L'ÂME RETROUVÉE

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Message  Monique Mer 18 Fév 2009, 10:05 am

L'ÂME RETROUVÉE Assise_Francois

PAR LA GRÂCE DE SAINT FRANÇOIS D'ASSISE





Le Cri

De quelle poitrine, effroyablement rongée, a-t-il jailli ? De quelle gorge en lambeaux s'est-il arraché ? Son écho pénètre mon cœur d'une telle épouvante que je n'ose presque plus regarder la vie.

Quelle angoisse, durant des millénaires étouffée, s'est délivrée dans cette clameur suprême ?

Quel être a exhalé enfin le tourment de tous les êtres ? A travers les siècles, après avoir traversé des millions de cœurs labourés, le hurlement de l'homme des cavernes s'est prolongé jusqu'à nous.

Ce cri contient des milliards de cris...? — Tous les sanglots, toutes les agonies des siècles tressaillent en lui...

Par delà nos joies factices, nos cités éblouissantes de feux, nos théâtres, nos apothéoses vaines, il proclame notre détresse infinie...

Oh ce cri ! — s'il pouvait trouer les milliards de lieues qui nous séparent de la joie ? — S'il pouvait, au fond des immensités constellées, réveiller la belle endormie ! — S'il pouvait, comme le glaive d'or d'un archange, traverser les ténèbres qui nous écrasent !

Avec quel indicible effroi je l'écoute se répercuter en moi ce cri désespéré de la misère humaine vers Dieu!

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Message  Monique Mer 18 Fév 2009, 6:15 pm

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Désolation


Je suis affreusement triste et las.
En moi, le piétinement des enthousiasmes en marche s'est tût. Le vent noir des nuits de novembre pourchasse mes pensées en haillons.

En moi, s'élargit le silence de la mort.
Je suis seul dans ma chambre froide. Tous mes efforts brisés gisent, comme des cadavres, sur le plancher.

La haine hurle autour de la maison. Les volets, battus de pluie, sanglotent. Ma lampe est comme une plaie rouge au sein des ombres.
Je suis affreusement triste et las.

Mon amour que les hommes ont chassé à coups de pierres, se recroqueville, tout petit, dans mon coeur et pleure doucement.
La nuit est pleine de râles et de huées. Les rafales semblent vouloir écraser la maison. Les arbres craquent douloureusement, et la tempête met un rugissement de vagues dans les derniers feuillage. Demain, le sol sera rouge de feuilles mortes et les branches seront de tragiques ossements dans le ciel.
Je me sens écrasé sous une montagne de désespoir.

Oh ! tous ceux-là vers qui j'allais avec des mots de tendresse et de joie ! Pourquoi ont-ils raillé ma tendresse et ridiculisé ma joie?

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Message  Monique Jeu 19 Fév 2009, 6:47 pm

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Cathédrales englouties


Quelle ville engloutie fait tinter ses cloches, faiblement, au fond de moi-même ?
De quelle profondeur d'abîme monte cette plainte sourde, indéfiniment répétée, qui pleure vers moi ? De quelle tristesse lointaine, cet appel poignant ?

Avec angoisse, je me penche sur les ténèbres intérieures.
De quel siècle aboli, de quel âge disparu ce murmure voilé de cloches ?
Quelles âmes tendres chantent vers moi leur rêve à travers les siècles ?

Quel message veulent-elles me communiquer ?
Quelles détresses s'accrochent à moi comme des noyés à une épave ? Quels êtres veulent vivre de ma vie et, désespérément, renaître en moi ?

Cloches englouties, de quelles cathédrales jadis pleines de fleurs, de clartés, de prières ?
Encens évanoui, musique d'orgues, à jamais voilée, prières noyées, âmes errantes.

Que sont-elles devenues toutes les civilisations lumineuses, arbres d'or, jadis pleins d'oiseaux, toutes les civilisations à jamais englouties ?
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Message  Monique Ven 20 Fév 2009, 6:27 pm

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Le Rêve foudroyé


Tourbillon de plumes blanches et de sang, mon rêve foudroyé s'est écroulé des cieux... Ce n'est plus qu'un cadavre informe au bord du chemin. Et, devant cette mort tragique, tout mon être se ploie et sanglote, perdu dans une angoisse sans fin.

Je ne puis presque plus dire ma souffrance tellement elle est véhémente et profonde...

Tout ce qu'il y avait en moi de doux, de paisible, de lumineux, de tendre, est comme flétri.

Autour de moi, les vergers blancs et roses, la vie qui s'éveille, les nids qui chantent, les mains qui se joignent, les ailes qui battent... Et, devant cette féerie, mon âme prostrée dans l'angoisse ! Hirondelles, je voudrais avec vous lancer mes pensées heureuses dans l'azur; je voudrais ployer ma rêverie aux branches fleuries des pommiers; je voudrais communier avec toutes les forces du printemps.

Et me voici accablé et brisé devant mon rêve mort ! Une épouvante me déchire : Est-ce moi qui ai éventré d'une flèche l'oiseau blanc dont les ailes s'ouvraient palpitantes dans l'azur et le soleil? Est-ce moi qui ai tué mon rêve?

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Message  Monique Sam 21 Fév 2009, 7:29 pm

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Révolte de la Vie


La vie, en soi, n'est rien. Elle nous frôle, rapide, inattentive et déjà elle est loin ! Depuis des siècles elle se hâte ainsi vers un but que nous ne pouvons concevoir. Que de milliards d'êtres ont été traversés par elle ! Que de coeurs et d'ailes elle a fait battre ! Que de gosiers elle a fait chanter ! — mais aussi que de nerfs elle a brisés, que de larmes elle a fait couler, que de beau sang rouge elle a fait jaillir !

Un à un, tous les rêves de notre orgueil s'écroulent devant la vie et leurs débris sont emportés par ses tourbillons. Monuments grandioses, cathédrales, portiques ouverts devant le soleil, pyramides... et maintenant, paquebots, chemins de fer, avions, gratte-ciels. Tour à tour, des cités gigantesques, chantantes de milliers de cloches, pleines de clameurs et d'apothéoses... puis, des amoncellements de ruines et les forêts jaillissant parmi les pierres.

Puis, de nouveau, de colossales civilisations... puis, de nouveau, le désert et la mort.

Ainsi, peu à peu, la terre s'épuise, son sein se vide de toutes les merveilles qu'il contenait. Peu à peu, toutes les forces cachées de la nature sont découvertes par l'homme...

On sent approcher le moment où il se croira un dieu et où son orgueil éperdu se dressera en face du Divin et voudra traiter d'égal à égal !

La créature, parce qu'elle aura découvert tous les secrets d monde minuscule se croira semblable à Celui qui a créé des mi liards de mondes !

La vie se révoltera et se dressera contre l'auteur de la vie !.
Aucune leçon ne nous aura donc profité ? et en songeant à tant d'orgueils foudroyés au cours des âges, le nôtre ne s'inclinera-t-il pas ?
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Message  Monique Dim 22 Fév 2009, 7:48 pm

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La mort du Pantin


Combien sont fauchés en pleine force et renversés d'un coup ! Sans transition, ils passent de la vie à la mort...
Un éclair ! — et les ciseaux ont coupé le fil du pantin qui gesticulait sa vie dans la lumière.

Ce n'est déjà plus qu'un peu de matière, bientôt engouffrée par la terre avide...
Peut-être songeait-il à conquérir le monde ! Son cerveau fourmillait de projets grandioses. N'étant rien, il se croyait tout. Il bravait les forces invisibles.

Il se glorifiait de sentir cette électricité merveilleuse courir tout au long de ses nerfs.
Mais, voici un cadavre emporté sur une civière !

Qu'est-il devenu le rythme ardent de cette vie et, de la folle chanson de ce sang impétueux, que reste-t-il ?
Emotions, ambitions, rêves, amours, naguère... et maintenant plus rien...

Un instant, à peine, il riait, exultait, bravait le monde, peut-être Dieu ! Toutes les forces de la nature semblaient à jamais captées par cet être infime...

Il songeait à conquérir les astres, à vider les océans, à niveler les montagnes, à épuiser toutes les ressources naturelles de l'univers...
Et, voici une tombe fraîche, avec une croix plantée comme un poignard !

Les hommes, de plus en plus, défigurent le visage éternel du monde. Ils fauchent les forêts, font sauter les roches, détournent les rivières, captent les torrents, éventrent le sol...

Bientôt le monde ne sera plus qu'une plaine industrielle sous des fumées noires.
Plus rien de la nature libre ne subsistera.

L'esclavage des êtres et des choses sera total. Mais joie ! Le ciel étoile échappe encore aux convoitises humaines. Les feux célestes ne sont pas encore captés et l'éther reste inaccessible.
Au-dessus de l'universelle servitude le ciel subsiste inviolé.
Et lorsque je considère ce beau visage d'éternité auréolé d'astres, à la fois sombre et lumineux, soudain Je m'exalte : N'est-ce pas le visage de Dieu ?

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Message  Monique Lun 23 Fév 2009, 6:12 pm

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Hésitation


Ma pensée est comme un oiseau tremblant sur une branche. Que faire ? Sans doute il serait doux d'aller se poser sur le gazon parmi la fleurs.
Le ciel est bien vide ! On a beau monter, monter, jamais on n'atteindra le soleil Rester sur sa branche, entre ciel et terre ? — impossible ! Le choix doit être fait.
Deux sortes de joies : les joies terrestres, les joies célestes... Pour goûter les premières il suffit de se laisser choir. La conquête des autres demande un continuel effort.

N'est-il pas plus facile de ployer ses ailes et de se reposer à jamais parmi les fleurs ? Pourquoi hésiter ? Pourquoi dédaigner les plaisirs matériels pour s'élever désespérément dans l'azur vide, effroyablement vide ? Pour une idéale conquête ? — mais les formes aussi sont belles et la lumière et le miel sont cachés aux corolles o fleurs.

Est-il prudent d'abandonner la vie réelle pour une autre vie rêvée ?
Quel parti est le plus sage ? Lequel le plus beau ? Lequel le plus divin ?
La vie réelle sans doute émane de Dieu mais l'autre n'est-elle pas Dieu même? N'est-il pas douloureux pourtant d'arracher son amour aux étreintes délicieuses de la matière pour le spiritualiser dans le rêve ?

Lutte épuisante !Pourquoi suis-je tourmenté ainsi ? Pourquoi celui-ci et celui-là découvrent-ils leur voie de suite, sans hésitation et sans trouble ?
C'est la beauté surtout que je réclame. C est elle que je voudrais enclore à jamais éblouissante dans mon âme. C'est elle qui me donne la nostalgie des formes, qui me fait sans cesse hésiter entre le ciel et la terre.

Lorsque je la vois réalisée dans un être, dans une chose, je me sens attiré vers elle par son charme même. Je ne résiste plus.
Mais, chaque fois que j'ai pressé sur mon coeur la seule beauté matérielle, la nostalgie d'une beauté plus haute, plus pure, plus durable me reprend.
Plus je possède la beauté du monde et plus je me sens désespéré. Tout m'attire ici bas et rien ne peut me satisfaire... Mais qui peut me comprendre et me guider ? Mon Dieu, éclairez-moi...


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Message  Monique Mar 24 Fév 2009, 7:59 pm

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Victoire de la Matière


Pourquoi la matière nous occupe-t-elle ainsi ? Elle accapare presque toutes nos forces, toutes nos énergies. Lorsque l'âme songe à se recueillir, à communier avec la beauté infinie, notre sang, nos muscles, nos nerfs, parlent plus fort. Les voix intimes sont étouffées par leur tumulte.

Nous écoutons mais, nous ne percevons plus rien. La matière ne veut pas que le Divin parle en nous. Elle veut que soient closes les fenêtres et les volets fermés, pour que la lumière ne nous visite plus...
Sans cesse elle éveille de nouvelles tempêtes à travers nos nerfs pour que l'âme ne puisse s'abstraire...

Le flot rouge de notre sang emporte nos pensées; le cri de nos passions étouffe la plainte secrète de notre coeur... Avec douleur et angoisse nous voulons découvrir notre moi essentiel.
Nous sentons qu'une beauté idéale est en nous murée — mais la matière ne veut pas que nous découvrions sa pire ennemie... et elle ricane sur la pierre qu'elle pense à jamais scellée. Que lui importent nos regrets et nos larmes ! — elle veut dominer, elle veut que nous soyons asservis...

Périsse toute vie de l'esprit en nous et que la chair — hélas ! - s0lt notre prison à jamais...
Mais ne pouvons-nous nous libérer quand même ?

Mon coeur est une tour en ruines qui ploie sous les feuilles et les fleurs entrelacées. Les racines des lierres, des glycines, des rosiers, ont disjoint, une à une, les pierres.
Je meurs anéanti parmi les mille parfums, les mille frissons des feuilles et des fleurs. Bientôt, il ne subsistera plus que quelques débris sous un linceul multicolore et frémissant.

Jadis, sous les voûtes transparentes et dorées des futaies, les heures charmantes glissaient vers moi en guirlandes fleuries. Elles m'entouraient de rondes fraîches et de danses légères... Et leurs voix se modelaient au rythme gracieux de leurs danses.
Elles étaient la Vie, jeune, fervente, éternelle, venue à moi, les heures...

Dans les courbes lumineuses de leurs bras nus, dans leurs yeux vifs, sur leurs lèvres, je voyais palpiter la joie...
Oui, la joie était en elle comme dans les gazons tendres, dans les fleurs premières, dans la poudre d'or des rayons, dans ces oiseaux qui battaient des ailes et chantaient à la pointe des hêtres. La joie était en moi, fulgurante et douce, chantante et dansante avec les heures.

La joie, je la vivais, elle était dans chaque goutte de mon sang comme un soleil.
L'éternité bienheureuse, je ne la concevais que sous la forme de cette joie infiniment prolongée, l'âme toujours de plus en plus épanouie dans une sereine et pure lumière .
Et maintenant, mon coeur n'est plus qu'une ruine croulante sous le poids de toutes les illusions qui furent siennes et qui, jusque dans la mort, s'accrochent à lui, éperdument, encore.

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Message  Monique Mer 25 Fév 2009, 6:10 pm

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Mort de l'Idéal


Lentement se clôt la rose miraculeuse dont tant de siècles, tour à tour, ont été illuminés et parfumés et, en même temps qu'elle, l'âme du monde.

Au milieu des débordements de la vie matérielle, l'Idéal est une fleur qui se ferme...

Le ciel est éventré par d'audacieuses et massives architectures; de part en part il est traversé de machines volantes. Les forêts massacrées deviennent du papier: les rivières, de l'électricité.

Un inextricable réseau de fils, de tuyaux, de rails fait du monde une cage ou l'homme semble définitivement prisonnier.
Et c'est presqu'avec épouvante, que je regarde s'enfoncer ces trains illuminés comme de longs poignards d'or, au sein des nuits.

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Message  Monique Sam 28 Fév 2009, 6:17 pm

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Les Marchandes de Lumière


Paniers d'oranges, corbeilles de mimosas sur le trottoir, en ligne. Marchandes grelottant sous leur châle...

Les oranges sont des soleils dans les paniers; les mimosas des grappes de rayons dans les corbeilles, - sourire de la Provence dans la brume hivernale de chez nous !

Animés d'un même désir de soleil, des enfants tendent leurs mains rougies vers les fruits, des jeunes femmes tendent leurs mains gantées vers les fleurs.

Et moi, j'admire ces marchandes transies qui vendent de la lumière.

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Message  Monique Dim 01 Mar 2009, 6:11 pm

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Blanche sous des Fleurs...



Dans son corps charmant quelle fleur suprême d'une race s'épanouissait, longue et frêle... ?

Qu'il était pâle le sourire dont ses yeux tristes se doraient parfois? ses yeux vastes et profonds comme la mer et, comme elle, roulant des splendeurs naufragées...

Sous le poids de la vie, son âme ployait comme une herbe sous un insecte trop lourd...

On devinait en elle la présence de deux ailes tremblantes, toujours ouvertes, et prêtes à fuir...

Douce et mélancolique par les chemins du monde et pressentant
qu'elle ne pourrait se donner jamais, sa tendresse s'attardait.
Parfois, brusquement, toutes les blanches ailes de l'espérance frissonnaient en elle, par milliers et, comme un gai navire, entouré de mouettes, son âme bondissait sur les vagues...

Puis, ses regards s'embuaient d'une vapeur de larmes, larmes intérieures dont tout son coeur brûlait...

La mort était cramponnée à cette jeune vie et l'entraînait, chaque jour, peu à peu, vers l'immensité de l'ombre...

Oh ! pourquoi cette tige si droite, tendue vers le soleil, devait-elle, tout d'un coup, se briser ?...

Pourquoi devait-il se ternir le velours si clair de ces grands yeux ? et pourquoi ces traits si purs devaient-ils se durcir à jamais dans
la mort ?

La voici blanche sous des fleurs, et les paupières bleuies déjà ! Les dernières vagues de la vie se sont écroulées dans sa poitrine. Sur ce coeur, naguère encore traversé d'ailes blanches, comme une pierre, le Silence.
Et je songe, avec une détresse infinie, à toutes les destinées prématurément fauchées et je rêve, les yeux pleins de larmes, d'une floraison suprême de toute la beauté sacrifiée du monde, par delà la vie...

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Message  ROBERT. Lun 02 Mar 2009, 4:48 pm

Paradiso a écrit:
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Cathédrales englouties


Quelle ville engloutie fait tinter ses cloches, faiblement, au fond de moi-même ?
De quelle profondeur d'abîme monte cette plainte sourde, indéfiniment répétée, qui pleure vers moi ? De quelle tristesse lointaine, cet appel poignant ?

Avec angoisse, je me penche sur les ténèbres intérieures.
De quel siècle aboli, de quel âge disparu ce murmure voilé de cloches ?
Quelles âmes tendres chantent vers moi leur rêve à travers les siècles ?

Quel message veulent-elles me communiquer ?
Quelles détresses s'accrochent à moi comme des noyés à une épave ? Quels êtres veulent vivre de ma vie et, désespérément, renaître en moi ?

Cloches englouties, de quelles cathédrales jadis pleines de fleurs, de clartés, de prières ?
Encens évanoui, musique d'orgues, à jamais voilée, prières noyées, âmes errantes.

Que sont-elles devenues toutes les civilisations lumineuses, arbres d'or, jadis pleins d'oiseaux, toutes les civilisations à jamais englouties ?
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On peut le vérifier facilement en constatant que les INTRUS, non contents et ragant de tout détruire, de tout saccager la Liturgie, les Sacrements, les Lois de l'Église ont vomi leur haine jusque dans l'architecture qu'on peut "visionner" sur d'autres fils: le sous-forum LES ARTS RELIGIEUX.


Dernière édition par ROBERT. le Ven 19 Nov 2010, 2:17 pm, édité 1 fois
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Message  Monique Lun 02 Mar 2009, 6:36 pm

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Apaisement


Je ne résiste plus. Je n'ai plus de crainte et j'ai presque la paix.
Doucement, l'Heure est venue vers moi, voilée encore, mais lumineuse déjà.

Mon intelligence est rafraîchie, ailée de rayons, toute épanouie en Dieu.
Un fil d'or relie mon âme au Divin et je sens descendre en moi toutes les pures électricités du ciel.

Il me semble que je balbutie les premières syllabes d'une langue inconnue.
Il me semble que la joie va m'être enseignée pour que je puisse
l'enseigner à mon tour.

Mon coeur est une coupe débordante de tendresse infinie et il me semble que toutes les douleurs humaines, je pourrai maintenant comprendre et les apaiser.

Oui, je sens que je vais parler ou plutôt que quelqu'un parlera en moi et dira son amour par ma voix.
Mon âme va redevenir transparente et la lumière pourra veau la traverser.
O Joie ! joie recueillie faite d'amour et de silence et belle comme une étoile au fond d'un ciel d'été !

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Message  Monique Mar 03 Mar 2009, 7:31 pm

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Devant l'Autel



Me voici agenouillé au pied de Votre autel. La lampe rouge est comme Votre coeur devant moi.

Pourquoi m'avez-vous appelé? Pourquoi m'avez-vous dit: "Viens mon fils" ? Pourquoi suis-je là devant vous ? Pourquoi, dans mes yeux, tant de larmes ? Je penchais mon front dans la nuit et voici que vous me forcez à le relever dans l'aurore. Je sentais mon coeur épuisé et voici que vous l'avez comblé de richesses nouvelles.

Je me désespérais. Je me disais : "Jamais je ne trouverai une ex-pression à mon amour." - Et vous m'avez dit : "Toutes les paroles que tu devras prononcer, je les mettrai sur tes lèvres. Par toi-même ta n'es rien mais par toi, si je le veux, je peux donner la joie et la paix à ceux qui pleurent."

Seigneur, je suis humble et tremblant devant vous, presqu'effrayé de l'immensité de la grâce que vous avez voulu m'accorder.
Je n'ose presque pas accepter ce don prestigieux dont vous voulez ensoleiller à jamais mon âme. Jamais je n'aurais l'audace d'aller à vous si vous ne m'aviez appelé avec des mots si doux.
Votre amour est en moi c0mme une étoile et Je sens qu'elle me conduira jusqu'à la crèche de Bethléem...

Oh faites qu'en ce jour de Noël je renaisse avec vous...
Mon Seigneur et mon Dieu !...

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Message  Monique Mer 04 Mar 2009, 6:49 pm

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Sanglots vers l'Aube


Mon âme, pourquoi tant de lassitude et de tristesse soudain ? Il te semble qu'une très douce lumière au fond de toi-même s'est voilée.

Et tu n'oses plus bouger dans les ténèbres.
Tu ne discernes plus l'escalier d'or qui menait ton amour aux astres. Tu t'épouvantes d'entendre gronder, autour de toi, les abîmes.

Le regret du soleil te poignarde et tes pensées sont des cadavres d'alouettes dans les sillons.
Tous tes beaux désirs de pureté et de beauté sont des cygnes m à la dérive des flots noirs...

Tous tes clairs désirs de joie, des blés atrocement fauches.
Et, voici que, courbée sous la rafale, dans la nuit, désespère tu sanglotes vers l'Aube.

Jamais jeunesse, plus que la mienne, ne fut de lumière baignée. Tout le trésor des rêves m'avait été donné... Ma vie était déjà fleurie à son aurore...
Une extase continuelle m'éblouissait l'âme et je ne trouvais devant la Beauté que des mots d'adoration.

Jamais jeunesse, plus que la mienne, ne fut de lumière baignée. Tout le trésor des rêves m'avait été donné... Ma vie était déjà fleurie à son aurore...
Une extase continuelle m'éblouissait l'âme et je ne trouvais devant la Beauté que des mots d'adoration.

Mais l'ennemi guettait ! — Et tout ce que j'avais reçu, haineusement, il me l'a pris. Le beau paradis où mon âme vivait son rêve, m'a été brusquement fermé...
J'ai abandonné la Lumière, croyant trouver par delà les ténèbres, une autre lumière...

Je n'écoutais plus les douces voix plaintives qui pleuraient au fond de moi-même - et je ne voulais point voir les bras désespérés qui le tendaient...
Avec orgueil, je me suis précipité par des routes inconnues... et je n'ai rien trouvé rien trouvé...

Après tant d'années de souffrances, de désespoirs, d'angoisses, me voici revenu devant les portes toujours closes du beau paradis dédaigné. Je suis las d'avoir erré par tous les chemins du monde...
Mon corps et mon âme sont usés... Et, de tous les biens qui m'avait été donnés il ne me reste plus que le trésor des larmes.

Oh ! les portes du jardin miraculeux ne s'ouvriront-elles plus jamais devant ma misère et devant mon repentir ?
Et l'immense Tendresse, plus miséricordieuse que toute les ten dresses humaines ne se penchera-t-elle pas sur moi avec le sourire du pardon?
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Message  Monique Jeu 05 Mar 2009, 6:55 pm

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PAR LA GRÂCE DE SAINT FRANÇOIS D'ASSISE






Mon Coeur s'est brisé en Étoiles


Mon coeur, ce soir, s'est brisé en étoiles...
Il étouffait de contenir trop de force, trop de clarté, trop de joie... Le voici en miettes, à travers le ciel.
Je me sens délivré d'être ainsi répandu.

Je n'entends plus en moi ce tumulte qui m'assourdissait. C'est, dans mon âme, l'adorable silence des choses éternelles. Plus de rythmes violents, de sursauts, de chocs, de tempêtes...

Un lac paisible, fleuri de corolles blanches et de cygnes...
Plus rien de trouble, ni d'impur dans mon amour, un filtre divin le laisse s'éparpiller en gouttes d'or dans l'infini.

Devant moi, s'est apaisé la mer qui hurlait et ses vagues ne sont plus sur la plage que des dentelles et des fleurs où se jouent les doigts de la lumière.

Mon coeur, ce soir, s'est brisé en étoiles...
Il étouffait de contenir trop de force, trop de clarté, trop de joie... Le voici en miettes, à travers le ciel.
Je me sens délivré d'être ainsi répandu.

Je n'entends plus en moi ce tumulte qui m'assourdissait. C'est, dans mon âme, l'adorable silence des choses éternelles. Plus de rythmes violents, de sursauts, de chocs, de tempêtes...
Un lac paisible, fleuri de corolles blanches et de cygnes...
Plus rien de trouble, ni d'impur dans mon amour, un filtre divin le laisse s'éparpiller en gouttes d'or dans l'infini.
Devant moi, s'est apaisé la mer qui hurlait et ses vagues ne sont plus sur la plage que des dentelles et des fleurs où se jouent les doigts de la lumière.

Je n'ai plus d'âge. Je ne suis plus d'un temps mais de tous les temps. La jeunesse éternelle du monde palpite en moi. Mes pensées s'ouvrent avec les fleurs, jaillissent avec les blés, chantent avec les oiseaux.
Mon coeur, ce soir, s'est brisé en étoiles.

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Message  Monique Ven 06 Mar 2009, 6:10 pm

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Les Haleurs...


Coupés en deux par des sangles, six hommes tirent un lourd chaland à travers la plaine de Flandre...
On n'entend que le bruit rythmé de leurs sabots et le halètement de leurs poitrines.
Le câble, fixé au grand mât, racle les herbes longues de la rive. Les haleurs vont sans fin sous de tragique ciel d'hiver.
Ils vont, ils vont...

Leurs pauvres corps sont déformés par tant d'efforts démesurés. La bise cingle leurs visages mornes et tragiques comme le ciel. Aucune pensée derrière leurs fronts. La misère a complètement
vidé leurs cerveaux et leur âme est à jamais paralysée.
Ils vont, ils vont...

Il leur semble que c'est toute leur lamentable vie qu'ils traînent ainsi derrière eux, sans fin...

N'ont-ils pas été affamés et grelottants depuis toujours ? Aucune espérance ne peut plus illuminer leur détresse. Aucune douceur ne peut plus les apaiser. Ils n'espèrent rien. Ils n'ont jamais osé espérer.
Comme ce chaland est lourd ! et glaciale la bise ! Comme ces sangles leur entrent dans les chairs !

Ils vont, ils vont...
Le batelier repousse les rives avec une longue gaffe...
Au gouvernail une jeune fille chétive, au châle flottant, se cramponne.
Les glaçons refoulés font contre la coque un bruit monotone et doux.
Des mouettes tournoient en criant au-dessus du bateau et, parfois, s'abattent sur les eaux remuées où elles dansent un moment, comme des fleurs.

Ils vont, ils vont...
Ils ne voient point les mouettes se changer en fleurs !... Quelle poésie pourrait encore les toucher ?
Le visage et les mains bleuis, les membres de plus en plus raides, ils continuent leur travail de forçats...
Personne ne viendra donc à ces souffrants ?
Personne ne viendra leur dire : "Mes frères, réchauffez-vous, voici un beau feu de bûches pour dégeler vos mains, pour dégeler vos coeurs.
Un moment arrêtez-vous autour des flammes et que leur reflet soit comme un sourire sur vos visages."

Ce chaland devient de plus en plus lourd !
Les malheureux se demandent Parfois avec épouvante si ce n'est pas un immense cercueil qu'ils traînent, avec en lui, le bonheur du monde à jamais glacé...

Plusieurs ont clos leurs yeux et vont machinalement dans la nuit infinie de leur désespoir.
La plaine est comme écrasée sous un ciel livide.
Les tilleuls sont, au long du canal, des squelettes recroquevillés...

La jeune fille, au gouvernail, tousse affreusement.
Le batelier s'acharne avec sa gaffe comme s'il voulait éloigner la mort.
La neige commence à tomber...
Ils vont, ils vont...
Leurs silhouettes maigres et noires se courbent de plus en plus sous la rafale.
La neige est un suaire qui se déchire en mille morceaux dans leurs coeurs.

Tout à coup , l'un des misérables — sait-il lui-même pourquoi - se hasarde à murmurer quelques notes plaintives. Et, peu à peu, oh prodige! ce murmure devient un chant, ma chant sourd, poignant, arraché du plus profond de sa poitrine, un chant qui est une plainte, presqu'un sanglot, un vieil air flamand grelottant comme eux, un air navrant qui, au cours des âges, n'a jamais retenti que sur des lèvres de parias.

Il chante !
Et d'abord les autres, avec une sorte de stupeur l'écoutent, puis, lun après l'autre, ils unissent leurs voix à cette voix chevrotante.
Ils chantent !

Ils chantent pour oublier leur effroyable peine et l'absence douceur, de toute tendresse, de toute espérance. Ils chantent !
Pour oublier la vie, l'hiver, le monde, pour s'oublier eux-même Ils chantent dans le vent glacial, dans la neige. Ils chantent ployés en deux.
Ils chantent les yeux brûlés de larmes.
Ils vont, ils vont...

Et leur chant se prolonge; il leur semble que des millions d'êtres douloureux unissent leurs voix à la leur et que toute l'humanité, à travers les siècles, chante et pleure avec eux.
Coupés en deux par des sangles, six hommes tirent un lourd chaland à travers la plaine de Flandre...
Ils vont, ils vont...

Sans le voir, ils passent devant un grand crucifix de pierre, érigé au bord du canal...
Ils passent sans voir le supplicié divin qui, de son doux regard mélancolique, les suit...
Ils passent !

Leur voix est pleine de sanglots. Leur chant a la beauté infinie d'une prière jaillie du plus profond de la misère humaine, et s'essayant à monter vers Dieu.
Ils chantent les yeux brûlés de larmes.
Ils vont, ils vont...

Et leur chant se prolonge; il leur semble que des millions d'êtres douloureux unissent leurs voix à la leur et que toute l'humanité, à travers les siècles, chante et pleure avec eux.
Coupés en deux par des sangles, six hommes tirent un lourd chaland à travers la plaine de Flandre...
Ils vont, ils vont...

Sans le voir, ils passent devant un grand crucifix de pierre, érigé au bord du canal...
Ils passent sans voir le supplicié divin qui, de son doux regard mélancolique, les suit...
Ils passent !

Leur voix est pleine de sanglots. Leur chant a la beauté infinie d'une prière jaillie du plus profond de la misère humaine, et s'essayant à monter vers Dieu.
Et voici une toute petite lumière en eux, une étoile tremblante au
fond de leur épouvantable nuit intérieur... Un miracle? Dieu leur a-t-il répondu ?
Eux qui n'ont jamais osé regarder les étoiles voici qu'ils voient
poindre une étoile dans leur coeur !
Dans leur ravissement ils oublient de poursuivre leur chant et une à une leurs voix se taisent...
Quelque chose d'infiniment tendre et doux berce leur âme. Quel est ce petit enfant merveilleux qui, en eux-mêmes, leur tend les bras?
Noël! Serait-ce Noël enfin!...

Ils n'osent ouvrir les yeux de peur de voir fuir la radieuse vision Ils ne sentent plus la fatigue, ni le froid, ni la faim.
Une vie nouvelle, une vie de douceur et d'amour leur tend les bras.

Est-ce possible ?
Tout doucement leurs fronts se relèvent et voici qu'ils osent regarder.
Déjà la ville est proche avec ses lumières en bouquets dans le soir qui vient.
Ils regardent avec d'autres yeux, avec une autre âme, si allégée si
paisible, si débordante de joie inconnue.
Pour la première fois peut-être ils sentent fleurir en eux une espérance et, devant la ville illuminée, ils se prennent à songer à quelque vague cité promise.
Tandis que, là-bas, le Crucifié incline plus profondément sa tête couronnée d'épines comme si, à l'immensité de sa souffrance, il avait encore ajouté celle de ces misérables.

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Message  Monique Sam 07 Mar 2009, 6:36 pm

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Le sourire de Saint François d'Assise


Tu es venu vers moi avec, sur tes lèvres et dans tes yeux... l'aurore.
Tout l'amour chantait dans ta voix, toute la joie dans ton enseignement, toute la poésie dans ta pensée.
J'ai baissé mon front orgueilleux et mes yeux se sont remplis de larmes.
Déjà, à mon âme tremblante, tu parlais comme jadis tu avais parlé aux oiseaux.

Pour la toucher tu trouvais des mots que jamais personne n'avait trouvés.
Une cigale chantait sur ton doigt, tu l'as déposée dans mon coeur et tu as murmuré : "Plus que jamais, chante, cigale." Et l'insecte s'est mis à chanter en moi éperdument.
Tu as levé tes bras dans le ciel plein d'hirondelles et tu as supplié : "Mes soeurs les hirondelles, bâtissez en lui un nid de lumière où "toute sa vie pourra renaître, battre des ailes et chanter Dieu." Et les hirondelles, par centaines, sont venues vers moi, avec, au bec, des rayons.

Un agneau te suivait et tu m'as demandé : ''Caresse mon frère l'agneau" — et il m'a semblé que par cette caresse mon âme devenait toute blanche.

Tu tenais l'Enfant-Dieu dans tes bras triomphants et tu me l'as tendu dans un sourire en murmurant : "Laisse-toi aimer."
Sans horreur tu t'es penché sur ma misère, comme jadis tu te penchais sur les ulcères des lépreux. Avec quel baume divin tu as guéri mon âme !
J'étais mort à toute vie supérieure. Je longeais l'abîme avec l'envie de m'y précipiter.

Et, soudain, ta tendresse, lumineuse colombe, a traversé ma nuit et ses ailes de flammes se sont closes, éblouissantes, sur ma douleur.
J'étais sans confiance, sans élan, sans amour, et voici que tu as rallumé sur l'autel tous les cierges ardents de la beauté et de la joie. Mes lèvres ne murmuraient plus que des mots de lassitude et de dégoût et tu m'as appris à balbutier l'Hymne au Soleil."
O François, tout l'amour que, durant tant d'années j'ai cherché par toutes les routes de la terre et du ciel, tu me l'as donné dans un sourire !

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Message  Monique Dim 08 Mar 2009, 6:35 pm

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Un Baptême d'azur et d'or.


Jamais âme, plus que la tienne, ne fut débordante d'amour... ton âme, coupe d'azur céleste où montait sans fin le jaillissement d'or des astres.
Et la voici, à travers les siècles, goutte à goutte, répandue!... Baptême d'azur et d'or qui nou
s rend dignes de posséder l'indicible amour.

Comme une forêt dans l'aube, notre pensée est, par toi, rafraîchie. Par toi nous est donné un bonheur qui dépasse tous les bonheurs, un bonheur que nul ne peut nous ravir, un bonheur fait de rosées, de reflets, de parfums, d'harmonies...

Par toi nous est donnée la naïveté délicieuse des anges et des petits enfants.
Oh dresse-toi, lumineux et grave, devant l'avenir et beau comme un archange !

Dis-nous que l'humanité n'ira pas toujours par des chemins sanglants et que le ciel ne sera pas toujours troué d'incendies.
Dis-nous que l'Amour est né, vraiment que, tôt ou tard, il sera le seul Maître, et qu'un jour le monde aura l'apaisement d'un champ de blés dans une éternelle lumière.

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Message  Monique Lun 09 Mar 2009, 6:49 pm

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Laissez venir à moi les petits enfants



Après une marche épuisante sous le chaud soleil de l'Ombrie, François avait pénétré dans ce village vers le soir.
En tout premier lieu il avait été saluer Jésus au Tabernacle et, maintenant, il se reposait sur une grosse pierre devant le porche de l'église. Les enfants du village — qui le connaissaient bien — s'étaient groupés autour de lui.
"Laissez venir à moi les petits enfants" avait dit un jour le Maître.

Comment François d'Assise — en tout semblable au Christ — n'aurait-il pas répété ces mêmes paroles avec une même tendresse ? Comme Jésus, il caressait les têtes blondes ou brunes et s'émerveillait de voir les tout-petits venir à lui en titubant. Il ne se lassait point de répondre aux questions naïves, mille fois répétées : "Comment fais-tu pour que se taisent les hirondelles quand tu prêches ?" — "Pourquoi as-tu racheté ces colombes au petit Beppo ?" — "Pourquoi as-tu échangé ton manteau contre un agneau ?"

Mais rien ne pouvait charmer François comme la douce musique de ces voix pures enchevêtrées. Il lui semblait que cette lumineuse guirlande de jeunes vies le séparait à tout jamais des méchancetés et des haines du monde.

La joie de ces enfants ressemblait tellement à la sienne !
Le soleil, les fleurs, les nuages n'étaient-ils pas pour eux, comme
pour lui, merveilles !
Rêve exquis : enseigner la bonté, la beauté, l'amour, à une toute première humanité que rien n'avait encore pu ni déformer, ni souiller.

Elever ces âmes innocentes vers une vie qui serait lumière, candeur, harmonie, s'épanouissant en Dieu.
"Laissez venir à moi les petits enfants"! Presque malgré lui ses lèvres balbutiaient ces paroles du Sauveur... Et il songeait : Quelle plus délicieuse tendresse Jésus avait-il rencontrée ici-bas celle, toute spontanée, toute fraîche, des enfants de Galilée ? N'était-ce pas elle qui l'avait consolé des affronts, des avanies dont l'accablaient pharisiens et scribes ?

Avec leurs bras levés, leurs lèvres souriantes, leur cœur pur ces petits n'étaient-ils pas déjà l'humanité qu'il rêvait ? Entre les maisons claires et les jardins fleuris n'étaient-ils pas toute la joie qu'il voulait donner au monde ? Celle qu'on possède sans l'avoir désirée, sans l'avoir cherchée, simplement parce qu'on aime... Et, François songeant à tout cela, s'exaltait. Pourquoi ne serait-il pas celui qui réapprendrait aux hommes à balbutier la vie avec les petits enfants ?

Plus de vaine jactance et plus d'orgueil, soumission et confiance absolues; se laisser conduire pour ne plus s'égarer. Mais, tout de suite, il pencha son front avec humilité en murmurant : "Pourquoi moi ? Pourquoi moi ?"
Puis, en souriant, il recommença à caresser les têtes blondes ou brunes.

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Message  Monique Mar 10 Mar 2009, 6:12 pm

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La Noël de Grecchio


Les flammes des cierges constellaient la grotte obscure de points d'or...
Sur la crèche vide se penchaient l'âne et le boeuf.
Reconstitution naïve ! Toute la candeur de la nuit merveilleuse de
Bethléem ressuscitée !

François, bras étendus, priait dans l'extase. Il ne se lassait point de considérer le boeuf et l'âne et souriait à la crèche vide. Oh c'était bien ainsi qu'il avait rêvé dans son coeur simple la pauvre demeure où devait naître Jésus.

Noël, Noël, chantaient des voix innombrables. Des pèlerins, avec des torches, arrivaient sans discontinuer.
Au fur et à mesure qu'ils approchaient, ils s'agenouillaient en silence autour de François.
L'on ne percevait plus que le crépitement des résines et, parfois, le roucoulement étouffé d'un ramier qui rêvait sous les feuilles.

Mais, dans le lointain, des milliers de voix continuaient à chanter : Noël ! Noël ! et les plaines et les montagnes, à l'infini étaient illuminées de flambeaux en marche.
Lentement, avec une joie indicible, François laissait son âme se pénétrer de toute la magnificence de l'ombre étoilée; en lui, déjà, des milliers d'anges chantaient "Gloria in excelsis Deo".

Un prêtre vint dire l'office divin devant la crèche pour que le Sauveur, sous les espèces saintes, fût présent. Puis, des milliers de voix, supplièrent : François ! François ! François !
Plusieurs fois déjà, le Bienheureux avait voulu parler mais l'émotion, trop forte, l'étranglait.

Sans cesse, ses regards se reportaient sur la crèche, avec une admiration toujours renouvelée.
Soudain — parmi la paille — il vit un enfant merveilleux qui lui tendait les bras et, dans l'ombre, les visages de Joseph et de Marie. Son coeur se fondit de tendresse; sa langue se délia subitement et toute la joie qui le comblait put enfin s'exprimer.

Lentement, il se tourna vers la multitude et étendit les bras dans un geste immense de miséricorde et de joie.
Là-haut tressaillaient les étoiles, là-bas les flammes des torches — et le saint croyait parler entre deux firmaments.

"Noël ! Noël ! Noël ! — Nuit, à la fois, rayonnante et voilée !
Noël ! Pour la première fois la coupe des tendresses infinies est
tendue vers nos lèvres avides...
Voici que nous avons trouvé Celui que, depuis tant de siècles, par tous les chemins du monde, nous avons cherché ! Avant sa venue, seules, les haines, les violences étaient reines. Par Lui, l'Amour, splendidement, nous est donné.

Noël ! Chaque étoile est une porte d'or brusquement ouverte... et
les anges par milliers glissent vers nous.
L'enfant de Bethléem vous sourit, là, dans cette crèche.
Et, par ce sourire, une beauté nouvelle vous est révélée.

Par ce sourire vous est révélée la beauté suprême de la souffrance.
Un jour, cet enfant vous dira : "Venez à moi, vous qui pleurez, et je vous soulagerai."
Maintenant, il ne peut encore que sourire mais, toutes les paroles adorables qu'il prononcera plus tard, dans ce sourire, resplendissent déjà.

Oh voyez, il vous tend les bras ! Songez-y : un Dieu vous tend les bras et, non pas un Dieu brutal et sanguinaire tel que le paganisme en pouvait enfanter, mais un Dieu d'amour, qui ne veut pas être votre bourreau mais votre victime.
L'enfant de Bethléem ! C'est bien lui qui est là, devant vous, tout petit.
S'il ouvrait ses mains mignonnes, dans chacune d'elles, vous verriez palpiter une étoile, mais, l'heure où le semeur divin répandra à travers les siècles de prodigieuses semailles n'est pas encore venue.

Ce n'est qu'un enfant ! Mais, dans son coeur, tout l'amour infini palpite déjà.
Agenouillez-vous devant lui, avec les anges, avec les bergers, avec les mages. Ne lui offrez point de fastueux présents, mais seulement votre coeur humain, votre pauvre coeur déchiré, votre coeur sanglant.
L'enfant de Bethléem ! Hélas, hommes — oh malheureux ! — un jour vous immolerez ce doux enfant qui vous sourit. Il vous apportait la joie, il vous apportait la plus lumineuse des tendresses, il vous apportait la paix.

Il venait pour être votre frère, pour partager votre douleur, pour sécher vos larmes.
Et vous, vous le clouerez, sans pitié, sur une croix, sauvagement !
C'est seulement lorsque vous le verrez qui vous regarde, tristement, du haut de son supplice que, tout d'un coup, votre coeur se fondra et que vous sangloterez "Mon Dieu, mon Dieu, pardon".
Et Lui, malgré sa douleur infinie, se penchera sur votre désespoir et votre repentir, murmurant avec des paroles qui dépassent l'amour "Mon fils ne pleure plus."
Prodige ineffable ! Ce sera celui que vous aurez martyrisé qui vous consolera. Du haut de cette croix d'infamie, une idéale lumière s'irradiera et l'Amour, pour la première fois, pleurera, en larmes de sang, sur l'effroyable misère humaine."
Epuisé d'émotion, François se tut. L'ombre était pleine de sanglots.
La brise agitait les flammes des torches et, dans les ténèbres, passait un frémissement de sang et d'or.
Devant la joie de cette nuit de Noël, un moment, la croix du calvaire s'était dressée.

Mais, l'enfant souriait dans la crèche et, peu à peu les ténèbres du Golgotha se dissipèrent dans ce sourire.
Et François pressentit que la lumière de ce sourire, un jour, serait
victorieuse de toutes les ombres accumulées...
La joie rentra en lui, plénière.
Sa voix s'éleva de nouveau ardente, impétueuse...

"Ne pleurez plus ! alors que chantent les anges. Oubliez toute tristesse devant le sourire de cet enfant.
La croix du calvaire ne dominera pas toujours le monde. Le grand jour de la Joie, malgré tout viendra... et cette croix ensanglantée brusquement, deviendra une croix de roses.
Et tout le sang répandu pour elle, à travers les siècles, fera du monde, à perte de vue, des champs de roses.
Derrière la croix du Calvaire se cache la plus merveilleuse aurore que jamais les hommes ont pu rêver.
Et cette aurore regardez-la poindre, dans le sourire de cet enfant...

Noël ! Noël ! nuit à la fois rayonnante et voilée, rayonnante de contenir des promesses de soleils, voilée de contenir le secret des tendresses infinies."
Et, dans une exaltation formidable, tous les pèlerins avec François clamaient Noël ! Noël !... tendaient leurs torches en offrandes vers le ciel... et, c'était comme si, soulevées par l'éloquence du Bienheureux, toutes les âmes humaines étaient devenues de flamme et montaient vers Dieu.

Noël ! Noël ! toutes les espérances du monde, toutes les angoisses de millions d'êtres tressaillaient dans ces cris éperdus...

Noël ! Noël ! clameurs si fortes, si ardentes, si profondément jaillies
des âmes qu'après sept siècles je les entends encore retentir en
moi...

Et, l'un des derniers de cette foule, le coeur débordant d'un même formidable espoir je crie : Noël ! Noël !... et je crois voir l'ombre immense de François se dresser éperdue devant la grotte illuminée.

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Message  ROBERT. Mar 10 Mar 2009, 7:47 pm

.

En lisant votre post LAISSEZ VENIR À MOI LES PETITS ENFANTS, je me sens redevenir un tout-petit de Jésus...
ROBERT.
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Message  Monique Mer 11 Mar 2009, 11:39 am

Car seul, qui redeviendront tout-petits, rentreront dans le Royaume des Cieux !!!
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Message  Monique Mer 11 Mar 2009, 6:15 pm

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Le Sermon aux Oiseaux



Dans la basilique d'Assise, Giotto poursuivait son travail pour la gloire de Dieu et l'exaltation de François...
En ce moment, cette parole du Saint chantait surtout à ses oreilles :
"Je veux prêcher à mes frères les petits oiseaux". Mais, comment traduire, avec la seule couleur, la poésie et la naïveté de ce langage ?
Et Giotto, dans sa rêverie, s'imaginait François entouré d'un petit peuple ailé qui voletait parmi des arbres bleus dans un paysage d'or.

Autour de la basilique tournoyaient les hirondelles et leurs ombres passaient et repassaient sans cesse derrière les vitraux et leurs cris, dans la lumière, étaient encore de la lumière.
Parfois l'une d'elles entrait par le portail entrouvert et tournoyait autour des piliers.
Et, pour peindre son rêve, Giotto eut voulu que son pinceau fut doux comme la caresse d'une aile...

« Je veux prêcher à mes frères, les petits oiseaux". C'était dans ces paroles peut-être que François avait mis ce que son amour contenait de plus fin, de plus délicat ! sans doute, parce qu'il Savait que, par delà les oiseaux, les hommes l'écouteraient et que ses paroles deviendraient, à leur tour, ailées et s'éparpilleraient à travers les âges.

"Parler aux oiseaux...!" — ricaneront les beaux esprits... Mais l'Amour s'en voudrait de mépriser la moindre des créatures. Le ciel n'est-il pas enclos dans l'oeil d'une alouette aussi bien que dans le nôtre ? et le rythme qui fait battre ce coeur minuscule et chanter ce gosier n'est-il pas, aussi bien que pour nous, le rythme grandiose de la Vie ?

Avec quelle souffrance François ne devait-il pas songer parfois aux hommes tueurs d'illusions et tueurs d'oiseaux, à tous ceux qui haïssent d'instinct ce qui vole, ce qui chante, ce qui rayonne...!

Le sermon aux oiseaux, mais c'était l'appel aux formes les plus humbles de la vie. C'était l'intelligence élevant jusqu'à elle l'instinct. C'était, entre la vie supérieure et la vie inférieure, une fraternité exquise. Lorsque François sentait palpiter entre ses mains le corps tiède d'une colombe, sans doute lui semblait-il que son amour le reliait par cet oiseau à des millions d'êtres et que la paix entre toutes les créatures était signée.

Et, lorsqu'après avoir approché de ses lèvres cette jolie chose ailée, il la lançait ensuite vers le ciel, il lui semblait que c'était l'amour à jamais délivré qui jaillissait vers Dieu.
Et, Giotto, avec toutes ces claires pensées bruissantes dans son cerveau et dans son coeur, poursuivait son oeuvre et, parmi toutes les fresques dont il avait déjà décoré la basilique, celle-ci lui semblait la plus émue.

Ses lèvres, presque inconsciemment murmuraient sans cesse : "Je veux prêcher à mes frères les petits oiseaux".
Et, parfois, il souriait de percevoir derrière lui le furtif claquement d'une sandale — quelque novice qui venait rêver, un moment, devant cette nouvelle évocation de la vie merveilleuse de son Père François.

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Message  Monique Jeu 12 Mar 2009, 6:17 pm

L'ÂME RETROUVÉE Assise_Francois

PAR LA GRÂCE DE SAINT FRANÇOIS D'ASSISE






Saint François d'Assise et le Miracle de la Beauté


La beauté des choses est presque l'âme des choses puisqu'elle reflète Dieu.
Lorsqu'on goûte la beauté on goûte Dieu.
Le plus doux moyen de s'élever jusqu'à la Divinité c'est de suivre le sentier lumineux de la Beauté.
Saint François d'Assise, toute sa vie, a rêvé dans ce sentier... De là sa perpétuelle exaltation...

Il était ravi en Dieu parce qu'il était ravi en la Beauté... La Beauté ! — C'est Dieu parmi nous.
Une âme ne possède Dieu que pour autant qu'elle possède la Beauté.
La beauté n'est jamais matérielle; elle est un rayon d En-Haut qui anime les choses.
La Beauté est l'ange qui mène le plus d'âmes à Dieu. Saint François l'avait bien compris.
Jamais un artiste n'avait mieux possédé la beauté. La Beauté, il la Vivait, elle éblouissait son coeur et ses yeux...

Chaque fois qu'il rencontrait la Beauté, il adorait parce qu'il sentait la présence de Dieu...
Lorsqu'il contemplait une fleur, il voyait en elle condensées toutes les splendeurs célestes. Dans un chant d'oiseau il entendait chanter les anges.

A ceux qui disaient : Dieu est invisible, nous ne l'avons jamais vu, nous ne croyons qu'à ce que nous voyons. — "Sans doute", répondait-il, " la Beauté, c'est Dieu parmi nous. Lorsque notre frère le soleil se lève à l'horizon, Dieu est dans la splendeur de ses rayons. "Lorsque notre soeur l'eau chante sous les feuilles c'est la tendresse de Dieu qui nous parle, adorablement cachée. L'arc-en-ciel, après l'orage, c'est le sourire de Dieu."

O Saint François d'Assise, âme illuminée de fleurs et traversée d'oiseaux, par le miracle de la beauté, je t'en supplie, change le monde...

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