« Faire prendre l'erreur pour la vérité, comme on dissimule un poison mortel en le mêlant à un vin délicieux »
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« Faire prendre l'erreur pour la vérité, comme on dissimule un poison mortel en le mêlant à un vin délicieux »
Que faut-il penser des Provinciales de Pascal, considérées comme œuvre littéraire, objectivement, c'est-à-dire abstraction faite des intentions bonnes ou mauvaises de l'écrivain ?
Si, sans méfiance, vous lisez ce livre une première fois, vous serez charmé, entraîné, subjugué par une phrase simple, nette, ferme, coulante ; par l'art de tout mettre en scène d'une manière vivante et pittoresque ; par la gradation de l'intérêt et de la démonstration ; par le ton parfois comique, parfois tragique, toujours animé, et, comme tant d'autres, vous fermerez le livre, convaincu de la thèse de Pascal et révolté de l'immoralité de ses adversaires. Or, tel était bien l'effet que l'auteur avait en vue : c'étaient ces idées, ces spectacles, ces impressions qu'il voulait donner à ses lecteurs. La vérité de l'expression est donc parfaite, et, à ce point de vue, le livre est un chef-d'œuvre.
Mais relisez ensuite ces mêmes lettres, en vous servant de l'édition en deux volumes publiée à Paris, chez Didot, en 1851, par l'abbé Maynard, sous le titre : Les Provinciales de Pascal et leur réfutation consistant en introductions et nombreuses notes historiques, littéraires, philosophiques et théologiques 1. A chaque page, vous constaterez que — sciemment ou inconsciemment, peu importe — l'auteur vous trompe et vous égare, alors qu'il aurait pu et dû l'éviter ; vous le surprendrez en flagrant délit de calomnie ; vous le verrez multiplier les équivoques, tronquer les textes qu'il cite, les détourner de leur vrai sens, fausser les faits, etc. Cette fois, vous serez révolté de l'immoralité de son procédé, et vous direz : « Cet homme est sans doute un génie et son style est d'une magie incomparable, mais son œuvre n'en est pas moins fausse et hideuse. Il m'a fait prendre l'erreur pour la vérité, comme on dissimule un poison mortel en le mêlant à un vin délicieux ; il a imprégné mon esprit du venin de l'erreur. Je me croyais convaincu, éclairé ; je n'étais qu'abusé et séduit. » En d'autres termes, dans ce livre, la Pensée manque de vérité, et comme ce défaut est fondamental, il vicie l'œuvre tout entière.
1. https://archive.org/stream/lesprovinciales00mayngoog#page/n8/mode/2up
https://archive.org/stream/manueldelittr00vere#page/6/mode/2up
Roger Boivin- Nombre de messages : 13083
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: « Faire prendre l'erreur pour la vérité, comme on dissimule un poison mortel en le mêlant à un vin délicieux »
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Il faut donc être un expert pour discerner le poison sous le vernis littéraire ?
Il faut donc être un expert pour discerner le poison sous le vernis littéraire ?
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: « Faire prendre l'erreur pour la vérité, comme on dissimule un poison mortel en le mêlant à un vin délicieux »
Est-ce que ce livre fut condamné?
gabrielle- Nombre de messages : 19556
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: « Faire prendre l'erreur pour la vérité, comme on dissimule un poison mortel en le mêlant à un vin délicieux »
Le Pape Alexandre VII :
Il entérina la condamnation du jansénisme prononcée par Innocent X (voir Formulaire d'Alexandre VII) et mit les Provinciales de Pascal à l’Index.
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Source
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17082
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: « Faire prendre l'erreur pour la vérité, comme on dissimule un poison mortel en le mêlant à un vin délicieux »
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Les Provinciales étant mises à l'Index par S.S. Alexandre VII (1655-1667), pourquoi une réfutation en 1851 par l'abbé Maynard ?
Les Provinciales étant mises à l'Index par S.S. Alexandre VII (1655-1667), pourquoi une réfutation en 1851 par l'abbé Maynard ?
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: « Faire prendre l'erreur pour la vérité, comme on dissimule un poison mortel en le mêlant à un vin délicieux »
Bonne question Robert.
Malgré l'index ce livre était très apprécié en Europe .
Malgré l'index ce livre était très apprécié en Europe .
gabrielle- Nombre de messages : 19556
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: « Faire prendre l'erreur pour la vérité, comme on dissimule un poison mortel en le mêlant à un vin délicieux »
Roger Boivin a écrit:ROBERT. a écrit:.
Les Provinciales étant mises à l'Index par S.S. Alexandre VII (1655-1667), pourquoi une réfutation en 1851 par l'abbé Maynard ?
Je constate que c'est la même chose pour l'ouvrage de Lamennais "De l'Art et du Beau", édition de 1865, est extrait d'un autre de ses livres "Esquisse d'une philosophie" de 1841, mis à l'index par Grégoire XVI, le 30 Mars 1841 ;
et pourtant l'abbé Charles Boutard réfute, en trois tomes publiés en 1905, cet ouvrage de Lammennais mis à l'index en 1841 :
https://messe.forumactif.org/t5305-a-ne-pas-lire-cet-oeuvre-mise-a-l-index-de-l-art-et-du-beau-par-l-apostat-felicite-robert-de-lamennais#119945
Sans doute qu'il y a une excellente raison pour cela !
Même sans connaître les cas particuliers cités, pour moi la raison tombe sous le sens : ce n'est pas parce qu'un livre était mis à l'Index que cela empêchait tout le monde de le lire, surtout dans des sociétés civiles issues de la Révolution où l'on se moque encore davantage de ce que peut dire l'Église, et le simple fait que des ecclésiastiques aient pris le temps d'écrire des volumes pour en réfuter d'autres montre bien que les ouvrages en question étaient suffisamment répandus ou "populaires" pour qu'il y ait besoin de passer du temps à les réfuter. C'était une guerre des livres.
Autrement dit, sur cela comme sur le reste, les hommes auraient dû écouter l'Église et un trop grand nombre d'entre eux ne l'a pas fait. À partir de là, puisque nous n'avons pas voulu écouter, ce qui est arrivé avec "Vatican II" c'est un peu comme si Dieu nous disait que, puisque nous n'en avons pas voulu, alors Il permet que l'Église soit éclipsée : puisque nous avons voulu jouer aux malins à vouloir nous débrouiller seuls et à faire des bêtises sans lui obéir, et bien voilà, nous avons gagné, maintenant nous sommes en apparence seuls et il va falloir assumer les bêtises jusqu'au bout.
Mais le pire c'est que même cela les gens s'en moquent complètement et ne savent même pas pourquoi ils ont des problèmes lorsque quelque chose leur tombe dessus. Et ils continuent à voir "l'Église" n'importe où dans des sectes plutôt que de comprendre ou d'admettre la situation. C'est ridicule.
Benjamin- Nombre de messages : 6869
Date d'inscription : 26/07/2011
Re: « Faire prendre l'erreur pour la vérité, comme on dissimule un poison mortel en le mêlant à un vin délicieux »
Benjamin a écrit:
.... ce n'est pas parce qu'un livre était mis à l'Index que cela empêchait tout le monde de le lire, surtout ... (...) puisque nous n'avons pas voulu écouter, ce qui est arrivé avec "Vatican II" c'est un peu comme si Dieu nous disait que, puisque nous n'en avons pas voulu, alors Il permet que l'Église soit éclipsée : puisque nous avons voulu jouer aux malins à vouloir nous débrouiller seuls et à faire des bêtises sans lui obéir, et bien voilà, nous avons gagné, maintenant nous sommes en apparence seuls et il va falloir assumer les bêtises jusqu'au bout.
(...) les gens s'en moquent complètement et ne savent même pas pourquoi ils ont des problèmes lorsque quelque chose leur tombe dessus. Et ils continuent à voir "l'Église" n'importe où dans des sectes plutôt que de comprendre ou d'admettre la situation. C'est ridicule.
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Merci de votre réponse, Benjamin.
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: « Faire prendre l'erreur pour la vérité, comme on dissimule un poison mortel en le mêlant à un vin délicieux »
- Spoiler:
Benjamin, si j'ai floché mon post cité par toi, - tu as été plus vite que moi - c'est parce qu'à la lecture de l'Avant-Propos de l'abbé Charles Boutard qui se trouve dans le premier tome de son ouvrage https://archive.org/stream/lamennaissavieet01bout#page/n13/mode/2up je suis resté perplexe ; alors j'ai floché.
Roger Boivin- Nombre de messages : 13083
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: « Faire prendre l'erreur pour la vérité, comme on dissimule un poison mortel en le mêlant à un vin délicieux »
C'est lequel Lammenais?
gabrielle- Nombre de messages : 19556
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: « Faire prendre l'erreur pour la vérité, comme on dissimule un poison mortel en le mêlant à un vin délicieux »
gabrielle a écrit:C'est lequel Lammenais?
Hugues Félicité Robert, l'apostat !
Roger Boivin- Nombre de messages : 13083
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: « Faire prendre l'erreur pour la vérité, comme on dissimule un poison mortel en le mêlant à un vin délicieux »
l'art de faire glisser la doctrine, pour la dénaturer, en changeant les mots :
https://messe.forumactif.org/t5786-l-art-de-faire-glisser-la-doctrine-pour-la-denaturer-en-changeant-les-mots
Roger Boivin- Nombre de messages : 13083
Date d'inscription : 15/02/2009
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