Cajetan: Apologia de comparata auctoritate Papæ et Concilii

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Message  Louis Mer 8 Sep - 12:26

Louis XII: les dérèglements de l'image royale, 1498-1515 pp. 158-159, par Nicole Hochner a écrit:La guerre à laquelle se livrent Louis et Jules est donc d'ordre théologique, littéraire et iconographique, avant de devenir proprement militaire. Les premières publications françaises sont l'œuvre de juristes qui élèvent un rempart d'arguments pour répondre aux théologiens défendant la supériorité du pape sur le concile. Cette discussion, a priori purement théologique, est également stratégique pour les visées de la diplomatie française. Louis XII convoque les conciles de Pise et de Milan, qui soulèvent la question de l'illégitimité de Jules II et l'éventualité de sa déposition. Le conflit s'envenime avec la bulle papale Sacrosanctæ Romanæ ecclesiæ, en juillet 1511, qui proclame l'invalidité du concile 1. Le juriste Filippo Decio abandonne sa chaire à Pise pour être procureur du roi lors du concile, dont il défend la légitimité de la convocation dans deux courts traités composés fin 15112. Angelo Fondi, ermite de Vallombrosa, lui réplique et enflamme les esprits avant même l'ouverture du concile. Il attaque les alliés schismatiques de Louis XII en publiant une lettre ouverte destinée à 1'évêque espagnol Carvajal, dont il prophétise la fin très prochaine 3. La riposte ne se fait pas attendre. Zaccaria Ferreri rédige une apologie qui défend la cause du concile de Pise et ce, dès septembre 1511 4.

Mais la crise se focalise surtout autour du traité Auctoritas papæ et concilii sive ecclesiiœ comparata de Thomas de Vio, plus connu sous le nom de Cajetan et publié au mois de novembre 1511.

Par ailleurs, Jules II avait de son côté convoqué un concile à Latran, qui s'ouvre le 3 mai 1512. Le jeune Jacques Almain, mandaté par l'Université de Paris, répond à Cajetan avec son Libellus de autoritatæ ecclesiæ, qu'il achève au moment même où le pape réunit ses cardinaux à Latran.

Au courant de l'été, Giovanni Francesco Poggio publie un De Potestate papæ et concilii qui prend également le contre-pied du traité néo-thomiste de Cajetan 1. Cajetan réplique avec une Apologia de comparata auctoritate Papæ et Concilii, auquel Marc de Grand val est chargé de répondre 2.

Soudainement au début de l'année 1513, Jules II meurt. Cela ne signifie nullement que la controverse est tarie mais les esprits se calment.

Histoire de l’Église, Dom Poulet, t. II, pp. 59-61 a écrit:
III. Jules II (1503-1513). Le cardinal Piccolomini, qui prit le nom de Pie III, ne régna que trois semaines. Avec l'appui de César Borgia qui lui vendit les voix espagnoles, le cardinal Julien de la Rovère parvint au pontificat sous le nom de Jules II. Aussitôt, il fit expédier César en Espagne et travailla à reprendre aux Borgia leurs villes et châteaux ; bientôt, ce pape guerrier récupérait les deux principales villes des Etats, Pérouse et Bologne, tyrannisées l'une par les Baglioni, l'autre par les Bentivogli. Jules II résolut ensuite de combattre Venise, qui, s'insinuant dans la Romagne, avait imposé ses garnisons à Faënza, Cesena et Rimini, occupait Ravenne et Cervia, et menaçait Imola et Forli, en aval de Bologne.

Par une politique patiente et habile, Jules II parvint à conclure avec l'empereur Maximilien, le roi de France Louis XII, et Ferdinand le catholique, la ligue de Cambrai. Venise, excommuniée, fut contrainte de céder lorsqu'elle eut été battue par Louis XII à Agmadel (1509) ; elle dut rendre au Pape tous les territoires usurpés, notamment les places servant à la défense des frontières ecclésiastiques (Ravenne, Faënza, Rimini).

Mais Jules II comprenait l'importance de Venise: elle pouvait servir de sentinelle à la chrétienté contre le péril turc, à l'Italie contre toute invasion allemande ou française; d'ailleurs, ne devait-il pas redouter ses alliés de la veille, les Français, qui occupaient la Haute-Italie ? Son programme fut de jeter dehors ces Barbares : Fuori i barbari. Il s'allia donc avec les Vénitiens et Ferdinand le Catholique tandis que l'évêque de Sion, Mathias Schinner, obtenait pour lui l'aide de 10.000 Suisses; puis il se retourna contre les coalisés de Cambrai, Louis XII et Maximilien.

Cajetan:  Apologia de comparata auctoritate Papæ et Concilii Jules_11

Louis XII répondit en convoquant à Tours un synode français où l'on décréta que le pape n'avait pas le droit d'entreprendre des guerres temporelles, et que s'il le faisait le roi pouvait le combattre ; on déclarait nulle par avance toute excommunication pontificale. Cependant, ouvrant la campagne, Jules II força Chaumont, venu assiéger Bologne, à se retirer, il s'empara de la Mirandole où il entra le premier par la brèche ; mais il dut bientôt rétrograder à l'approche de Trivulce et de Gaston de Foix, tandis que Bologne se soulevait. En même temps, se déclenchait une offensive religieuse : les cardinaux du parti français soutenaient Louis XII et Maximilien qui voulaient en appeler à un concile général ; ils s'appuyaient sur le décret Frequens de Constance qui réclamait la périodicité régulière des conciles (15 mai 1511).

Jules II épuisé rentra à Rome et faillit mourir. Cependant, il se redressa : le 5 octobre il promulguait l'acte de la sainte Ligue dans laquelle entrèrent Ferdinand le Catholique, les Suisses, Venise et Henri III d'Angleterre. À la tête des Français, Gaston de Foix dispersa les Suisses, débloqua Bologne assiégée, reprit Brescia aux Vénitiens, et remporta sur l'espagnol Raymond de Cardone la victoire de Ravenne où il fut tué en poursuivant les vaincus (11 avril 1512) ; les Français occupèrent toute la Romagne. Mais Jules II sauva la situation par son opiniâtreté : bientôt les Français seront expulsés d'Italie. L'offensive religieuse échoua également : le synode réuni à Pise en novembre 1511 ne se composait que de 3 cardinaux italiens et 24 évêques français : il proclama la supériorité du concile sur le pape ; à Milan où, fatigués des rixes entre Pisans et Français, les Pères s'étaient transportés, on déposa Jules II, dix jours après Ravenne (21 avril 1512).

Mais dès le 3 mai, le pape répliquait en ouvrant le XVIIIe concile œcuménique, Ve de Latran ; le général des Dominicains, Thomas de Vio, plus connu sous le nom de Cajétan, y prouva la supériorité du pape sur le concile ; les Pères annulèrent les décisions des schismatiques. Entre la IIe et la IIIe session, les troupes françaises de La Palice et de Trivulce durent battre en retraite ; les prélats schismatiques n'eurent qu'à les suivre. Jules II vainqueur détacha du duché de Milan Parme et Modène pour couvrir les frontières pontificales. Il mourut le 2o février 1513, alors qu'il se préparait à chasser de la péninsule d'autres barbares, les Espagnols, ses anciens alliés. Sans doute avec ce pape cuirassé, semble-t-on assister à une sécularisation aiguë de la fonction pontificale, il n'en reste pas moins que Jules II avait sauvé l'Etat de l'Eglise ; désormais, en dépit des retours de fortune, les papes seront maîtres à Rome : « Il fut un temps, écrivait Machiavel, où le moindre baron se croyait le droit de mépriser la puissance du pape, aujourd'hui elle commande le respect à un roi de France ».

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I. La question italienne.— PERRENS, Histoire de Florence, 1877 et suiv. — CH. YRIARTE, César Borgia, 1889. — II. Fr. DELABORDE, L'expédition de Charles VIII en Italie. — J. KLACZKO, Rome et la Renaissance, Jules II. — KOHLER, Les Suisses dans les guerres d'Italie de 1506 à 1512, 1897. — PAQUIER, art. Innocent. VIII dans Dict. de Théol. et art. Alexandre VI, dans Dict. hist. — A. RENAUDET, Le concile gallican de Pise-Milan (1510-12), 1922. — G. MOLI.AT, art. Jules II et Léon X, dans Dict. Théol.

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Message  gabrielle Mer 8 Sep - 17:38

Votre texte situe-t-il le contexte de ceci:

Impossibile est Ecclesiam relinqui absque Papa et potestate electiva Papæ"
C'est-à-dire : "Impossible que l’Église soit laissée à la fois sans Pape et sans le pouvoir d’élire le Pape"
(Cajetan, Apologia de comparata auctoritate Papæ et Concilii, n° 744).
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Message  Louis Mer 8 Sep - 18:04

gabrielle a écrit:Votre texte situe-t-il le contexte de ceci:

Impossibile est Ecclesiam relinqui absque Papa et potestate electiva Papæ"
C'est-à-dire : "Impossible que l’Église soit laissée à la fois sans Pape et sans le pouvoir d’élire le Pape"
(Cajetan, Apologia de comparata auctoritate Papæ et Concilii, n° 744).

Bonjour Gabrielle,

Je n'ai pas retrouvé le nº 744, seulement le titre de l'ouvrage de Cajetan et quand il l'avait écrit. J'aimerais bien avoir ce contexte.

En publiant le texte je voulais « essayer » de mettre un contexte au traité de Cajetan et expliquer que c'était une controverse entre l'Église et le roi Louis XII et ceux qui étaient de son parti, roi qui avait convoqué le conciliabulum de Pise et qui fut d'ailleurs annulé par les Pères du Ve Concile de Latran convoqué par Jules II.

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