Abrégé de la vie de M. Olier.

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Message  Louis Lun 16 Jan 2017, 6:21 am

Abrégé de la vie de M. Olier. Vie_ab10
.Bonjour à tous,

Pour la source, cliquez sur l'image en haut à gauche.

Abrégé de la vie de M. Olier. M_olie11

TABLE DES MATIÈRES.

a) Approbation.
b) Préface. — Déclaration de l'Auteur.    

CHAPITRE 1era) Naissance de M. Olier. —b) Sa première éducation. —c) Son voyage à Lorette.    

CHAPITRE 2e a) Retour de M. Olier à Paris. — b) Sa vie toute apostolique. — c) La Mère Agnès lui apparaît. — d) Sa promotion à la Prêtrise et ses missions. — e) Entrevue avec la Mère Agnès à Langeac.

CHAPITRE 3e a) Le Père de Condren se charge de la direction de M. Olier. — b) Couvent de la Regripière. — c) Refus de la Coadjutorerie de Châlons.

CHAPITRE 4e a) Peines intérieures de M. Olier. — b) Mort du P. de Condren. — c) Essai d'un séminaire à Chartres. — d) Séminaire de Vaugirard.  

CHAPITRE 5e a) M. Olier est nommé Curé de St.-Sulpice. — b) Industrie de son zèle pour la réforme de la paroisse.

CHAPITRE 6e — Travaux de M. Olier pour la conversion des hérétiques, pour le soulagement des pauvres, pour le rétablissement du culte, et pour la réformation des mœurs.

CHAPITRE 7e — Établissement du Séminaire et de la Compagnie de St.-Sulpice au milieu des persécutions.

CHAPITRE 8e a) Construction du Séminaire de St. Sulpice. — b) Esprit du Séminaire. — c) M. Olier soumet aux Évêques les Constitutions de sa compagnie. — d) Son zèle pour les missions étrangères et pour la conversion de l'Angleterre.  

CHAPITRE 9e a) Zèle de M. Olier pour le Canada. — b) Sa rencontre avec M. de la Dauversière. — c) Société de Montréal. — d) Départ des nouveaux colons.

CHAPITRE 10e a) Les colons de Ville-Marie se fortifient contre les sauvages. — b) M. Olier se charge de la mission de Montréal. — c) Mort de M. LeMaitre et de M. Vignal.— d) La Société de Montréal substitue à sa place les prêtres du Séminaire de St. Sulpice.

CHAPITRE 11e a) Dernières années de M. Olier. — b) Ses diverses maladies.— c) Sa mort.

CHAPITRE 12e — Vertus de M. Olier :

Article 1er — Sa Foi.
Art. 2e — Son Espérance.
Art. 3e — Sa Charité envers Dieu.
Art. 4e — Sa Charité pour le prochain.
Art. 5e — Sa Religion.
Art. 6e — Sa Dévotion envers la T. S. V.
Art. 7e — Son Zèle.
Art. 8e— Son Humilité.

CHAPITRE 13e—Guérisons obtenues par l'intercession de M. Olier :

Art. 1er— Guérisons opérées en France.
Art. 2e — Guérisons opérées à Montréal.

Bonne lecture à tous.

Bien à vous.


Dernière édition par Louis le Mar 18 Avr 2017, 6:28 am, édité 57 fois

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Message  Louis Lun 16 Jan 2017, 6:24 am


APPROBATION.

IGNACE BOURGET,  PAR LA GRÂCE DE DIEU ET DU SIÈGE
APOSTOLIQUE, ÉVÊQUE DE MONTRÉAL, ETC.

Nous avons vu l'Abrégé de la Vie de M. Olier, et Nous lui donnons toute notre approbation. Déjà cette vie mérita, en 1847, les justes éloges de Mgr. J. G. Prince, alors coadjuteur et administrateur de ce diocèse. Le motif de cette approbation était inspiré par le sentiment d'une vive reconnaissance pour les grâces singulières qui avaient été obtenues par l'intercession de ce grand serviteur de Dieu. Aussi, cette Vie du pieux Fondateur de la Compagnie de St.-Sulpice fut-elle accueillie par les fidèles avec un saint enthousiasme et lue avec avidité.

Il s'est fait de cette intéressante Vie une nouvelle édition, qui a été corrigée et augmentée principalement du chapitre des Vertus du serviteur de Dieu ; et c'est cette édition que Nous approuvons et recommandons à tous les fidèles de notre diocèse. Le motif qui Nous anime est le désir de contribuer, autant qu'il est en Nous, à la gloire du saint homme qui, de son vivant, s'est si généreusement dévoué aux intérêts de ce pays, alors sauvage, et qui, depuis sa mort, a fait éclater son puissant crédit auprès de Dieu, en faveur de ceux de ses habitants qui ont eu recours, avec foi, à son intercession.

Car il s'agit maintenant de lui procurer les honneurs de l'Autel, en travaillant au procès de sa béatification. Or, Nous croyons qu'un des moyens d'obtenir un plein succès, dans cette sainte entreprise, est d'exciter la dévotion des fidèles envers ce fidèle serviteur de Notre-Seigneur et de sa glorieuse Mère ; et qu'il faut pour cela répandre de plus en plus la connaissance de ses saintes actions et de ses héroïques vertus.

Nous exhortons donc toutes les saintes âmes à nourrir leur piété de la lecture d'une vie si intéressante, et à recourir, avec confiance, à l'intercession de ce saint prêtre, qui déjà si souvent s'est plu à faire éclater, en notre faveur, le puissant crédit dont il jouit auprès de Dieu. La reconnaissance que nous lui devons pour tant de bienfaits, doit nous porter tous à demander avec instance au Seigneur de vouloir bien glorifier encore plus son serviteur. Car il est toujours admirable dans ses Saints et Saint dans toutes ses Œuvres. Quelle gloire, d'ailleurs, pour notre religieux pays, s'il pouvait contribuer en quelque chose à la béatification et canonisation d'un Saint, pour pouvoir en faire ensuite solennellement la fête !

Donné à Montréal, sous notre seing et sceau et le contreseing de notre secrétaire, le vingt-six juin mil huit cent soixante-dix.


+ IG., Ev. DE MONTRÉAL.

Par Monseigneur,

J. O. PARÉ, Chan. Secrétaire.

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Message  Louis Mar 17 Jan 2017, 7:04 am

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PRÉFACE.

En publiant cette nouvelle Vie de M. Olier, nous nous proposons de faire mieux connaître ce digne prêtre, qui fut le principal fondateur de la colonie de Montréal. Il semble, d'ailleurs, que le temps est venu où Dieu veut révéler le mérite de son serviteur et faire éclater sa gloire. On s'occupe, en effet, depuis quelque temps, d'introduire la cause de sa béatification et canonisation ; et c'est dans ce dessein que Mgr. l'Evêque de Montréal a construit, il y a quelques mois, un procès informatif, dont le but était de constater la renommée de sainteté, les vertus et les miracles opérés par M. Olier, spécialement dans ce diocèse. Il s'est tenu à cette fin bien des séances, toutes présidées par Sa Grandeur, où l'on a recueilli avec soin les dépositions faites par plusieurs témoins sur les faits extraordinaires attribués à l'intercession de M. Olier. Le procès-verbal de ces séances forme un dossier très-considérable, lequel, scellé du sceau de l'Evêché de Montréal, a été porté à Rome par Mgr. l'Evêque de Burlington, et remis à la Congrégation des Rites. De semblables procédures se font actuellement à Paris, et auront, sans doute, pour résultat de contribuer à glorifier un homme à qui l'ancien-monde et le nouveau sont redevables de tant de belles institutions.

Ces circonstances sont le principal motif qui nous a porté à donner au public cet abrégé de sa vie, qui, du reste, n'est guère que la reproduction de la petite Vie, imprimée à Montréal en 1847, laquelle est présentement épuisée ; nous l'avons seulement un peu modifiée, pour la rendre plus intéressante et plus agréable au lecteur ; nous y avons surtout ajouté un petit traité des Vertus, pour mieux faire connaître l'âme de ce digne Pasteur, et pour procurer plus sûrement le bien spirituel des fidèles. Fasse le ciel que ce petit travail soit utile à la gloire de Dieu, à celle de son serviteur et à l'édification des âmes pieuses

DÉCLARATION DE L'AUTEUR.

Si, dans cette Vie, nous donnons à M. Olier, ou à d'autres personnages, le titre de saint, nous déclarons que c'est uniquement pour nous conformer à l'usage reçu parmi les fidèles, qui donnent quelquefois ce titre aux personnes d'une piété universellement reconnue ; et qu'en cela nous n'avons prétendu, en aucune manière, prévenir le jugement du St. Siège, à qui nous serons toujours heureux de soumettre nos-sentiments, nos écrits et notre personne.

A suivre : Chapitre I.

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Message  Louis Mer 18 Jan 2017, 6:37 am

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CHAPITRE I

Naissance de M. Olier.

M. Olier, d'une famille illustre dans la haute magistrature et la guerre, eut pour père Jacques Olier de Verneuil, membre du Parlement de Paris et secrétaire de Henri IV, et pour mère Marie Dolu d'Ivoi. Il naquit à Paris, un samedi, 20 septembre 1608, et fut baptisé le même jour, dans l'église de Saint-Paul, paroisse de ses parents, où il reçut le nom de Jean, auquel plus tard il ajouta celui de Jacques. Peu après son baptême, on le porta au faubourg Saint-Germain, pour être nourri sur cette paroisse même de Saint-Sulpice dont il devait devenir un jour le pasteur. Ce fut là que, tout petit enfant, il donna les premiers indices de sa vocation à l'état ecclésiastique, et de cette religion profonde qui parut en lui avec tant d'éclat dans la suite. Nous lisons de saint Thomas d'Aquin, que l'unique moyen d'arrêter ses pleurs dans son enfance était de lui mettre quelque livre entre les mains ; il suffisait aussi de porter le jeune Olier à l'église pour faire cesser ses larmes et ses cris.

Dieu lui inspira dès ses premiers ans une si haute idée du sacrifice de la messe et de la sainteté des prêtres chargés de l'offrir, qu'il s'étonnait et s'affligeait de les voir quelquefois, pendant cette action divine, cracher ou tourner la tête.

Dès lors aussi il se fit remarquer par une grande dévotion envers la Mère de Dieu. Tout ce qui lui rappelait son souvenir excitait sa joie ou sa reconnaissance. Il l'invoquait avec beaucoup d'affection et de confiance pour le succès de ses études, et comptait beaucoup plus sur sa protection que sur ses talents naturels pourtant très-distingués. Sa piété envers cette douce Mère des chrétiens allait jusqu'à ne rien entreprendre sans l'avoir priée auparavant de le lui commander ; jusqu'à lui offrir les prémices de tout ce qu'on lui donnait.

" Je n'ai jamais osé, dit-il lui-même dans ses mémoires, qu'il composa par  ordre de son confesseur, je n'ai jamais osé me servir d'aucun vêtement, sans lui en consacrer le premier usage, en m'allant présenter à elle, à Notre-Dame (église cathédrale de Paris), avec mes nouveaux habits, la priant de ne pas souffrir que, pendant qu'ils seraient à mon usage, j'eusse le malheur d'offenser jamais son Fils." S'il manquait quelquefois à cette pratique, il ne tardait pas à en être puni. Ses religieux parents avaient sans doute beaucoup contribué à lui inspirer de si belles dispositions.

Vers l'âge de huit ans…

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Message  Louis Jeu 19 Jan 2017, 8:16 am

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CHAPITRE I

Sa première éducation.

Vers l'âge de huit ans, ils le mirent au collège, et le consacrèrent à Dieu dans l'état ecclésiastique, auquel ils l'avaient toujours cru appelé. Mais la vivacité de son naturel se développant, avec l'âge, jusqu'à la violence et à l'emportement, ils commencèrent à douter de sa vocation.

" Au rapport de ma mère, dit-il lui-même, mille et mille fois j'aurais dû périr sans le secours particulier de Dieu, à cause d'une humeur violente et bouillante qui m'empêchait de regarder où je marchais ni où j'allais, si bien que souvent je roulais du haut des montées, je me blessais, je me heurtais à tous moments."

Il raconte lui-même un trait singulier de son étourderie. " Etant écolier, dit-il, je jouais un jour avec un oiseau qui s'échappa de mes mains et s'envola sur les toits. Aussitôt, ayant récité mon Angele Dei (la prière Ange de Dieu) et fait le signe de la croix, je sautai sur le toit voisin avec tant de hardiesse que, quand j'y pense, je frémis encore ; car je sautai d'une fenêtre qui était au troisième étage, sur un toit plus élevé que la fenêtre même. Dieu me fasse la grâce d'exposer un jour ma vie aussi librement pour son service, que je le fis alors pour mon plaisir."

Les craintes de ses parents par rapport à sa vocation devenaient de plus en plus sérieuses, à mesure qu'il avançait en âge, et ils pensaient même à lui faire abandonner l'état ecclésiastique, lorsqu'une circonstance, heureusement ménagée par la Providence, les fixa définitivement dans leur première résolution.

Saint François de Sales, qui allait quelquefois à Lyon, s'était lié d'une étroite amitié avec le père du jeune Olier, nommé depuis peu intendant de cette ville. Madame Olier résolut de consulter sur la vocation de son fils, un personnage si éclairé et si vénérable. Le saint évêque, après avoir recommandé l'affaire à Dieu pendant plusieurs jours, rassura pleinement, sur l'avenir de son fils, cette mère désolée. Comme elle lui présentait un jour trois de ses enfants, et qu'elle se plaignait fort de la conduite de Jean-Jacques, le pieux évêque-lui dit avec beaucoup d'assurance et de bonté : Hé, madame, un peu de patience, et ne vous affligez pas ; car Dieu prépare, en la personne de ce bon enfant, un grand serviteur en son Eglise : et, ayant mis les mains sur la tête de l'enfant, il l'embrassa fort tendrement et lui donna sa bénédiction.

Bien plus, il pria madame Olier de lui confier son fils, pour qu'il le formât lui-même aux vertus et à la science ecclésiastique. Mais déjà ce grand serviteur de Dieu touchait à la fin de son existence ici-bas, et sa mort, qui arriva peu de jours après, fit succéder les regrets les plus amers à de très-douces espérances. La seule consolation que M. et madame Olier purent goûter, fut de lui présenter encore leur fils qu'il bénit pour la dernière fois. M. Olier conserva toujours pour ce saint évêque une tendresse toute filiale et une ferme confiance en sa puissante protection, et il avait coutume dans la suite de l'appeler son père.

Déjà il avait atteint sa quatorzième année...

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Message  Louis Ven 20 Jan 2017, 6:39 am

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CHAPITRE I

Sa première éducation.

(suite)

Déjà il avait atteint sa quatorzième année. Son naturel bouillant et son tempérament sanguin devaient l'exposer plus que beaucoup d'autres aux dangers et aux surprises de cet âge. Mais sans doute que Saint François de Sales, comme un ange tutélaire, veillait sur tous ses pas ; car il lui fut comme impossible de contracter jamais l'habitude du vice.

" Je n'ai jamais, dit-il, rien pu apprendre que par grâce, et dans le temps que j'étais en grâce, selon qu'il me semblait. Etant au collège, dès que j'avais commis un péché, j'avais l'entendement tout bouché et tout aveuglé, si bien qu'il me fallait aussitôt aller à confesse. Le plus grand étonnement que j'eusse en ces temps-là était de voir des gens dans le péché, qui néanmoins étaient savants."
Par ces châtiments sensibles et si propres à faire impression sur l'esprit d'un écolier, Dieu voulait lui inspirer un grand amour pour la vertu, qui fait le plus bel ornement de la jeunesse ; et, dans une circonstance périlleuse, il daigna récompenser d'une manière extraordinaire ses généreux efforts. M. Olier lui-même raconte ainsi le fait :

" Un jour, à l'âge de quinze ans, je traversai un bras de rivière à la nage; ce qui me mit hors d'haleine. Au moment d'aborder sur le rivage, j'y aperçus quelques personnes qui me voyaient, et n'osant paraître devant elles  dans un état qui eût blessé la pudeur, je voulus repasser à l'autre bord sans prendre haleine ; mais n'étant encore qu'au milieu, et déjà n'en pouvant plus, je commençais à enfoncer, lorsque je rencontrai un pieu caché dans l'eau ; je m'y appuyai d'un pied, ce qui me sauva du danger."

Vers ce même temps, il éprouva de vifs désirs d'embrasser la vie religieuse. Son attrait le portait à entrer dans l'ordre des Chartreux, et souvent il visitait la Chartreuse de Lyon, en grande réputation de ferveur. Il conserva toujours pour ces pieux asiles une affection particulière.

Peu après, M. Olier père fut promu à la charge de Conseiller d'Etat. Il ramena alors ses enfants à Paris, et ce fut dans l'Université de cette grande ville que celui dont nous écrivons la vie acheva ses études. Il obtint, sous de très-habiles maîtres, les plus brillants succès, et à la fin de son cours, il soutint, avec des applaudissements universels, un acte public, en latin et en grec, sur toute la philosophie. Après sa sortie du collège, il étudia en Sorbonne, où il réussit avec non moins de bonheur.

Flattés de ses succès, ses parents, qui joignaient à un fond de religion beaucoup d'idées mondaines, s'empressèrent de lui donner tous les moyens de parvenir aux honneurs. Ils lui procurèrent plusieurs riches bénéfices, lui donnèrent un train magnifique, et réussirent si bien à lui faire aimer le monde, que, bientôt effrayés eux-mêmes des dangers qu'il courait, ils se repentirent vivement de leur funeste imprudence. Sa mère se mit à prier pour sa conversion avec des larmes abondantes. Plusieurs saintes âmes faisaient aussi pour lui de ferventes supplications. Mais sans contredit, celle dont les vœux lui furent alors le plus salutaires, fut une pieuse femme, de condition obscure, mais grandement favorisée de Dieu : elle s'appelait Marie Rousseau, et nous aurons souvent occasion d'en parler dans la suite.

" Je reconnais, dit M. Olier, être redevable de ma première conversion à cette sainte âme ; et Dieu m'a obligé plus d'une fois, devant que de la connaître, de dire tout haut à nos Messieurs : Il y a quelque personne qui est la cause de ma conversion. Je commençai de naître à Dieu, par désir et par affection légère, sans pourtant quitter tout-à-fait le péché. J'avais peine à aimer le monde, et ne pouvais y trouver de divertissement véritable ; mais toutefois je retombais toujours, malgré tous les attraits de Dieu et ses sollicitations perpétuelles."

Il était dans ces dispositions lorsqu'il résolut, à l'âge de vingt ans et demi, de faire le voyage d'Italie…

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Message  Louis Sam 21 Jan 2017, 6:48 am

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CHAPITRE I

Son voyage à Lorette.

Il était dans ces dispositions lorsqu'il résolut, à l'âge de vingt ans et demi, de faire le voyage d'Italie, pour se perfectionner dans les sciences, surtout dans la connaissance de l'hébreu ; mais Dieu avait sur lui d'autres desseins. En arrivant à Rome, il éprouva un grand affaiblissement de la vue, qui l'obligea de renoncer à l'étude. Le mal augmentait chaque jour ; M. Olier, ne trouvant aucun soulagement dans les secours de l'art, fit vœu d'aller en pèlerinage à la célèbre chapelle de Lorette. Il se mit en chemin vers la fin du mois de mai 1630, au fort des chaleurs du pays. Il se couvrit d'un habit d'hiver, par esprit de pénitence, et commença son pèlerinage à pied. Ses entretiens avec Dieu et avec la Sainte Vierge le soutenaient et le soulageaient au point de lui faire oublier la fatigue du corps.

Mais, lorsqu'il ne lui restait plus qu'une journée de chemin à faire pour arriver au terme de ce voyage de cinquante lieues, il fut attaqué d'une fièvre violente qui le contraignit de s'arrêter. Délivré d'un premier accès, il se remit en marche, se traînant pour ainsi dire sur la route. Cependant, plus il approchait du saint lieu, plus il goûtait de consolations intérieures ; et, dès qu'il aperçut de loin l'église de Lorette, il éprouva tout ce que l'amour de Dieu peut exciter de plus vives émotions.

" Je sentis alors mon cœur, dit-il, comme blessé d'un coup de flèche, ce qui me remplit tout du saint amour de la Mère de Dieu."

Il ne voulut pas, ce jour-là, entrer dans la sainte chapelle, parce qu'il n'avait pas été à confesse : il se contenta de demeurer prosterné dans la grande église qui l'entoure, et y passa la nuit en prières, répandant un torrent de larmes que faisaient couler le repentir et l'amour divin.

"Je fus tellement attendri par les caresses de la très-sainte Vierge, dit-il, et je ressentis des secours si puissants, qu'il fallut me rendre à mon Sauveur qui me poursuivait depuis un si long temps ; je demandai avec instances à la très-sainte Vierge qu'elle m'obtint la mort, quand elle prévoirait que je devrais tomber dans mes péchés passés, dans lesquels, grâce à Dieu, je ne suis plus retombé depuis. Mon Dieu ! qu'ils sont utiles aux pécheurs les lieux dédiés à la dévotion de la très-sainte Vierge !(Note de Louis: Ne pas oublier que nous sommes au XVIIe) Ce fut le coup le plus puissant de ma conversion ; et, comme cette admirable princesse fait plus de bien qu'on n'en demande, au lieu de la guérison des yeux du corps que je lui demandais, elle me donna celle des yeux de l'âme qui m’était  bien plus nécessaire."

Les grâces extraordinaires dont M. Olier fut favorisé dans l'église de Lorette firent de lui un homme nouveau ; et, après ce voyage, il n'était plus reconnaissable. Parmi les transports de sa reconnaissance, il retourna à Rome, marchant encore à pied, parfaitement guéri de son mal d'yeux et de la fièvre, et s'occupant dans le chemin des miséricordes de Dieu et des grandeurs de son aimable bienfaitrice.
A suivre : Chapitre II.

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Message  Louis Dim 22 Jan 2017, 6:39 am

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CHAPITRE II

Retour de M. Olier à Paris.

Bien résolu à rompre tout commerce avec le monde, M. Olier pensait plus que jamais à embrasser la vie religieuse. Cependant, encore incertain de sa vocation, il se décida à retourner à Paris où sa mère le rappelait avec de vives instances, car elle venait de perdre son mari. Pleine d'une tendresse ambitieuse pour ses enfants, madame Olier ne songeait qu'à les pousser dans la carrière des honneurs. Elle obtint pour Jean-Jacques la place d'aumônier du Roi, mais elle eut le chagrin de la lui voir refuser. Rentré dans sa famille, M. Olier ne crut pas devoir se montrer tout d'abord tel qu'il était en effet.   Mais le jour de Noël, environ neuf mois après sa conversion, ayant fait une confession générale, il résolut de manifester au dehors ce que jusque-là il avait tenu caché au dedans.

Dès lors il commença à faire profession d'une vie toute apostolique…

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Message  Louis Lun 23 Jan 2017, 4:51 am

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CHAPITRE II

Sa vie toute apostolique.

Dès lors il commença à faire profession d'une vie toute apostolique, et à mépriser les faux jugements du monde, pour embrasser la sainte folie de la croix. Destiné de Dieu, sans le savoir encore, à régénérer le clergé de France, il lui fallait pratiquer au plus haut degré les vertus évangéliques ; aussi la grâce lui en donna-t-elle de puissants attraits qu'il suivit toujours fidèlement. Pour imiter même extérieurement son divin maître, il se mit à évangéliser, à consoler et à soulager les pauvres. Il s'éloigna tout-à-fait de la compagnie des grands, pour se confondre avec les gens du bas peuple. Toutes les fois qu'il rencontrait des pauvres dans les rues de Paris, il les abordait avec bonté, et les conduisait dans sa maison pour les instruire. Ceux qui étaient le plus mal vêtus lui semblaient avoir droit à une plus grande tendresse ; il les recherchait à dessein et leur témoignait une vive affection. Les ayant ainsi réunis, il les catéchisait, les préparait à faire des confessions générales, et les envoyait ensuite à un confesseur dévoué, qui était de ses amis ; leur faisant auparavant des aumônes proportionnées à leurs besoins. Non content de traiter ainsi ceux qui voulaient le suivre à la maison de sa mère, M. Olier s'arrêtait dans les rues pour instruire les mendiants qu'il rencontrait.

Bientôt, comme on devait s'y attendre, ses amis et ses proches murmurèrent et se plaignirent même bien haut. On lui prodigua les reproches et les outrages. Sa mère, plus irritée que les autres, lui faisait toute sorte de mauvais traitements. Pour se consoler des procédés rigoureux de ses parents, le pieux serviteur de Marie allait à Notre-Dame, et, se prosternant devant la statue de la très-sainte Vierge, il lui disait : " Je vous prends pour ma mère, puisque-la mienne me rebute." Une de ses parentes, ayant quitté le monde pour entrer chez les Carmélites, lui avait laissé de précieux joyaux. Il s'en servit pour faire divers présents à Notre-Dame, comme il nous l'apprend lui-même, sa coutume étant de se dépouiller de ce qu'il avait de plus précieux, pour orner les églises et les autels de la Mère de Dieu.

La persécution domestique n'était pas la seule qu'eut à essuyer le serviteur de Dieu. Il n'était pas rare d'entendre des personnes du monde le traiter d'homme simple qui avait perdu l'esprit ; mais ni ces discours, ni d'autres plus injurieux encore, ne purent ébranler sa résolution. Il porta même en ce temps-là la générosité beaucoup plus loin qu'auparavant. Ce ne lui était pas assez de faire publiquement le catéchisme aux pauvres, il s'humiliait encore jusqu'à baiser leurs plaies les plus horribles. Une personne qui l'accompagnait compta jusqu'à seize occasions différentes où elle le vit baiser ainsi des ulcères infects et dégoûtants à voir. Mais son confesseur lui ayant, dans la suite, défendu de donner au public des exemples si étonnants de mortification et d'humilité, M. Olier s'abstint dès ce moment de baiser les plaies des pauvres qu'il rencontrait, mais il ne laissait pas alors de les baiser en esprit, " sentant, disait-il, son cœur porté par l'esprit de Notre-Seigneur jusqu'à la plaie, avec grande  tendresse."

Quelque sainte que fut la vie que menait M. Olier…

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Message  Louis Mar 24 Jan 2017, 6:59 am

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CHAPITRE II

Sa vie toute apostolique.

(suite)

Quelque sainte que fut la vie que menait M. Olier, elle ne l'était point encore assez, eu égard à la sublime vocation que la Providence lui préparait. C'est pourquoi Dieu, qui veut nous sauver les uns par les autres, pour rendre plus parfaite la charité qui doit unir entre eux tous ses enfants, inspira à une sainte âme consommée en son amour de prier pour l'entière sanctification de son serviteur. C'était la mère Agnès de Jésus, en singulière vénération dans toutes les provinces voisines de son monastère, et dont le Saint-Siège a déclaré depuis, par un décret solennel, qu'elle a pratiqué toutes les vertus dans un degré héroïque. Dévorée de zèle, elle ne cessait de demander la réformation du clergé et la conversion des pauvres habitants des campagnes.

Un jour qu'elle conjurait le Seigneur avec larmes de la tirer du monde, Jésus-Christ lui dit : Tu m'es encore nécessaire pour la sanctification d'une âme qui doit servir à ma gloire : et, peu de temps après, la sainte Vierge, lui apparaissant toute revêtue de gloire, lui fit entendre ces paroles, qui furent le développement des précédentes: Prie mon Fils pour l'abbé de Pébrac. Cet abbé était M. Olier. La mère Agnès ne le connaissait pas alors et n'en avait jamais entendu parler. A peine eut-elle reçu ce commandement, qu'elle se mit à l'œuvre avec une ardeur non pareille. Durant trois années entières, elle répandit devant le Seigneur ses prières et ses larmes, et se condamna à de si rudes pénitences, qu'elle ensanglantait par ses disciplines les murs de sa cellule.

Sans avoir connaissance des prières que faisait pour lui la mère Agnès, M. Olier en éprouva les effets dans l'insigne faveur que Dieu lui fit, en le fixant sur sa vocation, à la suite de plusieurs pèlerinages entrepris en l'honneur de la très-sainte Vierge, au mois de novembre 1632. L'attrait qui le portait à embrasser la vie religieuse cessa tout-à-coup, par une opération sensible de la grâce, et il ne songea plus dès ce moment qu'à se disposer à recevoir les saints ordres. Il s'y prépara sous la conduite de saint Vincent de Paul, fondateur des Prêtres de la Mission.

Ordonné sous-diacre, il témoigna un grand zèle pour aller travailler dans les campagnes au salut des âmes. Saint Vincent de Paul lui ayant permis de s'adjoindre à ses prêtres, il prêchait et catéchisait les pauvres avec une ardeur infatigable et une charité pleine de tendresse et d'humilité. Il procura à ses dépens le bienfait de la mission à plusieurs paroisses des environs de Paris. Après toute une année passée dans ce saint ministère, M. Olier se retira de nouveau près de saint Vincent de Paul pour se disposer prochainement à recevoir le sacerdoce.

Ses frayeurs et ses alarmes étaient grandes à la vue de l'incomparable dignité de cet état tout divin ; cependant, un mot de son saint directeur suffit pour dissiper les craintes de cette âme simple et docile comme celle d'un enfant. Il reçut la prêtrise le 21 mars de l'année 1633, et voulut consacrer trois mois entiers à se préparer à célébrer sa première messe. Il eut le bonheur de la dire le 24 juin, fête de saint Jean-Baptiste.

Devenu prêtre, le serviteur de Dieu résolut d'aller évangéliser les paroisses de l'Auvergne, dépendantes de son abbaye de Pébrac. Il s'associa plusieurs de ses amis animés comme lui de l'esprit apostolique. Mais avant son départ, il voulut faire, sous la direction de saint Vincent de Paul, une retraite de dix jours. Ce fut dans le calme et la solitude de ces pieux exercices qu'il reçut du ciel une faveur extraordinaire….

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Message  Louis Mer 25 Jan 2017, 6:12 am

CHAPITRE II

La Mère Agnès lui apparaît.

Ce fut dans le calme et la solitude de ces pieux exercices qu'il reçut du ciel une faveur extraordinaire.

La mère Agnès de Langeac, dont nous avons parlé plus haut, et que M. Olier ne connaissait pas encore, lui apparut corporellement, et voici comment M. Olier raconte lui-même cette apparition qui a été déclarée un fait indubitable dans les procédures concernant la canonisation de la Mère Agnès :

"Un jour, étant en la retraite où je me disposais à entreprendre le premier voyage de la mission d'Auvergne, j'étais dans ma chambre en oraison, lorsque je vis celte sainte âme venir à moi avec une grande majesté : elle tenait d'une main un crucifix, et un chapelet de l'autre : son ange gardien, parfaitement beau, portait l'extrémité de son manteau, et de l'autre main un mouchoir pour recevoir les larmes dont elle était baignée. Me montrant un visage pénitent et affligé, elle me dit ces paroles : Je pleure pour toi, ce qui me donna beaucoup au cœur et me remplit d'une douce tristesse ; durant ce temps, je me tenais en esprit à genoux devant elle, quoique je fusse effectivement assis... Je crus sur l'heure que c'était la sainte Vierge, à cause de la sainte gravité et de la douce majesté avec lesquelles elle m'apparut et à cause de l'ange qui lui rendait les mêmes offices qu'un serviteur rend à sa dame. D'ailleurs, je ne sentais, en ce temps-là, que la dévotion à la très-sainte Vierge."

Une seconde apparition fit comprendre à M. Olier que cette personne n'était pas la sainte Vierge, mais une religieuse de l'ordre de saint Dominique encore vivante. Il lui resta dès-lors un grand désir de découvrir le monastère où elle se trouvait, et de faire sa connaissance ; mais, comme tout était prêt pour son voyage de Pébrac, il ne voulut pas différer davantage et partit incontinent après sa retraite, avec les compagnons qu'il s'était associés.

Arrivés à Pébrac, les ouvriers apostoliques…

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Message  Louis Jeu 26 Jan 2017, 6:51 am

CHAPITRE II

Sa promotion à la Prêtrise et ses missions.

Arrivés à Pébrac, les ouvriers apostoliques y déployèrent aussitôt leur zèle avec de très-grandes bénédictions.

Dans les montagnes, comme à Paris, M. Olier fit éclater son amour de prédilection pour les pauvres. Il les rassemblait, comme un père eût rassemblé ses enfants, les servait de ses propres mains, tête nue, et se nourrissait de leurs restes. Après le repas, il allait visiter tous ceux à qui il pouvait être utile, les consolant, les exhortant et gagnant ainsi, par sa douceur, ceux qui ne s'étaient point rendus à la force de ses paroles. Enfin, après les fatigues de la journée, souvent il passait une partie considérable des nuits en prières.

Dès que les exercices de la mission lui laissèrent quelque loisir, il prit la route de Langeac, ville peu éloignée de son abbaye, pour voir la mère Agnès, dont il entendait publier partout les grandes vertus. Dès la première entrevue, M. Olier,…

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Message  Louis Ven 27 Jan 2017, 5:12 am

CHAPITRE II

Entrevue avec la Mère Agnès à Langeac.

Dès la première entrevue, M. Olier, frappé d'étonnement, lui dit aussitôt : Ma mère, je vous ai vue ailleurs.Cela est vrai, répartit Agnès, vous m'avez vue deux fois à Paris, où je vous ai apparu dans votre retraite à Saint-Lazare, parce que j'avais reçu de la sainte Vierge l'ordre de prier pour votre conversion, Dieu vous ayant destiné à jeter les premiers fondements des séminaires du royaume de France.

Il serait difficile de représenter l'abondance des consolations célestes dont l'un et l'autre furent inondés. M. Olier, apprenant de la bouche de la mère Agnès les destinées qu'il devait remplir dans l'Eglise, en demeura tout confondu ; et, sachant qu'il était depuis trois ans l'objet de tant de larmes et d'austérités, il ne mit aucune borne à sa reconnaissance envers elle. Agnès de son côté, au comble de ses vœux, répandît en actions de grâces les larmes les plus douces, et sentit naître dans son cœur toute l'affection d'une mère pour M. Olier, travaillant avec un zèle admirable à perfectionner l'ouvrage qu'elle avait commencé depuis plusieurs années par des austérités et des ferventes prières.

M. Olier revint ensuite aux peuples de la campagne, qui recevaient avec une avidité toujours plus insatiable la grâce du salut. Le succès étonnant de toutes ses missions, dans les diocèses de Saint-Flour et du Puy, fut une source de consolation pour lui et pour la mère Agnès.

Témoin de la prodigieuse ardeur de son disciple à s'avancer dans les voies les plus élevées de la perfection, et des progrès merveilleux qu'il y faisait chaque jour, Agnès se sentit portée à le prendre pour directeur. Mais elle ne put jouir longtemps des avantages qu'elle retirait déjà de sa conduite. M. Olier se vit bientôt dans la nécessité de retourner à Paris. Ils ne devaient plus jamais se revoir ici-bas. La mère Agnès mourut peu après, ainsi qu'elle en avait le pressentiment, laissant après elle la réputation d'une des âmes les plus extraordinaires qui aient jamais été dans l'Eglise.

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Message  Louis Sam 28 Jan 2017, 6:04 am

CHAPITRE III

Le Père de Condren se charge de la direction de M. Olier.

Durant son nouveau séjour à Paris, M. Olier, accablé de peines intérieures, et ne trouvant aucun soulagement dans les avis de saint Vincent-de-Paul, pressé d'ailleurs par un attrait extraordinaire, se mit sous la conduite du Père Charles de Condren, premier successeur du Cardinal de Bérulle, fondateur et général de l'Oratoire. C'était un personnage tellement vénéré pour sa sainteté parfaite, l'excellence et l'étendue de ses lumières, que le Cardinal de Bérulle lui-même se prosternait quelquefois en passant devant sa chambre, pour baiser les vestiges de ses pas, et que sainte Chantal, institutrice de la Visitation, disait de lui, le comparant à saint François-de-Sales : " Si Dieu a donné à l'Église notre saint fondateur pour instruire les hommes, il me semble qu'il a rendu le Père de Condren capable d'instruire les anges."

Par les conseils de ce grand  homme divinement éclairé sur sa vocation, M. Olier refusa l'épiscopat qu'on le pressait beaucoup alors d'accepter. Sans lui découvrir clairement ses vues, le Père de Condren lui disait : " Dieu a d'autres desseins sur vous ; ils ne sont pas si éclatants ni si honorables que l'épiscopat, mais ils seront plus utiles à l'Église."

Pour le mettre plus en état de les remplir un jour, il lui fit reprendre l'œuvre des missions, de concert avec quelques ecclésiastiques qu'il lui avait associés. Après une retraite faite sous la direction de ce saint homme, et où il reçut du Ciel des grâces signalées, M. Olier composa de nouveau une petite troupe de missionnaires, choisis parmi les membres de la conférence de saint Vincent-de-Paul. Celui-ci lui donna plusieurs de ses prêtres, dont l'un devait être regardé comme le supérieur de la Compagnie. Avec eux il reprit le chemin de l'Auvergne, et y renouvela plus étonnamment encore les prodiges de conversion qu'il y avait d'abord opérés. Les peuples accouraient souvent de sept à huit lieues à la ronde, demeuraient à l'église la journée toute entière, sans boire ni manger. Ils semblaient n'avoir faim et soif que de la parole du salut. On les voyait attendre jusqu'à trois ou quatre jours consécutifs avant de pouvoir se confesser, passant les nuits entières dans le lieu saint, couchant même sur le seuil de la porte, Ils s'estimaient assez récompensés de leurs fatigues par la paix de la conscience qu'ils remportaient, après être rentrés en grâces avec Dieu.

Restituons ; ennemis réconciliés ; procès terminés au gré des parties ; hérétiques ramenés à l'église ; pécheurs scandaleux qui avaient vieilli dans le libertinage, devenus des exemples de ferveur; familles entières divisées depuis longtemps, vivant enfin dans la concorde et l'union la plus parfaite ; une infinité de sacrilèges réparés par des confessions générales, accompagnées des marques les moins équivoques d'un sincère retour : tels étaient les effets ordinaires que produisait chaque mission, en sorte que, parmi les curés qui avaient pour leur troupeau la charité qu'un pasteur doit à ses ouailles, c'était à qui attirerait les missionnaires dans sa paroisse.

Riches et pauvres, prêtres et peuples, tous profitent tellement de la mission, que la face de chaque paroisse qui recevait cette grâce, n'était plus reconnaissable.

Dans ses missions, M. Olier prêchait surtout…

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Message  Louis Dim 29 Jan 2017, 6:14 am

CHAPITRE III

Le Père de Condren se charge de la direction de M. Olier.

(suite)

Dans ses missions, M. Olier prêchait surtout le respect dû au très-saint Sacrement et la dévotion à Marie. Il s'attachait avec une prédilection particulière à l'instruction des enfants, et y procédait avec une charité pleine de patience et d'industrie. Il les préparait par des catéchismes et autres exercices journaliers à une communion générale ; elle était précédée d'une cérémonie bien touchante, où les enfants interpellés promettaient à haute voix d'observer le quatrième commandement: Tes père et mère honoreras. Touchés de ses exemples encore plus que de ses discours, les ecclésiastiques de ces contrées commencèrent aussi à se livrer eux-mêmes avec ardeur au soin de l'enfance.

L'humble missionnaire attribuait aux prières de la mère Agnès les immenses bénédictions que le ciel répandait sur ses travaux et ceux de ses confrères. Toutefois, il n'est pas douteux que la vie apostolique de ces généreux ouvriers, et de M. Olier surtout, n'attirât aussi l'abondance des grâces divines. Ce prêtre dévoué choisissait toujours pour lui ce qu'il y avait de pire en ce qui concernait le logement et la nourriture ; toujours les pauvres paraissaient être les amis de son cœur. Il ne se bornait point à les accueillir avec une bonté paternelle lorsqu'ils venaient à lui, il allait lui-même au-devant d'eux, et, dans les grandes chaleurs de l'été, on le voyait gravir les plus hautes montagnes, pour faire sortir de leur assoupissement ceux qui négligeaient la grâce de la mission, ou pour instruire les malades qui ne pouvaient se rendre à la paroisse. Il les visitait dans le creux des rochers, leur demeure ordinaire, et leur rendait les services les plus dégoûtants pour la nature, sans être jamais rebuté par la malpropreté de ces lieux infects. Il les traitait avec la tendresse d'une mère et d'une nourrice, Rabaissant jusqu'à les peigner de ses propres mains, et leur donnant lui-même à manger. Il consacrait à la prière et à l'adoration du très-saint Sacrement tout le temps que pouvaient lui laisser les travaux du ministère et les besoins impérieux de la vie. Et pour rendre son oraison plus efficace, il y joignait des mortifications très-rudes et affligeait sa chair par de rigoureuses disciplines, par des haires et des ceintures de fer qu'il portait secrètement parmi ses meubles de voyage.

Il y avait dix-huit mois que M. Olier travaillait dans les missions de l'Auvergne, lorsque, soupirant après de nouvelles souffrances, il dit à un de ses amis: "Il ne me manque que quinze jours de maladie pour avoir un témoignage bien assuré que Notre-Seigneur a agréé nos travaux."   Il fut bientôt exaucé. Entrant peu de jours après dans l'église du monastère de Langeac où était enterrée la mère Agnès qui lui avait prédit tant de croix, il fut saisi d'un mal de tête excessif qui fut le commencement d'une grande maladie. Au bout de deux ou trois jours, le mal devint si violent que les médecins désespérèrent de sa vie ; on lui administra alors les derniers sacrements. On avait en vain employé toutes les ressources de l'art pour le faire sortir d'un assoupissement léthargique dans lequel il était plongé ; on avait été jusqu'à lui enfoncer des lancettes bien avant dans les épaules, sans qu'il parut donner aucun signe de connaissance, lorsqu'on s'avisa de prononcer à diverses reprises les saints noms de JÉSUS et de MARIE. "Ces belles paroles, dit-il lui-même, me pénétrèrent le cœur, et firent ce que mille glaives perçants n'eussent pu faire."

Dès qu'il s'était vu frappé de cette maladie…

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Message  Louis Lun 30 Jan 2017, 6:16 am

CHAPITRE III

Le Père de Condren se charge de la direction de M. Olier.

(suite)

Dès qu'il s'était vu frappé de cette maladie, il s'était senti porté à faire un vœu à saint François de Sales pour le recouvrement de sa santé, et avait senti la douce assurance qu'il était exaucé. Après la puissante intercession de ce saint, il attribua sa guérison aux ferventes prières que firent pour lui les religieuses de Langeac et trois ou quatre cents pauvres qui l'aimaient comme un père.

" Je leur suis redevable, dit-il, de la grâce de ma guérison que toute ma famille ensemble n'aurait pu me procurer par son argent, son industrie et son crédit. Pour une mère, une sœur et deux frères que j'avais quittés, je trouvai des personnes sans nombre qui avaient pour moi une charité plus que de sœur, de frère et de mère ; les services que je recevais étaient accompagnés d'une charité si désintéressée et si pure, qu'il n'y avait que Dieu tout seul autour de moi, et ainsi le Fils de Dieu accomplit en ma faveur cette prophétie, qu'on recevra cent pour un en quittant tout  pour lui."

Lorsque la santé de M. Olier fut suffisamment rétablie, il revint à Paris, où l'avait déjà devancé le bruit des conversions sans nombre qu'il venait d'opérer en Auvergne. Son nom seul imprimait la vénération, et personne ne l'approchait sans lui témoigner l'estime religieuse qu'on porte aux hommes apostoliques. Saint Vincent-de-Paul même lui dit en l'embrassant:

" Je ne sais comment vous faites, Monsieur, mais la bénédiction de Dieu vous suit partout où vous allez."

" II est vrai, ajoute M. Olier, que, quoique nous ne fussions que de pauvres petits ouvriers de paille, qui n'avions aucune vertu, Dieu répandait sur nos travaux des bénédictions admirables."

M. Olier ne resta pas longtemps à Paris sans trouver des occasions d'exercer son zèle. Il se joignit à quelques prêtres pour donner une mission dans les environs de la capitale. Devant traverser la ville de Saint-Germain-en-Laye, où se trouvait alors le Roi avec toute sa cour, M. Olier proposa à ses compagnons de profiter de cette occasion pour manifester publiquement leur éloignement pour le monde et ses vanités. Il les exhorta, en conséquence, à faire le voyage non dans une voiture convenable à des personnes de qualité, mais dans une charrette. Ils témoignèrent beaucoup de répugnance à paraître en cet équipage aux yeux des Seigneurs de la cour dont ils étaient connus pour la plupart, mais M. Olier insista, et montra tant de résolution qu'ils consentirent enfin à partager avec lui la confusion qu'ils avaient d'abord cru convenable d'éviter.

M. Olier fit bientôt après les exercices de la retraite spirituelle pour se préparer à de nouvelles missions…

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Message  Louis Mar 31 Jan 2017, 7:02 am

CHAPITRE III

Le Couvent de la Régripière.

M. Olier fit bientôt après les exercices de la retraite spirituelle pour se préparer à de nouvelles missions. Il partit en effet aussitôt après pour la Bretagne, et se rendit d'abord à son prieuré de Clisson. Ayant appris qu'il y avait à deux lieues de là, dans un village appelé la Régripière, un monastère de religieuses où le relâchement et l'esprit du monde s'étaient introduits, il s'y rendit, poussé par un mouvement de zèle, et sans se faire connaître, il demanda l'hospitalité. Les religieuses la lui refusèrent assez durement. Loin de se plaindre de ce traitement, l'humble disciple de Jésus-Christ voyant dans la cour du monastère un appentis de bois qui servait de poulailler, il s'y retira après avoir reçu par charité, d'un des habitants du village, un peu de pain et d'eau. Il y demeura le reste du jour, vaquant à la prière et attendant en paix les moments du Seigneur.

Dieu ménagea bientôt une circonstance qui fit connaître aux religieuses quel était ce prêtre qu'elles avaient si mal accueilli. Un magistrat de la ville voisine, ami de M. Olier, étant venu au monastère, n'eut rien de plus pressé que de parler aux religieuses de leur nouvel hôte. Plus il leur témoigna combien M. Olier était recommandable par sa naissance, par sa vertu et ses autres qualités personnelles, plus les religieuses furent inconsolables de leur méprise. Elles se hâtèrent de faire porter leurs excuses au serviteur de Dieu, et de le presser d'accepter dans le bâtiment destiné aux étrangers, le plus honnête appartement.

M. Olier les remercia avec son affabilité ordinaire ; mais quelque instance qu'on pût lui faire, il persista à répondre que ce réduit était tout ce qu'il lui fallait : " Après que Jésus-Christ, mon Maître, leur dit-il, a voulu naître dans une étable et demeurer si longtemps dans une crèche, il ne serait pas raisonnable que je sortisse si promptement d'un lieu où je me trouve si bien." Une humilité si profonde ne tarda pas à porter son fruit. Dès le lendemain, M. Olier fut invité à prêcher à la communauté ; ce qu'il fit avec tant de grâce et de force que plusieurs religieuses résolurent sur-le-champ de se convertir en faisant une confession générale et une retraite de dix jours. Bientôt tout le pays fut édifié du changement merveilleux qui s'opéra dans ce monastère, où l'esprit de prière et de recueillement succéda à l'esprit du monde et de la vanité.

"Après ce petit travail, dit M. Olier, je tombai malade, le jour de la Nativité de la sainte Vierge, pour récompense de mes pauvres petits services ; c'est la plus précieuse que puisse recevoir un chrétien. " Cette maladie retint M. Olier en Bretagne jusqu'au mois de janvier; se croyant alors assez rétabli, il revint à Paris, où il se lia bientôt d'une amitié étroite avec un grand serviteur de Dieu, Adrien Bourdoise, que la Providence avait suscité pour rétablir la discipline ecclésiastique.

Ce fut dans le même temps que l'évêque de Châlons-sur-Marne demanda au Roi…

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Message  Louis Mer 01 Fév 2017, 6:20 am

CHAPITRE III

Refus de la Coadjutorerie de Châlons.

Ce fut dans le même temps que l'évêque de Châlons-sur-Marne demanda au Roi M. Olier pour coadjuteur. " Sire, dit le Cardinal de Richelieu à Louis XIII, en lui proposant M. Olier, c'est l'ecclésiastique qui me paraît le plus propre à remplir dignement ce siège important, et j'ose même assurer Votre Majesté que, dans tout le royaume, je n'en connais pas de plus capable d'honorer l'épiscopat par ses lumières, sa piété et sa  prudence."

Louis XIII ratifia sur-le-champ le choix de son ministre, et nomma M. Olier à la coadjutorerie de Châlons. Celui-ci s'empressa de se rendre près du Père de Condren pour prendre une décision. La réponse de ce Père fut toujours la même. "Dieu a d'autres desseins sur vous, lui dit-il ; ils ne sont pas si éclatants ni si honorables, mais l'Eglise en retirera plus de fruits. " M. Olier renvoya donc le brevet au Cardinal, en lui témoignant sa reconnaissance pour l'honneur que le Roi avait daigné lui faire à sa recommandation.

" Plus j'ai obligation à Votre Éminence, lui écrivait-il, plus je suis obligé de ne la pas laisser surprendre dans l'opinion qu'on pourrait lui avoir donnée de moi."

Le Cardinal fut aussi surpris qu'édifié du refus de M. Olier; mais autant sa conduite donna d'admiration à tout Paris, autant excita-t-elle contre lui les ressentiments et les murmures de sa famille ; sa mère surtout lui en fit des reproches très-vifs.

Vers ce temps, le Père de Condren engagea M. Olier et ses amis à se réunir en société. Sans leur découvrir le fond de sa pensée, qui était de les préparer déjà à l'établissement des Séminaires, il leur proposa simplement de s'associer entre eux, et de se donner un chef pour continuer ainsi leurs missions jusqu'à ce que Dieu les appelât à une autre œuvre. Ils y consentirent, et, après avoir choisi M. Amelotte pour leur Supérieur, ils se retirèrent tous dans une maison de campagne appartenant à l'un d'eux, M. Brandon. Dieu fit alors passer M. Olier par des peines extraordinaires et des humiliations accablantes, qui lui firent comme toucher au doigt la vérité de la doctrine que le Père de Condren s'efforçait d'inculquer à ses disciples.

M. Olier avait été jusqu'alors entouré de l'estime et de la vénération universelle…

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Message  Louis Jeu 02 Fév 2017, 6:57 am

CHAPITRE IV

Peines intérieures de M. Olier.

M. Olier avait été jusqu'alors entouré de l'estime et de la vénération universelle. Le bruit de ses travaux apostoliques, la sainteté de sa vie, le refus qu'il venait de faire de la coadjutorerie de Châlons, sa naissance même qui semblait donner un nouveau lustre à ses vertus, lui avaient attiré une estime si grande, qu'elle était pour lui une sorte de martyre. Il demandait souvent à Dieu d'ôter de l'esprit des hommes la bonne opinion qu'ils avaient conçue de lui. Pénétré aussi de la nécessité de mourir à lui-même, pour ne plus vivre que de la vie de Jésus-Christ, par l'imitation fidèle des vertus de ce divin Maître, il rapporte qu'il s'écriait quelquefois, les yeux élevés au ciel et tout baignés de larmes: " Vie divine, vie divine, quand sera-ce donc que je ne vivrai que de Dieu ? Je trouvais, ajoute-t-il, cet état si beau, si admirable, que je n'eusse craint de souffrir quoi que ce pût être pour y parvenir."

Dieu l'exauça en le faisant passer par un état d'épreuves qu'il décrit lui-même dans ses mémoires, en ces termes :

"Dieu voulant me purifier des motifs de superbe dont j'étais attaqué, commença par me montrer au doigt que notre corps n'était point en notre disposition, que nous ne pouvions vivre, subsister, ni nous mouvoir que par lui et par son assistance, et laissa mon âme dans des langueurs, des stupidités et des hébêtements qui ne peuvent se comprendre que par ceux qui les ont éprouvés.

"Mon bon Maître m'a fait cette grâce fort longtemps : mon esprit était alors enveloppé d'une telle obscurité, que je ne me ressouvenais de rien, je ne pouvais rien apprendre, et il y avait tant de confusion et de ténèbres dans mon intelligence, que je ne voyais absolument rien ;  je ne savais même ce que je disais ; j'entendais parler le monde, comme ferait un sourd, sans rien retenir ni rien comprendre ; je ne pouvais exprimer aucune pensée, même des choses que j'avais comprises autrefois; je cherchais dans mon esprit, et je ne trouvais rien ; souvent la  pensée se présentait, et puis se retirait aussitôt, en sorte que, commençant à l'exprimer, je ne savais plus où j'en étais. J'étais tellement entrepris que je ne pouvais dire un mot ; je demeurais tout interdit et l'esprit suspendu, à peu près comme l'on voit des insensés en compagnie, qui, entendant parler, ne conçoivent ni ne répondent rien, et demeurent hébétés en regardant le monde.

"Notre bon Maître ne fit pas seulement…

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Message  Louis Ven 03 Fév 2017, 6:52 am

CHAPITRE IV

Peines intérieures de M. Olier.

(suite)

"Notre bon Maître ne fit pas seulement ces soustractions de son secours relativement aux facultés naturelles de mon âme, il les fit encore par rapport à ses dons surnaturels. La soustraction que Dieu m'en fit, me laissa dans les ténèbres et dans des sécheresses étranges; toujours vide de Dieu, au moins selon le sentiment, tout rempli de mouvements de superbe et d'amour-propre, toujours saisi de crainte, je cherchais sans cesse quels étaient les jugements du monde sur moi : si je ne passais pas pour un ignorant, un idiot, un homme sans piété, sans charité, sans patience. Je ne pouvais sentir autre chose ni m'ôter ces pensées de l'esprit. Entendant les pénitents en confession, je n'avais rien à leur dire ; j'étais là délaissé comme un pauvre réprouvé de Dieu. J'estimais les personnes qui s'adressaient à moi si malheureuses, que je ne pouvais m'empêcher de dire en moi-même : Eh ! pauvre âme ! où viens-tu ? tu ne sais à qui tu t'adresses : le plus grand malheur qui puisse t'arriver, c'est celui-ci...

" Mon tempérament fut bientôt étrangement altéré; j'avais le visage tout jaune, et le Père de Condren craignait que je n'en fisse quelque grande maladie.   Ce qui me faisait le plus de peine était de voir intérieurement mon Dieu qui me rebutait et me dédaignait.   O mon grand Maître ! tout m'était supportable, dans ces épreuves, excepté les rebuts et les dédains qui venaient de votre  part. L'enfer et toutes ses peines ne sont point si affligeants. Il n'y a rien de beau et de doux sur la terre à une âme qui sait que vous ne l'aimez pas ; comme  aussi une âme qui sait que vous  l'aimez, peut-elle souffrir quelque chose ?

" A toutes ces peines intérieures se joignaient encore le rebut des gens de bien, le mépris universel de tout le monde, parents, amis, serviteurs, grands et petits. Je fus bientôt la fable de tout Paris : le Roi, le cardinal de Richelieu, Messeigneurs les Evêques, surtout le Chancelier, tous mes parents, toutes les personnes de ma condition commencèrent à faire sur mon refus de la coadjutorerie de Châlons, des plaisanteries étranges. La compagnie à laquelle j'étais attaché, prévenue alors contre moi, augmenta encore cette tempête. Dieu ôta de l'esprit de nos Messieurs toute l'estime qu'ils avaient conçue de moi.

" Je me souviens d'un petit mot qui me fut dit alors par mon Supérieur : Pour vous, allez-vous-en où vous voudrez, nous n'avons que faire de vous. Déjà une autre fois, il m'avait dit quasi la même chose, que je n'étais bon à rien, qu'il me conseillait de m'en aller cacher dans un trou, et encore, qu'il craignait bien pour moi, tant j'étais faible. Je me souviens que je ne pouvais m'offenser de cela, ni le trouver mauvais ; au contraire, voyant que j'étais la confusion et le déshonneur de toute la compagnie, et ayant toujours ce sentiment dans mon cœur, je trouvais, toutes ces paroles très-véritables."

Tel est en substance le tableau que M. Olier nous a tracé de ses peines. Quelque rigoureuse que puisse paraître la conduite de Dieu sur son serviteur, l'on ne saurait s'empêcher d'y admirer l'ouvrage de sa bonté et de sa providence ; puisque ces épreuves devaient servir, non-seulement à la sanctification personnelle de M. Olier, mais encore à préparer les voies à l'établissement du séminaire et de la société de Saint-Sulpice. Ayant fait choix de M. Olier pour être la pierre fondamentale de l'édifice, la divine Providence voulut tenir son serviteur durant deux années dans cet état d'humiliation profonde, et le rendre le rebut et l'opprobre de tous ceux dont il devait bientôt devenir le chef, afin que ce choix parût manifestement l'ouvrage de sa sagesse, et que l'établissement du séminaire ne pût être attribué qu'à Dieu seul.

M. Olier était au plus fort de ces cruelles épreuves, lorsqu'il…

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Message  Louis Sam 04 Fév 2017, 6:37 am

CHAPITRE IV

Mort du P. de Condren.

M. Olier était au plus fort de ces cruelles épreuves, lorsqu'il perdit le Père de Condren que Dieu appela à lui. Dans un pareil état, cette perte aurait dû être pour lui un nouveau sujet de désolation ; il l'accepta néanmoins avec une résignation extraordinaire, fruit incontestable des épreuves par où Dieu l'avait fait passer. Il en écrivit ainsi à une personne affligée :

" S'il fallait se troubler pour les accidents, nous n'aurions jamais la paix en ce monde. Je vous ferai part de celui qui m'est arrivé : c'est que mon père-maître m'est ôté d'entre les mains, par l'ordre de la volonté divine, qui est notre chère maîtresse, tant dans la soustraction que dans l'abondance, dans les sécheresses que dans les plus douces communications. Adorons la volonté de Jésus, adorons ce cher Maître ; il permet les rencontres les plus épineuses pour notre sanctification."

Le Père de Condren avait, avant sa mort, fait connaître à ses disciples les desseins de Dieu sur eux…

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Message  Louis Dim 05 Fév 2017, 6:34 am

CHAPITRE IV

Essai d'un séminaire à Chartres.

Le Père de Condren avait, avant sa mort, fait connaître à ses disciples les desseins de Dieu sur eux, les assurant qu'ils étaient appelés à travailler à l'établissement des Séminaires. Ils résolurent en conséquence d'abandonner les missions aussitôt que la Providence leur offrirait la facilité d'entreprendre cette œuvre. Mais ne voyant pas alors d'ouverture à l'exécution de ce dessein, ils allèrent exercer leur zèle dans le diocèse de Chartres. C'est alors que M. Olier, épanchant son âme aux pieds de la sainte Vierge, dans l'église-cathédrale de cette ville, commença, selon son expression, à respirer intérieurement, et put s'élever par la prière jusqu'à Dieu, ce qui depuis dix-huit mois lui était comme interdit.

A la suite d'une mission qu'ils prêchèrent dans cette ville, M. Olier et ses compagnons essayèrent enfin de former un Séminaire ; ils firent pour cela de grandes dépenses ; mais malgré tous les efforts de leur zèle, ce projet ne réussit pas, ce qui leur fit conclure que cette ville n'était pas le lieu où devait être établi le Séminaire, ou que le temps des bénédictions annoncées par le Père de Condren n'était pas encore venu. Se trouvant donc sans occupation, ils se bornèrent à édifier la ville par leurs vertus, ou à se rendre utiles aux diverses paroisses. M. Olier fut spécialement chargé de faire le catéchisme aux enfants.

Bientôt après il partit avec M. de Foix et M. du Ferrier pour Saumur, où était un lieu de pèlerinage fort célèbre. Ils firent ce voyage pour consulter Dieu, la petite société se trouvant dans une conjoncture extrêmement critique : la plupart de ceux qui la composaient songeaient à se retirer et à renoncer à l'œuvre des Séminaires pour se livrer entièrement aux missions ; ce qu'ils firent effectivement à l'exception de M. Olier et de ses deux compagnons de voyage. Tous les trois, plus assurés que jamais de la volonté de Dieu, après ce pèlerinage, résolurent de ne point se séparer, mais d'attendre en paix les moments du Seigneur.

Dieu n'avait permis cette dernière épreuve que pour faire éclater davantage les ressorts infinis de sa sagesse et de sa providence…

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Message  Louis Lun 06 Fév 2017, 6:47 am

CHAPITRE IV

Séminaire de Vaugirard.

Dieu n'avait permis cette dernière épreuve que pour faire éclater davantage les ressorts infinis de sa sagesse et de sa providence ; au moment même où tout semblait perdu, il ménagea un événement qui fit jeter les fondements de l'œuvre des Séminaires, regardée jusqu'alors comme impraticable. Une pieuse veuve nommée madame de Villeneuve, retirée à Vaugirard, village aux portes de Paris, demandait depuis longues années à Notre-Seigneur de donner enfin des Séminaires à l'église de France pour opérer la réforme du clergé. Ayant entendu parler des efforts qu'avaient faits M. Olier et ses compagnons pour s'établir à Chartres, elle pria son confesseur de leur écrire pour les engager à venir se fixer à Vaugirard, promettant de les aider de ses aumônes, et même de les nourrir, s'il était nécessaire.

A l'ouverture de cette lettre, ils prirent cette proposition pour une pieuse rêverie, persuadés que s'établir dans un village tel que Vaugirard, afin d'y jeter les fondements de la réforme du clergé de France, c'était un dessein contraire à la raison et au bon sens.

Cependant M. de Foix et M. du Ferrier étant venus à Paris peu de temps après, et ayant eu occasion de conférer de cette affaire avec madame de Villeneuve, furent frappés de tout ce qu'elle leur dit, et crurent y reconnaître des signes de la volonté de Dieu. Ils résolurent en conséquence d'en écrire à M. Olier, pour le presser de partir sans délai pour Paris, afin de traiter l'affaire de vive voix. Dieu permit que M. Olier y trouvât plus de difficultés que les autres, et les leur marquât dans sa réponse ; néanmoins, pour satisfaire au désir de ses amis, il partit peu de jours après.

Arrivé à Paris, il se trouva toujours, quoi qu'on pût lui dire, aussi opposé au dessein de madame de Villeneuve, et tout ce qu'on gagna sur lui, ce fut qu'il recommanderait cette affaire à Notre-Seigneur.

Dans le dessein de connaître plus sûrement la volonté divine, il se retira, au commencement du mois de décembre 1641, dans une maison de campagne, à Notre-Dame-des-Vertus, près Paris. Notre Seigneur, dans cette retraite, daigna lui parler en vision, et lui fit connaître clairement ses volontés. Sans différer davantage, M. Olier disposa toutes choses pour commencer au plus tôt l'établissement de Vaugirard, et y mit tant de diligence que la maison fut prête dès les premiers jours de janvier 1642. Elle était située près de l'église, et était peut-être la plus pauvre du village et la plus incommode. Pour pouvoir y loger tous les ecclésiastiques qu'on espérait y recevoir, il fallut pratiquer de petites cellules, et celui de tous qui était le mieux partagé occupait une chambre qui en méritait à peine le nom.

Leur société ne se composa d'abord que de trois membres, M. Olier, M. du Ferrier et M. de Foix. Comme ils avaient épuisé leurs ressources, et s'étaient réduits à manquer même du nécessaire pour fournir aux missions et aux frais du Séminaire de Chartres, ils ne vivaient presque que des aumônes que madame de Villeneuve leur envoyait.

Les occupations de ces pieux solitaires étaient…

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Message  Louis Mar 07 Fév 2017, 8:22 am

CHAPITRE IV

Séminaire de Vaugirard.

(suite)

Les occupations de ces pieux solitaires étaient la prière, la lecture de l'Ecriture Sainte, l'étude ; et leur dévotion pour Jésus-Christ, résidant dans l'adorable mystère de l'Eucharistie, les portait même à passer à ses pieds une partie du temps de leurs récréations. (Note de Louis: Ne pas oublier que ce livre fut écrit au XIXe siècle.)

Marie Rousseau, cette sainte veuve dont nous avons déjà parlé, vint sur ces entrefaites à Vaugirard, assurer M. Olier que leur établissement serait le berceau d'une multitude de saints prêtres, et que Dieu le bénirait de la manière la plus inattendue. Saint Vincent de Paul, consulté par M. Olier, avait répondu dans le même sens en l'encourageant à persévérer.

Les trois solitaires de Vaugirard ne doutant plus que Dieu lui-même ne les eût conduits dans le lieu de leur retraite, résolurent de se lier de concert à son service, et de se former en compagnie. Comme la fin qu'ils se proposaient était de procurer la gloire de la très-sainte Trinité par le moyen des prêtres, ils voulurent prendre pour modèle de leur société, celle des trois Personnes divines, et convinrent qu'elle n'aurait d'autre lien que le nœud sacré et indissoluble de ces Personnes adorables, l'amour divin, qui forme entre Elles une si parfaite unité.

"Quand  nous fûmes ainsi unis, dit M. Olier, j'offris aux trois Personnes divines cette petite compagnie en l'honneur de leur société adorable, et nos petites conversations en hommage des doux et ineffables entretiens qu'Elles ont ensemble dans l'éternité."

Dès son arrivée à Vaugirard, M. Olier fut non seulement délivré de toutes ses peines intérieures, mais encore il se vit comblé des plus singulières faveurs.

"Depuis mes grandes désolations, dit-il lui-même, je ne puis douter que l'esprit de mon maître n'habite en moi. Pour des ténèbres si épaisses, j'ai maintenant tant de lumières ; pour la confusion de mon esprit, tant de netteté dans mes pensées ; pour mes bégaiements précédents, tant de liberté de parler ; pour les sécheresses désolantes que j'éprouvais, tant de bons effets de la parole ; pour cette maudite occupation sur moi-même, tant de sentiments d'amour et d'élévation vers Dieu ! Je suis contraint de le confesser ; c'est le divin Esprit qui me remplit ainsi et me possède. Je me souviens que, dans l'impuissance totale où je me voyais autrefois, je me disais à moi-même : si jamais le bon Dieu voulait se servir de moi (ce que je ne pouvais pas croire), au moins on connaîtrait visiblement alors celui qui agirait en moi. Mes délaissements passés m'ont appris que ces biens sont de Dieu seul, et que leur privation est mon fond propre. Divine Substance, qui êtes parole, lumière, puissance, amour ; Etre divin, soyez loué, exalté et béni pour jamais !"

Cinq ou six jours après l'arrivée de ces Messieurs à Vaugirard…

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Message  Louis Mer 08 Fév 2017, 6:53 am

CHAPITRE IV

Séminaire de Vaugirard.

(suite)

Cinq ou six jours après l'arrivée de ces Messieurs à Vaugirard, le curé du lieu les pria de prendre soin de sa cure, jusqu'à son retour d'un voyage, où il croyait ne demeurer que quinze jours : ils l'acceptèrent ; mais il resta neuf mois sans revenir. Cette circonstance leur donna bientôt sujet d'adorer la bonté de Dieu, qui voulut les faire passer par cet emploi, pour les instruire des devoirs des curés et des vicaires, et leur donner le moyen d'exercer les ecclésiastiques qu'ils ne tardèrent pas à recevoir.

Le Cardinal de Richelieu eut bientôt appris le but du nouvel établissement, et les noms de ces ecclésiastiques, dont il connaissait le mérite et la naissance : il résolut de se les attacher, et leur fit en conséquence offrir son château de Ruel pour y faire leurs exercices, dans la solitude, et avec une entière liberté. M. Olier et ses compagnons reçurent avec autant de reconnaissance que de respect, l'offre généreuse du cardinal, mais ils le supplièrent de les laisser dans le lieu qu'ils occupaient, précisément parce qu'il était pauvre et caché. Cette réponse, loin d'offenser le cardinal, ne fit qu'augmenter son estime et sa vénération pour ces ecclésiastiques, et surtout pour M. Olier. Elle leur attira même l'admiration de toute la cour, et engagea plusieurs jeunes ecclésiastiques de mérite à se joindre à eux, pour se former aux vertus apostoliques, de manière que la petite communauté, composée d'abord de trois membres, en compta bientôt jusqu'à vingt. Ils élurent tous d'une voix M. Olier pour leur Supérieur ; ce qui lui fait dire :

" Béni soit Dieu, qui fait toujours ses œuvres par le plus pauvre, qu'il élève de terre et du fumier où il était étendu. C'est renverser toute la sagesse humaine, et montrer qu'il n'a besoin de rien pour faire ce qu'il lui plaît. Dieu soit béni de tout ; il veut seul paraître l'auteur de son ouvrage, personne ne pourra partager avec lui l'honneur qu'il en attend ; car je suis un pauvre aveugle si misérable, un ver de terre si chétif, que je m'étonne d'oser paraître devant le monde, moi plongé si longtemps dans l'aveuglement le plus ténébreux, et l'objet de la risée et des mépris de tous... C'est une chose inexplicable que le bien qu'on reçoit de l'abandon à Dieu...

" O amour ! que ce soit pour jamais que je vous-aime et que je vous serve, sinon en moi, au moins dans les serviteurs que je vous laisserai après moi dans l'Eglise. Faites maintenant, ô Sauveur ! que nous puissions bien commencer. O mon tout ! je vous rends mille actions de grâces pour les bons Messieurs que vous nous adressez ; je vous rends grâces de tout mon cœur des biens et des grands dons qu'il vous plaît leur distribuer tous les jours, et des dispositions dans lesquelles vous les mettez pour vous servir partout. Ils sont tous disposés d'aller en Canada, et jusqu'aux pays les plus lointains de la terre. Donnez-leur le courage d'accomplir leur désir, et la force de vous aimer et servir uniquement."

L'établissement du Séminaire, formé à Vaugirard avec tant de bénédictions, devait cependant être consommé ailleurs. La Providence avait résolu de le fixer dans la capitale même, et de mettre M. Olier à la tête de la paroisse la plus nombreuse et la plus déréglée de Paris, afin d'offrir en sa personne, à tous les prêtres qu'il devait former, le modèle d'un vrai pasteur des âmes.

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