Rome souterraine.

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Message  Louis Mar 27 Jan 2015, 3:00 pm

LIVRE  III


CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  III.

La crypte papale.

(SUITE)


De chaque côté de la porte de la principale chapelle on lit, mêlées aux noms des pèlerins et aux acclamations, de courtes prières adressées aux saints et aux martyrs. Quelquefois un pèlerin invoque tous les martyrs ensemble, et leur demande de se souvenir d'un frère, d'un ami. D'autres fois cette prière est adressée à un martyr en particulier, souvent à saint Sixte, un des saints enterrés dans la chapelle. et celui dont l'histoire s'y lisait gravée sur le marbre.

Rome souterraine. - Page 6 Page_150
Rome souterraine. - Page 6 Page_152

Ces courtes prières, simples et chaleureuses, portent avec elles comme un parfum des premiers âges…


Rome souterraine. - Page 6 Page_151

Rome Souterraine, p. 196-7.

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Message  Louis Mer 28 Jan 2015, 3:46 pm

LIVRE  III


CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  III.

La crypte papale.

(SUITE)



Ces courtes prières, simples et chaleureuses, portent avec elles comme un parfum des premiers âges. Rien ne ressemble moins aux épitaphes à la fois sèches et verbeuses du IVe et du Ve siècle. Une de ces acclamations fait penser au vers d'Horace : Otium Divos rogat in patenti prensus Ægeo (1) . L'expression in mente habere a la même saveur d'antiquité. On la rencontre dans un graffite de Pompéi, sur deux épitaphes chrétiennes du IIIeet du IVesiècle (2), et saint Cyprien remploie dans une de ses lettres. « Souvenez-vous, dit-il, de nos frères et sœurs dans vos prières, » fratres nostros ac sorores in mente habeatis in orationibus vestris (3). Les pèlerins de Saint-Calliste adressaient aux saints du ciel la même prière que saint Cyprien à ceux de la terre, et peut-être à la même époque, ou peu de temps après. Une circonstance, en effet, fixe la date approximative de ces graffites : l'un d'eux, probablement le plus ancien de tous, puisqu'il fut tracé sur le plâtre encore frais, fait allusion à la translation des reliques du pape Pontien, qui eut lieu par les soins de Fabien vers 245 :

Rome souterraine. - Page 6 Page_154

Les plus anciens de ces graffites se placent donc entre 245 et 370, année où saint Damase fit à la porte de la chapelle des travaux considérables, qui mutilèrent, effacèrent, coupèrent par moitié plusieurs des phrases que les premiers pèlerins avaient écrites.

On lit à gauche de la porte une inscription…


Rome souterraine. - Page 6 Page_155

Rome Souterraine, p. 197.

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Message  Louis Jeu 29 Jan 2015, 4:07 pm

LIVRE  III


CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  III.

La crypte papale.

(SUITE)



On lit à gauche de la porte une inscription d'un genre un peu différent, assez difficile à déchiffrer : c'est une acclamation, un salut, une invocation, non plus à un saint, mais à la chapelle elle-même, écrite par un pèlerin avant d'en franchir le seuil : Gerusale civitas et ornamentum martyrum Domini, cujus... : la phrase n'a pas été achevée.

Ce qui en reste suffit à faire entendre de quel enthousiasme se remplissait le cœur des pèlerins dès qu'ils approchaient de ce sanctuaire. L'idée exprimée ici est évidemment celle qui se rencontre fréquemment dans les livres saints et dans la littérature ecclésiastique (1) : l'Église triomphante comparée à la cité sainte, et célébrée comme une nouvelle Jérusalem. Le sanctuaire dont le pèlerin touchait le seuil, et devant lequel il s'arrêtait pour écrire d'une main frémissante une invocation que peut-être sa pieuse ardeur ne lui permit pas d'achever, était pour lui cette nouvelle Jérusalem, parée des reliques des martyrs et renfermant dans ses murailles les semences de la vie future.

La lecture de tous ces graffites, noms, acclamations, prières, suffirait seule à nous avertir que nous sommes devant un des plus célèbres sanctuaires de l'Église primitive. En franchissant la porte des deux côtés de laquelle ils sont tracés, on se trouve, en effet, dans la chapelle consacrée à la sépulture des papes du IIIe siècle. La première impression du visiteur moderne sera sans doute différente de celle que ressentaient les anciens pèlerins : il s'arrêtera un instant désappointé. Il croyait entrer dans une crypte du IIIeou du IVe siècle, et il se trouve dans une chambre dont presque toute la maçonnerie est moderne. Cette chambre est large de 3m, 5o et longue de 4m, 5o. Quand elle fut découverte en 1854, elle était complètement ruinée. On y pénétrait par le luminaire, qui avait servi à jeter dans la crypte abandonnée des pierres tombales (2), des briques, des débris de toute sorte. Elle en était remplie jusqu'au faîte. Quand on l'eut vidée, la voûte, longtemps soutenue par cet amas de décombres, s'écroula d'elle-même faute de support. Pour prévenir…

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(1).  Psalm. CXXI ; Apoc., XXI, 2 ; Tertullian., De spectac., 30. Le même auteur parle du monde comme expressus in ornamentum majestatis Dei.Apolog., 17. —  (2).  Provenant de tombeaux construits à fleur de terre.

Rome Souterraine, p. 197-8.

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Message  Louis Ven 30 Jan 2015, 4:23 pm

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CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  III.

La crypte papale.

(SUITE)



… Pour prévenir une ruine complète, il fallut construire de nouvelles murailles et consolider la chambre entière. De là cette apparence moderne qui refroidit un instant le visiteur. Les restaurations nécessaires ont cependant été faites avec le plus grand soin et une extrême discrétion. On a réussi à conserver de nombreux vestiges de la construction primitive et des décorations qui, à diverses époques, y avaient été ajoutées. Plusieurs fois, en effet, l'ornementation de la chapelle des papes fut renouvelée.

On en peut juger par les trois enduits successifs dont on voit encore les restes dans l'arc de la porte, l'un orné de grossières arabesques du VIIe ou VIIIe siècle, celui de dessous, presque entier visible après la chute d'une grande partie du premier, portant le monogramme du Christ, œuvre contemporaine de Sixte III ou de Damase, et enfin un troisième, encore apparent en diverses places sous celui-ci, décoré de larges bandes rouges.

Les murailles de la chambre avaient été, à l'origine, revêtues d'un stuc fin et blanc, orné de peintures, dont on voit encore dans un angle quelques vestiges. Ce premier revêtement fut, au Ve siècle, recouvert de larges plaques de marbre : quelques morceaux en sont demeurés adhérents aux murs, et de nombreux débris de marbres ont été trouvés gisants sur le sol de la crypte, pêle-mêle avec quelques fragments de sculptures, des chapiteaux, les restes d'une balustrade, deux colonnes brisées. La base d'une de ces colonnes est encore debout à sa place primitive, sur un beau piédestal de marbre africain. Ces débris appartiennent probablement, comme le revêtement de marbre, aux travaux que fit exécuter dans la crypte le pape Sixte III : Platoniam fecit in cœmeterio Callisti, dit de lui le Liber pontificalis.

Au fond de la chapelle, du côté opposé à la porte d'entrée, on aperçoit un degré ou gradin de marbre dans lequel quatre trous pratiqués régulièrement, et disposés en carré, indiquent l'existence, à une époque antérieure, d'un autel soutenu par quatre piliers. Derrière cette plate-forme on découvre, dans la muraille, les restes d'un grand tombeau surmonté d'une niche carrée (sepolcro a mensa) encore revêtue en partie d'un beau stuc blanc. Cette niche n'est pas simplement taillée dans le roc; elle est construite en excellente maçonnerie, comme l'arcosolium de la crypte de saint Janvier au cimetière de Prétextat. On peut fixer la date de ce tombeau au commencement du IIIesiècle, peut-être à la dernière moitié du IIe.

Les saints mystères furent originairement célébrés sur la table de pierre ou de marbre qui le fermait. Ce tombeau se trouva en partie bouché et englobé dans la muraille à la suite des travaux d'agrandissement faits par saint Damase dans la chapelle voisine, et des constructions de renfort qui devinrent nécessaires en même temps dans celle des papes. Le petit autel dont on reconnaît la place fut alors élevé sur un gradin de marbre, en avant de la muraille, et probablement la chaire épiscopale fut posée derrière lui, sur un degré un peu plus haut qui subsiste encore.

La cause de la vénération dont fut entourée cette chapelle…

Rome Souterraine, p. 199-200.

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Message  Louis Sam 31 Jan 2015, 4:05 pm

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CHAPITRE  III.

la crypte papale.

(SUITE)



Rome souterraine. - Page 6 Page_211

Ni Bosio, ni Fabretti, ni Boldetti, ni aucun des premiers explorateurs de Rome souterraine n'ont découvert une seule épitaphe portant le titre d'évêque (1). Le mot episcopus n'est pas une création, une expression originale de la langue ecclésiastique : il a été emprunté par elle à la langue civile et administrative. Chez les païens, il signifiait d'une façon générale inspecteur, surveillant, gouverneur : en Grèce, celui qui présidait à des combats d'athlètes ou à des jeux publics était appelé

Rome souterraine. - Page 6 Page_213
le président des hétéries ou phratries  portait quelquefois le même titre. Dans le Nouveau-Testament (1) le mot episcopus fut pris de bonne heure, par analogie, pour désigner les chefs de chaque église et le suprême degré du sacerdoce; mais, à cause du sens vague d'un mot qui signifiait à la fois la plus haute dignité de l'Église chrétienne et des emplois insignifiants dans la société antique, on évita d'abord de l'employer dans le langage officiel chrétien.

Aussi ne le voit-on pas sur la tombe des premiers papes, de saint Lin par exemple (2). Il ne reçut que peu à peu le sens exclusif et déterminé qu'il a aujourd'hui.

Au IIIesiècle, cette signification avait été fixée par l'usage : à partir de cette époque on le voit inscrit sur les tombes épiscopales.

Le cimetière de Saint-Alexandre, découvert il y a vingt ans sur la voie Nomentane, renferme trois épitaphes sur lesquelles est gravé le titre d'évêque.

La pierre tombale de saint Eusèbe, dans la troisième area du cimetière de Calliste, et celle de saint Corneille, dans la crypte de Lucine, l'un et l'autre pape et martyr, portent la même indication.

Enfin, dans la chapelle pontificale, sur les quatre épitaphes que nous venons de voir, l'abréviation


Rome souterraine. - Page 6 Page_215


est trois fois écrite, et il est probable que, si la pierre sépulcrale du pape Lucius n'était pas brisée immédiatement après le nom, on l'y pourrait lire également.

La présence de quatre tombes épiscopales réunies en un même lieu…

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(1). Sur les épitaphes d'évêques dans les catacombes romaines, voir Bullettino di arch. crist. , 1864, p. 49.
Rome souterraine. - Page 6 Page_212
Voir page 98..

Rome Souterraine, p. 200-1.

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Message  Louis Dim 01 Fév 2015, 3:28 pm

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CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  III.

la crypte papale.

(SUITE)


La présence de quatre tombes épiscopales réunies en un même lieu, quand, jusqu'à ces derniers temps, on n'en avait découvert aucune dans les cimetières souterrains, semble indiquer que l'Eglise primitive avait désigné un emplacement spécial pour y enterrer en commun ses plus hauts dignitaires, et la vénération dont fut entourée de tout temps la principale chapelle du cimetière de Calliste, les décorations successives dont elle fut revêtue, et enfin les témoignages du Liber pontificalis et de tous les anciens documents, ne permettent pas de chercher ailleurs la sépulture commune des papes du IIIesiècle.

Avant cette époque, nous l'avons vu, les évêques de Rome furent tous enterrés (à l'exception d'un petit nombre, dont l'inhumation en un autre lieu s'explique historiquement) « près du corps du bienheureux Pierre sur le Vatican (1), »  de même que les évêques d'Alexandrie avaient leur chapelle funéraire près du corps de saint Marc. Les églises apostoliques étaient très-jalouses de posséder au milieu d'elles les tombes de leurs évêques; c'était le moyen d'établir leur généalogie, et de remonter, d'anneau en anneau, vers la source apostolique d'où elles avaient reçu la doctrine et la hiérarchie.

« Montrez-nous, s'écrie Tertullien, s'adressant aux hérétiques, montrez-nous les origines de vos églises, déroulez devant nous la succession de vos évêques, conduisez-nous par une suite non interrompue vers l'apôtre ou le disciple des apôtres qui a fondé votre siège épiscopal : c'est ainsi que les vraies églises apostoliques établissent leur origine, et sont en état de rendre leurs comptes, » hoc enim modo ecclesiæ apostolicæ census suos deferunt (2).

Polycrate, évêque d'Éphèse, écrivant à saint Victor, énumère avec soin les tombeaux, en différentes villes d'Asie, de plusieurs évêques, « grands piliers de l'Eglise, » dont il allègue en sa faveur le témoignage (3).

Caïus, disputant à la fin du IIe siècle contre les cataphrygiens, en appelle aux tombes de saint Pierre et de saint Paul (4).

Attachant tant de prix à conserver chez elles les corps de leurs évêques, comme autant d'anneaux d'une chaîne qui ne devait être ni interrompue ni brisée, les églises primitives ne reculaient devant aucun sacrifice pour ramener dans leurs murs, toutes les fois que cela était possible, les restes de leurs pasteurs morts en exil. C'est ainsi que les corps des papes Eusèbe, Corneille et Pontien furent rapportés à Rome, celui de saint Ignace rendu à Antioche, celui de saint Denys, évêque de Milan, ramené dans cette ville par saint Ambroise, celui de saint Félix, évêque de Tiburtium, rapporté de Venosa, où il avait souffert le martyre, en Afrique, où était son siège épiscopal. Peut-être même cette ancienne coutume, établie depuis l'origine de l'Église, donna-t-elle aux chrétiens d'Orient la pensée d'entreprendre la singulière expédition qui mit un instant entre leurs mains les reliques de saint Pierre et de saint Paul.

Quelque importance qu'on y attachât, cependant…

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Rome souterraine. - Page 6 Page_216

Rome Souterraine, p. 201-3.

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Message  Louis Lun 02 Fév 2015, 3:51 pm

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CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  III.

la crypte papale.

(SUITE)


Quelque importance qu'on y attachât, cependant, les persécutions, la distance, la pauvreté des églises durent empêcher souvent de rapporter dans leurs villes épiscopales les évêques morts loin d'elles. Rome dut être témoin de nombreuses dérogations à la règle établie, car, dès les temps les plus reculés, les évêques de toutes les parties du monde affluaient dans la ville éternelle (propter  potiorem  principalitatem, dit saint Irénée), et nous avons la preuve que, même au plus fort des persécutions, ce concours des évêques était plus nombreux et plus fréquent qu'on ne serait tenté de le croire.

Saint Cyprien nous apprend qu'en 251, seize évêques étaient présents à l'élection du pape Corneille : deux étaient Africains, deux autres arrivèrent d'Egypte peu de temps après (1).

Le même saint Corneille put rassembler à Rome soixante évêques en concile pour examiner la discipline à suivre dans la réconciliation des apostats (2).

Sur un aussi grand nombre d'évêques étrangers, il est possible que quelques-uns soient morts pendant leur séjour à Rome, et si leurs églises ne purent faire revenir leurs corps, l'Église de Rome leur donna certainement une sépulture digne du rang épiscopal (1). Aussi verrons-nous sans surprise plusieurs évêques, qui certainement ne furent pas évêques de Rome, enterrés dans la chapelle spécialement destinée à la sépulture des papes du IIIe siècle.

La série des papes qui reposèrent dans cette chapelle commence à Zéphyrin, mort en 215, et finit à Melchiade, mort en 313 ; elle occupe un siècle entier, et se place entre Septime Sévère et Constantin. Quelques éditions du Liber pontificalis nomment à tort parmi les papes enterrés in cœmeterio Callisti saint Anicet (mort en 163) et saint Soter (mort en 177) : c'est là une erreur évidente, puisque nous savons que tous les papes du Ier et du IIe siècle eurent leur sépulture au Vatican : les plus anciennes recensions du Liber pontificalis disent expressément qu'Anicet et Soter furent enterrés parmi leurs prédécesseurs. En ce qui concerne ce dernier, la cause de l'erreur est facile à découvrir : son tombeau fut confondu avec celui de sainte Soteris, vierge et martyre, dont le cimetière, nous l'avons vu, était voisin du cimetière de Calliste, et finit par y être réuni.

Le premier pape qui ait été enterré dans la crypte pontificale est le fondateur même du cimetière, saint Zéphyrin (215).

Son successeur saint Calliste (215-222), qui, avant de monter sur le siège de saint Pierre, avait eu pendant tant d'années, comme archidiacre, l'administration du cimetière qui devait retenir son nom, n'y fut cependant pas enterré : il périt dans un tumulte populaire, précipité d'une fenêtre de sa maison dans un puits : son corps en fut retiré par les chrétiens, qui le transportèrent dans le cimetière le plus voisin du Transtévère où il demeurait, celui de Saint-Calépode sur la voie Aurélia.

Saint Urbain Ier lui succéda (222-230). Si…

___________________________________________

(1).  Cyprian., Ep., 41, 42, 49, 52. — (2).  Euseb., Hist. Eccl. , VI, 43. — (1). Un décret du concile d'Arles (314) ordonne qu'une église soit assignée à chaque évêque étranger visitant Rome, pour qu'il y puisse célébrer la messe. — Conc. Arl., can. XIX, apud Collect. Reg. Max., I, 266. Voir dans Eusèbe, Hist. Eccl., V, 24, in fine, avec quels égards saint Polycarpe fut reçu à Rome par saint Anicet.

Rome Souterraine, p. 203-4.

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Message  Louis Mar 03 Fév 2015, 4:16 pm

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CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  III.

la crypte papale.

(SUITE)




Saint Urbain Ier lui succéda. Si l'on en croit les anciens martyrologes, ce pape aurait été enterré dans le cimetière de Prétextât, de l'autre côté de la voie Appienne. Les contradictions de ces documents, qui donnent au pape tantôt le nom de confesseur et tantôt celui de martyr, firent soupçonner à Tillemont et au bollandiste Du Sollier une confusion établie de longue date, grâce à la similitude de noms, entre saint Urbain, pape et confesseur, et un évêque Urbain, appartenant à un bourg voisin ou à un siège étranger, et mort martyr à Rome. L'étude, négligée par Tillemont, des actes de sainte Cécile et de leur chronologie inexacte démontre en effet l'existence des deux Urbain. L'évêque fut enterré au cimetière de Prétextat, et le pape dans celui de Calliste, où M. de Rossi a retrouvé, dans la crypte pontificale, un couvercle de sarcophage avec cette inscription : OTPBANOC  E..., Urbanus episcopus (1).

Saint Urbain eut pour successeur saint Pontien (230-235), qui, ayant été déporté en Sardaigne, abdiqua la dignité pontificale, discinctus est, et fut remplacé sur le siège de saint Pierre par saint Antherus ou Anteros (236), dont nous avons vu tout à l'heure la pierre tombale. Anteros fut pape quelques mois seulement : désigné à l'attention des persécuteurs par le zèle avec lequel il recherchait les actes des martyrs dans les rapports officiels du préfet urbain, il fut lui-même martyrisé, et mourut avant son prédécesseur Pontien. Celui-ci vécut encore quelques années dans son exil de Sardaigne, où il périt sous le fouet et le bâton, afflictus, fustibus maceratus : sa dépouille mortelle fut solennellement rapportée de Sardaigne à Rome (avec l'autorisation de l'empereur, car la loi romaine l'exigeait (2) par saint Fabien (236-250), successeur d'Anteros, et déposée à la suite de celui-ci dans la crypte papale : ce qui explique que plusieurs anciens chroniqueurs se soient trompés dans l'ordre de succession de ces deux papes, et, en faisant d'Anteros le prédécesseur de Pontien, aient jeté dans l'histoire de cette époque les éléments d'une confusion en apparence inextricable.

Sur la pierre étroite et mince qui fermait…

________________________________________________




Rome souterraine. - Page 6 Planch19


Planche XIV, nº 4 :


Rome Souterraine, p. 204-6.

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Message  Louis Mer 04 Fév 2015, 11:59 am

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CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  III.

la crypte papale.

(SUITE)



Rome souterraine. - Page 6 Page_218

Note de Louis :  à propos des notes 1, 2 et 3, voir ci-dessous :

(1) Voir le fac-similé de cette inscription, p. 159.(Note de Louis: je crois plutôt que c’est à la page 176. Bien à vous.

(2) Voir à l’appendice, note A.

(3) Pour la planche XIV, voir ci-dessous :


Rome souterraine. - Page 6 Planch22



Planche XIV, nº 1, 3, 5.:


Rome Souterraine, p. 206.

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Message  Louis Jeu 05 Fév 2015, 4:34 pm

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CHAPITRE  III.

la crypte papale.

(SUITE)


Optat rapporte à ce sujet un trait remarquable : à Carthage, une matrone chrétienne nommée Lucilla, encourut les censures de l'Église pour avoir baisé, en communiant, les reliques d'un prétendu martyr dont le titre n'avait pas été juridiquement reconnu : Nescio eujus hominis mortui, et si martyris. sed necdum vindicati (1). Dans les temps de persécution, comme à toute époque de combat, les imaginations s'échauffaient aisément, les cœurs brûlaient, la légende se formait vite, et l'Église avait besoin d'une grande fermeté pour protéger contre une piété trop ardente la pureté de sa liturgie. Aussi n'inscrivait-elle dans ses canons, n'admettait-elle à la commémoration liturgique que les martyrs reconnus tels par une solennelle vindicatio (2) et probablement le titre de martyr ne pouvait être gravé sur leur tombeau avant cet acte juridique. La vindicatio de saint Fabien fut sans doute retardée par la longue vacance du siège pontifical, demeuré sans titulaire pendant les dix-huit mois qui s'écoulèrent entre la mort de ce pape et l'élection de saint Corneille.

Saint Corneille (250-253) ne fut pas enterré avec ses collègues : son tombeau est dans la crypte de Lucine, et nous le décrirons plus tard. Nous avons déjà vu la pierre tombale de son successeur saint Lucius (253-254), trouvée par M. de Rossi sur le sol de la chapelle papale, où elle gisait en deux morceaux près de celles de Fabien, d'Anteros et d'Eutychien. Le nom du pape y est écrit en grec et l'O de la dernière syllabe est omis : AOTKIC.


Rome souterraine. - Page 6 Captur20


Planche XIV, nº  3.


Cette forme elliptique de la terminaison des mots était d'un usage fréquent au IIe et au IIIesiècle. Deux inscriptions de cette époque…


Rome souterraine. - Page 6 Page_219

Rome Souterraine, p. 206-7.

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Message  Louis Ven 06 Fév 2015, 3:28 pm

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la crypte papale.

(SUITE)



Deux inscriptions de cette époque,

Rome souterraine. - Page 6 Page_220

La quatrième inscription, retrouvée en quatre morceaux, est celle d'Eutychien. Quatre papes se placent entre lui et Lucius : Étienne, Sixte II, Denys et Félix. Leurs épitaphes n'existent plus ; mais il résulte des anciens documents que ces papes furent enterrés dans la chapelle collégiale avec leurs prédécesseurs. Pour saint Sixte en particulier cela n'est pas douteux : la partie du cimetière de Calliste où est la chapelle papale s'appelait autrefois « la Crypte de saint Sixte, » et nous avons lu sur la porte même de cette chapelle les invocations des pèlerins à SANCTE SVSTE.

Saint Sixte est par excellence le héros des catacombes ; c'est dans l'une d'elles qu'il reçut la couronne du martyre. Les circonstances de sa mort sont belles et presque dramatiques. En 257, Valérien et Gallien publièrent un édit défendant aux chrétiens de se rassembler dans les cimetières. Le pape saint Sixte désobéit à cette prohibition. Le 6 août 258, il avait choisi pour y célébrer la messe, le cimetière de Prétextat, moins étroitement surveillé sans doute que celui de Saint-Calliste. Soit…

____________________________________________________


(1). Corp. inscr. græc., n° 3309.
(2). M. de Rossi la croit du IIIe siècle.
(3). De  declinatione  quadam   latina reconditiore quæstio epigraphica. (Bonn., 1861.)
(4). Corp. inscript. latin. t. Ier, p. 210.

Rome Souterraine, p. 208.

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Message  Louis Sam 07 Fév 2015, 3:22 pm

LIVRE  III


CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  III.

la crypte papale.

(SUITE)




Soit trahison, soit hasard, il fut découvert par des soldats païens pendant qu'il adressait la parole aux fidèles réunis autour de lui. Ramené dans Rome, il y fut jugé et condamné à être exécuté sur le lieu même où il avait violé l'édit impérial. On le reconduisit, avec les six diacres ou prêtres qui l'accompagnaient, jusqu'au cimetière de Prétextat : le diacre saint Laurent marchait auprès de lui, et, les yeux baignés de larmes, il lui adressait ces tendres paroles : « Où vas-tu, ô père, sans ton fils? où vas-tu, ô prêtre, sans ton diacre (1)? » Laurent n'avait pas assisté à l'assemblée du matin et n'était pas compris dans la sentence.

Arrivé au cimetière, dans la chapelle même où il avait célébré les saints mystères, saint Sixte fut décapité sur sa chaire épiscopale, ou du moins si près d'elle qu'elle fut couverte de son sang. Le cimetière de Prétextat a gardé la trace de ce glorieux supplice.

On y peut voir, grossièrement gravée en rouge sur la pierre d'un loculus l'image d'un évêque assis dans sa chaire, avec un diacre debout auprès de lui, un livre dans les mains. Sur une autre pierre la chaire seule est représentée, associée par le ciseau du lapidaire au culte dont le pape martyr était l'objet. Enfin, sur la tombe de Gemina, clarissima femina, on voit représenté, entre les images de saint Pierre et de saint Paul le portrait même de saint Sixte, désigné par le mot SVSTVS écrit au dessous.

Une petite basilique fut, au IVe siècle, élevée au-dessus du cimetière pour marquer l'endroit précis où le pontife avait subi le martyre. Deux des diacres qui avaient souffert avec lui, Felicissimus et Agapitus, furent enterrés dans le cimetière de Prétextat, où nous avons vu leur chambre funéraire, et nous avons lu sur le mortier d'un loculus, dans la crypte de saint Janvier, la prière fervente que leur adressait un chrétien du IIIe siècle ou de la première moitié du IVe (2). Saint Sixte et ses autres compagnons, au nombre de quatre, furent transportés dans le cimetière de Calliste, peut-être immédiatement après leur martyre, car l'édit de Valérien, en interdisant aux chrétiens de se réunir dans les cimetières, ne paraît pas leur avoir défendu d'y enterrer leurs morts. Le martyre de saint Sixte a été chanté par le poëte des catacombes, le pape Damase, et le recueil de ses œuvres nous a conservé le texte de l'inscription métrique qu'il lui a consacrée :  …

__________________________________________________

(1).  Acta Sanct. , august., t. II, p. 491. . — (2). Voir page 119, fig. 11.

Rome Souterraine, p. 209-10.

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Message  Louis Dim 08 Fév 2015, 4:35 pm

LIVRE  III


CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  III.

la crypte papale.

(SUITE)



Le martyre de saint Sixte a été chanté par le poëte des catacombes, le pape Damase, et le recueil de ses œuvres nous a conservé le texte de l'inscription métrique qu'il lui a consacrée :  —

Rome souterraine. - Page 6 Page_221

Cette inscription fait allusion à plusieurs circonstances de la scène du martyre qui étaient sans doute familières aux contemporains de saint Damase, mais qui, malheureusement, demeurent obscures pour nous. Elle ne nomme pas le pape dont elle célèbre le courage. Par des raisons que nous ne pouvons deviner, quelques actes de martyrs attribuèrent à saint Étienne, prédécesseur de saint Sixte, la gloire d'avoir été décapité dans les catacombes. M. de Rossi a corrigé avec beaucoup de clarté et une grande force d'argumentation cette assertion erronée. Il a prouvé que saint Sixte, et non saint Étienne, fut mis à mort sur la chaire épiscopale. Saint Cyprien, contemporain de saint Sixte, le dit expressément (1).  Les graffites tracés sur la porte…

_____________________________________________________________

(1) Xistum in cimitirio animadversum sciatis octavo Iduum Augustarum die et cum eo diaconos quatuor. — Ep. 80.

Rome Souterraine, p. 210.

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Message  Louis Lun 09 Fév 2015, 4:13 pm

LIVRE III


CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  III.

la crypte papale.

(SUITE)



Les graffites tracés sur la porte de la chapelle des papes invoquent toujours saint Sixte et ne nomment pas une seule fois saint Étienne. L'inscription que nous avons citée d'après les œuvres du pape Damase a donc trait à saint Sixte. Si elle ne prononce pas son nom, c'est qu'il était dans la bouche de tous les pèlerins, que sa mémoire remplissait, pour ainsi dire, toute la chapelle, et que la place de l'inscription suffisait par elle seule à le désigner. Elle était en effet fixée dans la muraille, immédiatement derrière la chaire épiscopale.

Après le martyre de saint Sixte, on ne voulut pas séparer sa sépulture de celle de ses collègues ; et comme l'usage était de placer dans les tombeaux des martyrs ou près d'eux les vêtements ou les objets teints de leur sang, on transporta du cimetière de Prétextat dans la crypte papale la chaire sur laquelle saint Sixte avait été décapité, hic positus. Cette chaire fut fixée sur le gradin de marbre que l'on voit encore dans la chapelle ; et au-dessus l'on grava l'inscription damasienne, que la disposition des lieux ne permet pas de placer ailleurs (1). Il ne reste de cette inscription que deux petits fragments trouvés avec tant d'autres débris dans la crypte papale. Ces fragments contiennent en tout sept lettres incomplètes, appartenant à trois vers qui se suivent : elles ont le type damasien ; en les comparant avec le contexte, on reconnaît aisément qu'elles ont fait partie de l'inscription citée plus haut.

Nous n'avons pas l'épitaphe de Caïus (283-290), successeur d'Eutychien. Tous les anciens documents affirment qu'il fut enterré in cœmeterio Callisti, c'est-à-dire dans la chapelle des papes : pour les pontifes enterrés dans une autre partie du cimetière la formule est en effet différente, in cœmeterio Callisti in crypta.

Marcellin (290-303), qui lui succéda, paraît avoir gardé pour lui-même l'administration du cimetière de Calliste : pendant son pontificat, le diacre Severus fit construire ce beau cubiculum dont nous avons déjà parlé, sur les confins de la troisième area du cimetière de Calliste et de la première de celui de Soteris, jussu Marcellini papæ sui. Ces travaux et d'autres analogues eurent lieu pendant la période de paix qui signala les premières années du règne de Dioclétien.

Ni Marcellin ni son successeur Marcel (303-305) ne furent enterrés avec leurs collègues dans la chapelle papale : l'un et l'autre furent déposés dans le cimetière de Priscille sur la voie Salaria. La bonne volonté de Dioclétien envers l'Église n'avait pas été de longue durée, et une persécution, plus terrible que celles qui l'avaient précédée, était venue désoler la fin du pontificat de Marcellin et toute la durée de celui de Marcel. Non content d'interdire l'entrée des cimetières, Dioclétien les confisqua et en dévolut la propriété au fisc.

Avant d'abandonner leurs cimetières, les chrétiens…

______________________________________________

(1).
Rome souterraine. - Page 6 Planch10

Planche XV.

Rome Souterraine, p. 210-12.

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Message  Louis Mar 10 Fév 2015, 2:59 pm

LIVRE  III


CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  III.

la crypte papale.

(SUITE)


Avant d'abandonner leurs cimetières, les chrétiens voulurent soustraire aux profanations des nouveaux possesseurs les sanctuaires les plus vénérés. Le plus sûr moyen, le seul moyen peut-être était d'en bloquer les approches en remplissant de terre les galeries qui y donnaient accès. M. Michel de Rossi a démontré (1) que toutes les galeries qui conduisaient à la chapelle papale, la première area du cimetière de Calliste tout entière, furent bouchées avec de la terre apportée à grands frais. Et en effet, si l'on examine de près les plus anciens des graffites tracés sur la porte de la chapelle des papes, on reconnaît que dans tous les traits, dans tous les creux est incrustée une poussière fine et noirâtre, dont les graffites laissés par les pèlerins du moyen âge ne portent aucune trace : preuve évidente que, de la persécution de Dioclétien aux travaux de déblaiement exécutés à une époque postérieure, le vestibule de la chapelle demeura comblé de terre jusqu'à la hauteur de la porte.

On tenta encore une autre défense : un escalier taillé dans le tuf donnait accès dans le voisinage de la chapelle : les degrés inférieurs furent abattus, tranchés à pic, afin d'en rendre l'usage impossible. Grâce à ces moyens héroïques, le cimetière de Calliste put être remis aux mains des persécuteurs sans que l'intégrité de ses trésors fût en péril.

Et cette mutilation, cet enterrement momentané de la crypte papale expliquent comment les deux papes qui viennent après Marcel sur le catalogue pontifical, saint Eusèbe et saint Melchiade, ne purent être enterrés dans la chapelle, in cœmeterio Callisti, mais furent enterrés dans deux cryptes distinctes, in cœmeterio Callisti in crypta. Les loca ecclesiastica ne furent restitués par Maxence qu'un certain nombre d'années après la mort d'Eusèbe, et le corps de ce pape, dès que la persécution eut cessé, fut rapporté de Sicile, où il avait été exilé, par les soins de son successeur Melchiade : nous décrirons plus loin la crypte richement décorée dans laquelle on le déposa, n'osant pas encore, probablement, rouvrir la chapelle papale. Melchiade fut le dernier pape enterré dans le cimetière de Calliste. M. de Rossi croit reconnaître un fragment de son sarcophage dans une crypte située à peu de distance de celle d'Eusèbe (1). La longue liste des papes martyrs se termine à saint Melchiade, le premier pape qui ait vécu et soit mort en paix.

Avec saint Sylvestre s'ouvre une ère nouvelle. On commence à bâtir les tombeaux chrétiens à la surface du sol (2) et à construire, au-dessus des cimetières, des mausolées et des basiliques. Saint Sylvestre, saint Marc, saint Jules, saint Damase lui-même, ne furent pas enterrés dans les catacombes, mais dans de petits oratoires bâtis à l'entrée des cimetières souterrains. L'histoire du caveau funéraire des papes se termine naturellement ici; il cesse d'être un lieu de sépulture pour devenir un lieu de pèlerinage, un sanctuaire que les siècles suivants modifient et décorent à diverses reprises, mais dont l'histoire n'appartient plus à notre sujet.

Dans l'atlas du deuxième volume…

___________________________________________________________________

(1).Voir notre livre V, ch. II. — (1). La crypte dans laquelle M. de Rossi place, par conjecture, le tombeau de Melchiade, est le grand cubiculum duplex, éclairé par un lucernaire, qui occupe à peu près le milieu de la deuxième area (V) du cimetière de Calliste, et ouvre à droite et à gauche sur l'ambulacre central C f I. Une des deux chambres, celle où a été découvert le couvercle du sarcophage, est entourée de bancs taillés dans le tuf et revêtus de marbre blanc. Le lucernaire commun par lequel toutes deux sont éclairées n'a pas un orifice unique, mais se divise en deux branches, envoyant à l'une et à l'autre chambre un rayon séparé. —  (2). Nous avons vu que, même avant la paix de l'Église, il y eut des tombeaux chrétiens construits à fleur de terre ; mais l'usage n'en devint général qu'après cette époque.


Rome Souterraine, p. 212-4.


Dernière édition par Louis le Mer 09 Sep 2015, 12:54 pm, édité 1 fois (Raison : Ajout d'un lien dans la note (1) de bas de page.)

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Message  Louis Mer 11 Fév 2015, 3:38 pm

LIVRE  III


CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  III.

la crypte papale.

(SUITE)


Dans l'atlas du deuxième volume de Roma sotterranea, M. de Rossi a publié une belle restauration de la crypte papale : nous donnons une réduction de son dessin, planche XV.

Rome souterraine. - Page 6 Planch10


Planche XV.


Que le lecteur veuille bien s'y reporter. Il verra que dans cette restauration rien n'est laissé au hasard. Une induction patiente et sûre, retrouvant la place primitive des débris encore subsistants, a pu reconstruire sur des indices presque toujours certains l'architecture intérieure de la chapelle.

Les deux inscriptions damasiennes que l'on aperçoit derrière l'autel ont été replacées au seul endroit que pouvaient comporter les dimensions inégales de l'une et de l'autre. L'autel a été rétabli sur le gradin de marbre dont nous avons parlé, et où sa place était marquée par les quatre petits trous des pilastres.

Derrière lui, sur le gradin un peu plus élevé qui subsiste encore, la place naturelle de la chaire était désignée par l'usage antique. L'emplacement de l'autel et de la chaire est entouré d'une balustrade, en partie pleine, en partie découpée à jour, et terminée à l'une de ses extrémités par un hermès à tête de femme; des débris de cette balustrade ont été trouvés sur le sol, avec l'hermès. et elle ne pouvait être placée ailleurs qu'autour de l'autel, et de manière à laisser le passage libre pour entrer dans la chapelle voisine.

Les parois des murailles sont figurées avec le revêtement de marbre que leur donna Sixte III ; les loculi sont fermés avec les pierres tombales des papes, retrouvées dans la chapelle. Dans les quatre niches encore visibles à ras de terre sont placés des tombeaux en forme de sarcophage, dont l'un, celui à droite de l'autel, porte dans le dessin de M. de Rossi le couvercle sur lequel a été lu le nom d'OTPBANOC (a).  A droite de l'autel, encastrée dans le dallage de la chapelle, on aperçoit à travers les jours de la balustrade la pierre, encore située à sa place primitive, sur laquelle est inscrit le nom de AHMETPIC (b). A droite  et à gauche de la chapelle, devant les deux niches les plus rapprochées de l'entrée, on voit deux tombeaux rectangulaires enveloppés dans un massif de maçonnerie revêtu de stuc; sur le couvercle de l'un est écrit Eusebio homini Dei, sur le couvercle de l'autre Gregorius Presb. L'un de ces tombeaux a été retrouvé entier, et la place de l'autre est encore visible, avec un pan de la maçonnerie qui l'entourait.

Ces tombeaux, construits apparemment au IVe siècle…

_________________________________________________

(a) note de Louis : OTPBANOC signifie Urbanos ; voir  Rome Souterraine, p. 205.
(b) note de Louis : AHMETPIC s’écrit avec comme première lettre un delta et le mot signifie Demetrius ; voir  Rome Souterraine, p. 208.

Rome Souterraine, p. 214-15.

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Message  Louis Jeu 12 Fév 2015, 3:03 pm

LIVRE  III


CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  III.

la crypte papale.

(SUITE)



Ces tombeaux, construits apparemment au IVe siècle, renfermèrent les restes de deux chrétiens illustres, peut-être deux confesseurs de la foi; le couvercle de l'un et de l'autre n'a pas été retrouvé, et M. de Rossi, sur la foi d'un ancien document (1), a suppléé hypothétiquement les deux inscriptions.

La décoration proprement dite de la chapelle papale se trouve ainsi rétablie dans notre dessin sur les données les plus certaines : on n'a guère fait que relever et remettre en place ce qui gisait à terre.

Ainsi la corniche, soutenue par des pilastres,  qui surmonte les deux inscriptions damasiennes, à la hauteur de la naissance de la voûte, a été reconstituée d'après des débris parfaitement reconnaissables.

Les deux colonnes en spirales qui, vers le milieu de la chapelle, supportent une architrave de marbre, sont également rétablies aux places mêmes qu'indiquait la base de l'une d'elles, retrouvée encore debout ; leurs troncs ont été découverts lorsqu'on a déblayé le sol de la crypte.

L'architrave que l'on voit suspendue à une grande distance de la voûte et ne supportant rien paraît au premier abord assez singulière. Elle faisait partie, cependant, de la décoration habituelle des chambres funéraires des martyrs. On s'en servait en guise de ciborium pour suspendre des lampes et des draperies (2). Elle est ainsi figurée dans plusieurs médailles de dévotion (1), remontant aux premiers siècles, et représentant des sanctuaires célèbres, sur un vetro publié par le P. Garucci (2), et aujourd'hui conservé au Musée Britannique, et sur une pierre tombale autrefois au Musée du Vatican, maintenant au Musée chrétien de Latran.

Deux inscriptions damasiennes décoraient la chambre funéraire des papes…

__________________________________________________

(1). Voir Roma sotterranea, t. II, p. 108-112, la critique des actes apocryphes du prêtre Eusèbe, et la réfutation des calomnies qu'ils font peser sur la mémoire du pape Libère. — (2). Dans un cubiculum voisin (B e 7) on remarque, autour de la place présumée de l'autel portatif, quatre corniches allongées et sortant de la muraille, qui servaient probablement à suspendre des lampes ou attacher des rideaux. Ces rideaux voilaient habituellement l'autel pendant une partie du saint sacrifice; on les ouvrait vers l'élévation. « Lorsque l'hostie céleste est sur l'autel, que Jésus-Christ, la brebis royale, est immolée, lorsque vous entendez prononcer ces paroles: Prions tous ensemble le Seigneur, lorsque vous voyez que l'on tire les voiles et les rideaux de l'autel, imaginez-vous que vous contemplez le ciel qui s'ouvre et les anges qui descendent sur la terre. » (Saint Jean Chrysostome, homélie III, in c. I. Epist. ad Ephes.) Cette citation est empruntée au Dictionnaire des antiquités chrétiennes de M. l'abbé Martigny, Vº Ciborium. — (1).  Voir Bullettino di arch. crist.,  mai et juin 1869, la médaille portant pour légende Successa vivas, et celle inscrite Gaudentianus ( tav., nos  5, 8 ). — (2). Garrucci, Vetri, 2e ediz., tav. xxxix, nº 10.

Rome Souterraine, p. 215-16.

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Message  Louis Ven 13 Fév 2015, 3:05 pm

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CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  III.

la crypte papale.

(SUITE)




Deux inscriptions damasiennes décoraient la chambre funéraire des papes : l'une, dont on a découvert deux petits fragments, et qui est figurée dans notre dessin au fond de la chapelle, derrière la chaire épiscopale; l'autre, dont la presque totalité a été retrouvée, et que nous avons représentée immédiatement au-dessus. Le texte de la première a été cité plus haut, et donne une relation poétique du martyre de saint Sixte. Celui de la seconde mérite une notice à part (3) : il résume non-seulement toute l'histoire de la chapelle, mais en quelque sorte toute celle du cimetière de Calliste.
.

Rome souterraine. - Page 6 Page_210


Rome souterraine. - Page 6 Page_211

Le premier vers de ce noble poëme fait allusion à un grand nombre de martyrs enterrés ensemble, congesta turba piorum. Des polyandres, ou tombes consacrées à des centaines, peut-être à des milliers de corps, s'ouvraient en plusieurs parties des catacombes. Ces tombes étaient toujours anonymes, remplies de martyrs quorum nomina scit Omnipotens, selon l'expression du pape Pascal. Un simple chiffre indiquait le nombre des martyrs enterrés dans les polyandres, congestis acervis, dit Prudence, employant le même mot dont s'était servi Damase. Prudence met en scène, dans son Peristephanon un ami qui le questionne sur ceux qui versèrent à Rome leur sang pour la foi, et demande à voir leurs épitaphes. Ce serait difficile, répond le poëte, car à Rome les reliques des martyrs sont innombrables. Tant que Rome adora les dieux du paganisme, leur rage maudite fit périr une multitude de justes. Sur beaucoup de tombes, ajoute-t-il, vous pouvez lire le nom du martyr et une courte inscription ; mais beaucoup d'autres taisent les noms de ceux qu'elles contiennent, et ne disent que leur nombre. « Sur les tombes muettes une tablette de marbre porte un chiffre écrit : je me rappelle avoir lu que sous une seule pierre soixante personnes reposaient (1). »

Les martyrologes et les…

_______________________________________________

(3). Voir, planche XI, le fac-similé de cette inscription. — (1) Peristeph., XI, 9 et sq.

Rome souterraine. - Page 6 Planch11

Planche XI

Rome Souterraine, p. 216-17.

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Message  Louis Sam 14 Fév 2015, 3:14 pm

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CHAPITRE  III.

la crypte papale.

(SUITE)



Les martyrologes et les légendes indiquent quatre groupes de martyrs enterrés ensemble dans le voisinage de saint Sixte et de sainte Cécile : un de vingt-sept, un de quarante-huit, un de huit cent quatre-vingts, un de quatre mille. D'autres documents disent quatre-vingts au lieu de huit cent quatre-vingts, et citent en termes généraux plusieurs milliers de martyrs (1). On n'a encore retrouvé aucune de ces pierres portant un chiffre dont parle Prudence ; mais M. de Rossi croit reconnaître dans une fosse profonde qui s'ouvre sous la niche à gauche de l'autel dans la chapelle papale, et n'est séparée de la chambre voisine et du tombeau de sainte Cécile que par une mince paroi, le polyandre célèbre où reposaient, selon d'anciens documents, une multitude innombrable de martyrs enterrés ad sanctam Cæciliam ou ad sanctum Xystum.

La loi romaine ne reculait pas devant la barbarie d'exécutions en masse, et cela ne doit pas surprendre dans un pays où l'on décimait les légions mutinées ou malheureuses, et où tous les esclaves d'un maître assassiné étaient conduits au supplice, même si un seul était coupable. Tacite a raconté (1) la discussion qui s'éleva au sénat romain à propos de l'assassinat de Pedanius Secundus. Il possédait quatre cents esclaves, et l'innocence de la plupart d'entre eux était notoire. La loi exigeait qu'ils mourussent tous. A la vue d'un aussi grand nombre de malheureux traînés au supplice, le peuple s'émut. L'affaire fut discutée dans le sénat; quelques sénateurs parlèrent de pitié. La majorité du sénat déclara que la loi devait suivre son cours (nihil mutandum), et, le peuple menaçant de s'insurger, les quatre cents esclaves furent menés à la mort entre deux haies de soldats. Tacite nous a conservé le discours d'un des principaux orateurs : …

__________________________________

.
Rome souterraine. - Page 6 Page_212

(1). Ann. XlV, 42-45.

Rome Souterraine, p. 218-19.

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Message  Louis Dim 15 Fév 2015, 11:50 am

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CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  III.

la crypte papale.

(SUITE)


Tacite nous a conservé le discours d'un des principaux orateurs : les arguments qu'il emploie sont les mêmes dont se servaient sans doute, au IIe ou au IIIe siècle, les adversaires des chrétiens demandant aux empereurs de nouveaux édits de persécution.

« Nous avons au milieu de nous, disait Cassius, des nations entières qui ont d'autres rites, d'autres cérémonies, qui suivent des religions étrangères, ou qui n'ont même aucune religion ; il est impossible de maintenir dans l'obéissance un tel ramas d'hommes, colluviem istam, si on ne les gouverne par la terreur. Quelques innocents, il est vrai, périront peut-être avec les coupables. Mais, toutes les fois qu'il est nécessaire de donner pour le bien public un éclatant exemple de sévérité, il faut se résigner à frapper injustement des innocents. »

Telle était la politique romaine, et Tacite n'est pas seul à nous la montrer en action. Lactance ou l'auteur, quel qu'il soit, du traité sur la mort des persécuteurs nous apprend que, si les chrétiens condamnés à mort étaient trop nombreux, on n'exécutait pas isolément chacun d'eux, mais on les entourait de feux, et on les brûlait par troupes, gregatim amburebantur(2).

Cela nous explique comment les restes d'un grand nombre de martyrs pouvaient être renfermés dans un même tombeau.

L'inscription damasienne parle ensuite des compagnons de saint Sixte, hic comites Xysti portant qui ex hoste tropæa. Six membres du clergé romain périrent en même temps que saint Sixte : deux d'entre eux furent déposés au cimetière de Prétextat, et les quatre autres dans celui de Saint-Calliste. Puis vient la longue liste des papes dont les tombeaux gardent l'autel du Christ, numerus procerum servat qui altaria Christi. Dans « le pontife qui vécut en une longue paix, » longa vixit qui in pace sacerdos, on reconnaît saint Melchiade, le premier pape qui ait gouverné l'Église après la fin des persécutions. Les « confesseurs envoyés par la Grèce, » confessores sancti quos Græcia misit, sont énumérés dans les divers martyrologes : ils s'appelaient Hippolyte, Adrias, Marie, Neo et Pauline. Quant aux autres martyrs dont parle l'inscription, ces jeunes gens et ces vieillards, cette chaste génération de vierges, leurs noms sont écrits au livre de vie, et rien ne reste d'eux sur la terre, pas même un souvenir historique.

Saint Damase n'est pas le seul pape…

_________________________________________________

(2). De mort, pers., 15.


Rome Souterraine, p. 219-20.

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Message  Louis Lun 16 Fév 2015, 12:59 pm

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CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  III.

la crypte papale.

(SUITE)



Saint Damase n'est pas le seul pape qui ait orné d'inscriptions commémoratives la crypte pontificale. Le Liber pontificalis dit de Sixte III, dont nous avons déjà rappelé les travaux, que platoniam fecit in cœmeterio Callisti, ubi nomina episcoporum et martyrum scripsit commemorans, c'est-à-dire qu'il fit poser dans le cimetière de Calliste, ou, selon la formule habituelle, dans la chambre principale de ce cimetière, un large revêtement de marbre (platonia) sur lequel furent inscrits les noms des évêques et des martyrs qui y étaient enterrés.

M. de Rossi, cherchant dans la chapelle des papes la place de l'inscription de Sixte III, remarqua sur la paroi intérieure opposée à l'autel et aux inscriptions damasiennes, au-dessus de la porte d'entrée, un emplacement oblong parfaitement reconnaissable à la rainure qu'y avait laissée une table de pierre ou de marbre autrefois fixée dans la muraille. Il n'était pas difficile d'y reconnaître le lieu où avait été posée l'inscription de Sixte III.

Mais que contenait-elle ?  quels noms y étaient inscrits ? dans quel ordre et dans quelle forme étaient-ils disposés?

Grâce à sa merveilleuse connaissance de toutes les anciennes sources, M. de Rossi est venu à bout de recomposer, sinon avec une certitude absolue, au moins avec une vraisemblance poussée aussi loin que possible, la teneur d'une inscription dont il ne reste plus une seule lettre. Dans un de ces recueils épigraphiques du VIIIe ou IXe siècle qui ont conservé à la science moderne tant de précieux documents, on remarque, à la suite d'une copie de la grande inscription damasienne Hic congesta jacet, etc., une liste de noms appartenant tous à des évêques et à des martyrs enterrés dans le cimetière de Calliste. Où a-t-elle été copiée? probablement sur quelque autre inscription de la crypte papale, et laquelle ? sans doute la platonia de Sixte III. Or, dans les divers manuscrits du Martyrologium Hieronymianum, on lit, sous la date du 9 août, une suite de noms étrangement défigurés (1)  qui se rapproche tout à fait de cette liste.

On sait que le Martyrologium Hieronymianum est un composé de martyrologes plus anciens, et, parmi ceux-ci, il a beaucoup emprunté à un vieux recueil où entre autres choses étaient indiquées les dédicaces des basiliques construites et consacrées par les papes du Ve siècle. En particulier celles construites ou dédiées par Sixte III y sont notées avec le plus grand soin. Ces mentions sont en parfait accord avec le récit du Liber pontificalis. D'après lui, Sixte III dédia la basilique de Sainte-Marie-Majeure et celle de Saint-Laurent ; dans le Martyrologium Hieronymianum on trouve la mention de la dédicace de Sainte-Marie-Majeure à la date du 5 août, et de celle de Saint-Laurent à la  date du 2 novembre.

Le Liber pontificalis

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Rome souterraine. - Page 6 Page_210

Rome Souterraine, p. 221.

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Message  Louis Mar 17 Fév 2015, 12:14 pm

LIVRE  III


CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  III.

la crypte papale.

(SUITE)


 Le Liber pontificalisrapporte également que Sixte III termina la décoration intérieure du baptistère de Constantin ; le Martyrologium Hieronymianum indique la dédicace de ce baptistère à la date du 29 juin. Le Liber pontificalis ajoute, comme nous l'avons vu, que le même pape fit graver sur le marbre dans le cimetière de Calliste les noms des évêques et des martyrs qui y étaient enterrés ; or nous trouvons dans le Martyrologium, sous la date du 9 août, la liste incorrecte dont nous avons parlé, désignant des saints dont les natalitia ne tombaient pas ce jour-là, et se rapprochant tout à fait de la liste copiée par le collecteur d'inscriptions à la suite du poëme épigraphique de saint Damase. Il est probable que l'antique martyrologe auquel les manuscrits hiéronymiens ont emprunté la mémoire des diverses dédicaces rapportait sous la date du 9 août celle des travaux faits par Sixte III dans la crypte papale, et donnait le texte de l'inscription posée par ce pontife. La liste inexplicable jusque-là du Martyrologium Hieronymianum n'en serait qu'une copie défigurée, empruntée à un martyrologe plus ancien, de même que les noms rapportés par le recueil épigraphique ne seraient qu'une copie prise dans un ordre plus ou moins exact sur les lieux mêmes.

A l'aide de ces deux documents, le recueil épigraphique et le Martyrologium Hieronymianum, M. de Rossi a pu recomposer conjecturalement le catalogue de martyrs gravé par les soins de Sixte III sur la plaque de marbre qui surmontait à l'intérieur la porte de la chapelle. Des observations très-minutieuses lui ont permis d'affirmer que les noms y étaient écrits sur quatre colonnes, disposition tout à fait en rapport, du reste, avec la forme oblongue de la tablette. La première colonne comprenait les noms des martyrs les plus illustres tant de la crypte que du cimetière entier, les trois autres comprenaient les noms des autres papes et des évêques étrangers enterrés avec eux.

Nous ne pouvons donner ici que les résultats du travail de M. de Rossi : ceux qui voudront étudier dans tous ses détails cette merveilleuse restitution archéologique devront se reporter au chapitre dans lequel il développe, avec une érudition et une clarté admirables, l'ensemble des arguments et des preuves qui lui ont permis de la proposer. Voici, d'après sa conjecture, le texte de l'inscription (1) : le nom de Zéphyrin n'y figure pas, parce que, bien avant Sixte III, du temps de saint Damase, son corps avait été transféré de la crypte dans . une chapelle située au-dessus de terre :


Rome souterraine. - Page 6 Page_211
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(1). Les deux dernières lignes sont certainement fort hypothétiques, et dans cette restitution manque une partie essentielle, le nom de l'auteur de l'inscription, Sixte III. » Roma sotterranea, t. II, p. 48.

Rome Souterraine, p. 222-3.
A suivre : Chapitre IV. Crypte de sainte Cécile.

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Message  Louis Mer 18 Fév 2015, 12:27 pm

LIVRE  III


CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  IV.

La crypte de sainte Cécile.



SOMMAIRE. — Chapelle de Sainte-Cécile. — I. Histoire de sainte Cécile. — Translation de ses reliques par Pascal Ier, en 821. — Leur découverte en 1579. — Corps des saints Tiburtius, Valerianus et Maximus, découverts en même temps: plumbatæ. — II. Examen critique de la crypte. — Fouilles exécutées par M. de Rossi. — Peintures du luminaire — et de la muraille. — Restes de mosaïques et de marbres. — Emplacement de la tombe primitive de sainte Cécile — démontré par les inscriptions — et par les graffiti de la chapelle. — Critique et correction des actes de sainte Cécile. — Rectification de la date assignée à son martyre. — Quel est l'évêque Urbain nommé par les actes? — Exagérations corrigées. — III. Saints peints dans le luminaire.


Un étroit passage, assez irrégulièrement taillé dans le roc à gauche de l'autel de la chapelle papale, conduit dans la chapelle voisine, celle de Sainte-Cécile (B e 5). Les deux côtés de ce couloir furent autrefois revêtus de plaques de marbre, dont l'empreinte se voit encore sur les joints de la maçonnerie ; dans la voûte on distingue les creux de quelques cubes de mosaïque. Ce passage débouche dans une vaste chambre formant un carré de six mètres de chaque côté, inondée de lumière par un grand lucernaire orné de peintures, et ouvrant elle-même sur un large portique soutenu par des arches en briques. On ne voit dans cette chambre ni tombe a mensa, ni gradin d'autel, ni épitaphes de morts célèbres ou inscriptions en l'honneur des martyrs ; les fresques du luminaire et d'une des murailles n'appartiennent pas à l'âge classique de la peinture chrétienne, et elles disent peu de chose au visiteur qui n'est pas encore initié aux principaux faits de la vie de sainte Cécile.

Avant d'étudier la crypte elle-même, il est nécessaire de dire quelques mots de celle qui y reposa. Les découvertes modernes l'ont bien vengée du scepticisme ou de la prudence excessive de Tillemont : on sait aujourd'hui que sainte Cécile n'est ni un mythe, ni une martyre venue de Sicile, mais une vraie Romaine, du plus pur sang romain ; sa noble et gracieuse figure est décidément sortie des brumes de la légende pour entrer dans le plein jour de l'histoire.

On sait également que sainte Cécile n'a pas été enterrée dans la catacombe de Saint-Sébastien, comme le dit une inscription du XVe siècle, mais bien dans la première area du cimetière de Calliste, tout près de la chapelle des papes. Une rapide esquisse de sa vie aidera à comprendre l'importance des découvertes archéologiques relatives à la jeune sainte et à son tombeau. Les actes de son martyre, dans l'état où ils sont venus jusqu'à nous, ne peuvent remonter plus haut que le Ve siècle. On sait que, sur un fond et d'après  des documents plus anciens,   l'auteur des actes a  brodé  un  récit où la légende entre pour une assez grande part, et dont les compilateurs  ou  copistes postérieurs ont encore augmenté la tendance à l'amplification et à la rhétorique. Sous ce tissu relativement récent, la critique moderne,  sûre et prudente cette fois, a découvert le canevas antique qui lui sert de support, et elle a démontré que, malgré les additions qui les  surchargent,  les actes de sainte Cécile sont vrais dans  leurs lignes principales, et souvent exacts dans une foule de petits détails qu'un témoin contemporain a seul pu recueillir,  et que  les compilateurs n'ont pas altérés.

Racontons d'abord ici l'histoire de sainte Cécile dans sa forme populaire et…

Rome Souterraine, p. 224-5.

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Message  Louis Jeu 19 Fév 2015, 12:12 pm

LIVRE  III


CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  IV.

La crypte de sainte Cécile.

(SUITE)


Racontons d'abord ici l'histoire  de sainte  Cécile dans sa forme   populaire et traditionnelle ;  nous  y corrigerons ensuite quelques erreurs, et retranchant un peu,  ajoutant un peu aussi, nous rétablirons la figure historique de la célèbre martyre.

Sainte Cécile était de noble race : elle appartenait à une famille sénatoriale. Le langage de ses actes est, sous ce rapport, d'une précision toute romaine; ils se servent des termes techniques qui caractérisaient son rang : ingenua, nobilis, clarissima. Dès sa plus tendre enfance, ab ipsis cunabulis, elle avait été élevée dans la foi chrétienne, que sa mère professait probablement. Son père était ou un païen ou un chrétien assez tiède, car il la donna en mariage à un jeune patricien des plus nobles vertus et du plus aimable caractère, mais attaché au culte des faux dieux, qui se nommait Valérien. Sainte Cécile s'était depuis longtemps consacrée au service du Christ, et lui avait voué sa virginité.

Le jour de son mariage, elle persuada à son époux d'aller rendre visite au pape Urbain, qui se tenait caché dans un cimetière de la voie Appienne ; il convertit Valérien au christianisme, et le baptisa. Tiburtius, son frère, se convertit également, et reçut le baptême. Tous deux furent condamnés à mort pour avoir refusé de sacrifier aux dieux, et l'officier qui présidait à l'exécution, nommé Maxime, fut si touché de leur constance qu'il se convertit sur-le-champ, et partagea leur supplice. Les trois martyrs furent enterrés dans le cimetière de Prétextat, où les anciens Itinéraires ont noté leurs tombeaux.

Cécile vivait encore : le préfet de la ville, Amachius, voulant rendre son supplice aussi secret que possible, ordonna qu'elle fût enfermée dans le caldarium ou chambre des bains chauds de son propre palais, et fit chauffer les conduits de vapeur à une telle température qu'elle devait mourir suffoquée. Cécile entra dans la chambre : l'hypocauste avait été chauffé « sept fois plus que de coutume. » Elle y demeura un jour et une nuit; ce temps écoulé, on la retrouva vivante : la vapeur l'avait respectée comme la flamme respecta jadis les trois enfants hébreux dans la fournaise. « Le feu, disent les actes, n'eut aucun pouvoir sur son corps ; pas un cheveu de sa tête ne brûla, ses vêtements ne furent pas atteints, et l'odeur de la flamme ne vint pas jusqu'à elle. » La vapeur qui l'entourait n'avait laissé ni moiteur sur son front ni lassitude dans ses membres ; elle était aussi fraîche, aussi souple, aussi vigoureuse que la veille.

Cette nouvelle inattendue fut portée au…

Rome Souterraine, p. 225-6.

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Message  Louis Ven 20 Fév 2015, 11:15 am

LIVRE  III


CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  IV.

La crypte de sainte Cécile.

(SUITE)


Cette nouvelle inattendue fut portée au préfet : il envoya alors un de ses licteurs avec ordre de lui trancher la tête. Celui-ci trouva Cécile dans la chambre qui avait été le témoin de sa victoire, et se mit en mesure de remplir son office. Trois fois la hache s'abattit sur ce cou délicat, trois fois elle reçut une profonde et mortelle blessure ; mais, soit que la vue d'une victime si jeune et si noble eût attendri le cœur du bourreau, soit que sa main eût été retenue chaque fois par une force surnaturelle, il ne put venir à bout de son œuvre, et, comme la loi romaine ne permettait pas à l'exécuteur de frapper plus de trois coups, il se retira la laissant encore vivante, baignée dans son sang.

La porte de la chambre fut alors ouverte, et les chrétiens de la maison et du voisinage entrèrent en foule pour recueillir le dernier soupir sur les lèvres de la vierge mourante. Ils la trouvèrent étendue sur le pavé de marbre, et attendant avec paix le dernier moment. Les fidèles l'entourèrent alors comme une couronne, et, pendant qu'ils trempaient des linges dans le sang de la vierge, elle parlait à tous, mesurant ses paroles aux besoins de chacun.

Pendant deux jours et deux nuits elle vécut ainsi, suspendue pour ainsi dire entre la vie et la mort; et, le matin du troisième jour, le pape Urbain (nous suivons toujours le récit des actes) vint pour dire adieu à sa fille bien-aimée. « J'ai prié, dit-elle, pour ne pas mourir durant ces trois jours, afin que je puisse recommander à Votre Béatitude (c'était le titre qu'on donnait alors aux papes, comme nous disons aujourd'hui Votre Sainteté) les pauvres que j'ai toujours nourris et vous faire don de cette maison, pour qu'elle devienne et demeure toujours une église. » Dès que l'évêque eut accédé à la demande de la mourante, et l'eut bénie, elle tourna sa face vers le sol, et, laissant doucement ses bras et ses mains jointes glisser vers son côté droit, elle exhala son âme virginale, et passa en la présence de Dieu. Le soir même son corps fut placé dans un cercueil de bois de cyprès (1) ; on lui conserva l'attitude qu'elle avait prise en mourant. Urbain et ses diacres la transportèrent hors de la ville, dans le cimetière de Calliste; là, le pape l'enterra dans une chambre « près de ses collègues évêques et martyrs. »

Telle est la légende du martyre de sainte Cécile…

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(1) L'emploi d'un cercueil était très-rare chez les premiers chrétiens, au moins pour ceux enterrés dans les catacombes ; cependant, de sérieuses raisons établissent que le corps de sainte Cécile fut, dès l'origine, déposé dans un cercueil. — V. Dom Guéranger, Hist. de sainte Cécile, 2e édit., p. 313, 314.

Rome Souterraine, p. 227-8.

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