Les pauvres et le Curé d'Ars.

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Message  Louis Mar 18 Jan 2022, 7:36 am



Amour  de M. Vianney pour les pauvres.

Après les pécheurs, c'étaient les pauvres qui occupaient le plus la pensée de M. Vianney. Il les aimait parce que Notre-Seigneur les avait aimés, et parce qu'il comprenait que, ne trouvant ici-bas que privations, peines et rebuts de tout genre, ils avaient plus besoin d'être prévenus, honorés et consolés.

« Que nous sommes heureux, disait-il, que les pauvres viennent ainsi nous demander! S'ils ne venaient pas, il faudrait aller les chercher, et on n'a pas toujours le temps.

« Il y en a qui ne font l'aumône que pour qu'on les voie, qu'on les loue et qu'on les admire... Il y en a qui trouvent qu'on ne les remercie pas assez. Ce n'est pas ça !... Si c'est pour le monde que vous faites l'aumône, vous avez raison de vous plaindre. Mais si c'est pour le bon Dieu, qu'on vous remercie ou qu'on ne vous remercie pas, qu'importe ! Il faut faire tout le bien que nous pouvons à tout le monde, mais n'attendre notre récompense que de Dieu seul.

« Quand nous faisons l'aumône, il faut penser que c'est à Notre-Seigneur et non aux pauvres que nous donnons. Souvent nous croyons soulager un pauvre, et il se trouve que c'est Notre-Seigneur... Voyez saint Jean de Dieu : il avait l'habitude de laver les pieds des pauvres avant de les faire manger. Un jour, en se penchant sur les pieds d'un pauvre, il vit que ce pauvre avait les pieds percés. Il releva la tête avec émotion, et il s'écria : « C'est donc vous, Seigneur ! » ( Ici M. Vianney fondait en larmes.) Notre-Seigneur lui dit : « Jean, je prends plaisir à voir comme tu as soin de mes pauvres... »  Et il disparut.

Voyez ce bon saint Grégoire, qui faisait manger tous les jours douze pauvres à sa table. Un jour, il s'en trouva treize, et il dit à son domestique : « Il y a treize pauvres. » Le domestique répondit : « Je n'en vois que douze. » Le saint remarqua que ce treizième changeait de couleur : tantôt il était vermeil, tantôt blanc comme la neige. Quand le repas fut fini, le Pape prit ce pauvre inconnu par la main, et le tirant à l'écart, il lui dit: «Qui êtes-vous? — Je suis un ange (nouvelles larmes du saint Curé), et Notre-Seigneur m'a envoyé pour considérer de près les soins que vous donnez à ses pauvres. C'est moi qui présente à Dieu vos prières et vos aumônes. » A ces mots, il disparut.  Cette table, à laquelle l’ange s'est s'assis, se voit encore à Rome.

« Il y en a qui disent aux pauvres qui ont l'air d'avoir de la santé: « Vous êtes un paresseux ! vous pourriez bien travailler; vous êtes jeune, vous avez de bons bras. » Vous ne savez pas si ce n'est point le bon plaisir de Dieu que ce pauvre aille demander son pain. Vous vous exposez ainsi à murmurer contre la volonté de Dieu.

« Voyez le bienheureux Benoît Labre : tout le monde le rebutait. On l’appelait fainéant. Les enfants lui jetaient des pierres. Ce bon saint savait qu'il faisait la volonté de Dieu; jamais il ne répondait rien. Une fois, il alla trouver son confesseur, qui lui dit : « Mon ami, je crois que vous feriez mieux d'aller en condition ; vous faites offenser le bon Dieu. Le monde dit que ce n'est que la paresse qui vous porte à mendier. » Benoît Labre lui répondit bien humblement : « Mon Père, c'est la volonté de Dieu que je mendie. Tirez le rideau de votre confessionnal, et vous verrez... » Ce prêtre ouvrit et vit une lumière qui éclaira toutes les chapelles. Certes, le confesseur se garda bien de le détourner de sa voie... Eh bien ! mes enfants, que savons-nous s'il n'y en a pas qui sont comme ça? C'est pourquoi il ne faut jamais rebuter les pauvres. Si on ne peut pas leur donner, on prie Dieu d'inspirer aux autres de le faire.

«  Il y en a qui disent : « Oh ! il en fait mauvais usage. » Qu'il en fasse l'usage qu'il voudra, le pauvre sera jugé sur cet usage qu'il aura fait de votre aumône, et vous, vous serez jugé sur l'aumône elle-même que vous auriez pu faire et que vous n'avez pas faite.

« Il ne faut jamais mépriser les pauvres, parce que ce mépris retombe sur Dieu. »

(In  Esprit du Curé d’Ars. M. Vianney dans ses catéchismes, ses Homélies et sa conversation, Paris, 1864.)

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