LETTRE A L'ÉPISCOPAT ITALIEN SUR LA TÉLÉVISION - S.S. le pape Pie XII - 1er janvier 1954
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LETTRE A L'ÉPISCOPAT ITALIEN SUR LA TÉLÉVISION - S.S. le pape Pie XII - 1er janvier 1954
LETTRE A L'ÉPISCOPAT ITALIEN SUR LA TÉLÉVISION
(1er janvier 1954) 1
ce jour, Pie XII envoya l'exhortation suivante aux Evêques d'Italie :
Les progrès rapides que la télévision fait désormais en de nombreux pays maintiennent Notre attention toujours plus en éveil sur cet instrument merveilleux offert à l'humanité par la science et par la technique, instrument précieux et dangereux en même temps, à cause des répercussions profondes qu'il est destiné à exercer sur la vie publique et privée des nations.
En Italie, la télévision est sur le point de commencer ses émissions régulières, et le projet déjà élaboré d'un vaste réseau de stations sur tout le territoire national fait prévoir avec raison les développements considérables promis à ce nouveau et puissant moyen d'expression et de diffusion des images, des idées, des sentiments et de l'art.
L'importance de cet événement ne peut échapper à personne, car il pose au public une nouvelle série de problèmes délicats et urgents d'ordre moral, de présence vigilante et active, et d'organisation dans ce domaine également.
Le fait de savoir, Vénérables Frères, que vous partagez Nos paternelles sollicitudes en ce sujet, Nous apporte un grand réconfort dont Nous vous remercions cordialement.
Conscient donc de la gravité de la matière, Nous croyons arrivé le moment de vous adresser la parole sur ce sujet pour vous encourager à persévérer dans les louables efforts que vous avez déjà entrepris et pour que votre action, convenablement orientée par les directives que Nous entendons vous donner, soit opportune, efficace et produise des fruits salutaires et durables.
Et tout d'abord, il convient de remercier Dieu pour cette découverte de la télévision.
Nous reconnaissons pleinement la valeur de cette lumineuse conquête de la science, car elle est une nouvelle manifestation des merveilleuses grandeurs de Dieu, qui « en a donné aux hommes la connaissance afin d'être honoré dans ses merveilles »2. La télévision nous impose à tous par conséquent, le devoir de la reconnaissance, que l'Eglise ne se lasse jamais de rappeler à ses fils chaque jour au Saint Sacrifice de l'Autel quand elle les avertit que « c'est chose vraiment digne et juste, équitable et salutaire de rendre grâces toujours et en tout lieu à Dieu pour ses dons ».
Tels étaient les sentiments de Notre esprit, Vénérables Frères, quand, à Pâques 1949 3, il Nous fut donné pour la première fois d'user de ce moyen pour communiquer avec Nos fils, et de faire en sorte que non seulement Notre voix leur arrivât, mais que leurs regards pussent en même temps se rencontrer avec Notre personne, et dès lors Nous Nous exprimions en ces termes : « Nous attendons de la télévision des conséquences de la plus haute importance pour la révélation toujours plus lumineuse de la vérité aux intelligences loyales ».
Le Saint-Père cite les avantages que ce nouveau procédé apporte à l'humanité.
Du reste, il n'est pas difficile de se rendre compte des innombrables avantages de la télévision, pourvu, comme Nous l'espérons, qu'elle soit mise au service de l'homme pour son perfectionnement.
2 Eccli. XXXVIII, 6.
3 Cf. Documents Pontificaux 1949, p. 144.
En premier lieu, c'est une distraction familiale :
Tandis qu'en effet ces derniers temps le cinéma, le sport ainsi que les dures nécessités du travail quotidien tendent à éloigner toujours plus de la maison les membres de la famille, troublant ainsi le développement naturel de la vie domestique, comment ne pas Nous réjouir de voir la télévision contribuer efficacement à reconstituer cet équilibre, en offrant à toute la famille la possibilité de prendre ensemble un honnête divertissement, loin du danger des compagnies et des lieux malsains.
En deuxième lieu, la télévision peut être un excellent moyen d'éducation :
Nous ne pouvons rester indifférent en face de l'influence bienfaisante que la télévision est capable d'exercer au point de vue social, dans le domaine de la culture, de l'éducation populaire, de l'enseignement et dans la vie même des peuples : cet instrument les aidera certainement à mieux se connaître, à mieux se comprendre et à s'élever à l'union cordiale et à une plus grande collaboration.
En troisième lieu, on peut grâce à la télévision répandre le message évangélique :
Il Nous plaît cependant de Nous arrêter d'une manière particulière sur le rôle que la télévision ne manquera pas d'avoir dans la diffusion du message évangélique. Nous connaissons les résultats consolants obtenus par les efforts des catholiques dans les pays où la télévision a déjà été introduite depuis un certain temps. Mais qui pourra prévoir le nombre et l'étendue des horizons nouveaux qui s'ouvriront à l'apostolat chrétien quand les stations de télévision, réparties sur tout le globe, permettront à tous de contempler encore mieux la vie palpitante de l'Eglise ? Nous aimons à penser qu'alors se resserreront encore davantage les liens spirituels de la grande famille chrétienne et que les hommes mieux éclairés par la lumière de l'Evangile, grâce à ce merveilleux instrument, pourront jouir d'une meilleure connaissance, d'un plus grand approfondissement et d'une plus vaste dilatation du Règne de Dieu dans le monde.
Cependant, la télévision offre des dangers :
De telles considérations ne doivent pas toutefois faire oublier un autre aspect de ce problème délicat et important. Si en effet la télévision bien réglée peut constituer un moyen efficace d'éducation sage et chrétienne, il est également vrai qu'elle ne manque pas non plus de dangers, à cause des abus et profanations auxquels la faiblesse et la malice des hommes pourraient la conduire ; dangers d'autant plus graves que plus grande est la puissance suggestive de cet instrument et plus vaste et indéterminé le public auquel il s'adresse, surtout les groupes familiaux composés de personnes de tout âge et sexe, de culture et de préparation morale différentes, apportées par le journal, les faits divers, le spectacle. Comme la radio, elle peut entrer en toute maison et en tout lieu, et cela à toute heure, y apportant non seulement les sons et les paroles, mais aussi les images concrètes et animées, ce qui lui confère une plus grande puissance émotive, spécialement à l'égard des jeunes. A cela s'ajoute que les programmes des émissions de télévision sont formés en grande partie de films cinématographiques et de représentations théâtrales dont trop peu encore, l'expérience l'enseigne, sont en état de satisfaire pleinement aux exigences de la morale chrétienne et naturelle. Il faut noter enfin que la télévision trouve son public le plus avide et le plus attentif parmi les enfants et les adolescents, que leur âge même rend plus sensibles à son charme et qui, consciemment ou inconsciemment transforment plus facilement en réalités vivantes les images perçues dans la vision animée de l'écran.
Les parents doivent surveiller de près les émissions :
Or, quand on pense à l'inestimable valeur de la famille, qui est la cellule de la société, et quand on réfléchit qu'à la maison doit se développer non seulement le corps mais aussi l'esprit de l'enfant, espérance précieuse de l'Eglise et de la Patrie, on ne peut se dispenser de déclarer à tous ceux qui partagent la responsabilité de la télévision, que les devoirs et les responsabilités qui leur incombent devant Dieu et devant la société sont très graves.
De même les autorités publiques doivent veiller à ce que rien d'inconvenant ne paraisse sur les écrans.
Il revient surtout aux autorités publiques de veiller de toute manière à ce que rien ne blesse ou ne trouble cette atmosphère de pureté et de réserve qui doit entourer le foyer domestique devant lequel la sagesse antique elle-même, saisie d'un respect sacré proclamait : « Que rien d'inconvenant pour l'oreille ou pour la vue ne touche le seuil de cette maison... on doit à l'enfant le plus grand respect »4.
Nous ne cessons d'avoir présent à l'esprit le tableau douloureux de la puissance maléfique et perturbatrice des spectacles cinématographiques. Mais comment ne pas frémir à la pensée que, par la télévision, puisse pénétrer dans la maison elle-même, cette atmosphère empoisonnée de matérialisme., de sottise et d'hédonisme que l'on respire trop souvent dans tant de salles de cinéma ? Vraiment, on ne pourrait rien imaginer de plus fatal aux forces spirituelles de la nation si devant tant d'âmes innocentes, au sein de la famille elle-même, devaient se répéter ces impressionnantes révélations du plaisir, de la passion et du mal, qui peuvent ébranler et ruiner pour toujours tout un édifice de pureté, de bonté et de saine éducation individuelle et sociale.
Pour ces motifs, Nous croyons opportun d'observer que la vigilance exercée normalement par l'autorité responsable du spectacle public ne suffit pas à assurer la tenue morale irréprochable des émissions de télévision : un autre critère d'appréciation est nécessaire, car il s'agit de représentations qui doivent pénétrer dans le sanctuaire de la famille. On voit donc, surtout en ce domaine, combien sont mal fondés les droits prétendus de la liberté totale de l'art, ou le recours au prétexte de la liberté d'information et de pensée ; des valeurs supérieures sont en jeu qu'il faut protéger et qu'on ne pourrait violer sans encourir les sévères sanctions dont le divin Sauveur menaçait les coupables : « Malheur au monde, à cause des scandales !... malheur à l'homme par la faute de qui arrive le scandale 5. »
Nous avons la profonde assurance que le sens élevé des responsabilités chez ceux qui président à la vie publique saura empêcher les tristes éventualités dont Nous avons parlé ci-dessus. Nous voulons espérer au contraire, en ce qui regarde les programmes des spectacles, qu'on prendra des mesures opportunes pour faire servir la télévision à la saine récréation des citoyens et contribuer aussi en toutes circonstances à leur éducation et à leur élévation morale, mais pour que ces mesures souhaitées reçoivent ensuite une pleine application, il faut que tous y apportent une vigilance attentive et active.
L'Eglise doit, sur ce terrain être vigilante.
C'est à vous d'abord, Vénérables Frères, que Nous Nous adressons et à tout le clergé, en faisant Nôtres à ce sujet les paroles de saint Pau] à Timothée : « Je t'adjure devant Dieu et Jésus-Christ qui jugera les vivants et les morts, et par sa venue et par son règne : prêche la parole, insiste à temps et à contretemps, reprends, supplie, exhorte, en toute patience et souci d'instruction 6 ». Avec une insistance toute pareille, Nous Nous adressons aux laïcs eux-mêmes que Nous désirons aussi voir dans cette sainte croisade toujours plus nombreux, et serrés autour de leurs Pasteurs. Qu'en particulier ceux que l'Eglise appelle dans l'Action Catholique aux côtés de la Hiérarchie sentent la nécessité de prendre des initiatives opportunes pour faire sentir leur présence en ce domaine avant qu'il ne soit trop tard. A personne il n'est permis de contempler passivement les développements rapides de la télévision quand on sait l'influence si puissante qu'elle est indubitablement capable d'exercer sur la vie nationale, pour promouvoir le bien comme pour répandre le mal. Et si des abus et des altérations éventuelles se produisent il ne suffira pas que les catholiques se contentent simplement de les déplorer ; au contraire, il faudra les dénoncer aux autorités publiques au moyen d'indications bien précises et documentées. Comment ne pas reconnaître en effet qu'une des causes, la moins remarquée peut-être, mais non la moins réelle, de la diffusion si grande de l'immoralité consiste moins dans l'absence de mesures que dans le manque de réactions ou dans la réaction trop faible des honnêtes gens qui n'ont pas su dénoncer à temps des infractions aux lois sur les bonnes mœurs ?
Il faut que les catholiques usent de la télévision pour former chrétiennement les âmes.
Toutefois votre œuvre serait bien loin encore de satisfaire pleinement Nos désirs et Nos espérances si elle se limitait simplement à vous défendre contre le mal et ne devenait, au contraire, une vigoureuse affirmation du bien. Le but que Nous voulons vous indiquer est que la télévision ne soit pas seulement moralement irréprochable, mais devienne aussi chrétiennement éducatrice.
Ici s'appliquent les sages réflexions que Notre Prédécesseur d'heureuse mémoire, Pie XI, appliquait au cinéma : « Les progrès de l'art, de la science, de l'industrie humaine, puisqu'ils sont de vrais dons de Dieu, doivent être ordonnés et servir pratiquement à l'extension du règne de Dieu sur la terre afin que, selon la prière de la Sainte Eglise, Nous en profitions de telle sorte que nous ne perdions pas les biens éternels : sic transeamus per bona temporalia ut non amittamus aeterna » (Encyclique Vigilanti Cura).
Il faut organiser la participation des catholiques à Vélaboration des programmes :
Pour atteindre ce but, on comprend facilement l'importance de la préparation des programmes de la télévision. Or, dans un pays aux traditions catholiques aussi anciennes et profondes que la Nation italienne, Nous avons pleinement le droit d'espérer que la télévision réservera au catholicisme une place proportionnée à l'importance qu'il occupe dans la vie nationale.
A cet effet, Nous savons avec quel zèle louable on a déjà veillé dans les Diocèses où se trouvent des stations de télétransmission à désigner un ou plusieurs laïcs ou prêtres chargés de s'intéresser à la formation des programmes de caractère religieux. Nous souhaitons donc que, pour un meilleur rendement, elle puisse s'effectuer d'une façon coordonnée sur le plan national et dépende d'un Office Central compétent qui ait pour fonction d'imprimer, sur les points essentiels, un caractère uniforme à l'action des individus, de faire servir à tous les fructueuses expériences réalisées en ce domaine dans les diverses parties du monde, de recueillir les indications et les conseils surtout ceux des Pasteurs d'âmes, et en même temps de représenter auprès de qui de droit la voix et la pensée même de l'Episcopat italien. Si l'Episcopat agit en ce sens et interprète les désirs non seulement de la partie saine de la Nation, mais aussi ceux de la majeure partie des usagers de la télévision, il sera certes plus facile aux responsables en ce qui regarde le choix des programmes, de résister à des critères et à des jugements de valeur qui ne seraient pas entièrement recommandables, de quelque côté qu'on les suggère. De même pourront aboutir à l'Office susdit les initiatives d'ordre culturel, d'organisation ou autres, prises de différents endroits. Comme le dynamisme de la vie moderne reçoit une impulsion très puissante de l'esprit d'organisation, il est nécessaire de marcher dans l'union et la concorde ; en ce domaine précisément l'union des catholiques fait leur force.
On formera en cette matière la conscience des catholiques :
En même temps, il est plus que jamais nécessaire et urgent de former chez les fidèles une conscience droite des devoirs chrétiens dans l'usage de la télévision ; une conscience qui sache remarquer les périls éventuels et s'en tienne aux jugements de l'autorité ecclésiastique sur la moralité des spectacles télévisés. Qu'on éclaire en premier lieu les parents et les éducateurs afin qu'ils n'aient pas à pleurer, quand il sera trop tard, sur les ruines spirituelles de l'innocence perdue. Nous ne pourrions donc assez louer comme de vrais apôtres du bien tous ceux qui, selon leurs possibilités, vous aideront dans cette oeuvre bienfaisante.
Le Pape demande sur ce sujet la collaboration des Evêques.
Le travail qui vous attend, Vénérables Frères, Nous ne le dissimulons pas, est immense et ardu. Mais que vous soutiennent la conscience de lutter pour la sauvegarde de la morale chrétienne au milieu de votre troupeau, et la Vierge Immaculée, à la maternelle protection de qui Nous confions particulièrement, en cette année qui Lui est consacrée, l'heureux succès de vos efforts. Et de même que, par une sorte d'heureux augure, les premiers pas de la télévision ont contribué ici à Rome à rendre plus solennelle l'inauguration de l'Année Ma-riale, puissent ses développements ultérieurs aider aux triomphes futurs de Jésus et de Marie, en faisant rayonner plus intensément sur toutes les âmes de bonne volonté « la lumière qui illumine tout homme qui vient en ce monde8 » et en apportant dans toutes les maisons, en tout lieu, partout où ce moyen pénétrera « tout ce qui est vrai, tout ce qui est honnête, tout ce qui est juste, tout ce qui est saint, tout ce qui rend aimable » ; la cause de la civilisation en tirera avantage avec celle de la religion et de la paix, « et le Seigneur de la paix sera avec vous » (Ph 4,8-9).
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Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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FONDATION DE LA COMMISSION PONTIFICALE DU CINÉMA, DE LA RADIO ET DE LA TÉLÉVISION
(16 décembre 1954) 1
En 1948 déjà, une Commission Pontificale pour le cinéma avait été créée à Rome ; cette fois, les statuts de celle-ci sont étendus par le document suivant émanant de la Secrétairerie d'Etat :
STATUTS
Article premier. — Est instituée la Commission Pontificale pour le cinéma, la radio et la télévision.
Article 2. — La Commission Pontificale pour le cinéma, la radio et la télévision est l'Organe du Saint-Siège pour l'étude des problèmes du cinéma, de la radio et de la télévision, qui ont un rapport avec la foi et avec la morale.
Article 3. — La Commission Pontificale pour le cinéma, la radio et la télévision a pour fonction : suivre les orientations doctrinales et les tendances pratiques de la production et des transmissions par radio et télévision ; diriger l'activité des catholiques et promouvoir la mise en pratique des instructions et directives émanant de la Suprême Autorité ecclésiastique.
Article 4. — La Commission pour le cinéma, la radio et la télévision est à la disposition des saints Dicastères et Bureaux du Saint-Siège et des Excellentissimes Ordinaires pour leurs informations et pour l'étude des questions qu'ils proposent.
Article 5. — Afin de favoriser les productions et les émissions conformes à l'esprit chrétien et de préserver les fidèles de celles qui seraient moralement contraires, la Commission Pontificale pour le cinéma, la radio et la télévision se maintient en contact avec les Centres catholiques nationaux de cinéma, radio et télévision et avec les Organisations internationales respectives (O.I. C. UNDA) pour l'échange d'informations, la collaboration et le soutien de leur activité.
Article 6. — La Commission Pontificale pour le cinéma, la radio et la télévision s'abstient normalement de publier les jugements favorables ou non sur les films, ou sur les émissions de la radio ou de la télévision, s'en remettant, dans l'esprit des règles émanées du Saint-Siège à ce propos, aux Centres nationaux respectifs que la sacrée hiérarchie soutient en chaque pays.
Article 7. - La Commission Pontificale pour le cinéma, la radio et la télévision est nommée par le Saint-Siège et est ainsi composée :
1. Le président qui reste en charge six ans.
2. Le Conseil de présidence dont font partie :
a) les membres de droit :
— l'assesseur de la Sacrée Congrégation du Saint-Office ;
— l'assesseur de la Sacrée Congrégation Consistoriale ;
— l'assesseur de la Sacrée Congrégation pour l'Eglise orientale ;
— le secrétaire de la Sacrée Congrégation des Religieux ;
— le secrétaire de la Sacrée Congrégation de la Propagation de la Foi ;
— le secrétaire de la Sacrée Congrégation des Séminaires et des Universités des Etudes ;
— le substitut de la Secrétairerie d'Etat de Sa Sainteté ;
b) quatre membres, au maximum, au choix du St-Siège.
3. Le Comité exécutif composé comme suit :
Le Président de la Commission ;
— un secrétaire exécutif ;
— au moins trois consulteurs parmi lesquels est compté le directeur de la Radio vaticane ;
— un Collège d'experts avec trois sections : cinéma, radio, télévision.
Les membres du Comité exécutif restent en charge quatre ans.
Article 8. — La Commission Pontificale pour le cinéma, la radio et la télévision a son siège dans la Cité du Vatican.
Disposition finale. — Par la publication du présent statut dans les Acta Apostolicse Sedis, la Commission pour le cinéma, la radio et la télévision remplace la Commission Pontificale pour le cinéma [17].
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Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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LETTRE DE LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT A L'OCCASION DE JOURNÉES SUR LE CINÉMA (5 janvier 1957)
LETTRE DE LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT A L'OCCASION DE JOURNÉES SUR LE CINÉMA
(5 janvier 1957) 1
Des Journées internationales d'études sur le cinéma se sont tenues à La Havanne du 4 au 11 janvier. A cette occasion, Son Excellence Monseigneur Dell'Aequa, substitut de la Secrétairerie d'Etat, a fait parvenir au nom du Saint-Père la lettre suivante, en français, à Monsieur le chanoine Bernard, président de l'Office catholique international du cinéma.
Les prochaines Journées internationales d'études, organisées par l'Office catholique international du cinéma, auront lieu, pour la première fois, sur une terre d'Amérique, à La Havane, et l'institution que vous présidez y trouvera une possibilité nouvelle d'élargir son champ d'activité. Il faut s'en féliciter, car les problèmes moraux et culturels posés dans le monde par le cinéma appellent de nos jours une action concertée des catholiques. D'ailleurs, en envoyant un observateur à ces journées, qui se tiendront sous l'égide de Son Eminence le Cardinal Arteaga y Betancourt, le Saint-Siège entend bien manifester l'intérêt qu'il porte à vos débats, et je suis heureux de me faire personnellement auprès de vous l'interprète des voeux paternels de Sa Sainteté.
On ne peut certes pas dire que, par la diffusion de la cotation morale des films, l'Eglise n'exerce qu'une protection négative. Déjà, par ses jugements normatifs, elle forme la conscience des fidèles, oriente leur choix et favorise le succès des films valables. Il n'en reste pas moins que cette action nécessaire demande à être accompagnée d'un effort d'éducation proprement dit. C'est pourquoi votre prochaine session, s'inscrivant dans la suite des journées de Cologne et de Dublin, étudiera les groupements dits de culture cinématographique et leur influence sur la distribution et la production des films.
Définir et répandre une vraie culture cinématographique est une tâche à laquelle les catholiques s'appliquent déjà en de nombreux pays. Ce faisant, ils sont fidèles aux traditions de l'Eglise, indépendante des formes particulières et transitoires de civilisation, mais toujours prête à favoriser d'authentiques progrès des arts et des sciences. Et s'il est vrai que le film offre au monde contemporain un mode nouveau d'expression artistique et d'éducation collective, les fils de l'Eglise sont mieux armés que quiconque pour orienter celui-ci vers sa fin véritable et le préserver des risques d'erreur ou de déviation. Forts de ce sain optimisme qui rendait déjà l'Apôtre accueillant à « tout ce qui est juste, tout ce qui est pur... tout ce qui est digne d'éloge » (Phil. iv, 8 ), ils maintiendront sans faiblesse qu'il n'est pas de culture, dans le domaine du cinéma comme en tout autre, qui ne doive se mettre « au service de l'homme, pour l'aider à maintenir et réaliser l'affirmation de soi-même dans le chemin de la rectitude et du bien » 2.
En application de ces principes, il faut souhaiter que se multiplient, dans les écoles comme dans les cercles de jeunes et d'adultes, sous une forme adaptée aux différentes contrées et aux divers milieux sociaux, ces groupements de culture cinématographique, qui sont à l'ordre du jour de votre session. Par le développement du sens critique, par l'affinement du goût et l'élévation du niveau culturel, ces groupements peuvent rendre d'immenses services ; ils apprennent à dominer le déroulement d'un film — grâce à cette « énergie spirituelle » et à cette « réserve intérieure » dont a parlé le Saint-Père — à dégager, à travers le langage mieux compris des images, la portée esthétique, intellectuelle et morale de ce film : en un mot, à le juger et à en user en homme et en chrétien.
La formation des animateurs de tels groupements a ici une importance décisive, et l'on ne saurait trop insister sur leurs responsabilités d'éducateurs et les exigences de leur tâche. Il va de soi notamment que l'on n'obtiendrait pas le but visé si l'on négligeait de prendre en considération, dans le jugement d'un film, l'appréciation morale portée par les organismes ecclésiastiques compétents. Sur ce point, le Saint-Père exhorte les membres de ces groupements de culture à tenir le plus grand compte, dans les analyses et les discussions, de la cotation morale. Celle-ci n'est pas une censure s'imposant du dehors, mais un élément constitutif du jugement de toute conscience chrétienne bien formée. A plus forte raison, serait-il inadmissible de présenter à des catégories de spectateurs, sous prétexte d'étude, des films déclarés mauvais et nocifs pour eux, ou encore de passer aux enfants des films réservés aux adultes. La vraie culture cinématographique ne saurait se concevoir en marge des lois de la morale.
Si, au contraire, on s'applique, grâce à une formation sérieuse et méthodique des fidèles, à préparer une opinion publique catholique disciplinée et exigeante pour la qualité artistique et morale des films, il n'est pas possible qu'un tel effort ne rencontre la faveur de tous les hommes de bonne volonté, désireux d'assainir les spectacles, d'en élever le niveau et de mettre résolument l'art cinématographique au service des plus hautes valeurs de la culture et de la civilisation. Le Saint-Père a souvent marqué l'importance actuelle de l'opinion publique ; en ce qui concerne le cinéma, celle-ci est capable d'exercer une influence parfois décisive sur l'accueil fait à tel ou tel film et, par voie de conséquence, d'agir sur la production elle-même. Ne peut-on pas dire que, pour une large part, un public a les films qu'il mérite ?
Que chacun s'interroge donc sur son propre devoir et entende le grave avertissement que dictait au chef de l'Eglise sa sollicitude pour les foules d'hommes, de femmes, de jeunes gens et d'enfants qui fréquentent par millions les cinémas : « S'il survenait demain, observait-Il, une décadence spirituelle et culturelle, dont la liberté indisciplinée des films partagerait la responsabilité, quel reproche n'adresserait-on pas à la sagesse des hommes d'aujourd'hui, qui ne surent pas diriger un instrument aussi apte à éduquer et à élever les âmes, mais qui permirent au contraire qu'il se changeât en véhicule du mal ! 3 » Cette pensée doit stimuler les énergies, parce qu'elle éveille la conscience des chrétiens sur la portée et l'urgence de leurs efforts, parce qu'aussi elle en marque clairement le but. Par delà le bénéfice personnel que chacun peut tirer de sa fréquentation des groupements de culture cinématographique, il s'agit de notre responsabilité collective sur la production des films et de notre devoir d'en susciter la constante amélioration.
Sa Sainteté encourage de grand coeur tous ceux de ses fils qui se dépensent généreusement dans ce secteur de l'activité catholique, en pleine harmonie avec les directives de l'épiscopat local et sous la conduite des centres nationaux du cinéma. Qu'ils reçoivent comme adressée à eux-mêmes cette assurance que le Saint-Père donnait naguère aux producteurs de bons films : « Vous aurez avec vous, leur disait-Il, l'accord et l'approbation de tous ceux qui ont un jugement sain et une volonté droite, et surtout l'approbation de votre conscience i. » En gage aussi de sa propre et très paternelle approbation, Sa Sainteté leur envoie volontiers, ainsi qu'à vous-même, à vos collaborateurs de l'Office catholique international du cinéma, aux organisateurs et à tous les participants des Journées d'études de La Havane, le réconfort de la Bénédiction apostolique.
1 D'après le texte français de VOsservatore Romano quotidien/ du 5 janvier 1957.
2 Discours du 21 juin 1955 ; A. A. S., XXXXVII, 1955, p. 511 ; cf. Documents Pontificaux 1955, p. 200.
3 Discours du 28 octobre 1955 ; A. A. S., XXXXVII, 1955, p. 817 ; cf. Documents Pontificaux 1955, pp. 401-402.
4 A. A. S., XXXXVII, 1955, p. 306 ; cf. Documents Pontificaux 195;, p. 194.http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/pt/csb.htm
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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