Protestantisation du Bas-Canada ?

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Message  Louis Mar 28 Fév 2017, 3:46 pm

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.Bonjour à tous,

Pour la source, cliquez sur l'image en haut, complètement à gauche.

TABLE DES MATIÈRES.

CHAPITRE XVIII

LA RELIGION ET L'ÉDUCATION

a) Mgr Hubert. — b) Mgr Denaut. — c) La question de l'érection civile des paroisses catholiques. — d) Intervention de l'Assemblée législative. —e) Conduite habile de Mgr Plessis. — f) Le lord évêque Mountain et l'éducation. —g) L'Institution Royale. — h) Elle place l'éducation de la jeunesse canadienne française entre les mains des protestants. — i) Lettre du lord évêque à sir Robert Shore Milnes. — j) Réponse de lord Hobart. — k) Le gouverneur propose à Mgr Plessis de faire reconnaître les droits de l'évêque catholique. — l) Entrevue de Mgr Plessis avec le procureur général, à propos de la nomination aux cures. — m) Correspondance à ce sujet entre Mgr Denaut et Mgr Plessis. — n) Requête de Mgr Denaut au roi.

CHAPITRE XIX

LA RELIGION ET L'EDUCATION (Suite)

a) Mgr Plessis, évêque de Québec. — b) Le lord évêque Mountain passe en Angleterre. — c) Il demande que l'Eglise d'Angleterre soit établie officiellement au Canada. — d) Réponse de lord Castlereagh. — e) Inquiétude de Mgr Plessis. — f) Sa lutte contre l'Institution royale. —g) Démarches infructueuses du lord évêque. — h) Ryland délégué en Angleterre par le gouverneur Craig. — i) Sa mission auprès des ministres britanniques. — j) Entrevue de Mgr Plessis et de Craig. — k) Mémoire de Mgr Plessis à sir George Prévost. — l) Lord Bathurst reconnaît Mgr Plessis comme évêque catholique de Québec. — m) Dépit de Ryland.

L'encadré suivant fut ajouté le 14 mars 2017:

AVERTISSEMENT
____________________

Le sous-titre " Les Cantons de l'Est " que nous donnons à ce second volume de l' " Histoire de la Colonisation de la province de Québec " indique que nous parlons surtout des cantons de l'Est de la province, bien qu'il y soit question de tous les cantons en général. Ce furent les Cantons de l'Est qui reçurent le premier groupe de population après l'établissement du gouvernement constitutionnel, en 1791. Les autres cantons disséminés en arrière des anciennes seigneuries ne furent ouverts à la colonisation que longtemps après ceux-ci. Nous retraçons en ces pages les longues démarches qui aboutirent finalement à la concession de ces terrains encore inhabités. Une politique imprévoyante les abandonna, pour la plupart, aux mains de spéculateurs qui les laissèrent en l'état inculte où ils étaient.

L'ancien gouverneur Haldimand avait demandé que la partie de la province de Québec, située le long de la frontière, fut réservée à l'établissement des seuls Canadiens français. Des loyalistes influents, comme William Smith, Samuel Holland, Hugh Finlay firent prévaloir l'opinion contraire. Pour eux, les anciens sujets américains avaient droit à une bienveillance particulière de la mère patrie, et on ne pouvait leur refuser la permission de s'établir où bon leur semblerait dans les domaines du roi dans l'Amérique du Nord. On les invita par des proclamations bruyantes à venir s'y installer. La spéculation se mit bientôt de la partie. Chaque fonctionnaire public voulut avoir son morceau de terre. La méthode adoptée pour la concession des cantons permit à un grand nombre de spéculateurs de se faire octroyer, sous des noms fictifs, d'immenses étendues de terrain, dont ils réservèrent pour eux-mêmes la plus grande partie.

Le gouverneur Prescott voulut mettre un frein à cet agiotage. Il succomba à la tâche. Les gouverneurs Milnes et Craig ne purent que confirmer un fait accompli. Ils n'en manifestèrent aucun déplaisir, car, dans leur opinion, les Cantons de l'Est devaient, tôt ou tard, être peuplés par des colons de langue anglaise, afin de contre-balancer l'influence française du reste de la province.

Tel est, en résumé, ce que nous exposons dans les pages qui suivent.




ABRÉVIATIONS

A

Arc. can. Archives publiques du Canada, Ottawa.

D

D. C. H. C. (1760-1791) : Documents relatifs à l'histoire constitutionnelle du Canada (1759-1791). Choisis et édités avec notes par Adam Shortt et Arthur G. Doughty. Seconde édition, revisée par le bureau de publication des documents historiques, Ottawa, 1921.

D. C. H. C. (1791-1818) : Documents relatifs à l'histoire constitutionnelle du Canada (1791-1818) choisis et édités avec notes par Arthur G. Doughty et Duncan A. McArthur,   Ottawa,   1915.

H

Christie, Hist. of L.-C: History of the late province of Lower Canada, Parliamentary and Political, from the beginning to the close of its existence as a separate province , by Robert Christie, (1759-1865). 6. v.

Q

Q. — La série Q. des archives canadiennes comprend les papiers d'Etat, c'est-à-dire la correspondance des gouverneurs, lieutenant-gouverneurs et administrateurs du Bas-Canada, depuis l'établissement du régime anglais, jusqu'en 1840. L'analyse des manuscrits concernant le Bas-Canada est donnée dans les rapports sur les Archives canadiennes pour les années 1890, 1891, 1893, 1896, 1898, 1899, 1900, 1901 et 1902. A moins d'indication contraire, nous citons l'édition française de ces analyses.
_______________________________________________________________

Nous éditerons ce fil pour y déposer les liens dès leur parution.

A noter que tous les renvois dans le livre, en ce qui a trait aux appendices en bas de pages, seront complétés en tout dernier lieu.

Bonne lecture à tous.

Bien à vous.


Dernière édition par Louis le Jeu 30 Mar 2017, 7:53 am, édité 30 fois

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Message  Louis Mar 28 Fév 2017, 3:51 pm

.
Mgr Hubert.
.

Monseigneur Jean-François Hubert administrait le diocèse de Québec lorsque l'Acte constitutionnel de 1791 devint en vigueur. Il avait pris possession du siège de Québec, le 12 juin 1788, à la mort de Mgr d'Esglis. Il vit mourir son coadjuteur, Mgr Bailly de Messein, le 20 mai 1794, et un mois plus tard, le vénérable Mgr Briand. Après un épiscopat fructueux, il descendit lui-même dans la tombe, le 17 octobre 1797. Mgr Pierre Denaut, coadjuteur depuis 1794, devint évêque de Québec, le 4 septembre 1797.

L'Église de Québec traversait une période de tranquillité. Tous ses évêques avaient joui de la confiance des gouverneurs, et les relations entre les représentants du pouvoir religieux et ceux du pouvoir civil étaient cordiales. La religion florissait dans les villes et les campagnes, et le clergé, formé par une éducation saine, édifiait et instruisait.

Ce calme ne pouvait durer. Les chefs de l'oligarchie fanatique, qui désiraient asservir l'Église catholique à l'autorité royale, n'avaient pas renoncé à leur projet. " Ils sentaient, en effet, qu'à côté de l'autorité civile, qu'ils exerçaient, existait un pouvoir d'un ordre supérieur, dont ils auraient voulu s'emparer, afin d'être les maîtres au spirituel comme au temporel (1) ".

Leur dessein était d'anéantir l'autorité de l'évêque catholique, en s'arrogeant le pouvoir d'ériger les paroisses et de nommer aux cures.

Le grand argument qu'ils invoquaient était que, depuis la cession du pays à l'Angleterre, l'évêque catholique n'avait aucune existence légale et ne jouissait d'aucun droit civil. Le pouvoir d'ériger des paroisses appartenait au gouverneur, qui devait l'exercer avec le concours de l'Assemblée législative et de son Conseil exécutif. Quant à la nomination aux cures, elle appartenait au roi.

Les instructions secrètes données aux gouverneurs, depuis 1763, étaient bien explicites à ce sujet, et elles ne distinguaient pas entre catholiques et protestants (2). Heureusement que le gouverneur Murray et lord Dorchester avaient eu la sagesse de les laisser dormir dans la poussière des tiroirs. Cet état de choses ne pouvait durer.

Mgr Briand, de crainte de l'intervention du pouvoir civil dans les affaires spirituelles de l'Église catholique, s'était abstenu de faire des érections canoniques de paroisses. L'ordonnance de 1791 semblait maintenir l'évêque de Québec dans les droits dont il jouissait avant la conquête. Mgr Hubert avait lui-même érigé canoniquement deux paroisses : celle de Saint-André-de-Kamouraska, en 1791, et celle de Saint-Marc-de-Cournoyer, en 1792. On ne l'avait pas inquiété. (3).

En 1797, le général Prescott demanda à Mgr Denaut...

_______________________________________________________________

(1) Abbé Ferland, Mgr Joseph-Octave Plessis, évêque de Québec, 1878, p. 61. — (2)  D. C. H. C. (1760-1791), Commission de gouverneur à Murray, p. 151. D. C. H. C. (1791-1818) Instructions à lord Dorchester, 16 septembre 1791. p. 24-26. — (3) Nous mettons à l’appendice X, (p. 354), une copie de l'acte d'érection canonique de la paroisse de Saint-André-de-Kamouraska.


Dernière édition par Louis le Ven 31 Mar 2017, 7:39 am, édité 1 fois (Raison : Mettre le lien.)

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Message  Louis Mer 01 Mar 2017, 6:51 am

Mgr Denaut.

…En 1797, le général Prescott demanda à Mgr Denaut de lui remettre, chaque année, une liste des nominations aux cures faites dans les douze derniers mois, afin qu'il pût lui-même en rendre compte si on l'interrogeait. C'était l'indice de ce qui se tramait dans l'ombre.

Le conflit que l'on redoutait éclata en 1798. Le grand vicaire Noiseux, curé des Trois-Rivières, avait rendu un décret érigeant en paroisse, sous le nom de Sainte-Marguerite, une partie de territoire détachée des paroisses de Bécancour et de Nicolet. Le curé Noiseux n'était pas autorisé à faire cette érection, et Mgr Denaut s'y opposait parce qu'il ne voyait pas la nécessité d'ériger une paroisse en cet endroit.

Les habitants de la localité venaient de s'adresser à la Législature...

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Message  Louis Jeu 02 Mar 2017, 7:27 am

La question de l'érection civile des paroisses catholiques.

Les habitants de la localité venaient de s'adresser à la Législature pour obtenir l'érection civile de leur nouvelle paroisse. L'occasion de s'immiscer dans les affaires ecclésiastiques se présentait d'elle-même. On ne devait pas la laisser passer.

Le 19 mars 1798, M. Thomas Coffin, député…

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Message  Louis Ven 03 Mar 2017, 6:27 am

Intervention de l'Assemblée législative.

Le 19 mars 1798, M. Thomas Coffin, député de Saint-Maurice, demandait la permission de présenter à la Chambre d'Assemblée un bill "qui forme une nouvelle paroisse entre les paroisses de Bécancourt et de Nicolet (1). "

La question des droits de l'évêque catholique dans l'érection des paroisses était soumise à la Législature et tout laissait prévoir que l'autorité épiscopale subirait de rudes assauts.

Mgr Denaut, qui continuait de résider dans sa cure de Longueuil, était peu au courant de ce qui se disait à Québec. Mais la Providence lui avait ménagé...
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(1) Journal de la Chambre d'assemblée, Bas-Canada, 1798, p. 54.

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Message  Louis Sam 04 Mar 2017, 6:56 am

Conduite habile de Mgr Plessis.

Mais la Providence lui avait ménagé un aide précieux dans la personne de Mgr Plessis, qu'il avait choisi comme coadjuteur, au mois de septembre 1797. C'est ce dernier qui va mener la lutte, de haute main, sous la direction de Mgr Denaut auquel il fait part de toutes ses démarches. Curé de Québec depuis 1792, Mgr Plessis comptait des amis sincères parmi les personnages influents du Gouvernement. Nous mentionnerons tout spécialement MM. Adam Lymburner, membre de l'Exécutif, William Grant, Joseph Young, John Lees, membres de l'Assemblée législative. Il multiplie les visites auprès d'eux, a des entrevues avec le procureur général, l'honorable Jonathan Sewell, avec le juge en chef, l'honorable William Osgoode, assiste aux séances de la Chambre. Il ne s'oppose pas au bill en lui-même.

Le vice que je trouve dans la chose, écrit-il à Mgr Denaut, est que le bill ne tienne aucun compte ni ne fasse aucune mention des démarches des habitants auprès de l'évêque ou de son grand vicaire, ni des procédures de ceux-ci. Comme il faut que la Législature porte tôt ou tard une ordonnance qui fixe la manière de procéder aux érections de paroisses, autant vaut-il que cela vienne aujourd'hui que demain, et je serais, sauf meilleur avis, parfaitement satisfait du bill proposé si l'on insérait ces mots ou autres semblables : les dits habitants, etc... ayant préalablement fait auprès de leur évêque les démarches usités en pareil cas et obtenu de lui un décret d'érection de leurs habitations en une paroisse. . . C'est ce que nous devons tâcher d'obtenir ou de la Chambre d'assemblée, ou du Conseil législatif, supposé que le bill s'y rendît avant l'admission de cette clause (1).

Il croyait que le projet de loi en question était l'œuvre surtout de deux membres de la Chambre, qui voulaient " exclure l'évêque de l'érection des paroisses ", afin de saper son autorité. S'ils réussissent " en ce point, ajoutait-il, " ils iront plus loin (2) ".

D'autre part, le juge en chef et le procureur général ne reconnaissaient nulle part ailleurs que dans la législation, le pouvoir d'ériger les paroisses sans le concours de quelque autre autorité que ce fut (3).

Tous deux sont néanmoins convenus avec moi, écrivait Mgr Plessis, qu'il était convenable en cette province que l'évêque en prît connaissance, et même qu'on ne procédât à aucune érection contre son gré, mais ils n'allaient pas jusqu'à vouloir entendre que cette clause trouvât place dans un acte passé par la législation. Le concours de l'évêque n'était donc dans leur opinion qu'une affaire de procédé et de bienséance par-dessus laquelle on aurait passé outre quand on aurait voulu (4).


Le 21 mars 1798, le bill de M. Coffin passait en seconde lecture. Il fut décidé que l'étude en serait confiée à un comité spécial composé, de MM. Coffin, De Bonne, Sewell, Craigie et, Guy.

Le comité était prié de transmettre immédiatement la requête des habitants à Mgr l'évêque de l'Église romaine et aux marguilliers et curés des paroisses de Nicolet et de Bécancour.  Les choses prenaient une tournure favorable. Mgr Plessis en profite pour faire connaître à Mgr Denaut le fond de sa pensée: …
______________________________________________

(1) Archives de l'Archevêché de Québec. Évêques de Québec, III, f. 12, 19 mars 1798. — (2) Ibidem. Lettre du 19 mars 1798. — (3)  Ibidem. Lettre du 21 mars 1798. — (4) Ibidem. Évêques de Québec, Lettre du 21 mars 1798, III, f. 18.

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Message  Louis Dim 05 Mar 2017, 5:57 am

Conduite habile de Mgr Plessis.

(suite)

Mgr Plessis en profite pour faire connaître à Mgr Denaut le fond de sa pensée:

Comme je ne doute pas, lui dit-il, que vous ne vous déclariez contre l'érection de la dite paroisse, l'occasion est favorable d'exprimer votre désir d'avoir un acte général qui pourvût tant pour le passé que pour l'avenir à tous les cas de cette nature. Telle est aujourd'hui l'opinion décidée de l'avocat général. Il vient d'exprimer clairement et itérativement qu'il trouvait à propos que le bill tel qu'il existe fût réformé par le comité jusqu'à devenir un bill général qui, amplifiant et expliquant l'ordonnance de 1791, revêtit l'évêque et le gouverneur de toute l'autorité nécessaire, à l'effet de créer, diviser, démembrer les paroisses suivant l'exigence des cas. . . Le bill ainsi amendé et réformé, revenant dans la Chambre, sera soutenu en comité général non seulement par ceux qui s'étaient d'abord déclarés contre, mais encore par MM. Panet, Sewell, Bédard et Papineau. C'est de quoi je crois pouvoir vous répondre et tout ira à notre satisfaction (1).

Le bill ne devait pas revenir en Chambre. Quelques jours plus tard, Mgr Plessis annonçait à Mgr Denaut qu'il avait présenté au lieutenant-gouverneur Prescott la copie de tous les papiers concernant l'érection de la paroisse de Sainte-Marguerite, " l'assurant que, dans toutes les affaires de cette nature, l'ardent désir de l'évêque était de ne correspondre qu'avec le représentant de sa Majesté " ; et lui faisant remarquer " que toutes questions mues dans la Chambre d'assemblée sur l'autorité de l'évêque ou sur les matières ecclésiastiques, pouvaient avoir des suites fâcheuses et troubler la paix et la tranquillité dont jouissaient, dans cette province, les sujets catholiques de sa Majesté ".

" Il a donné à plein collier dans ma politique, dit Mgr Plessis. Oh ! dit-il, ce n'est pas mon avis. Que Monseigneur permette chapelle à ces gens, s'ils sont trop éloignés des autres églises, c'est tant qu'il faut. Je le disais, l'autre jour, au juge en chef. Tout le reste n'est qu'une envie de remuer ", et ici, le général Prescott désignait comme l'instigateur de toute cette affaire, le juge De Bonne, qu'il qualifiait de " très mauvais sujet " et " grand ennemi de l'Église catholique ". "Mais ne craignez rien, continuait le lieutenant-gouverneur. Assurez de mes respects Monseigneur de Québec, et dites-lui qu'il peut compter hardiment sur ma protection et vous aussi ".

" M. Grant est toujours d'opinion que vous alliez votre train, disait encore Mgr Plessis, s'il se présente quelque paroisse à ériger, sauf aux habitants intéressés dans telle érection à faire ensuite homologuer le décret de l'évêque par qui il appartiendra ".

Il ajoutait, en post-scriptum :" Je sors de chez le juge en chef. Après avoir fait lecture de votre opinion il m'a dit que le parti le plus sage était de mettre l'éteignoir sur la question actuellement devant la Chambre. Ses idées sur la chose en général m'ont paru s'accorder très bien avec celles du général Prescott. Il ne m'a rien dit de son collègue (le juge De Bonne), se contentant de nommer coqs de village ceux qui ont amené cette pétition et le bill sur icelle (1)."

La question de l'érection des paroisses en resta là, pour le moment. En 1800, M. Coffin voulut ramener la chose en Chambre à propos de la nouvelle paroisse de Saint-Grégoire-de-Nicolet. Mgr Plessis lui répondit que Mgr Denaut s'entendrait avec le Gouvernement " quand le temps en serait venu ". (2) Cette paroisse fut érigée canoniquement, le 18 août 1802, d'après les dispositions de l'ordonnance de 1791.

Une autre question qui préoccupait grandement quelques fonctionnaires du gouvernement était...
___________________________________________________________

(1) Ibidem. Évêques de Québec. Lettre du 21 mars 1798. III, f. 18. — (1)  Archives de l'Archevêché de Québec. Évêques de Québec. Lettre du 12 avril 1798, III, f. 20. — (2) Ibidem. Évêques de Québec. Lettre du 8 avril 1800, III, f. 65.

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Message  Louis Lun 06 Mar 2017, 6:18 am

.
Le lord évêque Mountain et l'éducation.

Une autre question qui préoccupait grandement quelques fonctionnaires du gouvernement était celle de l'éducation.

Le lord évêque Mountain (3) ne cessait de se plaindre de l'ignorance des Canadiens.

" Tout le monde sait, écrivait-il, en 1799, que les basses classes, dans cette province, sont la plupart d'une ignorance déplorable, que les bribes d'instruction que peuvent obtenir leurs enfants, en dehors des villes, ne sont guère données qu'aux filles, et l'on sait surtout que jusqu'à présent, elles n'ont fait aucun progrès dans la langue du pays  sous le gouvernement duquel elles ont le bonheur de vivre (1). "

Cette ignorance de la langue anglaise établissait comme une ligne de démarcation entre les sujets de Sa Majesté et était cause de la division, en deux portions séparées, de citoyens devant être unis et ne former qu'un seul peuple.

Le lord évêque ne voyait qu'un moyen de remédier à ce funeste état de choses : c'était de placer, dans chaque ville et dans chaque village important des instituteurs anglais qui y enseigneraient gratuitement la langue anglaise et seraient payés par le gouvernement.

En transmettant la lettre du révérend Mountain...
__________________________________________________________________

(3) Jacob Mountain, premier évêque anglican de Québec, arriva au Canada le 1er novembre 1793. Douze membres de sa famille l'accompagnaient. On trouvera leurs noms dans le Bulletin des Recherches Historiques, v. XX, 1914, p. 355-356. — (1) Arc. can. Le lord évêque de Québec à Sir Robert Shore Milnes, 17 octobre 1799, Q. 84, p. 183.

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Message  Louis Mar 07 Mar 2017, 7:20 am

.
L'Institution Royale.

En transmettant la lettre du révérend Mountain au duc de Portland, sir Robert Shore Milnes lui disait que les suggestions du lord évêque avaient été approuvées par le Conseil exécutif. Il proposait de réserver une partie des terres de la couronne pour fournir les fonds nécessaires à l'établissement d'écoles de grammaire et d'un collège à Québec. La mesure en soi, disait-il, serait excellente ; elle ajouterait à la popularité du gouvernement et serait d'un bon effet au point de vue politique et moral. Ce serait surtout un mouvement bien propre à encourager la diffusion de la langue anglaise dans la province (2).

Les projets de Sir Robert Shore Milnes et du lord évêque reçurent l'approbation du secrétaire des colonies qui autorisa le gouverneur à prendre sur les fonds provinciaux l'argent nécessaire pour établir des écoles gratuites, à la condition expresse qu'on y enseignerait l'anglais à tous les enfants, sans limite de nombre (3).

Le dernier survivant des Jésuites, le Père Cazot venait de mourir. L'occasion propice pour s'emparer des biens des Jésuites s'offrait d'elle-même. On laisserait le public sous l'impression que le revenu de ces biens serait consacré à l'établissement d'écoles gratuites. Milnes déclarait au duc de Portland que l'annonce qu'il avait faite des généreuses intentions de Sa Majesté avait eu le plus heureux effet, et avait empêché toute allusion aux biens des Jésuites (1).

Un "Acte pour l'établissement d'écoles gratuites et l'avancement des sciences dans la province " avait été introduit en Chambre et était dans le moment discuté en comité (2) ". Si le clergé catholique romain, écrivait Milnes, n'emploie pas son influence à combattre la proposition, le bill sera probablement adopté". En passant, il donnait un coup de griffe au clergé. " C'est lui, disait-il qui semble avoir jusqu'ici empêché l'instruction de se répandre dans la province (3)."

Le plus surprenant, c'est que l'acte de 1801...
_______________________________________________________________

(2)  Arc. can. Milnes à Portland, 5 avril 1800, Q. 84, p. 270. — (3) Arc. can. Portland à Milnes, juillet 1800, Q. 84, p. 290. — (1)  Arc. can. Milnes à Portland, 3 février 1801, Q. 86-1, p. 94. — (2) 41 Geo. III, ch. 17. — (3) Arc. can. Milnes à Portland, 3 février 1801, Q. 86-1, p. 94.

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Message  Louis Mer 08 Mar 2017, 7:55 am

.
Elle place l'éducation de la jeunesse canadienne française entre les mains des protestants.

Le plus surprenant, c'est que l'acte de 1801 fut voté dans les Chambres, sans opposition. Mgr Plessis, toujours si attentif ne paraît pas s'en être préoccupé. Il le rappelait un jour à Craig, en ces termes : " Vous dites que notre Église ne dort jamais, mais vous admettrez, cependant, que nous étions endormis, et très profondément, quand nous avons laissé adopter cet acte (4) ".

Cet acte, en effet, renfermait des dispositions étranges, et ne tendait rien moins qu'à remettre l'éducation de la jeunesse canadienne française entre les mains des protestants. De très amples pouvoirs étaient donnés au gouverneur. Il devait nommer des syndics auxquels serait confiée l'administration des " biens, meubles et immeubles " que la couronne donnerait pour des fins d'éducation. Ces syndics formaient une corporation, sous le nom d'Institution Royale pour l'avancement des Sciences. Le président de l'Institution et tous les officiers étaient désignés par le gouverneur. Celui-ci pouvait, à sa discrétion, établir des écoles gratuites dans les paroisses et cantons de la province, et nommer deux ou plusieurs commissaires, dans chaque comté, pour veiller à la construction des maisons d'école et d'un logis pour les instituteurs. Ces bâtisses devaient être construites aux frais des habitants, moyennant une cotisation que les commissaires ordonneraient aux marguilliers de faire, comme pour les constructions d'église.

La nouvelle loi renfermait une restriction qui ferait échouer pour longtemps le plan si bien imaginé pour angliciser les petits canadiens : c'était que la maison d'école ne serait construite que si la majorité des habitants le demandait par requête au gouverneur. Le clergé avait l'œil ouvert et empêcha ses ouailles de faire pareille demande.

L'établissement d'écoles paroissiales n'était cependant que le prélude d'un plan beaucoup plus vaste, combiné dans le secret, afin d'éduquer à l'anglaise les petits canadiens. Le Conseil exécutif proposait de consacrer des sommes considérables, prises à même le revenu provenant de la vente des terres de la couronne, pour ériger, en sus des écoles paroissiales, des collèges classiques où les élèves de la classe moyenne apprendraient à parler et écrire leur langue maternelle avec précision et correction, et acquerraient une connaissance des langues étrangères, vivantes ou mortes, de nature à leur être utile dans leur carrière. On proposait aussi de construire une université, où les jeunes gens de meilleur rang recevraient une éducation plus en harmonie avec leur situation sociale.

On suggérait d'établir quatre collèges : un à Québec, un à Montréal, un troisième aux Trois-Rivières, un quatrième à la baie de Missisquoi. Ceux de Québec et de Montréal devaient être construits   de suite.

Quant à l'université, le projet de sa construction restait à l'étude, pour le moment (1).

Le lieutenant-gouverneur Milnes recommanda chaudement au ministre des colonies le rapport du Conseil (2). Mais un obstacle imprévu s'opposa à la réalisation de tous ces beaux projets. Les terres de la couronne, mises à l'enchère, ne trouvèrent pas d'acheteurs, et force fut de remettre à une époque indéfinie la construction des collèges. Tout ce que l'on put faire, ce fut de bâtir quelques écoles de paroisses soutenues au moyen d'octrois votés annuellement par la Législature.

Le docteur Mountain...
_____________________________________________________________________

(4) Lettre de Craig à Liverpool, 1er mai 1810. D. C. H. C. (1791-1818), p. 397. —  (1) Arc. can. Rapport du Conseil concernant l'étendue des terres qui devraient être destinées à la dotation des écoles. Q. 92, p. 210. — (2) Milnes à lord Hobart, 5 juillet 1803, Q. 92, p. 205.

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Message  Louis Jeu 09 Mar 2017, 6:21 am

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Lettre du lord évêque à sir Robert Shore Milnes.

Le docteur Mountain avait été nommé président de l'Institution Royale, mais son action se limita à bien peu de choses, vu l'impossibilité où l'on se trouva d'organiser des écoles paroissiales.

Le lord évêque trouvait sa position de moins en moins enviable. Nommé, par lettres patentes, évêque de Québec, avec juridiction sur le Haut et le Bas-Canada, il s'était occupé, dès son arrivée, en 1793, d'établir un semblant de hiérarchie ecclésiastique dans son immense diocèse. Au mois de septembre 1794, il écrivait à lord Dundas (l) que la situation de l'Église protestante était certainement moins dégradante que celle où il l'avait trouvée à son arrivée. Le révérend Delisle, décédé, avait été remplacé, à Montréal, par le révérend Turstall. Son frère Jehosaphat Mountain, avait pris la place de Veissyère aux Trois-Rivières, et son neveu Jehosaphat Mountain, l'assistait à Québec. Le révérend Doty était recteur à William-Henry (Sorel), et le révérend Shortt, à Saint-Armand. Il s'était mis au travail avec ardeur. Mais de cruelles déceptions l'avaient bientôt découragé. Comment pouvait-il en être autrement ? Il était venu au Canada avec l'assurance que l'Église d'Angleterre serait officiellement établie en ce pays.

" Je n'ai pas besoin de faire remarquer à Votre Excellence, écrivait-il à sir Robert Shore Milnes (2), que ce projet n'a été jusqu'ici que très imparfaitement réalisé. Comparée aux fortes organisations, aux revenus considérables et aux pouvoirs et privilèges étendus de l'Église de Rome, l'Église d'Angleterre tombe tout simplement au rang d'une secte tolérée, n'ayant en ce moment pas un chelin de revenu qu'elle peut convenablement appeler le sien ; sans lois pour contrôler la conduite de ses propres membres, ou même pour réglementer les délibérations ordinaires des chapitres et des marguilliers sans dispositions pour l'organisation ou la gouverne des délibérations nécessaires d'une cour ou pouvoir ecclésiastique, afin de faire exécuter ses décisions ! "

Il achevait dans le moment la construction d'une église à Québec. Mais, il ne pouvait savoir si elle serait érigée église  métropolitaine ou resterait simple église paroissiale.

Enfin, il éprouvait de grandes difficultés à se procurer des assistants…
________________________________________________________________

(1)  Arc. can. Q. 69-2, p. 385. — (2)  6 juin 1803. Rapport sur les Archives du Canada, par Douglas Brymner, 1892, p. 16-20.

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Message  Louis Ven 10 Mar 2017, 8:00 am

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Lettre du lord évêque à sir Robert Shore Milnes.

(suite)

Enfin, il éprouvait de grandes difficultés à se procurer des assistants. Le révérend Turstall, recteur à Montréal, à la suite d'un procès retentissant, avait été remplacé par le frère du lord évêque, Jehosaphat Mountain ; le révérend Shortt avait été transféré aux Trois-Rivières et un nouveau recteur, le révérend Rudd, avait été nommé à William-Henry. Il n'avait pu trouver de recteur pour remplacer le révérend Shortt à Saint-Armand parce qu'on ne pouvait lui donner un salaire suffisant.

Où il n'y a pas d'espoir d'avancement, disait le lord évêque, on ne peut guère avoir l'espoir d'obtenir les services d'hommes capables et dignes. On n'engagera pas facilement des ministres respectables et utiles de notre église à passer leur vie dans les solitudes de ce pays sans une perspective de jamais atteindre des positions plus convenables et plus honorables que pourront mériter leurs travaux et leurs vertus.

Ce zèle primitif qui pouvait déterminer des hommes à dire complètement adieu à tout bien-être de la vie, pour se consacrer à la propagation de la véritable religion, se trouve, je le crains, bien rarement parmi nous. Je n'ai pas eu, du moins, la bonne fortune de le trouver. Mais la difficulté d'avoir des ministres pour la nouvelle colonie disparaîtrait, je le crois, entièrement, si une organisation libérale et convenable de l'Église leur offrait un espoir raisonnable de recueillir de justes émoluments et une distinction honorable comme récompense de l'accomplissement, exemplaire et méritoire de leurs devoirs.


Ce qui préoccupait davantage le lord évêque était de voir à ses côtés un personnage "qui a décidé, disait-il, de s'arroger non seulement le titre d'évêque de Québec mais aussi d'y ajouter le qualificatif de " Monseigneur Sa Grandeur, le révérendissime et illustrissime ". "Son coadjuteur porte l'habit et prend le rang d'évêque et reçoit aussi le titre de Monseigneur."

Tout en protestant de son bon vouloir envers l'Église romaine, le lord évêque trouvait que son chef était traité beaucoup trop libéralement…

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Message  Louis Sam 11 Mar 2017, 7:29 am

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Lettre du lord évêque à sir Robert Shore Milnes.

(suite)

Tout en protestant de son bon vouloir envers l'Église romaine, le lord évêque trouvait que son chef était traité beaucoup trop libéralement.

Si l'évêque romain, disait-il, est reconnu comme étant l'évêque de Québec, que deviennent le diocèse que Sa Majesté a solennellement, créé et l'évêque qu'il lui a plu de nommer ! Autoriser l'établissement de deux évêques du même diocèse, de religions différentes, serait un solécisme en forme de gouvernement ecclésiastique qui, je crois, n'a jamais existé dans le monde chrétien ; tenter l'union d'Églises différentes avec l'État serait, je le crains fort, une expérience dans la science du gouvernement pas moins dangereuse que nouvelle.

Si on permettait à tout ce qu'on s'est ainsi arrogé d'une manière injustifiable de se continuer et que, par cette permission, cet état de chose dût virtuellement recevoir la sanction du gouvernement de Sa Majesté, ce serait une faveur qui, et je le dis humblement et respectueusement, me semblerait contraire aux lois et à la constitution de notre pays ; ce serait mettre " l'évêque du pape " (car tel il est) au-dessus de celui du roi ; ce serait, à mon humble avis, faire tout ce qui peut se faire pour perpétuer le règne de l'erreur, et établir l'empire de la superstition ; et, conséquemment, ce serait accorder aux Canadiens une faveur plus préjudiciable à eux-mêmes qu'aux habitants anglais ; car tout ce qui peut tendre à amener petit à petit une réforme de l'Église romaine serait le plus grand bienfait que pourraient recevoir les Canadiens. . .

C'est pourquoi, tout en déclarant de nouveau n'avoir aucun désir de voir l'Église romaine dépouillée de tout privilège qu'on peut juger nécessaire à la tolérance complète et libérale de son culte, je n'hésite pas à conclure qu'à moins d'appliquer un remède immédiat et efficace aux abus qui se sont graduellement introduits, à moins que l'état positif et la situation relative, à la fois, de l'Église d'Angleterre dans ce pays, ne soient incessamment et radicalement changés, tout espoir de maintenir l'établissement de cette Église sera, à mon avis, irrévocablement perdu.

L'Église catholique romaine sera, à toute fin que de droit, la religion établie du pays ; bien que déclinant comme elle semble le faire, dans d'autres parties du monde, elle trouvera ici non seulement un asile sûr, mais elle sera élevée à la prééminence et assise sur les bases les plus larges et les plus solides.


Sir Robert Shore Milnes transmit cette longue lettre à lord Hobart, en lui disant qu'il ne croyait pas qu'il fût nécessaire d'y ajouter des commentaires. Il avait déjà attiré l'attention du secrétaire des colonies sur ce point.

Dans la lettre citée plus haut où il décrivait au duc de Portland l'état politique du Canada (1), le lieutenant-gouverneur touchait à cette question de la religion et disait que la protection accordée à la religion catholique et l'indépendance du clergé contribuaient beaucoup à amoindrir l'influence du gouvernement.

Lord Hobart avait répondu qu'il ne comprenait pas pourquoi on négligeait l'observation des instructions royales où il était dit " que nulle personne ne devait recevoir les Saints Ordres ou avoir charge d'âmes, sans avoir, au préalable, eu et obtenu un permis du gouverneur, etc., etc." Il demandait au lieutenant-gouverneur d'employer tous les moyens suggérés par la prudence, afin de reprendre cette prérogative du pouvoir royal, et croyait qu'on aurait une chance de réussir en augmentant le revenu de l'évêque (2).

Lord Hobart, après avoir pris connaissance…
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(1)   P. 156-158. — (2)  Arc. can. Q. 86-1, p. 3.

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Message  Louis Dim 12 Mar 2017, 7:16 am

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Réponse de lord Hobart.

Lord Hobart, après avoir pris connaissance de la missive du lord évêque, répondit à Milnes qu'il reconnaissait la justesse des réclamations du prélat anglican. Il ne voyait pas, cependant, la nécessité d'agiter des questions qui pouvaient provoquer des différends entre les chefs des églises protestante et catholique romaine. Le lieutenant-gouverneur devait prier les deux évêques de s'abstenir de tout acte propre à causer de l'irritation dans l'esprit des membres du clergé ou des personnes professant la religion qu'ils administraient respectivement. Il devait demander à l'évêque catholique de s'abstenir de prendre des titres nouveaux ou d'exercer des pouvoirs qu'il n'était pas censé avoir (3).

Le 24 octobre 1804, l'évêque anglican revenait de nouveau à la charge. Il désirait, écrivait-il à lord Camden, sortir de la pénible et fausse situation qu'il occupe en Canada, où il a passé onze ans sans avoir pu réaliser aucun des desseins pour lesquels il y a été envoyés, si ce n'est de construire une cathédrale sans dotation et sans constitution. On lui a même refusé le pouvoir de légaliser certains mariages faits dans le Haut-Canada. Bien plus, le lieutenant-gouverneur Hunter lui a fait savoir qu'il ne pouvait nommer, sans sa permission, des ministres dans le Haut-Canada. Les membres canadiens du Conseil exécutif s'opposent à ce qu'il érige des paroisses protestantes. Ainsi, les catholiques qui, grâce à la libéralité sans égale de Sa Majesté, ont tant eu pour leur Église, s'objectent autant qu'il dépend d'eux à tout ce qu'il demande pour la sienne. Après tant de déboires, il n'a plus qu'une ambition : de retourner en Angleterre le plus tôt possible (1).

Mgr Plessis nous laisse entendre que le lord évêque songeait à quitter définitivement le Canada. Dans une lettre à Mgr Denaut, il écrit, "My lord bishop est moins intéressé que jamais à nous nuire. Sa sollicitude est occupée d'un autre objet, c'est d'obtenir un évêché en Irlande ou en Angleterre, qui puisse le dédommager des misères apostoliques qu'il a éprouvées dans son premier diocèse. On parle déjà de la vente de ses meubles, qui doit se faire aussitôt après son départ, fixé pour le mois de juin ou de juillet (2)."

Milnes se préparait lui aussi à quitter le pays...
______________________________________________________________

(3)  Arc. can. janvier 1804, Q. 92, p. 275. — (l) Arc. can. 24 octobre 1804, Q. 96, p. 171. — (2) Archives de l'Archevêché de Québec. Évêques de Québec, carton III, f. 129.

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Message  Louis Lun 13 Mar 2017, 6:12 am

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Le gouverneur propose à Mgr Plessis de faire reconnaître les droits de l'évêque catholique.

Milnes se préparait lui aussi à quitter le pays. Au mois de mars 1805, il annonçait son prochain départ à Mgr Plessis, lui faisant savoir, en même temps, qu'il désirait s'employer en Angleterre à faire reconnaître les droits civils de l'évêque catholique de Québec. Mgr Plessis mit aussitôt Mgr Denaut au courant des intentions du lieutenant-gouverneur. Sir Robert Shore Milnes, lui disait-il, se flatte "d'obtenir des ministres de Sa Majesté une commission pour l'évêque catholique qui serait ensuite expédiée ici par le gouverneur au nom du roi, laquelle, laissant de côté tout ce qui concerne le spirituel auquel il conçoit qu'il n'appartient à personne de toucher, donnerait à l'évêque un état convenable à sa dignité, semblable à celui dont jouit l'évêque anglican, et sans qu'il n'y eût rien de commun entre l'un et l'autre, déterminerait les temporalités de l'évêque, fixerait ses prétentions sur le palais épiscopal, sur les fabriques, sur les cures, sur l'érection des nouvelles paroisses, etc., etc." Mgr Plessis ajoutait que le lieutenant-gouverneur lui avait dit :

qu'il fallait combiner les choses de manière à ne heurter ni les prérogatives du gouvernement, ni les principes de la religion catholique; que tous les articles qui devaient trouver place dans cette commission avaient besoin, avant toute chose, d'être examinés et discutés ici à l'amiable, afin que les parties intéressées n'eussent ni à se plaindre ni à se tenir en défiance désormais les unes contre les autres, comme il semblait que l'on avait fait jusqu'à présent ; qu'il n'était pas homme de loi. mais qu'il avait donné pleine liberté à l'avocat général de raisonner avec moi sur tous les points qui pouvaient être mis en question, afin de prendre sur le tout des conclusions convenables ; que se considérant ici comme le père commun des protestants et des catholiques, il se croirait heureux d'avoir pu procurer au clergé romain une existence certaine et indépendante au lieu de la situation précaire où il le voyait avec peine (1).

Mgr Plessis s'aboucha de suite avec...
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(1)  Ibidem. Évêques de Québec, carton III, f. 123.

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Message  Louis Mar 14 Mar 2017, 7:11 am

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Entrevue de Mgr Plessis avec le procureur général, à propos de la nomination aux cures.

Mgr Plessis s'aboucha de suite avec M. Jonathan Sewell. Ils eurent plusieurs entrevues. Dès la première, le coadjuteur s'aperçut qu'il serait difficile d'en venir à une entente. " L'avocat général montre de la bonne volonté, écrit Mgr Plessis, mais il voudrait des curés inamovibles ; son idée est que le gouverneur présente les sujets aux cures et que l'évêque leur donne l'institution".

Pressé par le lieutenant-gouverneur...

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Message  Louis Mer 15 Mar 2017, 7:15 am

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Correspondance à ce sujet entre Mgr Denaut et Mgr Plessis.

Pressé par le lieutenant-gouverneur, le coadjuteur prépara un projet de lettres patentes qu'il expédia à Mgr Denaut, le priant d' "ajouter, retrancher, tailler, rogner " comme il lui plairait. Il continuait ses conférences avec M. Sewell.

Il y a deux articles sur lesquels nous n'avons pu nous accorder, écrivait Mgr Plessis à Mgr Denaut, savoir : l'amovibilité des cures et l'érection de paroisses. Sur le premier, il persiste dans l'idée que les cures doivent être érigées en titre et conférées par l'évêque sur la présentation du gouverneur et prétend que c'est un point majeur sur lequel on ne se relâchera point. . .— Par rapport à l'érection des paroisses, il la fait consister dans des lettres patentes du roi, regarde toutes les opérations de l'évêque ou de ses officiers comme de simples préliminaires, veut que les mêmes territoires servent pour les paroisses catholiques et pour les anglicanes, et ne reconnaît pour érections faites ci-devant que le règlement de 1721, confirmé par lettres patentes de 1722, quoique je lui ai démontré que ce règlement ne faisait que déterminer l'étendue territoriale, et qu'avant et après ce règlement il a été érigé des paroisses par les évêques de Québec (2).

L'avocat général se montrait assez conciliant sur le reste. Il ne voyait pas d'objection à ce que l'évêque prît le titre d'évêque de Québec. Il serait bon d'ajouter un terme distinctif comme celui de romain ou de catholique. Il admettait que l'évêque reconnu et autorisé par lettres patentes aurait le droit d'inspecter les livres de fabrique, pourrait visiter les paroisses, gouverner les Séminaires, régler les honoraires des ecclésiastiques et nommer les grands vicaires." M Sewell, disait le coadjuteur, conclut qu'il ne faut pas perdre l'occasion d'obtenir en réalité une autorité dont nous n'avons que l'ombre et dans l'exercice de laquelle nous pouvons être arrêtés à chaque pas."

Le  projet de  lettres patentes devait être  laissé de côté. Le lieutenant-gouverneur et l'avocat général étaient d'avis, qu'il valait mieux présenter deux requêtes : l'une au lieutenant-gouverneur,  renfermant quelque détail, l'autre au roi qui ne serait que le résumé de la première.

Mgr Plessis s'offrait de préparer lui-même les requêtes, avec le concours de l'avocat général ou de M. William Grant, seigneur de Longueuil et représentant de Québec, à la Chambre d'assemblée. Il était bien entendu que toute idée de suprématie spirituelle en  serait exclue.

M. Sewell persistait dans son projet d'enlever à l'évêque la nomination aux cures. " Ce n'est plus une simple présentation dont on prétend investir le gouverneur, mais une vraie nomination, une commission qui mettra un curé en possession du temporel de sa cure, en même temps que l'évêque le mettra, par sa commission ecclésiastique, en possession  du  spirituel," écrivait  Mgr Plessis (1).  

Dans la même lettre (27 mai 1805), le coadjuteur donnait le compte rendu à Mgr Denaut d'une nouvelle entrevue avec le lieutenant-gouverneur. Il avait essayé de lui faire comprendre que l'évêque étant de droit commun le collateur de tous les bénéfices de son diocèse, il ne pouvait renoncer à faire lui-même les nominations aux cures, vu les inconvénients qui pourraient en résulter.

A cela, sir Robert Shore Milnes avait répondu qu'un gouverneur…
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(2)  Ibidem. Évêques de Québec, carton III, p. 135.— (1)  Ibidem. Évêques de Québec, carton III, p. 137.

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Message  Louis Jeu 16 Mar 2017, 7:18 am

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Correspondance à ce sujet entre Mgr Denaut et Mgr Plessis.

(suite)

A cela, sir Robert Shore Milnes avait répondu qu'un gouverneur ne ferait certainement pas de nominations aux cures sans avoir consulté l'évêque, au préalable. Il avait ajouté : " C'est un principe si bien établi, en Angleterre, que la nomination à toutes les places est une prérogative royale, que je prévois qu'on ne voudra pas s'en départir."

Ces propos du lieutenant-gouverneur n'étaient pas de nature à rassurer Mgr Denaut, qui se montrait beaucoup moins confiant que Mgr Plessis. Il avait répondu à son coadjuteur qu'il aimait mieux son état précaire, tel qu'il était, que l'établissement solide, tel qu'il lui était offert.

Dans son incertitude il avait consulté M. Roux, supérieur des Sulpiciens et grand vicaire pour le district de Montréal. Celui-ci, si l'on en juge par les observations faites sur le projet des lettres patentes soumis par le coadjuteur à Mgr Denaut, était loin d'approuver les démarches de Mgr Plessis. Le coadjuteur en fut attristé et riposta vivement à M. Roux

Ne vaut-il pas mieux rester comme nous sommes, dites-vous ! Mais comment sommes-nous ? Sans état fixe, sans autorisation, soumis aux dispositions des instructions du roi qui donnent tout uniment au gouverneur la provision (collation) de toutes les cures, en l'autorisant à ne déplacer les curés que quand ils seront convaincus de félonie. C'est en même temps un effet visible de la protection divine et une preuve frappante de la modération britannique, si ces instructions n'ont pas été exercées jusqu'à présent à la rigueur. Elles ont même été tenues assez secrètes jusqu'à une certaine époque. Mais depuis quelques années elles commencent à être connues et déjà ont donné lieu à beaucoup de raisonnements.

Avouons que l'état de l'évêque tel que suggéré dans mon plan de lettres patentes, quoique dépendant et gêné, serait bien préférable à celui d'à présent et qu'il vaudrait mieux céder quelque chose que de tout risquer. Après Dieu, la religion catholique dans ce pays n'offre de protection à ses ministres que dans le gouvernement. Les fidèles les plus zélés sont dans les basses classes du peuple. La haute classe des catholiques, conseillers, juges, avocats, marchands de quelque crédit, n'est point en général amie du clergé...

Le gouverneur et l'avocat général savent très bien que nous avons en horreur l'anglicanisme et principalement la suprématie du Roi qui en fait partie. Je leur ai déclaré à pleine bouche et plusieurs fois, en ajoutant même que l'évêque ne pouvait en conscience accepter une commission qui en impliquerait la plus petite ombre. Ils ne voient donc dans nos places ecclésiastiques que le temporel, et c'est vraiment le seul objet qui les occupe. Le spirituel est à nous, et s'ils y interfèrent, ce sera sans malice et par accident et par concomitance avec le temporel. Si les fidèles prennent le change, il sera aisé de les détromper en peu de temps. Voilà sur le tout ma manière de penser, qui, du reste, n'est pas dégagée de toute appréhension (1).


Au fond, Mgr Plessis craignait de s'être un peu trop avancé. Au point où en était rendue la discussion il n'était plus possible de reculer. Les requêtes furent rédigées par Mgr Plessis, M. Grant et M. Lymburner et envoyées à Mgr Denaut, qui les retoucha en plusieurs endroits et les signa à contre-cœur.

Dans la première, Mgr Denaut priait son Excellence de transmettre au roi la pétition qu'il lui envoyait et dans laquelle il ne demandait " autre chose à Sa Majesté qu'à être civilement autorisé, lui et ses successeurs, en qualité d'évêques catholiques de l'Église catholique romaine de cette province, à exercer librement tous les droits temporels, et percevoir les émoluments qu'il a plu, ou qu'il plaira à Sa Majesté d'attacher à cette dignité, et à faire participer les curés des paroisses catholiques de la province aux mêmes faveurs, dans le degré qui peut leur convenir."

Dans la requête au roi...
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(1) Ibidem. Évêques de Québec, 3 juin 1805. Carton III, f. 139.

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Message  Louis Ven 17 Mar 2017, 7:12 am

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Requête de Mgr Denaut au roi.

Dans la requête au roi, Mgr Denaut faisait remarquer que ni lui, " ni ses prédécesseurs depuis la conquête, ni les curés des paroisses, n'avaient eu de la part du roi cette autorisation spéciale dont ils avaient souvent senti le besoin, pour prévenir les doutes qui pourraient s'élever dans les cours de justice, touchant l'exercice de leurs fonctions civiles (2)."

Pas plus dans la lettre au gouverneur que dans la requête au roi, il n'était question de la nomination aux cures et de l'érection des paroisses. Mgr Denaut écrivait à Mgr Plessis :

" Les choses présentées comme elles sont dans la requête, ne me répugnent pas ; mais je n'entends pas (quoiqu'il pourrait bien arriver) que les mots ni les curés des paroisses, etc. , soient une demande ou un consentement à leur nomination aux cures."

La requête au roi fut expédiée en Angleterre, le 27 juillet 1805. Milnes, en la transmettant disait à lord Camden, " qu'elle servirait à élaborer un règlement final des questions relatives au clergé catholique romain," dont il s'occupait depuis plusieurs années (1).

Aucune réponse ne fut faite à cette requête au roi.
_________________________________________________________

(2)  Ces deux requêtes sont publiées dans les Mandements des Évêques de Québec , v. 2, p. 546-548. — (1) Rapport sur les Archives du Canada par Douglas Brymner, 1892. Note C. p. 30.

À suivre: Chapitre XIX.

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Message  Louis Sam 18 Mar 2017, 7:37 am

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Chapitre XIX
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Mgr Plessis, évêque de Québec.

Au mois de janvier 1806, Mgr Denaut décédait dans sa paroisse de Longueuil. Le 27 du même mois, Mgr Plessis prenait possession du siège épiscopal de Québec, et présentait comme coadjuteur M. Bernard-Claude Panet, curé de la Rivière-Ouelle. Le nouveau coadjuteur fut consacré dans la cathédrale de Québec, le 19 avril 1807, sous le titre d'évêque de Saldes.

Mgr Plessis montait sur le trône épiscopal dans des circonstances difficiles. Il était seul à savoir ce qui se tramait contre l'Église au Canada, et ne pouvait compter sur aucun secours humain.

Sir Robert Shore Milnes avait quitté Québec pour l'Angleterre, au mois d'août 1805. Le lord évêque Mountain...

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Message  Louis Dim 19 Mar 2017, 6:54 am

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Le lord évêque Mountain passe en Angleterre.

… Le lord évêque Mountain l'y suivit au mois d'octobre. Les deux amis allaient se retrouver à Londres, et Mgr Plessis craignait avec raison les intrigues du lord évêque.

Le docteur Mountain était allé en Angleterre...

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Message  Louis Lun 20 Mar 2017, 7:08 am

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Il demande que l’Eglise d’Angleterre soit établie officiellement au Canada.

Le docteur Mountain était allé en Angleterre avec l'idée bien arrêtée de faire reconnaître son titre d'évêque de Québec. Dans un long mémoire au roi il disait que, pendant les douze ans qu'il avait passés en Canada rien n'avait été fait pour établir officiellement l'Église d'Angleterre, qu'il ne jouissait d'aucun pouvoir, qu'il ne pouvait procéder à aucune érection de paroisses, ni accorder des licences de mariages, tandis que le surintendant de l'Église catholique exerçait tous ces pouvoirs sans aucune restriction, sous la seule autorité du pape. Humilié de cette situation il demandait que l'on y remédiât ou qu'on lui accordât un siège en Angleterre (1).

Dans un autre mémoire il indiquait à lord Castlereagh, le secrétaire des colonies, ce qu'il désirait plus particulièrement. Il voulait bien l'établissement officiel de l'Église d'Angleterre en Canada, mais il insistait surtout pour que l'on restreignît les pouvoirs de l'évêque catholique. Il ajoutait qu'il serait à propos de consulter l'avocat général du royaume pour décider si celui-ci agissait dans les bornes de la légalité. Lord Castlereagh trancha lui-même la question.

Dans un rapport préparé...
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(1)  Arc. can. 28 avril 1807, Q. 106-2, p. 409.

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Message  Louis Mar 21 Mar 2017, 7:13 am

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Réponse de lord Castelreagh.

Dans un rapport préparé, probablement, dans le but d'aider les membres du Cabinet britannique à mieux saisir la question, après avoir donné un résumé des demandes de l'évêque anglican, il disait :

L'Acte du Canada assure aux catholiques du Canada le libre exercice de leur religion, et au clergé, le droit de recevoir les dîmes payées par ceux qui appartiennent à cette croyance, sauf la suprématie de Sa Majesté, telle qu'établie par l'Acte de Suprématie (I. Q. E., c. I). La suprématie du roi, suivant cet Acte, se borne à empêcher les étrangers d'exercer aucune juridiction spirituelle dans les possessions de la couronne. Or l'évêque de Québec, ni les prêtres ne sont des étrangers. L'évêque est le chef d'une religion qui peut être pratiquée librement, sur la foi du parlement impérial ; il peut réclamer et recevoir des catholiques les dîmes et droits ordinaires, et exercer à leur égard les pouvoirs dont il a toujours joui. Ce serait donc une entreprise fort délicate, que d'intervenir dans les affaires de la religion catholique à Québec, ou de forcer l'évêque titulaire à abandonner ses titres et à agir non comme évêque, mais seulement comme surintendant. . .   (2).

Malheureusement, Mgr Plessis ne savait rien de ce qui se disait en Angleterre…
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(2)  Arc. can. Q. 108, p. 169.

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Message  Louis Mer 22 Mar 2017, 7:38 am

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Inquiétude de Mgr Plessis.

Malheureusement, Mgr Plessis ne savait rien de ce qui se disait en Angleterre. Il craignait fort de recevoir une réponse défavorable au mémoire adressé au roi par son prédécesseur.

Il écrivait à M. Bourret, agent de l'évêque de Québec à Londres, qu'il appréhendait que le gouverneur ne prît de là occasion de se faire autoriser à nommer aux cures, que se serait un terrible coup porté à la religion catholique du Canada... "Le secret, ajoutait-il, serait d'obtenir que l'évêque catholique de Québec fût reconnu et autorisé, à des conditions compatibles avec les principes de la religion qu'il professe... J'attends de votre zèle pour l'Église de Jésus-Christ que, s'il a été projeté quelque chose à cet égard... vous travaillerez à en détourner l'effet (1). "

Au milieu de toutes ces préoccupations…
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(1)  4 juillet 1806. Cité dans l'ouvrage : Joseph-Octave Plessis, par l'abbé Ferland, Québec, 1878, p. 69.

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Message  Louis Jeu 23 Mar 2017, 6:59 am

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Sa lutte contre l’Institution royale.

Au milieu de toutes ces préoccupations Mgr Plessis ne négligeait pas l'administration de son vaste diocèse. Sa volumineuse correspondance, conservée aux archives de l'archevêché de Québec, nous laisse voir son activité, qui s'étendait à tout et à tous. L'instruction de la jeunesse lui tenait à cœur. De concert avec son clergé il réussit à empêcher la fondation des écoles de l'Institution Royale. Très peu furent établies dans les vieilles paroisses (2).

Il encouragea ses curés à fonder des écoles de presbytères où les enfants, sous la direction de leurs pasteurs, apprenaient à lire et à écrire (3). C'est une de ces écoles de presbytère qui fut le berceau du Séminaire de Nicolet. Mgr Plessis fit des dépenses considérables pour soutenir cette maison d'éducation, qui ne réussit à survivre que grâce au concours de son généreux protecteur. C'est avec son appui que M. Girouard jeta les fondements du séminaire de Saint-Hyacinthe. En tout cela, Mgr Plessis songeait à l'avenir. Il voulait préparer, pour les luttes à venir, des générations fortement trempées et imbues des principes chrétiens.

Le lord évêque Mountain était toujours en Angleterre…
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(2) Appendice XI, p. 357. — (3) Appendice XII, p. 358.


Dernière édition par Louis le Ven 31 Mar 2017, 7:42 am, édité 1 fois (Raison : Ajout des liens.)

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