L'AMOUR DIVIN, source de vie profonde

L'amour vrai de Dieu ne réside pas dans le sentiment, ni dans l'impression, qui sont passagers, instables et dont on n'est pas maître du tout. Cette première distinction est capitale, sans cela on s'aiguille mal. Sentiment et impressions ne sont que la manifestation, la répercussion de l'amour dans la partie sensible de l'être humain ; ils ne sont pas absolument nécessaires à l'amour véritable qui, lui, réside dans la volonté.

Si on se laisse guider par le sentiment, celui-ci, par ses fortes impressions, arrête la volonté, change l'amour très facilement en égoïsme et pousse à la recherche du plaisir pour le plaisir.

L'amour vrai de Dieu ne réside pas non plus dans le plaisir. Celui-ci ne consiste que dans la satisfaction de l'être matériel et sensible, par ses divers sens et fonctions. Il est superficiel, passager, matériel, comme le sentiment auquel il est souvent uni.

Tout amour vrai incite à sortir de soi, à se dépasser, pour se donner à un autre : c'est un don. Or tout don se manifeste par des actes, un effort, une peine, un sacrifice même. L'amour de Dieu aboutit au devoir et le devoir suppose l'idée de sacrifice.

Il y a bien, dans l'amour vrai de Dieu, une grande joie, celle de se donner, mais c'est la récompense du devoir, la joie du sacrifice, sa conséquence normale (elle ne le précède pas d'ordinaire). Notre pauvre nature tend à rechercher avant tout la joie ou le plaisir d'aimer Dieu et d'être aimé par Lui, ou même le plaisir pour le plaisir, se refusant à toute peine et tout sacrifice.

L'amour vrai de Dieu ne réside pas non plus dans l'égoïsme qui consiste à se replier sur soi, à se préoccuper exclusivement de soi, à se complaire en soi, à se mettre au commencement et au terme de tout ce que l'on fait.

Toutes ces déviations sont le fait du péché originel qui a tout bouleversé. Il a semé l'anarchie dans nos facultés qui ont peine à retrouver un sain équilibre pour rester dans la ligne du véritable amour. La grâce divine nous aidera à redresser ces tendances défectueuses.

L'amour véritable suppose que l'on aime rien d'autre, ni personne ni soi-même, plus ou autant que Dieu. Car on ne peut aimer à la fois Dieu et l'argent ou les autres créatures. Le cœur humain ne peut être ainsi partagé et rester loyal pour l'amour, dans l'ordre humain. Notons-le tout de suite, dans l'ordre de la charité, le cœur s'élargit et devient au contraire, par l'effet de la grâce, capable d'aimer tous ses frères en Dieu et pour Dieu.

Aimer suppose qu'on ne se laisse pas arrêter par les choses qui nous entourent. Tout a une valeur inférieure à l'homme, qu'il s'agisse de biens, d'argent, d'affaires personnelles, de propriété, d'oeuvres, de travail intéressant ou non, de détente, de nature, d'art, de santé, de conditions de vie faciles ou difficiles, etc. Tout est pour l'homme et l'homme est à Dieu ; cela est encore plus vrai quand il s'agit d'un apôtre, d'un ministre du Seigneur.

Quand on est artiste, sensible à tout ce qui est beau et grand, quand on vit dans un milieu humain paganisé comme celui d'aujourd'hui, où toutes les préoccupations matérielles l'emportent sur les spirituelles, on rencontre alors une difficulté certaine à aimer Dieu, comme il faut.

Aimer suppose qu'on ne se laisse pas non plus arrêter par une attache déréglée à soi-même. L'abnégation est l'envers de l'amour, elle veut que pour aimer on se laisse, on se dépasse, on s'abandonne. Il ne faut pas agir pour soi, ni se mettre au début et au terme de ce qu'on fait. Il s'agit de se lâcher vraiment, de se détacher de son petit « moi > bien complètement, de s'oublier. Pour mettre Dieu au commencement et au terme de ce qu'on fait, pour se donner, il faut se laisser ; le don suppose détachement. Il y a en nous de ces recherches de soi inconscientes qui nuisent à l'amour. Elles entretiennent le pli pervers du retour à soi.

Aimer suppose qu'on abandonne sa volonté propre pour prendre celle de Dieu, et cela constamment. Ce qui revient à renoncer à sa liberté, à se laisser prendre tout entier, à chaque instant, par le devoir d'état du moment présent, afin que l'amour grandisse dans le cœur, sans se préoccuper d'un travail qui semble ne pas avancer, d'une chose qui n'est pas accomplie, sans tenir compte de ses désirs et de ses goûts. H s'agit de se détacher de toute préoccupation, dans la paix et dans l'ordre.

Il faut que la volonté divine se substitue à la volonté humaine et celle-ci doit préférer celle-là, l'accepter avec empressement, se fondre en elle. Ce détachement de la volonté est celui où les âmes ont le plus de progrès à accomplir mais c'est aussi l'escalier le plus rapide pour atteindre la sainteté.

La sainteté, c'est la conformité, en toutes circonstances, de la volonté de l'homme à la volonté de Dieu ; c'est la volonté humaine se fondant dans la volonté divine signifiée par la loi, les commandements et même par les conseils ; c'est l'absence de péché et d'imperfection. En effet, toutes les imperfections, les fautes, les résistances aux moindres inspirations de la grâce du Divin Esprit, viendront de la volonté propre dressée, révoltée contre la volonté de Dieu.

Il y a toute la gamme du volontaire, depuis les mouve ments d'ordre instinctifs, réflexes, en passant par l'éveil de la conscience, jusqu'aux résistances et aux péchés pleinement consentis.

Aimer suppose qu'on ne se laisse pas arrêter par l'agréable, par ce qui plaît ou au contraire par ce qui est dur et pénible. Il ne faut plus penser à notre bien-être, à nos aises, à ce qui procure du plaisir, il ne faut pas rechercher uniquement la jouissance, ni se laisser stopper par la difficulté en refusant de souffrir. Toutes ces choses : joie, plaisir, douleur, au lieu d'être une occasion d'arrêt, peuvent et doivent être, au contraire, des moyens d'accroître notre amour, de détacher notre volonté pour la calquer sur celle de Dieu qui permet et ordonne les peines comme les joies.

L'amour divin est très délicat, un rien peut le blesser, l'amoindrir ; il est indispensable de le conserver dans toute sa pureté. Cependant il convient de rappeler qu'en aimant d'abord intensément le Bon Dieu et en s'unissant à Lui, on arrive naturellement au renoncement. L'amour vrai est exclusif, jaloux, pur de tout alliage.

A) C'est un besoin de nos facultés.

D'après ce que nous venons de voir, nous nous apercevons qu'il y a beaucoup d'objets, de créatures qui se dis-putent l'âme humaine, qui s'offrent à l'intelligence, à la volonté, au cœur humain, et qui leur semblent leur bien propre, le meilleur.

Tous ces objets sont des moyens qui tendent à devenir des fins. C'est le fait de la tentation du démon, de la concupiscence, de l'enténèbrement de l'intelligence, de la faiblesse de la volonté, du dérèglement du cœur.

Il faut à l'âme une grâce particulière et constante pour qu'elle ne se laisse pas entraîner par tous ces faux appâts, et qu'elle reste envers et contre tout centrée sur l'amour vrai de Dieu. A vrai dire pour y arriver, il faut que l'intelligence, la volonté, le cœur, soient déjà pris par un grand amour du Seigneur et Lui soient déjà fortement attachés.

En effet, ces facultés ne peuvent pas se passer d'un objet, de leur objet. Comme la nature, elles ont horreur du vide. Lorsqu'elles ne sont pas occupées, remplies par l'amour divin, elles se tournent vers l'amour humain, et vers les choses de la terre, pour s'y attacher.

Mais elles ne tardent pas à se révéler malheureuses et inquiètes, car leurs besoins sont trop profonds, trop infinis, pour qu'elles soient pleinement satisfaites et comblées.

A) C'est un besoin de nos facultés.

Lorsque le psalmiste s'écrie : « Mon bien, c'est d'adhérer au Seigneur », il ne fait qu'énoncer une évidence. Il n'y a que l'amour de Dieu et Dieu seul qui puissent donner à nos facultés, leur vrai Bien.

Il nous faut donc chercher en Dieu seul tout ce qui nous manque : nous ne le trouverions nulle part ailleurs. Il s'agit de garder notre âme à Dieu, de nous donner continuellement à Lui ; c'est notre besoin d'affection qui doit nous y pousser. Ce besoin est une recherche pour être comblé, pour parvenir à la paix. Aucune action, aucune créature en elle-même, ne pourra jamais nous satisfaire, en dehors de Dieu, car ce serait toujours une affection non comblée qui nous apporterait ennui, déception et regret au fin fond du cœur.

Il n'y a que Dieu qui puisse satisfaire pleinement toutes nos aspirations profondes, celles de notre intelligence de notre volonté, de notre cœur, car Il est la fontaine d'eau vive, la source éternellement jaillissante d'amour et de vie éternelle. Il peut donner sans jamais s'appauvrir : plus on Lui demande, plus Il nous donne et plus Il nous comble.

A la différence des créatures qui ont les mêmes besoins réciproques et ne peuvent pas y répondre l'une pour l'autre (leurs besoins restent deux besoins insatisfaits, deux souffrances), Dieu en se donnant, car il est l'Amour, prévient toute recherche nouvelle, tout besoin de posséder. Il apporte au cœur l'apaisement, avec la lumière pour l'intelligence et la force pour la volonté. Le dévouement, le don de soi, le devoir, les sacrifices deviennent alors possibles.

La plus simple psychologue nous montre donc que l'amour divin est une nécessité pour nos facultés qui ne peuvent absolument pas s'en passer (1).

B) Il est le tout de la religion.

L'amour du Bon Dieu est aussi le tout de la religion, de la vie divine. Jésus l'a affirmé dans l'Evangile : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit. » C'est le plus grand et le premier commandement. Le second lui est semblable :« tu aimeras ton prochain comme toi-même. » De ces deux commandements toute la Loi dépend et les Prophètes » (2).

Tout le Christianisme se résume dans l'amour.

La foi et l'espérance doivent aboutir à l'amour ; toutes les vertus, toute la vie surnaturelle, tout le dogme, tous les moyens de sanctification, toute la morale, doivent aboutir à l'amour.

Le Dogme n'est pas autre chose que l'histoire de l'amour de Dieu à notre égard, et la morale, l'expression de notre amour pour Dieu.

C) Il ne s'allume dans le cœur qu'au souvenir de l'amour que Dieu nous porte.

L'amour profond pour Dieu ne s'allume dans les âmes que par la conviction que l'amour de Sa part est très profond et désire être payé de retour.

Il en est d'ailleurs ainsi dans l'ordre humain lorsque l'amour naît chez un individu d'abord puis chez un autre ensuite ; le premier attend que le second réponde à son amour avant d'en arriver au stade de l'échange de dons mutuels, et c'est à ce moment seulement que l'amour est actif et qu'il produit ses fruits.

Il y a des degrés dans l'amour et des différences dans la correspondance à l'amour ; il y a des retards, des piétinements, des arrêts, des illusions, des ombres, des nuits ou des jours lumineux.

Ce que nous enseignent la foi et la raison, c'est que Dieu nous a aimés le premier, et cela de toute éternité, pour nous créer préférablement à beaucoup d'autres êtres possibles, en nous faisant (grâce à l'Incarnation et à la Rédemption) participants de la vie divine par le Baptême (...) en nous permettant de recevoir une éducation chrétienne et, avec l'aide de la grâce, de nous sanctifier au cours de notre vie terrestre et d'atteindre ainsi le bonheur éternel.

C) Il ne s'allume dans le cœur qu'au souvenir de l'amour que Dieu nous porte.

C'est notre histoire personnelle, que nous devons aussi revoir pour y trouver, inscrites en lettres de feu, la trace de l'amour divin : que de grâces, que de démarches, que d'appels du Seigneur depuis l'âge de raison, depuis notre Première Communion ; que de patience pour attendre notre réponse à ses grâces de lumière ; que de grâces, encore, de préservation, de purification, de pardon.

La bonté du Père, la miséricorde du Christ et l'amour du Saint-Esprit, ne se mesurent pas à notre fidélité, à notre amour, car s'il en était ainsi, il y aurait des hauts et des bas dans cet amour.

Or la bonté divine est immuable, infinie, elle ne sait que donner et aimer. Après chacune de nos imperfections, de nos fautes, si elles sont regrettées, Dieu nous aime d'un amour aussi profond qu'avant. Tout s'explique par l'amour. Tout n'a été et n'est, de la part de Dieu à notre égard, qu'amour, dans le passé et le présent et il en sera ainsi dans l'avenir.

Au souvenir de cet amour, la logique toute pure, toute simple, implacable, exige que nous répondions pleinement, librement, par notre amour.

D)L'amour profond de notre part...

Sera donc constitué par un amour de reconnaissance, né du souvenir de tout ce que Dieu a fait pour nous, de ses dons et de ses bienfaits (Création, Incarnation, Rédemption, Eglise, Grâce, Vie éternelle).

Par un amour de complaisance à la pensée de ce qu'est Dieu en Lui-même, de ses attributs : Il est bon, beau, juste, miséricordieux, tout-puissant, éternel, Il est surtout l'amour infini.

Par un amour d'amitié : en effet, grâce à la vie divine et à l'Eucharistie, les relations les plus intimes sont possibles avec Dieu. Il nous offre son amitié, et attend la nôtre en retour. L'amitié suppose le don mutuel, réciproque ; ce sont les dépassements généreux qui la font grandir ; un amour sans don, sans sacrifice, serait de l'égoïsme.

Dieu regarde ceux qu'il a tant aimés s'attacher tour à tour à l'humain, aux créatures, à eux-mêmes, mais II leur conserve un amour aussi grand, attendant parfois très longtemps qu'ils comprennent, se détachent et reviennent à Lui. Nous n'apportons rien, en définitive, à Dieu ; c'est Lui qui donne tout : l'amour et l'amitié dont nous sommes capables sont le fruit de sa grâce. Il fait tout en nous. Nos dons et notre participation consistent à nous libérer, par la mortification, de ce qui risquerait de nous détourner de Dieu, d'enchaîner notre volonté. Notre rôle est d'ouvrir notre âme. de la conserver en état de réceptivité à la grâce et à la vie divine ; il ne nous reste, après nous être remplis de cet amour de Dieu, qu'à le communiquer aux autres, dans l'apostolat.

L'amour que nous devons à Dieu sera constitué par un amour de préférence, qui placera le Seigneur au premier rang de notre cœur, de nos intentions, avant quoi que ce soit ; cela se traduit par un mot : l'adoration.

Cet amour exige le dépouillement total et une extrême pureté d'intention. Il ne s'agit pas de s'arrêter à une beauté créée, à une joie quelconque, à une complaisance humaine, à un appui terrestre ou à soi-même, mais par un libre choix d'amour, de préférer Dieu à tout.

L'amour est exclusif : il est une synthèse de vie qui accapare tous les instants. C'est donc une intention profonde d'amour qui doit baigner tous les actes : rien pour nous, tout pour Dieu.

E)L'amour profond pour Dieu est don de soi.

L'amour de Dieu, de notre part, consiste à abandonner notre propre vouloir pour adopter celui du Seigneur. C'est le mettre au commencement et à la fin de notre activité. Tant qu'il y a une volonté personnelle dressée en opposition à la volonté divine, il ne saurait y avoir d'amour.

Cette opposition provoque l'anarchie intérieure (absence de paix, bonheur), et la lutte qui s'engage en nous est très douloureuse.

C'est donc en étant, dans n'importe quelle situation, fidèle à son devoir d'état du moment, c'est en prenant le temps suffisant à une vraie prière expressive de notre amour, c'est en acceptant d'être perpétuellement dérangé, de ne pas faire ce qu'on s'était proposé de faire, afin, dans tous ces cas, de se plier à la volonté de Dieu (signifiée, reconnue), c'est donc lorsqu'on souffre physiquement ou moralement avec une volonté soumise par amour, que l'on est le plus assuré d'être et de rester dans l'amour véritable.

C'est au contraire quand tout va bien, lorsque la consolation, l'action prennent tout l'être pour le porter en avant, que l'on risque de se replier sur soi, de se rechercher, de s'attacher non pas à Dieu, mais à l'humain.

Mais, pour se souvenir de cela, pour ne pas s'étonner de sentir la souffrance nous tenailler douloureusement, pour ne pas se laisser impressionner, décourager, entraver, arrêter par mille choses ennuyeuses, pour passer sur ses répugnances et ne pas se laisser prendre par l'humain ou son propre vouloir, pour rester affectueusement soumis à Dieu, en un mot pour demeurer dans l'amour, il faut une grâce de lumière très puissante pour l'intelligence et, pour la volonté, une grâce de force.

Il est souvent difficile de dompter notre pauvre volonté revèche, toute meurtrie par la faute originelle et nos propres péchés et imperfections. Sans cette double grâce continuelle nous redescendons à l'humain, à nos anciens errements.
Il faut enfin une grâce qui prenne aussi toute la vie de sentiment, la vie affective, pour orienter vers Dieu notre goût, notre sensibilité, et les détacher de tout autre objet. Il est donc bien vrai que c'est Dieu qui fait, en nous, avec notre liberté, et le vouloir et le faire.

E)L'amour profond pour Dieu est don de soi.

Nous devons, pour notre part, être assez courageux pour demander à Dieu, par l'intermédiaire de Marie, la grâce d'arriver à aimer et à faire ce que nous redoutons, et, au contraire, à laisser et à fuir ce que nous préférons. Ce renversement de volonté est possible, dans l'ordre surnaturel, par la vie divine : toute la vie des Saints en est une illustration magnifique.

Dans l'amour, de notre part à l'égard de Dieu, il y aura un amour minimum : on sera décidé à éviter le péché mortel, c'est-à-dire à conformer son propre vouloir à celui de Dieu, toutes les fois qu'il y aura un commandement divin obligeant sous peine de faute grave. Le péché étant un manque d'amour, le péché mortel constitue une rupture avec Dieu.

Il y aura également un amour maximum qui consistera à laisser toujours sa volonté au profit de celle de Dieu, toutes les fois qu'il y aurait non seulement péché mais imperfection à agir autrement.

On devine sans peine qu'entre ce maximum et ce minimum, il y a place pour bien des degrés.
Lorsque Dieu veut s'unir très intimement une âme, l'exigence de son amour impose des renoncements très douloureux. C'est la grande démission de l'âme qui s'accomplit dans une souffrance comparable à la passion du Christ (cf. chapitre suivant) et qui, unie à la sienne, complète la Rédemption des âmes et du monde.

Il faut donc nous laisser pénétrer à fond par la charité du Christ et le feu dévorant de sa tendresse pour nous ; pour cela il faut Le prier de nous introduire dans l'intimité de son Coeur Sacré avec ses amis privilégiés. Il faut se jeter éperdument dans cet amour, franchir ce pas, faire ce saut au-delà duquel on ne calcule pas, on ne se pose plus de questions, on ne sent plus les épreuves, les cailloux du chemin.

E)L'amour profond pour Dieu est don de soi.

Il faut compter sur Dieu ; il faut Lui demander affectueusement la grâce (1) de son amour, elle s'obtient ainsi. Pour être à notre tour généreux et laisser toute volonté personnelle en faveur de celle du Seigneur, sans tenir compte de ce qui est ennuyeux ou agréable, pour rechercher non pas tant ses grâces mais Lui seul qui nous les donne, il faut que notre cœur soit tout entier, avec notre volonté, tourné vers Dieu.

Dans notre amour il veut voir de notre part, une immense confiance en Lui, une confiance qui ne puisse rien faire d'autre que d'être toujours en action de grâces, que de chanter les louanges de Dieu, plus haut, plus vite, comme le fait l'alouette en s'élevant dans l'azur.

Dans notre amour, Dieu veut voir une grande simplicité et une grande familiarité ; n'ayons donc pas peur d'user avec Lui, pour Lui parler, de ces termes affectueux que nous employons dans le monde avec ceux que nous aimons.

Dans notre amour, enfin, Dieu veut nous voir rester en harmonie de pensée, de volonté, de coeur avec Lui : quand on s'est donné à fond une bonne fois, il ne s'agit pas de se reprendre par morceaux, au cours de sa vie. Il faut rester dans l'amour de Dieu, mais il faut rester aussi en accord d'intelligence, de volonté et d'affection avec tous nos frères, avec notre prochain (cf. chapitre Apostolat).

Les manquements de charité mettent les âmes dans un état de discordance avec Dieu ; cette atmosphère doit être alors purifiée.

E)L'amour profond pour Dieu est don de soi.

Dieu désire voir, dans notre amour, une pureté de pensée, d'imagination, de sentiment, d'intention, toujours plus poussée.

Là où il n'y a pas de pureté, il n'y a bientôt plus d'amour ; inversement, quand il n'y a plus d'amour, la pureté devient très difficile.

Il convient de le noter ici, l'amour est absolument nécessaire à la pureté. Pour être apôtre dans un monde où l'impureté règne en souveraine, il est indispensable de s'armer de pureté.

L'approfondissement de l'amour et l'accroissement de la pureté sont fonction l'un de l'autre.
Enfin, dans notre amour. Dieu veut voir une grande joie : «Hilarem datorem diligit Deus». «Il aime celui qui donne joyeusement».

Dans tous les détails pénibles de la vie, il faut être heureux de se donner, il faut cultiver cette joie du don, cet élan ressenti du don généreux.

Il sera excellent de s'entraîner à attendre avec joie les difficultés éventuelles ; c'est le moyen psychologique pour les bien aborder et arriver à cette fleur de l'affection qui consiste à remercier sincèrement Dieu qui les a permises et nous a fourni ainsi une occasion de Lui prouver, de lui exprimer, de façon tangible, notre amour.

L'âme doit demeurer libre, détachée de tout, ouverte à Dieu pour pouvoir aimer. Tout ce que nous dirons du détachement dans le chapitre suivant est donc d'une importance capitale. Il faut faire attention à ne pas se laisser accrocher par ce qui nous entoure, et, si on s'est laissé arrêter, il importe de se purifier et ainsi, de revenir à Dieu.

Dès que l'âme se disperse et qu'elle se sent attirée, pour être enchaînée, par l'agréable, ou bien dès qu'elle se sent rebutée par ce qui est pénible et risque d'être arrêtée, alors elle doit vigoureusement se ressaisir, se dégager, reprendre les motifs surnaturels, s'élever dans la foi et dans l'amour, et retourner à l'action interrompue.

Mais, en même temps, l'âme doit avoir soin de rester largement ouverte à Dieu, pour qu'il la comble.

C'est à ce moment que l'on sentira, en se donnant, en se libérant, toute la valeur de la grâce. Dieu nous apaisera, substituera l'amour vrai à tous les autres liens tissés par l'égoïsme et allégera l'effort coûteux que nous aurons consenti.

(...)Là où il n'y a pas de pureté, il n'y a bientôt plus d'amour ; inversement, quand il n'y a plus d'amour, la pureté devient très difficile.
Il convient de le noter ici, l'amour est absolument nécessaire à la pureté. Pour être apôtre dans un monde où l'impureté règne en souveraine, il est indispensable de s'armer de pureté. L'approfondissement de l'amour et l'accroissement de la pureté sont fonction l'un de l'autre.

ABBÉ F. GENEVOIS
Nihil obstat Lugduni die 15 septembres 1947 P. POURRAT, P. S. S.
Imprimatur Lugduni die 7 octobris 1947 Mgr A. MERLIER, Vicaire général.

Il sera bon de bien surveiller les sentiments qui jaillissent de notre cœur et de nous dire : ce sentiment va-t-il m'aider à aimer Dieu, à m'attacher à Lui, à m'unir à Lui ?

Si oui, le laisser se développer, le cultiver même ; ou bien se dire : ce sentiment va-t-il m'attacher à moi, à la créature, ou m'amener à avoir des difficultés, à me battre (moralement) avec mes frères ?

Dans ce cas, je dois l'arrêter, le remplacer par un sentiment d'amour.

C'est en restant libre qu'on ouvre son cœur à Dieu.

C'est en effet tout ce qu'il y a de plus naturel.

Alors, poussée par son besoin profond, par son instinct, l'âme, que rien ne retient plus, que rien ne va plus détourner, s'élancera spontanément vers l'amour divin qui est son aliment normal et qui seul peut la faire vivre et la satisfaire.

L'amour ne doit pas rester une affaire théorique, mais rentrer dans la pratique de la vie. L'amour demande l'amour, il ne peut grandir dans une âme que par de très nombreux actes d'amour.

Il faudra donc créer :
A) D'abord une mentalité...
une orientation d'esprit vers Dieu.
C'est en nous souvenant de l'amour de Dieu pour nous, toujours actuel, aussi grand demain qu'hier, puisque lié à l'éternité de Dieu, que nous penserons davantage à l'amour que nous devons Lui rendre.

En retrouvant, par le recueillement, la présence divine au fond de l'âme, en ne laissant jamais s'affaiblir le sentiment de cette intimité possible avec les trois Personnes divines par la vie surnaturelle et en retrouvant Dieu présent partout, et en revenant à Lui, par notre esprit, de façon habituelle, à propos de tout ce que nous faisons, dans le travail, le repos, la souffrance, ainsi nous imprégnerons-nous, petit à petit, de cette mentalité d'amour.

B) Les signes de notre amour pour Dieu...
qui l'incarnent, qui l'expriment et qui le feront grandir ensuite.

Ce seront d'abord des mots : nos sentiments d'affection ont besoin d'être avivés, développés : c'est là le rôle de toutes nos prières.

Ce seront aussi des gestes : en effet, les attitudes, les offices, la liturgie, un comportement chrétien, une conduite d'apôtre, manifestent notre amour et l'épanouissent.

Ce seront enfin des actes, ils sont faciles à accomplir.

On peut transformer sa vie entière, dans tous ses détails, par une intention, une offrande constante d'amour ; c'est possible à tous les âges, dans toutes les situations, quelque soit notre condition et à tout moment du jour.

Il y aura également, tous les efforts que nous ferons pour fuir l'égoïsme, le repliement sur nous-mêmes, tout ce que demande l'ascétisme afin de désencombrer l'âme et de la rendre disponible à l'amour.

Nous cherchons la vraie joie et nous la voulons très grande.

Or celle que nous trouvons dans les créatures n'est pas complète, il nous faut la puiser en Dieu si nous voulons rassasier notre âme.

L'intimité avec le Seigneur est douce, suave, pleine de force et d'énergie ; l'âme accède par elle à la paix, à la stabilité et ne désire plus rien, elle est comblée.

On a moralement, et même physiquement, l'impression d'être en forme.

L'amour, en augmentant, en s'épanouissant, entraîne naturellement l'âme au détachement, au renoncement qui ne lui coûtera plus autant et qui lui sera possible.

Les épreuves, les souffrances, les purifications nécessaires ne créeront plus en nous cette psychose de tristesse, mais, au contraire, une ambiance de joie, de sérénité, de confiance en la valeur de l'amour et en la puissance de la grâce, qui nous feront triompher et nous permettront de saisir toutes les occasions de prouver notre amour.

Ces âmes, en parfaite possession d'elles-mêmes, d'humeur égale, toujours souriantes, même dans la douleur, seront aidées par l'amour qui, en s'épanouissant, leur permettra de parler à Dieu et de porter leur peine. On prie bien, on prie mieux quand on aime, et, s'il faut aimer pour se détacher à fond, il faut aussi aimer beaucoup pour s'unir à Dieu par l'oraison.

On ne conçoit pas d'union sans amour. L'union intime avec Dieu c'est le bonheur, la compensation des détachements. Cette union se consolide, se resserre dans la mesure où l'amour s'accroît davantage.

L'amour de Dieu transforme notre cœur en détruisant l'égoïsme. Il lui confère l'aptitude de comprendre les autres et de se donner à eux.
L'amour pousse à l'action. L'âme qui l'a reçu en don ne peut le garder pour elle seule, elle va le communiquer, dans l'apostolat, à ceux qu'elle pourra rencontrer et atteindre : inversement, sans amour, il n'y a pas d'apostolat fécond.

Nous comprenons, après cela, combien il est indispensable d'ancrer solidement en nous cette conviction, qu'avant toutes choses, avant de se renoncer, de prier, de nous unir à Dieu, d'agir, d'enseigner, il faut commencer par savoir aimer.

Là où sont souvent nos pensées habituelles, là aussi est notre cœur, par exemple, quand nous nous éveillons, pendant nos insomnies ou lorsque nous nous trouvons seuls. Demandons-nous quels sont, au cours d'une détente, les glissements, les tendances, les attirances les plus fréquentes de nos pensées. Où vont-elles ? Vers le Seigneur que nous devons aimer par dessus tout, ou vers les biens terrestres, vers nos amis, vers nous-mêmes ?

Et si nous nous surprenons encore à nous attarder à nos affections humaines, à nos préoccupations matérielles, à ce qui nous plaît ou nous déplaît, efforçons-nous de nous dégager, en disant : « Qu'est-ce que tout cela, Seigneur, en face de Vous ? ».


LA VRAIE PAIX PAR L'AMOUR

Il faut savoir, par amour, accepter de n'être plus tranquille, de conserver des impressions de trouble mal dé finies, comme en connaissent certaines âmes inquiètes, scrupuleuses. S'il est plus simple d'avoir la paix, en deman-dant une solution à son directeur, en lui laissant la responsabilité de la décision à prendre c'est une attitude moins sanctifiante, moins confiante c'est un signe d'attachement, au moins à sa tranquillité d'âme.

On trouve la vraie paix, qui est toute faite de confiance, non pas en soi-même, dans l'assurance que donne une conscience en règle avec la loi divine (ce qui est nécessaire, bien sûr) mais dans l'amour de Dieu pour nous, dans sa miséricorde, sa bonté. C'est en Lui que doit résider notre Paix, et non pas en nous.

Et lorsqu'on obéit, par amour, en foulant aux pieds ses propres impressions, on ne peut Plus se tromper, ni pécher, mais on grandit dans l'amour. L'obéissance. qui est l'abandon de sa volonté, l'abdication de sa sécurité personnelle apparente, puisqu'on renonce à y voir clair, est un acte d'amour très méritoire.

C'est l'examen de notre cœur, auquel on ne peut pas mentir, qui nous révélera où nous en sommes dans notre amour pour Dieu.

« Venite ad me omnes ». C'est dans son cœur divin que Jésus nous demande de pénétrer, de venir chercher la lumière pour comprendre l'amour et la force pour grandir dans cet amour. Il est l'unique moyen de s'établir dans l'amour vrai et de s'y élever sûrement et rapidement.

C'est dans ce cœur qu'il faut jeter tout ce qui semble dur et pénible. C'est dans ce cœur que l'on trouve force et courage pour s'évader en Dieu et ne pas se laisser arrêter par le poids du sacrifice ; c'est en Lui que l'âme se ressaisit et reprend haleine. « Et ego reficiam vos ».

Lorsqu'on a pénétré dans Ce sanctuaire, tout le créé, l'humain, le matériel, les peines, les inquiétudes, prennent leur véritable sens. Nos facultés : mémoire, imagination, intelligence, volonté, retrouvent leur équilibre. C'est là que les âmes reprennent vie, parce qu'elles sont à la source de la grâce : « Reficiam Vos ». La vraie fontaine de Vie, c'est bien le Divin Cœur de Jésus, il faut y puiser hardiment ; on trouve en Lui tout ce dont on a besoin.

Malgré nos misères, nos fautes, nos ingratitudes, nos délaissements, Jésus, avec son Cœur Sacré, plein d'amour, demeuré prêt, disponible à l'intimité ; Il est l'ami fidèle qui sait taire les reproches et oublier les infidélités de notre part.

Le Divin Cœur s'est montré tout embrasé, couronné d'épines, déchiré par la lance, surmonté par la croix. Il s'offre ainsi à tous, pour que nous allions réchauffer notre cœur froid au feu de son amour et de sa charité.

S'il nous était donné de connaître les sentiments, l'intérieur de l'âme de Notre-Dame, nous verrions qu'en elle, il n'y a que de l'amour, et de l'amour très pur, très désintéressé. Marie est le modèle accompli de l'amour vrai, amour dévouement pour Dieu Trinité, pour Jésus, pour tous ses enfants les hommes.

Tout, en Marie, s'achève dans l'amour, aboutit à l'amour de Dieu et à l'amour des hommes pour Dieu. Sur la terre, elle était la charité incarnée, parce qu'elle était fixée en Dieu par son grand amour.

C'est celui-ci qui a inspiré tous ses renoncements, en particulier ceux qu'elle a acceptés en notre faveur. Elle est au ciel, comme sur la terre, corédemptrice, médiatrice du genre humain, et elle mérite pleinement le titre de mère du bel amour, d'éducatrice de l'amour.

C'est avec la Vierge qu'il faut essayer de comprendre et de pratiquer le véritable amour ; c'est avec elle qu'il faut nous engager et marcher dans la voie de l'amour. Elle ne manquera pas de nous tenir par la main, comme les mamans tiennent leurs tout-jeunes enfants. Il faut la prier de nous inspirer ses dispositions foncières d'humilité, d'abandon joyeux, de détachement, de mortification, d'amour pur qui ont fait de toute sa vie un hymne d'amour parfait. Il faut lui demander de nous apprendre à parler à Dieu, à Lui exprimer notre amour, comme elle sait si bien le faire elle-même. Petit à petit, par la grâce, par l'intervention de Notre-Dame et par ses leçons maternelles, notre cœur de pierre, endurci par le péché, se changera en un cœur neuf, débordant d'amour pour Dieu et pour nos frères.

Notre vie se passe dans un univers rempli de beautés naturelles, vestiges du divin, moyens ou obstacles pour aller à Dieu.
Il faut vivre aussi au milieu des hommes, sur une terre où il y a des créatures aimables ou désagréables, sans se laisser arrêter par elles.
Il y a enfin tout le moi égoïste.
Tout cela requiert une ascèse de la vie spirituelle. L'amour de Dieu, pour se développer, exige donc le détachement.


L'Amour nécessaire au détachement

Si l'amour, pour rester dans toute sa pureté, a besoin du détachement, par contre, dans la mesure où il se développe, il met lui-même dans le plus parfait détachement. Tant il est vrai qu'on ne se détache effectivement, que si l'on est, par ailleurs, plus fortement attaché, pris par un grand amour. Au point de vue humain, rien ne coûte à ceux qui aiment vraiment ; pour leur amour, ils savent se séparer, se détacher de ce à quoi ils tenaient le plus. C'est donc bien l'amour vrai pour Dieu qui, en entrant dans une âme, ta détachera de toute créature, de tout l'humain, de ses défauts, de son amour pour elle-même, de sa volonté propre .

Pour maintenir l'âme dans un complet et continuel détachement, l'amour doit rester dans une pureté de sentiment et d'intention absolue. Il ne faut rien laisser entrer dans le cœur qui puisse contrecarrer l'amour. Un peu d'antipathie, une attache légère, un retour volontaire à l'humain ou à soi, risquent d'affaiblir et, qui sait, en créant de nouveaux liens, de détruire cet amour divin. D'où la nécessité de contrôler les sentiments dès qu'ils jaillissent dans l'âme, en montant la garde du cœur (1).

Après ce que nous venons de constater, il est donc indispensable de bien réaliser l'ordre psychologique qui consiste, non pas à se détacher pour aimer, mais à aimer d'abord, pour se détacher.

Après les quelques réflexions préliminaires, il convient d'ouvrir d'abord l'Evangile et de demander au Christ sa pensée sur un tel sujet.

« Nul serviteur, dira Jésus, ne peut servir deux maîtres ; en effet, ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou bien il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l'argent. » (1).
Et, ailleurs, « appelant la foule en même temps que se» disciples, il leur dit : Si quelqu'un veut venir derrière moi, qu'il se renonce, qu'il se charge de sa croix et qu'il me suive ; car celui qui voudra sauver son âme la perdra, mais celui qui perdra son âme à cause de moi, la sauvera ; car, que sert à l'homme d'avoir gagné le monde entier, s'il s'est perdu lui-même, ou s'il a été condamné ? » (1).

Jésus nous demande, pour le suivre, de nous détacher, non seulement des biens extérieurs et des nôtres, mais aussi de nous-mêmes. C'est le renoncement complet. Il faut rapprocher ces textes sur le détachement des paroles sur le commandement de l'amour : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit. « Le terme « tout » est bien exclusif, mais c'est une nécessité pour aimer.

L'amour demande d'être libre de toute entrave, de tout lien, de toute attache. Il y a dans le détachement un effort coûteux, pénible ; c'est celui qu'il faut faire pour briser le lien, pour redresser les déviations de l'amour. C'est comme une mort, disait saint Paul, une mort à l'humain, au vieil homme, à tout ce qu'il y a de mauvais en nous ; c'est un dépouillement, un détachement, qui va permettre à l'âme d'être revêtue de la vie du Christ, de la faire rayonner, d'être plus vivante, d'être une âme nouvelle. Il s'agit d'abandonner l'humain pour se revêtir du divin : ce sont deux ordres, deux plans différents. On ne construit pas une vie surnaturelle sur le péché ou les tendances au péché. La vie divine prend bien la nature pour l'élever, l'épanouir, la grandir, mais une nature dépouillée, une nature qui renonce à tout ce qu'il y a de mauvais en elle et qui se laisse pénétrer par la grâce.