« PAGES DÉTACHÉES » par Benoît Quinet - 1877.

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Message  Roger Boivin Ven 01 Fév 2019, 4:21 pm


PAGES DÉTACHÉES  - par Benoît Quinet - 1877 :

https://archive.org/details/pagesdtaches00quin/page/n3





Pages Détachées. Odes Et Poèmes Par Benoit Quinet. Louvain Vanlinthout et Vandenzande. 1846. 87 pages gr. tn-8.

M. B. Quinet est depuis longtemps connu des amis de la poésie. En 1857, il publiait les Derniers moments de l'homme au masque de fer, poème dramatique, sujet difficile qui demandait une connaissance approfondie des passions du cœur humain et où l'auteur fit preuve d'un rare talent pour les exprimer. La voix d'une jeune âme parut en 1839 ; c'était un recueil de 16 pièces de poésies sur des matières variées, et si l'on retrouvait partout cette chaleur d'imagination, ce coloris si frais et si riche, celte versification facile et coulante, enfin presque toutes les qualités qui constituent le bien dire et qui ajoutent tant de charme et tant de force au bien penser, on remarquait déjà, comme caractère distinctif des œuvres du poète montois, la vérité et la générosité des sentimens, la grandeur et l'élévation des idées, une prédilection pour la peinture de toutes les affections si vraies et si pures de la famille, la sincérité et la solidité des croyances religieuses, aussi franchement avouées que profondément senties.

En 1842, M. Quinet fit paraître le Prisonnier mystérieux, qu'on pourrait appeler une 2e édition de l'Homme au masque de fer, si l'auteur n'y avait fait de notables changemens dans la mise en scène de ses personnages et dans leur rôle. La pensée fondamentale de celle composition paraissait plus que jamais dans tout son jour : le désespoir d'un innocent malheureux formait un thème qui permettait à l'auteur de présenter tous les argumens du Byronisme moderne, et de les combattre par les dogmes sublimes et les paternelles consolations de la foi chrétienne. Aussi, nous ne craignons pas de le dire, le caractère du Prêtre, seul et dernier appui du Prisonnier, a inspiré à l'auteur plus d'un tableau qu'on ne lira pas sans intérêt et sans plaisir, même quand l'on connaît la VIe et la IX journée du Jocelyn de M. De Lamartine et le Curé de Valneige de M. Désiré Carrière.

La Prière civique, élan généreux du patriotisme le plus pur, sorti du cœur d'un fidèle ami de la religion et de la liberté, fut publiée en 1844. La Société littéraire de l'Université catholique, dont M. B. Quinet est membre et à laquelle il avait destiné cette pièce, lui décerna une médaille-d'honneur et l'imprima dans le 3e volume de ses Mémoires. Nous passons sous silence plusieurs compositions insérées par M. Quinet dans divers journaux ou recueils périodiques, et nous arrivons aux Pages détachées.

Ce litre seul a sans doute déjà fait pressentir pourquoi nous avons commencé par passer en revue les œuvres principales du jeune poète, qui vient de donner lui-même un choix de ses poésies, en y ajoutant quelques pièces nouvelles. Nous sommes loin de lui en faire un reproche, et nous ne sommes pas de ceux qui attachent moins de prix aux anciens joyaux, parce qu'un nouveau joaillier en a perfectionné la monture. On ne tarde pas à s'apercevoir que le Prêtre au Spielberg et le Rêve sont tirés du Prisonnier mystérieux ; mais si l'auteur avait le droit de se copier lui-même, c'était certainement en celte circonstance, car il n'a jamais peut-être ni mieux dit, ni mieux pensé. Nous avons retrouvé aussi avec bonheur la pièce intitulée Ma mère, dont on ne saurait faire d'autre éloge sinon qu'elle contient les derniers adieux d'un bon fils à sa mère mourante, recueillis à son chevet par le poêle de la famille. Blanche, Une larme essuyée, Hermann et Marguerite se rattachent à ces chants du foyer qui font vibrer chez l'auteur une fibre privilégiée. Penserosa, Feu de paille, Résipiscence, Tristesse, appartiennent à ce genre qu'on est convenu d'appeler la poésie intime, genre dont notre siècle a fait tant d'abus ; mais ici, si l'auteur nous confie ses chagrins, il n'en fait un crime à personne : ses accens sont tristes et plaintifs, mais sans amertume ; s'il nous invite à partager sa gaîté, c'est dans des termes pleins de bonhomie et d'abandon, c'est par de naïves saillies, qui nous font mieux goûter les considérations sociales de l'ordre le plus élevé où son esprit se complaît. C'est toujours le chantre de la Prière civique qui s'est montré tout entier dans France, Conclamandum, la Royauté, et si quelques publicistes ont introduit la mode de refuser au poète l'intelligence des réalités de la vie et de prendre leurs meilleurs conseils pour de beaux rêves, on pourra s'assurer au besoin que ce préjugé est souvent injuste et que le poète ne nuit pas au penseur, quoiqu'ils ne forment pas invariablement une seule et même personne. Pour épuiser enfin la table du beau volume des Pages détachées, il nous reste à mentionner une jolie pièce adressée aux Dles Milanollo après un de leurs concerts à Louvain ; l'auréole de la gloire, leur disait l'auteur avec autant de grâce que de raison, ne sied qu'au front de la vertu.

Maintenant faudra-t-il, pour donner plus de poids à notre jugement et à nos éloges, prendre le ton de la critique, et dire que nous regrettons quelques longueurs, certaines redites, l'emploi trop fréquent de ces mots en tion dont la langue française est malheureusement trop riche et qui conviennent si peu à la poésie ? Faudra-t-il faire remarquer minutieusement un petit nombre de phrases peu châtiées et de constructions dures, enfin quelques taches qui déparent des pages irréprochables d'ailleurs ? et cela, parce que nous croyons qu'en poésie surtout le mieux doit être l'irréconciliable ennemi du bien ? nous ne le pensons pas. Le public belge a montré trop d'indifférence envers la poésie et même envers la poésie indigène pour qu'on lui donne, sans de graves motifs, une occasion de justifier le peu d'accueil qu'il fait à nos poètes, et l'homme est ainsi fait que, pendant qu'il s'arrête à considérer quelques défauts, il n'aperçoit plus de nombreuses et d'incontestables beautés. L'espace nous manque pour reproduire une pièce à l'appui de nos assertions, et nous ne doutons pas que nos lecteurs ne s'empressent de juger par eux-mêmes que nous n'avons pas été trop favorables à l'auteur. Si par hasard quelqu'un d'entre eux se prenait à se demander à quoi la poésie est utile, après nous être uni à lui pour demander à quoi servent tous ces vers musqués, ces fantaisies immorales ou frivoles dont certains écrivains sont si prodigues, si fiers, et certaines imaginations si avides, nous répondrions qu'il y a un avantage sérieux à lire et à répandre les saines traditions de piété, de dévouement et d'honneur ; nous ajouterions que l'art du poète leur donne une forme attrayante qui la grave à tout jamais dans la mémoire et que les poésies dont nous parlons sont de celles qui « portent aux idées graves, remuent doucement le cœur et aident à la prière. »

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Pages 398-399-400 de ce livre :

Revue catholique : recueil religieux, philosophique, scientifique, historique et littéraire - 1847 :


https://books.google.ca/books?id=w1wTAAAAQAAJ&pg=PA718&lpg=PA718&dq=pages+d%C3%A9tach%C3%A9es+par+BENOIT+QUINET&source=bl&ots=ETZG4NZGKa&sig=ACfU3U2o3NX6GLM-aIiiXcYakos6oJxfAw&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiMwrD4sZvgAhVDs1kKHbKEBdkQ6AEwCHoECAIQAQ#v=onepage&q=pages%20d%C3%A9tach%C3%A9es%20par%20BENOIT%20QUINET&f=false


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Message  Roger Boivin Ven 01 Fév 2019, 4:28 pm



DERNIERS MOMENTS DE L'HOMME AU MASQUE DE FER - Poème dramatique - Par Benoît Quinet - 1837 :

https://archive.org/details/derniersmomentsd00quinuoft/page/n5


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