DE L'ESPRIT ET DE LA LETTRE (Saint Augustin) - TABLE DES MATIÈRES.
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Re: DE L'ESPRIT ET DE LA LETTRE (Saint Augustin) - TABLE DES MATIÈRES.
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DE L’ESPRIT ET DE LA LETTRE.
SAINT AUGUSTIN.
CHAPITRE XVII. COMPARAISON DE LA LOI MOSAÏQUE ET DE LA LOI NOUVELLE.
30. Voyez comme cette distinction s'accorde parfaitement avec ces paroles de l'Apôtre, que j'ai rapportées et discutées plus haut, sur un autre sujet. "Vous faites voir", dit-il, "que vous êtes la lettre de Jésus-Christ, dont nous avons été les secrétaires, et qui est écrite, non avec de l'encre, mais avec l'Esprit du Dieu vivant; non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, qui sont vos cœurs". N'est-ce pas nous dire clairement que la loi des œuvres est écrite hors de l'homme, afin de l'effrayer extérieurement, tandis que la loi de la foi est écrite dans l'homme lui-même, afin de le justifier intérieurement ?
Quant à ces tables charnelles du cœur, il entend par là, non point la prudence charnelle, mais ce qu'il y a de vivant et de sensible dans l'homme, en comparaison de la pierre, qui n'est douée d'aucune sensibilité. Un peu plus loin, l'Apôtre remarque que les enfants d'Israël ne pouvaient regarder le visage de Moïse, et voilà pourquoi il leur parlait comme à travers un voile ; cela veut dire que la lettre de la loi ne justifie personne et qu'il y avait comme un voile posé sur la lecture de l'Ancien Testament, jusqu'à ce que le Christ vînt et déchirât ce voile, c'est-à-dire jusqu'à ce que l'homme fût arrivé à la grâce et comprît parfaitement que c'est de lui que nous vient la justification qui nous aide à accomplir ce qui nous est commandé.
D'ailleurs, si Dieu nous commande, n'est-ce point afin que, comprenant notre faiblesse et notre impuissance, nous cherchions en lui notre refuge et notre appui ? L'Apôtre venait de dire : "Nous avons toute notre confiance en Dieu par Jésus-Christ"; mais afin que nous ne soyons pas tentés d'attribuer cette disposition à nos propres forces, il ajoute aussitôt ce développement à sa pensée : "Non pas que nous soyons capables d'avoir une pensée comme venant de nous-mêmes; car nous n'avons de pouvoir que celui qui nous vient de Dieu, qui nous a établis les ministres du Nouveau Testament, non pas de la lettre, mais de l'esprit. Car la lettre tue, mais l'esprit vivifie".
Gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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DE L’ESPRIT ET DE LA LETTRE.
SAINT AUGUSTIN.
CHAPITRE XVII. COMPARAISON DE LA LOI MOSAÏQUE ET DE LA LOI NOUVELLE.
30. Voyez comme cette distinction s'accorde parfaitement avec ces paroles de l'Apôtre, que j'ai rapportées et discutées plus haut, sur un autre sujet. "Vous faites voir", dit-il, "que vous êtes la lettre de Jésus-Christ, dont nous avons été les secrétaires, et qui est écrite, non avec de l'encre, mais avec l'Esprit du Dieu vivant; non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, qui sont vos cœurs". N'est-ce pas nous dire clairement que la loi des œuvres est écrite hors de l'homme, afin de l'effrayer extérieurement, tandis que la loi de la foi est écrite dans l'homme lui-même, afin de le justifier intérieurement ? Quant à ces tables charnelles du cœur, il entend par là, non point la prudence charnelle, mais ce qu'il y a de vivant et de sensible dans l'homme, en comparaison de la pierre, qui n'est douée d'aucune sensibilité. Un peu plus loin, l'Apôtre remarque que les enfants d'Israël ne pouvaient regarder le visage de Moïse, et voilà pourquoi il leur parlait comme à travers un voile ; cela veut dire que la lettre de la loi ne justifie personne et qu'il y avait comme un voile posé sur la lecture de l'Ancien Testament, jusqu'à ce que le Christ vînt et déchirât ce voile, c'est-à-dire jusqu'à ce que l'homme fût arrivé à la grâce et comprît parfaitement que c'est de lui que nous vient la justification qui nous aide à accomplir ce qui nous est commandé.
D'ailleurs, si Dieu nous commande, n'est-ce point afin que, comprenant notre faiblesse et notre impuissance, nous cherchions en lui notre refuge et notre appui ? L'Apôtre venait de dire : "Nous avons toute notre confiance en Dieu par Jésus-Christ"; mais afin que nous ne soyons pas tentés d'attribuer cette disposition à nos propres forces, il ajoute aussitôt ce développement à sa pensée : "Non pas que nous soyons capables d'avoir une pensée comme venant de nous-mêmes; car nous n'avons de pouvoir que celui qui nous vient de Dieu, qui nous a établis les ministres du Nouveau Testament, non pas de la lettre, mais de l'esprit. Car la lettre tue, mais l'esprit vivifie".
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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CHAPITRE XVIII. LA LOI ANCIENNE ENGENDRE LA MORT, ET LA LOI NOUVELLE, LA JUSTICE.
31. "La loi", dit l'Apôtre, "a été établie pour faire connaître la prévarication (1)"; voilà pourquoi cette lettre écrite hors de l'homme, il l'appelle le ministère de la mort et de la condamnation ; car nous accomplissons la justice par le don de l'Esprit, et par là nous sommes délivrés de la condamnation que nous avions encourue par la prévarication. La lettre disparaît donc, mais l'esprit demeure; car la lettre, ce pédagogue redoutable, disparaîtra lorsque la charité aura succédé à la crainte.
En effet, "là où est l'Esprit du Seigneur, là se trouve la liberté". D'un autre côté, nous devons cet heureux état, non point à nos propres mérites, mais à la miséricorde divine; de là cette parole: "C'EST POURQUOI, ayant reçu un tel ministère, selon la miséricorde qui nous a été faite, NOUS NE PERDONS POINT COURAGE. Mais nous rejetons loin de nous les passions qui se cachent comme étant honteuses, ne nous conduisant point avec artifice, et n'altérant point la parole de Dieu par la ruse et la fraude". Sous ces noms d'artifice et de ruse, l'Apôtre désigne l'hypocrisie qui pousse les orgueilleux à vouloir passer pour justes. Pour faire mieux encore ressortir le caractère de la grâce, l'Apôtre s'empare de cette pensée du Psalmiste: "Bienheureux", dit-il, "celui à qui Dieu n'a point imputé le péché, et dont les lèvres ne connaissent ni la ruse, ni l'artifice (2) ».
Tel est le sentiment qui anime les saints, à qui l'humilité ne permet pas de se faire passer pour ce qu'ils ne sont pas. Un peu plus loin, l'Apôtre ajoute: "Car nous ne nous prêchons pas nous-mêmes, mais nous prêchons Jésus Christ, Notre-Seigneur, et nous nous regardons comme vos serviteurs par Jésus-Christ, parce que le même Dieu qui a commandé que la lumière sortît des ténèbres, a fait luire sa clarté dans nos cœurs, afin que nous puissions éclairer les autres et leur donner connaissance de la gloire de Dieu, selon qu'elle paraît en Jésus-Christ".
Telle est donc la science de la gloire de Dieu, par laquelle nous savons qu'il est la lumière, et que c'est par cette lumière qu'il dissipe nos ténèbres. Il insiste sur cette pensée en disant: "NOUS PORTONS CE TRÉSOR DANS DES VASES DE TERRE ; afin que l'on reconnaisse que la grandeur de la puissance qui est en nous est de Dieu, et non pas de nous". Plus loin encore, et toujours pour exalter la grâce que nous trouvons en abondance dans la personne de Notre-Seigneur Jésus-Christ, il arrive à parler du vêtement de la justice de la foi, dont nous devons être trouvés couverts pour ne pas rester nus; car tant que nous sommes dans ce corps, nous gémissons sous sa pesanteur, appelant de nos vœux l'heureux jour où nous serons revêtus du vêtement qui nous vient du ciel, afin que ce qu'il y a de mortel en nous soit absorbé par la vie. C'est alors qu'il s'écrie : "C'est Dieu même qui nous a formés pour cet état et qui nous a donné pour gage son Esprit". Enfin, il ajoute : "AFIN QU'EN LUI NOUS DEVENIONS JUSTES DE SA JUSTICE (1)". Telle est donc cette justice de Dieu, non pas celle qui est essentielle à sa nature, mais celle dont il nous revêt et nous gratifie.
1. Gal. III, 19.
2. Rom. IV, 8 ; Ps. XXXI, 2.
1. II Cor. III, 5.
Gras et majuscules ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: DE L'ESPRIT ET DE LA LETTRE (Saint Augustin) - TABLE DES MATIÈRES.
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CHAPITRE XIX. LA FOI CHRÉTIENNE NOUS VIENT PAR LE SECOURS DE LA GRÂCE.
32. Que nul chrétien ne s'écarte de cette foi, car seule elle est la véritable foi chrétienne. Dire que nous sommes justes par nous-mêmes, de telle sorte que la grâce de Dieu soit absolument étrangère à cette justification, personne ne l'oserait en face de la réprobation dont il serait couvert par les fidèles, par les véritables chrétiens. Il prendra un moyen détourné et dira que nous ne pouvons être justes sans l'action de la grâce de Dieu, puisque Dieu nous a donné la loi, puisqu'il a établi une doctrine, puisqu'il nous a donné de bons préceptes. Qu'il sache donc que tout cela, sans le secours de l'Esprit, n'est qu'une lettre qui tue, tandis que sous l'action vivifiante de l'Esprit de Dieu, cette même loi écrite au dehors et n'inspirant que la crainte, est intérieurement gravée dans le coeur et trouve dans l'amour son accomplissement assuré.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: DE L'ESPRIT ET DE LA LETTRE (Saint Augustin) - TABLE DES MATIÈRES.
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Majuscules, italiques et gras ajoutés.
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CHAPITRE XIX. LA FOI CHRÉTIENNE NOUS VIENT PAR LE SECOURS DE LA GRÂCE.
33. Cette vérité se trouve admirablement confirmée par cet oracle du Prophète: "Le temps viendra, dit le Seigneur, dans lequel JE FERAI UN NOUVEAU TESTAMENT AVEC LA MAISON D'ISRAËL ET LA MAISON DE JUDA ; non selon l'alliance que je fis avec leurs pères au jour où je les pris par la main pour les faire sortir de l'Égypte, parce qu'ils ont violé cette alliance; c'est pourquoi je leur ai fait sentir mon pouvoir, dit le Seigneur. Mais voici l'alliance que je ferai avec la maison d'Israël, après que ce temps-là sera venu, dit le Seigneur : j'imprimerai ma loi dans leurs entrailles et je l'écrirai dans leur cœur ; et je serai leur Dieu et eux ils seront mon peuple. Et nul d'eux n'aura plus besoin d'enseigner son prochain et son frère en disant : Connaissez le Seigneur, parce que tous me connaîtront depuis le plus petit jusqu'au plus grand, dit le Seigneur ; car je leur ci pardonnerai leur iniquité, et je ne me souviendrai plus de leurs péchés (1)".
Qu'avons-nous à ajouter à ces paroles ? En parcourant les livres anciens nous ne trouverions nulle part, ou du moins que très-difficilement, un passage prophétique aussi formel, et où surtout le Nouveau Testament soit désigné par son propre nom; dans beaucoup d'endroits nous sont décrits le caractère et les fruits de ce Nouveau Testament, mais sans que son nom nous soit indiqué formellement. Ainsi donc, d'après le témoignage même de Dieu, considérez attentivement la différence qui existe entre les deux Testaments, l'Ancien et le Nouveau.
1. Jérém. XXXI, 31-34
Majuscules, italiques et gras ajoutés.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: DE L'ESPRIT ET DE LA LETTRE (Saint Augustin) - TABLE DES MATIÈRES.
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CHAPITRE XIX. LA FOI CHRÉTIENNE NOUS VIENT PAR LE SECOURS DE LA GRÂCE.
34. Le Prophète avait dit : "Non pas selon le Testament que j'ai fait avec leurs pères au jour où je les ai pris par la main pour les tirer de la terre d'Égypte". Voyez ce qu'il ajoute : "Parce qu'ils n'ont pas persévéré dans mon Testament". Il leur fait un crime de n'avoir pas persévéré dans le Testament de Dieu, et cela parce qu'il ne veut pas que l'on puisse inculper la loi qu'ils ont alors reçue. Cette loi, en effet, n'est-elle pas celle dont le Sauveur a dit qu'il n'était pas venu pour la détruire, mais pour l'accomplir (2) ? Et cependant ce n'est point par cette loi, mais par la grâce, que les pécheurs sont justifiés; car cette justification est l'œuvre de l'Esprit vivifiant, sans lequel la loi n'est plus qu'une lettre qui tue. "Car si la loi qui a été donnée avait pu donner la vie, on aurait pu dire que la justice s'obtenait par la loi ; MAIS L'ECRITURE A RENFERMÉ TOUS LES HOMMES SOUS LE PÉCHÉ, AFIN QUE CE QUE DIEU AVAIT PROMIS FÛT DONNÉ PAR LA FOI EN JÉSUS-CHRIST À CEUX QUI CROIRAIENT".
C'est par la vertu de cette promesse, c'est-à-dire par la vertu du bienfait de Dieu, que la loi elle-même est accomplie, autrement elle ne ferait que des prévaricateurs ; soit que la prévarication aille jusqu'aux œuvres criminelles quand la flamme de la concupiscence brise et dépasse les barrières que la crainte pouvait opposer; soit qu'elle reste dans la volonté lorsque la crainte du châtiment est assez forte pour étouffer les attraits de la passion. "L'Ecriture", dit l'Apôtre, "a renfermé tous les hommes sous le péché, afin que ce que Dieu avait promis fût donné par la foi en Jésus-Christ à ceux qui croiraient". Il ne pouvait mieux formuler l'utilité de sa conclusion. En effet, il conclut : "Avant que la foi fût venue, nous étions sous la garde de la loi, qui nous tenait renfermés pour nous disposer à cette foi qui devait être révélée (1)".
Voilà donc pourquoi l'Ecriture nous avait renfermés sous le péché. Par conséquent la loi nous a été donnée afin que nous cherchions la grâce ; et la grâce nous a été donnée afin d'assurer l'accomplissement de la loi. D'un autre côté, si la loi n'était point accomplie, ce n'était point par un vice inhérent à sa propre constitution, mais par le vice de la prudence de la chair ; ce vice a été démontré par la loi, mais il n'a pu être guéri que par la grâce. "CAR CE QUE LA LOI NE POUVAIT ACCOMPLIR PARCE QU'ELLE ÉTAIT AFFAIBLIE PAR LA CHAIR, DIEU L'A FAIT EN ENVOYANT SON PROPRE FILS REVÊTU D'UNE CHAIR SEMBLABLE À CELLE DU PÉCHÉ ; ET, VICTIME POUR LE PÉCHÉ, IL A CONDAMNÉ LE PÉCHÉ DANS LA CHAIR, AFIN QUE LA JUSTICE DE LA LOI FÛT ACCOMPLIE EN NOUS, QUI NE MARCHONS PAS SELON LA CHAIR, MAIS SELON L'ESPRIT (2)".
Telle est la pensée déjà formulée dans l'oracle prophétique cité plus haut : "Le temps viendra, dans lequel je ferai un Nouveau Testament avec la maison d'Israël". Remarquez qu'il est dit: "Je ferai", ou mieux encore: "J'achèverai". N'est-ce pas dire: j'accomplirai ? "Non pas selon le Testament que j'ai fait avec leurs pères au jour où je les ai pris par la main pour les faire sortir de la terre d'Égypte".
2. Matth. V, 17.
1. Gal. III, 21, 3.
2. Rom. VIII, 3, 4.
Majuscules et gras ajoutés.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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CHAPITRE XX. LA LOI ANCIENNE. LA LOI NOUVELLE.
35. Ainsi donc le premier Testament n'est devenu l'Ancien que parce que nous en avons un Nouveau. Mais pourquoi l'un Ancien et l'autre Nouveau, quand la loi qui est accomplie dans le Nouveau Testament est bien celle qui disait dans l'Ancien: "Vous ne convoiterez pas (1)" ? "Car vos pères", dit le Seigneur, "n'ont pas persévéré dans mon Testament, et moi je leur ai fait sentir mon pouvoir". Si donc le premier Testament est appelé Ancien, c'est surtout à cause de la souillure de l'homme ancien, souillure qui n'était nullement guérie par la lettre prescriptive et menaçante ; et si le second est appelé le Testament nouveau, c'est à cause de la nouveauté de l'esprit qui guérit l'homme nouveau du vice de l'ancienneté. Enfin, remarquez ce qui suit et voyez de quel éclat resplendit cette vérité que les Pélagiens orgueilleux n'osent considérer en face : "Voici", dit le Seigneur, "le Testament que je ferai avec la maison d'Israël ; quand ces jours seront venus, j'imprimerai ma loi dans leurs cœurs et je la graverai dans leurs esprits".
Telle est la pensée qui a inspiré ces paroles déjà citées de l'Apôtre : "Non pas sur des tables de pierre, mais sur les tables du cœur, non pas avec de l'encre, mais avec l'Esprit du Dieu vivant". Et si l'Apôtre nous parle d'une manière aussi explicite du Nouveau Testament, quand il dit: "Le Seigneur nous a rendus les dignes ministres du Nouveau Testament, non pas de la lettre, mais de l'esprit", c'est parce que déjà il avait en vue la prophétie quand il s'était écrié: "Non pas sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, les tables de leur cœur". En effet, le Seigneur avait dit formellement : "J'imprimerai ma loi dans leurs cœurs" au moment même où il annonçait le Nouveau Testament.
1. Exode, XX, 17.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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CHAPITRE XXI. LA LOI ÉCRITE DANS LES CŒURS.
36. Que sont donc ces lois de Dieu, écrites par Dieu lui-même dans les cœurs, si ce n'est la présence même du Saint-Esprit qui est le doigt de Dieu? Par le fait même de sa présence en nous, il répand la charité dans nos cœurs, et cette charité n'est autre chose que la plénitude de la loi et la fin du précepte. Dans le Testament Ancien, faisons d'abord la part des sacrements qui n'étaient que l'ombre des sacrements futurs, comme la circoncision, le sabbat, d'autres observances spéciales à tel jour, les cérémonies qui entouraient la manducation de certaines nourritures (1), les rites multipliés des sacrifices et des oblations, toutes choses appropriées à la vétusté et au joug servile de la loi charnelle.
Il contient aussi les préceptes de la justice, les mêmes que nous sommes encore tenus d'observer aujourd'hui et qui sont contenus sans aucune figure dans les deux tables du Sinaï ; tels sont par exemple : "Vous ne commettrez ni l'adultère ni l'homicide, vous ne convoiterez pas, et s'il est quelque autre commandement, vous le trouverez résumé dans celui-ci : Vous aimerez votre prochain comme vous-même (2)". Enfin ce même Testament abonde en promesses terrestres et temporelles, annonçant les biens de cette chair corruptible et sous la forme desquels nous trouvons la figure des biens éternels et célestes, les seuls dont s'occupe directement le Nouveau Testament.
Maintenant, en effet, ce qui nous est promis c'est le bien du cœur, le bien de l'esprit, le bien de l'âme, c'est-à-dire le bien spirituel; et tel est le sens de ces paroles : "Je graverai mes lois dans deux esprit, et je les imprimerai dans leur cœur". C'était prédire assez clairement qu'ils n'auraient plus à craindre une loi terrifiant extérieurement par des menaces, mais qu'ils aimeraient la justice même de la loi habitant dans leur cœur.
1. Liv. II des Rétract., ch. 37.
2. Exode, XX, 14, 17.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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CHAPITRE XXII. LA RÉCOMPENSE ÉTERNELLE.
37. Vient ensuite la récompense : "Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple". Le Psalmiste parlait à Dieu dans le même sens : "Il est bon pour moi d'adhérer à Dieu (3)". "Je serai leur Dieu", s'écrie le Seigneur, "et ils seront mon peuple". Qu'y a-t-il de mieux, qu'y a-t-il de plus heureux que de vivre pour Dieu, de vivre de Dieu en qui se trouve la source de la vie et dans la splendeur de qui nous voyons la lumière (1) ? C'est de cette vie que le Seigneur disait : "LA VIE ÉTERNELLE CONSISTE POUR EUX À VOUS CONNAÎTRE, VOUS LE SEUL VRAI DIEU, ET JÉSUS-CHRIST QUE VOUS AVEZ ENVOYÉ (2)", c'est-à-dire vous et celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ, le seul vrai Dieu. Le Sauveur en avait fait la promesse à ses disciples en leur disant : "CELUI QUI M'AIME OBSERVE MES COMMANDEMENTS, ET CELUI QUI M'AIME SERA AIMÉ PAR MON PÈRE, ET MOI JE L'AIMERAI ET JE ME MANIFESTERAI À LUI (3)"; à savoir sous la forme de Dieu, dans laquelle il est semblable à son Père, et non dans la forme d'esclave, dans laquelle il se montrera aux impies. Alors, en effet, se réalisera cette parole : « QUE L'IMPIE DISPARAISSE, AFIN QU'IL NE VOIE POINT LA GLOIRE DU SEIGNEUR (4) ».
C'est ce qui aura lieu lorsque les méchants placés à gauche seront précipités dans les flammes éternelles, tandis que les justes iront goûter les joies de l'éternité (5). Or, cette vie éternelle, comme je l'ai rappelé, consiste précisément à connaître le seul vrai Dieu. De là ces paroles de saint Jean : "MES BIEN-AIMÉS, NOUS SOMMES LES ENFANTS DE DIEU ET NOUS N'AVONS PAS ENCORE L'IDÉE DE CE QUE NOUS SERONS. NOUS SAVONS QUE LORSQUE DIEU NOUS AURA APPARU, NOUS SERONS SEMBLABLES À LUI; CAR NOUS LE VERRONS COMME IL EST (6)". Cette ressemblance commence pourtant à se faire en nous lorsque l'homme se renouvelle intérieurement de jour en jour (7) sur le modèle de celui qui l'a créé (8).
3. Ps. LXXII, 28.
1. Ps. XXXV, 10.
2. Jean, XVII, 3.
3. ib. XIV, 21.
4. Isaïe, XXVI, 10.
5. Matth. XXV, 46.
6. I Jean, III, 2.
7. II Cor. IV, 16.
8. Coloss. III, 10.
gras et majuscules ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: DE L'ESPRIT ET DE LA LETTRE (Saint Augustin) - TABLE DES MATIÈRES.
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CHAPITRE XXIII. NOTRE RENOUVELLEMENT ACTUEL COMPARÉ A LA PERFECTION DE LA VIE FUTURE.
38. Mais pour arriver à cette éminente perfection qui nous attend, que sommes-nous, ou que méritons-nous ici-bas ? Pour rendre ces choses ineffables, l’Apôtre, cherchant des points de comparaison parmi les choses qui nous sont connues, nous appelle de petits enfants comparés à des hommes mûrs. "Lorsque j'étais petit enfant", dit-il, "je parlais comme un petit enfant, je jugeais comme un petit enfant, je pensais comme un petit enfant; maintenant que je suis devenu homme, j'ai dépouillé tout ce qui était du petit enfant".
Il nous dévoile immédiatement sa pensée : "Maintenant", dit-il, "nous voyons comme à travers un miroir et en énigme, mais alors nous verrons face à face; maintenant nous ne connaissons que par partie, mais alors je connaîtrai comme je suis connu (1)".
1. I Cor. XIII, 11, 12
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: DE L'ESPRIT ET DE LA LETTRE (Saint Augustin) - TABLE DES MATIÈRES.
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DE L’ESPRIT ET DE LA LETTRE.
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CHAPITRE XXIV. LA RÉCOMPENSE PROPRE AU NOUVEAU TESTAMENT PRÉDITE PAR LE PROPHÈTE.
39. Le Prophète dont nous étudions le témoignage n'omet pas d'énoncer que c'est dans la connaissance de Dieu que se trouve la récompense, la fin, la perfection de notre félicité, le résumé de la vie heureuse et éternelle. Après avoir dit: "Je serai leur Dieu et ils seront mon peuple", il ajoute aussitôt : "Et nul d'entre eux n'aura plus besoin d'en soigner son prochain et son frère, en disant : Connaissez le Seigneur, parce que tous me connaîtront depuis le plus petit jusqu'au plus grand". Nous sommes assurément aujourd'hui sous le règne du Nouveau Testament dont le Prophète nous a fait la promesse par les paroles que j'ai rapportées; pourquoi donc chacun dit-il encore à son prochain et à son frère : "Connaissez le Seigneur ?" N'est-ce pas le dire, en effet, que de prêcher l'Évangile, et toute la prédication ne se résume-t-elle pas dans cette parole ?
Si l'Apôtre des Gentils se dit docteur, n'est-ce point parce qu'il voit se réaliser ceci, dont il parle. "COMMENT INVOQUERONT-ILS LE SEIGNEUR, S'ILS NE CROIENT POINT EN LUI ? ET COMMENT CROIRONT-ILS EN LUI, S'ILS N'EN ONT POINT ENTENDU PARLER ? ET COMMENT EN ENTENDRONT-ILS PARLER, SI PERSONNE NE LEUR PRÊCHE (2) ?" Maintenant donc que cette prédication se fait en tous lieux, comment peut-on affirmer que nous sommes sous le règne du Nouveau Testament dont le Prophète a dit : "Nul d'entre eux n'aura plus besoin d'enseigner son prochain et son frère en disant : Connaissez le Seigneur, parce que tous me connaîtront depuis le plus petit jusqu'au plus grand ?"
La réponse est facile; le Prophète nous parle ici de la récompense éternelle du Nouveau Testament, c'est-à-dire de la contemplation bienheureuse de Dieu que nous verrons face à face.
2. Rom. X, 14.
gras et majuscules ajoutés.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: DE L'ESPRIT ET DE LA LETTRE (Saint Augustin) - TABLE DES MATIÈRES.
DE L’ESPRIT ET DE LA LETTRE.
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CHAPITRE XXIV. LA RÉCOMPENSE PROPRE AU NOUVEAU TESTAMENT PRÉDITE PAR LE PROPHÈTE.
40. Quels sont donc ceux qu'il désigne par ces paroles : "Depuis le plus petit jusqu'au plus grand ?" Ne sont-ce pas tous ceux qui appartiennent spirituellement à la maison d'Israël et à la maison de Juda, c'est-à-dire à la famille d'Isaac et à la race d'Abraham ?
Écoutons l'Apôtre rappelant la promesse faite à Abraham : "Il vous sera donné des descendants dans la personne d'Isaac, c'est-à-dire que ceux qui sont enfants selon la chair ne sont pas pour cela enfants de Dieu; ce sont les enfants de la promesse qui sont réputés les enfants d'Abraham. Car voici les termes de cette promesse: Je viendrai en ce même temps, et Sara aura un fils. Ce n'est pas seulement Sara, c'est aussi Rebecca qui conçut en même temps deux enfants d'Isaac notre père. Car avant qu'ils fussent nés, et avant qu'ils eussent fait aucun bien et aucun mal, afin que le décret de Dieu demeurât ferme selon son élection; non à cause de leurs œuvres, mais par la volonté de celui qui appelle, il fut dit à la mère : "L'aîné sera assujetti au plus jeune, selon qu'il est écrit : J'ai aimé Jacob, et j'ai haï Ésaü (1)". Telle est cette maison d'Israël ou cette maison de Juda, choisie en vue de Jésus-Christ qui est venu de la tribu de Juda. Si cette maison est devenue la maison des enfants de la promesse, ce n'est point grâce au mérite de leurs propres œuvres, mais grâce au choix et au libre bienfait de Dieu.
En effet, DIEU PROMET CE DONT IL EST LUI-MÊME L'AUTEUR; CE QU'IL PROMET CE N'EST PAS UN AUTRE QUI L'ACCOMPLIT; CAR ALORS CE NE SERAIT PLUS PROMETTRE, MAIS PRÉDIRE. De là ces mots : "Non à cause de leurs œuvres, mais par la volonté de celui qui appelle" ; car autrement ce serait leur œuvre propre et non celle de Dieu, et la récompense serait imputée non pas selon la grâce, mais selon le mérite (2), et dès lors la grâce ne serait plus la grâce, malgré la parole formelle de cet Apôtre qui s'est constitué l'ardent défenseur de la grâce, et qui a plus travaillé que les autres, non pas lui, mais la grâce de Dieu avec lui (3.) "Car", dit Dieu, "tous me connaîtront". "Tous", c'est-à-dire la maison d'Israël et la maison de Juda.
"Tous ceux qui descendent d'Israël ne sont pas pour cela de vrais Israélites"; il n'y a que ceux à qui il est dit dans le psaume : "pour la réception du matin", c'est-à-dire pour la lumière nouvelle, pour la lumière du Nouveau Testament : "Que toute la race de Jacob glorifie le Seigneur, et qu'il soit craint par toute la postérité d'Israël (1)". Il ne s'agit pas ici de toute la race prise dans son universalité absolue en tant qu'elle renferme tous ceux pour qui ont eu lieu les promesses et la vocation, mais en tant qu'elle renferme ceux qui ont été appelés selon le décret divin. Car "ceux qu'il a prédestinés, il les a aussi appelés, et ceux qu'il a appelés, il les a aussi justifiés, et ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés (2)". "Ainsi, c'est par la foi, afin que nous le soyons par la grâce et que la promesse demeure ferme pour tous ses enfants, non seulement pour ceux qui ont reçu la loi" laquelle est passée de l'Ancien Testament au Nouveau, "mais encore pour ceux qui suivent la foi d'Abraham qui est le père de nous tous, selon qu'il est écrit : Je vous ai établi père de beaucoup de nations (3)". Ainsi donc tous ces hommes prédestinés, appelés, justifiés, glorifiés, connaîtront Dieu par la grâce du Nouveau Testament, depuis le plus petit jusqu'au plus grand.
1. Rom. IX, 7-13.
2. ib. IV, 4.
3. I Cor. XV, 9, 10.
1. Ps. XXI, I, 24.
2. Rom. VIII, 28, 30.
3. ib.. IV, 16, 17.
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gras et majuscules ajoutés.
À suivre…
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DE L’ESPRIT ET DE LA LETTRE.
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CHAPITRE XXIV. LA RÉCOMPENSE PROPRE AU NOUVEAU TESTAMENT PRÉDITE PAR LE PROPHÈTE.
41. De même donc que la loi des œuvres, écrite sur les tables de pierre, et la récompense temporelle que reçut la maison charnelle d'Israël lorsqu'elle fut délivrée de l'Égypte, appartiennent à l'Ancien Testament; de même la loi de la foi, écrite dans les cœurs, et sa récompense qui n'est autre que la possession de Dieu, apanage de la maison spirituelle d'Israël délivrée de ce monde, appartiennent au Nouveau Testament.
C'est alors que s'accomplira cette parole de l'Apôtre : "Les prophéties disparaîtront, les langues cesseront, la science s'évanouira" ; il parle de cette science des enfants, qui est la seule possible ici-bas et qui ne nous permet de connaître qu'en partie, en énigme et comme dans un miroir. Une telle science rendait nécessaire la prophétie, puisqu'au passé succède l'avenir. De là les langues, c'est-à-dire la multiplicité des signes; car la vérité ne nous apparaît que successivement, jusqu'à ce que la lumière éternelle la fasse resplendir à nos yeux dans toute sa réalité. "Lorsque nous serons dans l'état parfait, tout ce qui est imparfait sera aboli (1)". C'est alors que celui qui nous a apparu une première fois dans la chair se révélera à ceux qui l'aiment, et ce sera la vie éternelle, afin que nous connaissions le seul vrai Dieu (2) ; nous lui serons semblables (3), parce que nous le connaîtrons comme nous sommes connus (4).
Alors "nul d'entre nous n'aura plus besoin d'enseigner son frère ou son prochain, en lui disant: Connaissez le Seigneur; car tous le connaîtront depuis le plus petit jusqu'au plus grand". On peut donner à cette phrase de nombreuses significations. On peut y voir la différence qui sépare au ciel une étoile d'une autre étoile (5). Peu importe, d'ailleurs, que le Prophète se soit servi de la formule: "Depuis le plus petit jusqu'au plus grand", au lieu de dire : depuis le plus grand jusqu'au plus petit. De même il importe peu que par les plus petits nous entendions ceux qui se contentent de croire, tandis que les plus grands seraient capables de comprendre, autant du moins que cela nous est possible sur la terre, la lumière incorporelle et immuable. Peut-être aussi, par les plus petits l'Apôtre entendait-il ceux qui sont venus les derniers à la foi, tandis que les plus grands seraient les premiers convertis.
Tous cependant posséderont en commun ce qui fait l'objet des promesses divines, la contemplation et la possession de Dieu; car, inspirés par les nobles élans de leur charité, les plus grands ont voulu nous procurer les biens par excellence et faire en quelque sorte de notre perfection le couronnement de leur propre perfection (6). A ce point de vue encore les premiers pourraient passer pour les plus petits, parce qu'on les a fait attendre moins longtemps; c'est ainsi que, dans la parabole évangélique la récompense du denier est accordée tout d'abord aux ouvriers venus les derniers à la vigne du père de famille (7). Du reste, on peut donner de ce passage une multitude d'autres interprétations qui m'échappent en ce moment et peuvent s'harmoniser avec la pensée de l'Apôtre.
1. Cor. XIII, 8, 9.
2. Jean, XVII, 3.
3. Jean, III, 2.
4. I Cor. XIII, 12.
5. ib] XV, 41.
6. Hébr. XI, 40.
7. Matth. XX, 8-12.
gras ajoutés.
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CHAPITRE XXV. DIFFÉRENCE ENTRE L'ANCIEN ET LE NOUVEAU TESTAMENT.
42. Quoi qu'il en soit, appliquez-vous à saisir aussi parfaitement que possible le point que j'essaye de mettre en lumière. Dans la promesse que le Prophète nous fait du Nouveau Testament, nous ne retrouvons rien de ce qui caractérisait l'Ancien Testament donné à Israël après sa sortie d'Égypte ; il garde le silence sur la substitution du Nouveau Sacrifice et des Nouveaux Sacrements aux anciens, quoique cette substitution dût avoir lieu et se soit réellement opérée, comme nous l'atteste la sainte Ecriture dans un grand nombre de passages. Il se contente d'affirmer que dans le Nouveau Testament [que] Dieu gravera ses lois dans l'esprit des fidèles et les écrira dans leur cœur. De là ce mot de l'Apôtre : "Vous êtes la lettre de Jésus-Christ, écrite non avec de l'encre, mais avec l'Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair qui sont vos cœurs (1)".
Quant à la récompense qui couronnera cette justification, il ne s'agit nullement de la terre dont furent chassés les Amorrhéens, les Chettéens et autres peuples désignés dans l'Ecriture (2); cette récompense, c'est Dieu lui-même à qui il nous est bon d'adhérer de telle sorte que ce Dieu qu'on aime est lui-même le bien après lequel on aspire. Entre ce Dieu et les hommes nulle séparation n'est possible, excepté par le péché, et le péché n'est effacé que par la grâce de Dieu.
Voilà pourquoi ces premières paroles du Prophète : "Tous me connaîtront depuis le plus petit jusqu'au plus grand", sont aussitôt suivies de celles-ci : "PARCE QUE JE PARDONNERAI LEUR INIQUITÉ, ET JE NE ME SOUVIENDRAI PLUS DE LEURS PÉCHÉS". Ainsi donc par la loi des œuvres le Seigneur nous dit : "Vous ne convoiterez pas (3)", et par la loi de la foi, ce même Seigneur s'écrie : "Sans moi vous ne pouvez rien faire (4)"; et dans ces paroles il s'agissait des bonnes œuvres, c'est-à-dire des fruits que doivent porter les rameaux entés sur la véritable souche. Telle est donc la différence évidente qui existe entre l'Ancien et le Nouveau Testament. Dans l'Ancien la loi était, gravée sur des tables de pierre; dans le Nouveau, elle est écrite dans les cœurs ; de cette manière ce qui effrayait au dehors produit maintenant la joie intérieure; ce qui rendait l'homme prévaricateur par la lettre qui tue, maintenant engendre l'amour par l'esprit vivifiant.
Par conséquent, lorsque nous disons que Dieu nous aide à accomplir toute justice et opère en nous le vouloir et l'action selon son bon plaisir (1), ce n'est point parce qu'il fait retentir à nos sens extérieurs les préceptes de la justice, mais parce qu'il donne l'accroissement intérieur (2) en répandant la charité dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous a été donné (3).
1. II Cor. III, 3.
2. Josué, XII.
3. Ps. LXXII, 28.
4. Exode, XX, 17.
5. Jean, XV, 5.
1. Philipp. II, 13.
2. I Cor. III, 7.
3. Rom, V, 5.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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CHAPITRE XXVI. DANS QUEL SENS EST-IL DIT QUE LES NATIONS ACCOMPLISSENT NATURELLEMENT LA LOI ÉCRITE DANS LEURS CŒURS.
43. L'Apôtre écrivait aux Romains : "Car lorsque les Gentils qui n'ont point la loi font naturellement les choses que la loi commande, n'ayant point la loi, ils se tiennent à eux-mêmes lieu de loi, et ils font voir que ce qui est prescrit par la loi est écrit dans leurs cœurs". Ces paroles ont besoin d'être bien comprises pour maintenir le caractère particulier du Nouveau Testament.
En effet, nous avons vu que le Seigneur promettait d'y graver ses lois dans le cœur de son peuple, et voici que l'Apôtre déclare que les Gentils portent ces lois écrites naturellement dans leurs cœurs, de telle sorte que, n'ayant point la loi, ils font naturellement ce que la loi commande. En quoi donc dès lors les fidèles se distinguent-ils des Gentils ? Ces derniers ne l'emportent-ils pas sur l'ancien peuple qui a reçu la loi sur des tables de pierre, et même sur le peuple nouveau, du moins quant à la priorité, puisque nous n'avons reçu que par le Nouveau Testament ce que ces païens tenaient de la nature ?
gras et italiques ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: DE L'ESPRIT ET DE LA LETTRE (Saint Augustin) - TABLE DES MATIÈRES.
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CHAPITRE XXVI. DANS QUEL SENS EST-IL DIT QUE LES NATIONS ACCOMPLISSENT NATURELLEMENT LA LOI ÉCRITE DANS LEURS COEURS.
44. Mais la pensée de l'Apôtre est-elle d'affirmer que les nations ont réellement écrite dans leurs cœurs la loi propre au Nouveau Testament ? Cherchons à bien saisir la portée de son langage. Voici d'abord ce qu'il nous dit de l'Évangile : "Il est la vertu de Dieu pour sauver tous ceux qui croient, premièrement les Juifs, et ensuite les Gentils. Car la justice de Dieu y est révélée, la justice qui vient de la foi et se perfectionne dans la foi, selon qu'il est écrit : Le juste vit de la foi".
L'Apôtre parle ensuite de ces impies dont l'orgueil a rendu inutile pour eux la connaissance même de Dieu, parce qu'ils ne l'ont pas glorifié comme Dieu et ne lui ont pas rendu grâce. De là il passe à ceux qui jugent et font ce qu'ils condamnent, c'est-à-dire aux Juifs qui se glorifiaient de la loi de Dieu. Cependant, pour ménager ces Juifs, il s'abstient de les nommer et s'écrie : "Colère et indignation, tribulation et angoisse sur tout homme qui fait le mal, sur le Juif d'abord et sur le Grec. Mais gloire, honneur et paix à tout homme qui fait le bien, au Juif d'abord, et ensuite au Grec. Car Dieu ne fait point acception des personnes. Ainsi tous ceux qui ont péché sans la loi périront sans la loi, et tous ceux qui ont péché étant sous la loi seront jugés par la loi. Car ce ne sont point ceux qui écoutent la loi, qui seront justes devant Dieu ; mais ceux qui gardent la loi seront seuls justifiés". C'est alors que saint Paul formule ces paroles dont nous cherchons à pénétrer le sens : "Car lorsque les Gentils qui n'ont point la loi font naturellement les choses que la loi commande" et la suite que j'ai citée plus haut.
D'un autre côté, sous le nom de Gentils l'Apôtre entend parler soit des païens en général; soit des Grecs qu'il nomme en plusieurs endroits; par exemple, quand il dit : "au Juif d'abord, et ensuite au Grec". Or, si "l'Évangile est la vertu de Dieu pour le salut de tous ceux qui croient, du Juif d'abord et ensuite du Grec"; si "la colère et l'indignation, la tribulation et l'angoisse", sont le partage de tout homme qui fait le mal, du "Juif d'abord et ensuite du Grec" ; si "la gloire, l'honneur et la paix sont la récompense de tout homme qui fait le bien , du Juif d'abord et aussi du Grec (1)" ; si, enfin, ce Grec signifie tous les Gentils qui accomplissent naturellement ce que la loi commande et qui ont la loi écrite dans leurs cœurs, il est certain que ces Gentils, qui ont la loi écrite dans leurs cœurs, appartiennent à l'Évangile ; car cet Évangile est pour eux la vertu de Dieu pour le salut de ceux qui croient.
Or, peut-on supposer que ce soit à des Gentils placés en dehors de la grâce de l'Évangile que l'Apôtre promette la gloire, l'honneur et la paix, s'ils font le bien ? Puisque Dieu ne fait point acception des personnes, puisque la justification est accordée non pas à ceux qui se contentent d'écouter la loi, mais à ceux qui l'accomplissent, on doit admettre que le salut par l'Évangile sera accordé à tout homme qui a la foi véritable, peu importe qu'il soit Juif, Grec ou Gentil.
En effet, comme l'Apôtre le dit plus loin, "il n'y a aucune acception des personnes. Car tous ont péché et ont besoin de la gloire de Dieu, étant justifiés gratuitement par sa grâce (1)". Quoi donc ? le Grec qui accomplit la loi pourrait-il être justifié sans la grâce du Sauveur ?
1. Rom. I, 16; II, 14,
1. Rom. II, 23, 24.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: DE L'ESPRIT ET DE LA LETTRE (Saint Augustin) - TABLE DES MATIÈRES.
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CHAPITRE XXVI. DANS QUEL SENS EST-IL DIT QUE LES NATIONS ACCOMPLISSENT NATURELLEMENT LA LOI ÉCRITE DANS LEURS COEURS.
45. Par ces paroles : "Ceux qui accomplissent la loi seront justifiés", l'Apôtre ne se met nullement en contradiction avec lui-même. Cette contradiction existerait s'il affirmait qu'ils seront justifiés par leurs œuvres et non point par la grâce; car ailleurs il proclame ouvertement que l'homme est justifié gratuitement par la foi sans les œuvres de la loi (2) ; « "gratuitement", c'est-à-dire que les œuvres ne précèdent pas la justification. En effet nous lisons ailleurs : "Si c'est par la grâce, ce n'est donc point par les œuvres, autrement la grâce n'est plus la grâce (3)". Ces paroles : "Ceux qui accomplissent la loi seront justifiés" doivent donc être entendues dans ce sens, à savoir : qu'il n'y a pour accomplir la loi que ceux qui sont justifiés, de telle sorte que ce n'est pas la justification qui vient s'ajouter aux œuvres, mais c'est la justification qui précède les œuvres.
Être justifié, n'est-ce pas être rendu juste par celui qui justifie l'impie (4), c'est-à-dire le fait passer du péché à la justice ? Supposons que l'on dise : Les hommes seront délivrés, cela signifierait qu'à notre qualité d'hommes viendrait s'ajouter la délivrance. Mais, si l'on dit : Les hommes seront créés, cela ne peut plus signifier que ceux qui existaient déjà seront créés, on affirme uniquement que c'est par la création qu'ils sont devenus des hommes.
De même, si l'on disait : Ceux qui accomplissent la loi seront honorés, nous entendrions par là que l'honneur viendra s'ajouter dans leur personne à l'accomplissement de la loi. Mais quand on dit: "Ceux qui accomplissent la loi seront justifiés", ces paroles ne signifient-elles pas que les justes seront justifiés ? car il n'y a que les justes pour accomplir la loi. C'est donc comme si fon disait : Les observateurs de la loi seront créés, c'est-à-dire qu'étant déjà des hommes ils seront rendus observateurs de la loi. De là les Juifs qui avaient reçu la loi devaient comprendre qu'ils avaient besoin de la grâce du souverain Justificateur, avant de pouvoir observer la loi.
Ou bien encore ce mot : "Ils seront justifiés", pourrait signifier: Ils seront regardés comme justes, ils passeront pour justes ; c'est ainsi qu'il est dit de tel personnage de l'Évangile : "Pour lui, voulant se justifier (1)", c'est-à-dire voulant se faire passer et regarder comme juste. Mais il n'en est plus ainsi quand nous disons : Dieu sanctifie ses saints; ou bien : "Que votre nom soit sanctifié (2)". Dans la première proposition nous affirmons que Dieu rend saints ceux qui ne l'étaient pas; tandis que, tout en reconnaissant que le nom de Dieu est essentiellement saint, nous demandons qu'il soit regardé comme tel par les hommes et entouré par eux d'une crainte salutaire.
2. Rom. III, 28.
3. ib. XI, 6.
4. ib. IV, 5.
1. Luc, X, 19.
2. Matth. VI, 9.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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CHAPITRE XXVI. DANS QUEL SENS EST-IL DIT QUE LES NATIONS ACCOMPLISSENT NATURELLEMENT LA LOI ÉCRITE DANS LEURS COEURS.
46. Si donc, en disant des Gentils qu'ils font naturellement ce que prescrit la loi et qu'ils ont la loi écrite dans leurs cœurs, l'Apôtre entend parler de ceux qui croient en Jésus-Christ et qui viennent à la foi avant d'avoir reçu, comme les Juifs, la manifestation de la loi, nous n'avons plus à nous préoccuper de savoir quelle distinction nous pouvons établir entre les Gentils et ceux auxquels le Seigneur, par son Prophète, a promis le Nouveau Testament et dont il a dit qu'ils avaient la loi écrite dans leurs cœurs. EN EFFET CES GENTILS, SE TROUVANT ENTÉS SUR L’OLIVIER, NE FONT PLUS QU'UN AVEC CET OLIVIER, C'EST-À-DIRE AVEC LE PEUPLE DE DIEU (3). Par conséquent il règne un parfait accord entre l'oracle prophétique et le témoignage de l'Apôtre; de telle sorte que l'on appartient au Nouveau Testament par cela même qu'on a la loi écrite, non pas sur des tables de pierre, mais dans son cœur; c'est-à-dire qu'on embrasse la justice de la loi dans toute la sincérité de son âme dès que la foi opère par la charité (4). "Car le Seigneur justifie les nations par la foi"; c'est là aussi ce que prévoyait l'Ecriture quand elle adressait à Abraham cette promesse prophétique : "Toutes les nations seront bénies dans votre race ". En vertu de cette promesse l'olivier sauvage devait être enté sur l'olivier franc et les Gentils fidèles devaient devenir les enfants d'Abraham "par la race d'Abraham, qui est Jésus-Christ (1)".
En effet, ne partageaient-ils pas la foi de celui qui, sans avoir reçu la loi sur des tables de pierre, et avant même de posséder la circoncision, "a cru à Dieu, et sa foi même lui a été imputée à justice (2) ?"
C'est dans le même sens que l'Apôtre a dit des Gentils "qu'ils ont l'œuvre de la loi écrite dans leurs cœurs (3)" , "non pas sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, c'est-à-dire dans leurs cœurs (4)". Ainsi en est-il de la maison d'Israël, lorsque le prépuce leur est imputé à circoncision, parce qu'ils montrent la justice de la loi, non point par la mutilation de leur chair, mais par la charité de leur coeur. Car "si un homme incirconcis garde les ordonnances de la loi, n'est-il pas vrai que, tout incirconcis qu'il soit, il sera considéré comme circoncis (5) ?"
Par conséquent, tous les vrais enfants d'Israël, de cette maison dans laquelle la ruse n'habite pas, deviennent participants du Nouveau Testament, parce que Dieu grave ses lois dans leur esprit et les imprime de son doigt dans leurs cœurs, par le Saint-Esprit ; et le Saint-Esprit, de son côté, répand dans ces cœurs la charité, qui est la plénitude de la loi (6).
3. Rom. XI, 24.
4. Gal. V, 6.
1. Gal. III, 8, 16.
2. Gen. XV, 6; Rom. IV, 3.
3. Rom. II. 15.
4. II Cor. III, 3.
5. Rom. II, 26.
6. id. XIII, 10.
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À suivre…
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: DE L'ESPRIT ET DE LA LETTRE (Saint Augustin) - TABLE DES MATIÈRES.
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CHAPITRE XXVII. LA LOI ACCOMPLIE NATURELLEMENT, C'EST-À-DIRE SELON LA NATURE RÉPARÉE PAR LA GRACE.
47. Comment, dira-t-on, l'Apôtre a-t-il pu dire des Gentils qu'ils "accomplissent naturellement les prescriptions de la loi", et non point par l'esprit de Dieu, par la foi, par la grâce ? En effet, l'esprit de grâce a pour résultat de renouveler en nous l'image divine, dans laquelle nous avons été constitués naturellement. De son côté, le vice est quelque chose de contraire à la nature, et il ne peut être guéri que par la grâce; de là cette parole du Psalmiste : "Ayez pitié de moi, guérissez mon âme, parce que j'ai péché contre vous (7)".
Dans ce sens donc, les hommes accomplissent naturellement les prescriptions de la loi; car ceux qui ne les accomplissent pas font en quelque sorte violence à leur nature et se rendent les esclaves du vice. Le vice est l'agent pervers qui arrache la loi du coeur de l'homme; détruisez cet agent, guérissez ce vice, la loi reparaît et s'accomplit naturellement. Et quand je dis naturellement, je n'entends pas que la nature exclue la grâce, mais je veux parler de la nature réparée par la grâce. Car "le péché est entré dans le monde par un seul homme, et la mort par le péché, et c'est ainsi que la mort est passée dans tous les hommes par celui en qui tous ont péché (1)". Et, dès lors, "puisqu'il n'y a en Dieu aucune acception de personnes, tous ont besoin de la gloire de Dieu, étant justifiés gratuitement par sa grâce".
C'est par cette grâce qu'est écrite dans l'homme intérieur renouvelé cette justice que le péché avait détruite ; elle reparaît donc en vertu de cette miséricorde infinie que Dieu a versée sur le genre humain, par Jésus-Christ Notre-Seigneur. "Car nous n'avons qu'un seul Dieu et un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ Dieu et homme (2)".
7. Ps. XL, 5.
1. Rom. V, 12.
2. I Tim. II, 5.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: DE L'ESPRIT ET DE LA LETTRE (Saint Augustin) - TABLE DES MATIÈRES.
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CHAPITRE XXVII. LA LOI ACCOMPLIE NATURELLEMENT, C'EST-À-DIRE SELON LA NATURE RÉPARÉE PAR LA GRACE.
48. Si donc les hommes qui accomplissent naturellement les préceptes de la loi ne doivent pas être rangés dans le nombre de ceux que la grâce de Jésus-Christ justifie, il ne reste plus qu'à les classer parmi les impies, parmi ceux qui ne rendent pas au vrai Dieu le culte véritable et légitime. Dans la vie de ces hommes, nous lisons, nous connaissons, nous entendons certains faits qui, loin de mériter aucun blâme, selon les principes de la justice, méritent au contraire des applaudissements et des éloges, pourvu toutefois qu'on les envisage en eux-mêmes et tels qu'ils se produisent. Car, s'il s'agit d'examiner la fin pour laquelle se font la plupart de ces actes, il sera bien difficile d'en rencontrer qui soient conformes à la justice et en méritent les éloges.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: DE L'ESPRIT ET DE LA LETTRE (Saint Augustin) - TABLE DES MATIÈRES.
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CHAPITRE XXVIII. L'IMAGE DE DIEU N'EST PAS ENTIÉREMENT DÉTRUITE DANS LES INFIDÈLES.
48. (suite) Dans l'âme humaine, l'image de Dieu n'a pas été tellement détruite par la souillure des affections terrestres, qu'il n'en reste plus aucun trait, aucune ligne principale. D'où il suit que, malgré l'impiété à laquelle cette âme s'abandonne, elle a encore quelque notion et quelque amour de la loi. De là ces paroles : "Les Gentils qui n'ont pas la loi", c'est-à-dire la loi positive révélée par Dieu, "et accomplissent naturellement les prescriptions de la loi ; ils sont ainsi à eux-mêmes leur propre loi, et ils ont l'œuvre de la loi écrite dans leurs cœurs".
Ce langage de l'Apôtre signifie évidemment que les caractères gravés dans l'âme humaine par l'image de Dieu ne sont pas encore entièrement détruits. Mais tout cela laisse subsister tout entière la différence qui distingue le Nouveau Testament de l'Ancien, et que nous avons signalée en disant que par le Nouveau Testament, la loi de Dieu a été gravée dans le coeur des fidèles, tandis que, dans l'Ancien Testament, cette même loi n'était écrite que sur des tables de pierre.
Il n'en est pas moins vrai de dire qu'il n'y a eu qu'un renouvellement de la loi; car cette loi, presque entièrement effacée par la vétusté, s'est trouvée rajeunie dans les âmes. De même que l'image de Dieu, plus ou moins altérée, mais non pas anéantie par l'impiété, se renouvelle, par le Nouveau Testament, dans l'âme de ceux qui croient; de même la loi de Dieu, plus ou moins oblitérée, mais non pas entièrement détruite par l'injustice, reparaît de nouveau, entièrement renouvelée par la grâce. Cette rénovation qui n'est, à proprement parler, que la justification, ne pouvait être produite, dans les Juifs, par la loi écrite sur les tables de pierre; car cette loi n'enfantait que la prévarication.
En effet, quoique sous le joug du péché, les hommes étaient des hommes, et en vertu de sa propre nature, leur âme était restée raisonnable et par là même capable de juger et de faire ce qui est naturellement bon et honnête. Quant à la piété qui nous transporte dans une vie heureuse et éternelle, elle a pour règle une loi immaculée et ramenant les âmes à la vertu (1), c'est-à-dire les renouvelant à la lumière surnaturelle et réalisant en elles cette parole : "La lumière de notre visage a brillé à nos yeux (2)". C'EST EN SE DÉTOURNANT DE CETTE LUMIÈRE, QUE LES HOMMES ONT MÉRITÉ DE TOMBER DANS LES TÉNÈBRES; MAIS, QUANT À SE RENOUVELER, ILS NE LE PEUVENT QUE PAR LA GRÂCE CHRÉTIENNE, C'EST-À-DIRE PAR L'INTERCESSION DU SOUVERAIN MÉDIATEUR "Car nous n'avons qu'un seul Dieu et un seul Médiateur entre les hommes et Dieu, Jésus-Christ, Dieu et homme, qui s'est fait victime pour nous racheter tous". Si vous supposez étrangers à cette grâce ces Gentils dont nous parlons, et qui, dans le sens exposé précédemment, "accomplissent naturellement les prescriptions de la loi", à quoi leur serviront "leurs vaines excuses, au jour où le Seigneur jugera les secrets des hommes (1)?" Ils ne peuvent espérer qu'un certain adoucissement dans la rigueur de leurs peines.
De même que le juste n'est pas exclu de la vie éternelle pour certains péchés véniels qui sont inséparables de notre existence ici-bas; de même l'impie ne trouvera nullement son salut éternel dans certaines bonnes actions que l'on rencontre dans la vie de tout homme, même des plus grands scélérats.
D'un autre côté, dans le royaume de Dieu, la gloire d'un saint différera de la gloire d'un autre saint, comme une étoile diffère d'une autre étoile (2) ; de même, dans les flammes éternelles, le châtiment de Sodome sera moindre que celui d'une autre ville (3), et tels réprouvés seront doublement les fils de l'enfer en comparaison de tel autre (4); de même, enfin, tout nous force à admettre que des hommes, tout en partageant la même impiété, se rendent beaucoup plus coupables les uns que les autres.
1. Ps. XVIII, 8.
2. Ps. IV, 7.
1. Rom. II, 14-16.
2. I Cor. XV, 41.
3. Luc, XV, 12.
4. Matth. XXIII, 15.
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À suivre…
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Re: DE L'ESPRIT ET DE LA LETTRE (Saint Augustin) - TABLE DES MATIÈRES.
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À suivre…
DE L’ESPRIT ET DE LA LETTRE.
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CHAPITRE XXVIII. L'IMAGE DE DIEU N'EST PAS ENTIÉREMENT DÉTRUITE DANS LES INFIDÈLES.
49. Voulant réprimer l'orgueil des Juifs, l'Apôtre leur disait: "Ce ne sont pas ceux qui écoutent la loi qui sont justes devant Dieu, mais ceux-là seuls seront justifiés, qui accomplissent la loi". Puis aussitôt il fait mention de ceux qui, "n'ayant pas la loi, accomplissent naturellement les prescriptions de la loi".
Or, si par ces paroles l'Apôtre désigne, non pas ceux qui appartiennent à la grâce du Médiateur, mais ceux qui, sans rendre au vrai Dieu un culte légitime, font encore quelques bonnes actions, malgré l'impiété de leur vie, quel résultat saint Paul pouvait-il espérer de ses paroles ? Voulait-il uniquement prouver, comme il l'avait dit plus haut, "que Dieu ne fait aucune acception de personnes", ou bien, comme il le dira plus loin, "que le Seigneur est le Dieu, non pas seulement des Juifs, mais encore des Gentils (5) ?" Mais dans ces hommes qui n'ont pas reçu la loi, pourrait-on trouver les œuvres naturelles de la loi, toutes petites qu'elles fussent, si l'image de Dieu n'avait laissé quelques traces dans leur âme ? Et cette image, lorsqu'il leur est donné de croire en Dieu, peut-elle être méprisée par celui qui ne fait point acception des personnes ?
Quelle que soit, d'ailleurs, l'opinion que l'on adopte, il est certain que, par l'organe même du Prophète, le Seigneur a promis sa grâce au Nouveau Testament; cette grâce doit avoir pour caractère principal d'écrire la loi de Dieu dans le cœur des hommes et de les amener à cette connaissance de Dieu, qui dispensera le fidèle "d'instruire son prochain ou son frère en lui disant : Connaissez le Seigneur, car tous le connaîtront, depuis le plus petit jusqu'au plus grand".
C'est là le don du Saint-Esprit, par lequel la charité est répandue dans nos cœurs, non pas une charité quelle qu'elle soit, mais la charité de Dieu, procédant d'un cœur pur, d'une bonne conscience et d'une foi véritable (1). Le juste qui vit de cette charité sur la terre, après n'avoir vu Dieu qu'à travers un voile et en énigme, le contemplera un jour face à face, et après n'avoir connu qu'en partie, il connaîtra parfaitement comme il est connu lui-même (2). IL A DEMANDÉ UNE GRÂCE AU SEIGNEUR, ET IL LA LUI DEMANDE ENCORE, D'HABITER DANS LA MAISON DU SEIGNEUR TOUS LES JOURS DE SA VIE, POUR Y CONTEMPLER LA BEAUTÉ DU SEIGNEUR (3).
5. Rom. III, 29.
1. I Tim. I, 5.
2. I Cor, XIII, 12.
3. Ps. XXVI, 7
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À suivre…
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À suivre…
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CHAPITRE XXIX. LA JUSTICE EST UN DON DE DIEU.
50. Que personne ne se glorifie de ce qu'il possède comme s'il ne l'avait point reçu (4); et même, qu'il se garde bien de croire qu'il n'a reçu d'autre grâce que celle de lire ou d'entendre la lettre extérieure de la loi. En effet, "si la justice nous vient par la loi, c'est en vain que Jésus-Christ est mort (5)". Or, si ce n'est pas en vain que Jésus-Christ est mort, qu'il est monté au ciel, qu'il a conduit notre captivité captive, et qu'il a départi ses dons aux hommes (6), c'est de lui seul que nous tenons ce que nous possédons.
Quiconque rejette cette conclusion, prouve, ou bien qu'il n'a rien, ou bien que ce qu'il possède lui sera enlevé (7). Car il n'y a qu'un seul Dieu qui justifie par la foi les circoncis, et qui, par la même foi, justifie les incirconcis (8). Dans ces deux cas, la justification s'opère donc absolument par le même moyen. Dans un autre passage, parlant des Gentils, c'est-à-dire des incirconcis; l'Apôtre disait: "L'Ecriture prévoyant que Dieu justifie les Gentils par la foi (1)". Parlant de la circoncision, à laquelle il appartenait, le même Apôtre s'exprimait en ces termes: "Nous sommes Juifs par notre naissance, et non du nombre des Gentils, qui sont des pécheurs. Cependant, sachant que l'homme n'est point justifié par les œuvres de la loi, mais par la foi en Jésus-Christ, nous avons nous-mêmes cru en Jésus-Christ (2).
Ainsi donc, l'incirconcis est justifié par la foi, comme le circoncis, pourvu, toutefois, que le circoncis conserve la justice de la foi. C'est ainsi que "les Gentils qui ne cherchaient point la justice ont embrassé la justice, cette justice qui vient de la foi", en la demandant à Dieu et en se gardant bien de se l'attribuer à eux-mêmes. "Israël, au contraire, cherchait la loi de la justice, mais il n'est point parvenu à la loi de la justice. Pourquoi ? Parce qu'il ne l'a point recherchée par la foi, mais par les œuvres de la loi (3)", c'est-à-dire que les Juifs pensaient se procurer par eux-mêmes cette justice, et refusaient de croire que c'est Dieu qui l'opère en nous. "Car c'est Dieu qui opère en nous, selon son gré, la volonté et l'action (4)". C'est ainsi "qu'ils se sont heurtés contre la pierre d'achoppement (5)". Si nous voulons saisir la pensée de l'Apôtre dans ces paroles : "Ils ont recherché la justice non point par la foi, mais par les œuvres de la loi", écoutons ces autres paroles dont l'évidence ne peut que nous frapper: "Ne connaissant pas la justice qui vient de Dieu, et s'efforçant d'établir leur propre justice, ils ne se sont point soumis à la justice de Dieu. Car Jésus-Christ est la fin de la loi pour justifier tous ceux qui croiront en lui (6)".
Et nous feignons encore de ne pas connaître les œuvres de la loi, par lesquelles l'homme ne saurait être justifié s'il les regarde comme siennes, à l'exclusion de tout secours et de toute grâce de Dieu nous venant par la foi en Jésus-Christ ? Et ces œuvres de la loi, nous soupçonnerions qu'elles désignent uniquement la circoncision et autres cérémonies du même genre, parce que nous trouvons quelquefois ces rites sacramentaux désignés sous ce nom ? Pourtant il est clair que ce n'était pas sur la circoncision que les Juifs voulaient fonder leur propre justice, puisqu'elle n'avait été établie que sur un ordre formel du Seigneur.
Il ne peut davantage être ici question de ces œuvres à l'occasion desquelles le Sauveur leur adressait ce reproche : "Vous rejetez le précepte de Dieu, afin d'établir vos propres traditions (1)". L'Apôtre dit également : "Israël cherchait la loi de la justice, et il n'y est point parvenu" ; il ne dit pas qu'il cherchait ses traditions. La seule conclusion que l'on puisse tirer, c'est que les Juifs s'attribuaient exclusivement à eux-mêmes l'accomplissement de ce précepte : "Vous ne convoiterez pas", ainsi que de tous les autres préceptes également saints et salutaires. Ils ne voulaient pas reconnaître que l'homme ne peut accomplir ces préceptes qu'autant que Dieu opère en lui parla foi de Jésus-Christ, qui est la fin de la loi pour justifier tous ceux qui croiront en lui. C'est-à-dire que par l'action du Saint-Esprit nous sommes incorporés à Jésus-Christ, nous devenons ses membres, et à l'aide de son secours intérieur, nous pouvons opérer la justice. C'est en parlant de ces œuvres que le Sauveur a dit lui-même : "Sans moi, vous ne pouvez rien faire (2)".
4. I Cor. IV, 7.
5. Gal. II, 21.
6. Ps. LXVII, 19; Ephés. IV, 8.
7. Luc, VIII, 18 ; XIX, 26.
8. Rom. III, 30.
1. Gal. III. 8.
2. Id. II, 15, 16.
3. Rom. IX, 30, 31.
4. Philip. II, 13.
5. Rom. IX, 34.
6. Id. X, 3, 4.
1. Matth. XV, 3; Marc, VII, 9.
2. Jean, XV, 5
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À suivre…
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Re: DE L'ESPRIT ET DE LA LETTRE (Saint Augustin) - TABLE DES MATIÈRES.
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À suivre…
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CHAPITRE XXIX. LA JUSTICE EST UN DON DE DIEU.
51. L'Écriture nous propose une justice de la loi, en nous promettant que celui qui l'accomplira vivra en elle (3). Si donc l'homme, intimement persuadé de sa propre faiblesse et de l'impuissance où il est d'arriver à la justice par ses propres forces ou par la lettre de la loi, cherche dans la foi le moyen de se concilier le souverain Justificateur, alors seulement il arrivera à la justice, il en fera les œuvres, il y vivra.
En effet, il n'y a que celui qui est justifié qui puisse accomplir les œuvres dans lesquelles on trouve la vie. Or la justification s'obtient par la foi, selon cette parole : "Ne dites point en votre coeur : Qui pourra monter au ciel ? c'est-à-dire pour en faire descendre Jésus-Christ. Ou qui pourra descendre au fond de la terre ? c'est-à-dire pour rappeler Jésus-Christ d'entre les morts. Mais que dit l'Écriture? La parole n'est point éloignée de vous; elle est dans votre bouche et dans votre cœur; telle est la parole de la foi que nous vous prêchons. Parce que, SI VOUS CONFESSEZ DE BOUCHE QUE JÉSUS-CHRIST EST LE SEIGNEUR, ET SI VOUS CROYEZ DE CŒUR QUE DIEU L'A RESSUSCITÉ D'ENTRE LES MORTS, VOUS SEREZ SAUVÉ (4)". En proportion que vous serez juste, dans la même proportion vous serez sauvé. Car par cette foi nous croyons que, nous aussi, Dieu nous ressuscitera d'entre les morts; en attendant, renouvelons-nous par l'esprit dans la nouveauté de la grâce et vivons dans la tempérance, la justice et la piété (1) ; plus tard, elle aussi, notre chair, ressuscitera pour l'immortalité; mais cette faveur, elle la devra à l'esprit qui, en participant à la justification, l'a précédée à sa manière dans la voie de la résurrection. "Car nous avons été ensevelis avec Jésus-Christ par le baptême pour la mort, afin que de même que Jésus-Christ est ressuscité d'entre les morts par la gloire du Père, nous marchions nous aussi dans une vie nouvelle (2)".
Ainsi donc c'est par la foi en Jésus-Christ que nous obtenons le salut, soit que nous l'envisagions tel qu'il est commencé en nous par la justification, soit que nous le considérions dans sa perfection vers laquelle nous tendons par l'espérance. "Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé (3)".
"Qu'elle est grande, Seigneur, la douceur que vous avez cachée pour ceux qui vous craignent, et dont vous avez comblé ceux qui espèrent en vous (4)". Par la loi nous craignons le Seigneur, et par la foi nous mettons en lui notre espérance; QUANT À CEUX QUI NE CRAIGNENT QUE LE CHÂTIMENT, LA GRÂCE EST POUR EUX ENTIÈREMENT CACHÉE. L'âme, en proie à cette crainte, et sentant son impuissance à vaincre la concupiscence mauvaise, sans pouvoir se délivrer de cette crainte dont elle sent partout la dure surveillance, doit se jeter par la foi dans les bras de la divine miséricorde, SUPPLIANT LE SEIGNEUR de lui donner ce qu'il ordonne, de lui faire goûter la suavité de la grâce par le Saint-Esprit et DE LUI FAIRE TROUVER PLUS DE PLAISIR DANS CE QUI LUI EST COMMANDÉ, QU'ELLE N'EN TROUVE DANS CE QUI L'EMPÊCHE D'OBÉIR. C'EST AINSI QUE LA MULTITUDE DE SA DOUCEUR, C'EST-À-DIRE LA LOI DE LA FOI, ou encore la charité gravée et répandue dans nos cœurs ; c'est ainsi, dis-je, que cette charité va se perfectionnant en ceux qui espèrent dans le Seigneur ; et l'âme entièrement guérie se livre à l’accomplissement du bien, non plus par crainte du châtiment, mais par amour de la justice.
3. Lévit. XVIII, 5.
4. Rom. X, 5, 9.
1. Tit. II, 12.
2. Rom. VI, 4.
3. Joël, II, 32 ; Rom. X, 13.
4. Ps. XXX, 20.
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Re: DE L'ESPRIT ET DE LA LETTRE (Saint Augustin) - TABLE DES MATIÈRES.
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CHAPITRE XXX. LA GRÂCE DÉTRUIT-ELLE LE LIBRE ARBITRE ?
52. Le libre arbitre est-il donc anéanti par la grâce ? A Dieu ne plaise, car nous ne faisons au contraire que l'affermir d'une manière plus explicite. En effet, de même que par la foi nous établissons la loi; de même le libre arbitre, loin d'être détruit, est établi par la grâce. La loi, dans son accomplissement, suppose nécessairement le libre arbitre ; mais tandis que la loi ne nous donne que la connaissance du péché, par la foi nous obtenons la grâce contre le péché; par la grâce notre âme est guérie du vice du péché; par la guérison de l'âme le libre arbitre arrive à une liberté parfaite ; par le libre arbitre nous parvenons à l'amour de la justice, et enfin par l'amour de la justice nous nous livrons à l'accomplissement de la loi. On comprend dès lors que la loi n'est point détruite, mais établie par la foi, parce que la foi nous obtient la grâce avec laquelle nous accomplissons la loi. De même le libre arbitre n'est point détruit, mais établi par la grâce, parce que la grâce guérit la volonté et que la volonté guérie se porte librement à l'amour de la justice.
Toutes ces conclusions que j'enchaîne ainsi les unes aux autres se trouvent clairement formulées dans les saintes Écritures. La loi dit : "Vous ne convoiterez point (1)". La foi dit: "Guérissez mon âme parce que j'ai péché contre vous (2)". La grâce dit : "Voici que vous êtes guéri, ne péchez plus, dans la crainte que vous ne retombiez dans un état pire encore (3)". La guérison dit: "Seigneur mon Dieu, j'ai crié vers vous et vous m'avez guéri (4)". Le libre arbitre dit : "Je sacrifierai volontairement à votre gloire (5)". L'amour de la justice dit : "Les pécheurs m'ont raconté leurs plaisirs; mais, Seigneur, que sont ces plaisirs en comparaison de ceux que procure votre loi (6) ?"
Pourquoi donc de malheureux mortels osent-ils se glorifier de leur libre arbitre, avant de se voir en pleine liberté; ou pourquoi se glorifient-ils de leurs propres forces, s'ils ne se sentent en liberté ? NE COMPRENNENT-ILS PAS QUE LE LIBRE ARBITRE IMPLIQUE NÉCESSAIREMENT L'IDÉE DE LIBERTÉ ? Or "là où est l'esprit du Seigneur, là se trouve la liberté (1)". Si donc ils sont les esclaves du péché, comment osent-ils se glorifier de leur libre arbitre ? "Nous sommes les esclaves de celui qui nous a vaincus (2)". Et s'ils sont mis en liberté, pourquoi se glorifient-ils de leur œuvre propre, comme s'ils ne l'avaient pas reçue ? SONT-ILS LIBRES JUSQU'À SE CROIRE LE POUVOIR DE REJETER L'AUTORITÉ DU SEIGNEUR QUI LEUR DIT : "SANS MOI, VOUS NE POUVEZ RIEN FAIRE (3)"; "Si le Fils nous a mis en liberté, vous serez véritablement libres (4) ?"
1. Exode, XX, 17.
2. Ps. XL, 5.
3. Jean, V, 14.
4. Ps. XXIX, 3.
5. Ps. LIII, 8.
6. Ps. CXVIII, 85.
1. II Cor. III,17.
2. II Pierre, II, 19.
3. Jean, XV, 5.
4. ib. VIII, 36.
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