Dogme de l'ASSOMPTION de la B.V. Marie.
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IV. Doctrine de l’Église
2. Témoignages de la foi de l’Église au cours des siècles.
e) Institution de la fête solennelle de précepte de l’Assomption
Cependant, le fait que le Siège apostolique, héritier de la mission confiée au prince des apôtres de confirmer les frères dans la foi (2), rendit, en vertu de son autorité, de plus en plus solennelle cette fête, a porté efficacement l'esprit des fidèles à considérer chaque jour davantage la grandeur du mystère qui était commémoré. C'est pourquoi la fête de l'Assomption, du rang honorable qu'elle obtint dès le commencement parmi les autres fêtes mariales, fut élevée au rang des fêtes les plus solennelles de tout le cycle liturgique. Et Notre prédécesseur, saint Serge Ier, prescrivant la litanie ou procession stationale pour les quatre fêtes mariales, énumère ensemble les fêtes de la Nativité, de l'Annonciation, de la Purification et de la Dormition de la Vierge Marie (3). Plus tard, saint Léon IV eut à cœur de faire célébrer encore avec plus de solennité la fête déjà établie sous le titre d'Assomption de la Bienheureuse Mère de Dieu ; à cet effet, il en institua la vigile, puis il prescrivit des prières pour son octave ; et lui-même, heureux de profiter de cette occasion, entouré d'une immense foule, tint à participer à la célébration des solennités (4). Enfin, on déduit très clairement l'obligation, remontant à une date ancienne, de jeûner la veille de cette solennité, des déclarations de Notre prédécesseur, saint Nicolas Ier, au sujet des principaux jeûnes « que la Sainte Eglise romaine reçut en tradition et qu'elle observe encore (5) ».
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(2) Cf. S. Luc XXII, 32. — (3) Liber Pontificalis, n. 164. PL 128, 898. — (4) Liber Pontificalis, n. 508. PL 128, 1312. — (5) S. NICOLAS Ier, pape, Responsa ad consulta Bulgarorum. Ep. 97, n. 4. PL 119, 981.
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IV.Doctrine de l’Église
3. Pères de l’Église
Vu que la liturgie de l'Eglise n'engendre pas la foi catholique, mais plutôt en est la conséquence et que, comme les fruits d'un arbre, en proviennent les rites du culte sacré, les saints Pères et les grands Docteurs, à cause de cela même, n'y puisèrent pas cette doctrine comme d'une source première dans les homélies et discours qu'ils adressaient au peuple ; mais ils en parlaient plutôt comme d'une chose déjà connue des fidèles et par eux acceptée. Ils l'ont mise en grande lumière. Ils en ont exposé le fait et le sens par des raisons plus profondes, mettant surtout en un jour plus lumineux ce que les livres liturgiques très souvent touchaient brièvement et succinctement : à savoir que cette fête rappelait non seulement qu'il n'y eut aucune corruption du corps inanimé de la Bienheureuse Vierge Marie, mais encore son triomphe remporté sur la mort et sa « glorification » céleste à l'exemple de son Fils unique Jésus-Christ.
C'est pourquoi saint Jean Damascène, qui demeure, parmi d'autres, le héraut par excellence de cette vérité dans la tradition, lorsqu'il compare l'Assomption corporelle de l'auguste Mère de Dieu avec tous ses autres dons et privilèges, proclame avec une puissante éloquence : « Il fallait que celle qui avait conservé sans tache sa virginité dans l'enfantement conservât son corps sans corruption même après la mort. Il fallait que celle qui avait porté le Créateur comme enfant dans son sein demeurât dans les divins tabernacles. Il fallait que l'Epouse que le Père s'était unie habitât le séjour du ciel. Il fallait que celle qui avait vu son Fils sur la croix et avait échappé au glaive de douleur en le mettant au monde, l'avait reçu en son sein, le contemplât encore siégeant avec son Père. Il fallait que la Mère de Dieu possédât tout ce qui appartient à son Fils et qu'elle fût honorée par toute créature comme la Mère de Dieu et sa servante (1). »
Cette voix de saint Jean Damascène répond fidèlement à celle des autres qui soutiennent la même doctrine. Car on trouve des déclarations non moins claires et exactes dans tous ces discours que les Pères de la même époque ou de la précédente ont tenus généralement à l'occasion de cette fête. C'est pourquoi, pour en venir à d'autres exemples, saint Germain de Constantinople n’estimait que l'incorruption du corps de la Vierge Marie, Mère de Dieu, et son élévation au ciel, non seulement convenaient à sa maternité divine, mais encore à la sainteté particulière de son corps virginal : « Tu apparais, comme il est écrit, en splendeur ; et ton corps virginal est entièrement saint, entièrement chaste, entièrement la demeure de Dieu ; de sorte que, de ce fait, il est ensuite exempt de tomber en poussière ; transformé dans son humanité en une sublime vie d'incorruptibilité, vivant lui-même et très glorieux, intact et participant à la vie parfaite (1). » Un autre écrivain des plus anciens déclare : « A titre donc de très glorieuse Mère du Christ, le Sauveur notre Dieu, Auteur de la vie et de l'immortalité, elle est vivifiée, dans une incorruptibilité éternelle de son corps, par celui-là même qui l'a ressuscitée du tombeau et l'a élevée jusqu'à lui, comme lui seul la connaît (2). »
Comme cette fête liturgique se célébrait chaque jour en plus de lieux et avec une piété plus considérable, les pasteurs de l'Eglise et les orateurs sacrés, d'un nombre toujours croissant, estimèrent qu'il était de leur devoir d'exposer clairement et ouvertement le mystère que rappelle cette fête et de déclarer qu'il est très lié avec les autres vérités révélées.
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(1) S. JEAN DAMASCENE, Encomium in Dormitionem Dei Gemtricis semperque Virginis Mariae, hom. II, 14. PG 96, 742. — (1) S. GERMAIN de Constantinople, In Sanctae Dei Genitricis Dormitionem, sermon I. PG 98, 345. — (2) Encomium in Dormitionem Sanctissimae Dominae nostrae Deiparae semperque Virginis Mariæ (attribué à saint Modeste de Jérusalem), n. 14. PG 86, 3311.
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4. Théologiens et orateurs sacrés scolastiques
Parmi les théologiens scolastiques, il n'en manqua pas qui, voulant approfondir les vérités divinement révélées et désirant offrir cet accord parfait qui se trouve entre la raison théologique et la foi catholique, pensèrent qu'il fallait reconnaître que ce privilège de l'Assomption de la Vierge Marie s'accorde d'une façon admirable avec les vérités divines que nous livrent les saintes Lettres.
En partant de là par voie de raisonnement, ils ont présenté des arguments variés qui éclairent ce privilège marial ; et le premier, pour ainsi dire, de ces arguments, déclarent-ils, est le fait que Jésus-Christ, à cause de sa piété à l'égard de sa Mère, a voulu l'élever au ciel. Et la force de ces arguments s'appuyait sur l'incomparable dignité de sa maternité divine et de toutes les grâces qui en découlent, à savoir : sa sainteté insigne qui surpasse la sainteté de tous les hommes et des anges ; l'intime union de la Mère avec son Fils, et ce sentiment d'amour privilégié dont le Fils honorait sa très digne Mère.
Souvent ainsi des théologiens et des orateurs sacrés se présentent qui, suivant les traces des saints Pères (1), pour illustrer leur foi en l'Assomption, usant d'une certaine liberté, rapportent des événements et des paroles qu'ils empruntent aux Saintes Lettres. Pour Nous en tenir à quelques citations qui sont sur ce sujet le plus souvent employées, il y a des orateurs qui citent la parole du psalmiste : Lève-toi, Seigneur, au lieu de ton repos, toi et l’arche de ta majesté (2) ; et ils envisagent l'Arche d'alliance, faite de bois incorruptible et placée dans le temple de Dieu, comme une image du corps très pur de la Vierge Marie, gardé exempt de toute corruption du sépulcre et élevé à une telle gloire dans le ciel. De la même façon, en traitant de cette question, ils décrivent la Reine entrant triomphalement dans la cour royale des cieux et siégeant à la droite du divin Rédempteur (3) ; ainsi ils présentent l'Epouse des cantiques qui monte au désert comme une colonne de fumée, exhalant la myrrhe et l'encens, pour ceindre la couronne (4) . Ils proposent ce qui précède comme des images de cette Reine du ciel, cette Epouse céleste qui, en union avec son Epoux divin, est élevée à la cour des cieux.
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(1) S. JEAN DAMASCENE, Encomium in Dormitionem Dei Gemtricis semperque Virginis Mariae, hom. II, 2, 11. PG 96, 723. — Encomium in Dormitionem (attribué à saint Modeste de Jérusalem), n. 14. PG 86, 3287-3290. — (2) Ps. CXXXI, 8. — (3) Cf. Ps. XLIV, 10, 14-16. .— (4) Cant. III, 6 ; cf. IV, 8 ; VI, 9
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IV. Doctrine de l’Église4. Théologiens et orateurs sacrés scolastiques
(suite)
Et de plus, les Docteurs scolastiques, non seulement dans les diverses figures de l'Ancien Testament, mais aussi dans cette Femme revêtue du soleil que contempla l'apôtre Jean dans l'île de Patmos (5), ont vu l'indication de l'Assomption de la Vierge Mère de Dieu. De même, des passages du Nouveau Testament ils ont proposé avec un soin particulier à leur considération ces mots : Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre les femmes (1), alors qu'ils voyaient dans le mystère de l'Assomption le complément de cette grâce surabondante accordée à la Bienheureuse Vierge, et cette bénédiction unique en opposition avec la malédiction d'Eve.
C'est pourquoi, au début de la théologie scolastique, cet homme très pieux, Amédée, évêque de Lausanne, affirme que la chair de la Vierge Marie est restée sans corruption — car on ne peut croire que son corps ait vu la corruption —, puisqu'en effet il a été uni de nouveau à son âme et conjointement avec elle dans la cour céleste couronnée de la gloire d'en haut. « Elle était, en effet, pleine de grâce et bénie entre les femmes (2). Seule, elle a mérité de concevoir vrai Dieu de vrai Dieu, que vierge elle a mis au monde, que Vierge elle a allaité, le pressant sur son sein, et qu'elle a servi en toutes choses d'une sainte obéissance (3). »
Parmi les saints écrivains qui, à cette époque, se sont servis des textes et de diverses similitudes ou analogies des Saintes Ecritures pour illustrer ou confirmer la doctrine de l'Assomption, objet d'une pieuse croyance, le Docteur évangélique saint Antoine de Padoue occupe une place à part. C'est lui, en effet, qui, le jour de la fête de l'Assomption, expliquait ces paroles du prophète Isaïe : Je glorifierai le lieu où reposent mes pieds (4), affirma d'une façon certaine que le divin Rédempteur a orné de la plus haute gloire sa Mère très chère, dont il avait pris sa chair d'homme. « Par là, vous savez clairement — dit-il — que la Bienheureuse Vierge dans son corps, où fut le lieu où reposèrent les pieds du Seigneur, a été élevée (au ciel). » C'est pourquoi le psalmiste sacré écrit : Lève-toi, Seigneur, au lieu de ton repos, toi et l'arche de ta majesté (5). De la même façon, comme il l'affirme lui-même, que Jésus-Christ est ressuscité en triomphant de la mort et monté à la droite de son Père, ainsi pareillement « est ressuscitée aussi l'Arche de sa sanctification lorsque, en ce jour, la Vierge-Mère a été élevée dans la demeure céleste (1) ».
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(5) Cf. Apoc. XII, 1-17. — (1) S. Luc I, 28. — (2) Cf. S. Luc I, 28. — (3) AMÉDÉE de Lausanne, De Beatae Virginis obitu, Assumptione in Caelum, exaltatione ad Filii dexteram. PL 188, 1337.— (4) ISAÏE LX, 13.— (5) Ps. cxxxi, 8. — (1) S. ANTOINE de Padoue, Sermones dominicales et in solemnitatibus. In Assumptions S. Mariae Virginis sermo.
A suivre.
Dernière édition par Louis le Jeu 29 Aoû 2013, 5:39 am, édité 1 fois (Raison : Présentation.)
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IV. Doctrine de l’Église
4. Théologiens et orateurs sacrés scolastiques
(suite)
Au moyen âge, alors que la théologie scolastique était dans tout son éclat, saint Albert le Grand, après avoir réuni, pour en établir la preuve, divers arguments fondés sur les Saintes Lettres, les textes de la tradition ancienne et enfin la liturgie et le raisonnement théologique, comme on dit, conclut ainsi : « Pour toutes ces raisons et ces témoignages qui font autorité, il est clair que la Bienheureuse Mère de Dieu a été élevée en âme et en corps au-dessus des chœurs des anges. Et nous croyons que cela est vrai de toutes façons (2). » Dans le sermon qu'il prononça le saint jour de l'Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie, en expliquant ces paroles de l'ange la saluant : Ave, gratia plena..., le Docteur universel, comparant à Eve la Très Sainte Vierge, soutient clairement et expressément qu'elle fut exempte de la quadruple malédiction qui frappa Eve (3).
Le Docteur Angélique, à la suite de son remarquable Maître, bien qu'il n'ait jamais traité expressément la question, chaque fois cependant qu'incidemment il y touche, maintient constamment en union avec l'Eglise catholique que le corps de Marie a été élevé au ciel avec son âme (4).
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(2) S. ALBERT LE GRAND, Mariale, sive quæstiones super Evang. « Missus est », q. 132. — (3) Cf. S. ALBERT LE GRAND, Sermones de sanctis, sermon XV : In Annuntiatione B. Mariæ; cf. également Mariale, q. 132. — (4) Cf. S. THOMAS, Somme théol., III, q. 27, art, 1 ; q, 83, art, 5 ad 8 ; Expositio salutationis angelicæ; In symb. Apostolorum expositio, art, 5 ; In IV Sent. D. 12, q. 1, art. 3, sol. 3 ; D. 43, q. I, art. 3, sol. 1 et 2.
A suivre.
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IV. Doctrine de l’ÉgliseLe Docteur Séraphique, entre beaucoup d'autres, se déclare dans le même sens. Pour lui, il est tout à fait certain que Dieu, de la même façon qu'il a gardé Marie, la très Sainte, exempte de la violation de son intégrité virginale et de sa pureté virginale, soit quand elle a conçu, soit quand elle enfanta, ainsi Dieu n'a permis en aucune façon que son corps fût réduit à la corruption ou réduit en cendres (1). En interprétant ces paroles de la Sainte Ecriture et les appliquant dans un certain sens accommo-datice à la Bienheureuse Vierge : Quae est ista, quae ascendit de deserto, delicis affluens, innixa super dilectum suum : Quelle est celle-ci qui monte du désert, pleine de délices, appuyée sur son bien-aimé ? (2), il raisonne ainsi : « De là encore il résulte qu'elle s'y trouve en corps... Car, en effet... sa béatitude ne serait pas consommée si elle ne s'y trouvait pas en personne et, comme l'âme n'est pas la personne, mais c'est l'union (du corps et de l'âme qui la constitue), il est évident que, en tant que suivant cette union, c'est-à-dire en son corps et en son âme, elle s'y trouve : sans quoi elle n'aurait pas la jouissance béatifique achevée (3) . »
4. Théologiens et orateurs sacrés scolastiques
(suite)
A une époque plus tardive de la théologie scolastique, soit au XVe siècle, saint Bernardin de Sienne, reprenant d'une manière générale et étudiant de nouveau avec soin tout ce que les théologiens du moyen âge avaient déclaré et discuté sur cette question, ne se contenta pas de rapporter les principales considérations que les docteurs du temps passé avaient proposées, mais il en ajouta de nouvelles. A savoir, la ressemblance de la divine Mère et de son divin Fils pour ce qui touche à la noblesse et à la dignité de l'âme et du corps — à cause de cette ressemblance nous ne pouvons pas même penser que la Reine du ciel soit séparée du Roi du ciel — demande que Marie « ne puisse se trouver que là où est le Christ (4) » ; et, d'autre part, il est conforme à la raison et convenable que, de même que pour l'homme, ainsi l'âme et le corps de la femme arrivent à la gloire éternelle dans le ciel ; et enfin, puisque l'Eglise n'a jamais recherché les restes de la Bienheureuse Vierge et ne les a jamais proposés au culte du peuple, il y a là un argument qu'on peut offrir « comme une preuve sensible (5) ».
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(1) Cf. S.BONAVENTURE, De Nativitaie B.Mariæ Virginis, sermon V. — (2) Cant. VII, 5. — (3) S. BONAVFNTURE, De Assumptione B. Mariae Virginis, sermon 1. — (4) S. BERNARDIN de Sienne, In Assumptione B. Mariae Virginis, sermon II — (5) S. BERNARDIN de Sienne, ibidem.
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IV. Doctrine de l’Église
5. Auteurs sacrés postérieurs (XVIe- XVIIIe s.)
En des temps plus récents, ces déclarations des saints Pères et Docteurs que nous avons rapportées furent d'un usage commun. Embrassant cette unanimité des chrétiens dans la tradition des siècles antérieurs, saint Robert Bellarmin s'écria : « Et qui pourrait croire, je vous prie, que l'arche de la sainteté, la demeure du Verbe, le temple de l'Esprit Saint se soit écroulé ? Mon âme répugne franchement même à penser que cette chair virginale qui a engendré Dieu lui a donné le jour, l'a allaité, l'a porté, ou soit tombée en cendres, ou ait été livrée à la pâture des vers (1). »
De la même façon, saint François de Sales, après avoir soutenu qu'on ne peut mettre en doute que Jésus-Christ a accompli à la perfection le commandement divin qui prescrit aux fils d'honorer leurs parents, se pose cette question : « Qui est l'enfant qui ne ressuscitast sa bonne mère s'il pouvoit et ne la mist en paradis après qu'elle seroit décédée ? (2) » Et saint Alphonse écrit : « Jésus n'a pas voulu que le corps de Marie se corrompît après sa mort, car c'eût été un objet de honte pour lui si sa chair virginale était tombée en pourriture, cette chair dont lui-même avait pris la sienne (3). »
Mais comme ce mystère, objet de la célébration de cette fête, se trouvait déjà mis en lumière, il ne manqua pas de Docteurs qui, plutôt que de se servir des arguments théologiques qui démontrent qu'il convient absolument et qu'il est logique de croire à l'Assomption au ciel de la Bienheureuse Vierge Marie en son corps, tournaient leur esprit et leur cœur à la foi de l'Eglise, Epouse mystique du Christ qui n'a ni tache ni ride (4) et que l'Apôtre appelle la colonne et la base de la vérité (5) ; appuyés sur cette foi commune, ils pensaient que l'opinion contraire était téméraire, pour ne pas dire hérétique. Du moins saint Pierre Canisius, comme tant d'autres, après avoir déclaré que le mot même d'Assomption signifie la « glorification » non seulement de l'âme mais encore du corps, et que l'Eglise, déjà au cours de nombreux siècles, vénère et célèbre avec solennité ce mystère marial de l'Assomption, remarque ce qui suit : « Ce sentiment prévaut déjà depuis des siècles ; il est ancré au cœur des pieux fidèles et confié ainsi à toute l'Eglise. Par conséquent, on ne doit pas supporter d'entendre ceux qui nient que le corps de Marie a été élevé dans le ciel, mais on doit les siffler, à l'occasion, comme des gens trop entêtés, et par ailleurs téméraires, et comme des gens imbus d'un esprit plus hérétique que catholique (1). »
A la même époque, le Docteur Excellent qui professait cette règle en mariologie que « les mystères de grâce opérés par Dieu dans la Vierge ne doivent pas se mesurer aux règles ordinaires, mais à la toute-puissance divine, étant supposée la convenance de ce dont il s'agit et que cela ne soit pas en contradiction avec les Saintes Ecritures ou inconciliable avec le texte sacré », en ce qui concerne le mystère de l'Assomption, fort de la foi commune de l'Eglise tout entière, pouvait conclure que ce mystère doit être cru avec la même fermeté d'âme que l'Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie, et déjà affirmait que ces vérités pouvaient être définies (2).
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(1) S. ROBERT BELLARMIN, Conciones habitæ Lovanii, discours XL, De Assumptione B. Mariæ Virginis. — (2) S. FRANÇOIS de Sales, sermon autographe pour la fête de l'Assomption. Œuvres complètes, édit. Annecy 1896. Tome VII, Sermons, vol. 1, p. 454. — (3) S. ALPHONSE-M. de Liguori, Le glorie di Maria, part. II, disc. I. — (4) Cf. Eph. v, 27. — (5) I Tim. III, 15.— (1) S. PIERRE CANISIUS, De Maria Virgine. — (2) Cf. SUAREZ P., In tertiam partem D. Thomæ, q. 27, art. 2, D. 3, sec. 5, n. 31.
Dernière édition par Louis le Dim 01 Sep 2013, 7:26 pm, édité 1 fois (Raison : Présentation.)
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IV. Doctrine de l’Église6. Fondements scripturaires
Tous ces arguments et considérations des saints Pères et des théologiens s'appuyent sur les Saintes Lettres comme sur leur premier fondement. Celles-ci nous proposent, comme sous nos yeux, l'auguste Mère de Dieu dans l'union la plus étroite avec son divin Fils et partageant toujours son sort. C'est pourquoi il est quasi impossible de considérer Celle qui a conçu le Christ, l'a mis au monde, nourri de son lait, porté dans ses bras et serré sur son sein, séparé de lui, après cette vie terrestre, sinon dans son âme, du moins dans son corps. Puisque notre Rédempteur est le Fils de Marie, il ne pouvait certainement pas, lui qui fut l'observateur de la loi divine le plus parfait, ne pas honorer, avec son Père éternel, sa Mère très aimée. Or, il pouvait la parer d'un si grand honneur qu'il la garderait exempte de la corruption du tombeau. Il faut donc croire que c'est ce qu'il a fait en réalité.
Il faut surtout se souvenir que, depuis le IIe siècle, les saints Pères proposent la Vierge Marie comme une Eve nouvelle en face du nouvel Adam, et, si elle lui est soumise, elle lui est étroitement unie dans cette lutte contre l'ennemi infernal, lutte qui devait, ainsi que l'annonçait le protévangile (1) , aboutir à une complète victoire sur le péché et la mort qui sont toujours liés l'un, à l'autre dans les écrits de l'Apôtre des nations (2) . C'est pourquoi, de même que la glorieuse Résurrection du Christ fut la partie essentielle de cette victoire et comme son suprême trophée, ainsi le combat commun de la Bienheureuse Vierge et de son Fils devait se terminer par la « glorification » de son corps virginal ; car, comme le dit ce même Apôtre, lorsque ce corps mortel aura revêtu l'immortalité, alors s'accomplira la parole qui est écrite : La mort a été engloutie dans sa victoire (3).
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(1) Cf. Gen. III, 15. — (2) Cf. Rom. v et vi ; I Cor. xv, 21-26, 54-57 . — (3) I Cor. xv, 54.
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Re: Dogme de l'ASSOMPTION de la B.V. Marie.
.V. Assomption, couronnement des privilèges de Marie
C'est pourquoi l'auguste Mère de Dieu, unie de toute éternité à Jésus-Christ, d'une manière mystérieuse, par « un même et unique décret (4) » de prédestination, immaculée dans sa conception, Vierge très pure dans sa divine Maternité, généreuse associée du divin Rédempteur qui remporta un complet triomphe sur le péché et ses suites, a enfin obtenu comme suprême couronnement de ses privilèges d'être gardée intacte de la corruption du sépulcre, en sorte que, comme son Fils déjà auparavant, après sa victoire sur la mort, elle fût élevée, dans son corps et dans son âme, à la gloire suprême du ciel où, Reine, elle resplendirait à la droite de son Fils, Roi immortel des siècles (5).
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(4) PIE IX, Bulle de définition du dogme de l'Immaculée Conception. Acta, Pars Ia, p. 599, Typ. Benarum Artium. Cf. SVS n. 513. . — (5) Cf. I Tim. I, 17.
Dernière édition par Louis le Sam 31 Aoû 2013, 4:46 pm, édité 1 fois (Raison : Présentation.)
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Re: Dogme de l'ASSOMPTION de la B.V. Marie.
VI. Résumé des motifs de la définition
Alors, puisque l'Église universelle, en laquelle vit l'Esprit de vérité, cet Esprit qui la dirige infailliblement pour parfaire la connaissance des vérités révélées, a manifesté de multiples façons sa foi au cours des siècles, et puisque les Evêques du monde entier, d'un sentiment presque unanime, demandent que soit définie, comme dogme de foi divine et catholique, la vérité de l'Assomption au ciel de la Bienheureuse Vierge Marie — vérité qui s'appuie sur les Saintes Lettres, est ancrée profondément dans l'âme des fidèles, approuvée depuis la plus haute antiquité par le culte de l'Église, en parfait accord avec les autres vérités révélées, démontrée et expliquée, par l'étude, la science et la sagesse des théologiens —, nous pensons que le moment fixé par le dessein de Dieu dans sa Providence est maintenant arrivé où nous devons déclarer solennellement cet insigne privilège de la Vierge Marie.
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Re: Dogme de l'ASSOMPTION de la B.V. Marie.
VII. Opportunité de la définition
Nous qui avons confié Notre pontificat au patronage particulier de la Très Sainte Vierge, vers qui Nous Nous réfugions en tant de vicissitudes des plus tristes réalités, Nous qui avons consacré à son Cœur immaculé le genre humain tout entier en une cérémonie publique, et qui avons éprouvé souvent sa très puissante assistance, Nous avons une entière confiance que cette proclamation et définition solennelle de son Assomption apportera un profit non négligeable à la société humaine, car elle tournera à la gloire de la Très Sainte Trinité à laquelle la Vierge Mère de Dieu est unie par des liens tout particuliers. Il faut, en effet, espérer que tous les fidèles seront portés à une piété plus grande envers leur céleste Mère ; que les âmes de tous ceux qui se glorifient du nom de chrétiens seront poussées au désir de participer â l'unité du Corps mystique de Jésus-Christ et d'augmenter leur amour envers Celle qui, à l'égard de tous les membres de cet auguste Corps, garde un cœur maternel. Et il faut également espérer que ceux qui méditent les glorieux exemples de Marie se persuaderont de plus en plus de quelle grande valeur est la vie humaine si elle est entièrement vouée à l'accomplissement de la volonté du Père céleste et au bien à procurer au prochain ; que, alors que les inventions du « matérialisme » et la corruption des mœurs qui en découle menacent de submerger l'existence de la vertu et, en excitant les guerres, de perdre les vies humaines, apparaîtra le plus clairement possible, en pleine lumière, aux yeux de tous, la fin sublime à laquelle sont destinés notre âme et notre corps ; et enfin que la foi en l'Assomption céleste de Marie dans son corps rendra plus ferme notre foi en notre propre résurrection, et la rendra plus active.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Dogme de l'ASSOMPTION de la B.V. Marie.
VIII. Promulgation du dogme
a) Coïncidence heureuse avec l’Année Sainte
Ce Nous est une très grande joie que cet événement solennel arrive, par un dessein de la Providence de Dieu, alors que l'Année Sainte suit son cours, car ainsi Nous pouvons, pendant la célébration du très grand Jubilé, orner le front de la Vierge Mère de Dieu de ce brillant joyau et laisser un souvenir plus durable que l'airain de Notre piété très ardente envers la Mère de Dieu.
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Re: Dogme de l'ASSOMPTION de la B.V. Marie.
VIII. Promulgation du dogme
b) Définition solennelle
C'est pourquoi, après avoir adressé à Dieu d'incessantes et suppliantes prières et invoqué les lumières de l'Esprit de vérité, pour la gloire du Dieu Tout-Puissant qui prodigua sa particulière bienveillance à la Vierge Marie, pour l'honneur de son fils, Roi immortel des siècles et Vainqueur de la mort et du péché, pour accroître la gloire de son auguste Mère et pour la joie et l'exultation de l'Eglise tout entière, par l'autorité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, des bienheureux apôtres Pierre et Paul et par la Nôtre, Nous proclamons, déclarons et définissons que c'est un dogme divinement révélé que Marie, l'Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste.
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Re: Dogme de l'ASSOMPTION de la B.V. Marie.
VIII. Promulgation du dogme
c) Obligation d’y adhérer sous peine de faire défection dans la foi
C'est pourquoi, si quelqu'un — ce qu'à Dieu ne plaise — osait volontairement nier ou mettre en doute ce que Nous avons défini, qu'il sache qu'il a fait complètement défection dans la foi divine et catholique.
Et pour que Notre définition de l'Assomption au ciel de la Vierge Marie dans son corps parvienne à la connaissance de l'Eglise universelle, Nous voulons que Nos Lettres apostoliques présentes demeurent pour en perpétuer la mémoire, ordonnant que les copies qui en seront faites, ou même les exemplaires qui en seront imprimés, contresignés de la main d'un notaire public, et munis du sceau d'une personne constituée en dignité ecclésiastique, obtiennent foi absolument auprès de tous comme le feraient les présentes Lettres elles-mêmes si elles étaient exhibées ou montrées.
Qu'il ne soit permis à qui que ce soit de détruire ou d'attaquer ou contredire, par une audacieuse témérité, cet écrit de Notre déclaration, décision et définition. Si quelqu’un avait la présomption d'y attenter, qu'il sache qu'il encourrait l'indignation du Dieu Tout-Puissant et des bienheureux apôtres Pierre et Paul.
Donné à Rome, près St-Pierre, l'année du très grand Jubilé mil neuf cent cinquante, le premier novembre, en la fête de Tous les Saints, de Notre pontificat la douzième année.
Moi, PIE,
Evêque de l'Eglise catholique,
j'ai signé cette définition.
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