majorité des chrétiens reste fidèle à sa foi ; elle
sent, dans l’épreuve, la nécessité d'une vie religieuse plus
intense et s’approche davantage des sacrements.
La résistance des bons fut, chose curieuse, fortifiée par la
punition des persécuteurs... Sans aller jusqu’à dire qu’il y eut
là une intervention miraculeuse, on ne peut nier une étrange
coïncidence.
Parmi les communistes qui s’occupèrent plus spécialement
de nos affaires, plusieurs furent comme frappés par la justice
divine.
Vieille femme chinoise
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA CROIX dans LA TEMPÊTE
Le maire de Pakhoi, qui le premier exhorta les chrétiens
à rejeter l'autorité des missionnaires étrangers, fut
destitué de ses fonctions, lors de l’épuration des
"trois contre”. Insulté, frappé, il est actuellement en
prison.
Son digne acolyte, le directeur du Bureau de la navigation
de Pakhoi, notre plus grand ennemi, destitué également,
médite aussi en prison sur la fragilité des situations en
régime communiste. Lui qui si souvent abreuva
d’humiliations les Pères et les religieuses, il dut subir un
jugement populaire dans la cour de l’école catholique, d’où
il pouvait apercevoir ceux qu’il avait tant persécutés.
Des deux femmes qui dirigèrent la campagne contre les
Sœurs françaises, l’une se brisa la jambe en tombant,
l’autre mourut subitement.
Parmi les principaux dissidents, l’un vit son enfant très
gravement malade ; un autre perdit sa petite fille en
l’espace de quelques heures ; un troisième souffrit
terriblement des yeux et faillit perdre la vue. Un autre
enfin, envoyé par le comité réformateur dans une île
toute proche pour y organiser l’Eglise schismatique,
mourut dès son retour à Pakhoi. Les chrétiens n ’eurent
qu’une voix pour reconnaître dans cette mort la main
de Dieu. Sur le point de mourir, ce jeune homme se
repentit : il se fit transporter chez le Vicaire général,
qui le réconcilia avec Dieu après avoir obtenu
l’abjuration de ses erreurs. Exaspérés par cette
conversion, les chrétiens dissidents accusèrent le
vicaire général de l’avoir empoisonné. La Police exigea
l’autopsie du cadavre.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA CROIX dans LA TEMPÊTE
Ce que nous avons raconté sur la magnifique résistance des
chrétiens de Pakhoi ne doit pas nous illusionner et nous faire
oublier les périls qui les menacent.
En dehors d’une minorité très agissante de dissidents, d’une
minorité de chrétiens fervents prêts à mourir pour leur Foi, il
y a l’immense foule, harcelée par les nécessités de la vie
matérielle, où se retrouvent tous les degrés de l’héroïsme.
Pour celui qui connaît la doctrine communiste et qui a vécu
en Chine après la "libération”, il ne peut y avoir de doute que
nos chrétiens auront tous, tôt ou tard, à choisir entre la ruine
complète, la prison, la mort même et l'apostasie.
Pourquoi s’illusionner! Le communisme chinois n’est pas,
comme le croyaient certains, un communisme de comédie :
c’est le communisme tout court, semblable en tout à son frère
aîné russe. Profitant de l’expérience des Soviets, il a brûlé les
étapes, se libérant des tâtonnements et des erreurs du passé
en Russie soviétique.
" J ’ai pitié de la foule...” disait Jésus. Nous aussi prenons
en pitié ces pauvres chrétiens, dont la plupart sont déjà comme
des brebis sans pasteur.
Vivre d'héroïsme n'est pas pour la masse un état normal,
habituel. Les nécessités de la vie ramènent, chaque matin, le
problème qui se pose sans cesse pour tous : il faut manger pour
vivre, et pour cela il faut pouvoir travailler. Or que dit-on aux
chrétiens fidèles? — " Vous ne pouvez faire partie des soviets
agricoles, des syndicats... Il ne vous est pas possible de devenir
fonctionnaires des multiples administrations publiques... ” Je
pourrais citer des exemples de personnes qui, se trouvant sans
ressources, sans travail, dans l'impossibilité de donner le
nécessaire à leurs enfants, ont demandé à leurs prêtres :
"N ’est-il pas permis de se tuer pour éviter l'apostasie?”
Quelques-uns même ont tenté de le faire.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA CROIX dans LA TEMPÊTE
Dans les campagnes, si la situation est peut-être moins triste
au point de vue matériel, elle est plus grave au point de vue
religieux. Dans notre région, seuls les chrétiens demeurant
près de l'église peuvent voir quelquefois les rares prêtres qui
sont encore libres.
Beaucoup de chrétiens ne sont pas autorisés à faire partie
des syndicats agricoles et sont considérés comme des
hors-la-loi. Que dire des écoliers, des élèves des écoles
secondaires et supérieures? C’est pour eux la lutte journalière
et sans merci pour défendre leur foi et la sincérité de leur
patriotisme.
Trois ans déjà ont passé! Inexorablement le communisme
s’empare peu à peu de toutes les activités, accule de plus en
plus la masse chrétienne à choisir entre la doctrine de Marx et
celle de Jésus.
" Père! disait un brave chrétien, que deviendrons-nous,
lorsque vous ne serez plus là,- lorsque nous n’aurons plus de
prêtres ? Déjà maintenant plusieurs ont abandonné la pratique
de la religion ; notre foi sera peu à peu étouffée. ”
Voici ce qu'écrit sur ce grave sujet le Bulletin des Missions-
Étrangères de mai 1951 : " Pour les chrétiens de Chine le
grand danger de l'heure présente est de perdre la foi.
Voyant victorieuse cette puissance du mal contre laquelle
ils ne peuvent apparemment rien et de laquelle ils n'ont,
semble-t-il, aucun espoir d'être délivrés, ils peuvent en
arriver à se croire abandonnés de Dieu et même à douter
de son existence. Ils sont encore forts et courageux dans
la grande majorité ; mais, à la longue, les privations, la
crainte peuvent provoquer chez eux la lassitude morale et
le découragement, surtout quand leur isolement d'avec
les missionnaires sera plus complet. C'est pourquoi les
catholiques de Chine ont besoin plus que jamais des
prières du monde catholique. ”
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA CROIX dans LA TEMPÊTE
"Je ne croirai pas..
" Si je ne vois pas, disait l'Apôtre Thomas, je ne croirai
pas.” Ne l'imitez pas, chers lecteurs, car “ bienheureux
ceux qui croient sans avoir vu.” Les témoignages qui
doivent emporter votre adhésion ne manquent pas.
A leur sortie de Chine, après plusieurs années passées
sous régime communiste, les missionnaires constatent avec
surprise et tristesse le peu de place que tient le communisme
dans les préoccupations de la plupart des gens. La politique,
l'intérêt priment tout. On regarde curieusement les
missionnaires de Chine, on les écoute plus ou moins
distraitement et, comme ils racontent toujours les mêmes
choses, on se lasse de les entendre, au lieu de voir, dans cette
similitude des témoignages, la plus grande preuve de leur
véracité. On n'aime pas entendre le récit des misères ni
la prédiction de malheurs.
Les missionnaires, on les traiterait volontiers de pessimistes,
d'exagérés, de défaitistes... Certains en souriant d'un air
entendu nous disent: "La Chine! on sait ce que c'est.” S'ils l'ont
su, ils ne le savent plus maintenant, car la Chine a totalement
changé. Le communisme chinois ne doit pas être traité à la
légère; ce n'est pas, comme on voulait le croire, un semblant de
communisme; c'est celui de Karl Marx, de Lénine, de Staline...
de Tito bientôt, entend-on dire parfois. Et puis après! Au point de
vue qui nous occupe, la question est la même. D'ailleurs ne
prenons pas nos désirs pour des réalités.
En Sampan
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA CROIX dans LA TEMPÊTE
Le portrait de Karl Marx trône partout en Chine. "Je ne
crois plus au Christ, disait un de nos jeunes chrétiens devant
plusieurs milliers de personnes,... je crois à Karl Marx ...”
Il n'y a pas un communisme chinois et un communisme
russe: le communisme est le même partout. L'adaptation au
milieu, l'emploi de moyens différents, la patience dans la
réalisation trompent parfois ceux qui ne peuvent comprendre
la psychologie marxiste.
Que de livres n'a-t-on pas écrits sur le communisme! Et
pourtant peu de gens réalisent vraiment ce qu'il est. Si le
Prophète David revenait parmi nous, il répéterait sûrement les
paroles qu'il écrivait jadis:
"Ils ont des yeux... et ne voient pas.”
"Ils ont des oreilles... et n'entendent pas.”
"Si je ne vois pas..., disait Thomas, je ne croirai pas.”
Pour ne pas encourir ce reproche, lisons attentivement les
textes qui suivent:
"La prédication des missionnaires, leurs écoles et leurs
" publications assurent l'exécution infaillible de leur programme,
" qui est de constituer un cadre de travailleurs éduqués, obéissants
" à leur volonté, et d'affaiblir, en les empoisonnant les grandes
"masses chinoises.” (MAO Tsé-tung)
" Dans l'administration de l'Eglise et des œuvres de
"l'Eglise en Chine, il s'agit de nous libérer des traditions
occidentales et de créer un nouveau système, une nouvelle
" législalation et une nouvelle liturgie, adaptés aux besoins des Chinois.”
(cf. Agence officielle HSIN HWA de Shanghai—14-1-1951)
"................. Quant à l'autonomie apostolique, la question n'est
"pas seulement de savoir "qui va prêcher”, mais surtout "ce
"qu'on va prêcher”... Les chrétiens chinois doivent découvrir
"par eux-mêmes et pour eux-mêmes le trésor de l'Evangile du
"Christ. Ils doivent se libérer eux-mêmes de la théologie
" occidentale et créer un nouveau système théologique qui leur soit
"propre....”
(cf. Agence officielle HSIN HWA de Shanghai—14-1-1951)
" ....... sous prétexte de propager la foi, ils (les missionnaires étrangers)
''s’adonnent à l'invasion et à l'espionnage;
''leurs crimes sont très nombreux. La police d'un peu partout en
découvert un grand nombre.”
(cf. Agence officielle HSIN HWA de Shanghai— 18-1-1951)
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
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