Soeur Sourire
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Soeur Sourire
En cherchant de quoi à propos de liberté d'expression feminine, j'ai trouvé cette histoire scabreuse :
- Spoiler:
Sœur Sourire, une voix égarée
Stijn Coninx signe un portrait touchant de la jeune novice belge, qui
remporta un immense succès en 1963 avec sa chanson « Dominique », avant
d’entrer dans une spirale de désespoir
Sœur Sourire de Stijn Coninx
Film franco-belge, 2 heures
Il y a du tragique dans cette histoire-là. Un parcours déconcertant,
une époque bousculée, des rêves brisés… L’itinéraire chaotique de Sœur
Sourire, novice des dominicaines missionnaires au monastère belge de
Fichermont, devenue mondialement célèbre au début des années 1960 avec
sa chanson Dominique, était un sujet éminemment cinématographique. Après
Claire Guezengar et Catherine Sauvat, qui viennent chacune de lui
consacrer un livre (1), il était naturel qu’un réalisateur traduise sur
grand écran sa vision du personnage.
Le Belge Stijn Coninx accompagne avec une empathie certaine le
cheminement de Jeannine Deckers, jeune fille en quête de reconnaissance
et d’absolu, devenue en 1959, à 26 ans, une postulante un peu rebelle
sous le nom de Sœur Luc Gabriel, avant de se retrouver quelques années
plus tard, poussée par l’institution ecclésiale en pleine époque de
Vatican II, élevée au rang de pop star sous le pseudonyme de Sœur
Sourire.
Trois noms, un seul être dominé par le tourment, une femme en quête
d’idéal, espérant sincèrement, avec ses chansons, rapprocher les jeunes
de l’Église catholique, tout en incarnant ce bouillonnement d’avant 1968
qui rêvait de briser les carcans sociaux. Après avoir quitté la vie
religieuse, elle paiera au prix fort sa liberté d’expression, se mettant
bientôt à dos son propre public avec une chanson, La Pilule d’or,
apologie de la contraception qui fut reçue comme une terrible
provocation.Le portrait intime d'une éternelle adolescente
Détrônant les Beatles ou Elvis Presley dans les hit-parades américains en 1963, «
the Singing nun » (la religieuse chantante) semble avoir été, pour une
bonne part, responsable de sa propre chute et ne parvint jamais à
renouer avec le succès après avoir quitté le couvent.
Sa longue liaison avec une femme de onze ans sa cadette, Annie
Pecher, son attirance pour l’alcool et les médicaments, son différend
avec le fisc, son suicide enfin avec sa compagne en 1985 achevèrent de
lui donner une aura sulfureuse et laissèrent un douloureux souvenir au
sein de la communauté de Fichermont, établie sur le vaste champ de
bataille de Waterloo en signe de paix.
Stijn Coninx s’est heureusement gardé de verser dans la facilité
spectaculaire du portrait « trash ». Au contraire, le cinéaste propose
une œuvre pudique, cherchant à percer le mystère de son personnage, à le
rendre attachant en se concentrant sur ses blessures affectives. « Dans
le fond, je crois que c’était une grande adolescente instable et
bourrue qui n’est jamais devenue adulte et n’a jamais pu affronter la
réalité de la vie », note la comédienne Cécile de France, parfaite dans
ce rôle qu’elle défend dans un mélange d’énergie brute et de fragilité
sans fond.Issue d'un milieu non-croyant, elle voulait être missionnaire
Au-delà du film, le souvenir de ceux qui côtoyèrent Sœur Sourire est un
précieux contrepoint pour éclairer un parcours « beaucoup plus riche,
contrasté, ambigu que ne le laissa penser sa célèbre ritournelle »,
glisse Claire Guezengar. Sœur Luc Gabriel, pas spécialement souriante,
n’appréciait d’ailleurs guère son nom de scène choisi par sa maison de
disque. Elle le trouvait mièvre, lui préférant en privé celui de Sœur «
Fou-rires ».
Sœur Christiane Pauwels, qui vécut tout son noviciat avec elle, a accepté, pour La Croix,
de rompre le silence qu’entretenaient jusque-là les religieuses de
Fichermont. « On a cheminé ensemble de 1959 jusqu’en 1965, au moment où
je suis partie au Congo, résume cette religieuse. Elle avait fait des
études de dessin, artiste évoluant dans un milieu non-croyant et
anticlérical. Mais elle était croyante et cheftaine de guides. Elle
voulait être missionnaire. »
Une fois sortie du couvent, Sœur Sourire, qui se faisait dès lors
appeler Luc-Dominique, laissait entendre que les sœurs de Fichermont
avaient encaissé les énormes dividendes dus à son tube mondial et lui
auraient laissé payer seule ses impôts. Pour Yves Vender Cruysen,
échevin de la culture et des cultes de Waterloo, qui a connu Sœur
Sourire, la vérité est tout autre : « Je confirme que les sœurs lui
donnaient ce qu’elles estimaient être sa part. Philips, qui touchait les
plus gros dividendes (95 % du total, le reste au couvent) ne l’a jamais
aidée, tandis que les religieuses se sont montrées généreuses. Le
problème, c’est qu’elle dépensait tout ce qu’elle avait pour soutenir
son amie à faire tourner Claire-Joie, une maison pour enfants autistes
que celle-ci avait fondée. »Elle voulait que le message de l'Evangile parvienne au monde
Sœur Christiane Pauwels précise les faits : « En partant, elle avait signé
un contrat en bonne et due forme dégageant le monastère de toute
obligation à son égard. L’argent venu des disques avait été donné, tous
les évêques du tiers-monde ayant défilé à Fichermont pour solliciter la
prieure. Ensuite, par charité, nous l’avons aidée à acheter son
appartement de Wavre, à condition qu’elle cesse de nous dénigrer et
qu’elle signe un document selon lequel la congrégation ne lui devait
plus rien, ce qu’elle a fait. » Mais Jeannine Deckers continuait
toujours à jeter ses feuilles d’impôts à la poubelle et à engloutir le
peu qu’elle touchait désormais comme professeur de guitare.
Les liens avec sa famille, déjà marqués par une relation
conflictuelle avec sa mère, s’étaient distendus. Peu à peu, Jeannine et
Annie se sont repliées sur elles-mêmes, jusqu’à leur suicide – que le
film évoque avec pudeur mais aussi dans une sorte de sérénité
dérangeante. Son exécuteur testamentaire, le P. Jean-Yves Quellec,
bénédictin du monastère de Clerlande, à Ottignies, fut une des rares
personnes à qui Sœur Sourire fit confiance jusqu’au bout. « J’ai voulu
la garder dans l’espérance, témoigne-t-il, mais celle-ci a ses racines
dans les creux et ne se confond pas avec la somme des espoirs souvent
déraisonnables qu’on entretient. Jeannine Deckers ne faisait pas
toujours la distinction. »
Cherchait-elle à retrouver sa gloire perdue comme l’affirment
plusieurs témoignages ? Le P. Quellec rectifie : « Elle avait une soif
immense de reconnaissance. Mais elle était sincèrement habitée par un
vrai désir apostolique. Elle voulait que le message évangélique soit
communicable dans notre monde. »
Arnaud SCHWARTZ et Louis DE COURCY (à Waterloo)
http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2372154&rubId=5548
Roger Boivin- Nombre de messages : 13228
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