FLEURS DE NOS FORÊTS - Physionomie de plusieurs enfants de nos sauvages du Canada - Par N.-E. Dionne - 1904.

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Message  Roger Boivin Mer 23 Déc 2015, 7:26 pm



Tous deux souffraient depuis plusieurs semaines d'une maladie qu'aucun soin n'avait pu soulager. Se croyant frappés à mort, ils avaient entrepris de faire un pèlerinage à Sainte-Anne de Beaupré, afin d'obtenir de Dieu, par l'intercession de la grande thaumaturge du Canada, ou la santé ou une sainte mort. Ils n'étaient pas plus tôt de retour que leurs vœux furent exaucés. Ils moururent au milieu des sentiments de la plus douce ferveur. Touchée de l'intervention directe de la Providence, Marie Ouendraka courut trouver l'un des Jésuites de la mission, le suppliant de se joindre à elle et à sa famille, afin d'aller remercier la bonne sainte Anne d'avoir ouvert les portes du paradis à ses chers défunts. Et pour donner des preuves tangibles de sa reconnaissance, elle promit au Père d'offrir un collier de deux mille grains de wampum au sanctuaire de Sainte-Anne. Le missionnaire se prêta de bonne grâce au soutien de cette démarche pieuse, et un beau matin, plusieurs canots portant le missionnaire, Marie Ouendraka, ses deux enfants et plusieurs chefs de la bourgade huronne, voguaient tranquillement sur les eaux du grand fleuve, au milieu des cantiques et des hymnes chantés en chœur par les pieux pèlerins. Le pèlerinage rêvé par la reconnaissante Ouendraka allait s'accomplir avec un éclat inouï jusqu'alors. Et l'on se demande si, en réalité, ce ne fut pas le premier pèlerinage fait en corps par les catholiques du XVIIe siècle. Quoi qu'il en soit, il fut heureux, et la population de la paroisse fut édifiée à la vue de ces sauvages, que la foi avait touchés d'une manière aussi évidente.

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Message  Roger Boivin Mer 23 Déc 2015, 7:26 pm



Marie Ouendraka eut à subir bien d'autres épreuves que la perte de son mari et d'une enfant bien-aimés. Dieu, qui se plaît souvent à éprouver ceux qu'il aime le mieux, lui envoya des contrariétés bien propres à affliger son cœur de mère. Un jour, son fils unique, ayant mangé une herbe vénéneuse, fut pris de spasmes tels qu'on le crut mourant. Informée de l'accident, la pauvre mère courut tout affolée à l'endroit où gisait inanimé son enfant, et le prenant dans ses bras, elle l'emporta jusqu'à la chapelle de la bourgade ; puis, prosternée devant l'autel de la vierge Marie, elle lui adressa cette prière, la voix pleine de sanglots : "Sainte Vierge, mon enfant est donc mort. Recevez, je vous prie, son âme dans votre sein, et servez-lui dorénavant de mère dans le ciel. Votre Fils hien-aimé me l'avait donné pour un peu de temps, faites-moi aujourd'hui cette grâce, ô Mère de miséricorde, que je lui rende cette âme innocente par vos propres mains." A peine cette mère affligée eut-elle prononcé cette courte invocation, que l'enfant reprit ses sens, après s'être débarrassé des substances empoisonnées qui l'étouffaient.

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Message  Roger Boivin Mer 23 Déc 2015, 7:27 pm



Cette affliction fut bientôt suivie d'une autre plus grave, bien qu'elle dût être de courte durée. Quelques jours après l'accident survenu à son fils, sept membres de la famille d'Ouendraka, parmi lesquels se trouvaient ses deux enfants, étaient partis en canot pour aller faire la chasse à une quinzaine de lieues en bas de Québec. Cette excursion devait durer plusieurs jours. Une forte tempête s'éleva presque aussitôt après leur départ. Dans l'intervalle, des gens de la côte aperçurent un canot à la dérive et tirèrent des flots des cadavres dont l'origine était évidemment indienne, et parmi eux une jeune fille portant à son cou des colliers de porcelaine. Cette nouvelle fut vite annoncée à Québec, et parvint aux oreilles d'Ouendraka, qui comprit à la manière dont on la lui rapportait, que ses deux enfants avaient trouvé la mort dans ce naufrage. Aussitôt, sans se laisser troubler, elle courut prier à la chapelle, où elle resta longtemps agenouillée. Puis elle se rendit auprès du missionnaire, afin de trouver auprès de lui quelques motifs de consolation. Celui-ci tout ému en présence d'un si grand malheur, lui dit : "Allons à l'église, et là nous trouverons qui nous consolera. ''—Allons-y, s'écria-t-elle, et se jetant à genoux, elle dit : "Ah ! mon Seigneur Jésus, mes enfants n'étaient pas à moi ; ils vous appartenaient, mon Dieu ; vous les avez repris, vous ne m'avez rien ôté du mien ; j'aurais grand tort de me plaindre. Ah! mon Dieu, me voilà plus attachée à vous que jamais, n'y ayant plus rien sur la terre qui puisse partager mon cœur, qui ne sera dorénavant que dans le ciel, où sont tous mes enfants et mon mari."

Les sanglots ayant alors interrompu ce discours, le Jésuite pria Ouendraka de sortir de l'église, et il la fit reconduire chez elle. L'étant allée voir le lendemain, elle le supplia d'écrire à Mgr de Laval, afin de l'engager à prier pour son mari. Elle savait combien l'évêque avait su apprécier les vertus du défunt, au point de l'avoir fait inhumer dans sa cathédrale, avec toute la solennité des sépultures extraordinaires.

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Message  Roger Boivin Mer 23 Déc 2015, 7:28 pm



De son côté, le missionnaire de Sainte-Foy célébra dans son église un service à l'intention de cette famille menacée d'une complète extinction. Tous les assistants, Français et Sauvages communièrent à cette messe et après l'action de grâces, Marie Ouendraka fit distribuer, au milieu des Français les plus pauvres, trente boisseaux de blé, toujours en les engageant à prier pour le repos de ses chers défunts.

Il était évident que cette femme avait fait le sacrifice de ses enfants et qu'elle ne comptait plus les revoir. Mais Dieu lui avait ménagé cette nouvelle épreuve, afin d'épurer son âme. Sur l'entrefaite, les chasseurs de la bourgade huronne arrivèrent à Sainte-Foy, tous sains et saufs, y compris les deux enfants d'Ouendraka. Les corps qu'on avait péchés le long de la côte, étaient des Sauvages de la nation du Loup, qui après avoir rendu visite à leurs amis les Hurons, s'en retournaient en Acadie et dans la Nouvelle-Angleterre, lorsque la tempête les surprit et les fit périr.

Marie Ouendraka se faisait remarquer par un ensemble de vertus chrétiennes, mais surtout par sa grande charité. Ayant appris, un jour, qu'une famille française était privée du nécessaire, elle lui fit parvenir des vivres et des vêtements. Le missionnaire la félicitant de cet acte louable, elle lui dit : "Je n'ai fait que ce que j'ai dû ; je ne puis pas comprendre comment une personne, qui aurait deux ou trois habits, pourrait voir un pauvre sans le secourir." " Quand j'ai besoin de quelque chose pour de pauvres Français, racontait le missionnaire, je n'ai qu'à m'adresser à elle, car je suis assuré que si elle a ce que je désire, elle me le donnera."

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Message  Roger Boivin Mer 23 Déc 2015, 7:29 pm



On rapportait un jour en sa présence de quelle manière Notre-Seigneur fit connaître à saint Martin, combien lui avait été agréable l'aumône de la moitié de son manteau à un pauvre mendiant. "Jésus a trop de bonté pour moi, dit-elle, et il me prouve assez qu'il agrée le peu d'aumônes que je fais, par le soin qu'il prend de m'en récompenser dès cette vie ; pour un peu de blé que je distribuai l'an passé à de pauvres nécessiteux, il m'en a rendu une telle abondance, que je ne sais où le mettre, et une si grande quantité de citrouilles, que j'ai été obligée d'aller moi-même inviter les Français des environs d'en venir prendre leur charge."

Après avoir habité pendant quelques années à la côte Saint-Michel, les Hurons décidèrent, un beau matin, de transporter leur bourgade à l'Ancienne Lorette, où ils étaient sûrs de trouver de l'eau et du bois en abondance. Le déménagement se fit le 27 décembre 1673, après qu'ils eurent fait tous ensemble un pèlerinage à l'église de Sillery. Le Père Chaumonot, qui les accompagnait, leur représenta qu'ils seraient privés de chapelle pendant un certain temps. Marie Ouendraka et son frère François Atoricher, vinrent trouver le Jésuite et le supplièrent de prendre leur cabane pour y célébrer les offices. Et, pendant près d'un an, cette cabane servit de chapelle, pendant qu'Ouendraka vivait dans un misérable taudis avec sa famille.

Un peu plus tard, Ouendraka tomba gravement malade de pleurésie. Son fils, le petit Jean Atheiaska, alors âgé de sept ans, fit vœu de servir vingt messes pour obtenir la guérison de sa mère. L'enfant tint à sa promesse, et chaque matin il marquait sur un des poteaux de sa cabane le nombre de messes auxquelles il avait eu le bonheur d'assister comme servant.

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Message  Roger Boivin Mer 23 Déc 2015, 7:29 pm



Une autre fois, Marie Ouendraka fut frappée par un mal encore plus sérieux. Le médecin lui administra cinq ou six saignées consécutives, qui eurent l'effet de la mettre à deux doigts de la mort. Le Père Chaumonot crut dès lors qu'il n'y avait rien à espérer du côté de la science, et il demanda à Dieu de la conserver encore à sa famille. Faisant approcher les deux enfants du lit de leur mère mourante, il leur fit promettre de réciter pendant neuf jours dans la chapelle publique quelques dizaines du rosaire. Le même jour, à quatre heures de relevée, Ouendraka, étant tombée dans une espèce de somnolence, sentit comme si elle avait deux personnes à ses côtés. Celle qui était à sa droite lui dit : "Prends ma robe, afin que je te guérisse. " Craignant que ce ne fut une illusion, Ouendraka fit de la tête un signe de refus. Alors les deux personnes, passant la robe par-dessus sa tête, lui dirent ensemble : "Ma mère, vous voilà guérie. " Revenue de son assoupissement, Ouendraka crut à l'illusion d'un songe, jusqu'à ce qu'elle s'aperçût qu'elle n'éprouvait plus ni faiblesse, ni douleur. Elle se leva tout aussitôt, et s'habillant à la hâte, elle sortit de sa cabane, parfaitement guérie. En vain sa fille, qui la croyait dans le délire, voulut-elle la forcer à reprendre son lit. A cette vue, elle alla chercher le Père Chaumonot qui se hâta de se rendre auprès de la malade. " Bonjour, mon Père, lui dit-elle en l'apercevant." — " Ma pauvre enfant", répartit le Jésuite, "gardez le repos, de peur d'aggraver votre maladie." "Quel mal !" répliqua-t-elle, "je n'ai plus de mal, je suis guérie." Puis elle raconta l'apparition des deux personnes qui lui avaient annoncé sa guérison. Le Père l'assura que c'étaient ses deux enfants, morts longtemps auparavant, qui avaient été envoyés par la sainte Vierge pour rendre la santé à leur mère. Puis ils se rendirent ensemble à la chapelle pour remercier Dieu de ce nouveau bienfait.

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Message  Roger Boivin Mer 23 Déc 2015, 7:30 pm



Marie Ouendraka s'était préparée à mourir avec un soin tout particulier. "Ayant, dès le second jour de sa maladie, disposé du peu de hardes qu'elle avait, en faveur des pauvres du village, elle avait dit adieu à ses enfants et leur avait donné ses instructions qu'ils devaient garder après sa mort, qui tirèrent les larmes des yeux de toute l'assemblée. Elle avait fait un sacrifice à Dieu de sa propre vie, dans une grande indifférence de vivre ou de mourir, selon son bon plaisir. Elle était entièrement résignée à la mort, qu'elle attendait avec assurance et grande joie. Elle souffrait en outre les douleurs les plus cuisantes avec une patience admirable, unissant et comparant continuellement ses souffrances avec celles que Notre-Seigneur a endurées dans sa Passion. Enfin, elle avait une présence continuelle de Dieu et de la sainte Vierge, à qui elle avait particulièrement recours dans ses plus grandes douleurs ; tout cela, joint à la neuvaine de ses deux enfants, n'aura-t-il pas pu exciter le Cœur de la sainte Vierge à obtenir de son cher Fils une guérison miraculeuse en faveur d'une si généreuse chrétienne ! "

Voilà ce qu'écrivait le Père Chaumonot, au lendemain de cette guérison étonnante.

Les dernières années de la vie de Marie Ouendraka se passèrent en œuvres de charité. Puis elle mourut de la mort des saints, laissant après elle un parfum de vertus, qui embauma, pendant de longues années, la bourgade de l'Ancienne-Lorette.

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Message  Roger Boivin Mer 23 Déc 2015, 7:39 pm


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https://archive.org/stream/serviteursetserv00dion#page/302/mode/2up

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GARACONTHIE

CHEF IROQUOIS


SALUONS avec reconnaissance cette noble figure de l'un des plus grands capitaines iroquois, converti par la prédication des Jésuites, et mort comme un saint, après avoir vécu dans l'accomplissement de toutes les vertus chrétiennes.

Garaconthié appartenait à la tribu des Onnontagués. En 1655, les Pères Chaumonot et Dablon partaient de Québec pour aller évangéliser ces nations iroquoises où la foi n'avait pas encore pénétré. Ils arrivèrent à Onnontagué le 5 novembre, après un voyage pénible. L'accueil fait aux vaillants missionnaires fut assez bienveillant. Les chefs même se montrèrent bien disposés à leur égard ; ils promirent d'ériger une chapelle et une cabane pour y loger les Pères. Plusieurs femmes manifestèrent l'intention de se faire instruire des vérités de la foi ; des enfants reçurent le baptême. Bref, l'on pouvait prévoir par les débuts, que la mission des Onnontagués serait fertile en bons résultats.

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Message  Roger Boivin Mer 23 Déc 2015, 7:40 pm



Les Relations des Jésuites ne mentionnent pas encore à cette date le nom de Garaconthié, mais il est assez probable qu'il se trouva plus ou moins mêlé à ces premiers événements de l'éclosion du catholicisme à Onnontagué, et que sa vocation se décida dès les premiers jours. Il nous faut arriver à l'année 1661 pour constater sa présence et sa coopération à l'œuvre évangélique. Le Père Simon Lemoyne en parle comme suit :

"A deux lieues du bourg (Otiatanhegué), nous faisons rencontre d'un capitaine nommé Garaconthié, qui est celui chez qui nos Pères et moi avons pris logis toutes les fois que nous sommes venus en ce pays-ci. C'est un esprit bien fait, d'un bon naturel, qui aime les Français, et qui en a ramassé jusqu'à vingt dans son bourg : les tirant, les uns des feux des Agnierronons, les autres de la captivité : de sorte qu'ils le regardent comme leur Père, leur Protecteur, et l'asile unique qu'ils ont dans cette barbarie. C'est lui donc qui a entrepris la délivrance de tous ces pauvres captifs français, et qui ménage la paix entre sa nation et la nôtre."

Garaconthié reçoit les Pères dans sa cabane ; il convertit celle-ci en chapelle, il amène les députés des cinq nations iroquoises dans son bourg, afin de pouvoir conclure la paix avec les autorités françaises ; il voit à ce que les captifs français soient bien traités, il les invite à ses festins particuliers. Bref, il en fait tant et tant, qu'on ne le désigne plus que sous le nom de Père des Français. Aussi voyons-nous que dans un premier voyage à Montréal, il y fut reçu avec des honneurs extraordinaires. La population lui fit fête ; il y eut salve d'artillerie à son départ.

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Message  Roger Boivin Mer 23 Déc 2015, 7:41 pm



En 1662, Garaconthié fit un acte de courage bien propre à démontrer sa vertu et sa foi. Les Iroquois Agniers avaient enlevé à Argentenay, en l'île d'Orléans, un crucifix de deux pieds et demi de haut, et l'avaient transporté dans leur pays, comme une dépouille précieuse. Ayant appris cela, Garaconthié se rend chez les Agniers, et il leur demande de restituer cet objet du culte sacré, mais en des termes d'une telle éloquence, que les barbares ne purent résister. Ils lui remirent le crucifix, après avoir accepté un présent en compensation. Garaconthié plaça le crucifix sur l'autel de la modeste chapelle où, tous les jours, Français, Hurons et Iroquois allaient prier Dieu.

Ce sauvage, éminent entre tous, fit construire à ses frais une résidence pour y loger les missionnaires, qu'il ne cessa jamais de couvrir de sa haute protection.

Garaconthié, vu sa position et le prestige dont il jouissait au sein des tribus iroquoises, rendit donc d'éminents services, non seulement aux captifs français retenus chez les barbares de sa nation et aux missionnaires qui se sont succédés depuis 1655 jusqu'à 1678, mais aussi à la France qu'il aimait comme sa propre patrie. On l'entendit faire des discours dans ce sens, au grand ébahissement de ses congénères.

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Message  Roger Boivin Mer 23 Déc 2015, 7:41 pm



En 1665, cinq différentes nations se rendirent à Québec pour y traiter de la paix. Les Onnontagués, conduits par Garaconthié, étaient de ce nombre. M. de Tracy, lieutenant du roi, le reçut avec beaucoup d'égards, car il savait que c'était un ami des Français. Le chef indien, grand discoureur, prononça à cette occasion une harangue pleine de bon sens, toute de sympathie à l'égard des Français, remplie de bons souhaits à l'adresse des Jésuites. Faisant allusion à la mort du Père Lemoyne, encore de date récente, le chef s'écria en l'apostrophant : "Ondessonk, m'entends-tu du pays des morts où tu as passé si vite ? C'est toi qui as porté tant de fois la tête sur les échafauds des Agnierronons ; c'est toi qui as été courageusement jusque dans leurs feux en arracher tant de Français ; c'est toi qui as mené la paix et la tranquillité partout où tu passais, et qui as fait des fidèles partout où tu demeurais. Nous t'avons vu sur nos nattes de conseil décider de la paix et de la guerre ; nos cabanes se sont trouvées trop petites quand tu y es entré, et nos villages même étaient trop étroits quand tu t'y trouvais, tant la foule du peuple que tu y attirais était grande. Mais je trouble ton repos par ces discours importuns ; tu nous as si souvent enseigné que cette vie de misère était suivie d'une vie éternellement bienheureuse ; puis donc que tu la possèdes à présent, quel sujet avons-nous de te regretter ? Mais nous te pleurons, parce, qu'en te perdant, nous avons perdu notre père et notre protecteur. Nous nous consolerons néanmoins parce que tu continues de l'être dans le ciel, et que tu as trouvé, dans ce séjour de repos, la joie infinie dont tu nous as tant parlé."

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Message  Roger Boivin Mer 23 Déc 2015, 7:42 pm



En 1668, Garaconthié retourna à Québec pour traiter encore de la paix. Le gouverneur Courcelle et l'intendant Bouteroue lui firent une jolie réception. Ils acceptèrent ses présents et lui garantirent la paix, pourvu que les Irocpiois cessassent d'être si remuants.

Ce ne fut qu'en 1670 que Garaconthié reçut le baptême. Il fallait plusieurs années d'épreuves à ces barbares dont le rang plus élevé pouvait être un écueil à la constance de leur foi. Seize ans s'étaient écoulés depuis le jour où les missionnaires étaient venus en contact avec lui. Jamais il ne s'était démenti dans tous les actes extérieurs de sa vie. On le savait chaste ; il avait hautement renoncé à la polygamie ; il rejetait comme une erreur monstrueuse la croyance aux songes. En plus d'une circonstance publique, il avait annoncé son désir d'être fait chrétien et d'être régénéré par le baptême. Mgr de Laval consentit donc à lui administrer le sacrement qui fut l'entrée solennelle dans l'église de ce païen déjà ferme dans la foi. La cathédrale de Québec ouvrit, ce jour-là, ses portes à tous ceux qui voulurent être les spectateurs de cette scène attendrissante. On y voyait à côté des Français, des Hurons, des Algonquins, des Outaouais, des Mahingans ou Loups, des Iroquois de toutes tribus. Le gouverneur Courcelle agit comme parrain, et mademoiselle de Bouteroüe, fille de l'intendant, fut la marraine.

Après la cérémonie, Garaconthié fut conduit au château Saint-Louis. Là, il remercia de vive voix le gouverneur de lui avoir donné son nom — Daniel. — Puis, il quitta le château en traversant une double haie de soldats, qui lui présentèrent les armes. Une décharge générale de mousqueterie mit le complément à cette fête solennelle, qui dut compter dans la vie de Daniel Garaconthié.

A partir de ce jour, Garaconthié se dévoua complètement à l'œuvre des missionnaires dont il fut le bras droit. Le Père Millet écrivait de lui en 1670 : " Garaconthié doit être plus estimé et plus considéré que tous les autres. Il faut avouer que c'est un homme incomparable : il est l'âme de tout le bien qui se fait ici : il y soutient la foi par son crédit ; il y maintient la paix par son autorité ; il ménage les esprits de ces barbares avec une adresse et une prudence qui égalent celle des plus sages de l'Europe ; il se déclare si hautement pour la gloire et pour l'intérêt de la France, qu'on peut justement l'appeler le protecteur de cette couronne en ce pays ; il a un zèle pour la foi comparable à celui des premiers chrétiens ; enfin il sait se conduire de sorte qu'il se soutient toujours dans l'éclat et dans l'autorité que lui donne sa charge de capitaine général de cette nation, et qu'il ne s'en sert que pour faire du bien à tout le monde."

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Message  Roger Boivin Mer 23 Déc 2015, 7:43 pm



C'est ainsi que, retourné dans son pays, Garaconthié fut un sujet d'édification pour tous. Sa femme se convertit bientôt et devint un modèle dans sa sphère d'action. Au premier festin qui eut lieu après son baptême, et auquel assistaient tous les principaux chefs iroquois, Garaconthié fit une profession publique de sa foi. Son discours, qui mériterait d'être cité, est une répudiation complète de ses erreurs passées, et un appel à tous de se ranger sous l'étendard du Christ fait homme. Ce langage nouveau eut pour effet de produire quelques conversions, comme aussi de ramener au bercail plusieurs brebis égarées.

Etant allé en traite jusqu'à New-York, il fut reçu chez le gouverneur qui avait entendu vanter ce barbare comme un homme d'esprit et rompu aux affaires. Le gouverneur eût désiré mettre la paix entre les Loups et les Iroquois, mais il ne savait comment arriver à ce résultat. Consulté à ce propos, Garaconthié lui parla bien ouvertement : "Il vous est inutile d'y songer, dit-il, vous n'entendez rien à ces sortes de négociations : cette gloire n'appartient qu'à Onnontio — le gouverneur de Québec. — Lui, quand il nous parle d'affaires, il nous recommande d'honorer Dieu et de garder ses commandements. Vous faites tout le contraire : vous vous moquez du crucifix et du chapelet que je porte à mon cou. Quelle bénédiction pouvez-vous attendre de Dieu dans vos traités de paix, puisque vous blasphémez contre ses plus adorables mystères et l'offensez constamment."

Ce fut lors de ce voyage à New-York qu'il alla un jour dans une église protestante prier son Dieu. C'était au beau milieu d'un sermon. S'étant mis à genoux, comme il eût fait dans une église catholique, il fut interpelé à haute voix par le prédicateur, qui lui enjoignit de s'en aller. Garaconthié lui répondit tout haut : ' ' Attendez, je n'ai pas encore achevé ma prière. Vous faites bien voir que vous n'êtes pas chrétien, car vous n'aimez pas la prière."

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Message  Roger Boivin Mer 23 Déc 2015, 7:43 pm



Dans un festin qu'il donnait le jour de Noël, il fit apporter un tableau de Notre-Seigneur, et s'étant placé de façon à être vu de tous, il prit le tableau, le salua à quatre ou cinq reprises et ajouta : " Voici l'unique maître de nos vies. C'est le seul, et non pas Agreskoué, qui doit être invoqué. Il gouverne nos vies. Ce ne sont pas nos songes qui nous font vivre longtemps. Jésus, fils d'une vierge, vous êtes sans égal en beauté. Faites-nous asseoir auprès de vous au ciel. Nous qui sommes chrétiens, souvenons-nous de ce que nous lui avons promis quand on nous a baptisés."

Le Père Lamberville qui l'assista dans sa dernière maladie, raconte ce qui suit : "Sitôt qu'il fut attaqué, il me vint trouver, et après avoir prié Dieu, il me dit : " Je suis mort, " et demanda à se confesser, ce qu'il fit avec toutes les marques d'un véritable chrétien. Je lui rendis pendant sa maladie de grandes assiduités et il ne cessait de me dire : " Prions Dieu ensemble. " Il le faisait souvent seul, et voulut que je dise de bonne heure les prières de l'Eglise pour les agonisants. Je ne pus lui donner le saint viatique, parce qu'il avait des vomissements continuels. Il excita sa femme à vivre en bonne chrétienne, et ses parents à se convertir. Il résista constamment à l'importunité de ceux qui voulaient appeler les jongleurs pour le guérir par leurs superstitions ordinaires ; il leur répondait que sa vie était entre les mains de Dieu, et que, puisqu'il jugeait à propos de le retirer de ce monde, il en était content.

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FLEURS DE NOS FORÊTS - Physionomie de plusieurs enfants de nos sauvages du Canada - Par N.-E. Dionne - 1904. - Page 3 Empty Re: FLEURS DE NOS FORÊTS - Physionomie de plusieurs enfants de nos sauvages du Canada - Par N.-E. Dionne - 1904.

Message  Roger Boivin Mer 23 Déc 2015, 7:44 pm



" Il voulut en outre faire un festin solennel, pour y déclarer en public ses dernières volontés. C'est ce qu'ils appellent le festin d'Adieux. Il y fit parler deux hommes des plus considérables, qui dirent de sa part tant aux anciens qu'aux jeunes gens, qu'il les exhortait à respecter notre gouverneur comme leur père ; — qu'ils tournassent leurs armes contre les Outagamis ; — qu'ils se souvinssent après sa mort que le meilleur adieu qu'il leur laissait, était de vivre toujours en bonne intelligence avec nous ; — enfin qu'il les conjurait de se faire tous bons chrétiens et de quitter leurs superstitions comme il avait fait. — Puis se tournant vers moi : " Vous écrirez, dit-il, à M. le gouverneur, qu'il perd le meilleur serviteur qu'il avait parmi les Iroquois ; et je supplie Monseigneur l'évêque, qui m'a baptisé, et tous les missionnaires de prier Dieu que je ne reste pas longtemps en purgatoire. "

" Les conviés s'étant retirés, il m'appela près de lui : " Il faut donc enfin, me dit-il, nous séparer ; je le veux bien, puisque j'espère d'aller au ciel." Il me pria ensuite de réciter le chapelet avec lui, ce que je fis avec quelques chrétiens, et ensuite, après la recommandation de l'âme, il m'appela et me dit : "Anne ga a gehiaia, voilà que je me meurs." Et puis il rendit fort paisiblement l'esprit. Je me mis aussitôt à genoux auprès du corps, avec toute la parenté, pour prier Dieu pour le repos de son âme ; mais les pleurs nous ôtèrent la voix. Pendant qu'il expirait, son frère aîné lui prit la tête, disant : " Courage, vous allez au ciel, où vous serez heureux. Oh ! vous êtes bien chrétien ; Jésus vous aime, il aura pitié de vous."

Telle fut la fin édifiante de ce grand barbare, qui devint un grand chrétien sous l'influence de la grâce.

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Message  Roger Boivin Mer 23 Déc 2015, 8:02 pm


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https://archive.org/stream/serviteursetserv00dion#page/310/mode/2up

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CATHERINE TEKAKOUITHA

VIERGE IROQUOISE

1656-1680


CATHERINE TEKAKOUITHA naquit, en 1656, au pays des Agniers, dans un petit y village appelé Kendaouagué. Son père était païen, et sa mère chrétienne. Celle-ci était algonquine : les Iroquois l'avait faite prisonnière dans leurs incursions autour des Trois-Rivières, et l'avaient amenée dans leur pays. C'est ici qu'elle dut passer sa vie, qui du reste, ne fut pas bien longue. En mourant, elle laissa deux enfants sans baptême sous les soins d'un oncle qui était un chef dans son village ; l'une de ces enfants était Catherine, qui fait le sujet de cette esquisse.

Cette enfant était bien douée sous tous les rapports, mais surtout au moral. Elle était soumise, laborieuse, complaisante et charitable. Son oncle l'estimait beaucoup à raison des nombreux services qu'elle lui rendait, car la jeune fille savait être utile à ses parents, en pilant le blé, en portant l'eau et le bois.

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Message  Roger Boivin Mer 23 Déc 2015, 8:04 pm



Un jour, trois missionnaires jésuites arrivèrent au pays des Agniers et vinrent loger chez l'oncle de Catherine : c'était les Pères Frémin, Bruyas et Pierron. Catherine les vit prier Dieu, remarqua leur bonté, leur douceur, leur affabilité, et elle resta sous le charme. Dès ce moment elle comprit qu'elle serait bientôt chrétienne, dût-il lui en coûter les plus douloureux sacrifices. Mais elle ne parla à personne de son dessein, se réservant à elle-même d'en conférer plus tard avec la Robe Noire. L'occasion ne pouvait lui manquer, car les Jésuites avaient entrepris d'évangéliser les tribus iroquoises, au grand mépris de leur vie.

Quelque temps après, le Père de Lamberville vint se fixer au milieu des Agniers. Avec cette finesse de pénétration qui le caractérisait, il eut vite compris, après l'avoir questionnée, que la petite Tekakouitha désirait ardemment le baptême. Aussi s'appliqua-t-il sans retard à lui expliquer le catéchisme. Tout l'hiver de 1675 fut consacré à ce travail. Et le jour de Pâques de la même année, Tekakouitha reçut le saint baptême avec le nom de Catherine.

A partir de ce moment, la jeune néophyte se voua à la pratique de la vie religieuse avec un zèle extraordinaire. Sous l'œil du missionnaire, elle sut observer un règlement de vie, qui devait la conduire jusqu'à la perfection. Peu de mois s'écoulèrent avant de devenir un modèle de toutes les vertus chrétiennes. Cependant Catherine n'était qu'à demi satisfaite de son sort. Il lui semblait toujours que sa vie, passée au contact de gens sans foi ni loi, serait toujours incomplète. Les persécutions auxquelles elle était sans cesse en butte, lui firent comprendre qu'il lui serait difiicile, sinon impossible, de pratiquer sa religion avec autant de régularité que si elle vivait dans un milieu plus calme. Elle résolut donc de quitter son pays natal pour aller résider ailleurs.

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Message  Roger Boivin Mer 23 Déc 2015, 8:05 pm



Une petite colonie iroquoise venait d'être fondée à la Prairie de la Madeleine, grâce aux soins des missionnaires, qui avaient su attirer quelques chefs de familles au milieu des Français en leur démontrant l'importance de sauver leur âme. Catherine avait une soeur qui s'était retirée avec son mari à la mission de la Prairie. Elle prit la détermination de la rejoindre, et un jour elle quitta furtivement la maison de son oncle pour aller vivre avec cette sœur qu'elle aimait tendrement. Dès ce moment, Catherine se donna tout entière à Dieu. Tous les matins elle entendait deux messes. Durant le jour, elle quittait les travaux du ménage pour aller prier aux pieds du Saint Sacrement. Le soir, elle retournait à la chapelle et n'en sortait que bien avant dans la nuit. Bref, elle parvint à un état si sublime d'oraison, qu'elle pouvait passer des heures entières en communication intime avec son Dieu. Les missionnaires ne tardèrent pas à lui faire faire sa première communion ; elle mit à la préparation de cet acte important tout le soin possible. Sa ferveur était si grande lorsqu'elle participait à la sainte Eucharistie, que les jeunes filles recherchaient son voisinage afin de se mieux préparer elles-mêmes à recevoir Jésus-Christ.

Catherine eut la consolation de faire un petit voyage à Montréal. Là, elle vit des religieuses, dont le genre de vie lui donna ample matière à réflexion. Elle s'informa de tout et elle apprit que ces vierges s'étaient données à Dieu par le vœu de chasteté perpétuelle. Elle voulut en faire autant et les missionnaires lui en accordèrent bientôt la permission. Catherine choisit le jour de l'Annonciation pour prononcer son vœu de virginité.

Depuis ce moment Catherine sembla dégagée de tout lien terrestre. Ses soupirs montaient sans cesse vers le ciel ; ses austérités ne connurent plus de bornes, au point que les missionnaires durent lui enjoindre la modération. Malgré les adoucissements qu'elle dut mettre à cette vie de pénitence, Catherine se vovait dépérir à vue d'œil, et bientôt son corps ne fut plus qu'un squelette. Mais son âme s'embellissait de jour en jour ; toutes les vertus brillaient en elle du plus vif éclat.

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Message  Roger Boivin Mer 23 Déc 2015, 8:05 pm



Une vie si sainte devait être couronnée par une précieuse mort. Ses derniers moments furent des plus édifiants, tant sa patience et son union avec Dieu semblaient parfaites. Le mardi de la semaine sainte 1680, Catherine devint tellement faible, que le ministre du Seigneur jugea prudent de lui donner le saint Viatique et de lui administrer l'Extrême-Onction. Le lendemain, sur les trois heures de l'après-midi, après avoir prononcé les saints noms de Jésus et de Marie, Catherine Tekakouitha entra dans une douce agonie, et une demi-heure plus tard, elle expirait paisiblement, comme si elle fut entrée dans un sommeil tranquille et bienfaisant.

Ainsi mourut Catherine Tekakouitha, dans la vingt-quatrième année de son âge, après avoir embaumé la mission du Sault du parfum de ses vertus. Plusieurs guérisons extraordinaires eurent lieu sur son tombeau, et personne ne douta, dans le temps, qu'elles se produisirent par l'intercession de cette sainte fille. Elles furent attestées par des témoins dont la parole ne saurait être mise en doute. Qu'il nous suffise de rapporter le témoignage de deux personnes, qui ont elles-mêmes bénéficié du crédit de Catherine auprès de Dieu, et qui ont jugé à propos de léguer à la postérité le récit de leurs guérisons.

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Message  Roger Boivin Mer 23 Déc 2015, 8:06 pm



Le premier témoignage est de M. de la Colombière, chanoine de la cathédrale de Québec, et grand-vicaire du diocèse.

" Ayant été malade à Québec, l'année passée, depuis le mois de janvier jusqu'au mois de juin, d'une fièvre lente, contre laquelle tous les remèdes avaient été inutiles, et d'un flux que l'ipécacuanha même n'avait pu guérir, on jugea à propos, dit-il, que je fisse le vœu, au cas qu'il plût à Dieu de faire cesser ces deux maladies, de monter à la mission de saint François-Xavier pour prier sur le tombeau de Catherine Tekakouitha. Dès le jour même, la fièvre cessa, et le flux étant beaucoup diminué, je m'embarquai quelques jours après pour m'acquitter de mon vœu. A peine eus-je fait le tiers du chemin, que je me trouvai complètement guéri. Comme ma santé est quelque chose si peu utile que je n'aurais osé la demander, si la defférence que je dois avoir pour des serviteurs de Dieu ne m'y avait obligé, on ne peut raisonnablement s'empêcher de croire que Dieu, en m'accordant cette grâce, n'a point eu d'autre vue que celle de faire connaître le crédit que cette bonne fille a auprès de lui. Pour moi, je craindrais de retenir la vérité dans l'injustice, et de refuser aux missions du Canada la gloire qui leur est due, si je ne témoignais, comme je fais, que je suis redevable de ma guérison à cette vierge iroquoise. C'est pourquoi je donne la présente attestation avec tous les sentiments de reconnaissance dont je suis capable, pour augmenter, si je puis, la confiance que l'on a en ma bienfaitrice, mais encore plus pour exciter le désir d'imiter ses vertus.

"Fait à Villemarie, 14 septembre 1696.
J. de la Colombière.

P. J. Chanoine de la Cathédrale de Québec."


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Message  Roger Boivin Mer 23 Déc 2015, 8:07 pm



Le second témoignage est de M. du Luth, capitaine d'un détachement de la marine et commandant au fort Frontenac. Il s'exprime ainsi :

"Je, soussigné, certifie à qui il appartiendra, qu'étant tourmenté de la goutte depuis vingt-trois ans, avec de si grandes douleurs qu'elle ne me laissa pas de repos l'espace de trois mois, je m'adressai à Catherine Tekakouitha, vierge iroquoise, décédée au Sault Saint-Louis, en opinion de sainteté, et je lui promis de visiter son tombeau, si Dieu me rendait la santé par son intercession. J'ai été si parfaitement guéri à la fin d'une neuvaine que je fis en son honneur, que depuis quinze mois je n'ai senti aucune atteinte de goutte.

"Fait au fort Frontenac, ce 15 août 1696.
J. du Luth."


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Message  Roger Boivin Mer 23 Déc 2015, 8:08 pm



Un bon nombre d'autres guérisons extraordinaires se produisirent encore non seulement en Canada, mais aussi en France. Toutes n'ont pas subi une enquête juridique, mais il parait dûment établi, d'après les témoignages verbaux et écrits connus, que Catherine Tekakouitha, que l'on a surnommée la Thaumaturge du Nouveau-Monde, la Geneviève du Canada, a réellement obtenu par son crédit auprès de Dieu des guérisons corporelles et des grâces spirituelles à ceux qui placent leur confiance dans son intercession.

Pendant longtemps le peuple afflua auprès de son tombeau, mais un jour ces pèlerinages cessèrent, sans que toutefois disparût le souvenir de la vierge de Caughnawaga. Il n'y a pas plus de dix ans, trois évêques et soixante prêtres, tant canadiens qu'américains, assistaient à la bénédiction d'un monument érigé à sa mémoire, grâce à la munificence de M. l'abbé Walworte, curé de l'église Sainte-Marie, dans la ville d'Albany. L'endroit choisi était le village de Funda, situé au nord delà rivière des Mohawks, près d'Albany. C'est là qu'on prétend que Catherine naquit et reçut le baptême. Plus de 2,000 personnes étaient présentes à cette grandiose cérémonie, Le Père Drummond, jésuite canadien, fit un, sermon en français et un autre en anglais, sur les vertus de l'héroïne indienne. Puis le Père Burtin, 0. M. I., parla en langue iroquoise aux sauvages. Dans son discours, l'éloquent Oblat fit allusion à la demande adressée par les Jésuites au Saint-Siège pour l'introduction de la cause de béatification du Père Jogues, du Frère Goupil et de Catherine Tekakouitha, demande à laquelle les Pères du troisième Concile plénier de Baltimore, tenu en 1884, ont souscrit en y ajoutant une pétition formelle. Attendons les décrets de la Providence, et ayons confiance. L'Eglise saura parler en son temps.

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Catherine Tekakouitha
Le lis de la vallée des Mohawks
D'après une peinture attribuée au P. O. Chauchetière, S. J. 1681.


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Message  Roger Boivin Mer 23 Déc 2015, 8:13 pm



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( Dans une église aux États-Unis )


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