[Années 1800] Les tentatives d'asservissement de l'Église et LA DESTRUCTION DU POUVOIR TEMPOREL DU PAPE.

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Message  Roger Boivin Ven 10 Mar 2017, 10:14 am


IV. — Les tentatives d'asservissement de l'Église et

LA DESTRUCTION DU POUVOIR TEMPOREL DU PAPE.

Le concordat, qui fut l'œuvre vraiment féconde et réparatrice de son règne, ne lui fut pas inspiré par un sentiment religieux, nous venons d'en avoir la preuve dans ses conversations de Sainte-Hélène. Mais, éclairé par sa remarquable pénétration d'esprit, il sentit la nécessité indispensable de donner, sur ce point essentiel, une satisfaction à la majorité catholique de la nation, qui partout déjà rouvrait les églises et ramenait les prêtres fidèles. Toutefois, en négociant le concordat, il avait toujours la pensée d'asservir l'Église catholique et la papauté. Quelques jours après sa signature, comme Volney, l'impie auteur des Ruines, dont il avait fait un de ses sénateurs, lui demandait : Est-ce là ce que vous aviez promis ? « Calmez-vous, lui répondit le premier consul, la religion en France a la mort dans le ventre : vous en jugerez dans dix ans 1 ! » A la même époque, le tribun Ganilh lui disait qu'avec le concordat il donnait du pouvoir en France à un prince étranger. « Pensez-vous, répondit-il, que pour cela je me sois mis dans la dépendance du pape ? J'en ai agi à son égard comme avec les royalistes, qui, lorsque je suis arrivé au pouvoir, étaient partout les maîtres. C'étaient les vendéens, les chouans, qui gouvernaient la France. Eh bien ! je leur ai fait croire que je voulais ce qu'ils voulaient eux-mêmes, et leurs chefs sont venus à Paris. Au bout d'un mois, ils étaient arrêtés ! » Et, faisant une pirouette sur lui-même, il ajoutait en forme de conclusion : « Voilà comment on gouverne 2 ! »

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1. Mémoires du cardinal Pacca.

2. Michaud jeune, Biographie universelle, supplément, t. LXV, p. 139-140.

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Message  Roger Boivin Ven 10 Mar 2017, 10:16 am


Vingt ans après, à Sainte-Hélène, repassant son règne dans la solitude, il s'excusait ainsi de ne pas avoir introduit le Protestantisme en France :

« Lorsque je saisis le timon des affaires, j'avais déjà des idées arrêtées sur tous les grands éléments qui cohésionnent la société ; j'avais pesé toute l'importance de la religion, et j'avais résolu de la rétablir ; mais on croirait difficilement les résistances que j'eus à vaincre pour ramener le Catholicisme 3 ; on m'eût suivi bien plus volontiers si j'eusse arboré la bannière protestante.

« Il est sûr qu'au désordre auquel je succédais, que sur les ruines où je me trouvais placé, je pouvais choisir entre le Catholicisme et le Protestantisme, et il est vrai de dire encore que les dispositions du moment poussaient toutes à celui-ci ; mais outre que je tenais réellement à ma religion natale (?), j'avais les plus hauts motifs pour me décider. En proclamant le Protestantisme qu'eussé-je obtenu ? J'aurais créé en France deux grands partis à peu près égaux, lorsque je voulais qu'il n'y en eût plus du tout ; j'aurais ramené la fureur des querelles de religion, lorsque les lumières du siècle et ma volonté avaient pour but de les faire disparaître tout à fait. Ces deux partis en se déchirant eussent annihilé la France, et l'eussent rendu l'esclave de l'Europe, lorsque j'avais l'ambition de l'en rendre la maîtresse.

« Avec le Catholicisme j'arrivais bien plus sûrement à tous mes grands résultats ; dans l'intérieur, chez nous, le grand nombre absorbait le petit, et je me promettais de traiter celui-ci avec une telle égalité qu'il n'y aurait bientôt plus lieu à connaître la différence 4.

« Au dehors, le Catholicisme me conservait le pape, et avec mon influence et mes forces en Italie, je ne désespérais pas tôt ou tard, PAR UN MOYEN OU PAR UN AUTRE, DE FINIR PAR AVOIR À MOI LA DIRECTION DE CE PAPE, ET DÈS LORS QUELLE INFLUENCE, QUEL LEVIER D'OPINION SUR LE RESTE DU MONDE !... etc. »

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3. Ces résistances ne provenaient que des révolutionnaires qui l'avaient aidé à faire le coup d'État du 18 brumaire et dont il avait rempli le Sénat, le Tribunat et le Conseil d'État.


4. L'égalité dans la servitude, sous le nom d'égale protection, d'égale liberté de tous les cultes, était donc le moyen, dans son idée, idée que son successeur appelle napoléonienne, de faire disparaître catholicisme, protestantisme et tous autres cultes. Or, cette annihilation de toutes les religions positives est l'idée éminemment maçonnique et adoptée en Allemagne, en Suisse, eu Italie, en Angleterre en Amérique, par la Maçonnerie sans discordance aucune.

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Message  Roger Boivin Ven 10 Mar 2017, 10:18 am


Et il terminait en disant :


« François Ier était placé véritablement pour adopter le Protestantisme à sa naissance et s'en déclarer le chef en Europe. Charles-Quint, son rival, prit vivement le parti de Rome ; c'est qu'il croyait voir là pour lui un moyen de plus d'obtenir l'asservissement de l'Europe. Cela seul ne suffisait-il pas pour indiquer à François Ier la nécessité de se charger de défendre l'indépendance de cette même Europe ?


« Si François Ier eût embrassé le Luthéranisme, si favorable à sa suprématie royale, il eût épargné à la France les terribles convulsions religieuses amenées plus tard par les calvinistes, dont l'atteinte toute républicaine fut sur le point de renverser le trône et de dissoudre notre belle monarchie. Malheureusement François Ier ne comprit rien de tout cela, car il ne saurait donner des scrupules pour excuse. Tout bonnement c'est qu'il n'y voyait pas si loin : bêtise du temps ! intelligence féodale ! François Ier, après tout, n'était qu'un héros de tournois, un beau de salon, un de ces grands hommes pygmées 5 ! »

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5. Mémorial de Ste-Hélène, t. V, p. 383, 388.

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Message  Roger Boivin Ven 10 Mar 2017, 10:20 am


Mais c'est assez élucider l'idée napoléonienne ; elle est sans ambages, quelque impie quelle apparaisse. On va donc voir les cultes rétablis; avec un principe qui aurait été, quoi qu'en ait dit l'adulation contemporaine, qui serait, quoi qu'en pense la niaiserie catholico-libérale, l'inévitable et radicale destruction du Catholicisme en France, si la puissance miséricordieuse de Dieu qui change souvent les obstacles en moyens, si le zèle éclairé des pasteurs fidèles, si la foi de la nation française, quoi qu'on eût déjà fait pour la lui arracher, n'en eussent paralysé en partie les désastreuses conséquences.

Ce principe, un des fondements de l'idée napoléonienne, qui ressort de toutes les conversations de Bonaparte à Sainte-Hélène, de toutes ses lois, de tous ses discours, de tous ses actes, de toute sa vie, ce principe adopté par toute la Maçonnerie dite conservatrice pour détruire plus efficacement toutes les religions, C'EST L'ÉTAT OU LES GOUVERNEMENTS PROTECTEURS, MAÎTRES ET ORGANISATEURS SUPRÊMES DE TOUS LES CULTES ; c'est l'État, sous le nom absurde d'égale liberté, d'égale protection, dominant tous les cultes, les administrant, les fonctionnarisant, les manipulant, les opprimant tous, comme des machines à broyer et à asservir toutes les consciences. En effet le mécanicien impérial, royal ou républicain tient dans sa dépendance les cultes, sans jamais s'y soumettre et en dépendre lui-même, dans ce qu'ils ont de plus spirituel et de plus divin, non-seulement employant lui-même l'indépendance de sa pensée et de ses mouvements, selon l'expression napoléonienne, mais y pliant, par ruse, par fraude ou par violence, la pensée et les mouvements des peuples et, si le pouvoir leur en était donné, des ministres eux-mêmes de la religion.

Les faits historiques et les témoignages maçonniques les moins contestables, déjà cités par nous, montrent jusqu'à l'évidence que ce principe était non-seulement celui de la Maçonnerie diplomatique, mais aussi celui de toutes les sociétés secrètes, et partout adopté comme première hase de leurs opérations révolutionnaires contre Dieu, son Christ et son Église.

Il est démontré par ces témoignages de Bonaparte lui-même que, dans sa pensée, le concordat n'avait jamais été une œuvre en faveur de la religion, mais bien pour lui-même une affaire de calcul et d'ambition, et comme maçon, d'accord avec les intimes de la Maçonnerie, un moyen plus efficace, pour détruire le Catholicisme, que la constitution civile de la Constituante et la persécution sanglante de la Convention.

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Message  Roger Boivin Ven 10 Mar 2017, 10:22 am


La façon dont furent conduites les négociations pour le concordat ne laisse aucun doute sur le but que poursuivait Napoléon. Les premières propositions qu'il fit faire à Monseigneur Spina, représentant du pape à Paris, par l'abbé Dernier, à qui des services récents en Vendée valaient la laveur du maître 1, se résumaient ainsi :

« Démission imposée à tous les évêques anciens titulaires ; nouvelle circonscription diocésaine ; soixante sièges au lieu de 158 ; composition d'un clergé nouveau, formé d'ecclésiastiques de TOUS LES PARTIS ; nomination de ce clergé par le premier consul, institution par le pape ; promesse de soumission au gouvernement établi ; salaire sur le budget de l'État ; renonciation aux biens de l'Église, et reconnaissance complète de la vente de ces biens ; POLICE DES CULTES DÉFÉRÉS À L'AUTORITÉ CIVILE, représentée par le Conseil d'État ; enfin pardon de l'Église aux prêtres mariés, et leur réunion à la communion catholique. »

Ces propositions étaient inadmissibles, dit le cardinal Consalvi dans ses mémoires.

Les difficultés principales roulaient sur la liberté et la publicité du culte catholique, que Bonaparte voulait être le maître de diriger ou d'asservir, sous le prétexte de police. Pie VII ne pouvait non plus se résoudre à destituer les évoques fidèles et bannis ou persécutés pour cette fidélité même, ce qu'exigeait impérieusement le prétendu restaurateur de la religion en France.

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6. V. sur les services de Bernier, Stofflet et la Vendée, par E. Stofflet. Les plus graves présomptions semblent indiquer que Bernier livra Slofflet, comme il avait déjà été l'instigateur du meurtre de Marigny.

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Message  Roger Boivin Ven 10 Mar 2017, 10:23 am


CETTE POLICE DES CULTES déférée à l'État était le point essentiel pour Bonaparte, et c'est à lui qu'il revint toujours dans toutes les péripéties de ces négociations sur lesquelles les mémoires du Cardinal Consalvi ont fait une pleine lumière et où il ne craignit pas d'employer tantôt des violences inqualifiables, tantôt des fourberies dignes d'un faussaire. Voici quel en fut le couronnement.

Les termes du concordat avaient été définitivement arrêtés entre les plénipotentiaires et le jour pris pour l'échange des souscriptions ; dans la matinée de ce jour, Napoléon faisait annoncer, dans le Moniteur, la signature du concordat par cette note : « Le cardinal Consalvi a réussi dans l'objet qui l'a amené à Paris. » Réunis chez Joseph Bonaparte, frère du premier consul, l'abbé Bernier offrit à Consalvi la copie qu'il avait tirée de son rouleau comme pour la lui faire signer sans examen, mais ce dernier y ayant jeté les yeux pour s'assurer de son exactitude, « je m'aperçus, dit-il, QUE LE CONCORDAT N'ÉTAIT PAS CELUI DONT LES COMMISSAIRES ÉTAIENT CONVENUS ENTRE EUX, DONT ÉTAIT CONVENU LE PREMIER CONSUL LUI-MÊME, MAIS UN TOUT AUTRE ! La différence des premières lignes me fit examiner tout le reste avec le soin le plus scrupuleux, et je m'assurai que cet exemplaire non-seulement contenait le projet que le pape avait refusé d'accepter sans ses corrections et dont le refus avait été cause de l'ordre donné à l'envoyé français de quitter Rome, mais en outre qu'il le modifiait en plusieurs endroits ; car on y avait inséré certains points déjà rejetés comme inadmissibles avant que ce projet eût été envoyé à Rome. »

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Message  Roger Boivin Ven 10 Mar 2017, 10:24 am


Interpellé par Consalvi, Bernier avoua qu'il avait commis cette supercherie par l'ordre exprès de Napoléon. Il faut lire dans les Mémoires du cardinal le récit de la scène de violence à laquelle se livra le premier consul en voyant son faux découvert et l'inébranlable fermeté du cardinal.


« De nouvelles négociations reprennent cependant et surtout sur le mot de police, dont, disaient les commissaires du premier consul, je ne comprenais pas le vrai sens. La police, assuraient-ils, n'est pas le gouvernement en soi, mais cette unique partie de l'exercice du pouvoir gouvernemental qui se rapporte au maintien de la tranquillité publique dans les rues, empêche les conflits, les insultes que pourrait procurer un culte extérieur non réglementé ; c'était le sens donné dans la discussion du côté du premier consul. Cette tranquillité, ajoutaient-ils, est désirée par l'Église aussi bien que par la puissance séculière. »


Réduit à ce sens, le cardinal acceptait le mot ; mais ce sens, il voulait qu'il fût exprimé : « Ou l'ouest de bonne foi en affirmant que le motif, qui force le gouvernement à exercer dans la publicité du culte la restriction de se conformer aux règlements de police, est le maintien impérieux delà tranquillité publique, et alors le gouvernement ne peut pas et ne doit pas avoir de difficulté à ce qu'on l'exprime dans l'article ; ou le gouvernement ne veut pas qu'on l'exprime, et alors il n'est pas de bonne foi, et il montre par là même qu'il veut cette restriction pour assujettir l'Église à ses volontés. »

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Message  Roger Boivin Ven 10 Mar 2017, 10:26 am


Enfin on s'arrêta à la rédaction suivante : « La religion catholique, apostolique, romaine, sera librement exercée en France ; son culte sera public en se conformant aux règlements de police que le gouvernement jugera nécessaires pour la tranquillité publique. »

Le lendemain, après une nuit d'anxiété, le cardinal Consalvi apprenait par Joseph que le premier consul, très-courroucé d'abord de l'article amendé, avait fini par l'accepter, après une longue méditation et un long silence. Il avait vu que le mot de tranquillité publique interprété à sa manière lui offrait une base suffisante pour les ARTICLES ORGANIQUES.

Les articles organiques furent en effet le moyen par lequel Napoléon revint sur la concession que la découverte de son faux et la pression de l'opinion catholique en France l'avaient obligé à faire.

Après la signature du concordat, il avait pressé le départ et le voyage du cardinal Consalvi, au point de ne pas lui laisser prendre un jour de repos nécessaire à sa santé, pour obtenir plutôt la ratification du concordat par le Saint-Père. Mais dix mois se passèrent avant qu'il fût ratifié à Paris.

Tout fut dévoilé, et la cause de toutes les fourberies, et le ressort secret de toutes les violences, et le nœud de toutes ces comédies, et le motif de tous ces délais. Ce n'était plus le traité en treize articles convenu à Paris et ratifié à Rome, mais un volume portant en gros caractères le titre de concordat, et dans lequel on avait englobé, comme partie du concordat et comme approuvés par le saint-siège, 78 articles organiques du culte catholique, et, sous le nom commun de lois organiques, 44 autres articles à la suite, pour les cultes protestants. Que dire de cette nouvelle supercherie, qui présentait sous le même titre l'œuvre commune des deux parties contractantes et une addition faite par l'autre qui en était la négation sur les points essentiels ?

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Message  Roger Boivin Ven 10 Mar 2017, 10:27 am


Le pape protesta hautement contre les articles organiques, dès qu'ils parvinrent à sa connaissance ; les évêques ne les ont jamais reconnus ; les mœurs publiques se sont opposées à leur application sur plus d'un point. Mais L'État, sous les gouvernements divers qui, à travers six révolutions, se sont succédé depuis, ne les a jamais explicitement abandonnés ; de temps à autre, dans les mauvais jours, il s'en sert comme d'une menace, et si Dieu permet jamais que les forces vitales du pays soient assez affaissées pour laisser libre cours aux desseins d'un gouvernement persécuteur, il trouvera toutes les voies préparées dans la législation que le prétendu restaurateur de la religion en France a inaugurée le jour même où il promulguait le concordat.

Napoléon du reste devait livrer un nouvel assaut à la puissance spirituelle du pape et chercher à retirer le concordat de 1801. Mais auparavant il fallait que le moderne Charlemagne détruisit le pouvoir temporel.

Nous ne referons pas ici, après tant d'écrivains, l'histoire de cette série de fourberies et de violences qui aboutirent, en 1809, à l'occupation de Rome et à la captivité du doux et saint Pie VII. Les écrivains libéraux, qui ont retracé cette histoire, ont flétri d'une façon ineffaçable le spoliateur et le bourreau 1.

Mais ce que l'on ne saurait trop faire remarquer, c'est que Napoléon cherchait moins à s'emparer de quelques provinces, sur lesquelles il étendait déjà en fait sa domination depuis plusieurs années, que de mettre le pape sous sa main et de se faire un instrument docile de ce pouvoir spirituel dont il comprenait la force sans reconnaître son caractère divin.

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7. V. L'Église romaine et le premier empire, par M. d'Haussonville.

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Message  Roger Boivin Ven 10 Mar 2017, 10:29 am


Lui-même a dévoilé sa pensée en racontant dans ses conversations de Ste-Hélène le but qu'il poursuivait quand il extorquait le concordat de Fontainebleau au pape prisonnier, séparé de tous ses conseillers et affaibli par la maladie :

« J'avais bien d'autres vues. Ce déplacement ne fit qu'accroître les ressentiments et les intrigues. Jusque-là la querelle n'avait été que temporelle. Les meneurs du pape, dans l'espoir de relever leurs affaires, la compliquèrent de tout le mélange spirituel. Alors il me fallut le combattre aussi sur ce point. J'eus mon conseil de conscience, mes conciles, et j'investis mes cours impériales de l'appel comme d'abus, car mes soldats ne pouvaient plus rien à tout cela. Il me fallait bien combattre le pape avec ses propres armes. A ses érudits, à ses ergoteurs, à ses légistes, à ses scribes, je devais opposer les miens. L'évêque de Nantes, de Voisins, était parmi nos évoques le plus forme appui des libertés gallicanes. C'était mon oracle, mon flambeau, il avait ma confiance aveugle sur les matières religieuses, car dans mes querelles avec le pape j'avais pour premier soin, bien qu'en aient dit les intrigants et les brouilleurs, de ne pas toucher au dogme ; si bien que, dès que ce bon et vénérable évêque de Nantes me disait : Prenez garde, vous voilà en face du dogme, sans m'amuser à disserter avec lui, sans chercher même à le comprendre, je déviais aussitôt de ma route pour y revenir par d'autres voies ; et comme il n'avait pas mon secret, combien il aura été étonné de mes circuits ! Que j'aurai dû lui paraître bizarre, obstiné, capricieux, inconséquent ! C'est que j'avais mon but, et qu'il ne le connaissait pas ! Je fis transporter le pape à Fontainebleau, mais là devait être le terme de ses misères et la régénération de sa splendeur. Toutes mes grandes vues s'étaient accomplies sous le déguisement et le mystère ; j'avais amené les choses au point que le développement en était infaillible, sans nul effort et tout naturel. Aussi voit-on le pape le consacrer dans le fameux concordat de Fontainebleau, en dépit même de mes revers de Moscou, et dès lors j'allais relever le pape outre mesure, l'entourer de pompes et d'hommages, j'en aurais fait une idole, il fût demeuré près de moi, Paris fût devenu la capitale du monde chrétien ET J'AURAIS DIRIGÉ LE MONDE RELIGIEUX AINSI QUE LE MONDE POLITIQUE ! »

Voilà le mot qui met l'unité dans toute cette vie !

Il disait encore une autre fois que « cet affranchissement de la cour de Rome, cette réunion légale, la direction religieuse dans la main du souverain avalent été longtemps et toujours l'objet de ses méditations et de ses vœux 1. » Un pareil homme était vraiment l'incarnation de la Franc-maçonnerie et de ses profonds desseins de despotisme sur les âmes.

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8. Le Mémorial de Ste-Hélène, édit. de 1828, l. V, p. 391 à 401 ; t. IV, p. 208.

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Message  Roger Boivin Ven 10 Mar 2017, 10:32 am

.

Source :

LES SOCIÉTÉS SECRÈTES ET LA SOCIÉTÉ OU PHILOSOPHIE DE L'HISTOIRE CONTEMPORAINE -Par N. DESCHAMPS - SUR L'ACTION DES SOCIÉTÉS SECRÈTES AU XIXe SIÈCLE - Tome II - 1882 :

https://archive.org/stream/lessocit188202desc#page/200/mode/2up
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