Le Centurion du Calvaire : Qui est-il ?

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Message  Louis Mer 10 Juil 2019, 6:35 am

LE CENTURION

DU CALVAIRE

I

Au chapitre XV, versets 34-39, de son Évangile, saint Marc s'exprime ainsi : « A la neuvième heure, Jésus jeta un grand cri, disant: Eloï, Eloï, Lamma Sabacthani? c'est-à-dire : mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné? Et quelques-uns de ceux qui étaient là, l'entendant, disaient: Voilà qu'il appelle Élie. Et l'un d'eux, courant, emplit de vinaigre une éponge ; et l'ayant mise au bout d'un roseau, lui présentait à boire, disant : Attendez, voyons si Élie viendra pour le détacher de la croix. Or Jésus, ayant jeté un grand cri, expira. Et le voile du temple fut déchiré en deux, depuis le haut jusqu'en bas.

« Et le centenier qui était debout devant lui, voyant qu'il avait expiré en jetant un grand cri, dit : Certainement, cet homme était le Fils de Dieu ; Vere hic homo filius Dei erat. »

II

Dans le temple de Jérusalem, il y avait deux parties, à peu près comme dans nos églises, la nef et le chœur ou le sanctuaire. La première s'appelait le saint, et était fermée par un grand voile ou rideau. Chaque jour les prêtres entraient dans cette partie du temple, pour accomplir leurs différents ministères.

La seconde partie s'appelait le saint des saints, sanctum Sanctorum. Elle était fermée à tous les regards par un voile immense resplendissant d'or et de broderies. Ce rideau ne se levait qu'une fois chaque année, le jour de la fête de l'expiation, pour donner passage au grand prêtre, qui seul pouvait pénétrer dans ce mystérieux sanctuaire. Lorsque le grand prêtre avait offert le sacrifice pour l'expiation de ses péchés et des péchés du peuple, le saint des saints était de nouveau fermé jusqu'à l'année suivante.

C'est ce second rideau qui se déchira du haut en bas, à la mort de Notre-Seigneur. Pourquoi? Les Pères en donnent plusieurs raisons. Dans les grands deuils, les Juifs déchiraient leurs vêtements. Le saint des saints les imitait à sa manière, pour pleurer la mort de Notre-Seigneur, qui était son maître et son Dieu. Cette déchirure annonçait que toutes les ombres de l'ancienne loi allaient faire place à la lumière, toutes les figures aux réalités de la nouvelle alliance; de plus, l'abolition de la loi mosaïque et la profanation du temple, dont la partie la plus sacrée n'avait plus rien pour en empêcher l'accès. Toutes choses qui ne tardèrent pas à s'accomplir.

Venons maintenant au Centurion du Calvaire, chargé de…

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Message  Louis Jeu 11 Juil 2019, 7:01 am

Le Centurion

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SUITE

III

Venons maintenant au Centurion du Calvaire, chargé de présider, à la tête de sa compagnie, au crucifiement de Notre-Seigneur. Comme l'indique le nom du chef, la compagnie romaine était de cent hommes. Faisant partie des légions cantonnées en Palestine et en Syrie, le centurion avait été témoin auriculaire et probablement oculaire des miracles du Sauveur.

Le bruit de ces miracles retentissait jusqu'aux extrémités du monde, et nous savons par Eusèbe qu'il attirait continuellement en Judée des multitudes innombrables d'étrangers, venus des contrées les plus éloignées du globe, ex remotissimis terræ regionibus.

IV

Or, nous lisons dans saint Jean : « Quelques Gentils, de ceux qui étaient venus pour adorer au jour de la fête, s'approchèrent de Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée, et le prièrent, disant : Seigneur, nous voudrions voir Jésus. Philippe alla le dire à André, et André et Philippe le dirent à Jésus. Jésus leur répondit : L'heure est venue que le Fils de l'homme sera glorifié (1). »

La réponse de Notre-Seigneur indique qu'il voulut bien condescendre aux désirs de ces Gentils. Une tradition consignée dans les plus anciens monuments, ex vetustissimis monumentis, porte ce qui suit : « Ces nombreux Gentils, venus à Jérusalem pour faire leurs adorations dans le temple, étaient Espagnols. Ils voulurent voir Jésus et lui parler afin de l'engager à venir prêcher dans leur pays. Un des plus empressés fut le centurion espagnol, qui assista à la Passion de Notre-Seigneur et qui accompagna saint Jacques en Espagne (2). »

V

Examiné de près et sans parti pris, ce récit n'offre rien qui l'empêche d'être accepté comme l'expression de faits parfaitement historiques.

1° Il est certain qu'un grand nombre de païens venaient à Jérusalem rendre leurs hommages au vrai Dieu. On leur avait même réservé dans le temple un lieu à part, appelé le Parvis des Gentils ;

2° Que les Gentils dont parle notre tradition fussent Espagnols : il n'y a rien là qui ne soit conforme à l'histoire ; elle nous dit qu'il en venait en grand nombre des contrées du globe les plus éloignées ;

3° Que le centurion du Calvaire fût lui même Espagnol, rien encore n'est moins étonnant.

D'une part, les Romains recrutaient…
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(1)  XII, 20-27.
(2)  « Ex vetustissimis monumentis archivii S. Justæ, scribit (Julianus archipresbyter toletanus Ecclesiæ S. Justæ) se accepisse : « Quod multi gentiles, qui venerunt Hierosolymam orare ad sanctum templum, erant Hispani : qui voluerunt videre et alloqui Jesum, cupientes ut gentilibus suæ terræ prædicaret ; maxime centurione hispano, qui interfuit passioni Domini, poscente ; qui comitatus est Jacobum. » Apud L. Dext; Chronic., an. 54, p. 74, édit. Migne.

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Message  Louis Ven 12 Juil 2019, 7:54 am

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VI

D'une part, les Romains recrutaient leurs armées dans toutes les provinces soumises à leur empire : l'Espagne en était une. D'autre part, on sait qu'Hérode Ier avait pour garde du corps un régiment de Gaulois. Le nom romain de notre centurion, que nous ferons bientôt connaître, ne contredit pas son origine espagnole.

Quoique issu d'une famille romaine, il est aisé de comprendre qu'il soit né en Espagne. Une des plus célèbres de Rome, sa famille, ou une branche de sa famille, avait très bien pu s'établir en Espagne comme propriétaire; ou bien le chef de cette famille y être envoyé, soit comme administrateur, soit comme commandant de troupes, soit  comme faisant partie d'une colonie militaire.

VII

Ces explications données, venons à notre centurion du Calvaire. Nous le connaissons déjà par le zèle qu'il déploie pour obtenir du Sauveur l'évangélisation de son pays. Mais ce trait ne suffit pas pour l'admirer comme il le mérite.

Nous voici à l'heure tristement solennelle où Jésus, victime volontaire de toutes les iniquités des hommes, ses créatures et ses frères, est descendu au dernier degré de l'humiliation et de la souffrance. Judas l'a trahi ; Pierre l'a renié. Tous ses disciples, un seul excepté, l'ont abandonné. Les princes des prêtres, les chefs du peuple, toute sa nation soulevée contre lui a demandé sa mort pour crime de rébellion, d'impiété et de sacrilège. Lui-même, suspendu à un gibet, entre deux voleurs, comme le plus coupable des trois, va expirer dans les tourments et au milieu d'une populace inhumaine.

VIII

Ce que nul homme n'a jamais fait, ce qu'il ne fera jamais, Jésus meurt en poussant un grand cri. Malgré des tortures inouïes qui durent depuis dix-sept heures, malgré l'énorme perte de sang occasionnée par la flagellation et par le percement des pieds et des mains ; malgré la faiblesse extrême qui devait résulter de toutes ces causes, Jésus, avant de rendre le dernier soupir, pousse un cri puissant, comme un homme dans la plénitude de la santé et de la force. Ce prodige humainement inexplicable frappe le centurion qui s'écrie tout haut : Cet homme était vraiment le Fils de Dieu.

Caïus Oppius, le centurion du Calvaire, était fils de Caïus Cornélius, le centurion de Capharnaüm...

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Message  Louis Sam 13 Juil 2019, 7:10 am

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SUITE

IX

Caïus Oppius, le centurion du Calvaire, était fils de Caïus Cornélius, le centurion de Capharnaüm (1). Dès l'abord se présente aux érudits une difficulté. Suivant les règles invariables de l'appellation romaine, le fils de Caïus Cornélius, centurion de Capharnaüm, devait conserver le nom patronymique, et au lieu d'Oppius s'appeler Cornélius. Quel est ce mystère ?

Entre plusieurs explications, il en est une qui paraît très acceptable. On sait que chez les Romains, par suite de l'adoption, le fils prenait le nom de sa famille adoptive. Tous les affranchis en étaient là.

Pour ne citer qu'un seul exemple, pris dans la classe des patriciens : Marcus Brutus, l'assassin de César, est appelé par Cicéron Quintus Cæpio Brutus (2). La raison en est que Marcus Brutus avait été adopté par le frère de sa mère Servilia, Quintus Servilius Cæpio. En conséquence, Brutus avait pris le nom de Quintus Cæpio.

X

Pourquoi n'en serait-il pas de même dans le cas qui nous occupe? comment prouver que la mère du jeune Caïus Cornelius, centurion du Calvaire, n'était pas de la famille ou gens Oppia, et qu'il n'avait pas été adopté par un membre de la famille de sa mère ?

Nous ne voyons pas sur quoi la négation serait fondée,

D'une part, l'adoption, à l'époque où nous sommes, était commune chez les Romains. D'autre part, il régnait une grande intimité entre quelques membres de la famille Cornelia et la famille Oppia. Enfin, la gens Oppia était digne de l'alliance de la gens Cornelia.

XI

Bien que plébéienne, la famille Oppia était une des plus anciennes familles de Rome et devint une des plus célèbres. On la trouve déjà au temps des décemvirs, où un de ses membres, Spurius Oppius Cornicensis , décemvir lui-même, mourut en prison, par ordre de son collègue Appius Claudius, pour l'avoir empêché de faire esclave une jeune fille libre. Un de ses descendants, Caïus Oppius, porta pendant la seconde guerre punique la fameuse loi contre le luxe des femmes.

Nous voyons plus tard Quintus Oppius, proconsul d'Asie, fait prisonnier par Mithridate; Marcus Oppius, tribun du peuple, dont Cicéron revenant d'exil se loue comme d'un ami; Caïus Oppius, familier de César et son homme d'affaires, avec Cornelius Balbus. Le trait suivant fait juger de l'amitié de César pour Oppius. Voyageant un jour ensemble, Oppius tombe malade. Obligé à cause d'un temps affreux de se réfugier dans une chaumière, où il n'y avait qu'une chambre, César la cède à Oppius et lui-même avec sa suite passe la nuit à la belle étoile.

Il serait facile de citer d'autres Oppius non moins connus dans l'histoire. Mais comme à toutes les médailles il y a revers, nous finirons cette généalogie en nommant la Vestale Oppia qui, pour avoir violé son vœu, fut enterrée vivante (1).

Rien ne pouvant infirmer les notions données par Lucius Dexter, préfet du prétoire, sur le nom et la généalogie du centurion du Calvaire; que dis-je?...
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(1)  « Cornelius centurio Capharnaumensis... pater Cali Oppli centurionis... qui credit Christo morienti in Cruce. » L. Dexter, Chronic., an. 34.
(2) 2e Philip., n. XI.
(1) Onomasticon Rom.,litt. O, p. 645 et seqq., in-4e.

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Message  Louis Dim 14 Juil 2019, 6:59 am

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XII

Rien ne pouvant infirmer les notions données par Lucius Dexter, préfet du prétoire, sur le nom et la généalogie du centurion du Calvaire; que dis-je? ces notions étant justifiées, autant qu'elles peuvent l'être aujourd'hui, revenons à l'histoire.

D'après saint Jean, le jour de la mort de Notre-Seigneur, une cohorte romaine tout entière tenait garnison à Jérusalem: universam cohortem. Cette cohorte était détachée d'une des légions chargées de maintenir la Palestine et la Syrie sous la domination romaine. La légion romaine, au temps d'Auguste, se composait de six mille hommes d'infanterie et de six cents cavaliers. Chaque légion se divisait en dix cohortes; ce qui donne pour chaque cohorte un effectif de six cents quatre-vingts hommes.

XIII

Celle qui occupait Jérusalem portait momentanément le nom de cohorte prétorienne, parce qu'elle était détachée à la garde du préteur, lequel était alors Ponce Pilate. La fameuse tour Antonia lui servait de caserne. Placée entre le palais du préteur et le temple, cette tour permettait à la cohorte de réprimer immédiatement les révoltes qui auraient éclaté soit dans le temple, soit devant le prétoire.

Toute la cohorte assista au crucifiement du Sauveur. Pendant que le gros de la cohorte maintenait le peuple et formait la haie sur le passage des condamnés, une centurie ou compagnie de cent hommes, commandés par Caïus Oppius, fut désignée pour présider immédiatement au supplice. C'est après avoir vu Notre-Seigneur épuisé par trois heures d'agonie et rendant le dernier soupir en poussant un grand cri, que le loyal centurion fit entendre cette courageuse parole, dont retentissent depuis dix-huit siècles, et dont retentiront jusqu'à la fin du monde tous les échos de l'univers : CET HOMME ÉTAIT VRAIMENT LE FILS DE DIEU !

Cependant le Sauveur venait d'expirer…

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Message  Louis Lun 15 Juil 2019, 6:54 am

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XIV

Cependant le Sauveur venait d'expirer. Comme le temps pressait de l'ensevelir à cause du Sabbat qui allait commencer, Joseph d'Arimathie vint demander le corps à Pilate. Avant de l'accorder, Pilate fit appeler Oppius, et lui demanda si Jésus était déjà mort. Sur la réponse affirmative du centurion, Pilate permit à Joseph d'Arimathie de pourvoir à la sépulture de Jésus (1).

Que fit Oppius, depuis le vendredi soir jusqu'au dimanche matin ? Quels furent ses pensées et ses discours, après l'événement prodigieux dont il avait été le témoin oculaire et l'interprète tout à la fois le plus intrépide et le plus fidèle ? Il paraît vraisemblable que c'est lui-même qui fut préposé, avec le surplus de ses soldats, à la garde du divin tombeau. D'abord, son grade l'appelait à cette fonction. De plus, les Juifs ayant demandé à Pilate de faire surveiller le tombeau du Sauveur, il leur dit: Vous avez une garde, faites-le garder comme vous l'entendez.

XV

Vous avez une garde : c'est-à-dire vous avez les soldats que je vous ai donnés avec leur centurion pour présider au supplice de Jésus. Je vous les laisse : ils sont à vos ordres. Enfin, la tradition nous apprend que le jour de la résurrection, les Juifs ayant offert de l'argent au brave Oppius, pour répandre la fausse nouvelle d'un enlèvement, celui-ci les renvoya avec l'indignation d'un homme d'honneur et d'un loyal officier. Oppius ne s'en tint pas là. Non moins courageux qu'il l'avait été trois jours avant, il donnait dans toute la ville un démenti solennel au mensonge maladroit inventé par les Juifs.

XVI

La présence d'un pareil contradicteur compromettait Pilate et gênait la synagogue : Oppius le comprit. Indigné de tant de haine, révolté de tant d'aveuglement et maîtrisé par la grâce, il abandonna la carrière militaire, quitta la Palestine et revint en Espagne, sa patrie. Il y arriva l'année qui suivit la mort de Notre-Seigneur. Son premier besoin, on le comprend, fut de rapporter à ses compatriotes ce qui s'était passé à Jérusalem, et dont personne mieux que lui ne pouvait rendre compte.

Ayant reçu le baptême et s'étant marié, il eut deux fils illustres par leurs vertus et dont nous parlerons plus tard. Reparti pour l'Orient, Oppius s'arrêta à Corinthe, où il rencontra saint Paul. Ce grand apôtre ayant manifesté l'intention de passer en Espagne, Oppius s'offrit à l'accompagner ; il fit mieux: il le reçut chez lui avec le dévouement d'un fils et la libéralité d'un chrétien de la primitive Église.

Comme il était encore dans la fleur de l'âge et que son zèle apostolique égalait ses forces…
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(1) Dans son ouvrage De Cruce, lib. I, c. XXXIV, 93, Gretzer donne le nom de Longin au soldat qui perça le côté de N.-S. « : Militem qui latus Domini lancea aperuit vocatum fuisse Longinum plerique tradunt, et in his Martyrologium Romanum 15 mart... » Il ajoute : mais il est incertain, si ce Longin, ou ce soldat, fut le centurion. Pour nous il n'est pas admissible que le brave centurion qui venait de proclamer si hautement la divinité de N.-S. ait consenti à lui percer lui-même le cœur. D'ailleurs saint Jean, témoin oculaire, dit un soldat et non pas le centurion, miles lancea latus ejus aperuit; enfin ce n'est pas à un officier à faire l'office de bourreau.

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Message  Louis Mar 16 Juil 2019, 6:08 am

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XVII

Comme il était encore dans la fleur de l'âge et que son zèle apostolique égalait ses forces, il repartit de nouveau pour l'Orient, et vint visiter, à Éphèse, saint Jean, naguère revenu de l'exil. On croit qu'il resta auprès du disciple bien-aimé, jusqu'à la mort de ce dernier, qui l'ordonna diacre. D'Éphèse il se rendit en Syrie et s'attacha, comme un fils à son père, à l'immortel évêque d'Antioche, saint Ignace, disciple lui-même de saint Jean. Il eut la gloire d'accompagner le vénérable évêque, d'Antioche à Rome, où le bon Trajan l'avait condamné à être dévoré par les bêtes de l'amphithéâtre.

XVIII

Nous le savons par les lettres mêmes de saint Ignace. Dans la troisième, adressée aux chrétiens de Tralles (1), il dit : « Philon, votre diacre, vous salue. Vous salue aussi le diacre Agathoppius, qui vient avec moi de Syrie pour l'amour de Jésus-Christ (2). »

Et dans celle aux Philadelphiens (3) : « Je rends témoignage à Philon diacre, homme religieux de Cilicie, qui me sert maintenant, suivant la parole du Seigneur, avec Caïus qui est le même qu'Agathoppius, homme d'élite, qui me suit depuis la Syrie. Ils ont renoncé au monde et se sont dévoués au martyre (1). »

Et dans l'épître aux chrétiens de Smyrne : « Philon et Caïus, qui s'appelle aussi Agathoppius, qui m'accompagnent suivant la parole du Seigneur, sont très reconnaissants de vos bienfaits et ils en sont dignes (2). »

XIX

Ainsi, le grand évêque marchant au martyre nous apprend que, durant son voyage de six cents lieues, il est accompagné de deux diacres : Philon, dont le nom ne varie pas; et Agathoppius, que le saint appelle tantôt Caïus, tantôt Agathoppius, en ayant bien soin de dire que c'est la même personne; or, cette personne, ce diacre héroïque, n'est autre que Caïus Oppius, le centurion du Calvaire.

D'abord, le nom de Caïus appartient incontestablement à Oppius. De plus, Caïus est un nom romain; la personne qui le porte est donc d'origine romaine : ce qui convient encore à Oppius. Pourquoi le saint ne l'appelle-t-il pas toujours Caïus ou Oppius? Il ne l'appelle pas toujours Caïus, parce que, le nom de famille étant plus connu que le prénom, il était tout naturel de désigner la personne par le nom de famille, plutôt que par le prénom. C'est ainsi que les choses se passent encore de nos jours.

Pourquoi le saint ne l'appelle-t-il pas simplement Oppius, mais Agathoppius? …
____________________________________________________________________

(1)  Ville de Lydie, aujourd'hui Sultan-Hissar, près du Méandre, entre Magnésie et Nyasa.
(2)  « Salutat vos Philon, diaconus vester. Salutat vos Agathoppius diaconus, qui de Syria me sequitur in Christo. »
(3)  Philadelphie, ville de Lydie, aujourd'hui Alachehv, au pied du mont Imolus. — Lydie, contrée de l'Asie Mineure.

(1)  « De Philone vero diacono, viro religioso, a Cilicia, qui nunc mihi ministrat in verbo Domini, una cum Caio qui et Agathoppio, viro multum electo, qui de Syria me sequitur. Testificor vobis quia renuntiaverunt seculo et martyrium consignare elegerunt. »
(2)  « Philoni et Caio, qui et Agathoppio, qui me sequuntur in verbo Domini, benefacitis suscipiendo sicut ministros Christi, qui et maximas gratias agunt Domino pro vobis. »

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Message  Louis Mer 17 Juil 2019, 6:37 am

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XX

Pourquoi le saint ne l'appelle-t-il pas simplement Oppius, mais Agathoppius? Il faut savoir que le grec était la langue de saint Ignace, et que le mot grec Agathos veut dire bon. Quand donc l'illustre martyr disait : Agathoppius m'accompagne, c'est comme s'il disait : Le bon Oppius m'accompagne. Cette manière d'ajouter au nom de la personne un déterminatif, pour mettre en relief quelqu'une de ses principales qualités, était très commune dans les langues anciennes. Saint Ignace lui-même en est un exemple qui ne saurait venir plus à propos. Son ardent amour de Dieu l'avait fait appeler Theophoros , qui porte Dieu. C'est sous ce nom qu'il était généralement connu. Dans l'interrogatoire qu'il lui lit subir, à Antioche, Trajan ne l'appelle pas autrement.

Dans l'Évangile nous voyons Simon appelé Céphas ou Pierre, à cause de sa fermeté dans la foi ; Jacques et Jean, Boanergès fils du Tonnerre, à cause de l'impétuosité de leur zèle; saint Jacques, fils d'Alphée, Oblias, à cause de la sainteté de sa vie. Ainsi de beaucoup d'autres.

XXI

Cependant Ignace, accompagné de ses deux diacres, et d'une foule de chrétiens de Rome qui étaient venus l'attendre à Ostie, arrive dans la grande Babylone, le dernier jour des fêtes Sigillaires (1), 20 décembre de l'an 110 de Notre-Seigneur, et la onzième année du règne de Trajan. Seul condamné à mort, seul, le vénérable pontife entre dans l'amphithéâtre. Sous les yeux de cent mille spectateurs, ivres de volupté et avides de boire le sang du chef des chrétiens, l'auguste vieillard se met à genoux au milieu de l'arène et, suivant son ardent désir, il est moulu par les dents d'un lion et devient un pain digne de Jésus-Christ : frumentum Christi sum : dentibus bestiarum molar, ut partis mundus efficiar.

Après la mort d'Ignace, que devint son cher diacre Oppius?...
__________________________________________________________________

(1) Ainsi appelées parce qu'elles scellaient, ou finissaient les fêtes de l'année.

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Message  Louis Jeu 18 Juil 2019, 6:44 am

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XXII

Après la mort d'Ignace, que devint son cher diacre Oppius? Est-il croyable, demande-t-on, que le centurion qui présida au crucifiement du Fils de Dieu, fût encore de ce monde l'an 110? Pourquoi non? En supposant que le centurion du Calvaire ait eu vingt ans à la mort de Notre-Seigneur, l'an 110 il aurait eu quatre-vingt-seize ans : ce qui n'est ni impossible ni invraisemblable.

D'une part, Caïus Oppius, appartenant à une grande famille, et étant fils d'un centurion, pourquoi n'aurait-il pas eu à vingt ans, peut-être plus tôt, le grade qui lui est donné dans l'Évangile? Dans les nations modernes, combien de fois n'a-t-on pas vu les fils de famille officiers avant l'âge de vingt ans ? D'autre part, les exemples de longévité dans le siècle d'or de l'Église ne sont pas rares.

XXIII

En voici quelques-uns : saint Siméon, évêque de Jérusalem, avait cent vingt ans lorsqu'il fut martyrisé et l'apôtre saint Jacques quatre-vingt-seize ; saint Jean l'Évangéliste parvint jusqu'à cent ans environ; Hermas vécut jusqu'au règne d'Antonin ; saint Polycarpe, jusqu'à l'an 140 de Notre-Seigneur; Quadrat avait vu des malades guéris par Notre-Seigneur et qui vivaient encore sous Trojan. Enfin, saint Ignace lui-même, notre grand martyr, était, au moment de sa mort, dans un âge très avancé.

La Providence a voulu justifier, par l'histoire profane, les affirmations de l'histoire sacrée. Nous avons à cet égard l'irrécusable témoignage de Pline l'Ancien, qui s'exprime ainsi : « Dans le dernier recensement qui a été fait, il y a quatre ans, par les Césars Vespasien père et fils, alors censeurs, on a trouvé un grand nombre d'exemples de longévité. Ne parlons pas de toutes les provinces, mais seulement de la partie de l'Italie située entre les Apennins et le Pô. Parme a donné trois vieillards de cent vingt ans, Brescia un de cent vingt-cinq ; Plaisance un de cent trente ans; Faenza, une femme de cent trente-deux ans; Bologne, Lucius Terentius, fils de Marcus, et Rimini Marcus Ponius Claudius et Lucia Tertulla, tous âgés de cent trente-sept ans.

« Dans les environs de Plaisance, la ville de Vilciacium, située sur les collines, a donné six vieillards de  cent dix ans ; quatre de cent vingt; un de cent quarante: Marcus Mutius Galerius Félix, fils de Marcus. Pour ne pas insister plus longtemps sur des faits connus de tout le monde, dans la huitième région de l'Italie, on a recensé cinquante-quatre hommes de cent ans; cinquante-sept de cent deux ans;deux de cent vingt-cinq ans; autant de cent trente-cinq ou cent trente-sept; et trois de cent quarante ans (1). »

Rien n'est plus certain que ces chiffres, extraits des tables de recensement, sur lesquelles les consuls avaient soin de faire inscrire l'année et le jour de la naissance de chaque citoyen….
___________________________________________________________

(1) Plin., Hist., lib. VII, c. XLIX.

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Message  Louis Ven 19 Juil 2019, 6:21 am

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XXIV

Rien n'est plus certain que ces chiffres, extraits des tables de recensement, sur lesquelles les consuls avaient soin de faire inscrire l'année et le jour de la naissance de chaque citoyen. En présence de ces faits, disons avec Baronius : « Nul n'a le droit de s'étonner si la plupart des apôtres et des hommes apostoliques, qui avaient vu ou pu voir Notre-Seigneur conversant parmi les hommes, ont vécu jusqu'au règne de Trajan et d'Adrien et même au delà. Ainsi le voulut la divine Providence, afin de pourvoir à la défense de l'Église naissante contre les hérésies, en conservant longtemps les témoins qui avaient vu de leurs yeux ce  qu'ils affirmaient (1). »

XXV

Saint Ignace était mort, et mort comme il l'avait désiré. Le peuple romain satisfait avait quitté l'amphithéâtre. Voir entrer dans l'arène un vieillard à cheveux blancs, le chef renommé des chrétiens, amené de six cents lieues, par dix soldats plus cruels que des léopards, pour être broyé sous la dent des lions, fut le spectacle que la cruauté romaine avait savouré avec délices.

Quant à Oppius, après le martyre de son père et de son modèle, il quitta Rome pour retourner en Espagne. Arrivé à Milan, il fut retenu par les chrétiens et, à raison de ses immenses mérites, ordonné évêque de cette ville, où il mourut le 27 septembre, jour auquel l'Église de Milan célèbre sa fête.

Voilà ce qu'un seul homme, mais soldat plus courageux encore de Jésus-Christ que de César, a pu faire pour la gloire de Dieu. Il faut reconnaître que Oppius avait été formé à bonne école, le Calvaire; le commerce avec saint Jean, avec saint Barnabé et avec saint Ignace d'Antioche, expliquent cet amour intrépide, supérieur à la faiblesse de l'âge, comme à la fatigue du travail et à la crainte des persécutions. Que son exemple nous serve de leçon !
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(1) « Divina etiam agente dispensatione, tam longam ætatem vixerunt, ut ita Dei Ecclesiæ consultum esset adversus hæreticos tunc emergentes. Quid enim apostoli credidissent et quæ alios docuissent servanda, hujusecemodi gravissimi ac veracissimi testes rogantibus certo certius tradere, e quæ oculis aspexissent, verissime afirmare potuerunt » (An. 76, n. 2.)

Voir : Onomast.  Rom., litt. O; Cicer., 2 Phillip., n. 11 ; Lucius Dexter, Chronic., an. 34 et 40 ; et Bivarius, ibid.; Corn, a Lap. in Matth.,  XXVII, 27 et 65; Veget., de Re milit., lib. II, c. II ; S. Hieron., in Matth., XXVI, 53; S. Ignat., Epist. ad Trallens., ad Philadelph., ad Smyrn.; Plin., Hist., lib. VII, c. XLIX; Baron, an. 76, n. 2 ; Martyrol Rom., 27 septemb. ; Surius, t. III,  15 mart. ; Mombricius, t.1, etc., etc.

FIN.

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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis
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