LE PÈRE PRO, martyr, 1891-1927 ( Mexique )

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Message  Roger Boivin Dim 18 Oct 2009, 8:39 pm


« Dernièrement, je n'ai pas brisé de lances avec la police ; sauf une fois, récemment, avec un réserviste qui m'a juré par les quinze pairs de France que j'irais en prison ; et moi, je lui ai presque juré par la barbe de Mahomet que je n'irais pas.

« Il a été si agaçant que j'ai eu presque envie de le souffleter. J'ai fini par lui dire :

- Allons, ennuyeux ; si tu me conduis en prison, je ne pourrai pas confesser ta maman...

- Ah ! pardon, mon Père ; vous voyez dans quel temps nous vivons. Partez, partez d'ici aussi vite que possible !

- M'en aller ? Celui qui s'en ira c'est toi et sans même achever ta perquisition. Va dire à ta mère que, ce soir, j'irai chez elle pour la confesser et demain je lui apporterai la communion. Nous verrons, si, par ce moyen, nous arriverons à te faire confesser...

« Le lendemain mon ami assistait à la communion de sa mère ; je crois que je lui porterai le bon Dieu à lui aussi... » ( 25 mai 1927, vigile de l'Ascension. )


A travers tout, le P. Pro recherche donc les âmes. C'est pour elles qu'il a vécu ; c'est pour elles qu'il va bientôt mourir.

Il faut transcrire les derniers mots qu'il leur adresse. C'est le testament d'un martyr, intitulé :


A MES AMES !

C'est pour vous que sont mes chants
Mes chants forgés sur l'enclume de la douleur...
Pour vous; vous tous qui n'avez plus de drapeau
Ni de toit ni d'amour !

Ah ! mes âmes, que tuent ces nostalgies ignorées,
Qui vivent dans l'ennui, sans soulagement dans leurs souffrances,
Qui connaissent les nuits noires, éternelles et sombres
Comme les ombres des enfers ! De ces âmes, mes soeurs,
Je partage les souffrances.

Mes âmes sont des hirondelles qui ne cherchent pas l'été
Et qui voyagent de par le monde, sans drapeau, sans amour;
De ces âmes qui souffrent un martyr quotidien,
De ces âmes qui vont, tristes, seules, errantes, je suis le frère,
Parce qu'elles vivent de douleur.

Oh ! mes âmes, ce sont des âmes fortes, qui dans la lutte de la vie
N'ont jamais vu se réaliser leur rêve d'idéal
Et qui vont, avec leurs regrets, le front relevé,
Cachant sous un sourire les douleurs d'une blessure
Qui rend leur mal infini.

Oh ! mes âmes, ce sont des âmes de géants qui parcourent leur sentier
Sans éprouver le doux nectar que l'on trouve dans l'amour,
Parce que jamais le monde ne leur a donné un ami véritable
Pour apprécier les trésors de la très riche mine
Que fait naître la douleur dans les âmes.

Ce sont des hirondelles sans abri qui ne cherchent pas l'été
Et qui voyagent de par le monde en défiant le vent;
De ces orphelines tristes, errantes, je suis le frère;
Le frère de celles qui sous les larmes secrètes sacrifient toujours en vain
Leurs rêves d'idéal.

Ne cherchez pas ici sur la terre les sources caduques
De cet amour que, pauvres âmes, dans vos désirs enflammés vous recherchez;
Car la soif de vos âmes, seuls la rassasient les torrents
De tendresse infinie et d'amour céleste
Que Dieu réserve pour le ciel !




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Message  Roger Boivin Dim 18 Oct 2009, 10:32 pm


« Où j'appris l'amour des âmes... »


L'AMOUR des âmes est la note qui caractérise la vie spirituelle du P. Pro. Le jour de son ordination sacerdotale, il avait demandé à Notre-Seigneur de leur être utile. « Mais pour leur faire du bien, disait-il lui-même, il faut les aimer passionnément... » Cet amour grandit chaque jour en son âme ; il va bientôt s'épanouir dans la plus grande preuve de l'amour qui est le sacrifice de la vie pour ceux qu'on aime.

En attendant le signal de l'offrande définitive, il ne peut cacher le feu qui brûle son coeur d'apôtre et qui éclate dans les entretiens familiers :

« Je serais prêt à donner ma vie pour mener les âmes à Dieu ! » répétait-il souvent.

C'est pour elles que sont ses chants...

C'est aussi pour les âmes que sont toutes les minutes de sa vie sacerdotale.

Avec quel respect il s'approche des coeurs généreux qui se confient à lui. Car cet apôtre « que les ivrognes tutoient, à qui les vendeurs clignent de l'oeil, que la fleur et la crême des vauriens tiennent pour leur ami de coeur », a rencontré beaucoup d'âmes de choix, celles qui d'ordinaire sont le plus éprouvées. Le P. Pro a pour elles les délicatesses de la main d'une mère qui soigne son enfant. Directeur psychologue, il n'impose pas à toutes une règle uniforme, encore moins sa volonté à lui. Il étudie chaque âme et, sans la violenter, stimule le travail que la grâce y opère. « Dieu seul, disait-il, Dieu seul est le Maître des âmes ! »

Il questionne pour s'éclairer ; mais au premier signe d'hésitation ou de malaise, il n'insiste pas. Il ne parle plus de l'affaire qu'au bon Dieu, son Père, qu'il ne cesse de prier pour celles qu'il appelle « ses soeurs ».

Un soir il était rentré très tard et n'avait pas encore récité son bréviaire ; il tombait de fatigue après une longue séance au confessionnal. Tout à coup le souvenir d'une âme éprouvée lui revient à la mémoire : il se met à genoux et achève ainsi son office en offrant sa fatigue pour elle.

Amour sans égoïsme.

Lui témoigne-t-on quelque marque d'affection ? Il l'écarte aussitôt : « Je suis prêt à donner ma vie pour les âmes ; mais ne veux rien de personne pour moi. Ce que je désire uniquement, c'est de les mener à Dieu. Si je retenais quelque chose pour moi, je serais un voleur, un infâme ; je ne serais plus un prêtre. »



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Message  Roger Boivin Dim 18 Oct 2009, 10:40 pm


Et voici que le secret de cet amour se dévoile. Tenant un jour en main une image du Coeur de Jésus ( juin 1927 ), il s'écrit :

« La croix ! la croix ! la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ ! Elle signifie pour nous : amour, amour ardent, amour constant, folie d'amour. Étudions ce livre précieux : notre coeur y trouvera un objet digne de lui et notre amour pourra s'épanouir. Quand nos âmes se rapprochent du Coeur de Jésus, leur amour ne peut ni s'éteindre ni s'affaiblir ; il se purifie, se divinise et déborde dans les coeurs de ceux que nous aimons, pur, désintéressé, intense comme l'amour de Dieu qui allume le nôtre et le vivifie. Quand une fois notre coeur a pris sa sève dans l'arbre de la Croix, il n'y a plus à craindre ses détours : je le sais par expérience... »

Puis, il insiste délicatement sur la pureté d'intention dans l'amour apostolique. Il dit à l'un de ses collaborateurs intimes :

« Dans le côté ouvert de Jésus-Christ,  on voit son coeur qui brûle d'amour pour vous, pour moi, pour tous les hommes... Mais on le voit entouré d'épines et, dans le centre, on voit la croix. ce feu sacré doit aussi s'enflammer dans notre pauvre coeur pour se communiquer aux autres, mais, environné d'épines pour nous mettre en garde contre nos mesquins intérets d'amour-propre...; mais, surmonté d'une croix aux bras étendus pour embrasser tous ceux qui nous entourent sans confiner notre zèle à quelqu'un en particulier. »

« Savez-vous, dit-il une autre fois, savez-vous où j'ai appris le peu d'expérience que j'ai ? savez-vous où j'ai appris l'amour ? C'est dans le Coeur de Jésus. »




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Message  Roger Boivin Dim 18 Oct 2009, 11:34 pm


Quelques jours avant sa mort, il revient encore sur cette source qui alimente son zèle :

« Notre vie est-elle de jour en jour plus pénible, plus dure, plus remplie de tourments ? Mille fois béni soit Celui qui le veut ainsi ! Si la vie est plus dure, l'amour devient aussi plus fort, et seul cet amour fondé sur la douleur peut porter la croix que porta mon Seigneur Jésus. Amour sans égoïsme, sans retour sur soi-même, mais qui met au coeur une soif ardente d'aimer et de souffrir pour tous ceux qui nous entourent, une soif dévorante qui anoblit l'âme en la purifiant, une soif que ne sauraient apaiser ni les insuccès ni les mépris. »

Et l'entretien s'achève par cette prière, magnifique commentaire de la parole qu'un père affligé adressait à Jésus-Christ : « Je crois, seigneur, mais aidez la faiblesse de ma foi. »

« Coeur de Jésus, je t'aime, mais augmente mon amour ; Coeur de Jésus, j'ai confiance en toi, mais fortifie mon espérance ; Coeur de Jésus, je te livre mon coeur, mais enferme-le si profondément dans le tien qu'il ne s'en sépare jamais. Coeur de Jésus, je suis tout à toi, mais garde ma promesse pour que je l'accomplisse jusqu'au sacrifice le plus complet de ma vie. »

Ce fut la merveille de la vie du P. Pro de s'être, comme celle de Xavier, passée tout près de Notre-Seigneur, au milieu de distractions continuelles.




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Message  Roger Boivin Dim 18 Oct 2009, 11:58 pm


A tous ceux qui s'étonnent de sa facilité à parler des choses surnaturelles et surtout à les vivre, il dit simplement le secret de son âme :

« Oh ! c'est bien simple : je m'efforce de faire toutes mes actions en présence de mon Père, Dieu. »

Quand son travail auprès des âmes lui laisse un moment libre, il n'a pas de peine à se mettre à prier. Son attitude alors prêche encore mieux que ses plus belles paroles :

« Si j'avais eu des doutes contre la foi en la présence réelle, disait un de ses pénitents habitué à le voir prier devant l'Hostie, mes doutes se seraient aussitôt évanouis. »


Voici une prière que le P. Pro aimait beaucoup ; il la donna lui-même un jour à un ami. Elle est si bien dans sa manière et exprime avec tant de force les sentiments intimes de son âme qu'on a pensé qu'il en était lui-même l'auteur. Elle s'adresse au Coeur de Jésus :


Le cerf blessé demande une source d'eau claire,
L'orphelin sans abri demande un protecteur
La colombe un doux nid, les morts une prière...
Pour moi, Divin Jésus, je demande ton Coeur !

Le mendiant s'attache à la porte entr'ouverte,
Le lierre au vieux donjon et l'abeille à la fleur,
Le blanc fil de la Vierge à la fougère verte...
Et moi, Divin Jésus, je m'attache à ton Coeur !...

Le guerrier veut mourir sur le champ de bataille,
Le marin sur les flots, l'apôtre au saint labeur,
Le père sous son toit, l'ermite sur la paille...
Et moi, Divin Jésus, je mourrai sur ton Coeur !



***




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Message  Régis Lun 19 Oct 2009, 7:42 am

Cher Roger,
Pas de difficulté de supposer que cette prière est bien celle du P. Pro

Le cerf blessé demande une source d'eau claire,
L'orphelin sans abri demande un protecteur
La colombe un doux nid, les morts une prière...
Pour moi, Divin Jésus, je demande ton Coeur !

Le mendiant s'attache à la porte entr'ouverte,
Le lierre au vieux donjon et l'abeille à la fleur,
Le blanc fil de la Vierge à la fougère verte...
Et moi, Divin Jésus, je m'attache à ton Coeur !...

Le guerrier veut mourir sur le champ de bataille,
Le marin sur les flots, l'apôtre au saint labeur,
Le père sous son toit, l'ermite sur la paille...
Et moi, Divin Jésus, je mourrai sur ton Coeur !


...et pour nous...Ainsi soit-il... de notre vie et de notre mort !
Cependant avant de prophétiser comment il allait mourir, le Père a demandé le coeur de Jésus et lorsqu'il l'a eu, il a encore demandé de s'y attacher !

Belle stratégie !

Régis

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Message  Roger Boivin Lun 19 Oct 2009, 12:30 pm

..pas fou, ce fou du bon Dieu ! sunny
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Message  Roger Boivin Dim 25 Oct 2009, 3:12 pm


« Où j'appris l'amour des âmes ? ... »

C'est dans le Coeur de la Vierge Marie. Nous avons dit peu de chose sur la grande dévotion qu'avait le P. Pro envers sa Mère du ciel. Il faut indiquer ici cette autre source de son amour pour les âmes.

Des témoins de sa vie apostolique ont retenu quelques paroles sorties de son coeur dans des entretiens familiers.

il leur parlait un jour des tentations contre la vertu de pureté :

« Il n'y a rien de si beau que ces luttes terribles connues seulement de Dieu et de l'âme, leur disait-il ; il n'y a rien qui purifie autant une âme... Moi, je ne les crains pas : la Sainte Vierge est si bonne, si maternelle pour moi ! »

Durant le mois de mai 1927, il exhorte ses auditeurs à célébrer le mieux possible le mois de Marie. Il laisse parler ses souvenirs :

« Depuis très longtemps, dit-il, la très Sainte Vierge m'a permis de lui faire un cadeau durant ce mois. C'est une habitude que j'ai prise. Je tâche de lui offrir quelque chose de délicat, de beau... Ah ! je ne me mets pas en peine pour chercher ce que je pourrais bien lui donner. Je prie la Sainte Vierge, et elle-même, avec un amour très maternel, met en mes mains le cadeau que je dois lui offrir. »

Cet amour qu'il a pour Marie et qu'un de ses pénitents appelle « extraordinaire » se manifeste parfois avec enthousiasme.

Quelques lettres intimes qu'il adresse à un Père espagnol nous dévoilent le fond de son coeur.

Grâce à l'obligeance de cet ami, il reçoit l'aumône qui lui permet de faire un pèlerinage à Lourdes avant de s'embarquer pour le Mexique. C'est la reconnaissance qui oblige le P. Pro à écrire à son bienfaiteur le récit de son voyage.

Il commence par  lui dire, à sa manière, comment son merci lui parviendra. Comme s'il était fâché contre son ami, il l'accuse de dureté. Quoi ! obliger un pauvre Mexicain encore malade à faire un long trajet en chemin de fer durant toute une nuit ! Le P. Pro va se venger aux pieds mêmes de la Vierge de Lourdes.

« Vous me payerez cela, écrit-il. Vous serez accusé, là, de gaspilleur, de malandrin, vous qui avez maltraité un innocent Mexicain comme moi. Je demanderai pour vous la prison ; une prison dont vous ne pourrez plus sortir ! Et je vous répète dès maintenant ce que je vais dire à Notre-Dame de Lourdes : « Voilà, ma bonne Mère ; toi qui connais bien cet homme, N., toi qui sais combien je l'aime malgré toutes ses fourberies, je te demande, je t'en prie, je t'en supplie ardemment, fais-le entrer au plus profond du Coeur de ton Fils, prison divine, toute pleine de flammes et environnée d'épines, où il sera en sûreté... Enferme-le, ô Mère, très profondément dans le côté ouvert de Jésus, surtout maintenant qu'il va bientôt devenir prêtre... »

Le P. Pro était naturellement gai. Il est bien rare qu'il ne badine pas, même dans ses lettres qui traitent de sujets sérieux.

Cette fois pourtant, il sent en son âme une telle émotion que ses lettres prennent un ton inaccoutumé :

« Ce que l'on ressent ici, écrit-il de Lourdes à son ami d'Espagne, ne peut s'exprimer. Ce jour fut l'un des plus beaux de ma vie. Et c'est à vous que je le dois... A 9 heures, j'ai dis la messe. J'ai passé une heure devant la grotte. J'ai pleuré comme un enfant. Merci, merci... Que le Seigneur vous paye et vous bénisse ! » ( 7 juin 1926. )

Ces quelques mots furent écrits à la hâte sur une carte. C'était comme le canevas de la longue lettre du lendemain qu'il envoie de Paris.




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Message  Roger Boivin Dim 25 Oct 2009, 4:33 pm


MON CHER PÈRE EN JÉSUS-CHRIST,


« Maintenant je puis vraiment dire avec Siméon : « Nunc dimittis ». Je puis partir pour un autre monde, pas celui que nos ancêtres appelaient les Indes, mais le véritable autre monde qui est le ciel.

« Que je vienne de faire une échauffourée, étant faible et bon à rien comme je le suis, je ne le nie pas ; que j'aie commis une imprudence en passant deux nuits en train sans dormir et sans souper, je ne le nierai pas non plus. Mais une autre chose que je nierai jamais de ma vie, c'est que j'ai vécu hier l'un de mes jours les plus heureux.

« J'arrive à Lourdes à 8 h. 45 du matin. Immédiatement je touche du doit l'assistance maternelle de notre Mère : dans la rue, je rencontre le secrétaire de l'Évêque ; je lui présente mes papiers et il me donne sur-le-champ la permission de célébrer la sainte messe. Dans la Basilique, la dernière messe s'achevait au maître-autel. Je commençai la messe à 9 heures ; elle dura plus longtemps que de coutume : c'est qu'au momento, la liste des familles pour lesquelles je devais prier était longue...

« Puis, je me rends à la grotte... La grotte : un petit morceau du ciel où j'ai vu une Vierge qui a inondé mon âme d'un bonheur immense, d'une consolation intense, d'une joie divine... Tout cela se ressent vivement, il est vrai, mais ne s'exprime pas. Le pauvre et malheureux Pro n'a rien vu, n'a rien entendu, ne s'est pas aperçu de ce que faisaient autour de lui les milliers de pèlerins. Pourtant, si, une fois, en levant les yeux pour contempler ma bonne Mère, j'ai vu aux pieds de la Vierge, une malade couchée dans sa voiture ; elle récitait le chapelet, les bras en croix. Ce spectacle m'acheva : quelle foi et quelle confiance ! Mon coeur devint tout embrasé et je me mis à parler intimement avec notre très sainte Mère, qui, sans aucun concours de ma part, me fit passer par des transports jusque-là inconnus de moi. Comment ai-je pu demeurer si longtemps agenouillé, moi qui d'ordinaire n'en peux plus après cinq minutes passées à genoux ? Je ne sais. Ne me demandez pas ce que j'ai fait ou ce que j'ai dit ; je n'en sais rien : je n'étais pas hier le misérable de toujours !

« Un abbé s'approcha de moi et me dit : Si vous persistez à demeurer ici, vous tomberez de faiblesse ; je vous conseillerais de vous rendre aux piscines ; là, il y a de l'ombre. Pourquoi m'a-t-il dit cela ? quelle figure et quelle maintien avais-je ? encore une chose que j'ignore. Je sais seulement que j'étais aux pieds de ma Mère et que je sentais très profondément en moi sa présence bénie et son action. Près des piscines, j'ai vu des centaines de pauvres malades qui venaient chercher la santé. Un Père capucin prêchait après chaque dizaine du rosaire. J'ai fait comme les autres : j'ai chanté, prié, baisé la terre. Les bras en croix, j'ai invoqué la Sainte Vierge... A 4 h. 50, je reprenais le train.

« J'ai donc été à Lourdes... Je n'y ai pas visité le calvaire ; je n'ai pas vu le Gave ; je ne saurais dire la forme de la Basilique ni ce qu'elle renferme. Pourtant, il est bien vrai que je suis allé à Lourdes ! C'est que, pour moi, aller à Lourdes, c'était rencontrer ma Mère du ciel, c'était lui parler, la prier. Et je l'ai rencontrée, je lui ai parlé, je l'ai priée.

« Mon voyage ( sur mer ) ne sera pas aussi dur que je l'avais pensé : c'est la Sainte Vierge qui me l'a dit.

« Ah ! Père N., ma misérable nature trouvait très pénible de rentrer au Mexique ; pas de santé, mes études inachevées, revoir ma pauvre patrie détruite par ce gouvernement, et, là-bas ne pas revoir ma mère, cette sainte à qui je dois la vie et dont je pleure encore la mort au milieu de ma résignation et de ma conformité aux desseins de Dieu. Mais la Vierge de Lourdes m'a donné du courage ! »




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Message  Roger Boivin Dim 25 Oct 2009, 10:38 pm


L'héroïsme du P. Pro devant les balles ne s'est pas improvisé. On sait maintenant à quelles sources il puisait depuis longtemps sa force : intimité avec le Christ, dévotion très tendre envers la Sainte Vierge. Pour peu que l'on se prête, le bon Dieu, avec ces moyens, accomplit dans l'âme des merveilles. Le P. Pro, lui, s'était donné. On peut deviner jusqu'où il monta dans l'amour de Dieu et des âmes par cette prière qui révèle le fond de son coeur ; il s'adresse à la Sainte Vierge :


I  H S


« Laisse-moi passer ma vie près de toi, ô ma Mère, pour tenir compagnie à ta triste solitude et à ta profonde douleur ; laisse-moi ressentir en mon âme la douloureuse     plainte de tes yeux et le délaissement de ton coeur.

« Ce que je veux sur le chemin de ma vie, ce n'est pas l'allégresse de Bethléem ; ce n'est pas d'adorer l'Enfant-Dieu dans tes mains virginales ; je ne veux pas jouir dans ton humble maison de Nazareth de l'aimable présence de Jésus-Christ, ni me joindre au choeur des anges dans ta glorieuse Assomption.

« Je veux dans ma vie les moqueries, les railleries du Calvaire ; je veux la lente agonie de ton Fils, le mépris, l'ignominie, et l'infamie de la Croix. Ce que je veux, c'est, ô Vierge très douloureuse, de me tenir près de toi, debout, pour fortifier mon esprit par tes larmes, consommer mon sacrifice par ton martyre, soutenir mon coeur par ta solitude, aimer mon Dieu et ton Dieu par l'immolation de mon être. »




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Message  Roger Boivin Dim 25 Oct 2009, 10:42 pm


Devant les balles de Calles


LE P. Pro désirait la mort des martyrs. Il disait qu'il mourrait ; car, pour sauver le Mexique, il fallait du sang sacerdotal et beaucoup...

Un matin de novembre, il demanda aux religieuses d'un couvent où il disait la messe de prier Dieu qu'il voulût bien prendre sa vie pour le salut de la patrie.

Après la messe, il rencontre la supérieure :
« J'ai senti, lui dit-il, que mon offrande a été acceptée. »

Le P. Pro attendait ardemment cette heure choisie par Dieu.

Calles cherchait l'occasion que ses calculs souhaitaient. Il crut qu'elle s'offrait à la suite d'un attentat commis contre le général Obregon, le 13 novembre. Le général, de retour à Mexico depuis quelques heures, se rendait aux courses de taureaux, quand une automobile frôla la sienne ; elle portait quatre jeunes gens armés ; l'un d'eux lance une bombe dans la direction d'Obregon, pendant que ses compagnons tirent des balles. Les officiers de l'entourage du général ripostent et blessent l'un des assaillants en fuite. Nous savons maintenant les noms des quatre audacieux ; ce qui est absolument certain, c'est que le P. Pro et son frère Humberto n'étaient pas là et qu'ils ignoraient même qu'on eût organisé un complot contre Obregon.

Au reste, durant trois jours, personne ne s'avisa de mettre le P. Pro en cause dans cette affaire.

Mais le 17 novembre, dans la soirée, Madame J. Montes de Oca fut soudainement appréhendée par la police et conduite en prison. On voulut la sauver, et c'est en donnant des explications qu'on révéla, par mégarde ou par calcul, la cachette des frères Pro.

Les agents de Calles jubilaient ; ils allaient enfin mettre la main sur celui qui leur échappait depuis plus d'un an. Dans la même nuit, l'arrestation fut organisée ; Basail et quelques soldats furent chargés de la faire au petit jour.

Le P. Pro et ses frères ne se doutaient de rien ; depuis quelques jours ils avaient changé de domicile. A quatre heures du matin, la porte de leur chambre s'ouvre brusquement. Basail et les siens braquent sur eux leurs revolvers : « Ne bougez-pas ! » crièrent-ils.

Humberto vit bien que quelque chose de grave allait se passer. Il dit au Père :

« Je veux me confesser.

- Pas permis, dit Basail,

- Je le confesse quand même, » répond le P. Pro.

Il amène son frère au fond de la chambre et l'absout.

Roberto se présente à son tour. Les soldats attendent. Ils étaient nerveux ; ils craignaient que l'on ne fît de la résistance.

Le brave qui les avaient mis en garde s'appelait Cruz. Il était général, bien qu'il n'eût jamais rencontré en face un ennemi armé. C'était l'ami de Calles dont il exécutait les ordres. Lui seul connaissait le plan du président ; lui seul devait, dans la cause du P. Pro, être témoin, accusateur, juge et bourreau.

Les soldats députés par lui pour capturer les frères Pro, arrivèrent à la prison de bonne heure. Cruz dormait encore.

En attendant leur juge, les trois captifs remplissent les formalités d'usage. Puis on essaye de les compromettre. Pour surprendre le premier mouvement de la nature, on les met brusquement en face de l'automobile d'Obregon démantibulée par la bombe.

« Voilà ce que vous avez fait, » leur dit-on.

Humberto répond sans s'émouvoir :
« Hé bien ! vous venez de nous l'apprendre ! »

Les ordres de Cruz tardent à venir. Après quatre heures d'attente inutile, on conduit les prisonniers dans leurs cellules. Humberto va rejoindre Madame J. Montes de Oca, capturée la veille. Roberto et le Père sont mis ensemble.

Pendant trois jours on n'entend plus parler d'eux.




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Message  Roger Boivin Mar 27 Oct 2009, 9:34 pm

Merci à mon technicien pour avoir mis les photos ! Tous peuvent aller les voir maintenant ! cheers Wink
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Message  Roger Boivin Sam 31 Oct 2009, 5:01 pm


Le 21 novembre, Cruz se charge de donner au public les premières nouvelles des prisonniers. Il affirme que les membres de la Ligue de dédense religieuse sont coupables de l'attentat contre Obrégon ; notamment, que dans une maison louée par Humberto et Madame J. Montes de Oca pour les réunions de catholiques, on a découvert tout un matériel pour la fabrication des bombes. On ajoute que l'automobile qui a servi aux assassins était dans la cour depuis plusieurs jours.

Le 22, à 2 h. de l'après-midi, Cruz se rend à la prison ; quelques journalistes l'accompagnent.
Au reporter de l'Excelsior, le P. Pro dit expressément :

« Je suis reconnaissant des attentions que j'ai reçues de la part de ceux qui m'ont arrêté. Mais je suis absolument étranger à cette affaire (l'attentat contre Obrégon). Je suis un ami de l'ordre. Je suis en paix et j'espère que la justice brillera au grand jour. Je nie, sans équivoque, avoir pris quelque part que ce soit à la conspiration. »

Obregon ne savait pas au juste quels étaient les véritables auteurs de l'attentat commis contre lui. Il soupçonnait les partisans de Gomez et de Serrano ; puis l'idée lui vient que le coup a pu être monté par Calles lui-même, aidé de Morones. Il veut en avoir le coeur net. Il pousse une enquête au sujet des frères Pro, pour savoir si vraiment ils sont les auteurs du crime. Il demande à son avocat Arturo Orci, qui se trouvait lui-même dans l'automobile du général, le 13 novembre, d'aller voir le général Cruz et d'exiger un procès. Les prisonniers étaient en effet sous la dépendance exclusive de l'inspecteur général de police.

Orci se présente donc au bureau de Cruz. Celui-ci était absent. Mais son sécrétaire, Benito Guerra Leal, reçoit l'avocat. Orci lui fait part de l'ordre qu'il a reçu d'Obregon. Il exige un procès et au plus tôt. Puis Orci demande qu'on lui montre le rapport officiel de l'arrestation des prisonniers.

Leal lui présente un papier.

Orci le parcourt soigneusement et déclare : « Il n'y a pas d'acte d'accusation sur ce papier. C'est simplement votre rapport de police.

- C'est tout ce que nous avons, répond le secrétaire.

- Et qu'est-ce que pense le chef de police concernant la culpabilité des prisonniers ? » poursuit Orci.

Leal réplique, en appuyant sur les syllabes pour montrer qu'il savait ce qu'il disait :

« Les frères Pro n'ont aucunement avoué leur complicité dans le complot ; aucune espèce de complicité de ce genre n'a jamais été prouvé contre eux. »

Et il promet à Orci que, sur les désirs du général Obregon, un procès public aurait lieu le lendemain.




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Message  Roger Boivin Sam 31 Oct 2009, 8:29 pm


Durant les six jours de captivité, que faisaient les prisonniers ?

Leurs cellules donnaient sur une salle centrale. Celle du P. Pro faisait face à celle qu'occupaient Humberto et Madame J. Montes de Oca. Ils ne pouvaient guère communiquer que par signes. Du fond de sa cage, le P. Pro prêche quand même : il montre le ciel qui les attend. Il remercie sa bienfaitrice et lui fait comprendre qu'il sera bientôt en mesure là-haut de lui payer ce qu'elle lui a donné durant les derniers mois. Il donne à distance l'absolution aux autres prisonniers catholiques de la salle.

Le 20 novembre tombait un dimanche ; une petite fête s'organise ; on prie, on fait des lectures pieuses ; le tout se termine par le chant en choeur de la « Marche de saint Ignace ». Souvent d'ailleurs, le P. Pro récite le chapelet à haute voix ; tous les soirs, la prière se fait en commun.

Chaque jour, les prisonniers vont à tour de rôle faire des déclarations. Le 22, veille de l'exécution, un photographe est introduit dans la salle et prend les portraits des condamnés, pour les journeaux du lendemain.

Les prisonniers se prêtent à tout. Ils sont si convaincus de leur innocence qu'ils s'attendent à être remis en liberté, si seulement on institue un procès, comme on le leur a promis.

Le 23, dans les journeaux du matin, Cruz fait annoncer que, d'après les informations qu'il a prise, les prisonniers du 18 vont être traduits en jugement.

soudain, vers 8 h., grande activité autour de la prison. Les troupes s'amènent. Photographes et reporters, dûment avertis, accourent. Une foule de curieux s'amasse dans les rues avoisinantes.

Pendant ce temps-là, une autre scène se passe dans la prison. Des officiers se présentent devant la cellule du P. Pro. Ils appellent : « Miguel Pro ! »

Le Père était habitué d'être mandé pour faire toutes sortes de déclarations ; il sort tout de suite de sa cellule, sans gilet. On lui dit d'aller le mettre. Quand Roberto aide son frère, il sent que sa main est pressée fiévreusement par celui qui allait à la mort. Il comprit que c'était son adieu.

En route, un soldat de l'escorte demande au P. Pro de lui pardonner.

« Non seulement je vous pardonne, mais je vais prier pour vous. Je vous remercie de la grande faveur que vous me faites aujourd'hui. »

Une personne digne de foi écrivait de Mexico, le 4 décembre suivant, qu'un prêtre dont elle donne le nom se trouvait sur le passage du condamné. On croit que Cruz l'aurait fait sortir de prison pour lui apprendre le sort qu'il réservait aux prêtres rebelles. Les victimes auraient donc reçu l'absolution au passage.

Le Père se place à l'endroit qu'on lui désigne, face au peloton. Le major Torres lui demande s'il a quelque désir à exprimer.

« Oui, répond le P. Pro ; je veux prier un peu. »

Il s'agenouille, fait lentement le signe de la croix, joint les mains, offre sans doute à Dieu le sacrifice de sa vie, baise dévotement le petit crucifix qu'il tient dans sa main.

Il se relève, refuse le bandeau et se tourne vers les représentants du gouvernement et les soldats, étonnés de tant de sang-froid.

« Dieu m'est témoin, dit le Père, que je suis innocent du crime que vous m'imputez ! »

Avec son crucifix, il trace sur la foule un grand signe de croix en disant :

« Que le bon Dieu ait pitié de vous tous ! »

Il étend la main gauche que son chapelet enlace, et, les bras en croix, il répète les paroles du Sauveur mourant :

« De tout coeur je pardonne à mes ennemis. »

Quand les autres martyrs du Mexique mouraient, c'est d'une voix forte qu'ils disaient l'invocation favorite des catholiques :

« Vive le Christ-Roi ! »

On remarqua que le P. Pro, avant de prononcer ces mots, se recueillit. Il leva les yeux au ciel et, lentement, à voix basse mais distincte, comme le prêtre qui consacre l'hostie, il répéta le mot d'ordre que le Pape Pie XI a donné au monde chrétien :

« Vive le Christ-Roi ! »

Puis, il fit signe aux soldats qu'il était prêt.

Les fusils s'abaissent. Le Père tombe, les bras étendus. Un soldat s'approche et lui décharge son fusil dans la tête.

Il était 10 h. 30.

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Message  Roger Boivin Dim 01 Nov 2009, 2:01 pm


Humberto parut cinq minutes après. Il ne savait pas qu'il allait à la mort. Quand il vit le cadavre de son frère, il eut un moment de stupeur ; mais il se redressa aussitôt. En se rendant à l'endroit qu'on lui assignait, il toucha du pied le cadavre de son frère, comme pour puiser la force au contact d'un martyr.


Roberto s'attendait à les suivre dans la mort comme il les avait suivis dans leur vie d'apôtre.

Du fond de sa cellule, il regarde par la lucarne qui donne sur la cour des exécutions. Il assiste à la scène ; il voit le Père étendre les bras ; il entend les détonations. Il voit tomber Velchis, le vaillant membre de l'A.C.J.M., puis son frère Humberto et le petit ouvrier Tirado. Il devait rester encore à la peine. Le bon Dieu ne voulut pas que son vieux père, exilé à Cuba, fût sans soutien.

Les cadavres furent transportés aussitôt à l'hôpital militaire. Les parents du P. Pro n'avaient pas assisté à l'exécution. Ils n'apprirent la nouvelle que vers les 11 h.

Anna-Maria avait pressenti quelque chose ; à 9 h., elle se présente aux bureaux du général Cruz et demande à voir ses frères. On le lui refuse. Elle attend, toute en larmes. C'est là qu'elle apprend que ses frères ont été fusillés.

Dans une salle de l'hôpital, on procède en hâte à l'autopsie ; le P. Pro et son frère avaient la poitrine trouée de cinq balles. quand les corps furent déposés dans leur cercueil, on permit à Anna-Maria de les voir.

Elle pleurait, à genoux près d'eux, quand elle entendit la voix de son père :

« Où sont mes fils ? Je veux les voir ! »

Il fait lever le couvercle de la tombe du prêtre, et, sans un mot, il baise son enfant. De son mouchoir, il essuie le sang qui coule sur le front du martyr. Puis il s'approche d'Humberto et lui baise le front.

Anna-Maria se jette alors dans les bras de son père et éclate en sanglots ; il se dégage doucement en disant d'une voix ferme, mais sans rudesse :

« Ma fille, il n'y a pas de quoi pleurer ! »

Et ils rentrent chez-eux, emportant les restes des martyrs.




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Message  Roger Boivin Dim 01 Nov 2009, 2:29 pm


La nouvelle se répandit bientôt par toute la ville. Personne ne crut à la culpabilité du P. Pro et de son frère, pas même Cruz ni Obregon : Orci, l'avocat du général avait, le jour de l'attentat, vu de trop près les assaillants pour s'y tromper, quand les prisonniers défilèrent devant lui. Il déclara que les frères Pro n'étaient certainement pas les coupables qu'il avait vus dans l'automobile d'où la bombe était partie.

Seulement, Cruz tenait en main un prêtre dont le zèle lui avait été souvent signalé et un apôtre de l'A.C.J.M., ardent promoteur de la Ligue de défense religieuse : leur sentence de mort était déjà portée.

Pour se donner une raison devant le public, Cruz accusa les frères Pro d'avoir participé à l'attentat commis contre le général Obregon.

Mais ce prétexte fut laissé de côté par Cruz lui-même qui l'inventa. Dans l'Excelsior du 23 novembre, on le mentionne pour mémoire, mais on donne la vraie raison de la mort du P. Pro.

« Nous avons été informés à l'inspection générale de police que le prêtre Miguel Augustin Pro Juarez, accusé comme l'un des auteurs de l'attentat (contre Obregon), était recherché depuis longtemps par les agents des comités de sûreté. Trois fois on avait cru le capturer, mais grâce à son habilité, il s'échappait et on n'entendait plus parler de lui. »

On ne recherchait pas ainsi depuis longtemps le P. Pro, je suppose, à cause d'un complot qui ne devait avoir lieu que plusieurs mois après !

Au reste, l'inspecteur général de police ne cache plus les vrais motifs qui l'ont fait agir :

« Les tentatives inutiles, lit-on dans l'El Universal du 23 novembre, que nous faisions pour arrêter le P. Pro eurent lieu au moment où la propagande de quelques groupes catholiques était le plus intense : on tâchait de capturer le P. Pro parce qu'il était l'un des plus zélés propagandistes.




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Message  Roger Boivin Dim 01 Nov 2009, 3:00 pm


Les dessous de l'affaire furent vite mis au clair. On apprit que dans la soirée du 22 novembre, Calles avait décidé la mort du P. Pro. Il manda le général Cruz et lui donna l'ordre d'exécuter au plus tôt les quatre détenus, faits prisonniers six jours auparavant. Cruz suggérait au président qu'il vaudrait peut-être mieux garder les apparences légales. Calles répliqua :

« Je ne veux pas de formes ; ce que je veux c'est des faits ! »

On se rappelle la démarche de l'avocat d'Obregon pour exiger un procès en règle, lequel, du reste, lui fut promis pour le lendemain. Les journeaux lui apprirent de bonne heure l'issue de la cause qu'il se proposait d'élucider.

« Quelle ne fut pas ma surprise, écrit-il, en apprenant que les prisonniers avaient été fusillés à 11 h. du matin ! Immédiatement je téléphone au général Cruz pour lui demander ce qui s'était passé. Je lui rappelai ma visite de la veille ; je lui fis observer que les recherches que l'on avait faites pour établir la culpabilité des prisonniers étaient loin d'être complètes et que le général Obregon avait soigneusement demandé que des recherches fussent faites. »

A tout cela, le général Cruz répondit :

« C'est vrai, Monsieur, mais, même avant votre visite à mon bureau et en dépit des recommandation du général Obregon, j'avais reçu l'ordre de faire ce que j'ai fait. »

L'ami de Calles, Basail, au courant des vrais motifs de l'arrestation du P. Pro, disait à Madame J. Montes de Oca, en entrant à la prison le soir du 23 novembre :

« Si le pauvre Père est mort, c'est à cause de la Ligue (de défense religieuse). »

La vérité est que le président Calles a fait tuer le P. Pro, parce que ce prêtre gênait trop sa haine contre l'Église. L'homme qui se croyait tout-puissant, qui s'était déclaré l'adversaire personnel du Christ, était exaspéré de voir que cet ami personnel du Christ lui barrait la route : il voulut s'en défaire. Ses agents l'avaient cherché durant un an. Quand on le prit, il le fit fusiller, sans forme de procès, contre les lois de la République.

Calles, sans le savoir, fut l'instrument de Dieu. Il ne lui reste que la honte d'être bourreau. Il s'imaginait détruire l'oeuvre du Christ en supprimant son apôtre. En fait il donne le signal d'un triomphe éclatant que le bon Dieu réservait à son serviteur.




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Message  Roger Boivin Dim 08 Nov 2009, 2:45 pm


Le triomphe des martyrs


LE triomphe des martyrs commença aussitôt après leur mort.

Depuis 5 h. du soir jusqu'à 11 h. ; le lendemain, depuis 6 h. du matin jusqu'à 3 h. de l'après-midi, ce fut un pèlerinage ininterrompu vers la maison où reposaient les corps couverts de fleurs. Des milliers de personnes y vinrent prier ; beaucoup d'entre elles faisaient toucher aux cercueils des objets de piété.

Une dame arriva, menant par la main son petit enfant de dix ans.

« Mon enfant, lui dit-elle, regarde bien ces martyrs ; c'est pour cela que je t'ai amené ici ; c'est pour graver dans ta mémoire ce que tu vois maintenant. Quand tu seras grand, tu sauras comment on donne sa vie pour défendre la foi du Christ ; tu sauras mourir comme ils sont morts, innocents et avec un grand courage. »

Une femme du peuple portait en ses bras un tout jeune enfant. Elle prit sur le cercueil du Père une des roses blanches qu'on y avait semées à profusion ; elle l'approcha du visage du martyrs, puis la promena sur celui de l'enfant. Avant de partir, elle fit baiser comme une relique la sainte dépouille

Les visiteurs, émus, virent bien des scènes touchantes. Mais le père et sa fille donnaient à tous le plus bel exemple de foi chrétienne. Ils ne pouvaient quitter la chapelle ardente. Leurs larmes coulaient, mais leur visage était transfiguré de fierté.

Le père surtout se tenait à genoux près de ses deux fils. Quand des amis lui offraient en pleurant leur sympathie, il répondait :

« Le Père fut un apôtre ; Humberto fut un ange toute sa vie et ils sont morts pour Dieu ; avec lui ils jouissent déjà dans le ciel ! »


A la tombée de la nuit, les portes de la maison se fermèrent aux étrangers.

Cruz avait promis que Roberto viendrait saluer ses frères durant la nuit. La promesse ne fut pas tenue. Un prêtre avait porté secrètement, dans un reliquaire, une hostie consacrée pour communier le prisonnier. L'hostie reposa toute la nuit sur le cercueil du Père, comme sur un autel.

Et cela faisait songer aux premiers chrétiens priant, dans les catacombes, près des tombeaux sur lesquels on offrait la victime du Calvaire.




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Message  Roger Boivin Dim 08 Nov 2009, 4:36 pm


Les assistants communièrent à la messe qui fut célébrée vers 4 h. du matin.

Dès 6 h., les ouvriers et les gens du peuple remplissaient la rue. Les portes s'ouvrirent. La procession des pieux visiteurs défila jusqu'à 3 h. de l'après-midi.


A l'heure dite, une foule extraordinaire attendait devant la porte. Quand les cercueils, portés par des prêtres, franchirent le seuil, une immense clameur retentit :

« Vive le Christ-Roi ! »

Le peuple allait prononcer à sa façon la sentence qu'il décernait aux victimes de Calles.

Des balcons, au passage des corps, les fleurs tombaient à brassées... Au coin des rues, partout, des gens agenouillés comme au jour de la fête-Dieu. Plus de cinq cents autos accompagnaient le corbillard, richement décoré. Des milliers de personnes formaient cette procession inattendue. On récitait le rosaire ; on criait :

« Vivent les saints martyrs ! Vive le Pape ! Vivent nos évêques et nos prêtres ! »


Le lecteur aimera sans doute parcourir la lettre suivante écrite le soir des funérailles par une jeune fille de Mexico à une amie de passage à New-York.

« Je t'assure que ce fut une manifestation évidente d'indignation. Depuis le moment où l'on remit les corps aux familles, une vraie procession de gens passa devant eux ; tous en pleurs, ils priaient, faisaient toucher aux corps leurs chapelets, leurs crucifix, leurs médailles...

« A 3 h. de l'après- midi, les corps furent apportés au milieu d'une grande multitude qui remplissait les rues d'un trottoir à l'autre. Les rues avoisinantes débordaient aussi de monde. Du haut d'une fenêtre quelqu'un essaya de calmer la foule et demandait de ne pas crier : ce fut inutile. Du plus profond de nos coeurs sortaient des acclamations :

« « Vivent les martyrs ! Vive le clergé mexicain ! Vive la religion catholique ! Nous avons plus que jamais l'espoir que la religion vivra et triomphera ! »

« La grande procession défila au milieu d'un pareil enthousiasme. Il y avait là des gens de toutes les classes de la société.

« Mes amies et moi décidâmes d'aller à pied. Nous étions alors peut-être six mille, sans compter ceux que portaient les autos. La circulation, tu le penses bien, était interrompue...

« Nous arrivâmes à la colline de Dolores, mortes de fatigue. Nous avions marché huit kilomètres ! Tout le monde voulait s'approcher des cercueils que portaient les jeunes gens sur leurs épaules ! Il fallut former un cordon de gardes pour laisser un chemin aux saintes dépouilles.

« A Dolores se trouvait une grande multitude de personnes. Impossible de te décrire l'enthousiasme et l'indignation qui soulevaient tout le peuple. Comme au départ de la procession, nous entendions des vivats ; nos acclamations leur faisaient écho. Les cris ne manquèrent pas de s'élever contre le gouvernement ; des mots très durs contre les tyrans. Au moment solennel de l'enterrement régnait le plus profond silence. Nous n'osions parler à cause des gendarmes qui nous entouraient.

« La tristesse la plus grande nous envahissait.

« Seulement, quand nous revînmes au milieu des vastes et lugubres jardins du cimetière, l'hymne au Christ-Roi retentit ; le soir tombait déjà.

« Je n'ai jamais rien vu de semblable ; c'étaient des funérailles de martyrs ! des funérailles de ceux qui durant leur vie nous ont enseigné à lutter jusqu'à la mort !

« Dieu seul sait à combien de funérailles nous assisterons encore ainsi. Dieu seul sait si les prochaines ne se feront pas par nous !... Dieu le dira !

« Mais si c'est pour sa cause, j'offre ma vie de tout coeur. »




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Message  Roger Boivin Dim 08 Nov 2009, 4:56 pm


Le corps du P. Pro fut déposé dans le caveau des Jésuites. Les prières de l'Église s'étaient faites dans le plus grand silence. Un détail que la jeune fille ne note pas : soudain la voix d'un inconnu s'éleva du milieu de la foule :

« Vive le premier Jésuite martyr du Christ-Roi ! »

Cette acclamation, au milieu du silence, déclancha de nouveaux vivats.


Puis la famille du P. Pro s'approcha du cercueil d'Humberto. Le père jeta lui-même la première pelletée de terre sur les restes aimés. Il revint d'un pas ferme vers les siens et dit simplement ces mots sublimes :

« Nous avons fini... Te Deum, laudamus ! »

Et la voix des prêtres acheva le chant de victoire...


La foule reprit le chemin de la ville.

Les chants et les prières recommencèrent...

En ouvrant les fenêtres de son château, le président Calles put voir défiler ces chrétiens héroïques qui chantaient l'hymne triomphal au Christ-Roi...


Ainsi, il y a dix-neuf siècles, passaient devant Néron les premiers chrétiens qui venaient de voir mourir leurs frères.


Sur l'un des petits billets en forme de timbres, que les propagandistes de la Ligue de défense religieuse répandaient par milliers, on lisait ces mots :

« Calles ! le Christ en a vaincu de plus méchants que toi ! »

Le sang du P. Pro fera germer d'autres héros ; et Celui qui possède de tels défenseurs aura la dernière victoire :


Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat ! Amen !




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Message  ROBERT. Dim 08 Nov 2009, 5:33 pm



Une dame arriva, menant par la main son petit enfant de dix ans.

« Mon enfant, lui dit-elle, regarde bien ces martyrs ; c'est pour cela que je t'ai amené ici ; c'est pour graver dans ta mémoire ce que tu vois maintenant. Quand tu seras grand, tu sauras comment on donne sa vie pour défendre la foi du Christ ; tu sauras mourir comme ils sont morts, innocents et avec un grand courage. »…

« Nous avons fini... Te Deum, laudamus ! »…

Ainsi, il y a dix-neuf siècles, passaient devant Néron les premiers chrétiens qui venaient de voir mourir leurs frères…

« Calles ! le Christ en a vaincu de plus méchants que toi ! »…

Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat ! Amen !


VIVA CRISTO REY !!!


.
ROBERT.
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Message  Roger Boivin Dim 08 Nov 2009, 7:17 pm

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Message  Roger Boivin Dim 08 Nov 2009, 8:10 pm


« Quand je serai au ciel... »

( APPENDICE )


« Tenez-vous prêts à me faire vos demandes quand je serai au ciel ! » écrivait le P. Pro à ses amis dans une lettre où il exprime son désir de mourir pour la cause de l'Église.

Les demandes de ses amis ne se firent pas attendre ; les réponses du P. Pro non plus. Moins de trois mois après sa mort, les Pères, chargés de recueillir les relations des faveurs obtenues par son intercession, écrivaient :

« Les guérisons merveilleuses et les faveurs obtenues se multiplient chaque jour. Il nous en vient des récits non seulement de Mexico, mais de Guadalajara, de Puebla, d'El Paso et de beaucoup d'autres villes. Nous pouvons dire qu'à l'exemple de sainte Thérèse, le P. Pro fait tomber sur la terre une pluie de roses. »


La première faveur en date est sans doute celle que le P. Pro accorda à l'une de ses pénitentes. Celle-ci habitait dans un quartier de Mexico et se trouvait durant le mois de novembre 1927 dans de grands embarras financiers. Elle porta tout un dossier de ses comptes au P. Pro qui promit d'y jeter un coup d'oeil et de donner son avis. Mais le 18 novembre le Père est saisi et jeté en prison. La première nouvelle que sa pénitente en apprend est celle que les journaux du 23 annoncent : l'exécution du P. Pro. Affolée, elle court chez son avocat et lui fait part de son angoisse ; elle lui raconte comment le Père vient d'être exécuté. L'avocat n'en croit rien.

« C'est impossible, réplique-t-il, puisque le P. Pro, il y a à peine dix minutes, est venu en personne me remettre tous vos papiers. »

Le récit de l'apparition fut transmis par un prêtre de Mexico.

Sans doute de tels faits sont plus difficiles à établir que des guérisons corporelles. Mais il entre bien, je pense, dans le plan du P. Pro d'imiter la petite Thérèse, qui, non contente de jeter des roses du haut du ciel, descend volontier sur la terre pour consoler ceux qui la prient.


Le P. Pro excellait à remonter les âmes ; on sait aussi avec quel zèle il soulageait les malades et les pauvres. Il semble bien que du haut du ciel, près de Dieu, il veuille continuer sa mission sur la terre.

Le lendemain de sa mort, dès les premières heures du jour, une procession de pieux visiteurs défila devant les restes des deux frères martyrs. Une vieille femme de l'humble classe du peuple, aveugle depuis plus de six ans, eût bien voulu s'y rendre, mais elle ne pouvait quitter la maison qu'un M. Valladares habitait avec elle, à X., petite ville voisine de Mexico. On parlait partout de la mort des martyrs et de la foule immense qui allait vénérer leurs restes. M. Valladares suggéra à l'aveugle de se recommander au P. Pro pour recouvrer l'usage de la vue. La prière était à peine achevée que l'aveugle, toute joyeuse, se lève, saisit la main de M. Valladares en le remerciant de son conseil. Celui-ci, étonné, lui demande si elle voit.

- Oui, répond-elle.

M. Valladares veut en avoir la preuve. Entre autres choses, il lui dit :

- Est-ce que vous savez lire ?

- Je le savais autrefois, dit-elle, en prenant le journal qu'il lui présente, et elle se met à le lire à haute voix sans aucune difficulté.

Immédiatement et avec l'émotion que l'on devine, un prêtre se rend à Mexico et, devant les cercueils glorieux des martyrs, raconte à la famille la faveur signalée due à l'intercession du P. Pro.




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Message  Roger Boivin Dim 08 Nov 2009, 9:49 pm


Au mois de novembre 1925, une petite soeur Clarisse tomba d'une hauteur de cinq mètres sur les degrés d'un escalier dont elle lavait la rampe. Elle resta plusieurs heures sans connaissance. L'examen médical révéla le déplacement de plusieurs côtes et de la vésicule biliaire, et la rupture de la colonne vertébrale. Pendant trois ans elle endura continuellement des douleurs très aiguës.

Le 25 janvier 1928, on apporta à la malade une relique du P. Pro en lui suggérant de demander sa guérison par l'entremise du martyr. En s'appliquant la relique, les douleurs diminuèrent ; elles cessèrent tout à fait le lendemain. Peu de temps après, elle se leva sans difficulté, s'habilla elle-même sans la moindre douleur, marcha, monta les escaliers et reprit la vie commune comme une religieuse en parfaite santé.



Le cas de Mademoiselle Joaquina Delgado y Riestra a déjà été publié. En voici le résumé.

La jeune fille avait au sein un foyer cancéreux. Le médecin qui l'examine déclare qu'une intervention chirurgicale est nécessaire. Deux spécialistes affirment que c'est le seul moyen d'arrêter le mal.

La pauvre malade, qui refuse toute opération, commence alors une neuvaine au P. Pro et s'applique avec confiance une relique du martyr. Elle sent bientôt une grande amélioration et retourne chez le premier médecin qu'elle avait consulté. Celui-ci constate sa guérison définitive.

On nous pardonnera d'insister sur ce cas. Nous avons en mains des documents qui rendent la guérison de Mademoiselle Delgado inexplicable sans l'intervention divine ( 1 ).




( 1 ) Le premier médecin que la jeune fille a consulté se nomme Luis G. Vasquez et il a signé de sa main le témoignage dont nous rapportons textuellement les lignes suivantes :

« Le 17 juillet de l'année dernière ( 1927 ), Mademoiselle Joaquina Delgado y Riestra vint me consulter en me priant d'examiner un sein dans lequel elle croyait avoir une tumeur. Je découvris en effet des ganglions durs et douloureux au sein gauche. Je dis à la malade que ces tumeurs étaient généralement graves et lui conseillai l'ablation du sein pour empêcher le mal de se répandre. Elle refusa l'opération...

« Comme elle insistait pour que je lui indique un autre remède, je lui proposai d'aller voir le Dr Peter pour se faire traiter aux rayons X. Deux mois après, elle revint me voir. Je constatai avec horreur que les ganglions s'étaient grandement développés, et la malade se plaignait de douleurs au poumon gauche. Il n'était plus question de perdre le temps à réfléchir, mais de procéder à l'opération.

« Je donnai à la malade une carte pour le Dr Raphael Raygadas Vertiz... Elle ne se présenta pas chez lui, mais chez les Docteurs Gutierrez et Eguilez. L'un d'eux lui dit après l'avoir examinée : « Pas d'autre remède que l'opération. On ne croit plus au miracle, et d'ailleurs il ne s'en fait plus au XXième siècle. »

« Au commencement de décembre, la supérieure du Couvent Thérésien de Mexicoac me fit savoir que la malade était enfin décidée à subir l'opération. Je priai la religieuse de vouloir bien lui dire de ne pas se présenter chez moi. Je ne voulais pas l'opérer moi-même ; car je ne tenais pas à m'exposer à un échec certain.

« Trois jours plus tard, Mademoiselle Delgado arrive chez moi et me prie de l'examiner... Je restai surpris en voyant la bonne mine de la malade ; les ganglions énormes que j'avais constatés dans mon examen antérieur avaient quasi disparu.

« J'examinai la malade pour la dernière fois le 26 décembre ( 1927 ) et lui donnai les certificats médicaux requis dans ces circonstances. J'y déclare que Mademoiselle Delgado y Riestra est en parfaite santé et qu'il ne se présente même plus de traces de lésion.

« J'ai oublié de dire que quand la malade vit mon étonnement de la trouver si bien, elle affirma qu'elle s'était recommandée au P. Pro, que c'était à cela et seulement à cela qu'elle devait d'être dans l'état où je la voyais.

« Je suis prêt à affirmer devant l'autorité ecclésiastique et sous serment ce que je viens d'écrire. »

Dr L. G. Vasquez
Mexico D. F., le 4 janvier 1928.




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Message  Roger Boivin Dim 08 Nov 2009, 10:03 pm


D'autres faveurs moins éclatantes sont accordées par l'intercession du P. Pro. Des relations comme celle-ci arrivent chaque jour à El Paso :

« Mademoiselle S. B. fait savoir au Père M. qu'elle a obtenu une grande grâce par l'intercession du P. Pro. Un enfant était très malade d'une tumeur au cou ; il devait subir une opération. Nous avons fait un triduum de prière en nous recommandant au P. Pro. Après le triduum tout mal avait disparu. »


Les bonnes gens du peuple envoient simplement leurs récits avec leurs remerciements au P. Pro :

« C. A. souffrait d'une toux très forte et d'une fièvre intermittente ; douleurs de tête et d'estomac. Nous autres, ses parents, R. A. y J. S., nous avons invoqué le P. Pro et elle (notre enfant) a été délivrée de cette maladie terrible. Elle se l'était mise (la relique sans doute) sur la poitrine enveloppée dans un petit mouchoir, pendant quinze jours, et la maladie a disparue. Merci à Notre Seigneur et au très Révérend Père Pro. »


Une autre femme du peuple écrit qu'elle a obtenu deux grâces, après un pèlerinage qu'elle a fait au tombeau du P. Pro. La lettre est écrite de Mexico.

« J'ai deux fils. L'un ne voulait pas travailler depuis 15 ans et m'agaçait beaucoup. L'autre était en prison dont il était presque impossible de le faire sortir. Je suis allée au tombeau du P. Pro et je le priai pour mes deux fils. Je fis une neuvaine avec promesse de publier la faveur qu'il m'accorderait.

« Or, depuis cinq mois, celui qui ne voulait pas travailler est voyageur de commerce ; il prit sa décision sans un mot de ma part. Et l'autre qui était en prison, se présente l'autre jour à moi en disant qu'il ignore le protecteur qui a parlé pour lui, mais qu'on lui a donné son permis de sortie, sans avoir à se présenter de nouveau à la prison. Comment ne pas remercier Notre Seigneur, et ce grand saint Père Pro, puisque c'est par son intercession que j'ai obtenu ces miracles ! »




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