L'ÉPREUVE, L'ESPÉRANCE ET LA PAIX

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Message  Monique Jeu 26 Fév 2009, 3:14 pm

Carêmes à la Basilique-Cathédrale de Montréal
Mgr A. HARBOUR



L'ÉPREUVE,
L'ESPÉRANCE
ET LA PAIX


Sermons de carêmes prêchés à la Basilique-Cathédrale de Montréal, en 1940, 1941 et 1942.




AVANT-PROPOS

Le présent volume est le deuxième de la série de nos carêmes, prêches à la Basilique-Cathédrale de Montréal, depuis 1927, sans interruption, Il contient des sermons de trois carêmes, ceux de 1940, de 1941 et de 1942.

La divine Providence a voulu qu'ils demeurent d'une grande actualité. L'épreuve, en effet, dans laquelle nous entrions alors se continue et le gouvernement et la stratégie de Dieu maître souverain de nos destinées, dont l'action devient de jour en jour plus sensible à nos intelligences, constituent notre inébranlable espérance. Et puis nous souhaitons encore la paix. Tels étaient bien les sujets de nos prédications: en 1940, «En face de l'épreuve», en 1941, «Par l'espérance», et en 1942, «Le christianisme et la réorganisation de la Paix». Ils se complètent en s'ajoutant: voilà pourquoi nous publions partiellement les trois carêmes en un seul volume.
Notre génération aura connu des événements d'une importance extraordinaire. Y en a-t-il de comparables dans l'histoire?

Depuis toujours les annales de l'humanité ont présenté de nombreux changements qui sont loin d'être tous des progrès dans la conquête de la vérité et de la vertu ou dans le juste équilibre des peuples entre eux.

La sagesse antique, malgré ses incontestables mérites, n'a pas donné au monde le bien moral dont il avait besoin. Livrée à elle-même elle a démontré que l'intelligence humaine ne peut découvrir qu'une lumière confuse, mêlée d'obscurité, une vérité incomplète entravée d'erreurs.

Le christianisme vint. Dans la lutte qu'il a engagée avec la liberté humaine, avec le péché originel et ses funestes conséquences, l'effort est toujours à recommencer. Et jamais peut-être la poussière de la grande bataille entre le bien et le mal n'a rendu l'horizon plus sombre et l'atmosphère plus chargée que de notre temps. C'est l'épreuve, la grande épreuve.

Pour obtenir la cessation des fléaux qui désolent une très grande partie de notre terre, le secret est de revenir à Dieu qu'on a abandonné, négligé, nié; de reconnaître la suprématie de son gouvernement, de s'humilier, de se soumettre entièrement à sa volonté; de reconnaître ses torts et d'en demander pardon, de lever les yeux vers le ciel et de dire comme Saul sur le chemin de Damas: "Seigneur, que voulez-vous que je fasse?"

Mais l'homme dans sa suffisance et son orgueil ne veut pas courber la tête. Il s'obstine à prétendre à la maîtrise du monde. Et cela fait son malheur. La miséricorde divine, si grande soit-elle, est tempérée de justice: elle exige un commencement de soumission de notre part. Dieu nous accordera le retour à l'ordre, à la tranquillité, à la paix, quand nous aurons montré que nous renonçons au désordre, quand nous aurons rendu à Dieu sa place et repris la nôtre. C'est notre prière et notre espérance que, pressés par le malheur et l'épreuve, épuisés par la souffrance, les peuples enfin se reconnaissent. Alors, la justice et la charité ramèneront sur la terre, avec la paix, une prospérité nouvelle!

L'on imagine facilement qu'il n'y a pas grand'chose de neuf à dire dans ces questions qui préoccupent l'homme depuis qu'il souffre. Qu'on ne soit donc pas autrement étonné quand on s'apercevra que nous avons dû utiliser les travaux des bons auteurs. D'ailleurs nous donnerons, autant que possible, nos références.

Il nous a paru bon d'enlever du texte de nos entretiens quelque chose de la forme extérieure du discours. Au fond, cela se résume à laisser tomber les vocatifs «Mes Frères» qui émaillent nécessairement un sermon et à retrancher ou redresser certaines tournures qui appartiennent par trop au langage parlé. Ainsi allégée d'une partie de son appareil oratoire, chaque conférence ressemblera davantage à un chapitre dans le livre. Et je crois que ce sera mieux ainsi.

Pour ce qu'il nous a coûté et pour ce que vaut notre travail, nous prions Dieu de le bénir afin de lui permettre d'opérer quelque bien. Puisse-t-il du moins entretenir, au milieu de la grande épreuve que nous traversons, une lueur d'espérance en Dieu qui seul peut nous donner la paix et nous sauver: In te Domine speravi, non confundar in aeternum.



Librairie GRANGER FRÈRES, Limitée
MONTRÉAL
NIHIL OBSTAT:
Marianapoli, die 12a februarii 1944.
BARTHELEMY GATTET, p.ss.,
censor "ad hoc". Imprimatur:
JOSEPH OHABBONNEAU
le 14 février 1944.
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Message  Monique Jeu 26 Fév 2009, 6:49 pm

EN FACE DE L'ÉPREUVE


Il me semble que le carême nous apparaît cette année sous un aspect inaccoutumé. Nous le voyons venir d'ordinaire avec une certaine appréhension comme tout ce qui nous contrarie, nous gêne, restreint nos goûts, nos caprices, nos fantaisies. Et c'est vrai que la pénitence n'est pas et ne peut pas être agréable.

Mais, cette fois, nous sommes tellement broyés par l'épreuve, nos esprits sont tellement tendus par les préoccupations et les inquiétudes, que le climat qui nous convient, si l'on peut dire, est bien celui du carême. Nous n'avons guère «le cœur à rire» et si le temps de la pénitence est toujours dur, le temps de la prière nous sera du moins un grand réconfort; plus que cela, je dirai même que ces jours dont les réjouissances sont bannies et qui nous font reprendre contact avec les grandes réalités, vont nous être un apaisement.

Je ne prêche pas, qu'on veuille le croire, la tristesse et le découragement, mais je veux dire qu'entre les attitudes possibles en face de l'épreuve il nous faut choisir la bonne et même la meilleure. Et la meilleure n'est pas la légèreté qui dit: « hâtons-nous de nous amuser, couronnons-nous de fleurs et asseyons-nous au banquet de la vie au plus tôt, car demain nous mourrons »; ce n'est pas non plus l'inconscience ceux qui, pour se distraire, pour s'éviter des ennuis, pour s'étourdir ou s'endormir, ne veulent ni voir ni prévoir et se trouvent, un jour ou l'autre, pour avoir eu peur du sérieux, acculés au tragique. La meilleure attitude n'est pas davantage l'autre extrême, je veux dire l'apathie et la crainte de toute initiative, l'a quoi bon et la défaillance avant l'effort.

Mgr A. HARBOUR,
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Message  Monique Sam 28 Fév 2009, 6:10 pm

EN FACE DE L'ÉPREUVE


Voilà ce que nous sommes en tout temps, depuis le péché originel, et les grandes heures d'épreuve ne changent pas notre nature. Non, elles ne nous changent pas, mais du moins devraient-elles éveiller en nous ce qu'il y a de meilleur en nous démontrant, en nous faisant toucher du doigt que nous ne sommes pas ici-bas pour y rester, que la figure de ce monde passe et qu'il n'y a pour durer que la vie future dont la présente n'est que le vestibule et la préparation.

Telle est la vérité que nous ne devrions jamais oublier; telle est la vérité que le carême, chaque année, a la mission de nous rappeler ; telle est la vérité que les grandes heures d'épreuve nous rappellent durement, quand nous nous entêtons à les nier dans la pratique de notre vie.

Et c'est pourquoi les grands exercices du carême qui sont la réflexion devant Dieu, la prière et la pénitence, se trouvent justement constituer la meilleure attitude à prendre dans les malheurs, petits ou grands, qui viennent nous visiter.

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Message  Monique Dim 01 Mar 2009, 6:04 pm

EN FACE DE L'ÉPREUVE



La réflexion, est la respiration même de notre âme.

La réflexion ne nous apprendra pas beaucoup de choses nouvelles, parce que l'éducation et l'instruction que nous avons reçues, on peut dire, d'autorité, nous ont munis à peu près de toutes les idées que nous aurons jamais. Du moins elle nous rendra personnelles ces données qui viennent du dehors et pour celles que nous reconnaissons être justes, elle nous en convaincra plus profondément.

Nous avons appris par cœur cette réponse du catéchisme: « Dieu nous a créés pour le connaître, l'aimer, le servir sur la terre et pour être heureux avec lui dans le ciel pour toute l'éternité ». Si jamais nous avons réfléchi sur ces quelques lignes, nous y aurons découvert tout ce qui doit nous éclairer sur nous-mêmes: d'où nous venons; ce que nous sommes venus faire sur la terre et où nous allons. Et nous en arriverons nécessairement à cette conclusion : que sert à l'homme de gagner l'univers s'il vient à perdre son âme?

Sans doute, nous sommes sur la terre pour un certain nombre d'années: il faut bien y employer notre temps et nous y intéresser, nous intéresser également au sort de ceux qui dépendent de nous, notre famille, nos enfants.

Et puis ce désir du bonheur qui habite en nous et qui devrait porter sur les choses de l'au-delà a hâte de s'exercer. Il veut se réaliser sans délai ; il prend tout ce qui lui tombe sous la main : il dévie. C'est la recherche des biens terrestres: des richesses, des plaisirs, des honneurs. Les yeux fermés du côté de l'éternel bonheur qui lui paraît trop loin, l'homme se précipite sur les apparences de bonheur qui sont autour de lui, et comme son appétit est fait pour l'infini toutes ces petites bribes de nourriture ne réussissent jamais à le rassasier.

Aussi c'est la course à perte d'haleine à la recherche de toutes sortes de satisfactions. Aux richesses il ajoute les richesses, aux plaisirs, les plaisirs ; il a la soif du pouvoir, il veut s'élever, il veut grandir et il ne s'aperçoit pas que tout cela est bâti sur des apparences, des mirages, du faux, sur rien, que tout cela va nécessairement crouler.

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Message  Monique Lun 02 Mar 2009, 6:26 pm

EN FACE DE L'ÉPREUVE



La réflexion, est la respiration même de notre âme.


Vous l'avez vu passer peut-être ce fier coursier redevenu sauvage parce qu'il ne connaît plus ni mors, ni frein, rien pour le retenir par conséquent, et qui s'élance l'œil en feu, les narines fumantes, vers l'on ne sait quelle fantasmagorie. Il ira jusqu'au bout de ses forces, il tombera épuisé et pantelant sans avoir rien atteint à moins qu'une muraille, un taillis, un cours d'eau, un obstacle considérable ne lui barre la route.

Cet obstacle, pour l'homme c'est l'épreuve. Et quand la majorité des hommes et des peuples sont emballés, alors c'est la grande épreuve, c'est l'épidémie, c'est le fléau, c'est la guerre !

Dans la vie chrétienne de tous les jours, le rappel à la réflexion que constitue le carême est suffisant ; au cours de l'existence des avertissements plus sérieux nous sont donnés : c'est un insuccès grave, c'est une maladie, c'est un deuil; dans la vie de l'univers, quand toutes ces remontrances n'ont plus d'effet, viennent ce qu'on peut appeler les grands coups de la Providence.

Ce qu'il faut bien remarquer, ici, c'est que les grandes épreuves ce n'est pas, dans un sens, Dieu qui nous les envoie, c'est nous qui par nos abus de liberté, nos erreurs, nos fautes et nos entêtements, nous les administrons sous le regard de Dieu, qui sans doute les permet, mais qui nous ayant créés libres ne peut nous empêcher de nous punir de nos propres mains!

Une bonne cure de réflexion pourrait nous guérir de nombre de ces extravagances et nous éviter des rappels à l'ordre trop cinglants. Nous reviendrions tout simplement à la réponse du catéchisme et nous nous dirions: Dieu nous a créés ; Il nous a faits de rien : nous sommes sa propriété, sa chose, l'œuvre de ses mains.

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Message  Monique Mar 03 Mar 2009, 6:41 pm

EN FACE DE L'ÉPREUVE



La réflexion, est la respiration même de notre âme.


On peut se soustraire à la propriété, aux droits d'un homme par la force peut-être, par la fuite aussi ; mais comment se soustraire à la propriété de Dieu? Ecoutez cet apologue.


Un grand seigneur possédait un parc immense. Un jour il convie ses amis à une grande chasse.

Au lever du soleil les cors retentissent, les cavaliers sont au poste, les meutes aux arrêts. On commence par traquer le gibier qui s'enfuit, se cache, se blottit dans les broussailles et réussit à échapper aux chasseurs. Mais pressé de plus près, il lui faut chercher des asiles moins périlleux. Il fuit plus loin pour être encore délogé. Le manège se répète deux fois, trois fois encore, et voici que tout à coup, cerfs, daims et chevreuils aperçoivent un mur qu'ils n'avaient jamais vu: c'est le mur d'enceinte, c'est la limite de la propriété, on ne va pas plus loin.

Que faire? Ils ne peuvent ni avancer ni reculer. Cernés de toutes parts il faut se rendre. Ils se croyaient libres; ils étaient prisonniers. C'est la fin de tout.

C'est l'image du monde. L'homme peut oublier qu'il est la chose de Dieu. Mais un jour vient où Dieu envoie son mandataire. C'est la mort. Il faut se rendre. C'est l'épreuve. Il faut réfléchir.

O mon Dieu, vous êtes mon inévitable fin. Je viens de vous et je retourne à vous. Nous ne sommes pas créés pour les plaisirs ! Les jours où nous en jouissons sont si rares, les impressions qu'ils nous laissent si fugitives et quelquefois si amères. Ah! pauvres humains! croire avoir été créés pour les plaisirs! Ne faudrait-il pas dire plutôt que nous sommes voués à la tristesse et aux larmes, tant elles sont le lot ordinaire du commun de l'humanité.

Et les richesses! Combien peuvent arriver à la fortune? Combien ont le temps d'en jouir? Et les honneurs! et la gloire! tout cela est encore plus rare et plus fragile. Non! Dieu nous a créés pour des choses plus grandes.

Vous n'êtes point ici-bas ouvriers pour manier des outils ou servir une machine; vous n'êtes point ici-bas négociants pour échanger des marchandises et de l'argent; vous n'êtes point ici-bas hommes de loi pour faire des contrats ou vous occuper des chicanes et des procès ; vous n'êtes point ici-bas parents pour veiller à la garde d'une famille. Tout cela sans doute est nécessaire pour remplir les quelques années de votre pèlerinage sur la terre, mais tout cela n'est que l'accessoire. La fin principale de l'homme est de servir Dieu. Dieu nous a créés pour le connaître; l'aimer et le servir. Voilà ce que le carême, par la réflexion, nous rappelle chaque année, et voilà aussi ce que les grandes épreuves se chargent de nous imprimer plus profondément dans l'âme.

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Message  Monique Mer 04 Mar 2009, 6:28 pm

EN FACE DE L'ÉPREUVE



La Prière


Et quand nous avons, par la réflexion, reconnu que c'est là notre fin et combien nous sommes loin de l'atteindre et même de nous attacher à sa recherche, nous avons bien senti que de nous-mêmes nous ne pouvons pas grand chose, qu'il nous faut un secours, que ce secours c'est la grâce de Dieu. Et la grâce de Dieu, s'obtient par la prière.

La prière est un acte de foi, d'humilité et de confiance. Elle complète la réflexion. Celle-ci nous avait fait comprendre que nous nous aventurions hors de la voie, la prière va nous introduire dans le bon chemin et nous donner la force, le courage d'y marcher.

Il y a dans le seul fait d'un homme qui cherche Dieu et se met en rapport avec lui comme une vertu mystérieuse qui pénètre sa vie et y opère de merveilleux changements. Ce n'est pas encore la main de Dieu qui le touche, ce n'est pas encore la grâce qui s'ajoute à ses forces, ce n'est pas encore cette transfusion de la vie divine dans sa propre vie; c'est un phénomène intime qu'on ne peut guère analyser et qu'on nomme avec peine: une sorte de transformation aussi salutaire qu'admirable qui résulte de l'élévation de notre âme vers une région plus sereine, plus lumineuse, plus vaste que celle qu'elle habite ici-bas, et de l'épanchement de notre cœur dans un abîme profond, immense, infini, qui peut tout recevoir sans jamais être comblé.

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Message  Monique Jeu 05 Mar 2009, 6:06 pm

EN FACE DE L'ÉPREUVE



La Prière

La prière est l'élévation de notre âme vers Dieu, c'est-à-dire qu'elle nous dégage de l'étreinte grossière des créatures et nous satisfait par les affinités supérieures de notre être.

Placés entre deux mondes, le monde de l'esprit et le monde de la matière, nous penchons vers ce dernier avec tant de violence que toute notre vie semble devoir y être engloutie. C'en serait fait de notre grandeur si une force mystérieuse ne saisissait notre âme pour l'élever vers cet être pur et parfait qui est l'univers, la patrie des esprits.

Là cette immatérielle partie de nous-mêmes où se forment la pensée et l'amour, respire plus à l'aise, et les ondes invisibles qui l'entourent et la pénètrent, la préservent de l'étouffement auquel semble la condamner le perpétuel embrassement d'un corps mortel; là elle se trouve réjouie par des rencontres fortunées qui l'unissent plus intimement à ce qu'elle aime d'un véritable amour pour lequel elle est faite. (Monsabré, La Prière)

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Message  Monique Ven 06 Mar 2009, 6:05 pm

EN FACE DE L'ÉPREUVE



La Prière


La prière est encore l'épanchement de notre cœur. Ainsi va le cœur humain que ses joies comme ses douleurs, ses gloires comme ses hontes, en tombant goutte à goutte, finissent par s'amasser entre des rivages qui ne peuvent plus les contenir. Il déverse. On cherche des abîmes pour y répandre le trop-plein de son cœur; mais rien! rien que des cœurs fermes ou déjà remplis, rien que des cœurs que l'on étoufferait en s'allégeant un peu, rien que des cœurs qui, après avoir reçu une fois nos confidences, nous font subir le martyre de leur ennui ou de leur froideur!

Et pourtant il faut que nous nous épanchions et nous sommes seuls, mortellement seuls. Où irons-nous ? Nous irons vers Dieu par la prière. Il entend, sans impatience et sans ennui, les gémissements de l'âme éplorée et les sanglots du cœur trahi. Il ne renvoie pas, froides et glacées, les larmes qu'on répand sur son cœur paternel. Il voit notre âme aux prises avec les ennemis de notre vertu et de notre bonheur: le démon, le monde, les passions, et s'il n'accourt pas plus tôt c'est pour que dans un moment de confiante intimité nous lui racontions les secrets tourments de nos luttes.

Et la prière est toute-puissante. O clef de David, chante l'Eglise, qui ouvrez et personne ne ferme après vous; qui fermez et personne n'ouvre après vous. Voilà la prière. Le cœur de Dieu est là-haut sur les montagnes de l'éternité comme dans une forteresse à la fois bienfaisante et meurtrière. Il y a d'un côté les portes de la bonté, de la miséricorde et des bienfaits; de l'autre, la porte de la justice, de la colère et des fléaux. Qui ouvrira les unes et fermera les autres? La prière. O clavis David.

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Message  Monique Sam 07 Mar 2009, 6:07 pm

EN FACE DE L'ÉPREUVE



La Prière


Des inondations, de trop longues pluies menacent les moissons dans leurs espérances et leurs promesses, ou bien, la terre desséchée crie vers le ciel de toutes ses crevasses sous le soleil de la punition. O clavis David, ô prière, ouvrez les portes des bienfaits de Dieu et de sa miséricorde.

Tombé sur un lit de souffrance l'ouvrier de qui dépend la vie d'une famille nombreuse se désespère et se consume dans une longue maladie. Que vont devenir ses enfants en bas âge et cette femme déjà surchargée? O clavis David, ô prière, ouvrez les portes de la pitié qui apportent la guérison; ouvrez du moins celles de la résignation et des divines consolations.

Que de pécheurs marchent sans crainte et sans remords dans leurs égarements! Que d'âmes infortunées, épuisées par les combats de la vie morale, se plaignent de leur défaillance sans cesse répétée! Que d'âmes généreuses ont besoin d'un secours divin pour accomplir leurs grandes missions d'amour et de dévouement. Ouvrez, ô clef de David, ô prière, et bien larges, les portes de lumière, de courage, de force, les portes d'or de l'amour.

Mais les nations ont péché et Dieu laisse dormir sa bonté dédaignée pour ne plus montrer que sa justice. Malheur à nous, voici les fléaux. C'est l'heure des grandes épreuves. C'est l'épidémie, c'est la grande inondation, ce sont les tremblements de terre, ou bien, c'est la guerre! c'est le fracas de l'artillerie, c'est la menace qui plane sur la vie des jeunes hommes, c'est l'angoisse dans le cœur des mères et des épouses et des fiancées, c'est la lutte à mort sur terre, au fond des mers et jusque dans le ciel.

Le châtiment plane sur vous, ô peuples insensés, qui n'y pensez pas ou qui croyez que vous pouvez vous-mêmes et entre vous régler vos comptes, vos difficultés et vos querelles. Fermez, ô clef de David, ô prière, fermez les portes par où vont s'échapper les saintes colères de Dieu et refoulez dans son sein l'orage qui doit fondre sur nous. Que si nous devons être châtiés, hâtez-vous du moins d'ouvrir à notre honte et à notre repentir, les portes saintes par où descendent la résurrection et la liberté et la paix des nations.

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Message  Monique Dim 08 Mar 2009, 6:06 pm

EN FACE DE L'ÉPREUVE



La Prière


Et, tout cela n'est pas le rêve d'une imagination exaltée, ni le fait d'une littérature qui s'emporte. Ce n'est, au contraire qu'un pâle résumé d'une histoire immense dont chaque page nous raconte les étonnants et admirables effets de la prière.

La prière, commande à la nature et contrarie ses lois. Elle a multiplié les merveilles pour guérir les maux de l'âme et du corps; elle a transformé les ennemis de Dieu en apôtres de la gloire; elle a inondé de lumières des âmes ignorantes et naïves et les a élevées jusqu'à la science la plus sublime; elle a allumé dans les cœurs généreux les saintes flammes d'amour d'où procèdent les héroïques dévouements et les nobles sacrifices; elle a ouvert les yeux des aveugles et les oreilles des sourds; elle a fait parler les muets et marcher les paralytiques; elle a arrêté les envahissements de la mort et ressuscité ses victimes; elle a calmé la fureur des flots et 'fait rentrer les laves des volcans dans leurs cratères; elle a conjuré les fléaux, vaincu les armées, sauvé des villes et des peuples qui ont perpétué par des monuments et des fêtes religieuses, le souvenir de sa puissance. (Idem. 1. c.)

Et elle en sauvera d'autres, elle nous sauvera si nous recourons à elle.


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Message  Monique Lun 09 Mar 2009, 6:08 pm

EN FACE DE L'ÉPREUVE



La Pénitence


La troisième disposition qui convient et au carême et au temps de l'épreuve c'est la pénitence et cette pénitence qui réside moins en des actes extérieurs que dans une disposition de l'âme. C'est une attitude de l'esprit qui veut que nous nous détachions du péché pour nous tourner vers Dieu, notre fin dernière. Complément de la réflexion et aboutissement de la prière, elle nous fait constamment penser à satisfaire à la justice de Dieu pour nos offenses, à compenser par plus d'amour et d'attention nos égarements passés. C'est un sentiment bien rapproché de la charité envers Dieu: aussi bien le meilleur motif de notre pénitence n'est-il pas l'amour de Dieu. Et ainsi elle est en même temps un acte de foi, d'espérance et de charité.

Pour insensée qu'en paraisse l'inspiration et inhumaine qu'en soit la pratique, la vertu de pénitence n'a cessé de fleurir dans l'Eglise. Il serait édifiant et à quel point tonifiant d'ouvrir son histoire à cette page. Depuis le grand saint Paul qui châtiait son corps et le réduisait en servitude, depuis surtout le divin Maître, de la crèche à la croix, quelle innombrable multitude n'y verrions-nous pas de croisés de la souffrance et de l'expiation !

Je vois leurs yeux brûlants d'amour, au fond des déserts arides où ils se sont d'abord enfuis; j'entends leurs cantiques et leurs psalmodies sous la voûte des cloîtres et des monastères où ils se cachent; j'en découvre aussi, à des signes non équivoques, au milieu du monde où ils demeurent attachés aux devoirs de leur condition et de leur état. Je vois des abstinences, des jeûnes, de longues veilles, de dures couches, des prières interminables, des cilices, des chaînes de fer, des disciplines teintes de leur sang, des membres à peine couverts, des chairs exténuées, des yeux en pleurs, mais des cœurs contents parce que en paix, parce que s'exaltant dans l'enthousiasme d'un sacrifice rédempteur d'eux-mêmes et de leurs frères! (Idem. 1. c.)

C'est qu'ils répondent aux inspirations d'une sagesse qui n'est plus d'ici-bas et qui leur révèle la profondeur du péché, les effroyables exigences de la justice divine, l'idéal de la perfection humaine et les glorieux avantages de notre configuration au Christ souffrant et immolé; n'est-ce pas assez dire qu'ils y voient le couronnement de leurs surnaturelles espérances?

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Message  Monique Mar 10 Mar 2009, 6:07 pm

EN FACE DE L'ÉPREUVE



La Pénitence


Mais il est une pénitence moins difficile à atteindre, moins escarpée, si je puis dire, et à la portée de tous. C'est celle que comporte le devoir de tous les jours. Et se bornât-on à celle-là, la part de chacun serait déjà bien suffisante. Et les héros de la pénitence n'auraient pas à suppléer à notre lâcheté.

Reconnaître Dieu comme son souverain, lui rendre ses devoirs, le prier chaque jour, le matin et le soir et au cours de ses occupations, élever sa pensée et son cœur vers lui malgré les multiples appels des choses sensibles, c'est déjà une pénitence. Ce devrait être un repos et une joie mais nous sommes si légers, si fortement attirés vers la bagatelle des biens terrestres que cela demande une grande surveillance des sens externes et beaucoup de retenue de nos yeux, de nos oreilles, de notre langue, en un mot, une véritable restriction de tous nos penchants naturels.

Le travail auquel nous sommes soumis ne va pas non plus sans renoncement. Sans doute il y a là un dérivatif à notre activité naturelle et c'en est la partie agréable. Mais l'application de toutes nos facultés à un sujet déterminé, et surtout la persévérance dans cette application et malgré la fatigue, les indispositions, les insuccès, recommencer sans trêve et sans répit, c'est là une grande pénitence, c'est la punition du péché : « La terre sera maudite . . . Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front ».

Puis voici les devoirs d'état: l'étude, l'assiduité à l'école tous les jours de l'année pendant la période de sa formation; la soumission aux parents et aux supérieurs, l'acceptation de la volonté des autres et l'obéissance à leurs ordres et à leurs désirs, c'est une vraie pénitence. La fuite des occasions dangereuses et la pratique de la continence et de la chasteté, n'est-ce pas encore une pénitence?

Mgr A. HARBOUR,
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Message  Monique Mer 11 Mar 2009, 6:08 pm

EN FACE DE L'ÉPREUVE



La Pénitence


Je pourrais en ce moment de notre entretien faire une digression qui n'en serait peut-être pas une, sur les devoirs du mariage chrétien. Voilà peut-être l'effort moral devant lequel il y a de nos jours le plus de défaillances, le plus de démission. Le mariage chrétien, c'est la fidélité conjugale et non pas le caprice dans l'amour; le mariage chrétien c'est l'acceptation des responsabilités de la paternité et des dures et glorieuses tâches de la maternité; le mariage chrétien, c'est encore, dans des circonstances exceptionnelles ou du moins occasionnelles, la pratique de la chasteté conjugale qui ressemble parfois assez étrangement à la continence et au célibat: et tout cela ne va pas sans une forte proportion de pénitence.

Et dans la vie sociale le devoir nous défend le mensonge, l'injustice et nous recommande la charité et cela au prix de n'importe quel sacrifice, ce qui veut dire pénitence.

Nous pourrions repasser l'un après l'autre les dix commandements de Dieu et ceux de l'Eglise et toute la théorie des devoirs particuliers et ce serait toujours le même refrain: pénitence, pénitence ! ou vous périrez tous.

La pénitence, le renoncement est la condition de notre vie spirituelle. C'est la lutte de notre vie contre la mort du péché, c'est l'état normal du chrétien sur la terre. Et si nous remplissions notre devoir tel qu'il est, nous ferions notre part de pénitence et il ne serait pas nécessaire que des âmes d'élite, dont nous parlions tout à l'heure, se sacrifient au point où elles le font pour suppléer notre insuffisance.

Non, l'Eglise ne demande pas à tous l'héroïsme des grandes pénitences et il y a pour une élite, une vocation extraordinaire à pratiquer les grands et je dirais cruels renoncements. Le commun, la masse peut et doit se contenter du devoir quotidien et s'il est bien compris ce devoir de tous les jours, il suffira à sauver les âmes pour l'éternité et, en attendant, à assurer la paix et le bonheur relatif de cette vie. C'est d'ailleurs l'enseignement de l'évangile.

Mgr A. HARBOUR,
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Message  Monique Jeu 12 Mar 2009, 6:10 pm

EN FACE DE L'ÉPREUVE



La Pénitence


Un jour, nous dit saint Marc, « comme Jésus sortait pour se mettre en chemin, quelqu'un accourut et se jetant à genoux devant lui lui demanda: « Bon Maître, que dois-je faire pour arriver à posséder la vie éternelle ? » Jésus lui dit. « Tu connais les commandements: ne commets point d'adultère, ne tue point, ne dérobe point, ne porte point de faux témoignage, abstiens-toi de toute fraude, honore ton père et ta mère ». Il lui répondit : « Maître, j'ai observé toutes ces choses dès ma jeunesse ». Jésus l'ayant regardé l'aima et lui dit : « Il te manque une chose : va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel; puis viens et suis-moi ».

C'est l'appel à la perfection. Or il y a une perfection de la pénitence comme des autres vertus. Et tout le monde n'y est pas appelé. Et je répète que si chacun de nous remplissait chaque jour les obligations de son état, ce serait sur la terre le règne de la vérité, de la justice, de la charité et de la paix.

Et voilà, les saintes dispositions qui nous permettront de faire face honorablement et avantageusement à la vie avec ses renoncements et ses épreuves, ses espoirs et ses attentes : le sérieux de la réflexion, la prière et la pénitence.

Et je termine par ces graves paroles du grand Bossuet qui semblent écrites pour déplorer les malheurs de notre temps, bien plus que les premiers désastres du règne de Louis XIV:
« Vous, Seigneur, qui avez pitié de notre faiblesse, vous nous envoyez des peines plus proportionnées à notre justice. Vous avez multiplié nos fléaux d'une manière terrible. La guerre vient contre nous avec toutes ses suites funestes; nous n'avons jamais vu tant d'ennemis acharnés à notre perte, le sang coule comme l'eau autour de Jérusalem; nos familles sont désolées; le nombre de nos parents et de nos amis diminue tous les jours et celui des morts qui nous étaient chers s'accroît sans mesure.

« Vous êtes juste, Seigneur ! les prospérités aveuglent les hommes et vous leur ouvrez les yeux par vos fléaux et vos coups redoublés. Mais que ces peines qui nous font pousser vers vous de si grandes plaintes sont douces en comparaison de celles que vous nous réservez dans vos trésors! Vous nous épargnez, Seigneur, et vous ne déployez pas toutes vos vengeances, car aussi qui pourrait les supporter?

« Adoucissez encore vos justes rigueurs. Donnez-nous la paix tant désirée que vous seul pouvez donner. Mais puisque la sainte doctrine vient de nous apprendre qu'il n'y a point de plus sûr moyen de détourner vos coups que de subir les peines de la pénitence, faites-nous pratiquer cet admirable moyen de vous apaiser.
Faites-nous d'humbles, de véritables, de courageux pénitents, qui sachent s'irriter implacables contre eux-mêmes et ne se rien pardonner, afin que vous leur pardonniez. »

Mgr A. HARBOUR,
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Message  Monique Ven 13 Mar 2009, 6:11 pm

L'ESPÉRANCE CHRÉTIENNE



Je voudrais vous entretenir de l'espérance chrétienne.

Du fond de nos malheurs et de nos épreuves nous cherchons, n'est-il pas vrai, un oasis, une zone de sécurité, un refuge! Matériellement, nous sommes en notre beau pays des privilégiés. Nous n'avons pas connu le supplice, ni même le spectacle des évacuations en toute hâte dans lesquelles il faut tout quitter, tout abandonner: ses biens, ses propriétés, sa ville, les choses les plus nécessaires, pour sauver sa vie; nous n'avons pas fait partie de ces interminables foules de réfugiés qui, épuisés de privations, de fatigues, d'horreurs et d'angoisses, promènent sur les grand'routes, à demi-conscients, ce qui leur reste de santé, de vêtements et d'existence ! Non ! grâce à Dieu ! et nous devrions ne pas passer une heure sans en remercier le Ciel.

Toutefois, dans l'expectative d'événements que nul ne peut prévoir, nous vivons moralement comme dans un état d'alerte! Nous sommes inquiets, nos esprits sont tendus vers demain.

Oh! demain c'est la grande chose
De quoi demain sera-t-il fait?
L'homme aujourd'hui sème la cause
Demain Dieu fait mûrir l'effet.


Alors nous avons besoin d'un abri et nous le voudrions définitivement sûr. Cet abri il est dans la tranquillité, dans la paix de nos âmes. C'est en nous-mêmes qu'il faut le bâtir. Tenir nos âmes en paix avec Dieu, avec le prochain, avec nous-mêmes, est la plus inviolable citadelle où rien ne peut nous atteindre.

Et c'est dans ces pensées et les dispositions d'esprit qu'elles suscitent, que je voudrais vous parler d'espérance.

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Message  Monique Sam 14 Mar 2009, 6:56 pm

L'ESPÉRANCE HUMAINE


Nous avons besoin d'espérance. « L'espérance est l'âme de la vie humaine. Il semble que si le soleil n'éclairait plus notre atmosphère, l'existence en ce monde nous deviendrait impossible. Et pourtant, nous vivrions plutôt sans soleil que sans espérance. L'espérance est notre besoin le plus impérieux, le plus profond, le plus constant, le plus universel. Où elle naît, tout s'anime ; où elle persiste, tout se maintient ; où elle languit, tout s'affaisse; où elle meurt, tout se glace et s'arrête. Elle est l'aiguillon de toutes nos entreprises, le soutien de tous nos travaux, le secret de notre patience et l'arôme sans lequel nos joies mêmes tournent en chagrin. Si elle ne souriait pas à nos naissances, on maudirait la venue du nouveau-né, et si son doux rayon ne dorait point la pierre de nos sépulcres, si l'on n'escomptait se revoir un jour, nous n'aurions certainement pas le courage des séparations définitives et des adieux éternels ». (Mgr Guay)

Nous voulons toujours l'espérance, il nous la faut partout. Nous aimons jusqu'à son fantôme et plutôt que de n'en avoir plus nous acceptons même celle que l'illusion nous propose.

Voyez ceux qui espèrent vraiment, qui ont déjà pris possession par l'imagination des biens qu'ils convoitent, que ne font-ils pas? Celui-ci poursuit une place, un autre un succès électoral, cet autre une affaire, une entreprise, une fortune, cet autre une gloire scientifique ou littéraire. Leur espérance ne leur laisse aucun repos. Pressés par elle, ils usent, sans compter, leurs forces, leur santé, leur vie même. Us en arrivent à ne plus jouir de ce qu'ils cherchent tant ils se fatiguent pour l'atteindre.

Mgr A. HARBOUR,
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Message  Monique Dim 15 Mar 2009, 6:43 pm

L'ESPÉRANCE HUMAINE


Malheureusement l'espérance nous entraîne au mal plus encore qu'au bien. Ces hommes qui passent leur vie à briguer les honneurs, à se disputer des situations, qui poussent de l'épaule le voisin pour prendre sa place, en viennent à fouler aux pieds les droits des autres, les droits des faibles, les droits des pauvres, les droits de la conscience, de la religion, de Dieu. La passion, insatiable de sa nature, les a aveuglés. Ils ont plus qu'ils ne peuvent dépenser et ils veulent avoir davantage. D'une augmentation de fortune ils attendent un surcroît de bonheur.

Des jeunes gens pleins d'avenir, qui ont de l'intelligence, de la santé, de la fortune, pourraient faire de leurs dons un magnifique usage. La patrie a les regards sur eux; l'avenir, le salut des grandes et nobles causes, est entre leurs mains. Eux-mêmes trouveraient de si saines joies, des satisfactions si pures dans le dévouement, dans l'apostolat, dans la charité. Hélas! la conception matérialiste et terrestre du bonheur, la déviation de leurs espérances qui s'ensuit, seront l'écueil et la ruine de leur jeunesse, de leur santé, de leurs talents, de leur fortune, de leur carrière.

Mais d'où vient donc cette force extraordinaire de l'espérance qui emporte tout sur son passage comme un torrent, et nos activités et l'homme tout entier, dans sa course irrésistible ? Saint Augustin, ce grand, philosophe du cœur humain, va nous l'apprendre : « La chose du monde la plus véritable, la mieux entendue, la plus claire et la plus constante, dit-il, c'est non seulement qu'on veut être heureux, mais encore qu'on ne veut que cela et qu'on veut tout cela. C'est ce que crie la vérité, c'est à quoi nous force la nature ».
Le besoin du bonheur est à la racine de l'espérance. Mais où placer ce bonheur? Le trouvera-t-on jamais sur la terre? Voilà ce qu'il faut savoir pour orienter son espérance.

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Message  Monique Lun 16 Mar 2009, 6:36 pm

L'ESPÉRANCE HUMAINE


Les biens de ce monde qui sont à notre portée ne se donneront jamais à nous tous ensemble ; nous jouirons moins de la présence de l'un que nous ne souffrirons de l'absence de l'autre, et quand nous aurons acquis celui qui nous manque, un troisième se dérobera dont nous ne pourrons nous passer sans douleur.

Sommes-nous dans la pauvreté ? nous nous imaginons que la fortune nous rendrait heureux. Nous voilà riches, la santé nous fait défaut. Nous soupirons après le plaisir? le voici qui accourt et nous enivre, mais le pouvoir nous fuit, la gloire nous ignore et nous ne sommes pas contents. Un désir satisfait en éveille un autre qui perpétue notre inquiétude et nous laisse aussi altérés qu'auparavant.

Supposez que la création entière se livre à nous sans réserve, que nous puissions la presser comme un fruit et en extraire, jusqu'à la dernière goutte, la suavité qu'elle contient, serions-nous assouvis? L'ennui, le dégoût nous envahiraient bientôt et nous continuerions à nous plaindre. Pour le moins, les maladies, les infirmités, la vieillesse, la crainte et les approches de la mort viendraient en troubler la tranquille possession.

« O Seigneur, s'écriait saint Augustin, où peut se tourner le cœur de l'homme sans s'arrêter sur une douleur, à moins qu'il ne se repose en vous? Quelque beauté qu'il y ait dans tout ce qu'il cherche en dehors de vous, il y cherche en vain son repos. Tout se flétrit, tout meurt ici-bas. La mort plane sans cesse sur ce que nous aimons. Nos désirs satisfaits sont troublés par la crainte. Dans le malheur je désire la prospérité; heureux, je crains le malheur. »

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Message  Monique Mar 17 Mar 2009, 6:30 pm

L'ESPÉRANCE HUMAINE


J'en appelle, à l'expérience de ces vingt-cinq dernières années. Nous avons connu une première fois, lors de l'autre grande guerre, un état d'esprit semblable à celui qui nous torture présentement. Nous étions alors bien malheureux, il vous en souvient, vous qui avez dépassé la cinquantaine. Et nous nous disions: si la guerre seulement pouvait finir; si nous pouvions être délivrés du cauchemar qui nous assiège et le jour et la nuit. C'était notre grande espérance. Nous nous promettions de nous contenter de peu, de mener une vie raisonnable et sage. Tout ce que nous demandions c'était d'être débarrassés de la grande menace suspendue sur nos têtes.

Eh! bien, un beau jour ce fut le 11 novembre 1918, ce fut l'armistice, la fin de la guerre. Une joie folle s'empara du monde. La prospérité factice qui suivit encouragea cette folie irrésistible qui finit par sombrer dans la dépression de 1929. Et nous n'en étions pas encore sortis, nous nous débattions encore dans les entraves du chômage et de la lutte pour la conservation de notre misérable existence que déjà nous étions précipités dans le cataclysme d'une nouvelle guerre plus destructrice, plus désastreuse que la précédente ! O espérance humaine, tu es la consolation de l'homme, tu es sa force, son soutien, sa vie!

Mais tu es aussi sa faiblesse, sa déception, sa mort. Tu le flattes et le caresses ; mais tu le trompes et le tues.

" L'amour qui promet tout et ne tient rien : mensonge !
La gloire, une fumée ! et le bonheur, un songe !
Le plaisir, un vain mot doré de volupté ! "


Non, non les biens de ce monde ne pourront jamais nous satisfaire. Les espérances humaines, si légitimes soient-elles, ne nous donneront jamais le bonheur dont nous avons soif. Où est la jeunesse, la santé, la fraîcheur, la force de nos vingt ans? Hélas! nous devons baisser la tête, baisser nos fronts ridés ou dépouillés; et nos membres alourdis, nos infirmités apparentes ou secrètes, jusqu'à nos pensées, nos sentiments, notre état d'âme, est-ce que tout cela n'est pas l'affirmation solennelle et combien éloquente des déceptions et du vide de toutes les espérances humaines? Voilà donc où elles nous ont conduits! Et l'on se sent pressé de répéter le cri et la plainte du poète:

" Ainsi toujours poussés vers de nouveaux rivages
Dans la nuit éternelle emportés sans retour
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour? "


Mais oui, nous le pourrons par l'espérance chrétienne.


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Message  Monique Mer 18 Mar 2009, 6:28 pm

L'ESPÉRANCE CHRÉTIENNE


Cette image que je viens d'évoquer en rappelle une autre qui lui est connexe et que je trouve dans un texte de saint Paul: (Hebr. VI, 19) « Nous la gardons comme une ancre de l'âme, dit-il, sûre et ferme, cette espérance qui pénètre jusqu'au-delà du voile. » L'ancre, en effet, était chez les anciens un symbole de l'espérance. Et le voile représente les régions mystérieuses du surnaturel qui sont encore cachées à nos yeux, qu'on ne peut pas atteindre par l'évidence, où nous introduisent la foi et la grâce en attendant que ce voile se déchire par la gloire.

Il était impossible, en effet, que l'espérance ne tint pas dans la doctrine du Christ une très large place et n'y jouât un rôle important. L'ordre naturel ne renferme aucune force que le christianisme ne reconnaisse, n'agrée, ne consacre et n'emploie. Il a fait pour l'espérance ce qu'il a fait pour toutes choses : en se l'appropriant il l'a divinement transformée; il en a rehaussé l'objet, élargi l'horizon, affermi les fondements, augmenté la portée. Il a mis Dieu partout.

Et voilà donc l'espérance chrétienne. Avant tout elle regarde, contemple et désire les biens éternels. Ne soyons pas déçus de cette affirmation et n'allons pas nous désintéresser en disant : « vous allez encore nous parler de toutes ces choses lointaines que nous n'avons jamais vues, ni entendues, de ce bonheur de l'autre vie qui ne nous empêche toujours pas d'être malheureux pendant la vie présente ». Ceux qui font à l'espérance chrétienne ce reproche, de placer le bonheur dans l'avenir, oublient une chose, c'est que cette infirmité est commune à toutes les espérances: toutes, en effet, visent un bien futur, toutes précèdent la possession du bonheur. C'est même là l'essence de l'espérance.

Pour ce qui est du bonheur sans mélange, de la béatitude complète, aucun individu, aucune école n'a jamais eu la prétention de les promettre pour la vie présente. Les plus audacieux et les plus affirmatifs n'osent nous les assurer que pour un lendemain plus ou moins lointain. Encore faut-il ajouter qu'aux yeux de beaucoup de ces prophètes l'homme n'arrivera jamais qu'à un état précaire de bonheur transitoire destiné à en préparer un meilleur et ainsi de suite jusqu'à l'infini: ce qui nous éloigne encore considérablement du bonheur et met à notre espérance une échéance assez problématique.
Mais reprend-on, cette espérance de la doctrine chrétienne recule au-delà du tombeau l'avènement du royaume dont elle se plaît à célébrer la magnificence: avant d'y entrer il faut passer par les transes de l'agonie, par les étreintes de la mort.

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Message  Monique Jeu 19 Mar 2009, 6:07 pm

L'ESPÉRANCE CHRÉTIENNE


Il y a longtemps, que l'on accuse les chrétiens de prêcher aux âmes crédules le mépris du monde et la confiance aveugle dans les récompenses de l'autre vie. Les païens ne pardonnaient pas aux premiers apôtres de préférer le ciel à Rome, cette patrie universelle où les peuples cherchaient leur gloire, leur force, leur orgueil. Aujourd'hui encore, on accuse la religion d'exploiter la mort, de trafiquer du salut, de spéculer sur l'éternité: c'est de la terre, dit-on, qu'il faut s'emparer, c'est d'elle qu'il faut exiger la justice absolue, la science, l'amour, le bonheur !

Aveugles et insensés ils n'ont donc pas vécu, ils n'ont donc pas parcouru les annales du monde, ils n'ont donc pas sondé leur propre cœur! Oui l'Eglise nous enseigne et nous répète qu'il serait vain et ridicule de demander à la terre un bonheur complet et que ce bonheur parfait ne peut exister que dans une autre vie qui sera le redressement de celle-ci et cette vie a besoin de l'éternité pour nous satisfaire ; quiconque promet à l'homme le bonheur ici-bas le trompe indignement et abuse de sa naïveté. Et tout cela elle est en état de pouvoir le prouver par le témoignage de tous ceux qui ont cherché le bonheur sur la terre et ne l'ont pas trouvé, depuis le plus humble des mortels qui sort de cette vie n'ayant eu le temps que de travailler, de souffrir et de mourir, jusqu'à cet Alexandre conquérant, héritier du royaume de ses pères, l'ayant agrandi aux limites du monde connu et qui, débordant de rêves et de projets, tombe malade tout d'un coup et se rend compte qu'il lui faut tout quitter.

En parlant comme elle le fait, elle est d'accord avec toutes les religions spiritualistes qui croient en l'immortalité et placent leur paradis dans l'au-delà; elle est d'accord avec la philosophie des plus grands penseurs qui ne cessent de se lamenter sur l'insuffisance des biens du temps et qui se savent sûrs de ne pas mourir tout entiers parce que la vie terrestre ne les a pas rendus heureux comme ils ont besoin de l'être ; elle est d'accord avec l'expérience des générations qui ont remué, analysé, creusé la nature sans pouvoir jamais saisir le bonheur rêvé.

Mais est-il vrai que l'espérance chrétienne se désintéresse totalement de l'heureux sort de l'homme en ce monde? Non, bien loin de là. Parce que, voyez-vous, l'espérance qui tend premièrement à la béatitude éternelle, c'est vrai, doit tendre du même coup à tous les biens qui permettront de la mériter en cette vie et de la posséder en l'autre. Ces biens ou ces bonheurs partiels ne sont pas sans mélange, ils peuvent coexister avec les épreuves et les maladies, ils ne sont pas sans fluctuations, il faut l'admettre, ils ne nous réjouissent pas d'une façon sensible toujours mais ils l'emportent par leur élévation, leur noblesse proportionnée à leur valeur.

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Message  Monique Ven 20 Mar 2009, 6:41 pm

L'ESPÉRANCE CHRÉTIENNE


Je m'explique. Si nous espérons le bonheur éternel, en même temps nous comptons sur le secours surnaturel de Dieu en cette vie qui s'appelle la grâce.

La grâce est la force qui nous régénère, nous soutient, qui nous unit intimement à Dieu. Et c'est elle seule qui peut répandre sur notre destinée d'êtres surnaturels une lueur, un commencement de réel bonheur.

« Être en état de grâce, en effet, c'est avoir obtenu le pardon de ses fautes, les sentir désormais étrangères et effacées, c'est échapper au trouble, au remords qu'elles entraînent, être déchargé du fardeau qu'elles font peser sur nous, avoir recouvré la paix de la conscience et jouir de cette paix, de cette innocence que personne, malgré nous, ne saurait nous ravir. Être en état de grâce, c'est être libre, c'est être capable de résister à toutes les tyrannies, comme les martyrs, à toutes les tracasseries des hommes, comme les saints. Être en état de grâce, c'est vivre dans la société de Dieu, entretenir avec lui des rapports constants et retirer parfois de ce divin commerce les joies les plus vives, les plus pénétrantes, comme sainte Thérèse, comme saint Paul. Être en état de grâce, c'est aux heures tragiques ignorer l'affolement qui inquiète et bouleverse les hommes de peu de foi, et au moment de l'agonie et de la mort sentir que l'on va quitter cette vallée de l'exil et des larmes pour entrer dans la patrie de l'extase. Être en état de grâce enfin, c'est porter en soi la semence de la gloire et percevoir d'avance, dès ici-bas, quelque chose de ce qui ravit les bienheureux. »

Faut-il compter pour rien ces félicités que l'on goûte sans honte, dont on se souvient sans remords, qui n'ouvrent aucune plaie dans la conscience, qui n'attachent aucune infamie à notre nom, qui ne laissent aucune trace ignominieuse, ni aucune amertume dans le cœur?

Sans doute l'on reste encore de la foule des pauvres humains fragiles dans leurs résolutions et exposés aux scandales et aux faiblesses ; sans doute nos misères et physiques et morales nous arrachent encore des plaintes justifiées! Mais saint Augustin qui avait le souvenir de tant d'expériences, qui avait connu la gloire des lettres, les consolations de la philosophie et des amitiés humaines, qui n'ignorait pas les ivresses même de l'amour profane et des sens, n'hésitait pas à proclamer supérieure à tous ces plaisirs la joie qu'il avait trouvée dans le pardon, dans l'innocence et la paix de l'âme, dans la vertu, dans l'union à Dieu. Et saint Paul, haï par les Juifs, poursuivi par les Gentils, trahi par les faux frères, condamné, enchaîné, battu de verges, emprisonné, se montrait plus grand que ses malheurs et soutenu par la grâce de Dieu, il surabondait de joie au milieu des tribulations!

Et pourquoi aller si loin chercher des témoignages ? Qu'est-ce qui nous fait tant de fois essayer de nous convertir, sinon que tous les plaisirs, surtout ceux qui étourdissent, finissent bien vite par nous lasser, impuissants qu'ils sont à nous rassasier. Le poète l'a dit et son aveu n'a trouvé un tel écho dans le monde que parce qu'il exprime ce que tant d'autres avaient senti sans pouvoir le dire aussi bien:

Au fond des vains plaisirs que j'appelle à mon aide
Je trouve un tel dégoût que je me sens mourir.


Aussi, ceux qui ont une fois goûté cette paix et cette joie de l'âme ne l'échangeraient jamais plus pour le plaisir qui passe.

Donc, la grâce de Dieu en ce monde nous apporte le bonheur, bonheur initial, à peine ébauché si on le compare à la gloire future, mais bonheur réel, qui grandit à chaque fois qu'on le compare, et qui fait du bon chrétien le plus heureux des hommes.

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Message  Monique Sam 21 Mar 2009, 6:03 pm

L'ESPÉRANCE CHRÉTIENNE


Nous espérons la grâce de Dieu pour nous, nous l'espérons aussi pour les autres. La correspondance à la grâce divine c'est pour tous le bonheur assuré, bonheur relatif de cette vie, je le veux bien, mais le seul qui soit véritable. Dans la mesure où les individus se conforment à la grâce, le règne de la justice, de la charité, de toutes les vertus qui font le bonheur d'un peuple s'établit dans la paix et la prospérité.

Les penseurs les moins spiritualistes sont obligés d'admettre qu'une société qui puiserait toutes ses inspirations dans l'Evangile deviendrait la plus homogène, la plus forte de toutes les sociétés: l'évangile, en effet, enseigne le travail ; il fait de la race la plus oisive une race laborieuse; il enseigne la tempérance et la sobriété ; il change une masse confuse en une race disciplinée; il exalte toutes les énergies, il défend le foyer contre les passions qui le déshonorent, qui le ruinent, qui le rendent stérile; il ordonne aux individus de ne pas se tricher, il leur commande de s'aimer.

Aussi lorsque nous espérons pour nos frères, pour nos patries, pour le monde entier, la grâce du Christ, nous attendons le secours qui, en même temps, préparera le royaume idéal et parfait de l'avenir et assurera au présent la plus grande somme de bonheur possible.

Après cela, peut-on prétendre que l'espérance chrétienne se désintéresse du sort temporel des hommes. Ne doit-on pas plutôt affirmer qu'elle s'efforce simplement de rétablir l'ordre des valeurs, qu'elle commence par s'assurer du principal sachant bien que l'accessoire suivra forcément.

« Elle s'étend, dit saint Augustin, aussi loin que la prière. Or dans la prière que le Christ nous a enseignée nous demandons notre pain quotidien, nous demandons de ne pas succomber à la tentation et d'être délivrés du mal. »

« Notre pain quotidien, cela désigne, dit saint Thomas, tous les biens temporels nécessaires à l'entretien de notre vie : pour le corps : la nourriture, le vêtement, la santé; pour l'esprit: la science et la certitude; pour le cœur: l'amitié. »

La misère, le dénuement, la maladie sont souvent de mauvais conseillers et l'occasion de tentations fatales; l'ignorance empêche de connaître le vrai et de lui accorder le culte et l'attention qu'il mérite; dans la solitude, dans l'abandon, que de fois les ressorts de l'âme se brisent et refusent d'obéir aux ordres de la volonté; au contraire, l'homme en bonne santé, sûr du lendemain, est à l'abri de bien des défaillances et plus disposé à pratiquer la vertu; la science saine éclaire les sentiers de la foi, l'amitié console dans la tribulation, soutient dans la tentation, protège contre les chutes, double les forces. Il y a souvent, en fait du moins, entre la possession des biens temporels les plus nécessaires et la conquête de la béatitude un rapport direct. C'est pourquoi notre espérance chrétienne les recherche, modérément mais positivement, comme des moyens destinés à nous faciliter la pratique de la vertu et l'accès du ciel.
Mgr A. HARBOUR,
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L'ÉPREUVE, L'ESPÉRANCE ET LA PAIX Empty Re: L'ÉPREUVE, L'ESPÉRANCE ET LA PAIX

Message  Monique Dim 22 Mar 2009, 6:34 pm

L'ESPÉRANCE CHRÉTIENNE


Ne disons donc pas, que cette belle et grande vertu se désintéresse du sort heureux de l'homme sur la terre. Rendons-nous compte plutôt qu'elle embrasse dans son ambition tous les biens véritables et ne rejette hors de ses cadres que les mauvaises joies.

Son royaume est immense; il renferme tout ce qui est désirable dans le temps et dans l'éternité. Aucun autre espoir ne se meut dans un aussi vaste domaine : ceux qui arrêtent leurs regards à cette vie renoncent au vrai bonheur qui ne peut être goûté que dans l'autre; ceux qui s'épuisent à la recherche des biens terrestres ne connaissent pas l'exquise douceur des biens spirituels; ceux qui bornent leur ambition aux plaisirs des sens, ignorent les joies de l'âme.

Seule l'espérance chrétienne couvre le champ entier de nos désirs et de nos attentes, depuis les biens relatifs et partiels qu'elle ne dédaigne pas, jusqu'à la source inépuisable, universelle et infinie de toute bonté.
Que Dieu donc, objet principal et définitif de notre expectative, domine toute notre espérance comme il domine tout dans le monde; et n'hésitons pas à lui sacrifier ce qui pourrait nous retenir loin de lui et nous empêcher de le voir face à face.

Accueillons les joies raisonnables et légitimes, de quelque ordre qu'elles soient, mais ne nous y attachons pas comme à notre fin. Efforçons-nous d'en user comme d'instruments destinés à nous soutenir jusqu'à la possession de l'éternelle béatitude. Si l'une ou l'autre ne répond pas à notre appel, sans nous décourager, sans nous déconcerter, tenons les yeux fixés sur le bien nécessaire, le Bien souverain et complet qui nous rendra, dans l'autre monde, tout ce que pour Lui nous aurons abandonné, perdu ou vainement attendu en celui-ci, et ainsi se réalisera la belle parole de nos saintes lettres que je vous laisse en bouquet-spirituel : Spes non confundit, l'espérance chrétienne, l'espoir en Dieu ne trompe pas.


Mgr A. HARBOUR,
Carêmes à la Basilique-Cathédrale de Montréal,1944.
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