LE DOGME DU PURGATOIRE

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Message  Monique Mar 22 Fév 2011, 7:26 pm

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LE DOGME DU PURGATOIRE

Les bons chrétiens ont-ils aperçu le côté vivifiant du dogme du Purgatoire? Ou bien l'ont-ils rangé dans la catégorie des « choses à croire », choses qui n'ont, semble-t-il, d'autre intérêt que d'humilier notre esprit par leur insondabilité ? Demandons-nous, par exemple, ce qu'apporte de vie le dogme du Purgatoire aux chrétiens engagés dans l'action catholique?

Et c'est ici que nous nous retrouvons dans une église débordante de chapelles. Par réaction contre ceux qui se cantonnent dans l'une ou l'autre de ces chapelles, — ou qui semblent le faire, — beaucoup de chrétiens refusent absolument de les voir. Ils viennent de découvrir le sanctuaire, au prix parfois de grands efforts et d'erreurs nombreuses ; dans leur ferveur nouvelle, ils ne veulent avoir d'yeux que pour le centre : le Christ.

Nous vivons à une époque de retour à la parole de Dieu, à la foi chrétienne désirée dans sa substantielle réalité, sans édulcoration, ni parasite. Qui ne voit que cet enthousiasme absolutiste risque d'aboutir à un simplisme appauvrissant. Il était certainement nécessaire de revenir au centre pour s'y retrouver. Mais à partir de ce centre, il faut redécouvrir le rapport profond qu'ont les chapelles avec le sanctuaire. Agir autrement serait supprimer tout l'édifice. Le rapport découvert, il se peut que les chapelles soient quelque peu désencombrées ; elles ne seront nullement supprimées et, sous leur apparent appauvrissement, elles revivront (1).

C'est ainsi que nous sommes amenés, pour répondre à une enquête du christianisme contemporain, à « re-situer » le dogme du Purgatoire, c'est-à-dire à re-découvrir le lien qui existe entre ce dogme, apparemment « excentrique » au sens étymologique, et le centre; lien qui fait du Purgatoire un dogme chrétien et sans lequel le dogme risque fort — le passé en est garant — de devenir très vite une croyance païenne, vivant de la seule imagination ou d'un sentimentalisme maladif.

Comment re-situer un dogme, sinon en retrouvant ses sources et d'une manière très spéciale ses origines scripturaires? Il faut donc recourir à l'Écriture et voir ce qu'elle nous enseigne du Purgatoire. Mais il faut écarter dès l'abord une manière fausse de faire ce recours. Chercher, en effet, dans l'Écriture des « choses » au sujet du Purgatoire, des détails, c'est se condamner d'avance à trouver la Bible muette sur ce sujet. Nous ne trouverons, en effet, rien ou presque sur le lieu, les peines, la durée, etc. Interroger l'Écriture sur le Purgatoire ne sera donc absolument pas constituer un florilège de « textes » qui prouvent ou décrivent l'état des âmes des justes achevant de se purifier.

L'Écriture n'a pas ces perspectives et nous serons aussi peu renseignés si nous faisons une enquête sur le ciel, sur l'enfer, ou même sur la Vierge Marie. L'Écriture parle d'abord et surtout du plan de Dieu sur le Monde et, du reste, à propos de ce plan et sa réalisation (2) ; interroger l'Écriture sur des détails, c'est très souvent s'exposer à commettre des contresens, puisque c'est vouloir lui faire parler une langue qu'elle ne parle pas. On ne peut manquer alors de la trouver très brève, ce qui a été constaté bien des fois à propos du Purgatoire. Faut-il alors suppléer au silence de l'Écriture en imaginant ce qu'elle ne nous dit pas? Il paraît plus urgent de comprendre d'abord ce qu'elle dit. Re-situer un dogme revient alors à le mettre à sa place — car il en a une — dans l'unique sujet traité par l'Écriture : le Plan de Dieu réalisé dans le Christ.

(1) Il est notable que les dévotions qui se coupent de la Foi ne meurent pas pour autant, bien au contraire. Mais leur vie n'est pas chrétienne. Un retour aux sources de la Foi s'accompagne souvent d'un appauvrissement apparent. La fête de Noël pourrait fournir un bon exemple de ce genre de dévotions qui peu à peu sont devenues païennes.

(2) Cette idée est très bien développée par Newman dans ses sermons à propos de la Vierge Marie. Il y affirme que l'Ecriture ne fait jamais l'histoire de quelqu'un, mais n'en parle que dans la mesure où ce personnage rencontre l'histoire du salut, le dessein de Dieu. Cf. J.H. Newman : Parachial and plain sermons, Londres.



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No. 104, novembre 1957.


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Message  Monique Mer 23 Fév 2011, 2:21 pm

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Saint Paul, lorsqu'il parle de l'intelligence donnée par Dieu aux chrétiens, précise bien que cette intelligence provient de la connaissance qu'ils ont du dessein de Dieu. « Mystère de sa volonté, que, dans sa bienveillance, il avait dès longtemps arrêté en lui-même pour le réaliser une fois les temps révolus, à savoir : réunir toutes choses dans le Christ, tout ce qui existe aux cieux et sur la terre (1) ».

Le mystère chrétien, c'est donc le plan du Père : tout réunir dans le Christ ressuscité. La mort et la résurrection du Seigneur vont donc travailler le monde pour le faire mourir à tout ce qui vient d'Adam : péché, souffrance, mort, et le faire vivre selon la parole du Seigneur définissant sa mission : « Je suis venu afin qu'ils aient la vie et qu'ils l'aient en abondance (2). »

Ce mystère de vie a été réalisé une fois pour toutes, d'une manière définitive, à la Mort-Exaltation du Seigneur Jésus. Avec le Christ, c'est l'ancien état des choses qui disparaissait et le nouveau qui prenait sa place (3). Déjà, dans le Christ, toute l'humanité est ressuscitée et le temps qui sépare les deux résurrections, celle du Christ et celle de l'humanité, est donnée par le Père pour que ce qui est déjà réalisé dans le Seigneur se réalise effectivement dans le genre humain. La vie du Seigneur soulève donc le monde jusqu'au jour où, ayant enfin anéanti la mort, il remettra toutes choses à son Père (4). Toute la question pour l'humanité est d'atteindre la Résurrection. Sans doute, les saints qui meurent avant le Jour du Christ sont-ils avec le Seigneur et cela est-il bien supérieur à l'état de lutte et d'incertitude de la terre (5), mais le but ne sera vraiment atteint que par la résurrection.

D'humanité est donc en marche vers le Jour, toute l'humanité, bien qu'en des états différents. La vie du Christ opère chez les baptisés, elle opère dans la vie du chrétien. Toute la vie chrétienne ne peut connaître d'autre rythme que celui de Mort-Résurrection. Même après la mort physique, on n'échappe pas à cette solidarité avec le Christ mort et ressuscité. Des saints du Ciel sont les plus ressuscités des chrétiens, puisqu'ils vivent pour Dieu, en son amour. C'est en eux que se vérifient le mieux les qualités de l'homme nouveau. Ils participent donc à la Vie du Christ à un titre considérable. Et cependant, ils attendent encore la Résurrection de leur corps. Ils sont, de ce point de vue, en cet état où le Christ était entre sa mort et sa résurrection. Pour les saints du ciel, il n'est que cette résurrection corporelle à atteindre ; les saints du Purgatoire aspirent encore à leur pleine résurrection spirituelle. Sur eux doit s'exercer la puissance purificative et vivifiante du Père. Cette force s'exercera ici encore selon le rythme chrétien : Mort et Résurrection. Mort complète à tout ce qui est « vieil homme » : péché, égoïsme; fermeture sur soi. Résurrection de l'Homme nouveau, créé selon Dieu, ressemblance de plus en plus parfaite avec le Christ glorieux.

(1)Ephésiens, I, 9-10.
(2) Jean, X, 10.
(3) Cf. I Cor., XV, 45-ss.
(4) Cf. 1 Cor., XV, 24-29.
(5) Cf. Phil., I, 21.


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Message  Monique Mer 23 Fév 2011, 6:46 pm

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Ainsi de ce côté de la mort physique, comme de l'autre, c'est le même Mystère dont l'accomplissement se poursuit. Il est vrai que le « comment » nous est inconnu pour ce qui regarde nos frères du Purgatoire. Nous ne savons que l'essentiel, mais nous savons l'essentiel. La connaissance du reste est très secondaire par rapport à ce qui précède, et le suppose tel pour garder un sens chrétien.

Le Purgatoire est donc une étape en vue de la réalisation totale du Mystère de la Résurrection. Il n'y a qu'une seule Église différente en ses états : de la Terre, du Purgatoire, du Ciel. Ce que nous avons en commun est plus considérable que ce qui nous sépare. La route peut revêtir des aspects différents.

De fait, pour nous qui sommes à l'arrière, nos devanciers semblent avoir pris un tournant définitif qui nous les rend invisibles. Mais qu'importe au fond? Nous les savons sur la même route, tendus vers le même but, marchant du même pas « Mort-Résurrection ». Ainsi compris, le dogme du Purgatoire, bien que distinct des autres articles de foi, n'est absolument pas séparable d'eux. Il ne peut être séparé ni du Christ, ni de l'Église. Il est vraiment dogme chrétien. On voit aussi comment la communion des saints est le fondement d'une communauté très étroite.

Les saints du Purgatoire sont tellement de la même caravane que nous pouvons les aider. A cette lumière, on se rend compte que les suffrages pour les défunts ne sont pas, seulement, les prières, mais tout ce qui fait avancer le royaume de Dieu : actions, prières, souffrances. C'est cette communion qui nous autorise à comprendre le Purgatoire et à le décrire d'une façon valable à partir des états mystiques des chrétiens de cette terre. La communauté des hommes est telle que la connaissance que nous avons de nous-mêmes nous renseigne sur l'état des âmes du Purgatoire. S'il nous faut des comparaisons pour aider notre foi, il faut de préférence les chercher dans les saints de la terre qui sont bien plus proches des saints du Purgatoire que ne le seraient des comparaisons avec les éléments matériels imaginaires : prison pour dettes, etc.

Une telle conception n'aboutit-elle pas à une déperdition? Il est vrai qu'elle ne fait pas usage de descriptions habituelles. Ce n'est pas qu'elle les proscrive toutes en bloc pour autant. Mais elle veut leur donner un sens de foi chrétienne en les situant dans cette perspective. Si certains éléments ne peuvent être intégrés dans une vision chrétienne, c'est peut-être qu'ils ont été inventés pour suppléer à l'essentiel auquel on ne pensait pas assez. Il est frappant, du reste, de voir comment les définitions conciliaires sont discrètes et recommandent expressément d'observer la même attitude. Pour nous, il ne s'agit pas de changer, de supprimer, d'ajouter. La Tradition chrétienne ne nous appartient pas; il s'agit seulement de remettre le dogme du Purgatoire dans la perspective de ses sources. Ainsi nous aidons la vie chrétienne, car tout ce qui n'aboutit pas au Christ dans notre foi est perdu, inutile et pesant pour la vie.



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Message  Monique Ven 25 Fév 2011, 9:45 pm

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Le dogme du Purgatoire n'est donc pas quelque chose donné « en plus » de l'essentiel, objet d'une dévotion facultative.

Il n'est pas non plus un article de foi parmi les autres : une chose à croire, il est un élément dans un tout : le dessein de Dieu en Jésus-Christ. Par la foi, nous adhérons au Christ.

C'est par le Christ que nous pouvons espérer avoir l'intelligence du Purgatoire. En dehors de lui, toute science est vaine.

Rien ne doit nous séparer de Lui, et tout doit nous y ramener. Seul, le sanctuaire donnera l'intelligence des chapelles. « Qui nous arrachera à l'amour du Christ ? La tribulation ? la détresse ? la persécution? la faim? la nudité? le péril? le glaive?... »

Mais en tout cela, nous triomphons en celui qui nous a aimés. Oui, j'en ai l'assurance, ni mort, ni vie..., ni quoi que ce soit de créé ne saurait nous arracher à l'amour que Dieu nous témoigne dans le Christ Jésus Notre-Seigneur. (Rom., 35-39.)



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