L'HISTOIRE DES RELIGIONS

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Message  Roger Boivin Jeu 12 Avr 2018, 4:27 pm

J.-B. BORD
Docteur en Théologie et en Philosophie
Professeur de Dogme
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L'Apologétique par le Christ
AVIGNON
LIBRAIRIE AUBANEL FRÈRES, ÉDITEURS
IMPRIMERIE DE N. S. LE PAPE

Nihil obstat: 1a die junii 1923. Em. Ménard, censor deputatus.
Imprimatur : Vivarii, die 15a julii 1923. + Palus Nègre, Episc. Cybistrensis.
pageS 307 à 317 :



LIVRE V

La Personne du Christ
comparée aux fondateurs des autres religions

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SECTION I

Le Christ dans la Science des Religions

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CHAPITRE I

L'HISTOIRE DES RELIGIONS

Afin que nous ne soyons plus emportés
à tout vent de doctrine par l'astuce des
hommes pour induire en erreur.

(Ep. aux Ephésiens, IV, 14).

Le XIXe siècle a vu naître et se développer une science nouvelle, l'histoire comparée des religions, dont la diffusion a été très rapide 1. Aujourd'hui, la plupart des facultés ecclésiastiques ou laïques ont fondé une chaire où cette histoire est professée. En 1908, quelques membres du « groupe d'études et de propagande rationalistes » demandaient aux pouvoirs publics l'enseignement obligatoire de la science des religions dans tous les établissements scolaires, lycées, collèges et écoles primaires.

Comment cette science envisage-t-elle la personne du Christ ? Il semble que notre étude apologétique serait incomplète, si elle ne répondait à cette question et si elle ne démontrait la transcendance du Christ, considérée à ce point de vue qui est cher à la pensée moderne hostile à Dieu et à l'Église.

Les origines de l'histoire des religions sont antichrétiennes, avec le pasteur arménien Tiele 2de Hollande ; avec l'allemeand Max Müller 3, en Angleterre, dans les Indes et aux Etats-Unis ; avec Chantepie de la Saussaye 4, en Allemagne. Chez beaucoup d'auteurs, cette science a conservé son esprit initial d'opposition déclarée au Catholicisme. Elle leur paraît l'arme la plus redoutable destinée à triompher de la légende ancienne du caractère surnaturel reconnu à l'Église et à son fondateur. L'Orpheus de S. Reinach veut être « un tableau d'ensemble des religions, considérées comme des phénomènes naturels et non autrement 5. »

Tous les adversaires du christianisme pensaient que, dans le rayonnement de cette histoire comparée, les religions apparaîtraient « non comme des doctrines émanées d'une autorité surnaturelle devant laquelle on s'incline, mais comme des institutions humaines, comme des ensembles de pratiques et de conceptions inséparables de l'histoire de la civilisation, comme un chapitre de l'évolution des sociétés. »

Ces espoirs ont été déçus. Les fondements du Christianisme restent solides : ils n'ont pas été renversés par l'histoire des religions. Les travaux catholiques sur cette matière prouvent au contraire que l'histoire des religions confirme l'origine transcendante de l'Eglise 6. L'unité de leurs affirmations et de leurs conclusions contraste singulièrement avec l'incroyable variété des théories et hypothèses adverses. (Voir le récit des travaux du quatrième congrès international de l'histoire des religions, tenu à Oxford en 1908).

Après avoir ainsi rappelé brièvement l'importance surtout actuelle de l'histoire des religions et le désaccord incroyable des livres antichrétiens qu'elle a inspirés, parcourons à notre tour un long chapitre de cette histoire, étudions le Christ en le comparant avec les autres fondateurs des principales religions non-chrétiennes. Dans ce parallèle, la personne extraordinaire du Sauveur ne perd-elle point l'auréole apologétique que nous avons vue précédemment briller autour d'elle 7 ?

_____

1. Voir notions générales sur cette science dans les introductions de Christus (Huby) ou de Où en est l'Histoire des Religions (Bricout), ouvrage cités plus loin. - P. Léonce de Grandmaison, Les Mystères païens et le Mystère chrétien, dans les Etudes, t. CLXXIII,pp. 515-533, article sur l'ouvrage récent de Loisy qui porte le même titre.

2. Tiele, Histoire des Religions jusqu'à l'avènement des Religions universelles, 1876. Cet ouvrage hollandais a été traduit en français par M. Vernes, Manuel de l'Histoire des Religions, 1880.

3. M. MÜller, Chips from a german workshop ; Sacred books of East, Oxford, 1878-1905.

4. Chantepie de la Saussaye, Lehrbuch der Religionsgeschichte, Freiburg, 1905.

5. S. Reinach, Orpheus, Paris, 1909, préface, p. x.

6. Bricout, Où en est l'Histoire des Religions, 2 vol., Paris, 1910. (Voir surtout le second volume et la conclusion). - Huby, Christus, Paris, 1912. - Batiffol, Orpheus et l'Evangile, Paris, 1912. - P. Lagrange, Quelques Remarques sur Orpheus. - Pinard de la Boullaye, Etude comparée des Religions, Paris.

7. Bibliographie sur ce sujet : cf. Revue pratique d'apologétique, 15 août 1910, p. 748.

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Message  Roger Boivin Jeu 12 Avr 2018, 4:28 pm


CHAPITRE II

ÉTUDES COMPARÉE DES FONDATEURS DE RELIGIONS

Ne croyez pas à tout esprit ;
mais voyez par l'épreuve si les
esprits sont de Dieu.

(I Ep. S. Jean, IV, 1).

L'étude comparée des fondateurs de religions diffère de l'histoire des religions comme la partie diffère du tout. Fait digne de remarque : cette étude occupe une place insignifiante dans la science comparative des religions. De prime abord, cela surprend. Pourquoi se désintéresser ainsi de ces personnages, qui ont exercé une action plus ou moins profonde sur la vie morale de l'humanité ?

La dépréciation de leur influence religieuse est tout à fait conforme aux principes de la hiérographie rationaliste ou tendance rationaliste. Celle-ci accepte, comme des vérités incontestables, les hypothèses évolutionnistes ; elle les applique ensuite aux religions.  Suivant elle, toutes les formes historiques du sentiment religieux se succèdent dans une progression ascendante, sous l'impulsion des circonstances et des événements dont se composent les annales des peuples. Or qu'est-ce que la vie d'un homme, chef ou simple sujet, dans les phases multiples de cette longue évolution religieuse ? Qu'est-ce que la vie d'un animal ou d'une plante dans l'évolution des êtres vivants ? Et c'est pourquoi les historiens rationalistes des religions n'accordent qu'une attention secondaire aux personnalités les plus marquantes des sociétés religieuses qu'ils observent.

Ce procédé paraît illégitime. Il repose en effet sur l'évolutionnisme qu'une saine philosophie condamne au nom de la raison. Il est inconnu dans l'histoire politique, scientifique, littéraire ou artistique des peuples. Là, on insiste d'ordinaire sur les grands hommes, sur les savants éminents et les artistes de génie, qui ont fondé ou illustré les nations. Pourquoi vouloir écarter de la hiérographie cette méthode ? Est-ce que l'évolution qui régit toute l'activité de l'univers ne s'exerce pas dans la politique, la science et l'art, comme dans la religion ?

Peut-être le motif réel mais inavoué de cette divergence est-il que l'étude comparée des fondateurs de religions est très favorable au Christianisme, beaucoup plus, à certains égards, que la science elle-même des religions.

Les manifestations cultuelles extérieures offrent de nombreuses ressemblances frappantes dans les diverses religions. Les modes d'expression des pensées et des sentiments humains ne varient pas à l'infini ; par suite, les mêmes actes et les mêmes gestes sont reproduits dans bien des pays et par bien des peuples différents. Une constatation analogue s'impose par rapport à l'expression de la foi et du sentiment d'ordre religieux.

L'élément le plus important de toute religion comprend la doctrine et la vie intérieure. Il en soutient les éléments extérieurs plus ou moins superficiels. Cet élément est à la religion ce que l'âme est au composé humain. Quoique le plus parfait il est très souvent le moins étudié.

En examinant l'ensemble des phénomènes religieux externes, on note plusieurs similitudes entre le Christianisme et les autres religions. Un esprit léger sera facilement porté. à conclure de ces ressemblances accidentelles des religions à leur identité foncière et à leur égalité de valeur.

Ce danger est atténué dans l'histoire des fondateurs des religions. On connaît mieux ces personnages. Par suite, on est en mesure d'apprécier plus exactement leur vie, leur enseignement, leur caractère et leur action religieuse ; on peut pénétrer dans l'intimité de leur âme, dans ce sanctuaire secret où l'on découvre soit l'idole diabolique, soit le vrai Dieu qu'ils adorent. Le vulgaire ne distingue-t-il pas aisément le juste du méchant ? Ne montre-t-il pas dans celui-là l'homme qui plaît à Dieu et dans celui-ci l'ouvrier néfaste du démon ?

L'histoire comparée des fondateurs des religions doit étudier ces personnages avec une attentive impartialité, sans sacrifier en quelque sorte leur vie et leurs œuvres aux exigences de l'évolution qui les ignore ou les méconnaît 1. Elle compose leur biographie d'une manière aussi complète que possible. Elle ne cache rien de ce que les documents lui apprennent à leur sujet. Elle relate fidèlement leurs qualités, leurs défauts, leurs discours, leurs actes, même les plus extraordinaires, ne s'inquiétant que de l'authenticité de ce qu'elle raconte.

Ainsi l'histoire comparée des fondateurs de religions prépare à l'apologétique les matériaux qui lui serviront à prouver la transcendance ou la non0-trancendance de tel ou tel fondateur de religion, et, comme conséquence, l'origine divine ou purement humaine de la religion qu'il a instituée parmi ses semblables.

_____

1. « Le concept de l'évolution religieuse, écrit M. Loisy, n'est, à le bien considérer, qu'une hypothèse, une théorie propre à encadrer les données principales que fournit l'étude des religions. A ce titre, il peut offrir des avantages pour la classification des faits observés. mais on doit se garder de prendre le cadre abstrait pour la loi nécessaire et le programme infaillible de toute l'histoire religieuse, attendu que l'histoire ne montre pas une application continue de cette prétendue loi. » La Religion d'Israël, Paris, pp. 64, 65.

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Message  Roger Boivin Jeu 12 Avr 2018, 4:30 pm


CHAPITRE III

LE PROBLÈME CHRISTOLOGIQUE DANS LA SCIENCE DES RELIGIONS

Beaucoup viendront...
disant : Je suis le Christ.

(Matth., XXIV, 5).

Le problème christologique reste toujours et partout substantiellement identique. Jésus est-il vraiment envoyé de Dieu et Dieu ? Sa personne historique jouit-elle d'une transcendance authentique ?

Ce problème nous l'avons abordé directement dans la première partie de ce travail. L'existence du Christ, son histoire, ses paroles, sa résurrection sont faits garantis par des témoins sûrs. Ils peuvent être observés isolément. Ils ont une valeur apologétique intrinsèque.

Mais l'étude comparée des religions envisage le problème christologique sous une forme qui lui est propre. Jésus ne se confond-il pas avec quelqu'une des divinités antiques, comme Çakya-Mouni, Mithra, Osiris, etc. ? N'est-il pas la synthèse habile des légendes curieuses qui célèbrent ces héros imaginaires ? Sa physionomie, contemplée seule, paraissait idéale et divine ; comparée à celle des autres chefs de religions, son éclat s'évanouit, sa sublimité semble devenir commune. La lumière d'un flambeau qui éclaire la nuit attire vers elle tous les regards. Placée à côté de plusieurs autres qui lui ressemblent, elle passe inaperçue. « Le Christ serait-il donc déchu de sa transcendance, en sortant de sa solitude ? Voilà le problème christologique tel que le pose devant la pensée contemporaine la science des religions 1. »

Le rationalisme le résout par l'affirmative. Selon lui, la hiérographie nous dépeint un Christ qui se rapproche en tout des autres fondateurs de religions. S'il a une priorité sur eux, c'est uniquement celle du primus inter pares 2. S. Reinach représente Jésus paré de légendes ». Et il ajoute : « Les églises veulent que les légendes du Christianisme naissent soient de l'histoire pure ; ce serait le plus surprenant des miracles 3 », c'est-à-dire la plus grande des impossibilités.

M. Fillion analysant l'évolution de la critique rationaliste « dans ses attaques contre l'évangile et la vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ » depuis le milieu du XVIIIe siècle jusqu'à nos jours, observe que, dans sa phase contemporaine, elle (cette critique) emprunte ses armes de combat surtout à l'histoire des religions 4. Il est certain que beaucoup de libres-penseurs croient avoir découvert avec cette science le secret et le moyen efficace de reléguer le Christ parmi les divinités mensongères d'un olympe chrétien. Mais à cette espérance est réservée l'amère déception ménagée à tous ceux qui s'insurgent « contre le Seigneur et son Christ ».

Les historiens chrétiens des religions ne l'ignorent pas. Ils savent que la hiérographie ne modifie pas la solution traditionnelle du problème christologique. Elle lui apporte un solide appui. Cette science n'est pas nécessaire pour prouver la transcendance de Jésus ; mais elle contribue à la mettre en relief. En outre, il est bon d'en résumer les données essentielles pour fixer ou tranquilliser certains esprits, que ses conclusions pourraient égarer ou troubler.

D'après H. Krose 5, la population globale du monde est de 1.537 millions environ. Les religions qui comptent le plus d'adeptes sont le bouddhisme : 120 millions ; le confucianisme : 235 millions ; le mahométisme : 202 millions. Le Christianisme comprend 549 millions, dont 265 millions sont catholiques.

Il ne serait ni possible, ni utile de s'arrêter à tous les fondateurs de religions. Nous étudierons seulement les principaux personnages, que les nations non-chrétiennes vénèrent comme leur prophète éminent ou leur dieu.

Les chapitres suivants seront une biographie et une appréciation sommaire de Confucius, de Bouddha et de Mahomet, au point de vue religieux 2.


_____


1. A. Valentin, Jésus-Christ et l'étude comparée des Religions, paris, 1912, p. 9.

2. Premier parmi les appareils.

3. S. Reinach, Orpheus, p. 315.

4. Fillion, Les Etapes du rationalisme, Paris, 1911.

5. Krose, Die Wichligsten Religionsbekenntnisse sur Zeit der Iahrhundertwende, Freiburg-in-B., 1903, qui a revu les statistiques de Fournier de Flaise, de Scobel, etc.

6. Voir dans la Revue des Sciences philosophiques et théologiques, XIe année, no 3, juillet 1922, pp. 439 à 521, le Bulletin de Science des Religions, qui apprécie les derniers livres publiés sur ce sujet.

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Message  Roger Boivin Jeu 12 Avr 2018, 4:30 pm


SECTION II

Principaux Fondateurs des Religions non-chrétiennes :

https://messe.forumactif.org/t5263-principaux-fondateurs-des-religions-non-chretiennes


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