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Message  gabrielle Dim 17 Aoû 2014, 6:52 am

Le 17 août

Saint Hyacinte, confesseur

Leçons des Matines avant 1960. a écrit:Hyacinthe était Polonais ; il naquit de parents nobles et chrétiens au château de Kamin, dans le diocèse de Breslau. Instruit dès l’enfance dans les lettres, il étudia plus tard la sainte Écriture. Mis au nombre des Chanoines de Cracovie, il brilla plus que tous les autres par l’insigne piété de sa vie et sa profonde érudition. Reçu à Rome dans l’Ordre des Frères Prêcheurs par le fondateur même, saint Dominique, il pratiqua avec la plus grande sainteté, jusqu’à la fin de sa vie, la règle parfaite qu’il en avait reçue. Il conserva une perpétuelle chasteté, fit ses délices de la modestie, de la patience, de l’humilité, de l’abstinence et des autres vertus, comme du patrimoine assuré d’un religieux.

Son brûlant amour pour Dieu le portait souvent à passer des nuits entières à prier et à châtier son corps, auquel il n’accordait d’autre soulagement que l’appui d’une pierre et d’autre couche que la terre nue. Renvoyé dans sa patrie, il fonda à Frisac d’abord, un très grand couvent de son Ordre, puis un second à Cracovie. Après en avoir élevé quatre dans les autres provinces du royaume de Pologne, il y fit d’incroyables fruits de salut par la prédication de la parole divine et la pureté de sa vie. Il ne passa pas de jour sans donner quelque preuve éclatante de sa foi, de sa piété et de sa sainteté.

Le zèle de ce très saint homme pour le salut du prochain fut divinement signalé par les plus grands miracles. L’un des plus éclatants eut lieu lorsque, près de Wisgrade, il traversa sans bateau la Vistule débordée et fit passer ses compagnons sur les flots en y étendant son manteau. Ayant persévéré, depuis sa profession, près de quarante années dans un genre de vie admirable et annoncé d’avance à ses frères le jour de sa mort, il rendit son âme à Dieu en la fête même de l’Assomption de la Vierge, après avoir récité les Heures canoniales, et reçu avec le plus profond respect, les sacrements de l’Église. Ce fut en prononçant ces paroles : « Entre vos mains, Seigneur, je remets mon esprit », l’an du salut douze cent cinquante-sept. De nouveaux miracles le rendirent illustre après sa mort, et le Pape Clément VIII le mit au nombre des saints.
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Message  gabrielle Lun 18 Aoû 2014, 8:16 am

Le 18 août

Saint Agapit, martyr

Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique a écrit:Saint Agapit. — Jour de mort : 18 août 257 environ. Tombeau : A Préneste (Italie) ; transféré plus tard à Corneto. Vie : La prière des Heures rapporte ceci : Agapit de Préneste n’avait que 15 ans, mais il aspirait déjà ardemment au martyre. Sur l’ordre de l’empereur Aurélien (vers 257) il fut, à cause de son intrépidité à confesser la foi, cruellement frappé de fouets armés de plomb, puis jeté dans une cave obscure et laissé pendant quatre jours sans nourriture. Il fut alors de nouveau battu de verges et pendu la tête en bas au-dessus d’un feu dégageant une abondante fumée afin qu’il pérît asphyxié ; on versa encore sur lui de l’eau bouillante et on lui brisa les mâchoires. Les fauves lâchés contre lui ne lui firent aucun mal ; il fut enfin décapité à Préneste.

Pratique : Un enfant de 15 ans, un vrai héros ! Que dit-il à la jeunesse d’aujourd’hui ? Le Christ ne vous demande pas de pareilles souffrances, ni votre sang, ni la mort ; mais il vous demande une volonté forte, capable de dire non aux attraits du péché, capable de se soumettre à l’obéissance. Ainsi vous avez l’occasion d’être de jeunes héros.

Un petit spécial, l'iconographie était trop belle.

Sanctoral - Page 5 0818ag10
Décollation de St Agapit - Caravage
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Message  gabrielle Mar 19 Aoû 2014, 8:52 am

Le 19 août

Saint Jean Eudes, confesseur


Leçons des Matines avant 1960. a écrit:Jean naquit de parents pieux et honnêtes en l’an mil six cent un au village de Ri dans le diocèse de Séez. Encore enfant ayant été nourri du pain des anges, il fit joyeusement le vœu de chasteté. Reçu au collège des Pères Jésuites de Caen, il s’y signala par sa rare piété et se mit sous’la protection de la Vierge Marie..Quoique à peine adolescent, il signa de son sang le pacte qui le consacrait à elle. Ayant suivi avec grande distinction les cours de lettres et de philosophie et rejeté des propositions de mariage, s’enrôla dans la congrégation de l’Oratoire fondée par le Cardinal de Bérulle et fut ordonné prêtre à Paris. Sa charité envers le prochain était admirablement ardente, car la peste s’étant répandue d’Asie en plusieurs lieux, il s’empressa d’apporter tous ses soins à la guérison des corps et des âmes. Nommé recteur de l’Oratoire de Caen, il songea longtemps à fonder un institut où des jeunes gens capables deviendraient de dignes ministres de l’Église et, ayant imploré le secours divin, il se sépara courageusement bien qu’avec peine de ses confrères de l’Oratoire après vingt ans de vie commune.

S’adjoignant donc en ce but cinq prêtres, il institua en l’an mil six cent quarante trois, au jour de l’Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie une congrégation de clercs réguliers qu’il plaça sous le vocable des très saints noms de Jésus et de Marie et ouvrit à Caen le premier de ses séminaires. Il en établit d’autres ensuite en Normandie et en Bretagne. En faveur des pécheresses à rappeler à la vie chrétienne, il fonda peu après l’Ordre de Notre-Dame de Charité, arbre illustre qui a comme rameau la congrégation du Bon Pasteur à Angers. Jean Eudes fonda aussi la société du Cœur admirable de la Mère de Dieu et d’autres œuvres de charité. Ses écrits sont nombreux et excellents. Jusqu’à l’âge le plus avancé il sema, comme missionnaire apostolique, la bonne parole dans quantité de villages, de bourgs et de villes et jusque dans le palais des rois.

Le zèle de Jean Eudes brilla spécialement dans son ardeur à promouvoir une salutaire dévotion envers les Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie. Il fut le premier à songer, non sans quelque inspiration divine, au culte liturgique qu’il leur faut rendre. Aussi le tient-on pour le père, l’apôtre et le docteur de cette dévotion. Vigoureux adversaire du Jansénisme, il garda toujours à l’égard de la Chaire de St-Pierre, un inflexible respect, et pria Dieu assidûment pour ses ennemis comme pour ses frères. Brisé par tant de travaux plus que par l’âge et désirant la dissolution de son corps pour être avec le Christ, il mourut paisiblement le dix-neuf août de l’an mil six cent quatre-vingt après avoir dit et redit les noms suaves de Jésus et de Marie. Plusieurs miracles ayant signalé sa sainteté, Pie X l’inscrivit au catalogue des Bienheureux et, à la suite de nouveaux miracles, Pie XI le mit au nombre des saints en l’année sainte, le dimanche de la Pentecôte et il étendit son office et sa messe à l’Église universelle.
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Message  gabrielle Mer 20 Aoû 2014, 8:09 am

Le 20 août

Saint Bernard, abbé et docteur

Dom Guéranger, l’Année Liturgique a écrit:Le val d’absinthe a perdu ses poisons. Devenu Clairvaux, la claire vallée, il illumine le monde ; de tous les points de l’horizon, les abeilles vigilantes y sont attirées par le miel du rocher [1] qui déborde en sa solitude. Le regard de Marie s’est abaissé sur ces collines sauvages ; avec son sourire, la lumière et la grâce y sont descendues. Une voix harmonieuse, celle de Bernard, l’élu de son amour, s’est élevée du désert ; elle disait : « Connais, ô homme, le conseil de Dieu ; admire les vues de la Sagesse, le dessein de l’amour. Avant que d’arroser toute l’aire, il inonde la toison [2] ; voulant racheter le genre humain, il amasse en Marie la rançon entière. O Adam, ne dis plus : La femme que vous m’avez donnée m’a présenté du fruit défendu [3] ; dis plutôt : La femme que vous m’avez donnée m’a nourri d’un fruit de bénédiction. De quelle ardeur faut-il que nous honorions Marie, en qui la plénitude de tout bien fut déposée ! S’il est en nous quelque espérance, quelque grâce de salut, sachons qu’elle déborde de celle qui aujourd’hui s’élève inondée d’amour : jardin de délices, que le divin Auster n’effleure pas seulement d’un souffle rapide, mais sur lequel il fond des hauteurs et qu’il agite sans fin de la céleste brise, pour qu’en tous lieux s’en répandent les parfums [4], qui sont les dons des diverses grâces. Ôtez ce soleil matériel qui éclaire le monde : où sera le jour ? Ôtez Marie, l’étoile de la vaste mer : que restera-t-il, qu’obscurité enveloppant tout, nuit de mort, glaciales ténèbres ? Donc, par toutes les fibres de nos cœurs, par tous les amours de notre âme, par tout l’élan de nos aspirations, vénérons Marie ; car c’est la volonté de Celui qui a voulu que nous eussions tout par elle » [5].

Ainsi parlait ce moine dont l’éloquence, nourrie, comme il le disait, parmi les hêtres et les chênes des forêts [6], ne savait que répandre sur les plaies de son temps le vin et l’huile des Écritures. En 1113, âgé de vingt-deux ans, Bernard abordait Cîteaux dans la beauté de son adolescence mûrie déjà pour les grands combats. Quinze ans s’étaient écoulés depuis le 21 mars 1098, où Robert de Molesmes avait créé entre Dijon et Beaune le désert nouveau. Issue du passé en la fête même du patriarche des moines, la fondation récente ne se réclamait que de l’observance littérale de la Règle précieuse donnée par lui au monde. Pourtant l’infirmité du siècle se refusait à reconnaître, dans l’effrayante austérité des derniers venus de la grande famille, l’inspiration du très saint code où la discrétion règne en souveraine [7], le caractère de l’école accessible à tous, où Benoît « espérait ne rien établir de rigoureux ni de trop pénible au service du Seigneur » [8]. Sous le gouvernement d’Étienne Harding, successeur d’Albéric qui lui-même avait remplacé Robert, la petite communauté partie de Molesmes allait s’éteignant, sans espoir humain de remplir ses vides, quand l’arrivée du descendant des seigneurs de Fontaines, entouré des trente compagnons sa première conquête, fit éclater la vie où déjà s’étendait la mort.

Réjouis-toi, stérile qui n’enfantais pas ; voilà que vont se multiplier les fils de la délaissée [9]. La Ferté, fondée cette année même dans le Châlonnais, voit après elle Pontigny s’établir près d’Auxerre, en attendant qu’au diocèse de Langres Clairvaux et Morimond viennent compléter, dans l’année 1115, le quaternaire glorieux des filles de Cîteaux qui, avec leur mère, produiront partout des rejetons sans nombre. Bientôt (1119) la Charte de charité va consacrer l’existence de l’Ordre Cistercien dans l’Église ; l’arbre planté six siècles plus tôt au sommet du Cassin, montre une fois de plus au monde qu’à tous les âges il sait s’orner de nouvelles branches qui, sans être la tige, vivent de sa sève et sont la gloire de l’arbre entier.

Durant les mois de son noviciat cependant, Bernard a tellement dompté la nature, que l’homme intérieur vit seul en lui ; les sens de son propre corps lui demeurent comme étrangers. Par un excès toutefois qu’il se reprochera [10], la rigueur déployée dans le but d’obtenir un résultat si désirable a ruiné ce corps, indispensable auxiliaire de tout mortel dans le service de ses frères et de Dieu. Heureux coupable, que le ciel se chargera d’excuser lui-même magnifiquement ! Mais le miracle, sur lequel tous ne peuvent ni ne doivent compter, pourra seul le soutenir désormais dans l’accomplissement de la mission qui l’attend.

Bernard est ardent pour Dieu comme d’autres le sont pour leurs passions. « Vous voulez apprendre de moi, s’écrie-t-il dans un de ses premiers ouvrages, pourquoi et comment il faut aimer Dieu. Et moi, je vous réponds : La raison d’aimer Dieu, c’est Dieu même ; la mesure de l’aimer, c’est de l’aimer sans mesure » [11]. Quelles délices furent les siennes à Cîteaux, dans le secret de la face du Seigneur [12] ! Lorsque, après deux ans, il quitta ce séjour béni pour fonder Clairvaux, ce fut la sortie du paradis. Moins fait pour converser avec les hommes qu’avec les Anges, il commença, nous dit son historien, par être l’épreuve de ceux qu’il devait conduire : tant son langage était d’en haut, tant ses exigences de perfection dépassaient la force même de ces forts d’Israël, tant son étonnement se manifestait douloureux à la révélation des infirmités qui sont la part de toute chair [13].

Outrance de l’amour, eussent dit nos anciens, qui lui réservait d’autres surprises. Mais l’Esprit-Saint veillait sur le vase d’élection appelé à porter devant les peuples et les rois le nom du Seigneur [14] ; la divine charité qui consumait cette âme, lui fit comprendre, avec leurs durs contrastes, les deux objets inséparables de l’amour : Dieu, dont la bonté en fournit le motif, l’homme, dont la misère en est l’exercice éprouvant. Selon la remarque naïve de Guillaume de Saint-Thierry, son disciple et ami, Bernard réapprit l’art de vivre avec les humains [15] ; il se pénétra des admirables recommandations du législateur des moines, quand il dit de l’Abbé établi sur ses frères : « Dans les corrections même, qu’il agisse avec prudence et sans excès, de crainte qu’en voulant trop racler la rouille, le vase ne se brise. En imposant les travaux, qu’il use de discernement et de modération, se rappelant la discrétion du saint patriarche Jacob, qui disait : Si je fatigue mes troupeaux en les faisant trop marcher, ils périront tous en un jour [16]. Faisant donc son profit de cet exemple et autres semblables sur la discrétion, qui est la mère des vertus, qu’il tempère tellement toutes choses que les forts désirent faire davantage, et que les faibles ne se découragent pas » [17].

En recevant ce que le Psalmiste appelle l’intelligence de la misère du pauvre [18], Bernard sentit son cœur déborder de la tendresse de Dieu pour les rachetés du sang divin. Il n’effraya plus les humbles. Près des petits qu’attirait la grâce de ses discours, vinrent se ranger les sages, les puissants, les riches du siècle, abandonnant leurs vanités, devenus eux-mêmes petits et pauvres à l’école de celui qui savait les conduire tous des premiers éléments de l’amour à ses sommets. Au milieu des sept cents moines recevant de lui chaque jour la doctrine du salut, l’Abbé de Clairvaux pouvait s’écrier avec la noble fierté des saints : « Celui qui est puissant a fait en nous de grandes choses, et c’est à bon droit que notre âme magnifie le Seigneur. Voici que nous avons tout quitté pour vous suivre [19] : grande résolution, gloire des grands Apôtres ; mais nous aussi, par sa grande grâce, nous l’avons prise magnifiquement. Et peut-être même qu’en cela encore, si je veux me glorifier, ce ne sera pas folie ; car je dirai la vérité : il y en a ici qui ont laissé plus qu’une barque et des filets » [20].

Et dans une autre circonstance : « Quoi de plus admirable, disait-il, que de voir celui qui autrefois pouvait deux jours à peine s’abstenir du péché, s’en garder des années et sa vie entière ? Quel plus grand miracle que celui de tant de jeunes hommes, d’adolescents, de nobles personnages, de tous ceux enfin que j’aperçois ici, retenus sans liens dans une prison ouverte, captifs de la seule crainte de Dieu, et qui persévèrent dans les macérations d’une pénitence au delà des forces humaines, au-dessus de la nature, contraire à la coutume ? Que de merveilles nous pourrions trouver, vous le savez bien, s’il nous était permis de rechercher par le détail ce que furent pour chacun la sortie de l’Égypte, la route au désert, l’entrée au monastère, la vie dans ses murs [21] ! »

Mais d’autres merveilles que celles dont le cloître garde le secret au Roi des siècles, éclataient déjà de toutes parts. La voix qui peuplait les solitudes, avait par delà d’incomparables échos. Le monde, pour l’écouter, s’arrêta sur la pente qui conduit aux abîmes. Assourdie des mille bruits discordants de l’erreur, du schisme et des passions, on vit l’humanité se taire une heure aux accents nouveaux dont la mystérieuse puissance l’enlevait à son égoïsme, et lui rendait pour les combats de Dieu l’unité des beaux jours. Suivrons-nous dans ses triomphes le vengeur du sanctuaire, l’arbitre des rois, le thaumaturge acclamé des peuples ? Mais c’est ailleurs que Bernard a placé son ambition et son trésor [22] ; c’est au dedans qu’est la vraie gloire [23]. Ni la sainteté, ni le mérite, ne se mesurent devant Dieu au succès ; et cent miracles ne valent pas, pour la récompense, un seul acte d’amour. Tous les sceptres inclinés devant lui, l’enivrement des foules, la confiance illimitée des Pontifes, il n’est rien, dans ces années de son historique grandeur, qui captive la pensée de Bernard, bien plutôt qui n’irrite la blessure profonde de sa vie, celle qu’il reçut au plus intime de l’âme, quand il lui fallut quitter cette solitude à laquelle il avait donné son cœur.

A l’apogée de cet éclat inouï éclipsant toute grandeur d’alors, quand, docile à ses pieds, une première fois soumis par lui au Christ en son vicaire, l’Occident tout entier est jeté par Bernard sur l’infidèle Orient dans une lutte suprême, entendons ce qu’il dit : « Il est bien temps que je ne m’oublie pas moi-même. Ayez pitié de ma conscience angoissée : quelle vie monstrueuse que la mienne ! Chimère de mon siècle, ni clerc ni laïque, je porte l’habit d’un moine et n’en ai plus les observances. Dans les périls qui m’assiègent, au bord des précipices qui m’attirent, secourez-moi de vos conseils, priez pour moi » [24].

Absent de Clairvaux, il écrit à ses moines : « Mon âme est triste ; elle ne sera point consolée qu’elle ne vous retrouve. Faut-il, hélas ! que mon exil d’ici-bas, si longtemps prolongé, s’aggrave encore ? Véritablement ils ont ajouté douleur sur douleur à mes maux, ceux qui nous ont séparés. Ils m’ont enlevé le seul remède qui me fit supporter d’être sans le Christ ; en attendant de contempler sa face glorieuse, il m’était donné du moins de vous voir, vous son saint temple De ce temple, le passage me semblait facile à l’éternelle patrie. Combien souvent cette consolation m’est ôtée ! C’est la troisième fois, si je ne me trompe, qu’on m’arrache mes entrailles. Mes enfants sont sevrés avant le temps ; je les avais engendrés par l’Évangile, et je ne puis les nourrir. Contraint de négliger ce qui m’est cher, de m’occuper d’intérêts étrangers, je ne sais presque ce qui m’est le plus dur, ou d’être enlevé aux uns, ou d’être mêlé aux autres. Jésus, ma vie doit-elle donc tout entière s’écouler dans les gémissements ? Il m’est meilleur de mourir que de vivre ; mais je voudrais ne mourir qu’au milieu des miens ; j’y trouverais plus de douceur, plus de sûreté. Plaise à mon Seigneur que les yeux d’un père, si indigne qu’il se reconnaisse de porter ce nom, soient fermés de la main de ses fils ; qu’ils l’assistent dans le dernier passage : que leurs désirs, si vous l’en jugez digne, élèvent son âme au séjour bienheureux ; qu’ils ensevelissent le corps d’un pauvre avec les corps de ceux qui furent pauvres comme lui. Par la prière, par le mérite de mes frères, si j’ai trouvé grâce devant vous, accordez-moi ce vœu ardent de mon cœur. Et pourtant, que votre volonté se fasse, et non la mienne ; car je ne veux ni vivre ni mourir pour moi » [25].

Plus grand dans son abbaye qu’au milieu des plus nobles cours, saint Bernard en effet devait y mourir à l’heure voulue de Dieu, non sans avoir vu l’épreuve publique [26] et privée [27] préparer son âme à la purification suprême. Une dernière fois il reprit sans les achever ses entretiens de dix-huit années sur le Cantique, conférences familières recueillies pieusement par la plume de ses fils, et où se révèlent d’une manière si touchante le zèle des enfants pour la divine science, le cœur du père et sa sainteté, les incidents de la vie de chaque jour à Clairvaux [28]. Arrivé au premier verset du troisième chapitre, il décrivait la recherche du Verbe par l’âme dans l’infirmité de cette vie, dans la nuit de ce monde [29], quand son discours interrompu le laissa dans l’éternel face à face, où cessent toute énigme, toute figure et toute ombre.

Il convenait que l’on vît le héraut de la Mère de Dieu suivre de près son char de triomphe ; et c’est avec délices qu’entrant au ciel en l’Octave radieuse, vous vous perdez dans la gloire de celle dont vous proclamiez ici-bas les grandeurs...

Mais en ce jour, vous nous conviez, plutôt que de vous implorer vous-même, à la chanter, à la prier avec vous ; l’hommage que vous agréez le plus volontiers, ô Bernard, est de nous voir mettre à profit vos écrits sublimes pour admirer « celle qui monte aujourd’hui glorieuse, et porte au comble le bonheur des habitants des cieux. Si brillant déjà, le ciel resplendit d’un éclat nouveau à la lumière du flambeau virginal. Aussi, dans les hauteurs, retentissent l’action de grâces et la louange. Ne faut-il pas faire nôtres, en notre exil, ces allégresses de la patrie ? Sans demeure permanente, nous cherchons la cité où la Vierge bénie parvient à cette heure. Citoyens de Jérusalem, il est bien juste que, de la rive des fleuves de Babylone, nous en ayons souvenir et dilations nos cœurs au débordement du fleuve de félicité dont les gouttelettes rejaillissent aujourd’hui jusqu’à la terre. Notre Reine a pris les devants ; la réception qui lui est faite nous donne confiance à nous sa suite et ses serviteurs. Notre caravane, précédée de la Mère de miséricorde, à titre d’avocate près du Juge son Fils, aura bon accueil dans l’affaire du salut [30].

« Qu’il taise votre miséricorde, Vierge bienheureuse, celui qui se rappelle vous avoir invoquée en vain dans ses nécessités ! Pour nous, vos petits serviteurs, nous applaudissons à vos autres vertus ; mais de celle-ci, c’est nous que nous félicitons. Nous louons en vous la virginité, nous admirons votre humilité ; mais la miséricorde a pour les malheureux plus de douceur, nous l’embrassons plus chèrement, nous la rappelons plus fréquemment, nous l’invoquons sans trêve. Qui dira, ô bénie, la longueur, la largeur, la hauteur, la profondeur de la vôtre ? Sa longueur, elle s’étend jusqu’au dernier jour ; sa largeur, elle couvre la terre ; sa hauteur et sa profondeur, elle a rempli le ciel et vidé l’enfer. Aussi puissante que miséricordieuse, ayant maintenant recouvré votre Fils, manifestez au monde la grâce que vous avez trouvée devant Dieu : obtenez le pardon au pécheur, la santé à l’infirme, force pour les pusillanimes, consolation pour les affligés, secours et délivrance pour ceux que menace un péril quelconque [31],ô clémente, ô miséricordieuse, ô douce Vierge Marie [32] ! »

[1] Deut. XXXII, 13.

[2] Judic. VI, 37-40.

[3] Gen. III, 12.

[4] Cant. IV, 16.

[5] Bernard. Sermo in Nativ. B. M.

[6] Vita Bernardi, I, IV, 23.

[7] Greg. Dialog. II, XXXVI.

[8] S. P. Benedict. in Reg. Prolog.

[9] Isai. LIV, 1.

[10] Vita, I, VIII, 41.

[11] De diligendo Deo, I, 1.

[12] Psalm. XXX, 13.

[13] Vita, I, VI, 27-30.

[14] Act. IX, 15.

[15] Vita, I, VI, 30.

[16] Gen. XXXIII, 13.

[17] S. P. Benedict. Reg. LXIV.

[18] Psalm. XL, 2.

[19] Matth. XIX, 27.

[20] Bern. De Diversis, Sermo XXXVII, 7.

[21] In Dedicat. Eccl. Sermo 1, 2.

[22] Matth. VI, 21.

[23] Psalm. XLIV, 14.

[24] Epist. CCL.

[25] Epist. CXLI.

[26] De Consideratione, II, I, 1-4.

[27] Epist. CCXCVIII, etc.

[28] In Cantica, Sermon. I, 1 ; III, 6 ; XXVI, 3-14 ; XXXVI, 7 ; XLIV, 8 ; LXXIV, 1-7 ; etc.

[29] Ibid. Sermo LXXXVI, 4.

[30] Bernard. In Assumpt B. V. M. Sermo 1.

[31] Bernard. In Assumpt. B. M. V. Sermo IV.

[32] On sait que la tradition de la cathédrale de Spire attribue à saint Bernard l’addition de ces trois cris du cœur au Salve Regina.
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Message  gabrielle Jeu 21 Aoû 2014, 7:48 am

Le 21 août

Sainte Jeanne-Françoise Frémiot de Chantal, veuve


Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique a écrit:Sainte Jeanne de Chantal. — Jour de mort : 15 décembre 1641. Tombeau : dans le couvent des Visitandines d’Annecy. Vie : Jeanne-Françoise Frémiot de Chantal, fondatrice de l’Ordre de la Visitation, naquit en 1572 d’une illustre famille. Son père la donna en mariage au baron de Chantal ; épouse et mère, elle se dévoua entièrement à la formation morale et religieuse de ses enfants, de ses serviteurs et de ceux qui étaient sous sa dépendance. D’une très grande libéralité envers les pauvres, elle vit plus d’une fois la divine Providence multiplier ses modestes ressources ; aussi fit-elle vœu de ne jamais rien refuser à qui lui demanderait l’aumône au nom de Jésus-Christ. Son mari ayant été tué accidentellement à la chasse, elle supporta chrétiennement son deuil et voulut encore donner au meurtrier une marque publique de pardon en devenant la marraine de son fils. Une pieuse affection l’unissait à saint François de Sales, son directeur, et c’est avec son approbation qu’elle dit adieu à son père et à ses enfants, et fonda l’Ordre de la Visitation. — Messe « Cognovi » du commun des non Vierges.

La force et la douceur, l’énergie et la tendresse ; l’union de ces qualités est un des traits essentiels du caractère chrétien. De cette union le Sauveur lui-même donne le plus magnifique exemple : d’une énergie étonnante en certaines circonstances, et cependant toujours plein d’aménité et de bonté. Lorsqu’il s’arme d’un fouet pour chasser les vendeurs du temple, lorsqu’il déclare à saint Pierre, immédiatement après lui avoir promis les clefs du royaume des cieux : « Retire-toi de moi, Satan, tu m’es un scandale », il semble, oserions-nous dire, que nous ne comprenons plus le Sauveur ; mais il montre ailleurs une telle tendresse à l’égard des pécheurs, à l’égard de Marie-Madeleine, de la femme adultère, du bon larron, à l’égard de saint Pierre après son reniement ! Ainsi, devons-nous user de force et de douceur quand et comme il convient. Sachons être énergiques sans rigueur excessive, sans cesser d’être aimables ; et que notre bonté ne dégénère pas en faiblesse et en apathie. S’agit-il de nos principes, le dogme et la morale sont-ils en cause ? Alors soyons fermes et inébranlables ; point de tolérance admissible en pareille circonstance ; mais, dans nos rapports avec les hommes, ayons assez de douceur et de condescendance pour les comprendre, les excuser, ou leur pardonner. Un chrétien doit être ferme et rigide comme un père, compatissant et tendre comme une mère ! Telles sont les qualités que nous admirons aujourd’hui en sainte Jeanne de Chantal.

Un trait de la vie de sainte Jeanne de Chantal. — Un des moments les plus pénibles de sa vie fut celui où elle se sépara des siens : « Le 19 mars 1610, jour fixé pour les adieux, les parents et les amis de la sainte se réunirent chez M. Frémiot. L’assemblée était nombreuse. Tout le monde fondait en larmes. Mme de Chantal, seule, conservait un calme apparent ; mais ses yeux nageaient dans l’eau, et témoignaient de la violence qu’elle était obligée d’employer pour se contenir. Elle allait de l’un à l’autre, embrassant ses parents, leur demandant pardon, les conjurant de prier pour elle, essayant de ne pas pleurer, et pleurant plus fort. Quand elle arriva à ses enfants, elle n’y put tenir. Son fils, Celse-Bénigne, se pendit à son cou et essaya par mille caresses de la détourner de son projet. Mme de Chantal, penchée sur lui, le couvrait de baisers et répondait à toutes ses raisons avec une force admirable. Nul cœur, si insensible qu’il fût, n’était capable de retenir ses sanglots en entendant « ce discours filial et maternel si douloureusement amoureux ». Après que les cœurs eurent été épuisés de tendresse, Mme de Chantal, pour mettre fin à une scène qui l’accablait, se dégagea vivement des bras de son fils et voulut passer outre. Ce fut alors que Celse-Bénigne, désespéré de ne pouvoir retenir sa mère, se coucha en travers de la porte en disant : « Eh bien ! Ma mère, si je ne puis vous retenir, du moins vous passerez sur le corps de votre fils ». A ces mots, Mme de Chantal sentit son cœur se briser, et, ne pouvant plus soutenir le poids de sa douleur, elle s’arrêta et laissa couler librement ses larmes. Le bon M. Robert, qui assistait à cette scène déchirante, craignant que Mme de Chantal ne faiblît au moment suprême : « Eh quoi ! Madame, lui dit-il, les pleurs d’un enfant vous pourront ébranler ? – Non ! reprit la sainte en souriant à travers ses larmes ; mais que voulez-vous, je suis mère ! — Et, les yeux au ciel, nouvel Abraham elle passa sur le corps de son fils » [41].

[41] Mgr BOUGAUD. — Histoire de Sainte Chantal. Tome premier, p. 411-413.
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Message  gabrielle Ven 22 Aoû 2014, 7:39 am

Le 22 août

Coeur Immaculée de Marie

Sermon de saint Bernardin de Sienne a écrit:Quel mortel, s’il ne s’appuie sur la parole divine, osera célébrer peu ou prou, de ses lèvres non purifiées ou même souillées, cette véritable Mère de Dieu et des hommes, que Dieu le Père, avant tous les siècles, a prédestinée à rester perpétuellement vierge, que le Fils a choisie pour sa très digne Mère, en qui le Saint-Esprit a préparé le séjour de toute grâce ? Par quelles paroles le pauvre homme que je suis osera-t-il exalter les sentiments si profonds conçus par ce Cœur très pur et exprimés par cette bouche très sainte, alors que la langue de tous les Anges en est incapable ? Car le Seigneur a dit : « L’homme bon tire de bonnes choses du bon trésor du cœur » : et cette parole aussi peut-être un trésor. Peut-on concevoir, parmi les simples hommes, quelqu’un de meilleur que celle-là, qui mérita de devenir la Mère de Dieu, qui pendant neuf mois a abrité Dieu lui-même dans son cœur et dans ses entrailles ? Quel trésor est meilleur que cet amour divin lui-même, dont le Cœur de la Vierge était l’ardente fournaise ?

De ce Cœur donc, comme de la fournaise du feu divin, la bienheureuse Vierge a tiré de bonnes paroles, c’est-à-dire les paroles d’une très ardente charité. De même que d’un vase plein d’un vin souverain et excellent ne peut sortir que du très bon vin ; ou comme d’une fournaise très ardente ne peut sortir qu’un feu brûlant ; ainsi, de la Mère du Christ n’a pu sortir qu’une parole d’amour et de zèle souverains et souverainement divins. C’est le fait d’une maîtresse et d’une dame sage que de proférer des paroles peu nombreuses, mais solides et pleines de sens. Ainsi nous trouvons dans l’Évangile, à sept reprises, sept paroles seulement, d’une sagesse et d’une force étonnantes, prononcées par la très bénie Mère du Christ : il est ainsi montré mystiquement qu’elle fut pleine de la grâce septiforme. Avec l’Ange elle n’a prononcé que deux paroles. Avec Élisabeth deux encore. Avec son Fils deux également, la première fois au Temple, la seconde fois aux Noces. Avec les serviteurs des noces, une seule parole. Et dans tous les cas, elle a fort peu parlé. Mais elle s’est dilatée davantage dans la louange de Dieu et dans l’action de grâces, lorsqu’elle a dit : « Mon âme magnifie le Seigneur… » Là, ce n’est pas avec l’homme, mais avec Dieu qu’elle a parlé. Ces sept paroles, elles les a prononcées selon les sept progrès et actions de l’amour, en observant une progression et un ordre admirable : ce sont là comme sept flammes de son Cœur embrasé.


Homélie de saint Robert Bellarmin, évêque, confesseur et docteur a écrit:Le fardeau et le joug que le Seigneur imposa à saint Jean, en lui confiant le soin de la Vierge Mère, furent vraiment un joug suave et un fardeau léger. Qui donc ne partagerait très volontiers la demeure de cette Mère, qui porta neuf mois dans son sein le Verbe incarné et vécut avec lui, très doucement et dévotement, pendant trente années ? Qui ne porterait envie au disciple bien-aimé du Seigneur qui, en l’absence du Fils de Dieu, obtint la présence de la Mère de Dieu ? Mais, si je ne m’abuse, nous pouvons, nous aussi, obtenir par nos prières de la bonté du Verbe, incarné à cause de nous et crucifié à cause de son grand amour pour nous, qu’il nous dise à nous aussi : « Voici ta Mère. » Et qu’il dise de nous à sa Mère : « Voici ton fils. »

Le doux Seigneur n’est pas avare de ses dons, pourvu que « nous approchions du trône de sa grâce avec » foi et « confiance », avec un cœur non pas hypocrite, mais véritable et sincère. Celui qui a voulu nous faire cohéritiers du royaume de son Père ne dédaignera certes pas de nous avoir pour cohéritiers de l’amour de sa Mère. Quant à cette Vierge très bonne, elle ne sera pas accablée par la multitude de ses enfants, car elle a un cœur immense, et elle désire vivement éviter la perte d’aucun de ceux que son Fils a rachetés par un sang si précieux et une mort d’un si grand prix. « Approchons donc avec confiance du trône de la grâce » du Christ ; humblement et avec larmes, demandons-lui qu’il dise à sa Mère, de chacun de nous : « Voici ton fils. » Et qu’il dise de sa Mère, à chacun de nous : « Voici ta Mère. »

Quel bonheur ce sera pour nous de vivre sous l’égide d’une pareille Mère ! Qui osera nous arracher de son sein ? Quelle tentation pourra nous vaincre, si nous mettons notre confiance dans le patronage de la Mère de Dieu, qui est aussi la nôtre ? Et nous ne serons pas les premiers à avoir reçu un tel bienfait. Beaucoup nous ont précédés ; oui, beaucoup ont accédé à ce patronage unique et tout maternel de cette Vierge, et aucun n’en est revenu déçu ou triste : tous, soutenus par le patronage d’une telle Mère, tout joyeux et contents. Car c’est d’elle qu’il est écrit : « Elle broiera ta tête ». Ils ont donc confiance, grâce à elle, qu’eux aussi marcheront hardiment « sur l’aspic et le basilic, fouleront aux pieds le lion et le dragon ». Car il semble impossible qu’il se perde, celui dont le Christ a dit à la Vierge : « Voici ton fils », pourvu que lui-même ne fasse pas la sourde oreille à ce que le Christ lui dit : « Voici ta mère. »

Le même jour

Saints Timothée, Hippolyte et Symphorien, martyrs


Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique a écrit:Saint Timothée et ses Compagnons. — Jour de mort : 22 août. Tombeau : celui de saint Timothée, à Rome, près de celui de saint Paul ; celui de saint Hippolyte, à Ostie ; celui de saint Symphorien, à Autun. Vie : Saint Timothée vint d’Antioche à Rome où il prêcha l’Évangile, sous le pape Melchiade (311-34). « Tarquin, préfet de la ville, le fit arrêter, et, après une longue détention, le fit flageller jusqu’à trois fois parce qu’il refusait de sacrifier aux idoles. Après avoir souffert les plus cruels supplices, il eut enfin la tête tranchée ». — A Porto, près de Rome, saint Hippolyte, évêque et homme de grande culture. Sous l’empereur Alexandre, ce champion de la foi fut jeté, les pieds et les mains liés, dans une fosse remplie d’eau et reçut aussi la couronne du martyre. Les chrétiens ensevelirent ses restes à proximité de cet endroit ». — Le même jour, on exécuta à Autun, sous l’empereur Aurélien (270-275), saint Symphorien, encore adolescent. Tandis qu’il se rendait au supplice, sa mère l’exhortait à persévérer : « Mon fils, mon fils, lui disait-elle, souviens-toi de la vie éternelle ; regarde le ciel et vois le Roi éternel qui y règne ! La vie ne t’est pas enlevée, elle est changée en une meilleure ».
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Message  gabrielle Sam 23 Aoû 2014, 8:12 am

Le 23 août

Saint Philipe Béniti, confesseur

Dom Guéranger, l’Année Liturgique a écrit:Notre-Dame règne maintenant dans les cieux. Son triomphe sur la mort a été sans labeur ; comme Jésus pourtant, c’est par la souffrance qu’elle a mérité d’entrer dans sa gloire [4]. Nous n’arriverons pas autrement que le Fils et la Mère au bonheur sans fin. Ayons souvenir des joies si douces goûtées durant ces huit jours ; mais n’oublions pas que le chemin n’est point achevé pour nous encore. Que restez-vous à regarder le ciel ? disaient aux disciples les Anges de l’Ascension, de la part du Seigneur monté dans la nue [5] ; car les disciples, devant qui s’étaient révélés un instant les horizons de la patrie, ne se résignaient pas à reporter leurs yeux vers la vallée des larmes. Comme le Seigneur, Marie, aujourd’hui, nous envoie son message des hauteurs radieuses où nous la suivrons, mais plus tard, où nous l’entourerons, mais après avoir dans les peines de l’exil mérité de former sa cour ; sans distraire d’elle notre âme, l’apôtre de ses douleurs, Philippe Benizi, nous rappelle au vrai sentiment de notre situation d’étrangers et de pèlerins sur la terre [6].

Luttes au dehors, au dedans craintes [7] : pour une large part, ce fut la vie de Philippe, comme l’histoire de sa patrie, Florence, l’histoire de l’Italie et du monde au XIIIe siècle. Né à l’heure où une admirable efflorescence de sainteté conspirait à faire de la cité des fleurs un paradis nouveau, il trouvait au même temps sa ville natale en butte aux factions sanglantes, aux assauts de l’hérésie, à tout l’excès des misères qui montrent que Jérusalem et Babylone se pénètrent partout ici-bas. Nulle part l’enfer n’est si près, que là où le ciel se manifeste avec une intensité plus grande ; par l’assistance de Marie, on le vit bien dans ce siècle où se rencontrèrent en voisinage plus immédiat que jamais la tête du serpent et le talon de la femme. L’ancien ennemi, multipliant les sectes, avait ébranlé la foi au centre même des provinces enserrant la Ville éternelle. Tandis qu’en Orient l’Islam refoulait les derniers croisés, en Occident la papauté se débattait contre l’empire, devenu comme un fief de Satan aux mains de Frédéric II. Partout, dans la chrétienté dont l’unité sociale apparaissait dissoute, se révélait, à l’affaiblissement des croyances, au refroidissement de l’amour, le progrès du poison dont l’humanité doit mourir.

Mais le prince du mal allait connaître la vertu des réactifs que le ciel tenait en réserve pour soutenir la sénilité du monde. C’est alors que Notre-Dame présente à son Fils irrité Dominique et François, pour réduire, par l’accord de la science et de tous les renoncements, les ignorances et les cupidités de la terre : alors aussi que Philippe Benizi, le Servite de la Mère de Dieu, reçoit d’elle la mission de prêcher par l’Italie, la France et la Germanie, les indicibles souffrances qui firent d’elle la corédemptrice du genre humain.

Déjà les fêtes des Sept saints fondateurs et de Julienne Falconiéri nous ont dit les origines, le but du pieux Ordre des Servites, la part prépondérante qu’eurent dans sa propagation les travaux, les épreuves, la foi du Saint de ce jour.

Approche, Philippe, et monte sur ce char [8]. Vous l’entendîtes, cette parole, dans les jours où le monde souriait à votre jeunesse et vous offrait sa renommée ou ses plaisirs ; c’était l’invitation que vous faisait Marie, alors qu’assise sur le char d’or figurant la vie religieuse à laquelle vous étiez convié, elle était vers vous descendue : un manteau de deuil enveloppait de ses plis la souveraine des cieux ; une colombe voltigeait autour de sa tête ; un lion et une brebis traînaient son char, entre des précipices d’où montaient les sifflements de l’abîme. C’était l’avenir qui se dévoilait : vous deviez parcourir la terre en la compagnie de la Mère des douleurs, et ce monde que déjà l’enfer avait miné de toutes parts n’aurait pour vous nul péril ; car la douceur et la force y seraient vos guides, la simplicité votre inspiratrice. Heureux les doux, car ils posséderont la terre [9] !

Mais c’est contre le ciel surtout que devait vous servir l’aimable vertu qui a cette promesse d’empire ; contre le ciel qui lutte lui-même avec les forts, et vous réservait l’épreuve du suprême abandon devant lequel avait tremblé l’Homme-Dieu : après des années de prières, de travaux, d’héroïque dévouement, pour récompense vous connûtes le rejet apparent du Seigneur, le désaveu de son Église, l’imminence d’une ruine menaçant par delà votre tête tous ceux que Marie vous avait confiés. Contre l’existence de vos fils les Servîtes, nonobstant les paroles de la Mère de Dieu, ne se dressait rien moins que l’autorité de deux conciles généraux, dont le Vicaire du Christ avait arrêté de laisser les résolutions suivre leur cours. Notre-Dame vous donnait de puiser au calice de ses souffrances. Vous ne vîtes point le triomphe d’une cause qui était la sienne autant que la vôtre ; mais comme les patriarches saluant de loin l’accomplissement des promesses, la mort ne put ébranler votre confiance sereine et soumise : vous laissiez à votre fille Julienne Falconieri le soin d’obtenir, par ses prières devant la face du Seigneur, ce que n’avaient pu gagner vos démarches auprès des puissants.

La puissance suprême ici-bas, un jour l’Esprit-Saint parut la mettre à vos pieds : comme le demande l’Église au souvenir de l’humilité qui vous fit redouter la tiare, obtenez-nous de mépriser les faveurs du temps pour ne rechercher que le ciel [10]. Les fidèles cependant n’ont point oublié que vous fûtes le médecin des corps, avant d’être celui des âmes ; leur confiance est grande dans l’eau et les pains que vos fils bénissent en cette fête, et qui rappellent les faveurs miraculeuses dont fut illustrée la vie de leur père : ayez égard toujours à la foi des peuples ; répondez au culte spécial dont les médecins chrétiens vous honorent. Aujourd’hui enfin que le char mystérieux de la première heure est devenu le char de triomphe où Notre-Dame vous associe à la félicité de son entrée dans les cieux, apprenez-nous à compatir comme vous de telle sorte à ses douleurs, que nous méritions d’être avec vous dans l’éternité participants de sa gloire.

[4] Luc. XXIV, 26.

[5] Act. I, 11.

[6] Heb. XI, 13.

[7] II Cor. VII, 5.

[8] Act. VIII, 29.

[9] Matth. V, 4.

[10] Collecta diei.


Le même jour

Vigile de Saint Barthélémy, apôtre

Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique a écrit:La vigile. — Nous nous préparons à la fête de demain. La messe est celle du commun (Ego autem). Conformément à la pensée de l’Église, étudions de près l’Évangile. Pensée très ancienne, semble-t-il, puisque c’est à l’Évangile que la liturgie emprunte les antiennes des premières Vêpres et de Laudes (premier et troisième nocturne de l’ancienne vigile). Le passage est extrait du Discours après la Cène où le Seigneur manifeste aux siens le plus profond et le plus intime de son Cœur. Nous découvrons quatre pensées bien distinctes dans les lignes qui nous occupent plus spécialement ici : le précepte de l’amour du prochain, l’amitié de Jésus pour nous, une exhortation, et une prière. Cet Évangile est une leçon que nous donne le Sauveur en montrant à la fois comment saint Barthélemy en a lui-même fidèlement suivi tous les points.

a) Le grand précepte de la charité — « ceci est mon commandement », proclame-t-il avec insistance — est le premier signe distinctif du disciple du Christ. Grave obligation ; toute la mesure et l’étendue de notre amour du prochain doit être celle de l’amour du Christ pour nous, du Christ qui nous a aimés jusqu’à la mort. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » ; ces mots ont une résonance plus profonde à la messe ; plus que des mots, ils y deviennent un fait et une réalité, et c’est pourquoi aussi nous devrions être embrasés de charité fraternelle pendant le Saint-Sacrifice. Mais le Seigneur nous rappelle en même temps l’exemple de son Apôtre dont la brûlante charité a été scellée par le martyre ; il est mort pour ses amis ; c’est en faveur du corps entier de l’Église qu’il a souffert, pour vous et pour moi ; par le sacrifice de la messe nous recevons, aujourd’hui et demain, le fruit de son amour, de son amour jusqu’à la mort.

b) « Vous êtes mes amis ! » Quelle consolante parole ! Le chrétien n’est plus un esclave comme autrefois le juif, mais l’ami du Christ qui nous a tout confié. Nous sommes de la famille, nous sommes des amis du Sauveur. Le Christ entretenait la plus étroite amitié avec ses Apôtres (le Commun des Apôtres est plein de cette pensée). Or, saint Paul nous affirme aussi que nous ne sommes pas « des étrangers, ni des hôtes de passage, mais des concitoyens des saints et des membres de la famille de Dieu », précisément parce que nous sommes « édifiés sur le fondement des Apôtres ». Combien notre vie de foi serait plus intime et plus profonde si nous conservions toujours le vif sentiment de cette grande vérité !

c) « Je vous ai choisis pour que vous portiez du fruit ». Comprenons donc notre foi qui vient moins des hommes que de Dieu. Ayons profondément conscience de notre vocation, et alors, si nous gardons l’humilité, la force et la confiance en l’efficacité de la grâce ne nous feront jamais défaut. Considérons les Apôtres ; ils étaient des ignorants et des faibles, absolument impropres à devenir les fondateurs et les colonnes de l’Église universelle. Le Christ les a appelés, il leur a donné la force d’exécuter leur grande tâche, « de porter du fruit, et du fruit qui demeure ». Voilà une pensée qui réconforte !

d) Enfin le Seigneur parle de la prière faite en son nom ; aujourd’hui encore, nous en éprouvons, à la messe, la bienfaisante efficacité.


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Message  gabrielle Dim 24 Aoû 2014, 7:52 am

Le 24 août
Saint Barthélemy, apôtre


Leçons à Matines avant 1960 a écrit:L’Apôtre Barthélémy était Galiléen. Il parcourut la partie des Indes située en deçà du Gange, contrée que le sort lui avait assignée, quand les Apôtres s’étaient partagé le monde pour y prêcher l’Évangile de Jésus-Christ. Il annonça à ces peuples l’avènement du Seigneur Jésus, en suivant l’Évangile de saint Matthieu. Après avoir obtenu de nombreuses conversions à la foi chrétienne dans ces contrées, et supporté beaucoup de travaux et d’épreuves, il se dirigea vers la grande Arménie.

Là, il convertit à la foi chrétienne le roi Polymius, la reine son épouse, et douze villes entières. Ce succès suscita contre lui une grande jalousie de la part des prêtres de cette nation. Ils allèrent jusqu’à exciter la haine d’Astyage, frère du roi Polymius, au point que le prince ordonna d’écorcher vif Barthélémy et, après cette cruauté, de lui trancher la tête. Ce fut dans ce supplice que l’Apôtre rendit son âme à Dieu.

Son corps, enseveli à Albanopoli, ville de la grande Arménie et lieu de son martyre, fut, dans la suite, transporté d’abord à Lipari, puis à Bénévent, et enfin à Rome, par, l’Empereur Othon III. On le plaça dans une église consacrée sous son patronage, dans l’île du Tibre. Sa Fête se fait à Rome le huitième jour des calendes de septembre, et elle est célébrée pendant huit jours consécutifs dans cette basilique, par un grand concours de peuple.

Homélie de saint Ambroise, Évêque.

Ce sont les grandes âmes, les âmes sublimes qui gravissent la montagne. Car le Prophète ne dit pas au premier venu : « Monte sur une haute montagne, toi qui évangélises Sion ; élève ta voix avec force, toi qui évangélises Jérusalem. » Efforcez-vous, non de vos pieds corporels, mais par de grandes actions, de gravir cette montagne et de suivre Jésus-Christ, afin de pouvoir être aussi vous-même une montagne. Car, parcourez l’Évangile, et vous trouverez que les disciples furent les seuls à monter avec lui sur la montagne. Le Seigneur prie donc, non pour lui, mais pour moi. Car bien que le Père ait tout remis en la puissance du Fils, néanmoins le Fils, pour remplir son rôle d’homme, juge qu’il doit prier pour nous son Père, parce qu’il est notre avocat.

« Et il passa, dit le texte, toute la nuit à prier Dieu. » C’est un exemple qui vous est donné, ô Chrétien, c’est un modèle qu’on vous prescrit d’imiter. Car, que ne devez-vous pas faire pour votre salut, quand le Christ passa toute la nuit à prier pour vous ? Qu’est-il convenable que vous fassiez, ayant quelque œuvre de piété à entreprendre, puisque le Christ, avant que d’envoyer en mission ses Apôtres, se mit en prière, et pria seul ? Et on ne voit pas ailleurs, ce me semble, qu’il ait prié avec ses Apôtres. Partout il est seul à prier.

C’est que les désirs des hommes ne comprennent pas les desseins de Dieu, et personne ne peut pénétrer dans l’intérieur de Jésus-Christ.  « Il appela ses disciples, dit le texte, et il choisit douze d’entre eux, » qu’il destinait à procurer aux hommes le secours du salut dans tout l’univers, en y répandant la semence de la foi. Remarquez en même temps l’économie du plan céleste. Ce ne sont ni des savants, ni des riches, ni des nobles, mais des pêcheurs et des publicains qu’il a choisis pour cette mission : de peur qu’il ne semblât avoir usé auprès de quelques âmes, soit des artifices de la prudence pour les séduire, soit des richesses pour les acheter, soit de l’autorité du pouvoir et du prestige de la noblesse pour les amener à sa grâce : le Sauveur voulait que ce soit l’empire de la vérité, et non la force de l’éloquence, qui triomphât des esprits.
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Message  gabrielle Dim 24 Aoû 2014, 8:12 am

ROBERT. a écrit:
Le 23 août

Le même jour

Vigile de Saint Barthélémy, apôtre

Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique a écrit:  
...b) « Vous êtes mes amis ! » Quelle consolante parole ! ...Nous sommes de la famille, nous sommes des amis du Sauveur.  ...Combien notre vie de foi serait plus intime et plus profonde si nous conservions toujours le vif sentiment de cette grande vérité !

...d) Enfin le Seigneur parle de la prière faite en son nom ; aujourd’hui encore, nous en éprouvons, à la messe, la bienfaisante efficacité.


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https://messe.forumactif.org/t5561p105-sanctoral#108692
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La consolation du Sauveur précède la tribulation actuelle.

Saint Jean Chrysostôme, in Actes XXII, 6-30 a écrit:

c'est toujours dans les tribulations que Dieu console, c'est alors que sa présence est la plus désirée, et il nous exerce dans les périls.
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https://messe.forumactif.org/t5380p630-suite-du-commentaire-des-actes-des-apotres-par-saint-jean-chrysostome#108581
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Merci Robert!
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Message  Javier Dim 24 Aoû 2014, 12:23 pm

Un travail impressionnant votre sanctoral, ma très chère Gabrielle. Je voudrais tout lire !

DIEU VOUS BÉNISSE ET VOUS GARDE TOUJOURS, MA SOEUR !
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Message  gabrielle Lun 25 Aoû 2014, 7:34 am

Le 25 août

Saint Louis, roi et confesseur
Dom Guéranger, l’Année Liturgique
C’est la foi du chrétien qui fit en Louis, neuvième du nom, la grandeur du prince. Ayez du Seigneur des sentiments dignes de lui, vous qui gouvernez la terre, et cherchez-le dans la simplicité de votre cœur [1]. Lorsqu’elle donnait ce précepte aux rois, l’éternelle Sagesse se complaisait dans sa prescience infinie parmi les lis de France, où notre Saint devait briller d’un éclat si pur.

Une commune loi rattache à Dieu le sujet et le prince, parce que semblable est leur naissance, et une aussi leur destinée [2]. Celui qui crée les petits et les grands n’exempte point ces derniers des droits du domaine suprême [3] ; leur puissance, qui les fait ses ministres [4], loin de modifier pour eux la notion du devoir de tous, ne fait qu’accroître du poids de la responsabilité de chacun Celui de leur responsabilité privée. Or, le devoir universel où toute obligation morale puise son principe, la loi première du monde, sa raison d’être, est de glorifier Dieu par le retour des créatures à leur auteur, en la manière, en la mesure qu’il a voulues. Dieu donc ayant voulu élever jusqu’à sa propre vie divine l’homme pour qui la terre n’est plus qu’un séjour de passage, la justice naturelle, l'ordre du temps présent, ne suffisent pas au monde ; les rois doivent savoir que l’objet de leur civile souveraineté, n’étant pas la fin dernière de toutes choses, reste rangé comme eux-mêmes sous la direction et l’empire absolu de cette fin supérieure en face de laquelle ils ne sont que sujets. Chefs des nations, prêtez l’oreille ; comprenez quel jugement vous est réservé [5]. Ainsi, sous l’ancienne alliance, la divine pitié remplissait de ses avertissements miséricordieux la nuit des siècles d’attente.

Mais, non contente de multiplier ses oracles aux rois [6], la Sagesse, exauçant la prière du plus sage des princes de ces temps [7], est un jour descendue de son trône du ciel [8]. Racheté par elle, le monde, à dater de ce jour, lui appartint à double titre. Au titre de sa divine filiation, dès avant la naissance de l’aurore, elle exerçait la principauté dans les splendeurs des Saints [9] ; elle règne maintenant par droit de conquête sur la terre délivrée. Avant sa venue dans la chair, c’était d’elle déjà que les princes recevaient, avec leur puissance, l’équité qui devait en régler l’usage [10] ; par le contrat des noces sacrées qui l’unirent à notre nature, Jésus, le fils de l’homme dont le sang paya la rançon du monde, est aujourd’hui l’unique source du pouvoir [11], comme de toute vraie justice élevant les nations [12]. Et maintenant derechef, comprenez, o rois, dit le Psalmiste ; ayez l’intelligence, vous qui jugez la terre [13].

« C’est le Christ qui parle, explique saint Augustin : maintenant que je suis roi de par Dieu mon Père, ne vous attristez pas, comme si vous étiez dépouillés en cela d’un bien qui fût vôtre ; mais plutôt, reconnaissant qu’il vous est bon d’être soumis à celui qui vous donne sécurité dans la lumière, servez ce Seigneur de tous avec crainte, et tressaillez en lui » [14].

La sécurité provenant de la lumière, c’est l’Église qui continue de la donner aux rois, pour l’Homme-Dieu remonté dans les cieux : l’Église qui, sans empiéter sur le domaine des princes, leur demeure pourtant supérieure, comme mère des peuples et comme juge des consciences, comme guide unique de l’humanité voyageuse à sa destinée suprême. Écoutons, dans la précision et la plénitude qui caractérisent son infaillible enseignement, le Souverain Pontife Léon XIII :

« Comme il y a sur la terre deux grandes sociétés : l’une civile, dont la fin prochaine est de procurer au genre humain le bien temporel et terrestre ; l’autre religieuse, qui a pour objet de conduire les hommes à la félicité céleste pour laquelle ils sont faits : ainsi il y a deux puissances [15], entre lesquelles Dieu a divisé le gouvernement de ce monde. Chacune d’elles en son genre est souveraine ; chacune est renfermée dans des limites déterminées et tracées en conformité de sa nature et de son but spécial [16]. Le fondateur de l’Église, Jésus-Christ, a voulu qu’elles fussent distinctes l’une de l’autre, et que toutes deux fussent libres d’entraves dans l’accomplissement de leur mission propre ; avec cette clause toutefois que dans les choses qui ressortissent simultanément à la juridiction et au jugement de l’une et de l’autre, bien qu’à un titre différent, la puissance chargée des intérêts du temps dépendrait, comme il convient, de celle qui doit veiller à ceux du ciel [17]. Soumises au reste toutes deux à la loi éternelle et naturelle, elles doivent s’accorder réciproquement dans les choses qui tiennent à l’ordre et au gouvernement de chacune d’elles [18], réalisant un ensemble de rapports que l’on peut justement comparer à celui qui dans l’homme constitue l’union de l’âme et du corps [19] ».

Dans la sphère des intérêts éternels, dont nul ne peut légitimement se désintéresser ici-bas, c’est donc leurs peuples, et non seulement leurs propres personnes individuellement prises, que les princes doivent maintenir en la dépendance de l’Église comme en celle de Dieu. Car « les hommes unis par les liens d’une société commune ne relevant pas moins de Dieu que pris isolément, les sociétés politiques aussi bien que les particuliers ne peuvent sans crime se conduire comme si Dieu n’existait pas, ou se passer de la religion comme étrangère, ou se dispenser de suivre en cette religion les règles suivant lesquelles Dieu lui-même a déclaré vouloir être honoré. En conséquence, les chefs d’État doivent comme tels tenir pour saint le Nom de Dieu, mettre au nombre de leurs principaux devoirs celui de couvrir la religion de l’autorité des lois, ne rien statuer ou ordonner qui soit contraire à son intégrité » [20].

Nous pouvons maintenant reprendre avec saint Augustin l’explication du texte du psaume, et dire avec lui : « Comment les rois servent-ils le Seigneur dans la crainte, si ce n’est en prohibant et punissant avec une religieuse sévérité les actes contraires aux commandements du Seigneur ? Au double titre, en effet, d’homme et de prince, le roi sert Dieu en une double manière : homme, il le sert par la fidélité de sa vie ; roi, par la confection ou le maintien des lois qui ordonnent le bien et proscrivent le mal. Comme fit Ézéchias, et aussi Josias, en détruisant les temples des fausses divinités et ces hauts lieux que l’on avait construits contre l’ordre divin ; comme fit le roi de Ninive, en contraignant sa ville d’apaiser le Seigneur ; comme fit Darius, livrant l’idole à Daniel pour être brisée, et jetant les ennemis de celui-ci aux lions ; comme fit Nabuchodonosor, interdisant le blasphème dans tout son royaume par une loi terrible. C’est en cela donc que les rois servent le Seigneur en tant qu’ils sont rois, à savoir quand ils font pour le servir ce que peuvent seuls faire les rois » [21].

Qu’on ne pense pas qu’en ces développements nous ayons perdu de vue la fête de ce jour. De Louis IX aussi l’on doit dire, résumant sa vie : Il fit alliance avec le Seigneur, gardant ses commandements, les faisant observer par tous [22]. Dieu comme but, la foi pour guide : c’est tout le secret de sa politique comme de sa sainteté. Comme chrétien, serviteur du Christ ; comme prince, son lieutenant : entre les aspirations du chrétien et celles du prince, son âme ne fut pas divisée ; cette unité fut sa force, comme elle est aujourd’hui sa gloire. Le Christ, qui régna seul en lui et par lui ici-bas, le fait régner avec lui-même aux cieux. Si vous vous complaisez dans les sceptres et les trônes, rois de la terre, aimez la Sagesse pour régner à jamais [23].

Sacré à Reims le premier dimanche de l’Avent 1226, Louis fit siennes pour la vie les paroles de l’Antienne d’Introït en ce jour : J’ai élevé mon âme vers vous, je me confie en vous, mon Dieu ! Il n’avait que douze ans ; mais le Seigneur avait muni son enfance du plus sûr rempart, en lui donnant pour mère la noble fille des Espagnes dont la venue dans notre France, dit Guillaume de Nangis, y amena tous les biens [24]. La mort prématurée de Louis VIII, son époux, laissait Blanche de Castille aux prises avec la plus redoutable des conspirations. Amoindris sous les règnes précédents, les grands vassaux s’étaient promis de mettre à profit la minorité du nouveau prince, et de ressaisir les droits que la féodalité ancienne leur reconnaissait au détriment de l’unité du pouvoir. Pour écarter cette mère qui se dressait seule entre la faiblesse de l’héritier du trône et leurs ambitions, les barons, partout révoltés, donnèrent la main à l’hérésie albigeoise renaissant au midi ; ils ne rougirent point de faire alliance avec le fils de Jean Sans-Terre, Henri III, épiant d’au delà de la Manche l’occasion de réparer les pertes territoriales dont Philippe avait châtié sur le continent la perfidie du meurtrier d’Arthur de Bretagne. Forte du droit de son fils et de la protection du Pontife romain, Grégoire IX, Blanche ne s’abandonna pas ; on vit cette femme que, pour justifier leur crime de lèse-patrie, tous ces amis de l’Anglais nommaient l’étrangère, sauver par sa prudence, sa vaillante fermeté, la terre française. Après neuf ans de régence, elle remettait la nation à son roi, plus unie, plus puissante que jamais depuis Charlemagne.

Nous ne pouvons songer à faire ici l’histoire du règne qui acheva de replacer la France à la tête des peuples ; mais il convenait de rendre à qui de droit aujourd’hui cet hommage : d’autant que pour devenir l’honneur du ciel comme de la terre en cette fête, Louis eut seulement à continuer Blanche, le fils à ne point oublier les préceptes de sa mère [25].

De là, sur toute sa vie, le reflet de simplicité gracieuse [26] qui en relève d’une façon si spéciale l’héroïsme et la grandeur. On dirait que Louis ne connut jamais le labeur nécessaire à tant d’autres, élevés loin du trône, pour adapter leurs âmes à la divine parole : Si vous ne devenez comme de petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des deux [27]. Mais aussi, selon la même parole du Seigneur [28], qui fut plus grand que cet humble s’honorant plus du baptême de Poissy que du sacre de Reims, disant ses Heures, jeûnant, se flagellant comme ses amis les Frères Prêcheurs et Mineurs, toujours prêt à s’abaisser devant ceux en qui le sacerdoce, l’état religieux, la souffrance ou la pauvreté lui manifestaient Les privilégiés du ciel ? Libre aux grands hommes que nous avons connus dans nos temps de sourire en présence du vaincu de Mansourah, s’affligeant plus de la perte de son bréviaire que de la captivité qui le livre aux Sarrasins. On les a trop vus ces hommes en de semblables extrémités ! Si pareille faiblesse d’esprit, comme ils pensent, n’a point chez eux déshonoré la défaite, on n’a point non plus entendu l’ennemi s’écrier d’aucun d’eux : « Vous êtes notre captif, et l’on dirait que c’est nous qui sommes vos prisonniers ». On ne les a pas vus en imposer à la cupidité féroce, à l’ivresse de sang des geôliers, dicter la paix aussi fièrement que s’ils eussent été les vainqueurs ; le pays, jeté par eux dans les aventures, n’est point, hélas ! sorti plus glorieux de l’épreuve. C’est le propre de cet admirable règne de saint Louis, que les désastres y ajoutent à sa taille de héros la hauteur qui sépare la terre du ciel même, que la France y conquiert pour des siècles, en cet Orient où son roi fut chargé de chaînes, une renommée dont nulle victoire n’aurait pu égaler le prestige.

L’humilité des saints rois n’est point l’oubli de la grandeur du rôle qu’ils remplissent pour Dieu ; leur abnégation ne saurait consister dans l’abandon de droits qui sont aussi des devoirs ; pas plus que la charité ne supprime en eux la justice, l’amour de la paix n’y fait tort aux vertus guerrières. Saint Louis sans armée ne laissait pas de traiter de toute la hauteur de son baptême avec l’infidèle victorieux ; par ailleurs en notre Occident, on le sut de bonne heure, on le sut toujours mieux à mesure qu’avec les années croissait en lui la sainteté : ce roi dont les nuits se passaient à prier Dieu, les journées à servir les pauvres, n’entendait céder à quiconque les prérogatives de la couronne qu’il tenait de ses pères. Il n’y a qu’un roi en France, dit un jour le justicier du bois de Vincennes cassant une sentence de son frère, Charles d’Anjou ; et les barons au château de Bellême, les Anglais à Taillebourg, n’avaient pas attendu jusque-là pour l’apprendre ; non plus que ce Frédéric II, qui menaçait d’écraser l’Église, cherchant chez nous des complices, et dont les hypocrites explications valurent à l’Allemand la réponse : Le royaume de France n’est mie encore si affaibli qu’il se laisse mener à vos éperons.

La mort de Louis fut simple et grande comme sa vie. Dieu l’appela vers lui dans des circonstances douloureuses et critiques, loin de la patrie, sur ce sol africain où il avait une première fois déjà tant souffert : épines sanctifiantes, qui devaient rappeler au prince croisé son joyau de prédilection, la couronne sacrée acquise par lui au trésor de France. Mû par l’espoir de convertir au christianisme le roi de Tunis, c’était plus en apôtre qu’en soldat qu’il avait abordé le rivage où l’attendait le combat suprême. Je vous dis le ban de notre Seigneur Jésus-Christ et de son sergent Louis, roi de France : sublime provocation jetée à la ville infidèle, bien digne de clore une telle vie. Après six siècles écoulés, Tunis verra les fils des Francs qui l’entourèrent alors donner suite sans le vouloir au défi du plus saint de leurs rois, appelés qu’ils seront, sans le savoir, par tous les bienheureux dont cette terre de l’antique Carthage devenue chrétienne garde la mémoire pour l’éternité.

Cependant l’armée de la Croix, victorieuse en tous les combats, était décimée par un mal terrible. Entouré de morts et de mourants, atteint lui-même par la contagion, Louis manda près de lui son fils aîné et prochain successeur, Philippe, troisième du nom, pour lui donner ses instructions dernières :

« Cher fils, la première chose que je t’enseigne, c’est que tu mettes ton cœur à aimer Dieu ; car sans ce, ne peut nul valoir nulle chose. Garde-toi défaire chose qui à Dieu déplaise, c’est à savoir mortel péché ; ains plutôt devrais souffrir toutes manières de tourments. Si Dieu t’envoie adversité, reçois-le en patience et en rends grâces à notre Seigneur, et pense que tu l’as desservi. S’il te donne prospérité, l’en remercie humblement, et ne sois pas pire ou par orgueil ou par autre manière de ce dont tu dois mieux valoir ; car l’on ne doit pas Dieu de ses dons guerroyer. Le cœur aie doux et piteux aux pauvres et aux mésaisiés, et les conforte et aide selon ce que tu pourras. Maintiens les bonnes coutumes de ton royaume, et les mauvaises abaisse. Aime tout bien, et hais tout mal en quoique ce soit. Nulle vilenie de Dieu ou de Notre-Dame ou des Saints ne souffre que l’on die devant toi, que tu n’en fasses tantôt vengeance. A justice tenir sois loyal envers tes sujets, sans tourner à dextre ni à senestre ; mais aide au droit, et soutiens la querelle du pauvre jusques à tant que la vérité soit éclaircie. Honore et aime toutes les personnes de la sainte Église, et garde qu’on ne leur soustraie leurs dons et leurs aumônes que tes devanciers leur auront donnés. Cher fils, je t’enseigne que tu sois toujours dévot à l’Église de Rome et au souverain évêque notre père, c’est le Pape, et lui portes révérence et honneur comme tu dois faire à ton père spirituel. Travaille-toi que tout vilain péché soit ôté de ta terre ; spécialement vilains serments et hérésie fais abattre à ton pouvoir... Biau cher fils, je te donne toutes les bénédictions que bon père peut donner à fils ; et la benoîte Trinité et tous les Saints te gardent et défendent de tous maux ; et Dieu te donne grâce de faire sa volonté toujours, et qu’il soit honoré par toi, et que toi et moi puissions après cette mortelle vie être ensemble avec lui et le louer sans fin » [29].

« Quand le bon roi, poursuit Joinville, eut enseigné son fils monseigneur Philippe, la maladie que il avait commença à croître fortement ; et demanda les sacrements de sainte Église, et les reçut en saine pensée et en droit entendement, ainsi comme il apparut ; car quand on l’enhuilait [30] et on disait les sept psaumes, il disait les versets d’une part. J’ai ouï conter monseigneur le comte d’Alençon son fils, que quand il approchait de la mort, il appela les Saints pour l’aider et secourir, et mêmement monseigneur saint Jacques, en disant son oraison, qui commence : Esto Domine ; c’est à dire : « Dieu, soyez sainte fieur [31] et garde de votre peuple ». Monseigneur saint Denis de France appela lors en s’aide, en disant son oraison qui vaut autant à dire : « Sire Dieu, donne-nous que nous puissions despire [32] la prospérité de ce monde, si que nous ne doutions nulle adversité ». Et ouï dire lors à monseigneur d’Alençon (que Dieu absolve !) que son père réclamait lors madame sainte Geneviève. Après se fit le saint roi coucher en un lit couvert de cendre, et mit ses mains sur sa poitrine, et en regardant vers le ciel rendit à notre Créateur son esprit, en celle heure même que le Fils de Dieu mourut pour le salut du monde en la croix ».

Jérusalem, la vraie Sion, vous ouvre enfin ses portes, à vous, ô Louis, qui pour elle avez donné vos trésors et vous-même. Du trône éternel où le Fils de Dieu vous associe à ses honneurs et à sa puissance, soyez toujours le promoteur du règne de Dieu sur terre, le zélateur de la foi, le bras de notre Mère l’Église. Sans adorer le Christ, l’Orient infidèle, grâce à vous, respecte ses adorateurs, confondant sous une même signification le nom de chrétien et de Franc. A cause de cela, nos gouvernants du jour prétendent rester dans ces contrées les protecteurs du christianisme qu’ils poursuivent sur le sol gaulois ! Contradiction non moins fatale au pays, qu’opposée à ses traditions de franchise, à sa renommée d’honneur et de loyauté. Comment connaîtraient-ils nos traditions et notre histoire, comment comprendraient-ils l’intérêt national, ceux qui méconnaissent le Dieu de Clovis, de Charlemagne et de saint Louis ? Déjà, qu’est devenu, dans cette Égypte qui eut vos plus durs labeurs, le patrimoine d’influence glorieuse que les siècles avaient maintenu à la nation ?

Vos descendants ne sont plus là pour nous garder de l’invasion de ces hommes qui exploitent la patrie et n’ont que l’exil pour ceux qui l’ont faite. Ici pourtant, combien redoutables ne se révèlent pas les justices du Seigneur ! Vous-même l’aviez dit : Plutôt un étranger que mon fils pour gouverner le peuple du royaume, si mon fils le doit mal gouverner [33] ! Trente années après la croisade de Tunis, un prince indigne, votre deuxième successeur, outrageait le Vicaire de l’Homme-Dieu. Rejeté d’en haut, Philippe IV, le Bel, voyait aussitôt s’arrêter dans sa race stérilisée la sève partie de votre racine. Flétri et brisé, le rameau sacrilège faisait place sur la tige auguste à une autre branche issue de vous toujours. Mais la nation, solidaire de ses rois, allait expier elle-même le forfait d’Anagni dans une guerre terrible, dont l’imprévoyance politique du même Philippe le Bel avait, par le jugement de Dieu, posé la cause [34] ; prince aussi funeste à l’État qu’à l’Église et à sa propre famille. Ce fut alors que, cent années durant, le pays parut à la veille de sa perte ; jusqu’à ce que, protection merveilleuse du ciel sur notre patrie ! la pucelle d’Orléans, Jeanne la Vénérable, arrachât des griffes du léopard anglais le lis de France qu’il prétendait s’unir.

D’autres fautes devaient, hélas ! compromettre encore, puis par deux fois à nouveau dessécher ou rompre les branches de l’arbre royal. Longtemps vos mérites personnels firent contre-poids devant Dieu au scandale des mœurs dont nos princes s’étaient fait comme une note de race, un privilège odieux : honte que transmirent aux Bourbons les Valois mourants, que dut expier sans parvenir à l’effacer le sang du juste Louis XVI, qu’expient toujours tant d’illustres proscrits promenant sur la terre étrangère leur déchéance et leurs souvenirs.

[1] Sap. I, I.

[2] Ibid. VII, 5-6.

[3] Ibid. VI, 8.

[4] Ibid. 5.

[5] Sap., VI, 2-9.

[6] Ibid. 10.

[7] Ibid. IX.

[8] Ibid. 10.

[9] Psalm. CIX, 3.

[10] Prov. VIII, 14-16.

[11] Matth. XXVIII, 18.

[12] Prov. XIV, 34.

[13] Psalm. II, 10.

[14] Psalm. II, 11 ; Aug. Enarrat. in Ps. II.

[15] Epist. encycl. ad Episcopos Galliae, Nobilissima Gallorum gens, 8 Febr. 1884.

[16] Encycl. Immortale Dei, de civitatum constitutione christiana, 1 Nov. 1885.

[17] Encycl. Arcanum divines sapientiae, de matrimonio christiano, 10 Febr. 1880.

[18] Encycl.Nobilissima Gallorum gens.

[19] Encycl. Immortale Dei.

[20] Ibid.

[21] Aug. ad Bonifac. Ep. 185.

[22] II Paralip. XXXIV, 31-33.

[23] Sap. VI, 22.

[24] Gesta S. Ludovici.

[25] Prov. I, 8.

[26] Ibid. 9.

[27] Matth. XVIII, 3.

[28] Ibid. 4.

[29] GEOFFROI DE BEAULIEU ; CONFESSEUR DE LA REINE MARGUERITE ; GUILLAUME DE NANGIS ; JOINVILLE.

[30] Extrême-Onction.

[31] Sanctificateur.

[32] Mépriser.

[33] Joinville, Ire partie.

[34] En mariant sa fille Isabelle à Édouard II d’Angleterre : mariage qui, après la mort sans descendance mâle des trois fils de Philippe le Bel, Louis X, Philippe V et Charles IV, fournit la hase des prétentions du fils d’Isabelle, Édouard III, à la couronne de France.
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Message  gabrielle Mar 26 Aoû 2014, 8:37 am

Le 26 août

Saint Zéphyrin, pape et martyr
Dom Guéranger, l’Année Liturgique a écrit:Zéphyrin fut le premier des Pontifes ensevelis dans la crypte célèbre où les Papes du IIIe siècle vinrent après leurs combats dormir le dernier sommeil. La catacombe qui succédait ainsi au cimetière Vatican dans l’honneur d’abriter les vicaires du Christ avait été inaugurée, trente ans auparavant, par Cécile la vierge martyre : comme sur le point de quitter la vie elle consacrait son palais de Rome en église, du fond de la tombe elle faisait maintenant que sa sépulture de famille passât à l’Église maîtresse et mère. La donation funéraire des Cæcilii devenait, en face de l’État païen, le commencement de la propriété collective ecclésiastique, officiellement reconnue du pouvoir ; Zéphyrin confia l’administration du nouveau cimetière au premier personnage après lui de l’Église romaine, l’archidiacre Calliste. Le saint Pontife vit s’accentuer de son temps la lutte de l’hérésie touchant l’unité de Dieu et la trinité des divines personnes ; sans le secours d’un vocabulaire qui ne vint que plus tard fixer jusque dans , les mots l’exposition théologique, il sut tenir à égale distance les Sabelliens pour qui la Trinité n’était qu’un nom, et les précurseurs d’Arius qui se vengèrent en déversant sur lui l’outrage [2].

Successeur de Victor Ier, le Pontife de la Pâque, vous aussi fûtes dévoré du zèle de la maison de Dieu [3] pour maintenir, en les accroissant toujours, la régularité, la dignité, la splendeur du culte divin sur notre terre. Au ciel, la cour du vainqueur de la mort s’enrichit pendant votre pontificat des plus nobles conquêtes, les Irénée, les Perpétue, tous les martyrs sans nombre auxquels la persécution de Septime Sévère assura le triomphe. Parmi de périlleuses embûches, la vérité eut en vous le gardien divinement assisté que le Seigneur avait promis à son Église [4]. Votre fidélité fut récompensée par des progrès nouveaux de cette Épouse du Fils de Dieu à vous confiée, par l’affermissement définitif de ses pieds sur le sol d’un monde qu’elle doit acquérir tout envier à l’Époux. Nous retrouverons en octobre votre souvenir, inséparable qu’il est de celui de Calliste, aujourd’hui votre diacre, alors à son tour vicaire de l’Homme-Dieu. A cette heure, bénissez-nous comme père ; que Pierre connaisse toujours en nous ses fils.

[2] Philosophumena, Lib. IX.

[3] Johan. II, 17.

[4] Luc. XXII, 32.


http://deojuvante.forumactif.org/t964-saint-zephyrin-pape-et-martyr#13332
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Message  gabrielle Mer 27 Aoû 2014, 7:44 am

Le 27 août

Saint Joseph Calasanz

Leçons des Matines avant 1960. a écrit:Joseph Calasance de la Mère de Dieu naquit d’une noble famille, à Retraita en Aragon. Dès ses plus jeunes années, il donna des marques de sa charité envers les enfants et de son zèle pour les instruire. Tout jeune encore, il les réunissait autour de lui, pour leur apprendre les prières saintes et les mystères de la foi. Il cultiva avec soin les lettres profanes et sacrées. Pendant qu’il étudiait la théologie à Valence, il eut à se défendre des séductions d’une femme puissante et noble, et, par une insigne victoire, conserva intacte la virginité qu’il avait vouée à Dieu. S’étant fait Prêtre en exécution d’un vœu et appelé par plusieurs Évêques de la Nouvelle-Castille, d’Aragon et de Catalogne à partager leurs travaux, il surpassa les espérances de tous : grâce à lui les mœurs s’amendaient, la discipline ecclésiastique était remise en vigueur, les inimitiés et les factions qui ensanglantaient les cités s’apaisaient d’une manière étonnante. Mais sur des avertissements répétés, reçus en vision et par la voix de Dieu, il partit pour Rome.

A Rome, il mena une vie très rude, affligeant son corps par des veilles et des jeûnes, passant les jours et les nuits dans la méditation des choses célestes et dans la prière. Il avait coutume de visiter presque chaque nuit les sept basiliques de la Ville, et il conserva cette habitude pendant plusieurs années. Enrôlé dans plusieurs confréries pieuses, il secourut avec un zèle admirable les pauvres, principalement les malades et les prisonniers, les aidant de ses aumônes et leur rendant tous les devoirs de la miséricorde. Dans une peste qui ravageait Rome, il se joignit à saint Camille et se livra si généreusement aux élans de la charité, que non content de pourvoir par de larges aumônes au soulagement des pauvres malades, il alla même jusqu’à transporter sur ses épaules, au lieu des inhumations, les cadavres de ceux qui avaient succombé. Ayant appris, par une révélation divine, qu’il était destiné à instruire et à former à la piété les enfants, et surtout les enfants pauvres, il fonda l’Ordre des Clercs réguliers pauvres des Écoles pies de la Mère de Dieu : religieux que la règle même de leur institut devait astreindre à donner un soin spécial à l’instruction des enfants. Le saint fondateur, vivement encouragé par Clément VIII, Paul V et d’autres souverains Pontifes, propagea son Ordre avec une rapidité merveilleuse dans plusieurs provinces et royaumes d’Europe. Dans cette œuvre, il supporta tant de travaux et traversa tant d’épreuves sans jamais fléchir, qu’il n’y avait partout qu’une voix pour le proclamer un prodige de force et une copie de la constance du saint homme Job.

Malgré les sollicitudes du gouvernement général de son Ordre, et bien qu’il continuât de travailler de tout son pouvoir au salut des âmes, jamais cependant il ne cessa d’instruire les enfants, surtout les plus indigents. Balayer leurs classes et les reconduire chez eux lui était habituel. Il persévéra pendant cinquante-deux ans, même étant malade, dans ces admirables pratiques de patience et d’humilité et mérita ainsi que Dieu fît éclater ses miracles devant ses disciples. La bienheureuse Vierge Marie lui apparut avec l’enfant Jésus qui les bénissait pendant qu’ils priaient. Il refusa les plus hautes dignités. Le don de prophétie, la pénétration des cœurs, la connaissance de ce qui se passait au loin, ses miracles, ont rendu son nom célèbre. Il fut extrêmement dévot envers la Vierge, Mère de Dieu : outre qu’il l’honora d’un culte particulier depuis sa plus tendre enfance, il recommanda aux siens de la vénérer de même. Marie et d’autres Saints le favorisèrent de fréquentes apparitions. Ayant prédit le jour de sa mort, le rétablissement et les progrès de son Ordre, alors presque détruit, il s’endormit dans le Seigneur, à Rome, âgé de quatre-vingt-douze ans, l’an mil six cent quarante-huit, la nuit des calendes de septembre. Au bout d’un siècle, on retrouva sa langue et son cœur intacts et sans corruption. Dieu l’ayant illustré par beaucoup d’autres prodiges après sa mort, le Pape Benoît XIV le mit au rang des Bienheureux et Clément XIII l’inscrivit solennellement au nombre des Saints.

http://deojuvante.forumactif.org/t871-saint-joseph-calasanz#13333
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Message  gabrielle Jeu 28 Aoû 2014, 8:08 am

Le 28 août

Saint Augustin, évêque, confesseur et docteur
Dom Guéranger, l’Année Liturgique a écrit:Le plus grand des Docteurs et le plus humble, Augustin se lève, acclamé par les cieux dont nulle conversion de pécheur n’excita comme la sienne l’ineffable joie [3], célébré par l’Église où ses travaux laissent pour les siècles en pleine lumière la puissance, le prix, la gratuité de la divine grâce.

Depuis l’entretien extatique qui fit d’Ostie un jour le vestibule du ciel [4], Dieu a complété ses triomphes dans le fils des larmes de Monique et de la sainteté d’Ambroise. Loin des villes fameuses où l’abusèrent tant de séductions, le rhéteur d’autrefois n’aspire qu’à nourrir son âme de la simplicité des Écritures sacrées dans le silence de la solitude. Mais la grâce, qui a brisé la double chaîne enserrant son esprit et son cœur, garde sur lui des droits souverains ; c’est dans la consécration des pontifes vouant Augustin à l’oubli de soi-même, que la Sagesse consomme avec lui son alliance : la Sagesse qu’il déclare « aimer seule pour elle seule, n’aimant qu’à cause d’elle le repos et la vie » [5]. A ce sommet où l’a porté la miséricorde divine, entendons-le épancher son cœur :

« Je vous ai aimée tard, beauté si ancienne et si nouvelle ! je vous ai aimée tard ! Et vous étiez en moi ; et moi, hors de moi-même, vous cherchais en tous lieux [6]... J’interrogeais la terre, et elle me disait : « Je ne suis pas ce que tu cherches » ; et tous les êtres que porte la terre me faisaient même aveu. J’interrogeais la mer et ses abîmes, et ce qui a vie dans leurs profondeurs ; et la réponse était : « Nous ne sommes pas ton Dieu, cherche au-dessus de nous ». J’interrogeais les vents et la brise ; et l’air disait avec ses habitants : « Anaximènes se trompe ; je ne suis pas Dieu ». J’interrogeais le ciel, le soleil, la lune, les étoiles : « Nous non plus, nous ne sommes pas le Dieu que tu cherches ». O vous tous qui vous pressez aux portes de mes sens, objets qui m’avez dit n’être pas mon Dieu, dites-moi de lui quelque chose ; et dans leur beauté qui avait attiré mes recherches avec mon désir, ils ont crié d’une seule voix : « C’est lui qui nous a faits » [7]. — Silence à l’air, aux eaux, à la terre ! Silence aux cieux ! Silence en l’homme à l’âme elle-même ! Qu’elle passe au delà de sa propre pensée : par delà tout langage, qu’il soit de la chair ou de l’ange, s’entend lui-même Celui dont parlent les créatures ; là où cessent le signe et l’image, et toute vision figurée, se révèle la Sagesse éternelle [8]... Mes oreilles sourdes ont entendu votre voix puissante ; votre lumière éblouissante a forcé l’entrée de mes yeux aveugles ; votre parfum a éveillé mon souffle, et c’est à vous que j’aspire, j’ai faim et soif, car je vous ai goûté ; j’ai tressailli à votre contact, je brûle d’entrer dans votre repos : quand je vous serai uni de tout moi-même, la douleur et le travail auront pris fin pour moi » [9].

Un autre travail que le labeur de la correspondance intime aux prévenances de son Dieu ne devait finir pour Augustin qu’avec la vie : celui de ses luttes pour la vérité qui avait délivré son âme [10], sur tous les champs de bataille choisis dans ces temps par le père du mensonge. Combats terminés par autant de victoires, où l’on ne sait qu’admirer le plus, comme d’autres l’ont dit : la science des Livres saints, la puissance de la dialectique ou l’art de bien dire ; mais dans lesquels l’emporte sur tout la plénitude de la charité. Nulle part ailleurs n’apparaît mieux l’unité de cette divine charité communiquée par l’Esprit à l’Église, et qui, du même cœur où elle puise son inflexibilité à maintenir jusqu’au moindre iota les droits du Seigneur Dieu, déborde d’ineffable mansuétude pour tant de malheureux qui les méconnaissent encore :

« Qu’ils vous soient durs, ceux qui ne savent pas quel labeur c’est d’arriver au vrai, d’éviter l’erreur. Qu’ils vous soient durs, ceux qui ne savent pas combien il est rare, combien il en coûte, de parvenir à surmonter dans la sérénité d’une âme pieuse les fantômes des sens. Qu’ils vous soient durs, ceux qui ne savent pas avec quelle peine se guérit l’œil de l’homme intérieur, pour fixer son soleil, le soleil de justice ; ceux qui ne savent pas par quels soupirs, quels gémissements, on arrive, en quelque chose, à comprendre Dieu. Qu’ils vous soient durs enfin, ceux qui n’ont jamais connu séduction pareille à celle qui vous trompe... Pour moi qui, ballotté par les vaines imaginations dont mon esprit était en quête, ai partagé votre misère et si longtemps pleuré, je ne saurais aucunement être dur avec vous » [11].

C’est aux disciples de Manès, traqués partout en vertu des lois mêmes des empereurs païens, qu’Augustin adressait ces paroles émues : nouveau Paul, se souvenant du passé [12] ! Combien effrayante n’est donc pas la misère de notre race déchue, que les nuages s’élevant des bas fonds y prévalent à ce point sur les plus hautes intelligences ! avant d’être le plus redoutable adversaire de l’hérésie, Augustin, neuf années durant, s’était montré le sectateur convaincu, l’apôtre ardent du manichéisme : variante incohérente de ce roman dualiste et gnostique dans lequel, pour expliquer l’existence du mal, on n’imaginait rien de mieux que de faire un dieu du mal même, et qui trouva dans la complaisance qu’y prenait l’orgueil du prince des ténèbres le secret de son influence étrange à travers les siècles.

Plus locale, mais autrement prolongée, devait être la lutte d’Augustin contre la secte Donatiste, appuyée d’un principe aussi faux que le fait dont elle se disait née. Le fait, démontré juridiquement inexact à la suite des requêtes présentées par Douai et ses partisans, était que Cécilien, primat d’Afrique en 311, aurait reçu la consécration épiscopale d’un évêque traditeur des Livres saints pendant la persécution. Comme principe et conséquence tirée par eux dudit principe, les Donatistes affirmaient que nul ne pouvait communiquer avec un pécheur sans cesser de faire partie du troupeau du Christ ; que dès lors, les évêques du reste du monde n’en ayant pas moins continué de communiquer avec Cécilien et ses successeurs, eux seuls Donatistes étaient maintenant l’Église. Schisme sans fondement, s’il en fut, mais qui s’était imposé pourtant au plus grand nombre des habitants de l’Afrique romaine, avec ses quatre cent dix évêques et ses troupes de Circoncellions, fanatiques toujours prêts aux violences et aux meurtres contre les catholiques surpris sur les routes ou dans les maisons isolées. Le rappel de ces brebis égarées prit à notre Saint le meilleur de son temps.

Qu’on ne se le représente pas méditant à loisir, écrivant dans la paix d’une humble ville épiscopale, choisie comme à dessein par la Providence, ces ouvrages précieux dont le monde devait jusqu’à nous recueillir les fruits. Il n’est point sur la terre de fécondité sans souffrance, souffrances publiques, angoisses privées, épreuves connues des hommes ou de Dieu ; lorsque, à la lecture des écrits des Saints, germent en nous les pieuses pensées, les résolutions généreuses, nous ne devons pas nous borner, comme pour les livres profanes, à solder un tribut quelconque d’admiration au génie de leurs auteurs, mais plus encore songer au prix dont sans nul doute ils ont payé le bien surnaturel produit par eux dans chacune de nos âmes. Avant l’arrivée d’Augustin dans Hippone, les Donatistes s’y trouvaient en telle majorité, rappelle-t-il lui-même, qu’ils en abusaient jusqu’à interdire de cuire le pain pour les catholiques [13]. Quand le Saint mourut, l’état des choses était bien changé ; mais il avait fallu que le pasteur, faisant passer avant tous autres devoirs celui de sauver, fût-ce malgré elles, les âmes qui lui étaient confiées, donnât ses jours et ses nuits à cette œuvre première, et courût plus d’une fois le risque heureux du martyre [14]. Les chefs des schismatiques, redoutant la force de ses raisons plus encore que son éloquence, se refusaient à toute rencontre avec lui ; mais ils avaient déclaré que mettre à mort Augustin serait œuvre louable, méritant la rémission de tout péché à qui aurait pu l’accomplir [15].

« Priez pour nous, disait-il en ces débuts de son ministère, priez pour nous qui vivons d’une façon si précaire entre les dents de loups furieux : brebis égarées, brebis obstinées qui s’offensent de ce que nous courons après elles, comme si leur égarement faisait qu’elles ne soient pas nôtres. — Pourquoi nous appeler ? disent-elles ; pourquoi nous poursuivre ? — Mais la cause de nos cris, de nos angoisses, c’est justement qu’elles vont à leur perte. — Si je suis perdue, si je n’ai plus la vie, qu’avez-vous affaire de moi ? que me voulez-vous ? — Ce que je veux, c’est te rappeler de ton égarement ; ce que je veux, c’est t’arracher à la mort. — Et si je veux m’égarer ? si je veux me perdre ? —Tu veux t’égarer ? tu veux te perdre ? Combien mieux, moi, je ne le veux pas ! Oui ; j’ose le dire : je suis importun ; car j’entends l’Apôtre : Prêche la parole, presse à temps, à contretemps [16]. A temps, sans doute, ceux qui le veulent bien ; à contretemps, ceux qui ne le veulent pas. Oui, donc ; je suis importun : tu veux périr ; je ne le veux pas. Il ne le veut pas, lui non plus, Celui qui dit, plein de menaces, aux pasteurs : Vous n’avez pas rappelé ce qui s’égarait, vous n’avez pas cherché ce qui était perdu [17]. Dois-je plus te redouter que lui-même ? Je ne te crains pas : ce tribunal du Christ, devant lequel nous devons tous paraître [18], tu ne le remplaceras pas par celui de Donat. Que tu le veuilles ou non, je rappellerai la brebis qui s’égare, je chercherai la brebis perdue. Que les ronces me déchirent : il n’y aura pas de brèche assez étroite pour arrêter ma poursuite ; il n’y aura pas de haie que je ne secoue, tant que le Seigneur me donnera des forces, pour pénétrer où que ce soit que tu prétendes périr » [19].

Forcés dans leurs derniers retranchements par l’intransigeance d’une telle charité, les Donatistes répondaient-ils en massacrant, à défaut d’Augustin, fidèles et clercs ; l’évêque suppliait les juges impériaux qu’on épargnât aux coupables la mutilation et la mort, de crainte que le triomphe des martyrs ne fût comme souillé par ces représailles sanglantes [20]. Mansuétude bien digne, à coup sûr, de l’Église dont il était Pontife, mais que tenteraient vainement de retourner contre cette même Église, en l’opposant à certains faits de son histoire, les tenants d’un libéralisme qui reconnaît tout droit à l’erreur et lui réserve toute prévenance. L’évêque d’Hippone l’avoue : sa pensée fut d’abord qu’il ne fallait point user de contrainte pour amener personne à l’unité du Christ ; il crut que la parole, la libre discussion, devait être dans la conversion des hérétiques le seul élément de victoire [21] ; mais, à la lumière de ce qui se passait sous ses yeux, la logique même de cette charité qui dominait son âme l’amenait bientôt à se ranger au sentiment tout autre de ses collègues plus anciens dans l’épiscopat [22].

« Qui peut, remarque-t-il, nous aimer plus que ne fait Dieu ? Dieu néanmoins emploie la crainte pour nous sauver, tout en nous instruisant avec douceur. Et le Père de famille, voulant des convives à son festin, n’envoie-t-il pas par les chemins, le long des haies, ses serviteurs, avec ordre de forcer à venir tous ceux qu’ils rencontreront [23] ? Ce festin, c’est l’unité du corps du Christ. Si donc la divine munificence a fait qu’au temps voulu la foi des rois devenus chrétiens reconnût ce pouvoir à l’Église, c’est aux hérétiques .ramenés de tous les carrefours, aux schismatiques forcés dans leurs buissons, de considérer, non la contrainte qu’ils subissent, mais le banquet du Seigneur où sans elle ils n’arriveraient pas. Le berger n’use-t-il pas de la menace, de la verge au besoin, pour faire rentrer au bercail du maître les brebis que la séduction en avait fait sortir ? La sévérité provenant de l’amour est préférable à la douceur qui trompe. Celui qui lie l’homme en délire et réveille le dormeur de sa léthargie, les moleste tous deux, mais pour leur bien. Si dans une maison menaçant ruine se trouvaient des gens que nos cris ne persuaderaient pas d’en sortir, est-ce que ne point user de violence à leur endroit pour les sauver malgré eux ne serait pas cruauté ? et cela, lors même que nous ne pourrions en arracher qu’un seul à la mort, et que l’obstination de plusieurs en prendrait occasion de précipiter leur perte : comme font ceux du parti de Donat qui, dans leur furie, demandent au suicide la couronne du martyre. Nul ne saurait devenir bon malgré lui ; mais ce sont des villes entières, non quelques hommes seulement, que la rigueur des lois dont ils se plaignent amène chaque jour à délivrance, en les dégageant des liens du mensonge, en leur faisant voir la vérité que la violence ou les tromperies schismatiques dérobaient à leurs yeux. Loin qu’elles se plaignent, leur reconnaissance aujourd’hui est sans bornes, leur joie entière ; leurs fêtes et leurs chants ne cessent plus » [24].

Cependant, par delà les flots séparant Hippone des rivages d’Italie, la justice du ciel passait sur la reine des nations. Rome, qui depuis le triomphe de la Croix n’avait point su répondre au délai que lui laissait la miséricorde, expiait sous les coups d’Alaric le sang des Saints versé jadis pour ses faux dieux. Sortez d’elle, mon peuple [25]. A ce signal que le prophète de Pathmos avait entendu d’avance, la ville aux sept collines s’était dépeuplée. Loin des routes remplies de Barbares, heureux le fugitif pouvant confier à la haute mer, au plus fragile esquif, l’honneur des siens, les débris de sa fortune ! Comme un phare puissant dont les feux dominent l’orage, Augustin, par sa seule renommée, attirait vers la côte d’Afrique les meilleurs de ces naufragés de la vie. Sa correspondance si variée nous fait connaître les liens nouveaux créés par Dieu alors entre l’évêque d’Hippone et tant de nobles exilés. Naguère, c’était jusqu’à Nole, en l’heureuse Campanie, que des messages pleins de charmes, où se mêlaient les doctes questions, les réponses lumineuses, allaient saluer « ses très chers seigneurs et vénérables frères, Paulin et Thérasia, condisciples d’Augustin en l’école du Seigneur Jésus » [26]. Maintenant c’est à Carthage, ou plus près encore, que les lettres du Saint vont consoler, instruire, fortifier Albina, Mélanie, Pinianus, Proba surtout et Juliana, aïeule et mère illustres d’une plus illustre fille, la vierge Démétriade, première du monde romain par la noblesse et l’opulence [27], conquête très chère d’Augustin pour l’Époux.

« Oh ! qui donc, s’écrie-t-il à la nouvelle de la consécration de cette fiancée du Seigneur, qui expliquera dignement combien glorieuse se révèle aujourd’hui la fécondité des Anicii, donnant des vierges au Christ après avoir pour le siècle ennobli tant d’années du nom des consuls leurs fils ! Que Démétriade soit imitée : quiconque ambitionne la gloire de l’illustre famille, prenne pour soi sa sainteté [28] ! » Vœu du cœur d’Augustin, qui devait se réaliser magnifiquement, lorsque la gens Anicia, moins d’un siècle plus tard, donna au monde Scholastique et Benoît pour conduire tant d’âmes avides de la vraie noblesse dans le secret de la face de Dieu.

La chute de Rome eut dans les provinces et par delà un retentissement immense. L’évêque d’Hippone nous dit ses propres gémissements quand il l’eut apprise, ses larmes à lui, descendant des anciens Numides, sa douleur presque inconsolable [29] : tant, même en sa décadence, par l’action secrète de Celui qui lui réservait de nouvelles, de plus hautes destinées, la cité reine avait gardé de place en la pensée universelle et d’empire sur les âmes. En attendant, la terrible crise devenait pour Augustin l’occasion de ses œuvres les plus importantes. Sur les ruines du monde qui semblait s’écrouler pour toujours, il édifiait son grand ouvrage de la Cité de Dieu : réponse aux partisans de l’idolâtrie, nombreux encore, qui attribuaient à la suppression du culte des dieux les malheurs de l’empire. Il y oppose à la théologie et, en même temps, à la philosophie du paganisme romain et grec la réfutation la plus magistrale, la plus complète qu’on en ait jamais vue ; pour de là établir l’origine, l’histoire, la fin des deux cités, l’une de la terre, l’autre du ciel, qui se divisent le monde, et que « firent deux amours divers : l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu, l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi-même » [30].

Mais le principal triomphe d’Augustin fut celui qui joignit à son nom le titre de Docteur de la grâce. La prière aimée de l’évêque d’Hippone : Da quod jubes, et jube quod vis [31], froissait l’orgueil d’un moine breton que les événements de l’année 410 avaient amené lui aussi sur la terre africaine [32] : d’après Pelage, la nature, toute-puissante pour le bien, se suffisait pleinement dans l’ordre du salut, n’ayant été lésée d’aucune sorte d’ailleurs par le péché d’Adam qui n’avait affecté que lui-même. On comprend la répulsion toute spéciale d’Augustin, si redevable à la miséricorde céleste, pour un système dont les auteurs « semblaient dire à Dieu : Tu nous as faits hommes, mais c’est nous qui nous faisons justes » [33].

Dans cette campagne nouvelle, les injures ne furent pas épargnées au converti de jadis ; mais elles étaient la joie et l’espérance [34] de celui qui, rencontrant ce même genre d’arguments dans la bouche d’autres adversaires, avait dit déjà : « Catholiques, mes frères très aimés, unique troupeau de l’unique Pasteur, je n’ai cure des insultes de l’ennemi au chien de garde du bercail ; ce n’est pas pour ma défense, c’est pour la vôtre que je dois aboyer. Faut-il lui dire pourtant, à cet ennemi, qu’en ce qui touche mes égarements, mes erreurs d’autrefois, je les condamne avec tout le monde, et n’y vois que la gloire de Celui qui par sa grâce m’a délivré de moi-même. Lorsque j’entends rappeler cette vie qui fut la mienne, à quelque intention qu’on le fasse, je ne suis pas si ingrat que de m’en affliger ; car autant l’on fait ressortir ma misère, autant moi je loue mon médecin » [35].

La renommée de celui qui faisait si bon marché de lui-même remplissait néanmoins la terre, en compagnie de la grâce par lui victorieuse. « Honneur à vous, écrit de Bethléhem Jérôme chargé d’années ; honneur à l’homme que n’ont point abattu les vents déchaînés !... Ayez bon courage toujours. L’univers entier célèbre vos louanges ; les catholiques vous vénèrent et vous admirent comme le restaurateur de l’ancienne foi. Signe d’une gloire encore plus grande : tous les hérétiques vous détestent. Moi aussi, ils m’honorent de leur haine ; ne pouvant nous frapper du glaive, ils nous tuent en désir » [36].

On reconnaît dans ces lignes l’intrépide lutteur que nous retrouverons en septembre, et qui laissait bientôt après sa dépouille mortelle à la grotte sacrée près de laquelle il avait abrité sa vie. Augustin devait poursuivre le bon combat quelques années, compléter l’exposé de la doctrine catholique à l’encontre même de saints personnages, auxquels il eût semblé que du moins le commencement du salut, le désir de la foi, ne requérait pas un secours spécial du Dieu rédempteur et sauveur. C’était le semi-pélagianisme. Cent ans plus tard [37], le second concile d’Orange, approuvé par Rome, acclamé par l’Église, terminait la lutte en s’inspirant dans ses définitions des écrits de l’évêque d’Hippone. Lui cependant concluait ainsi le dernier ouvrage achevé par ses mains : « Que ceux qui lisent ces choses rendent grâces à Dieu, s’ils les comprennent ; sinon, qu’ils s’adressent dans la prière au docteur de nos âmes, à Celui dont le rayonnement produit la science et l’intelligence. Me croient-ils dans l’erreur ? qu’ils y réfléchissent encore et encore, de peur que peut-être ce ne soient eux qui se trompent. Pour moi, quand il advient que les lecteurs de mes travaux m’instruisent et me corrigent, j’y vois la honte de Dieu ; et c’est ce que je demande comme faveur, aux doctes surtout qui sont dans l’Église, s’il arrive que ce livre parvienne en leurs mains et qu’ils daignent prendre connaissance de ce que j’écris » [38].

Revenons au milieu de ce peuple d’Hippone, si privilégié, conquis par le dévouement d’Augustin plus encore que par ses admirables discours. Sa porte, ouverte à tout venant, accueillait toute demande, toute douleur, tout litige de ses fils. Parfois, devant l’insistance des autres églises, des conciles même, réclamant d’Augustin la poursuite plus active de travaux d’intérêt général, un accord intervenait entre le troupeau et le pasteur, et l’on déterminait que, tels et tels jours de la semaine, le repos laborieux de celui-ci serait respecté par tous [39] ; mais la convention durait peu ; quiconque le voulait [40] triomphait de cet homme si aimant et si humble, près de qui, mieux que tous, les petits savaient bien qu’ils ne seraient jamais éconduits : témoin l’heureuse enfant qui, désireuse d’entrer en relation épistolaire avec l’évêque, mais craignant de prendre l’initiative, reçut de lui la missive touchante qu’on peut lire en ses Œuvres [41]. Resterait à montrer dans notre Saint l’initiateur de la vie monastique en Afrique romaine, par les monastères qu’il fonda et habita lui-même avant d’être évêque ; le législateur dont une simple lettre aux vierges d’Hippone [42] devenait la Règle où tant de serviteurs et de servantes de Dieu puiseraient jusqu’aux derniers temps la forme de leur vie religieuse ; enfin, avec les clercs de son église vivant ainsi que lui de la vie commune dans la désappropriation absolue [43], l’exemplaire et la souche de la grande famille des Chanoines réguliers. Mais il nous faut abréger ces pages déjà longues, que complétera le récit de la sainte Liturgie.

Indépendamment de la fête présente, l’Église fait au cinq mai mémoire spéciale de la Conversion d’Augustin dans son Martyrologe.

Quelle mort fut la vôtre, Augustin, sur l’humble couche où n’arrivaient à vous que nouvelles de désastres et de ruines ! Livrée aux Barbares en punition de ces crimes innommés du vieux monde dont la nourricière de Rome avait eu sa si large part, l’Afrique, votre patrie, ne devait pas vous survivre. Avec Genséric, Arius triomphait sur cette terre qui pourtant, grâce à vous, parla vigueur de foi qu’elle avait retrouvée, allait encore, un siècle durant, donner d’admirables martyrs au Verbe consubstantiel. Rendue au monde romain par Bélisaire, Dieu sembla vouloir à cause d’eux lui ménager l’occasion de retrouver ses beaux jours ; mais l’impéritie byzantine, absorbée dans ses querelles théologiques et ses intrigues de palais, ne sut ni la relever, ni la garder contre une invasion plus funeste que n’avait été la première. Les flots débordants de l’infidélité musulmane eurent bientôt fait de tout stériliser, dessécher et flétrir.,,


Durant cette longue nuit pesant sur la terre d’où vous étiez monté aux cieux, votre action cependant ne s’était pas ralentie. Par l’univers entier, vos ouvrages immortels éclairaient les intelligences, excitaient l’amour. Dans les basiliques desservies par vos imitateurs et fils, la splendeur du culte divin, la pompe des cérémonies, la perfection des mélodies saintes, maintenaient au cœur des peuples l’enthousiasme surnaturel qui s’était emparé du vôtre à l’instant heureux où, pour la première fois dans notre Occident, résonna sous la direction d’Ambroise le chant alternatif des Psaumes et des Hymnes sacrées [44]. Dans tous les âges, aux eaux, sorties de vos fontaines [45], la vie parfaite se complut à renouveler sa jeunesse sous les mille formes que le double aspect delà charité, qui regarde Dieu et le prochain, lui demande de revêtir.

Illuminez toujours l’Église de vos incomparables rayons...

http://deojuvante.forumactif.org/t23-saint-augustin-28-aout#77

[3] Luc. XV, 7.

[4] Le Temps Pascal, t. II, IV mai, en la fête de sainte Monique.

[5] Aug. Soliloq. I, 22.

[6] Confess. X, XXVII.

[7] Ibid. VI.

[8] Ibid. IX, X.

[9] Ibid. X, XXVII, XXVIII.

[10] Johan. VIII, 32.

[11] Aug. Contra epist. Manichaei quam vocant fundamenti, 2-3.

[12] I Cor. XV. 9.

[13] Aug. Contra litteras Petiliani, II, 184.

[14] Possidius, Vita Augustini, 13.

[15] Possidius, Vita Augustini, 10.

[16] II Tim. IV, 2.

[17] Ezech. XXXIV, 4.

[18] II Cor. V, 10.

[19] Aug. Sermo XLVI, 14.

[20] Epist. C, CXXXIII, CXXXIV, al. CXXVII, CLIX, CLX.

[21] Epist. XCIII, al. XLVIII, 17.

[22] Epist. CLXXXV, al. L., quae et Liber de Correctione Donatistarum, 25.

[23] Luc. XIV, 23.

[24] Aug. Epist. XCIII, CLXXXV, et alibi passim.

[25] Apoc. XVIII, 4.

[26] Aug. Epist. XCV, al. CCL, etc.

[27] Hieron. Epist. CXXX, al. VIII.

[28] Aug. Epist. CL, al. CLXXIX.

[29] De Urbis excidio, 3.

[30] De civitate Dei contra Paganos, XIV, XXVIII.

[31] Seigneur, donnez ce que vous commandez, et commandez ce que vous voudrez. Confess. X, XXIX, XXXI, XXXVII.

[32] De dono perseverantiae, 53.

[33] Epist. CLXXVII, al. XCV.

[34] Contra duas Epist. Pelagianorum, I, 3.

[35] Contra litteras Petiliani, III, 11.

[36] Hieron. Epist. CXLI, al. LXXX.

[37] 529.

[38] Aug. De dono perseverantiae, 68.

[39] Epist. CXXIII, al. CX, 5.

[40] Epist. CCXIII, al. CX, 5.

[41] Epist. CCLXVI, al. CXXXII. Augustinus Florentinae puellae.

[42] Epist. CCXI, al. CIX.

[43] Sermones CCCLV, CCCLVI.

[44] Aug. Confess. IX, VI, VII.

[45] Prov. V, 16.


Le même jour

Saint Hermès, martyr
Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique a écrit:
Saint Hermès. — Saint Hermès fut mis à mort à Rome, vers 116, en même temps que le pape Alexandre 1er. Il était fils du préfet de la ville. Un cimetière de la voie Salaria porte son nom. On lit dans le martyrologe : « A Rome, fête de saint Hermès, personnage illustre qui, comme le rapportent les actes du pape Alexandre 1er, fut d’abord renfermé dans une prison ; il subit ensuite son martyre avec plusieurs autres, sous le juge Aurélien, en périssant par le glaive ». Son corps repose dans l’église Saint-Marc in Pallacine.

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Message  gabrielle Ven 29 Aoû 2014, 7:11 am

Le 29 août

Décollation de Saint Jean-Baptiste.

Du livre de saint Ambroise, Évêque : Des Vierges. Liber 3 post initium a écrit:Il ne faut pas effleurer légèrement un sujet tel que la mémoire du bienheureux Jean-Baptiste ; aussi devons-nous considérer ce qu’il était, quels furent ses bourreaux, pourquoi, quand et comment il a été martyrisé. C’est un juste qui est mis à mort, par des adultères ; et la peine capitale qu’ils méritent, ils la font subir à celui qui devrait être leur juge. Et puis la mort d’un Prophète devient la récompense et le salaire d’une danseuse. Enfin, ce que tous les barbares eux-mêmes ont communément en horreur, c’est à table, au milieu d’un banquet, qu’on prononce l’arrêt cruel qui devra s’exécuter. Et on apporte de la prison à la salle du festin l’objet de l’exécution impie qui a suivi ce fatal commandement. Que de crimes dans une seule action !

A voir ainsi un émissaire se lever de table et courir à la prison, qui n’aurait pas cru à l’élargissement du Prophète ? Qui, en apprenant que c’est le jour de la naissance d’Hérode, qu’il y a grand festin, et qu’on a donné à une fille la liberté de demander tout ce qu’elle voudra, qui donc, dis-je, ne s’imaginerait qu’on n’enverra délivrer Jean de ses fers ? Quel rapport y a-t-il entre la cruauté et les délices ? entre le meurtre et la volupté ? Le Prophète subira sa peine pendant un festin, et en vertu d’une sentence portée au milieu du festin, sentence qu’il eût repoussée, même pour être mis en liberté. On lui tranche la tête, et on l’apporte dans un plat. Un tel mets convenait à la cruauté, et pouvait satisfaire une férocité difficile à assouvir.

O le plus odieux des rois, considère ce spectacle digne de ton banquet, et afin que rien ne manque à ta satisfaction inhumaine, étends la main pour que ce sang sacré ruisselle entre tes doigts. Et puisque ta faim n’a pu être rassasiée par les viandes, puisque les coupes n’ont pu éteindre la soif de cruauté qui te dévore, vois ce sang qui, bouillonnant encore, s’échappe des veines de cette tête que tu as fait tomber. Vois ces yeux qui, jusque dans le trépas, sont les témoins de ton crime, et qui se refusent à contempler tes plaisirs. Ce n’est pas tant la mort qui ferme ces yeux, que l’horreur de tes débauches. Cette bouche éloquente dont tu redoutais la censure, toute pâle et muette qu’elle est, te fait encore trembler.

http://deojuvante.forumactif.org/t26-saint-jean-baptiste-decollation-de-29-aout#95

Le même jour

Sainte Sabine, martyre


Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique a écrit:Sainte Sabine. — Jour de mort : 29 août, vers 126. Tombeau : à Rome, dans la basilique qui lui est dédiée sur l’Aventin. Vie : Sainte Sabine, originaire de Vindena, en Ombrie, fut l’épouse d’un patricien appelé Valentin. Elle fut convertie à la foi chrétienne par sa servante Séraphie. Après la mort de cette pieuse vierge (le martyrologe en fait mémoire le 3 septembre), elle en recueillit les restes pour les ensevelir avec honneur. Cela lui vaut d’être incarcérée peu après par ordre de l’empereur Adrien, et d’être traduite devant le tribunal d’Elpidius : « N’êtes-vous pas Sabine, veuve de l’illustre Valentin ? » lui demanda celui-ci. . Oui, c’est moi, répondit-elle, et je rends grâces à mon Seigneur Jésus-Christ d’avoir été délivrée de la servitude des démons par l’intercession de sa servante Séraphie ». Le juge la condamna à mort pour son mépris des dieux. Les chrétiens déposèrent son corps dans le tombeau où elle-même avait enseveli Séraphie, sa maîtresse dans la foi. Pratique : Quel exemple édifiant ! La servante convertit sa maîtresse ; la maîtresse ensevelit le corps de sa servante et la suit dans son martyre. Toutes deux reposent unies dans une même sépulture. Comme le christianisme sait franchir les barrières sociales !

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Message  gabrielle Sam 30 Aoû 2014, 8:13 am

Le 30 août

Sainte Rose de Lima, vierge
Dom Guéranger, l’Année Liturgique a écrit:
Quel parfum d’au delà de l’Océan nous apporte aujourd’hui la brise ! L’ancien monde renouvelle sa jeunesse à ces senteurs du ciel ; le nouveau se concilie par elles la terre et les cieux.

Cent ans ont passé depuis les jours où l’Europe étonnée apprit qu’un continent nouveau se révélait par delà les flots de la mer Ténébreuse, effroi des navigateurs. L’Espagne venait d’expulser le Croissant de ses propres terres ; comme récompense, elle reçut la mission de planter la Croix sur ces plages immenses. Ni héros, ni apôtres, ne firent défaut dans cette œuvre au royaume Catholique ; ni non plus, pour son malheur, les aventuriers dont la soif de l’or fit le fléau des Indiens qu’il s’agissait d’amener au vrai Dieu. La décadence si prompte de l’illustre nation qui avait triomphé du Maure, montrera bientôt jusqu’à quel point les peuples prévenus des plus hautes bénédictions restent pourtant solidaires des crimes commis, sous le couvert de leur nom, par quiconque porte le drapeau du pays. On sait comment finit au Pérou l’empire des Incas : malgré les protestations indignées des missionnaires, malgré les ordres venus de la mère patrie, quelques années suffirent aux compagnons de Pizarre pour exterminer le tiers des habitants de ces florissantes contrées ; un autre tiers achevait de périr dans la misère d’une servitude pire que la mort immédiate ; le reste fuyait vers les montagnes, emportant au fond des forêts la haine de l’envahisseur, et trop souvent, hélas ! de l’Évangile, responsable à ses yeux des atrocités accomplies par les baptisés. La cupidité des vainqueurs donnait entrée à tous les vices dans ces âmes en lesquelles cependant la foi restait vive : Lima, fondée au pied des Cordillères comme métropole des provinces conquises, semblait bâtie sur la triple concupiscence ; avant la fin du siècle, Jonas nouveau d’une nouvelle Ninive, saint François Solano la menaçait du courroux de Dieu.

Mais déjà la miséricorde avait pris les devants ; la justice et la paix s’étaient rencontrées [2] dans l’âme d’une enfant prête à toutes les expiations, insatiable d’amour. Combien nous voudrions nous arrêter à contempler la vierge péruvienne dans son héroïsme qui s’ignora toujours, dans sa grâce si candide et si pure ! Rose qui n’eut pour ceux qui l’approchaient que des suavités embaumées, et garda pour elle le secret des épines sans lesquelles ne vont point les roses ici-bas ! Éclose du sourire de Marie, elle ravit l’Enfant-Dieu qui la veut sur son cœur. Les fleurs la reconnaissent pour reine, et toute saison les voit répondre à son désir ; à son invitation, les plantes s’agitent joyeuses, les arbres inclinent leurs rameaux, toute la nature tressaille, eux-mêmes les insectes organisent des chœurs, les oiseaux rivalisent avec elle d’harmonies pour célébrer leur auteur commun. Et elle chante, au souvenir des noms de son père et de sa mère, Gaspard des Fleurs et Marie d’Olive : « O mon Jésus, que vous êtes beau entre les olives et les fleurs ; et vous ne dédaignez pas votre Rose ! »

Cependant l’éternelle Sagesse se révélait dans les jeux de l’Enfant divin et de sa bien-aimée [3]. C’est Clément X qui, dans la bulle de canonisation, nous rappelle qu’un jour où elle était plus souffrante, le tout aimable fils de la Vierge bénie l’invita pour une partie mystérieuse où l’enjeu serait laissé au libre choix du vainqueur. Rose gagne, et réclame sa guérison, aussitôt accordée. Mais Jésus demande la revanche, et l’emportant au second tour, il rend son mal, accompagné du don de patience, à la perdante toute joyeuse ; car elle avait compris qu’elle gagnait plus à la seconde partie qu’à la première.

Réservons à l’Église de raconter, en la Légende, jusqu’où notre Sainte fut amenée par l’efficacité de ces divines leçons touchant la souffrance. Dans les tortures surhumaines de sa dernière maladie, elle répondait à qui l’exhortait au courage : « Ce que je demande à mon Époux, c’est qu’il ne cesse point de me brûler des ardeurs les plus cuisantes, jusqu’à ce que je sois pour lui le fruit mûr qu’il daigne recevoir de cette terre à sa table des deux ». Et comme on s’étonnait alors de sa sécurité, de sa certitude d’aller directement au paradis, elle dit avec feu cette autre parole qui montre aussi tout un aspect de son âme : « Moi, j’ai un Époux qui peut ce qu’il y a de plus grand, qui possède ce qu’il y a de plus rare ; et je ne me vois pas n’espérant de lui que de petites choses ».

Confiance bien justifiée par l’infinie bonté, les assurances et les prévenances du Seigneur à l’égard de Rose. Elle n’avait que trente et un ans, lorsque, au milieu de la nuit qui ouvrait la fête de saint Barthélémy de l’année 1617, elle entendit le cri : Voici l’Époux [4] ! Dans Lima, dans tout le Pérou, dans l’Amérique entière, des prodiges de conversion et de grâce signalèrent le trépas de l’humble vierge, inconnue jusque-là du grand nombre. « Il fut attesté juridiquement, dit le Pontife suprême [5], que, depuis la découverte du Pérou, aucun missionnaire ne s’était rencontré qui eût produit pareil ébranlement d’universelle pénitence ». Cinq ans plus tard, était dédié ce monastère de Sainte-Catherine-de-Sienne qui devait continuer au milieu de Lima l’œuvre de sanctification, d’assainissement, de défense sociale, et qu’on appelait le monastère de Rose, parce qu’elle en était en effet devant Dieu la fondatrice et la mère. Ses prières en avaient obtenu l’érection qu’elle avait prédite pour après sa mort, désignant d’avance le plan, les religieuses futures, la première supérieure, qu’elle investit un jour prophétiquement de son esprit dans un embrassement plein de mystère.

Patronne de votre patrie de ce monde, veillez sur elle toujours. Justifiez sa confiance, dans l’ordre même de la vie présente, en la défendant des tremblements de terre dont les secousses promènent l’effroi sur ses rivages, des commotions politiques dont sa récente indépendance s’est vue si cruellement éprouvée. Étendez votre action tutélaire aux jeunes républiques qui l’avoisinent, et qui elles aussi vous honorent ; ainsi que votre terre natale, protégez-les contre le mirage des utopies venues de notre vieux monde, contre les entraînements, les illusions de leur propre jeunesse, contre les sectes condamnées qui finiraient par ébranler jusqu’à leur foi toujours vive. Enfin, Rose aimée du Seigneur, souriez à l’Église entière que ravissent aujourd’hui vos charmes célestes. Comme elle, nous voulons tous courir à l’odeur de vos parfums [6].

[2] Psalm. LXXXIV, 11.

[3] Prov. VIII, 30-31.

[4] Matth. XXV, 6.

[5] Bulle de canonisation.

[6] Collecte de la fête, ex Cant. I, 3.


http://deojuvante.forumactif.org/t320-sainte-rose-de-lima

Le même jour

Saints Félix et Adauctus, martyrs (vers 303)

Missel a écrit:Félix et Adauctus sont deux martyrs de la persécution de Dioclétien; ils sont enterrés au cimetière de Commodille, sur la Voie d'Ostie aux portes de Rome.

The Acts, first published in Ado's Martyrology, relate as follows: Felix, a Roman priest, and brother of another priest, also named Felix, being ordered to offer sacrifice to the gods, was brought by the prefect Dracus to the temples of Serapis, Mercury, and Diana. But at the prayer of the saint the idols fell shattered to the ground. He was then led to execution. On the way an unknown person joined him, professed himself a Christian, and also received the crown of martyrdom. The Christians gave him the name Adauctus (the Latin word for "added"). They were both beheaded.

http://deojuvante.forumactif.org/t967-saints-felix-et-adauctus-martyrs
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Message  gabrielle Dim 31 Aoû 2014, 6:40 am

Le 31 août

Saint Raymond Nonnat, confesseur

Leçons des Matines avant 1960. a écrit:Raymond a été surnommé Nonnat, en raison d’un fait contraire aux lois ordinaires de la nature : sa mère étant morte avant de le mettre au monde, il fallut lui ouvrir le sein pour amener l’enfant à la lumière. Issu d’une pieuse et illustre famille, il vit le jour à Portel en Catalogne. Dès son enfance, il donna des marques de sa future sainteté. Étranger aux divertissements de son âge, insensible aux attraits du monde, il se donnait tellement à la piété, que tous admiraient dans cet enfant une vertu déjà mûre. En avançant en âge, il s’appliqua à l’étude des lettres ; mais bientôt, sur l’ordre de son père, il se retira à la campagne, où il visitait souvent une petite chapelle dédiée à saint Nicolas, aux environs de Portel, pour y vénérer une image de la sainte Vierge ; image que les fidèles continuent d’entourer encore aujourd’hui d’une très grande vénération. Là, se répandant en prières, il suppliait constamment la Mère de Dieu de l’adopter pour son fils, de daigner lui enseigner la voie du salut et la science des Saints.

La Vierge très clémente ne repoussa point sa demande ; car elle fit comprendre à Raymond, qu’il lui serait très agréable de le voir entrer dans l’ordre de la Merci ou du rachat des captifs, récemment fondé d’après son inspiration. Aussitôt cet avertissement reçu, il se rendit à Barcelone et embrassa cet institut, voué à une œuvre si excellente de charité envers le prochain. Enrôlé dans cette sainte milice, il garda toujours la virginité, qu’il avait déjà consacrée à Marie. Il se signala également par la pratique des autres vertus et surtout par sa charité envers les Chrétiens qui, tombés au pouvoir des païens, traînaient une vie misérable dans la captivité. Envoyé en Afrique pour racheter ces malheureux, il en délivra un grand nombre, et se constitua comme otage pour ne pas voir ceux qui restaient, faute de rançon, courir le risque d’apostasier. Mais comme, enflammé du zèle le plus ardent pour le salut des âmes, il réussit, par ses prédications à convertir à Jésus Christ un certain nombre de Musulmans, les barbares le jetèrent dans un étroit cachot, et le soumirent à différents supplices : il endura notamment le cruel martyre d’avoir les lèvres percées et tenues fermées par un cadenas de fer.

Ces choses, et d’autres actions pleines de courage, lui firent de tous côtés la réputation d’un saint et portèrent Grégoire IX à lui donner une place dans le sacré Collège des Cardinaux de la sainte Église romaine ; mais l’homme de Dieu, conservant dans cette dignité l’horreur qu’il avait de la pompe et du luxe, ne cessa de pratiquer strictement l’humilité religieuse. Il se mit en route pour aller à Rome, mais à peine arrivé à Cordoue il tomba dangereusement malade, et demanda instamment à être muni des sacrements de l’Église. La maladie s’aggravant et le Prêtre tardant à venir, Raymond reçut le saint viatique par le ministère des Anges, qui lui apparurent sous l’aspect de religieux de son Ordre. L’ayant reçu, il rendit grâces à Dieu, et s’en alla au Seigneur le dernier dimanche d’août, l’an douze cent quarante. Une discussion s’étant élevée au sujet du lieu de sa sépulture, son corps, enfermé dans un cercueil, fut placé sur une mule aveugle, qui le transporta, non sans une permission de Dieu à la chapelle de saint Nicolas, pour qu’il fût enseveli au lieu même où Raymond avait jeté les premiers fondements de sa très sainte vie. Un couvent de son Ordre, fut bâti en cet endroit et les fidèles y affluent de toutes les parties de la Catalogne, pour s’acquitter de leurs vœux en venant honorer le Saint, dont la gloire y est manifestée par différentes sortes de miracles et de choses merveilleuses.

http://deojuvante.forumactif.org/t28-saint-raymond-nonnat-cardinal-1204-1240-31-aout#97
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Message  gabrielle Lun 01 Sep 2014, 7:58 am

Le Ier septembre

Saint Gilles, abbé

http://deojuvante.forumactif.org/t29-saint-gilles-ou-egide-abbe-640-720-1er-septembre ( vous y trouverez sa biographie )

et

Les douze frères martyrs de Bénévent.

Dom Guéranger a écrit:Bénévent nous présente douze frères martyrs, originaires de la terre africaine, et qui triomphèrent en divers lieux, mais dont la réunion dans ses murs fait aujourd'hui sa gloire. Unissons-nous à la prière que l'Eglise fait monter vers Dieu en l'honneur de cet admirable groupe de héros.
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Message  gabrielle Mar 02 Sep 2014, 6:52 am

Le 2 septembre

Saint Etienne, roi, confesseur



Leçons des Matines avant 1960 a écrit:Etienne introduisit en Hongrie la foi chrétienne et le titre de roi. Après avoir obtenu du souverain Pontife la couronne royale, et avoir été sacré par son ordre, il fit hommage de son royaume au Siège apostolique. Sous l’inspiration d’une piété, et avec une munificence admirables, il fonda à Rome, à Jérusalem et à Constantinople, divers établissements hospitaliers ; en Hongrie, l’archevêché de Strigonie et dix évêchés. Vénérant le Christ lui-même dans les pauvres, Etienne était également plein d’amour et de libéralité pour eux, et jamais il n’en renvoya un seul sans l’avoir consolé et secouru. Bien plus, après d’immenses sommes distribuées pour soulager leur indigence, on le vit souvent donner aussi, avec une bénignité extrême, le mobilier de son palais Il avait coutume de laver de ses mains les pieds aux pauvres, d’aller la nuit, seul et sans se faire connaître, visiter les hôpitaux, servir les malades et accomplir tous les autres devoirs de la charité ; c’est en témoignage de ses vertus que sa main demeura sans corruption, lorsque son cadavre fut tombé en poussière.

Son amour de la prière l’amenait à veiller des nuits presque entières ; et pendant qu’il avait l’esprit fixé dans la contemplation des choses célestes, il advint qu’on le vit ravi en extase et élevé de terre. Par le secours de l’oraison, il échappa plus d’une fois miraculeusement aux conspirations des méchants et aux attaques d’ennemis puissants. De son mariage avec Gisèle de Bavière, sœur de l’empereur saint Henri, il eut un fils nommé Emeric, qu’il éleva avec tant de vigilance et une si solide piété, que, dans la suite, la sainteté remarquable de ce prince en fut la conséquence et la preuve. Etienne sut si bien conduire les affaires de son royaume, qu’il s’entoura d’hommes d’une prudence et d’une sainteté consommées, et ne décida jamais rien sans leur avis. Sous la cendre et le cilice il demandait à Dieu, par de très humbles prières, la grâce de voir, avant de mourir, la Hongrie tout entière acquise à la foi catholique. Son grand zèle à propager la foi lui valut d’être appelé l’apôtre de cette nation et le souverain Pontife l’autorisa, ainsi que ses successeurs, à faire porter la croix devant eux.

Animé d’une ardente dévotion envers la Mère de Dieu, il construisit une vaste église en son honneur, et l’établit patronne de la Hongrie. En retour, la Vierge Marie l’introduisit au ciel le jour même de son Assomption, que les Hongrois appellent le jour de la Grande Souveraine, d’après une institution de ce saint roi. Quand il fut mort, son corps répandit une odeur suave et une liqueur céleste. Le Pontife romain voulut qu’on le transférât dans un lieu plus digne de lui, où on l’ensevelit avec beaucoup d’honneur. Cette translation fut accompagnée de nombreux miracles de tous genres. Le jour de sa fête a été fixé, par le souverain Pontife Innocent XI, au quatre des nones de septembre, en mémoire d’une victoire éclatante : celle que l’armée de Léopold, empereur des Romains et roi de Hongrie, remporta à la même date sur les Turcs, leur reprenant, avec le secours de Dieu, la ville de Budapest.

http://deojuvante.forumactif.org/t31-saint-etienne-istvan-roi-de-hongrie-977-1038-2-septembre#102
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Message  gabrielle Mer 03 Sep 2014, 8:03 am

Le 3 septembre

Saint Pie X, pape

Le Pape Pie X, nommé auparavant Joseph Sarto, naquit dans un village de Vénétie, appelé Riese. Il fut admis comme élève au séminaire de Padoue et ordonné prêtre ; vicaire à Tombolo, puis curé de Salzano, ensuite chanoine à Trévise et chancelier de la Curie épiscopale, il se distingua par une telle sainteté que Léon XIII le mit à la tête de l’Église de Mantoue. Ne négligeant aucun des devoirs du bon pasteur, il se préoccupa vivement de la bonne formation de la jeunesse appelée à l’héritage du Seigneur ; il favorisa la splendeur du culte divin et le développement des associations pieuses ; il soulagea l’indigence des pauvres par une charité débordante. Recommandé par tant de mérites, il fut mis au nombre des cardinaux et créé patriarche de Venise. Après la mort de Léon XIII, malgré une vaine résistance, il dut accepter, comme une croix, le Souverain Pontificat. Placé sur la chaire de saint Pierre, il ne changea rien à son genre de vie antérieur. Il resplendit surtout par l’humilité, la simplicité et la pauvreté. Il gouverna l’Église avec fermeté et la fortifia par des initiatives remarquables. Gardien très vigilant de la foi, il condamna et détruisit le modernisme, rendez-vous de toutes les hérésies ; ardent défenseur de la liberté de l’Église, il résista courageusement à ceux qui voulaient y porter atteinte ; il veilla à une solide formation du clergé ; il rassembla les lois de l’Église en un seul corps ; il développa beaucoup le culte de l’Eucharistie et la communion fréquente. Épuisé par les travaux et accablé de douleur à cause de la guerre qui avait éclaté en Europe, il s’envola vers la patrie céleste, le 20 août 1914. Pie XII le mit au nombre des saints.

http://deojuvante.forumactif.org/t84-saint-pie-x#564
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Message  gabrielle Ven 05 Sep 2014, 6:55 am

Le 5 septembre

Saint Laurent Justinien, évêque et confesseur

Leçons à Matines, avant 1960

Laurent, né à Venise de l’illustre famille des Justinien, montra dès son enfance une très grande gravité de mœurs. Les pratiques d’une piété fervente sanctifièrent son adolescence, et l’appel de la Sagesse divine ayant convié son âme aux chastes fiançailles du Christ, il s’appliqua à connaître dans quel institut religieux il se consacrerait à Dieu. Voulant donc se préparer en secret à cette nouvelle milice, il se mit, entre autres mortifications, à coucher sur des planches nues. Un jour qu’il considérait, d’une part les plaisirs du monde et une alliance négociée par sa mère à son intention, et d’autre part les rudes austérités du cloître, il jeta les yeux sur la croix du Christ souffrant et s’écria : « C’est vous, Seigneur, qui êtes mon espérance, et c’est en vous que se trouve la consolation et la force. » Laurent dirigea ses pas vers la communauté des Chanoines de Saint-Georges in Alga, où, ingénieux à trouver de nouveaux moyens de se mortifier, il engagea contre lui-même le plus opiniâtre des combats, comme s’il se fût agi de son ennemi le plus redoutable. Ne s’accordant aucune satisfaction, il s’interdit même l’entrée du jardin de la maison paternelle, et ne franchit jamais le seuil de cette demeure, si ce n’est pour remplir auprès de sa mère mourante les derniers devoirs de la piété, ce qu’il fit sans verser de larmes. Égal à son esprit de pénitence se montrait son zèle pour la pratique de l’obéissance, de la douceur et surtout de l’humilité, qui lui faisait rechercher les emplois les plus abjects du monastère, mendier dans les endroits les plus fréquentés de la ville, en y recueillant moins de vivres que de moqueries, et supporter, impassible et silencieux, les injures ainsi que les calomnies. C’était principalement dans une oraison assidue, où souvent l’extase le ravissait en Dieu, que s’enflammait la grande ardeur dont son cœur brûlait, ardeur telle qu’elle excitait à la persévérance les frères chancelants et les embrasait d’amour pour Jésus-Christ

Désigné par Eugène IV pour occuper le siège épiscopal de Venise, Laurent fit tous ses efforts pour décliner cette dignité, dont il remplit les devoirs d’une manière digne des plus grands éloges. Il ne changea absolument rien à son genre de vie accoutumé ; conserva dans ses repas, ses meubles et son coucher, la même pauvreté qu’il avait toujours pratiquée et ne prit qu’un petit nombre de domestiques, disant qu’il possédait une grande famille, les pauvres du Christ. A quelque heure du jour qu’on l’abordât, il était tout à tous, prodiguant à chacun sa charité paternelle et n’hésitant même pas à se charger de dettes pour venir en aide à l’indigence du prochain. Quand on lui demandait sur quoi il comptait : « Sur mon Seigneur, qui pourra facilement acquitter mes dettes, répondait-il. » Sa confiance n’avait jamais été trompée par la divine Providence, comme le montraient les secours inespérés qui lui arrivaient. Il construisit plusieurs monastères de vierges, qu’il forma par sa vigilance à la pratique de la vie parfaite, s’appliqua avec grand soin à arracher les dames aux pompes du siècle et à la vanité des parures, et n’apporta pas moins d’ardeur à la réforme de la discipline et des mœurs dans le clergé, se montrant digne assurément d’être proclamé par le Pape Eugène III, devant les Cardinaux, la gloire et l’honneur de l’épiscopat, et d’être nommé par Nicolas V, son successeur, le premier Patriarche de Venise, quand ce titre eut été transféré de Grado dans cette cité.

Favorisé du don des larmes, Laurent offrait chaque jour au Dieu tout-puissant l’hostie de propitiation. Une fois même, la nuit de la Nativité du Seigneur, en accomplissant les saints Mystères, il mérita de contempler Jésus-Christ sous la forme d’un gracieux petit enfant. Si grande était l’efficacité de ses prières pour le troupeau confié à ses soins, que la République devait son salut à l’intercession et au mérite de son Pontife, d’après un témoignage qu’en a rendu le ciel. Doué de l’esprit prophétique, il prédit plusieurs fois des événements qu’on ne pouvait humainement prévoir. Ses prières eurent souvent pour effet de guérir les malades et de chasser les démons. Il composa des ouvrages remplis d’une doctrine toute céleste et respirant la piété, bien qu’il sût à peine les règles du style. Enfin une maladie mortelle étant venue l’atteindre, comme ses domestiques lui préparaient un lit plus commode pour un vieillard et pour un malade, il refusa des soulagements qui lui semblaient trop contraster avec la très dure croix sur laquelle avait expiré son Seigneur, et voulut qu’on le déposât sur sa couche habituelle. Puis voyant sa fin approcher, il leva les yeux au ciel, et dit ces paroles : « Je vais à vous, ô bon Jésus. » Et le huitième jour du mois de janvier, il s’endormit dans le Seigneur. Sa mort fut précieuse devant Dieu. Ce qui le prouve ce sont les concerts angéliques entendus par des religieux Chartreux ; c’est aussi la conservation de son saint corps, qui demeura dans toute son intégrité et sans trace de corruption, exhalant une odeur suave, conservant un visage vermeil, durant plus de deux mois qu’il resta sans sépulture ; ce sont enfin les nouveaux miracles qui suivirent cette mort. En considération de ces prodiges, le souverain Pontife Alexandre VIII l’inscrivit au nombre des Saints, et Innocent XII fixa la célébration de sa Fête au cinq septembre, jour où le Saint était monté sur la chaire épiscopale.

http://deojuvante.forumactif.org/t562-saint-laurent-justinien-5-septembre
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Message  gabrielle Lun 08 Sep 2014, 7:22 am

Le 8 septembre

Nativité de la Vierge Marie

Sermon de S. Augustin, Evêque.

Nous voici, mes très chers frères, au jour désiré, le jour de la bienheureuse et vénérable Marie, toujours vierge. Que notre terre, illustrée par la naissance d’une telle Vierge, se livre donc aux plus joyeux transports. Car elle est cette fleur des champs, d’où est sorti le précieux lis des vallées ; et c’est par son enfantement que le sort de nos premiers parents a été changé, et leur faute effacée. La sentence de malédiction prononcée contre Eve : « C’est dans la douleur que tu mettras au monde tes enfants, » Marie ne l’a point subie, puisque c’est dans la joie qu’elle a enfanté le Seigneur.

Eve a gémi, Marie a tressailli d’allégresse ; Eve a porté dans son sein un fruit de larmes, et Marie un fruit de joie, attendu que l’une a enfanté un pécheur, et l’autre l’Innocent. La mère du genre humain a introduit le châtiment dans le monde, la Mère de notre Seigneur a apporté le salut. Eve a été la source du péché, et Marie, la source du mérite. Eve nous a été funeste, elle nous a donné la mort ; Marie nous a fait du bien, elle nous a rendu la vie. Celle-là nous a blessés, celle-ci nous a guéris. La désobéissance a été remplacée par l’obéissance, et l’incrédulité par la foi.

Que Marie touche maintenant les instruments d’harmonie, et que les doigts agiles de la Vierge-Mère frappent les tambourins sonores. Que nos chœurs joyeux lui répondent, et que le doux concert de nos voix alterne avec ses mélodieux cantiques. Écoutez donc ce que chanta notre musicienne inspirée : « Mon âme glorifie le Seigneur, et mon esprit a tressailli d’allégresse en Dieu mon Sauveur ; parce qu’il a regardé l’humilité de sa servante ; et voici que toutes les générations me diront bienheureuse ; car celui qui est puissant m’a fait de grandes choses. » Ainsi donc le prodige d’un enfantement tout nouveau a remédié à une faute qui nous avait perdus, et le chant de Marie a mis fin aux lamentations d’Eve.

http://deojuvante.forumactif.org/t655-naissance-de-la-sainte-vierge
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Message  gabrielle Mar 09 Sep 2014, 7:45 am

Hier, 8 septembre, j'ai oublié

St Adrien, martyr


Leçon des Matines avant 1960 a écrit:
Adrien, persécutant les Chrétiens à Nicomédie, sur l’ordre de l’empereur Maximien, avait souvent admiré avec quelle constance ils confessaient leur foi et enduraient les tourments ; vivement ému par ce spectacle, il se convertit au christianisme. Ayant été pour cette raison jeté en prison avec vingt-trois autres Chrétiens, il y reçut la visite de son épouse Natalie, qui était déjà chrétienne et qui l’enflamma de l’ardent désir du martyre. Tiré de sa prison, il fut flagellé jusqu’à ce que ses entrailles se répandissent au dehors. Enfin, après avoir eu les jambes rompues, les mains et les pieds coupés, il termina heureusement son combat, en compagnie d’un grand nombre de ses frères.

9 septembre

Saint Gorgon, martyr


Leçon des Matines, avant 1960 a écrit: Gorgon était né à Nicomédie. Officier de la maison de l’empereur Dioclétien, il convertit à la foi du Christ, avec l’aide de Dorothée son collègue, tous les autres serviteurs du palais impérial. Un jour qu’ils assistaient l’un et l’autre aux tortures cruelles infligées à un Martyr en présence de Dioclétien, ils sentirent s’allumer en leur cœur le désir du martyre. Et tous deux s’adressant à l’empereur : « Pourquoi, lui dirent-ils, ne punir que celui-là, puisque nous méritons d’être condamnés comme lui ? Sa foi est aussi la nôtre et nous imiterons sa constance. » Aussitôt l’empereur ordonne qu’on les charge de chaînes, qu’on les flagelle jusqu’à ce que tout leur corps ne soit plus qu’une plaie, et que l’on répande sur leurs blessures du vinaigre mêlé de sel. Puis il commande de les attacher sur un gril et de les placer sur des charbons ardents. Enfin, après des tourments variés, ils moururent sur le gibet. Plus tard, le corps de saint Gorgon fut transporté à Rome et enseveli entre les deux Lauriers, sur la voie Latine ; mais on le transféra dans la basilique du prince des Apôtres, sous le pontificat de Grégoire IV.

http://deojuvante.forumactif.org/t968-saint-gorgon-martyr#13344
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Message  gabrielle Mer 10 Sep 2014, 6:32 am

Le 10 septembre

Saint Nicolas de Tolentino, confesseur

Né vers 1245, mort en 1310, canonisé en 1446, fête au calendrier universel en 1585.


Leçons des Matines avant, 1960 a écrit:Nicolas, dit de Tolentino, à cause de son long séjour dans cette localité, naquit à Saint-Ange, ville de la Marche d’Ancône, de parents recommandables par leur piété. Ceux-ci, dans un voyage qu’ils avaient fait à Bari, pour accomplir un vœu en vue d’obtenir des enfants, avaient reçu de saint Nicolas l’assurance qu’il leur naîtrait un fils ; et ce fils leur ayant été accordé, ils lui imposèrent le nom du Saint. Dès l’âge le plus tendre, l’enfant donna l’exemple de vertus nombreuses, et surtout d’abstinence, car à peine âgé de sept ans, à l’imitation du bienheureux Nicolas lui-même, il commença à jeûner plusieurs fois la semaine, coutume qu’il conserva dans la suite, en se contentant de pain et d’eau.

N’étant encore qu’adolescent, il s’enrôla dans la milice ecclésiastique et fut pourvu d’un canonicat. Un jour qu’il assistait au sermon qu’un prédicateur de l’Ordre des Ermites de saint Augustin faisait sur le mépris du monde, il en fut touché, et sur-le-champ il entra dans cet Ordre. Il y observa les préceptes de la vie religieuse dans leur plus rigoureuse exactitude, portant des habits grossiers, domptant son corps par des disciplines et des chaînes de fer, s’abstenant de viande et presque de toute nourriture, pratiquant dans un degré éminent la charité, l’humilité, la pénitence et toutes les vertus.

Bien que Satan le fatiguât de ses ruses jusqu’à le frapper, l’assiduité de son application à la prière ne connut pas de défaillance. Toutes les nuits, durant les six derniers mois de son existence, il entendit des concerts angéliques dont la suavité lui faisait pressentir les joies du paradis et l’amenait à répéter fréquemment ces paroles de l’Apôtre : « Il me tarde de mourir pour être réuni au Christ. » Il prédit à ses frères le jour de sa mort, qui fut le quatre des ides de septembre. Des miracles nombreux, même après sa mort, rendirent son nom illustre. Ces miracles ayant été judiciairement et régulièrement constatés, le Pape Eugène IV le plaça au nombre des Saints.

http://deojuvante.forumactif.org/t969-saint-nicolas-de-tolentino#13345
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Message  gabrielle Jeu 11 Sep 2014, 8:47 am

Le 11 septembre

Saint Prote, saint Hyacinthe , martyrs

Légende dorée de Jacques de Voragine a écrit:Prote et Hyacinthe furent, en raison de leur illustre noblesse chez les Romains, attachés à la maison de la fille de Philippe, nommée Eugénie (qui est fêtée au 25 décembre, jour de son martyre), et ses émules dans l’étude de la philosophie. Le sénat avait confié à ce Philippe la préfecture d'Alexandrie où il conduisit avec lui Claudia, sa femme, Avitus et Sergius, ses fils, et Eugénie, sa fille.

Or, Eugénie avait atteint la perfection dans la science des lettres et des arts libéraux ; Prote et Hyacinthe, qui avaient étudié avec elle, possédaient aussi toutes les sciences dans le plus haut degré. Parvenue à l’âge de quinze ans Eugénie fut demandée en mariage par Aquilin, fils du consul Aquilin. Eugénie lui dit : " Quand on doit faire choix d'un mari, il faut moins s'attacher à la naissance qu'à la bonne conduite."

Les livres qui renferment la doctrine de saint Paul lui étant tombés entre les mains, elle commença à devenir chrétienne au fond du coeur.

Il était à cette époque permis aux chrétiens d'habiter dans les environs d'Alexandrie, et il arriva que Eugénie, allant à une maison de campagne comme pour se délasser, entendit les chrétiens qui chantaient :
" Omnes du gentium daemonia, Dominas autem caelos fecit " (Ps. XCV). (" Tous les dieux des nations sont des démons ; mais le Seigneur est le créateur des cieux ").

Alors elle dit aux jeunes Prote et Hyacinthe qui avaient étudié avec elle :

" Nous nous sommes livrés à une étude scrupuleuse des syllogismes des philosophes, mais les arguments d'Aristote, les idées de Platon, les avis de Socrate, en un mot, les chants des poètes, les maximes des orateurs et des philosophes sont effacés par cette sentence ; je ne dois qu'à une puissance usurpée le titre de votre maîtresse, mais la science m’a faite votre sœur, soyons donc frères et suivons Jésus-Christ."

Cette résolution leur plaît ; elle prend alors des habits d'homme, et vient au monastère dont le chef Hélénus ne permettait l’entrée à aucune femme. Cet Igélénus, dans une discussion avec un hérétique, n'ayant pu détruire la force des arguments qu'on lui opposait, fit allumer un grand feu afin que celui qui ne serait pas brûlé fût reconnu comme ayant la croyance véritable. Ce qui fut fait ; Hélénus entra le premier dans le feu d'où il sortit sain et entier ; mais l’hérétique ne voulant pas y entrer fut chassé par tous.

Or, Eugénie s'étant présentée à Hélénus et ayant dit qu'elle était un homme : " Tu as raison, lui répondit Hélénus, de te dire homme, car bien que tu sois une femme, tu te comportes comme un homme ".

Dieu en effet lui avait révélé son sexe. Elle reçut donc de ses mains, avec Prote et Hyacinthe, l’habit monastique et se fit appeler frère Eugène. Quand le père et la mère d'Eugénie virent son char revenir vide à la maison, ils en furent contristés et firent partout chercher leur fille, sans pouvoir la trouver. Ils interrogent des devins pour savoir ce qu'elle était devenue ; ceux-ci leur répondent qu'elle est transportée par les dieux parmi les astres. En conséquence son père fit élever une statue à sa fille qu'il commanda à tous d'adorer. Quant à Eugénie, elle persévéra avec ses compagnons dans la crainte de Dieu, et fut choisie pour gouverner la communauté après la mort du supérieur.

Il se trouvait alors à Alexandrie une matrone riche et noble du nom de Mélancie (Mélas, veut dire noir) que sainte Eugénie avait délivrée de la fièvre quarte en lui faisant des onctions avec de l’huile au nom de Jésus-Christ. Pour cette raison, Mélancie envoya beaucoup de présents à Eugénie qui ne les accepta point. Or, cette matrone, dans la conviction que frère Eugène était un homme, lui faisait de trop fréquentes visites. En voyant sa bonne grâce, sa jeunesse et la beauté de son extérieur, elle brûla d'amour pour lui et se tourmenta l’esprit pour trouver le moyen d'avoir commerce ensemble. Alors feignant une maladie, elle envoya le prier de venir chez elle pour la voir. Quand il fut arrivé, elle lui déclara comment elle était éprise d'amour pour lui, elle lui exposa ses désirs et le pria d'avoir commerce avec elle.

Aussitôt elle le saisit, l’embrasse, le baise et l’exhorte à commettre le crime. Frère Eugène, rempli d'horreur de ces avances, lui dit : " C'est à juste titre que tu portes le nom de Mélancie : tu es remplie de noirceur et de perfidie ; tu es une noire et obscure fille des ténèbres, une amie du diable, un foyer de débauche, une soeur d'angoisses sans fin et une fille de mort éternelle ".

Mélancie se voyant déçue, dans la crainte qu'Eugène ne publiât le crime, voulut le découvrir la première et se mit à crier qu'Eugène a voulu la violer. Elle alla trouver le préfet Philippe et elle porta plainte en ces termes : " Un jeune homme perfide qui se dit Chrétien est venu chez moi pour me guérir ; il entre, se jette sur moi et veut me faire violence : si je n'avais été délivrée par le moyen d'une servante qui était dans l’intérieur de ma chambre, il m’eût fait partager sa débauche ".

Le préfet, à ce récit, fut enflammé de colère, et avait envoyé une multitude d'appariteurs, il fit prendre Eugène et les autres serviteurs de Jésus-Christ, qu'on avait chargés de chaînes : il fixa un jour où ils devaient tous être livrés aux morsures des bêtes.

Puis les ayant fait venir devant lui, il dit à Eugènie :

" Dis-moi, infâme scélérat, si votre Christ vous a enseigné, pour doctrine, de vous livrer à la corruption et d'oser attenter avec une impudente rage à la vertu des matrones ?"

Eugénie, qui conservait la tète baissée pour ne pas être reconnue, répondit :

" Notre-Seigneur a enseigné la chasteté et a promis la vie éternelle à ceux qui gardent la virginité. Nous pouvons montrer que cette Mélancie commet un faux témoignage ; mais il vaut mieux que nous souffrions, plutôt qu'elle soit punie après avoir été convaincue ; nous perdrions alors le fruit de notre patience. Toutefois qu'elle amène la servante qu'elle dit avoir été témoin de notre crime afin que par ses aveux les mensonges puissent être réfutés."

Cette femme fut amenée, et comme elle avait été endoctrinée par sa maîtresse, elle ne cessait de prétendre contre Eugène qu'il avait voulu violer sa dame. Tous les gens de la maison, qui avaient été également corrompus, attestaient qu'il en était ainsi ; alors Eugénie dit: " Le temps de se taire est passé et le temps de parler est arrivé : je ne veux pas qu'une impudique charge d'un crime les serviteurs de Jésus-Christ et que la fausseté soit glorifiée. Or, afin que la vérité l’emporte et que la sagesse triomphe de la malice, je démontrerai la vérité sans être mue par la vanité mais par la gloire de Dieu."

En disant ces mots, elle déchira sa tunique depuis sa tète jusqu'à la ceinture, et alors on vit qu'elle était une femme, puis elle dit au préfet : " Tu es mon père, Claudia est ma mère ; ces deux jeunes gens qui sont assis avec toi, Avitus et Sergius, ce sont mes frères ; je suis Eugènie ta fille ; ces deux-ci, c'est Prote et Hyacinthe." A ces mots, le père qui commençait à reconnaître sa fille se jeta dans ses bras pour l’embrasser ainsi que la mère, en versant un torrent de larmes.

Eugènie est aussitôt revêtue de ses habits couverts d'or et portée aux nues. Le feu du ciel tomba sur Mélancie et la consuma avec les siens. Ce fut ainsi qu'Eugénie convertit à la foi de Jésus-Christ. son père, sa mère, ses frères et toute sa famille ; de telle sorte que le père, ayant été cassé de sa dignité, fut ordonné évêque par les chrétiens, et fut tué par les infidèles après avoir persévéré dans le bien; Claudia retourna à Rome avec ses deux fils et Eugénie et ils y convertirent beaucoup de personnes à Jésus-Christ. Or, Eugénie, par l’ordre de l’empereur, fut attachée à une grosse pierre et précipitée dans le Tibre ; mais la pierre s'étant brisée, Eugénie marchait saine et sauve sur les eaux. Alors elle est jetée dans une fournaise ardente ; mais la fournaise s'éteignit et devenait pour la martyre un lieu de rafraîchissement. Ensuite elle est renfermée dans un cachot obscur, mais une lumière toute resplendissante rayonnait pour elle ; et après avoir été laissée dix jours sans nourriture, le Sauveur lui apparut et lui dit eu lui présentant un pain très blanc : " Reçois cette nourriture de Ma main ; Je suis ton Sauveur, que tu as aimé de toute l’étendue de ton esprit ; le jour que Je suis descendu sur la terre, Je te prendrai moi-même ".

En effet, au jour de la naissance du Seigneur, un bourreau est envoyé lui couper la tête. Elle apparut ensuite à sa, mère et lui prédit qu'elle la suivrait. le dimanche après. Quand arriva le dimanche, Claudia s'étant mise en prières, rendit l’esprit.

Prote et Hyacinthe ayant été traînés au temple des idoles, brisèrent la statue en faisant une prière, et comme ils ne voulaient pas sacrifier, ils accomplirent dans la suite leur martyre en ayant la tête coupée. Or, ils pâtirent sous Valérien et Gallien, vers l’an du Seigneur 256 (262 selon les découvertes ultérieures à la rédaction de la Légende dorée de Jacques de Voragine et exposées dans les Petits bollandistes).

http://deojuvante.forumactif.org/t970-saints-prote-et-hyacinthe-martyrs#13347

Leur histoire est entrecoupée avec celle de Sainte Eugénie, je ne la connais pas, sans doute est-elle mentionnée dans les Brévaires d'avant ou les Bollandistes
gabrielle
gabrielle

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Date d'inscription : 25/01/2009

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