De l'élection du Pontife à sa première bénédiction urbi et orbi
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De l'élection du Pontife à sa première bénédiction urbi et orbi
Chapitre VIII
Comme nous le constations, le consentement seul est requis pour que l'élu soit le Pontife avec toute l'étendue de sa juridiction.
Référence
Comment on élit un pape
Georges Goyau et Paul Lesourd
Source des auteurs :Le Conclave de Lucius Lector..
1935
imprimatur
7 octobre 1934
V. Dupin. v.g.
pages.89, 90,91,93 et 94
-Le Pape élu doit donner à son élection son consentement. On ne peut pas être Pape malgré soi. Aussi les cardinaux entourant aussitôt celui qu'ils viennent d'élever au Souverain Pontificat, le Doyen du Sacré Collège lui pose-t-il, en latin, la question rituelle : « Acceptes-tu l'élection qui vient d'être faite de ta personne en qualité de Pape ? »
Beaucoup alors hésitent. Certains même essayent une dernière fois de se soustraire à la lourde charge qui les attend. « Le cardinal Sarto était accablé. Il avait les yeux pleins de larmes, des gouttes de sueur perlaient sur ses joues et il parut près de s'évanouir. Presque tous les cardinaux pleuraient aussi. Après un moment de silence, il répondit d'une voix altérée : Que ce calice passe loin de moi ! Cependant que la volonté de Dieu soit faite ! Ce n'était pas la réponse officielle et le Doyen recommença la question avec une légère nuance d'impatience. Le cardinal Sarto prononça la parole attendue : J'accepte ! »
En 1700, il fallut, pour décider Clément XI à répondre affirmativement, que quatre théologiens lui en fissent un cas de conscience. En 1724, il fallut, pour que Benoît XIII qui était dominicain acceptât, que son Maître général lui en donna l'ordre exprès. En 1846, au conclave de Pie IX, c'était lui (cardinal Mastaï), qui dépouillait le scrutin d'où il sortit Pape. « Au trente-cinquième bulletin qui assurait son élection, il se jeta à genoux devant le Sacré Collège, et de toute son âme, supplia ses collègues d'épargner sa faiblesse. Il invoquait en pleurant son inexpérience des affaires, son effroi des responsabilités, son âge, sa santé, et telle fut son émotion qu'il s'évanouit. »
En 1922, le cardinal Ratti — Pie XI — le résultat du scrutin proclamé, se recueillit, debout, la tête baissée. A la question du cardinal doyen : Acceptes-tu ? succéda un silence. Mais écoutons le cardinal Mercier :
« Un silence d'humilité, de frayeur sans doute, de foi aussi et de confiance, nous l'espérons, nous tient tous en suspens, haletants, pendant deux longues, bien longues minutes.
« Doucement, une réponse s'articule à peu près en ces termes : Il ne faut pas que l'on puisse dire que j'ai refusé d'acquiescer sans réserve à la volonté divine ; il ne faut pas que l'on puisse dire que je me suis dérobé à un fardeau qui devait peser sur mes épaules. Il ne faut pas que l'on puisse dire que je n'ai pas apprécié à leur valeur les voies de mes collègues. Aussi, malgré mon indignité, dont j'ai le sentiment profond, j'accepte.
« A ce moment précis, l'Esprit Saint s'engage à réaliser la promesse faite à Pierre, par notre Divin Rédempteur, lorsque, en réponse aux trois attestations d'amour du chef du Collège Apostolique, le Christ lui dit : Pierre, pais mes agneaux ; Pierre, pais mes brebis.
« Lorsque l'Eglise ordonne un prêtre, l'imposition des mains marque le moment où l'âme du privilégié est marquée d'un caractère invisible et indélébile qui fait de lui un prêtre pour l'éternité et l'assure de l'aide surnaturelle nécessaire à l'accomplissement de sa carrière.
« Le Pape ne reçoit pas de caractère sacramentel ; son sacerdoce est celui de l'évêque, chez qui il est réalisé en plénitude. Mais le Pape reçoit de l'Esprit-Saint un pouvoir de juridiction, l'investiture d'une autorité qui s'étend au monde, et s'exerce, d'une manière directe, immédiate, sur chacune des églises particulières, sur chacun des pasteurs, sur chacun des fidèles de la chrétienté.
« Nous assistions à cette collation de pouvoirs ; nous entendions l'acquiescement de celui qui, conscient de son indignité, mais fort de la promesse divine, répondait : Oui, j'accepte. »
Le consentement acquis, le nom choisi, le Pape élu est vraiment Pape. Aussitôt les cérémoniaires abattent tous les baldaquins, à l'exception de celui du nouveau Souverain Pontife, lequel est conduit dans la sacristie de la chapelle Sixtine. Trois soutanes blanches l'y attendent, de grande, moyenne et petite taille, pour être prêt à toute éventualité. Aidé de ses conclavistes et de son valet de chambre, il revêt celle qui lui convient, puis le rochet de dentelle et le camail rouge. On lui passe les bas blancs et les mules rouges. Il rentre alors dans la chapelle Sixtine, va prendre place sur les marches de l'autel, du côté de l'Évangile, dans un fauteuil tourné vers l'assistance. Il y reçoit la première obédience des cardinaux, ses anciens collègues qui, Doyen en tête, viennent l'un après l'autre s'agenouiller devant lui, et baiser sucessivement son pied, sa main et sa joue.
Puis, le secrétaire du conclave présente au Pape, sur un coussin, la calotte blanche, Souvent, en retirant sa calotte rouge de cardinal, le nouveau Pontife la met sur la tête du dit secrétaire du conclave, comme gage de prochaine élévation au cardinalat.
Le Pape accomplit enfin son premier acte de juridiction en nommant un nouveau camerlingue, ou confirmant l'ancien dans ses fonctions ; et ce camerlingue, aussitôt, passe au doigt du Pape l'anneau du pêcheur qui sera brisé au jour de la mort du Pontife. Cet anneau lui est presque immédiatement retiré pour qu'y soit gravé le nom de celui que l'Église vient d'acquérir comme chef.
Ce nom, le premier cardinal diacre, précédé de la croix papale, va le jeter à la foule impatiente qui se presse sur la place Saint-Pierre. S'avançant dans la loggia extérieure de Saint-Pierre, d'où l'on a déroulé une longue draperie de satin blanc bordée de velours rouge, d'une voix forte, en latin, il crie : Je vous annonce une grande joie : nous avons comme Pontife l'Eminentissime cardinal N... qui a pris comme nom X... Les cloches sonnent à toute volée. Les acclamations crépitent, les hourras montent, les mouchoirs s'agitent, les chapeaux se lèvent. Et la station radiotélégraphique du Vatican, en diffusant à travers l'espace cette cérémonie, lance cette nouvelle à travers le monde. Les Esquimaux catholiques de l'Amérique du Nord et les Chrétiens noirs de l'Afrique du Sud peuvent désormais se réjouir de cet événement en même temps que le peuple de Rome, — jadis privilégié, lorsqu'il fallait de nombreux mois avant que le nom du nouveau Pape fût connu dans toutes les parties du globe où vivait une âme chrétienne. De nos jours, grâce à la T. S. F., les cloches de toutes les églises du monde peuvent, au même instant, faire écho aux cloches de Rome, et avec elles lancer vers le ciel l'Alléluia de Pâques et le Te Deum d'action de grâces.
On laisse au Pape quelques instants de repos et de recueillement qu'il prend dans sa modeste cellule. Mais le peuple chrétien, il le sait, est pressé de le voir, de l'acclamer, de recevoir sa première bénédiction. L'homme blanc bientôt paraît donc au balcon de la loggia extérieure, au-dessus du portail central de Saint-Pierre. Il est accueilli par une explosion de cris, d'applaudissements et de vivats sans fin. Les soldats pontificaux et Italiens présentent les armes. Le Souverain Pontife chante les formules liturgiques de la bénédiction pontificale, et, d'un geste large, trace urbi et orbi une triple bénédiction que les ondes télégraphiques portent, par delà les monts et les mers, jusqu'aux extrémités de la terre.
Comme nous le constations, le consentement seul est requis pour que l'élu soit le Pontife avec toute l'étendue de sa juridiction.
Référence
Comment on élit un pape
Georges Goyau et Paul Lesourd
Source des auteurs :Le Conclave de Lucius Lector..
1935
imprimatur
7 octobre 1934
V. Dupin. v.g.
pages.89, 90,91,93 et 94
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: De l'élection du Pontife à sa première bénédiction urbi et orbi
Avec ce texte, les guégardiens doivent se cacher la face..
Où est-il seulement mentionné la possibilité d’un Pape matériel, où est-il dit que l’Élu doit montrer qu’il a l’intention de réaliser le « bien» de l’Église, qu’il est en puissance de devenir Pape?
Les guégardiens qui sont les « champions» du « For externe» pour faire tenir la foutaise, jouent allègrement dans le« For interne» de ceux qu’ils reconnaissent comme « pape sans pouvoir»
Où est-il seulement mentionné la possibilité d’un Pape matériel, où est-il dit que l’Élu doit montrer qu’il a l’intention de réaliser le « bien» de l’Église, qu’il est en puissance de devenir Pape?
Les guégardiens qui sont les « champions» du « For externe» pour faire tenir la foutaise, jouent allègrement dans le« For interne» de ceux qu’ils reconnaissent comme « pape sans pouvoir»
Diane + R.I.P- Nombre de messages : 5488
Date d'inscription : 28/01/2009
Re: De l'élection du Pontife à sa première bénédiction urbi et orbi
Diane a écrit:Avec ce texte, les guégardiens doivent se cacher la face..
Où est-il seulement mentionné la possibilité d’un Pape matériel, où
est-il dit que l’Élu doit montrer qu’il a l’intention de réaliser le « bien» de l’Église, qu’il est en puissance de devenir Pape?
Les guégardiens qui sont les « champions» du « For externe» pour faire tenir la foutaise, jouent allègrement dans le« For interne» de ceux qu’ils reconnaissent comme « pape sans pouvoir»
Ce texte en effet confond les guégardiens comme vous dites... Ils n'ont rien à objecter à la Vérité... sauf qu'ils se trompent matériellement et formellement avec leur fouthèse qui n'existe pas dans la nature, comme le dit si bien Saint Thomas:
..
Materialiter et formaliter: qu’en pense Saint Thomas ?
1° Ia, qu.7, art. 2, resp. 3, avec notes explicatives :
(..) La matière première n’existe point par elle-même, à l’état séparé, dans la nature des choses¹; elle n’est que de l’être en puissance, et il faut, pour subsister, être en acte. (…) sa potentialité ne s’étend qu’aux formes d’existence prévues par la nature.²
¹ «La matière première n’existe point par elle-même, à l’état séparé, dans la nature des choses»; elle n’est, à l’état séparé, qu’une conception de l’esprit. On peut l’envisager à part; elle ne peut pas exister à part.
² Si la matière première était infinie comme pouvoir, Dieu pourrait en sortir, comme le PANTHÉISME ÉVOLUTIONNISTE.
2° ibidem , qu. 14, art.2, resp. 3 :
(…) La matière première, qui est en puissance, ne conquiert son être naturel que réduite à l’acte par la forme. Or, notre intellect passif est dans l’ordre de l’intelligible, ce qu’est la matière première à l’égard de la nature, vu qu’il est en puissance à l’égard des choses intelligibles comme la matière première à l’égard des choses naturelles. Il s’ensuit que notre intellect possible ne peut avoir son opération intelligible que déterminé par la forme intelligible de quelque objet.
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Dernière édition par ROBERT. le Jeu 15 Avr 2010, 1:32 pm, édité 1 fois (Raison : italique gras= Saint Thomas.)
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: De l'élection du Pontife à sa première bénédiction urbi et orbi
Merci Gabrielle pour ce texte qui m'éclaire sur l'élection du Pontife !
Via Crucis- Nombre de messages : 2900
Date d'inscription : 22/02/2009
Re: De l'élection du Pontife à sa première bénédiction urbi et orbi
De rien...
C'est grandiose l'élection du Pontife... grandiose et en même temps très clair.
Le "J'accepte" prononcé et ipso-facto : "Habemus Papam"
En lisant des textes comme celui-là, toute personne est apte à saisir jusqu'à quel point le materialiter/formaliter est loin de la doctrine catholique.
C'est grandiose l'élection du Pontife... grandiose et en même temps très clair.
Le "J'accepte" prononcé et ipso-facto : "Habemus Papam"
En lisant des textes comme celui-là, toute personne est apte à saisir jusqu'à quel point le materialiter/formaliter est loin de la doctrine catholique.
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: De l'élection du Pontife à sa première bénédiction urbi et orbi
FRANC a écrit:Je suis désolé de devoir vous signaler, que les deux auteurs que vous citez sont suspects; l'un Georges Goyau, collaborateur de la Revue des Deux-mondes, exemple type du libéralisme catholique, bon chic bon genre, dit des Cardinaux verts du début du siècle et promoteur du "christianisme social" démocrate-"chrétien", hétérodoxe ( la même marchandise que le grand-oncle de Ratzinger, http://en.wikipedia.org/wiki/Georg_Ratzinger_%28politician%29 ), même si la qualité de sa plume, lui a valu un siège à l'Académie Française.
Quant à Möhler, ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Johann_Adam_M%C3%B6hler ), théologien allemand, fondateur de l'école de Tubingen, il est à l'origine du modernisme ( http://archive.org/stream/jeanadammhler00verm#page/n9/mode/2up ), chose dont naturellement les novateurs conciliaires se félicitent ( http://www.carrefourkairos.net/spc/theol_XIX.htm ).
Wikipedia, nous dit : " Il voit l'Église comme un organisme vivant, animé par l'Esprit saint, prolongeant le mystère de l'Incarnation (et non d’abord comme une société juridique).", alors que Mystici Corporis de Pie XII, nous enseigne tout à la fois, les deux. On voit tous les déviations possibles vers l'illuminisme, dès qu'on ignore l'aspect juridique de l'Eglise...
On remarquera que les éditeurs, qui ont obtenu en 1907, l'imprimatur pour l'ouvrage "Nos dogmes dans l'Evangile, des abbés L. Poulin et E. Loutil", ne l'ont pas reçu pour l'annexe de Mölher, traduite par Georges Goyau, mauvaise littérature, issue du soi-disant génie allemand, qui abondait avant la guerre de 1914, dans les milieux universitaires et mêmes religieux, dont nos ancêtres apprirent la haute culture, en voyant leurs édifices artistiques détruits et leur jeunesse fauchée dans les tranchées.
https://messe.forumactif.org/t4984-la-tradition-ses-caracteres-sa-vie-georges-gayau#94743
Roger Boivin- Nombre de messages : 13222
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: De l'élection du Pontife à sa première bénédiction urbi et orbi
Georges Goyau : Wiki : https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Goyau
Roger Boivin- Nombre de messages : 13222
Date d'inscription : 15/02/2009
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