SAINT THOMAS D'AQUIN .. PARMI LES PLUS GRANDS POÈTES ENFANTÉS PAR LE CHRISTIANISME ..

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Message  Roger Boivin Dim 14 Juil 2013, 2:36 pm


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CHAPITRE IX


HOMMAGES DE LA POÉSIE, DE L'ÉLOQUENCE ET DE LA PEINTURE

Tripliciter sol refulgens radiis suis.
ECCL., XLIII, 4.

Soleil au triple rayonnement.

Saint Thomas, le prince de la théologie, ne mérite-t-il pas un rang spécial parmi les plus grands poètes enfantés par le christianisme et inspirés par lui ?...

Nous l'avons vu, nul n'a chanté plus admirablement que notre saint la merveille par excellence, l'ineffable résumé de toutes les merveilles, la divine Eucharistie. Chanter l'amour de Dieu, du Dieu caché, anéanti, pour mieux se donner à l'homme ; chanter le mémorial de l'infinie tendresse comme l'aurait fait un séraphin sur sa lyre d'or, n'est-ce pas mériter, sans conteste, toutes les palmes de la poésie, de cette poésie sacrée qui l'emporte incomparablement sur toute poésie profane, par la sublimité des sujets qu'elle traite, la grandeur des sentiments qu'elle inspire ?

Mais pourquoi rappeler un seul des chefs-d’œuvre de Thomas d'Aquin pour démontrer qu'il est poète ? Il l'est dans toutes ses œuvres, il l'est essentiellement par son génie. Ce n'est pas le rythme qui fait le poète, a dit le régulateur du Parnasse latin, c'est le génie, c'est le sens du divin, c'est une voix forte pour annoncer les grandes choses, c'est le souffle énergique des paroles et l'élévation du sujet.

« A cette mesure, écrit Mgr Landriot, saint Thomas est un grand poète ; il a le sens du divin à un degré éminent ; ce qu'il traite ne saurait être plus élevé, et ses paroles dans leur simplicité ont une puissance que personne ne révoque en doute. M. de Humboldt disait du langage poétique : « qu'il devait jaillir du pressentiment de cette harmonie mystérieuse qui existe entres les mondes visible et invisible.» Or, qui a mieux compris le rapport de ces deux mondes que saint Thomas ? Qui a mieux senti la liaison, la dépendance continuelle des deux sphères de la création et de l'éternité ? Pour rendre sensibles les vérités les plus hautes, il les incarne dans une simple comparaison, et il laisse ainsi la vérité dérouler facilement ses gerbes d'or aux yeux de ses lecteurs. On dirait un musicien qui dans le silence de la pensée écoute les lois de l'éternelle mélodie, et les traduit sur les cordes d'un instrument matériel. C'est lui qui a formulé cette loi merveilleuse, clef de tout le symbolisme : « Les raisons des choses qui existent en Dieu sous une forme intellectuelle sont écrites, dans la création, sous une forme sensible.» Ainsi Dieu, l'éternel géomètre, l'éternel poète, a écrit une partie de ses pensées en caractères grandioses sur toute la nature matérielle ; et le poète est celui qui lit et qui fait lire aux autres cette écriture gigantesque. Saint Thomas a dit encore : « La création est la voix du Verbe, et toutes les créatures sont comme un chœur de voix qui répètent le même Verbe.» Or, qu'est-ce que contenir en soi le feu de la poésie, sinon posséder ce génie qui entend avec une exquise pénétration les harmonies divines du fini et de l'infini, et qui les redit comme il les sent ? et nul ne l'a fait en un langage plus magnifique que saint Thomas. »
SAINT THOMAS D'AQUIN, PATRON DES ÉCOLES CATHOLIQUES --
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Message  Roger Boivin Lun 15 Juil 2013, 12:58 pm

La poésie appelle la poésie.

Ce souffle puissant qui circule dans tous les traités du maître, en particulier dans sa Somme théologique, a fait surgir autour de la mémoire du saint, autour de son tombeau lui-même, des chantres d'une verve intarissable.

« Parmi les nombreux écrits à la louange du prince des théologiens, il existe, dit Echard, un poème commençant par ces mots : A teneris annis... Dès ses tendres années.»

Un Frère Prêcheur composait, au XVIIe siècle, un abrégé de la Somme sur le rythme du Lauda Sion. Vers le même temps, un savant Jésuite, le P. Aubry, consacrait sept cent vingt-cinq vers latins à la description du mausolée splendide, élevé à la gloire du Docteur angélique, dans l'église des Dominicains de Toulouse. Un autre savant Jésuite du même siècle, le P. Labbe, résumait les mérites et les gloires de saint Thomas dans un éloge poétique demeuré célèbre et souvent reproduit.

Mais le plus bel hommage offert par la poésie à notre glorieux patron, nous le devons au chantre immortel de Florence : Dante Alighieri.

Après avoir, pendant sa jeunesse, étudié la philosophie à Florence, à Bologne et à Padoue, Dante, disent ses biographes, vint à Paris, dans un âge déjà  mûr, et s'adonna à la sainte théologie. Il y acquit une telle renommée qu'on l'appelait indistinctement le poète, le philosophe et le théologien. Même il soutint une thèse publique sur quatorze questions, qu'il défendit avec grand applaudissement contre les plus fameux professeurs de l'université.

Alighieri fréquenta les écoles dominicaines et fit une sérieuse étude des doctrines de saint Thomas. On en peut établir la preuve dans sa prédilection marquée pour le grand docteur, auquel il consacre quatre magnifiques chants de son Paradis, mais plus encore dans la comparaison de son poème avec la Somme de théologie.

Des savants modernes ont mis en regard avec une fidélité scrupuleuse les articles de la Somme et les stances du poète sur Dieu, l'ange, l'homme, le dogme chrétien ; ils sont arrivés à cette conclusion : sous une forme différente la Somme théologique et la Divine Comédie ne sont qu'un seul et même livre, à savoir le poème de l'âme qui, après avoir expié sa faute, marche à la conquête de la félicité éternelle.

Symbolisée par Virgile, la philosophie morale avait pu aisément conduire le chantre florentin à travers les cercles affreux de l'Enfer, et le diriger ensuite, non sans quelque peine, par les sentiers fatigants de la montagne du Purgatoire ; mais la raison humaine aies ailes trop courtes pour tenter un plus haut vol. Qui donc désormais guidera l'explorateur des régions célestes ?

Sur la cime du Purgatoire, Dante suppose un plateau vaste et délicieux : c'est le Paradis terrestre. Là doit venir le prendre le messager divin, chargé de l'introduire dans la céleste Jérusalem. A l'approche de ce messager, une clarté extraordinaire illumine toute la forêt, et une suave harmonie, mêlée au bruissement des feuilles, résonne au milieu de cette atmosphère resplendissante. Tout à coup s'avancent avec une majestueuse lenteur sept candélabres ardents, laissant derrière eux une traînée lumineuse ; puis vingt-quatre vieillards couronnés de lis, et une foule de personnages vêtus de blanc. Alors paraît, escorté des Vertus théologales et des Vertus cardinales formant un gracieux chœur de danse à droite et à gauche, et suivi des docteurs de l’Église latine, un char triomphal, traîné par un coursier symbolique. Au-dessus, des anges répandent les roses à pleines mains et font entendre des cantiques de félicitation.

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Message  Roger Boivin Lun 15 Juil 2013, 1:07 pm


Ecoutons le poète :

Non seulement Rome ne fêta jamais d'un char si beau Scipion l'Africain, ni même Auguste ; mais auprès de celui-ci, pauvre serait le char du Soleil.
Dans un nuage de fleurs qui s'élevait des mains des anges et retombait sur le char et au dehors ;
Couronnée d'olivier sur un voile blanc, m'apparut une femme couverte d'un manteau vert, et sa robe avait la couleur d'une vive flamme.


L'être mystérieux, assis sur le char entre saint Paul et saint Luc, relève son voile, et Dante reconnaît... Béatrix.

Naturellement on croirait que cette douce apparition n'est autre que la vertueuse fille de Foulques Portinari ; le poète se charge de nous donner lui-même l'interprétation du symbole :

Béatrix figure la science divine, resplendissant de toute la lumière de son objet, qui est Dieu.

Béatrix, c'est donc la sainte Théologie ; la théologie, telle que Dante l'a apprise dans les doctes volumes de Thomas d'Aquin. Bientôt même il oubliera Béatrix pour converser avec Thomas d'Aquin en personne. Dès ce moment, le Docteur angélique prend le rôle principal, et dans le Paradis du poète, il remplit l'office de l'ange de l'Apocalypse qui se présente à saint Jean, et le conduit en esprit dans la Jérusalem céleste, pour en mesurer avec une verge d'or les admirables proportions.

Création vraiment originale, le Paradis de Dante comprend des myriades de corps lumineux, peuplés d'êtres intelligents, d'où s'élèvent incessamment des cantiques d'amour, de louange et de bénédiction vers l'auteur de toutes ces merveilles. Assurément c'est ici que les cieux racontent la gloire de Dieu.

Après avoir visité diverses planètes, Dante, avec sa divine conductrice, est porté par un nouvel élan de charité jusqu'au soleil. Dans les Écritures le soleil est le tabernacle de l’Éternelle Sagesse ; il est également, d'après le poète, le séjour des sages qui ont illuminé le monde de leurs doctrines.

La vue de ces grands esprits réjouit son âme : il les voit, ornés d'une clarté qui leur est propre, resplendir au-dessus d'une mer lumineuse, comme de petites flammes légères, puisse ranger en forme de couronnes, composées chacune de douze d'entre eux, et, dans des ravissements, des extases et des chœurs de musique, se renvoyer mutuellement la lumière, la joie et l'amour dont ils sont pénétrés.

Placé au centre de l'une de ces couronnes, et s'enivrant des douceurs de leurs harmonies, Dante cherche du regard s'il lui serait donné de reconnaître quelqu'un de ces sages. Son cœur lui dit que dans le nombre doit être Thomas d'Aquin. Le saint a compris la pensée du poète ; il vient à lui :

Tu voudrais savoir de quelles fleurs se compose cette couronne de bienheureux, qui considère avec amour la belle dame qui t'a fait monter jusqu'au ciel ;
Je fus l'un des agneaux du saint troupeau que Dominique mène par un chemin où l'on s'engraisse certainement, si l'on ne court après la vanité.
Le plus proche de ma droite fut mon frère et mon maître : c'est Albert de Cologne, et je suis Thomas d'Aquin.
Si tu désires être renseigné sur tous les autres, suis ceux que ma parole t'indiquera, en jetant tes regards sur chacune des lumières dont est formée cette couronne bienheureuse.


Alors le saint docteur lui désigne les âmes de Gratien, de Pierre Lombard, de Salomon, de saint Denys l'Aréopagite, de Paul Orose, de Séverin Boèce, de saint Isidore, du vénérable Bède, de Richard de Saint-Victor et de Suger. Puis la couronne des bienheureux reprend sa danse mystique et ses chants :

Avec une mesure et une douceur qu'on ne peut connaître que là où la jouissance devient éternelle.

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Message  Roger Boivin Lun 15 Juil 2013, 1:18 pm

Cependant Alighieri continue de s'entretenir avec saint Thomas, et lui propose quelques doutes. L'angélique docteur trouve ainsi l'occasion de décrire une des époques les plus étonnantes qu'ait vues l'histoire de l’Église et de la civilisation : le XIIIe siècle, mélange de nobles aspirations et de douloureuses épreuves. Partout la lutte, dans les idées comme dans les mœurs, dans la vie publique comme au foyer de la famille ; l’Église est battue en brèche par le césarisme et l'hérésie : moment suprême ! Comment sortira-t-elle de cette tourmente ?

La Providence qui gouverne le monde avec une sagesse où tout regard humain est vaincu bien avant d'en voir le fond,
Pour faire marcher vers son Bien-Aimé l’Épouse de celui qui, avec une clameur puissante, s'unit à elle par son sang béni,
Choisit en sa faveur deux princes qui, marchant à ses côtés, lui servissent de guides.
L'un fut séraphique par son ardeur ; l'autre, par sa sagesse, fut sur terre un rayon de la lumière des chérubins.


En ces deux princes, Dante a reconnu François d'Assise et Dominique de Gusman, envoyés au monde pour apaiser les discordes de la famille humaine, et guider l’Église dans l'accomplissement de sa divine mission. Ici saint Thomas entonne un hymne triomphal au patriarche des Mineurs, et un instant après, délicate pensée ! saint Bonaventure fait un non moins splendide éloge du patriarche des Prêcheurs. Les deux fondateurs, avec des moyens différents, tendent à la même fin : ils figurent la vie contemplative et la vie active, la vie intérieure et la vie extérieure de l’Église. François d'Assise est montré sur la cime des Apennins, levant les mains au ciel, comme un autre Moïse, pour rendre Dieu propice aux preux chevaliers qui, sous les ordres de Dominique, nouveau Josué, combattent au pied des monts les ennemis du Seigneur.

Après les louanges décernées aux fondateurs des deux grands ordres mendiants, Dante, bien loin de prendre congé de saint Thomas, cherche par de nouvelles questions à le retenir longtemps encore. Il imagine qu'aux paroles du grand docteur, les belles couronnes d'âmes qui l'entourent resplendissent d'une plus pure lumière et tressaillent d'une joie plus vive. Elles s'évanouissent enfin en chantant, et le poète quitte l'Ange de l'école, non sans inviter tous les amis de la science à célébrer la gloire de son illustre Maître.
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Message  Roger Boivin Lun 15 Juil 2013, 1:28 pm

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Inspirateur de la poésie, qui lui rend en hommages ce qu'elle a reçu de lui, Thomas d'Aquin est-il aussi l'inspirateur de l'éloquence ?

Pour traiter à fond cette question pleine d'intérêt, il faudrait un volume. Mais, fidèle à la loi que nous nous sommes prescrite, la brièveté, nous nous bornerons à jeter ici quelques pensées sommaires, trop heureux de fournir aux jeunes étudiants des cours de rhétorique et d'éloquence, matière à l'exercice de leurs talents.

Sans parler autrement que pour en faire mémoire, des éloquents panégyriques que saint Thomas inspire, au retour de sa fête, à d'illustres évoques et à de savants docteurs de nos universités catholiques, est-il des orateurs sur le génie desquels l'Ange de l'école ait exercé une influence réelle et féconde ?

Quand on prononce le mot d'éloquence chrétienne, tout aussitôt un nom se présente à la pensée : celui de Bossuet. Bossuet est chez nous, Français, la personnification de l'éloquence sacrée, peut-être pourrait-on dire, de l'éloquence sans restriction. Cet immortel génie empruntait aux Pères de l’Église, à Tertullien surtout, sa vigoureuse diction. Mais à qui demandait-il ces pensées profondes, ces aperçus immenses qui vous saisissent à la lecture des sermons ou des oraisons funèbres ? Après saint Augustin, à saint Thomas. N'oublions pas d'ailleurs que la doctrine du Docteur angélique n'est autre que la doctrine du Docteur de la grâce, qui elle-même est celle de l'Apôtre des nations.

Bossuet, nous l'avons dit, avait étudié au collège de Navarre la Somme de saint Thomas. S'étonnera-t-on qu'il en ait exploité les richesses, et que son génie ait su revêtir des formes de la plus riche éloquence les grandes et nobles pensées du prince de la théologie ? Faut-il un témoignage ? Bossuet lui-même nous le fournit. Dans quelques-uns de ses discours, il jette parfois cette exclamation qui vaut à elle seule tout un panégyrique : « C'est le grand saint Thomas qui me l'apprend.» L'aigle de Meaux s'élevait donc sur les ailes de l'Ange de l'école, pour atteindre ces hauteurs où nous l'admirons.

L’Espagne possède, elle aussi, son Bossuet : le vénérable Louis de Grenade, dont les œuvres faisaient les délices de saint François de Sales et de saint Charles Borromée. Est-il besoin de dire que Louis de Grenade était fidèle disciple et interprète éloquent du Docteur angélique, en même temps que son Frère par la profession religieuse ?

La douce éloquence de saint François de Sales lui-même possède une force latente qu'on ne saurait méconnaître. Quel en est le secret ? Serait-ce témérité de croire qu'exact à lire chaque jour un ou plusieurs articles de la Somme, le saint évêque de Genève s'est imprégné des pensées solides du grand docteur ?

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Message  Roger Boivin Lun 15 Juil 2013, 6:24 pm


De nos jours, la chaire a retenti des accents d'une éloquence toute nouvelle.

L'élite de la France a entendu tour à tour la voix puissante et autorisée des Lacordaire, des Félix, des Monsabré !...

Lacordaire ! « Étudiez ses conférences, s'écriait Mgr Landriot dans un brillant discours, étudiez ses conférences, et vous verrez que très souvent c'est la pensée de saint Thomas qui en fait la principale beauté. Disciple du maître, il s'est enrichi de la grandeur du fond, il a perfectionné les détails de la forme.» Qui ne connaît l'admirable panégyrique prononcé parle P. Lacordaire, en 1852, devant le chef de saint Thomas, à Toulouse ? Comme il est manifeste que « cette tête sublime, cette tête qui en a illuminé tant d'autres », illuminait celle du grand orateur ! Écoutons :

« Qu'ils sont rares, ces hommes, mortels comme nous, qui ont entendu la voix de la vérité dans toutes ses sphères, depuis le murmure qu'elle produit dans l'atome jusqu'à l'harmonie qu'elle fait tomber des lèvres de Dieu, et qui, paisibles possesseurs de ce concert, l'ont redit à notre oreille avec une puissance digne de notre âme, de l'univers et de Dieu même ! Tel fut saint Thomas d'Aquin. Il était né prince. De là, tout d'un coup et par un seul bond, il s'élança, jeune encore, à l'autre extrémité des choses humaines, il revêtit l'habit de moine mendiant... Prince, moine, disciple, il pouvait monter sur le trône de la science divine ; il y monta en effet, et depuis six siècles qu'il y est assis, la Providence ne lui a point encore envoyé de successeur ni de rival. Il est demeuré prince comme il était né, solitaire comme ; il s'était fait, et la qualité seule de disciple a disparu en lui, parce qu'il est devenu le maître de tous... Trahi par une hospitalité trop admiratrice, son corps n'avait point été rendu aux supplications de son ordre ; il attendait là depuis un siècle les décisions de l’Église et la gloire paisible d'un tombeau selon son cœur.

« Ici, mes frères, mes entrailles s'émeuvent, car ce tombeau si longtemps attendu, ce tombeau si envié de tout un siècle, ces restes que se sont disputés tant de villes fameuses et les nations elles-mêmes, les voici présents ! Je les vois, je les touche, j'y applique mes lèvres enivrées du parfum qui s'en échappe et qui ne s'est point épuisé au feu de tant de vénération !

« O reliques sacrées, dont j'avais tant désiré l'approche, c'est bien vous ; je vous reconnais à ces voûtes qui tressaillent de m'entendre vous louer, à ces solennités dont vous êtes l'objet, aux joies et aux certitudes intérieures que vous donnez de vous...»

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Message  Roger Boivin Lun 15 Juil 2013, 6:52 pm


Lisons maintenant cette page du P. Félix, détachée de la première conférence sur le Progrès de l'intelligence par l'harmonie de la raison et de la foi : harmonie si bien comprise par l'éminent Jésuite à l'école de saint Thomas :

« Ah! si vous voulez contempler dans une rare figure l'agrandissement que peut donner à l'intelligence humaine cette alliance féconde de la raison et de la foi, de la philosophie et de la théologie, je vous dirai : Regardez saint Thomas d'Aquin, la plus haute représentation du Verbe de Dieu dans un homme ; saint Thomas d'Aquin, le génie de la raison et de la foi éclairé par le double rayonnement du Verbe créateur et du Verbe incarné, et en faisant rejaillir sur les deux mondes de l'intelligible les divines clartés ; saint Thomas d'Aquin, Ange de l'école, oracle de la théologie, maître dans la philosophie, faisant parler l'une et l'autre dans la langue la plus catholique et la plus rationnelle, la plus profonde et la plus claire, la plus pleine et la plus précise, en un mot, la plus angélique qu'il soit possible d'imaginer ; parole, par sa lumière tranquille et par sa céleste sérénité, la plus rapprochée du Verbe même de Dieu.

« Le voyez-vous d'ici, cet homme incomparable qui s'est levé au sommet de nos âges chrétiens pour réfléchir la lumière du Christ, comme la coupole de nos grandes cathédrales, les rayons du soleil ? Je l'aperçois au centre même de cette cité, sur les hauteurs de la science et dans le plus vaste épanouissement de son intelligence, montrant à l’Église qui l'envoie, à la science qui l'écoute, aux siècles qui l'admirent, ce que peuvent pour l'agrandissement d'un homme la raison et la foi se rencontrant ensemble dans les splendeurs d'un même génie : sa théologie à sa droite, sa philosophie à sa gauche, lui au milieu, aussi hardi philosophe que profond théologien, face à face avec le monde chrétien et le monde païen, aussi illuminé de foi que rayonnant d'intelligence, montrant ces deux chefs-d’œuvre de la pensée et lui-même plus grand que ces chefs-d’œuvre, il dit, en jetant à toutes les incrédulités et à tous les rationalismes ses invincibles défis : « Je suis la synthèse humaine de la philosophie et de la théologie ; je suis l’agrandissement de l'intelligence de l'homme par le Verbe de Dieu ; je suis l'harmonie de la raison et de la foi!...»

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Message  Roger Boivin Lun 15 Juil 2013, 6:58 pm


A la voix puissante qui vient de nous parler a succédé, dans la même enceinte, une autre voix non moins sympathique.

Depuis nombre d'années, se presse, à chaque Carême, autour de la chaire de Notre-Dame, une assistance choisie de prêtres, de religieux, d'hommes du monde, avides d'entendre l'exposition du dogme chrétien, et par cet enseignement de préparer leurs âmes aux luttes de la vie.

« Théologien éloquent, ardent et enflammé, écrit un appréciateur judicieux, l'orateur a reconnu, avec les vrais savants de ce siècle, que la plus grande plaie qu'il faut guérir, avant toutes les autres, c'est l'ignorance religieuse et l'affaiblissement du sens chrétien ; il a voué sa vie apostolique à vulgariser l'enseignement de la Somme théologique de saint Thomas d'Aquin. Missionnaire en même temps plein de compassion pour les pauvres pécheurs, il a vu que dans la pratique des doctrines théologiques il s'agit de l'application du sang de Jésus-Christ sur les âmes. Et ce merveilleux problème de l'application du sang de Jésus-Christ a percé son cœur ; il l'a étudié, médité avec intelligence, avec fermeté, avec une infinie confiance en la miséricorde de Dieu. Aussi l'a-t-il résolu selon les doctrines les plus douces, les plus modérées, les plus favorables aux pécheurs touchés de repentir. »

Ainsi, commentée du haut de la chaire avec une diction sobre, facile, lumineuse, convaincante, la Somme théologique est comme ces monuments publics dont les grandes lignes architecturales, un soir de fête, paraissent tout en feu aux yeux de la multitude émerveillée. Qu'on relise les Conférences sur les sacrements, et spécialement celles du Carême de 1884 sur la divine Eucharistie, et qu'on nous dise si c'est franchir les limites du vrai que de tirer cette conclusion : chaque année, Notre-Dame de Paris entend résonner sous ses voûtes les accents de Thomas d'Aquin s'exprimant par la bouche de son Frère, de son éloquent disciple, le R. P. Monsabré.

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Message  Roger Boivin Lun 15 Juil 2013, 7:03 pm


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Après la poésie et l'éloquence, la peinture : elle aussi parle un langage propre à éveiller dans l'âme les plus nobles, les plus religieux sentiments. Saint Thomas d'Aquin a-t-il exercé son influence sur la peinture, et la peinture lui en a-t-elle été reconnaissante ? Le lecteur va en juger.

Bien que ne venant pas au premier rang dans la classification des beaux-arts, la peinture, grâce aux ressources dont elle dispose et à l'avantage de fixer ses œuvres, possède plus qu'aucun autre le secret de représenter le beau.

Qu'est-ce que le beau ?

L'auteur de la Somme théologique, auquel nous sommes redevables de tant de sublimes aperçus, en a-t-il donné une définition ?

Constamment appliqué à l'étude du vrai et du bien, saint Thomas ne pouvait manquer de considérer le beau, qui jaillit de l'un et de l'autre. Sa théorie esthétique est à la fois des plus simples et des plus lumineuses.

« Pour la beauté, dit-il, trois choses sont requises :

« 1° L'intégrité de l'objet, sans quoi il n'y a pas de perfection ;

« 2° La proportion et la correspondance des parties, d'où résulte l'harmonie de l'ensemble ou l'unité ;

« 3° La splendeur, qui consiste, pour les objets visibles, dans des couleurs gaies et vives, et qui, dans les concepts rationnels et les actes humains, n'est autre que l'irradiation de la raison elle-même.

« Ces trois propriétés se trouvent au suprême degré dans le Verbe de Dieu, origine et source de toute beauté.

« En effet, comme Fils, le Verbe possède dans toute son intégrité la même nature que le Père. En même temps, il en est l'image absolument parfaite ; saint Paul l'appelle la figure de sa substance. Enfin, en tant que Verbe, il est la splendeur de l'intelligence du Père, ou, selon saint Paul encore, la splendeur de sa gloire. »

Cette admirable définition, donnée par le Docteur angélique, est à la fois objective et subjective : objective, parce qu'elle nous montre dans le Verbe la beauté substantielle, éternelle et immuable, qui, en se reflétant sur les créatures, les rend belles de sa propre splendeur ; subjective, par l'énumération des qualités qui, présentées simultanément à nos yeux, constituent la beauté, savoir : l'intégrité, la proportion ou correspondance des parties, et la splendeur.

Le prince de la théologie embrasse dans sa définition le beau naturel et le beau surnaturel, le beau à tous les degrés, et fait remonter jusqu'à l'archétype de la beauté éternelle, le Verbe divin.

Ainsi son esthétique a ceci de particulier qu'elle soulève l'artiste comme dans un mouvement ascensionnel, le fait passer de la considération de la beauté créée et finie, à celle de la beauté incréée et infinie, agit sur toutes les puissances de son
âme auxquelles elle communique un merveilleux essor.

L'esthétique de Thomas d'Aquin laisse donc bien loin la théorie du réaliste, lequel, n'attribuant à l'art d'autre fin que d'imiter la nature, cherche le beau hors de soi, uniquement dans les objets qui l'entourent. Elle ne s’arrête pas à la théorie de l'idéaliste, qui cherche le beau en soi-même, c'est-à-dire dans ce qui reste en l'homme de sa beauté primordiale, et essaie de la reconstituer, telle qu'elle était avant la chute. L'esthétique de notre docteur s'élance plus haut, et cherche le beau... en Dieu lui-même ! Toutefois elle ne répudie pas l'élément sensible et naturel, mais elle associe avec suavité le naturel au surnaturel, le sensible à l'intelligible, l'idée à la forme, l'esprit à la matière.


SAINT THOMAS D'AQUIN, PATRON DES ÉCOLES CATHOLIQUES --
par le R. P. Fr. Charles-Anatole JOYAU des Frères Prêcheurs -- 1887 :


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Message  Roger Boivin Lun 15 Juil 2013, 7:47 pm


En se tenant à la doctrine du Docteur angélique, l'art, et en particulier la peinture, prend un caractère éminemment mystique et religieux. Les éléments sensibles : dessin, couleur, clair-obscur, géométrie, perspective, tout en restant à son service, deviennent secondaires, subordonnés à des lois d'un ordre beaucoup plus élevé, que l'art naturel n'enseigne pas, mais qu'il faut déduire des sentiments intimes de l'âme et d'un fond propre de vertu.

A cette théorie féconde puisa ses inspirations, durant de longues années, la peinture italienne, qui n'a de rivale sous aucun ciel. Mais, parmi cette phalange d'artistes fidèles aux principes de saint Thomas, nul ne se pénétra davantage de son esprit que son frère en Religion, le B. Giovanni de Fiesole, surnommé Fra Angelico. Si parfois il est inférieur à ses émules pour la perfection du dessin, le relief des figures, l'ordonnance des groupes, du moins excelle-t-il à donner aux saints et aux anges une expression vraiment céleste. Aucun peintre assurément n'observe mieux cette règle d'esthétique chrétienne posée par notre saint Docteur : Plus une forme est belle, plus elle échappe aux chaînes de la matière pour la dominer par sa vertu. Les peintures de Fra Angelico sont des méditations, des extases, des visions, des scènes non de la terre, mais du paradis. En les contemplant, on adore, on prie, on partage les sentiments du pieux artiste qui ne peignait qu'à genoux le Christ et sa Mère.

Fra Angelico, par excellence peintre de l'intuition, marque le point le plus lumineux de l'art chrétien. Après lui commence la réaction, le domaine de la forme sur l'âme, puis celui de la matière sur la forme, devenu enfin le réalisme ou positivisme moderne. Qu'on ne s'étonne pas de ces transformations en sens rétrograde. Quand avec la Renaissance, et, peu après, le protestantisme, on vit le doute et l'erreur se substituer à la foi sincère et orthodoxe, inévitablement devaient se dessécher les vraies sources de l'inspiration, celles qui avaient fourni aux anciens artistes tant d'immortels chefs-d’œuvre.

De nos jours, en France, sauf d'honorables exceptions, l'art suit la voie d'un positivisme purement matériel. Chaque année, en rendant compte du Salon, qui offre aux amis du beau les productions nouvelles du talent artistique, la presse honnête, après avoir rendu justice au mérite, se voit contrainte de protester contre les aberrations d'une école pour laquelle l'idéal esthétique s’arrête à la forme corporelle, au lieu d'atteindre la beauté de l'âme se reflétant sur le visage de l'homme, ou mieux, selon la doctrine du Docteur angélique, la splendeur du Verbe divin illuminant toutes les créatures de son éternelle beauté.

Ne craignons pas de l'affirmer : c'est en revenant aux principes d'esthétique chrétienne donnés par Thomas d'Aquin, que les beaux-arts reprendront leur éclat, et exerceront une influence salutaire sur les individus et les sociétés.

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Message  Roger Boivin Lun 15 Juil 2013, 8:58 pm


Mais il est temps de voir comment la peinture a payé au Maître le tribut de la reconnaissance. Ne pouvant contempler les uns après les autres les monuments presque sans nombre de sa gratitude, arrêtons-nous seulement devant les plus remarquables et les plus célèbres.

Dans la chapelle des Espagnols, à Santa-Maria-Novella de Florence, le pinceau de Taddeo Gaddi, élève du Giotto, a représenté Thomas d'Aquin au milieu des anges, soutenu de l'autorité des prophètes et des évangélistes, et foulant aux pieds les ennemis de la foi : Arius, Sabellius, Averroës.

A Sainte-Catherine de Pise, un tableau de Traïni, disciple d'Orcagna, montre le saint recevant de Notre-Seigneur des flots de lumière, qu'il transmet à un auditoire composé de religieux, d'évêques, de cardinaux et même de souverains pontifes.

Fra Angelico, dont les chefs-d’œuvre décorent le cloître de Fiesole et le couvent de Saint-Marc à Florence, reproduit avec une complaisance marquée la figure de saint Thomas. Qui n'a entendu parler du Couronnement de la Vierge, ravissante toile que possède le musée du Louvre, et dans laquelle se trouve, au milieu d'un groupe de saints, une des plus belles têtes du Docteur angélique qu'ait su produire un pinceau d'artiste ?

Disciple du précédent, Benozzo Gozzoli, dans une composition exécutée pour le Dôme de Florence, et transportée au musée du Louvre, traite avec plus d'ampleur encore que Gaddi et Traïni le triomphe de Thomas d'Aquin.

Au centre, saint Thomas est assis dans une gloire circulaire, et tient ses ouvrages en mains. A ses côtés, Aristote et Platon prètent l'oreille, et sous ses pieds est étendu Guillaume de Saint-Amour, le fameux adversaire des ordres mendiants. Au bas du tableau le pape Alexandre IV, assis sur son trône, condamne le libelle des Périls des derniers temps, en présence de saint Bonaventure, du bienheureux Albert le Grand, des cardinaux Jean des Ursins et Hugues de Saint-Cher, et d'autres personnages historiques. Dans la partie supérieure, Jésus-Christ se penche vers son docteur et semble lui dire les paroles qu'on lit au-dessous : « Tu as bien écrit de moi, Thomas. » Autour du Fils de Dieu sont rangés saint Paul, dont l'Ange de l'école a commenté les épîtres, Moïse, dont il a expliqué la loi figurative, et les évangélistes, qu'il a interprétés par les textes des Pères dans sa Chaîne d'or.

A Rome, dans l'église de la Minerve, se voit une des œuvres les plus remarquables du peintre florentin Filippino Lippi : la Dispute de saint Thomas d'Aquin, terme synonyme en Italie de discussion théologique.

Assis sur une estrade que domine un édicule construit et décoré dans le goût du XVe siècle, saint Thomas tient d'une main le livre où il a formulé sa doctrine ; de l'autre, il montre le corps d'un hérétique, gisant à ses pieds. La Théologie, la Philosophie et deux figures symboliques siègent aux côtés du saint docteur. Au premier plan, Averroës, Arius et divers hérésiarques l'écoutent dans des attitudes confuses, et semblent avouer leur défaite. Pour n'avoir pas le mérite de l'originalité, cette composition ne laisse pas de présenter beaucoup de variété et de richesse d'exécution.
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Message  Roger Boivin Mar 16 Juil 2013, 8:12 am


Enfin le génie de Raphaël rend à son tour hommage au génie de Thomas d'Aquin. Au Vatican, dans la Chambre de la Signature, se voit la fameuse. Dispute du Saint Sacrement. Debout près d'un autel où est exposée l'Hostie sainte, le Docteur eucharistique, la main sur la poitrine et le visage plein d'une majestueuse autorité, semble affirmer sa foi, au milieu d'une brillante assemblée d'autres docteurs.

Parmi les productions plus modestes, mais non moins pieuses, de l'iconographie de saint Thomas, nous signalerons aux élèves de nos collèges chrétiens une charmante gravure éditée par Besnard de Tours, et faite tout exprès pour eux. Elle porte en titre latin :

Saint Thomas, docteur angélique, patron céleste toutes les écoles catholiques.

Assis dans sa chaire, la tête couverte du bonnet de docteur, saint Thomas a l'attitude du maître qui enseigne. Les traits de son visage sont empruntés au chef-d’œuvre de Fra Angelico. Le soleil brille sur sa poitrine. A côté de lui est un livre posé sur une table, avec le crucifix, son oracle et son plus sublime panégyriste. Au fond de la vignette, deux arcades laissent voir d'un côté un grand fleuve formé par la pluie du ciel, symbole de la doctrine céleste et fécondante de saint Thomas d'Aquin, et allusion au texte qui lui fut miraculeusement indiqué pour son principe de doctorat. De l'autre côté, une lumière surnaturelle éblouit les ennemis de la ville sainte et porte la confusion dans leur camp, symbole de la perturbation que jettent les lumineux écrits du saint docteur parmi les adversaires de la foi catholique, et allusion en même temps au texte cité par le célèbre Gilles de Rome, comme nous l'avons vu au chapitre septième du livre second.

Quant aux gravures qui ornent ces pages, gravures appartenant à l'école flamande et tirées d'un recueil publié à Anvers en 1610, elles serviront à faire pénétrer plus avant dans l'esprit des jeunes gens chrétiens les phases principales de la vie de leur saint patron.

En tête du volume nous avons placé la gravure d'une nouvelle statue de saint Thomas d'Aquin. Œuvre d'un artiste distingué, M. H. Louis-Noël, cette statue, fort remarquée au Salon de 1886, à été exécutée pour le couvent d'études des Dominicains de la Province de France, à Corbara, Corse.

Puisse la vue de cette image inspirer la dévotion et la joie spirituelle que procurait, au témoignage de Fr. Euphranon de Salerne, la vue du saint lui-même ; puisse aussi chacun de nos lecteurs entendre un jour, de la^bouche de Jésus, ces consolantes paroles : « Par les œuvres de ta vie, tu as bien écrit de moi ! »

FIN DU CHAPITRE


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