Explication s.v.p.

Chaîne d’Or, sur Évangile de Saint Jean, ch. XVI a écrit:

S. CHRYS. — Comme il avait dit : « Vous ne pouvez pas le porter maintenant;» par conséquent, vous le pourrez alors; et « l'Esprit Saint vous conduira (1) à toute vérité; » afin qu'en entendant de telle paroles ils ne vinssent à croire que l'Esprit-Saint était plus grand que lui, il ajoute : « Car il ne vous parlera pas de lui-même. »

— S. AUG. — Parole semblable à celle qu'il dit de lui-même : « Je ne puis rien faire par moi-même, mais ainsi que j'entends je juge. » Cette dernière parole, nous pouvons l'entendre de son humanité. — Mais comme l'Esprit-Saint n'est pas devenu créature par son union à une créature, comment entendre cela de lui? — Nous devons l'entendre en ce sens, qu'il n'existe pas par lui-même, car le Fils est né du Père, et l'Esprit-Saint procède du Père. La différence entre naître et procéder : il serait long d'en disserter, et téméraire d'en donner une définition. Entendre, pour l'Esprit-Saint, c'est savoir; savoir c'est être. Comme il n'est pas par lui-même, mais par celui de qui il procède, il reçoit l'essence de celui de qui il reçoit la science, et du même ce qu'il entend. L'Esprit-Saint entend toujours parce qu'il sait toujours : c'est donc de celui par qui il est qu'il a entendu, qu'il entend, qu'il entendra.

DIDY. — Il dit donc : « Il ne parlera pas de lui-même, » c'est-à-dire sans moi et sans la volonté de mon Père ; car il n'existe pas de lui-même, mais par mon Père et par moi. Le parler et l'exister, cela lui vient de mon Père et de moi. Moi, je parle la vérité, c'est-à-dire que je lui inspire ce que je lui dis; et c'est ainsi qu'il est l'esprit de vérité. Dire et parler ne sont pas dans la Trinité ce que nous entendons d'après notre manière ordinaire, mais d'après la manière des natures corporelles, et surtout d'après la manière de la Trinité qui répand sa volonté dans le cœur des croyants et de ceux qui sont dignes d'entendre sa voix. Le Père parlant et le Fils écoutant, cela nous exprime qu'il y a dans le Père et dans le Fils le consentement qui résulte de l'égalité de nature. L'Esprit-Saint, qui est l' Esprit de vérité, l'Esprit de sagesse, il n'est pas possible que, lorsqu'il entend parler le Fils, il apprenne ce qu'il ne savait pas auparavant, attendu que c'est lui qui sort du Fils, à savoir la vérité procédant de la vérité, le consolateur émanant du consolateur, l'Esprit de vérité procédant de Dieu ; enfin, pour que personne n'isolât l'Esprit-Saint de la volonté et de la société du Père et du Fils, il est écrit : « Ce qu'il entendra, il le parlera. »

S. AUG. — De là il ne faut pas conclure que l'Esprit-Saint soit moindre, car, sous ce rapport, il est dit qu'il procède du Père. — S. AUG. — Ni que cela ne vous ébranle point, que la phrase ait été mise au futur, car cet entendra est éternel parce que le savoir est éternel. Du moment où cet acte est éternel, il est sans commencement et sans fin, et, par conséquent, quel que soit le temps que l'on mette on ne le met pas à faux. Car, quoique la nature immuable ne reçoive ni il fut ni il sera, mais seulement il est, ce n'est cependant pas à faux qu'il est dit qu'il fut, qu'il  est, qu'il sera; il fut, car il n'a jamais cessé d'exister; il sera, car il ne manquera jamais; il est, car il est éternellement.