Le Saint Concile de Trente
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Re: Le Saint Concile de Trente
Discussion sur le point de savoir
si l’on commencerait par le dogme ou par la réforme.
On décide de traiter à la fois des deux choses.
(suite)
L'opinion qu'on ne devait pas préférer les règlements de discipline aux discussions de foi prévalut donc tellement que quelques-uns allèrent jusqu'à dire que, si une de ces deux matières devait se différer pour céder le pas à l'autre, il serait plus convenable de commencer exclusivement par la foi.
Mais la raison qui convainquit le plus fortement de la nécessité d'embrasser les deux matières en même temps, ce fut la considération des derniers mots prononcés à Worms, à la fin de la diète précédente. On y avait dit que, dans le cas où, à l'époque de la diète suivante, indiquée pour être tenue prochainement à Ratisbonne, on n'aurait pas l'espérance de recevoir de la part du concile un remède convenable à l'un et à l'autre mal, on y pourvoirait au moyen d'une assemblée impériale. On ne pouvait donc pas négliger l'un ou l'autre sans s'exposer au danger de voir les laïques en prendre soin, au grand applaudissement des hérétiques et à la honte de l'Église, dont la paix serait troublée. D'autres résolutions moins importantes furent arrêtées dans cette congrégation.
Le Pape voulait d'abord que le concile s'occupât exclusivement de la foi, dans la crainte qu'à propos de réforme quelques esprits brouillons ne vinssent renouveler à Trente la confusion de Bâle, et de fait l'évêque de Fiésole était un peu de ce caractère ; mais, quand il sut comment les choses s'étaient passées, Paul III acquiesça au parti qu'on avait pris1.
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1 Pallavicin, 1, 6, c, 7 et 8.
A suivre : Troisième session. Discours du Dominicain Antoine Polite. Profession de foi de tout le concile.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
Troisième session.
Discours du Dominicain Antoine Polite.
Profession de foi de tout le concile.
La troisième session eut lieu le 4 février 1546; Pierre Tagliava, archevêque de Palerme, chanta la messe; le sermon fut prononcé en latin par le frère Antoine Polite, de Sienne. Ce Dominicain, d'abord professeur de droit civil dans le siècle, y avait eu le premier légat pour disciple ; nommé ensuite évêque de Minori, il devint enfin archevêque de Conza. Sa dévotion pour la sainte de son pays et de son ordre lui fit prendre le nom de Catharin ; il est resté célèbre dans l'école, où pourtant on admire plus son génie qu'on ne suit sa doctrine.
Il commence par bénir le Père des miséricordes qui lui avait enfin donné de voir ce concile si longtemps attendu; mais il n'est pas encore sans inquiétude. « Plus le concile doit faire de bien, plus Satan lui suscitera d'obstacles. Le Seigneur vous en prévient en disant à Pierre : « Simon, Simon, voici que Satan vous a demandés à cribler comme du froment; mais moi j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point ; lors donc que tu seras converti confirme tes frères. » Tout cela vous regarde, ô saint concile, car dans un sens spirituel vous êtes Pierre, puisque celui qui tient les clefs de Pierre est au milieu de vous comme votre chef. Prenez donc garde au cribleur. En criblant le sénat apostolique il en gagna un sur douze. L'Église est un corps dont le chef est Jésus-Christ, de qui le vicaire en terre est Paul III. Qui n'est pas sous le chef n'est pas dans le corps ; qui méprise le vicaire méprise le Seigneur; il est tombé du crible et n'appartient plus au Christ, mais à Satan. Craignez donc, pendant la secousse, de tomber du crible. Voyez Pierre lui-même ; il dit d'abord avec assurance : « Quand il me faudrait mourir avec vous je ne vous renierai point; » et bientôt il le renie en tremblant à la voix d'une servante.
Mes Pères, l'esprit du mal a encore deux servantes bien à craindre. Vous demandez lesquelles? La première n'est pas loin de chacun de nous, c'est à chacun sa propre chair; la seconde est la convoitise de la gloire humaine, l'ambition, la mère et la nourrice de tous les hérétiques ; car, enflée de sa présomption magistrale, elle ne sait ni écouter, ni se taire, ni apprendre, mais brûle d'enseigner toujours et de parler. »
L'orateur prémunit ensuite les Pères contre la crainte des puissances du siècle…
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
Troisième session.
Discours du Dominicain Antoine Polite.
Profession de foi de tout le concile.
(suite)
L'orateur prémunit ensuite les Pères contre la crainte des puissances du siècle, qui voudraient abuser du concile pour leurs intérêts particuliers, et leur rappelle ce précepte du Seigneur : « Ne craignez point ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent davantage; mais craignez celui qui, après avoir tué le corps, peut envoyer l'âme dans la géhenne du feu; je vous le dis, craignez celui-là 1. »
Après ce discours eut lieu la solennelle profession de foi par tout le concile.
Nous avons vu que les apôtres, avant de se séparer pour marcher à la conquête spirituelle du monde, dressèrent le Symbole ou abrégé de la foi qu'ils allaient prêcher à toutes les nations. C'est la substance de ce que Dieu a dit à nos pères, par les patriarches et les prophètes, et enfin par son propre Fils. Ce Symbole, chaque fidèle le récitait devant l'évêque à son baptême, chaque martyr ou confesseur devant le tribunal des persécuteurs. Lorsque l'hérésie arienne attaque la doctrine de ce Symbole, l'Église, à peine sortie des catacombes et portant encore les stigmates de la persécution, se rassemble à Nicée ; là elle explique, développe et sanctionne ce symbole héréditaire, comme la loi inviolable de la foi, de l'espérance et de la charité chrétienne, que pendant trois siècles elle n'a cessé d'arroser de son sang. Douze siècles plus tard, lorsqu'une nouvelle hérésie reproduit presque toutes les anciennes, l'Église de Dieu leur oppose cette même profession de foi comme un bouclier impénétrable aux traits enflammés de l'ennemi.
L'archevêque de Sassari lut donc le décret suivant du symbole de la foi : …
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1 Labbe, t. 14, col. 1000.
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
Troisième session.L'archevêque de Sassari lut donc le décret suivant du symbole de la foi :
Discours du Dominicain Antoine Polite.
Profession de foi de tout le concile.
(suite)
« Au nom de la sainte et indivisible Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit;
« Le saint et sacré concile de Trente, œcuménique et général, légitimement assemblé dans le Saint-Esprit, les trois mêmes légats du Siège apostolique y présidant ; considérant la grandeur et l'importance des choses à traiter, et principalement ces deux points capitaux, l'extirpation des hérésies et la réformation des mœurs, qui ont particulièrement donné lieu à cette assemblée, et reconnaissant avec l'Apôtre qu'il n'a point à combattre contre la chair et le sang, mais contre les esprits de malice dans les régions célestes 2 ; il exhorte avec le même Apôtre tous et chacun en particulier, ayant toutes choses, à mettre leur force et leur confiance au Seigneur et en la puissance de sa vertu, prenant en main, en toutes occasions, le bouclier de la foi, pour pouvoir amortir et éteindre tous les traits enflammés du malin esprit 1 et à s'armer encore du casque de l'espérance du salut, avec le glaive spirituel, qui est la parole de Dieu. Dans cet esprit donc, et afin que son pieux travail soit accompagné, dans son commencement et dans la suite, de la grâce et de la bénédiction de Dieu, il a résolu et prononcé, pour première ordonnance, qu'il faut d'abord commencer par la profession de foi, suivant en cela les exemples des Pères, qui, dans les plus saints conciles, ont accoutumé d'opposer ce bouclier contre toutes les hérésies au commencement de leurs actions. Ce qui leur a si bien réussi que quelquefois, par ce seul moyen, ils ont attiré les infidèles à la foi, forcé les hérétiques et confirmé les fidèles. Voici donc le Symbole dont se sert la sainte Eglise romaine, et que le concile a jugé à propos de rapporter en ce lieu, comme étant le principe dans lequel conviennent nécessairement tous ceux qui font profession de la foi de Jésus-Christ, et comme le fondement ferme et unique contre lequel les portes de l'enfer ne prévaudront jamais. Le voici mot à mot, tel qu'il se lit dans toutes les églises : …
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2 Éphés., 6, 12.– 1 Ibid.. , 16.
Dernière édition par Louis le Mar 23 Juil 2013, 5:33 am, édité 1 fois (Raison : ponctuation)
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
Troisième session.«… Le voici mot à mot, tel qu'il se lit dans toutes les églises :
Discours du Dominicain Antoine Polite.
Profession de foi de tout le concile.
(suite)
« Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes choses visibles et invisibles; et en un seul Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu et né du Père avant tous les siècles; Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu ; engendré et non fait; consubstantiel au Père ; par qui toutes choses ont été faites; qui pour nous hommes et pour notre salut est descendu des cieux et a pris chair, a été incarné de la Vierge Marie par la vertu du Saint-Esprit, et s'est fait homme ; qui a été aussi crucifié pour nous sous Ponce Pilate, a souffert et a été enseveli; qui est ressuscité le troisième jour selon les Ecritures, et est monté au ciel, est assis à la droite du Père, et viendra une seconde fois avec gloire juger les vivants et les morts, duquel le règne n'aura point de fin ; et au Saint-Esprit, Seigneur et vivifiant, qui procède du Père et du Fils; qui, avec le Père et le Fils, est conjointement adoré et glorifié ; qui a parlé par les prophètes ; et l'Église, une, sainte, catholique et apostolique. Je confesse un baptême pour la rémission des péchés, et j'attends la résurrection des morts et la vie du siècle à venir. Ainsi soit-il. »
Priés de dire leur avis sur ce décret, le premier légat et ensuite tous les Pères répondirent : « Il nous plaît, nous le croyons ainsi. » Il n'y eut que trois évêques qui voulurent qu'on y ajoutât quelque chose; leur demande fut écrite sur un billet qu'ils remirent à l'assemblée afin d'éviter le scandale qu'aurait produit une opposition de vive voix : l'un était celui de Fiésole ; il déclarait dans son billet qu'il ne pouvait approuver ce décret ni aucun autre à moins qu'on ne donnât au concile le titre auquel il avait droit, de représentant l'Eglise universelle. Les deux autres furent les évêques de Carpaccio et de Badajoz ; ils déclaraient qu'ils ne consentaient à l'omission du titre en question, pour cette fois, qu'à condition que le concile conserverait le droit de l'ajouter quand il le jugerait à propos.
Dans un second décret on fixa la prochaine session au 8 avril. Ce terme était bien reculé, mais on se proposait, par ce délai, de donner plus de force et d'autorité aux décisions qu'on prendrait ; car on savait que plusieurs évêques étaient déjà en route et que d'autres se préparaient à partir pour le concile. On convint de ne pas interrompre l'examen des points qu'on croirait susceptibles de devenir le sujet des décisions. Les trois évêques signalés plus haut firent encore des observations pareilles aux premières 1.
Pendant que l'Eglise catholique, toujours une, proclamait au concile de Trente la foi toujours une des patriarches, des prophètes, des apôtres, des martyrs, la foi de tous les siècles et de tous les pays chrétiens, l'Allemagne protestante allait toujours se divisant d'avec la catholicité et d'avec elle-même….
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1 Pallavicin, 1, 6, c. 9.
A suivre : Dernières actions et mort de Luther, de Georges Spalatin et Justus Jonas.
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
Dernières actions et mort de Luther, de Georges Spalatin et Justus Jonas.
Pendant que l'Eglise catholique, toujours une, proclamait au concile de Trente la foi toujours une des patriarches, des prophètes, des apôtres, des martyrs, la foi de tous les siècles et de tous les pays chrétiens, l'Allemagne protestante allait toujours se divisant d'avec la catholicité et d'avec elle-même, et s'enfonçant de plus en plus dans l'anarchie religieuse et intellectuelle où nous la voyons encore plongée après trois siècles. L'auteur de cette funeste anarchie, le moine apostat de Wittemberg, mourut le 18 février 1546; il mourut à peu près comme Julien l'Apostat, qui fut lui-même clerc et moine.
En opposition avec l'Église catholique, en opposition avec les Zwingliens, les Calvinistes, les anabaptistes, les sacramentaires, les Anglicans, en opposition avec lui-même, Luther devenait plus furieux avec les années. Sa lettre si emportée contre les docteurs de Louvain est de la fin de sa vie. Ce ne fut qu'une vingtaine de jours avant sa mort, le 25 janvier, qu'il écrivit la fameuse lettre où, sur ce que les Zwingliens l'avaient appelé malheureux, il s'écrie : « Ils m'ont fait plaisir ; moi donc, le plus malheureux de tous les hommes, je m'estime heureux d'une seule chose et ne veux que cette béatitude du Psalmiste : Heureux l'homme qui n'a point été dans le conseil des sacramentaires, et qui n'a point marché dans les voies des Zwingliens, ni ne s'est assis dans la chaire de ceux de Zurich. » Mélanchthon et ses amis étaient honteux de tous les excès de leur chef; on en murmurait, sourdement dans le parti, mais personne n'osait parler. Si les sacramentaires se plaignaient à Mélanchthon et autres, qui leur étaient plus affectionnés, des emportements de Luther, ils répondaient « qu'il adoucissait les expressions de ses livres par ses discours familiers, et les consolaient sur ce que leur maître, lorsqu'il était échauffé, disait plus qu'il ne voulait dire 1 ; ce qui était, disaient-ils, un grand inconvénient, mais où ils ne voyaient point de remède. »
Les comtes de Mansfeld, principaux piliers du luthéranisme, se haïssaient en frères ennemis pour un bout de territoire. Luther…
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1 Hospin., p. 194 199, etc.
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
Dernières actions et mort de Luther, de Georges Spalatin et Justus Jonas.
(suite)
Les comtes de Mansfeld, principaux piliers du luthéranisme, se haïssaient en frères ennemis pour un bout de territoire. Luther offrit sa médiation ; elle fut repoussée par l'un d'eux comme offensante. Cependant, sur les instances de l'électeur, il se raidit à Islèbe : c'était son endroit natal. A peine en eut-il aperçu les clochers qu'il fut saisi d'une sorte de pâmoison, Revenu à lui, il dit aux assistants de ne pas s'étonner de cette syncope, œuvre du diable, qui n'avait jamais manqué de l'assaillir chaque fois qu'il avait quelque grande mission à remplir. Le lendemain de son arrivée il avait oublié ses douleurs. Il monta en chaire dans l'église de Saint-André, où, en présence d'une foule accourue de loin, il répéta contre le Pape et les moines toutes les vieilles injures qui traînaient dans ses livres depuis près de vingt ans. Il avait cru, en chassant les juristes auxquels les princes avaient remis leurs intérêts, ramener la paix dans la famille de Mansfeld ; mais ses efforts échouèrent.
Les princes le reçurent magnifiquement et dépensèrent à le fêter les meilleurs vins du Rhin et le gibier le plus fin des forêts voisines. Luther fit honneur à ses hôtes, mangea et but en joyeux convive, jusqu'à y perdre la raison et la santé. Ennemi capital du jeûne et de l'abstinence, il mourra d'une indigestion.
Au milieu de ces tables somptueuses et de ces larges coupes qu'il vidait comme dans son adolescence, Luther épanche son humeur en sarcasmes contre le Pape, l'empereur, les moines et le diable aussi, qu'il n'oublie pas. « Mes chers amis, dit-il, il ne nous faut mourir que quand nous aurons vu le diable par la queue 1. Je l'aperçus hier matin qui me montra le derrière sur les tours du château 2. » Alors, se levant de table, il détacha de la muraille un morceau de craie et traça sur la paroi ce vers latin : Pestis eram vivus, moriens tua mors ero, Papa. « Vivant, j'étais pour toi la peste, ô Pape ! mort, je serrai ta mort. » Et il vint se rasseoir au milieu des rires des convives, qui croyaient que Dieu venait d'écrire la sentence de la papauté 3.
Voilà trois siècles, et la papauté vit encore. Mais…
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1 Tischreden. Islèbe, fol. 67. — 2 Seckendorf, 1. 3, s. 36, § 134. — 3 Audin, Hist. de Luther, t. 2, p. 535.
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
Dernières actions et mort de Luther, de Georges Spalatin et Justus Jonas.
(suite)
Voilà trois siècles, et la papauté vit encore. Mais il est une autre prophétie de Luther qui a peut être eu son accomplissement. Le 21 août 1532 on se plaignait devant lui de l'oppression que souffraient les ministres et les prédicants. Luther répondit ; « Il en sera autrement chez nos descendants; aujourd'hui nous sommes dans le paroxysme, la fièvre nous agite, ils nous oppresseront jusqu'à ce que nous les salissions de notre selle; après quoi ils adoreront notre fumier et le prendront pour du baume 1. » C'est aux princes, aux peuples et aux prédicants luthériens d'Allemagne, de Danemark, de Suède et de Norvège, de nous apprendre jusqu'à quel point cette prophétie de leur patriarche s'est accomplie.
Mais revenons à Islèbe. A peine Luther eut-il écrit sur la muraille sa sentence contre le vicaire du Christ, au milieu des rires des convives, qu'il se sentit lui-même frappé d'une indicible tristesse qui ne le quitta plus. Un des convives lui présenta un verre de bière; un autre se mit à parler à son voisin du style des Écritures. Luther lui répondit par ce billet, qu'il laissa sur la table : « Nul ne peut comprendre les Bucoliques de Virgile s'il n'a été cinq ans berger; nul les Géorgiques s'il n'a été cinq ans laboureur; nul les épîtres de Cicéron s'il n'a manié vingt ans les affaires ; nul déguster suffisamment les Ecritures s'il n'a gouverné cent ans les églises, avec les prophètes Élie, Elisée, Jean-Baptiste, Jésus-Christ et les apôtres. Pour toi, n'entreprends pas cette divine Enéide, mais adores-en humblement les vestiges. En vérité nous sommes des gueux. 16 février 1546 2, » Ce billet fut transcrit par un des convives, Jean Aurifaber, qui l'inséra dans les Propos de table ou colloques de Luther. Voilà comment, la veille de sa mort, Luther condamna tout le luthéranisme ; car le luthéranisme consiste essentiellement à livrer à chacun l'interprétation des saintes Écritures.
Comme on se levait de table vint un de ses disciples de Francfort qui apportait la nouvelle de la mort du Pape Paul III…
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1 Tischreden. Francfort, f. 347, B. — 2 Id. Francfort, fol. 3, B.
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
Dernières actions et mort de Luther, de Georges Spalatin et Justus Jonas.
(suite)
Comme on se levait de table vint un de ses disciples de Francfort qui apportait la nouvelle de la mort du Pape Paul III ; c'était une rumeur qui s'était répandue. «Voilà le quatrième Pape que j'enterre, dit gaiement Luther; j'en enterrerai bien d'autres. Si je meurs, vous verrez venir un homme qui ne sera pas aussi doux que moi pour la monacaille. Je lui aï donné ma bénédiction; il prendra une faucille, celui-là, et la tondra comme un épi 3. »
Le lendemain la nouvelle se trouva fausse. La défaillance de Luther augmentant toujours, il dit aux siens qui le transportaient au lit : « Priez pour Notre-Seigneur Dieu et pour son Évangile, afin qu'il leur arrive bonheur; car le concile de Trente et le maudit Pape sont terriblement irrités contre lui 1. » Appliquées au Dieu véritable ces paroles sont un blasphème; mais rappelons-nous bien que le Dieu de Luther est un être si méchant qu'il nous punit non-seulement du mal que nous n'avons pu éviter et qu'il a opéré lui-même en nous, mais encore du bien que nous avons fait de notre mieux, c'est-à-dire que c'est Satan ou quelque chose de pis. Pour ce dieu-là, sans doute, le concile de Trente et le Pape étaient à craindre; jamais on n'a fait un plus grand éloge de l'un et de l'autre.
Pendant la nuit du 17 au 18 février 1546 Luther éprouva de mortelles angoisses, dans lesquelles il mourut après plusieurs heures d'agonie, à l'âge de soixante-deux ans, après avoir protesté dans ses dernières prières « qu'il avait cru, confessé et prêché le Christ, mais le Christ que le Pape déshonore, persécute et blasphème. » Ce sont les paroles d'un historien protestant 2. Sur quoi il est bon de se rappeler qu'il n'y a qu'un vrai Christ, mais qu'il y a plusieurs faux christs, comme il y a plusieurs anges de ténèbres qui se transforment en anges de lumière. Reste à voir quel Christ le successeur de saint Pierre, avec le concile de Trente, combat et maudit; si c'est le Christ, Fils du Dieu vivant, qui a dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle;» ou bien quelque faux christ, comme ceux qui ont aveuglé le peuple déicide, comme le dieu de ce siècle qui aveugle l'intelligence des infidèles. On saura ainsi, par contre-coup, quel Christ l'apostat Luther a cru, confessé et prêché à l'Allemagne.
Le 16 janvier de l'année précédente (1545) son dévoué protecteur à la cour de Saxe, Georges Spalatin, curé ou prédicant d'Altenbourg, avait terminé sa vie dans une grande tristesse, après qu'un curé ou prédicant eut épousé la marâtre de sa femme défunte et que lui-même y eut donné les mains; ce qui lui causa ensuite de cuisants remords. Vainement Luther lui rappela-t-il, dans une lettre, sa téméraire doctrine sur la justification : « Croire, comme un article de foi, que, malgré tous ses crimes, on est en état de grâce 1. » C'était donner la présomption pour remède au désespoir. Justus Jonas, superintendant de Halle entre les bras de qui Luther mourut à Islèbe, étant lui-même plus tard au lit de la mort, se montra si désespéré et si inconsolable que son domestique dut lui dire de gros mots pour lui redonner quelque contenance 2.
Le cardinal Pallavicin, avec assez de justesse, compare Luther à un géant, mais avorté…
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3 Florimond de Rémond, l. 3, c. 2, fol. 287. Bozius, de Sign. Eccl., l.. 23, c. 3. Ling. in vita Luth., fol. 4. Audin, p. 537. — 1 Menzel, Hist. des Allemands depuis la réformation , t. 2, p, 426. — 2 Id. ibid. — 1 Walch, t 10, p. 2022.— 2 Menzel, t. 2, p. 429. note.
A suivre : Caractère de Luther suivant Pallavicin.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Caractère de Luther suivant Pallavicin.
Le cardinal Pallavicin, avec assez de justesse, compare Luther à un géant, mais avorté. En effet on n'y voit rien de complet ni de mûr; c'est une grandeur, mais informe ; une énergie, mais sauvage; une science, mais indigeste ; une force, mais téméraire et aveugle, qui ne songe qu'à détruire, sauf à s'irriter plus tard des ruines qu'elle a faites. Pour guérir la noire mélancolie qui le désespère il confond la présomption avec la confiance, l'homme avec la brute, Dieu avec Satan, le bien avec le mal, les bonnes œuvres avec le crime, l'Église avec le monde, le sacerdoce avec le peuple, la tète avec les pieds; puis, quand il a mis l'Allemagne sens dessus dessous, il injurie tout le monde de ce qu'il n'y a plus d'accord dans les esprits, plus d'union dans les cœurs, plus de règle dans les mœurs, plus de subordination dans l’Église, plus de respect pour ses ministres, et, de colère, il prédit aux Allemands que, s'ils méconnaissent alors sa voix, un jour viendrait où ils adoreront son fumier et le prendront pour du baume 3.
Et, la veille de sa mort, il écrit sa propre condamnation : « Il faut avoir gouverné cent ans les Églises avec Jésus-Christ, les apôtres et les prophètes, pour pouvoir seulement déguster les divines Écritures ; » c'est-à-dire, je suis un fou et un misérable, moi qui, sans avoir gouverné une seule Église un seul jour, me suis arrogé non-seulement de déguster les Écritures, mais de les juger, de les admettre ou de les réprouver, de les interpréter, et de préférer mon interprétation à celle de tous les siècles et docteurs chrétiens. C'est à Rome, qui gouverne les Églises, non-seulement depuis cent ans, mais depuis seize cents, avec Jésus-Christ, les apôtres, les martyrs, les saints docteurs, c'est à Rome seule qu'il appartient d'interpréter les Écritures qu'elle a reçues en dépôt.
Ce que Pallavicin dit de Luther on peut le dire de toute la nation allemande…
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3 Id., t. 1, p. 483.
A suivre : Caractère de la nation allemande.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Caractère de la nation allemande.
Ce que Pallavicin dit de Luther on peut le dire de toute la nation allemande : c'est un peuple géant, mais avorté, géant avorté pour la religion, pour la science, pour la vertu. Fidèle et uni à l'Église romaine, dont il a reçu l'Évangile, la science et les arts, et par là fidèle et uni à lui-même, ce peuple, naturellement religieux, eût pu convertir à l'Église-mère et à la vraie civilisation les peuples infidèles du Nord et de l'Orient, depuis les Russes jusqu'aux derniers Tartares. L'Allemagne, infidèle à la vocation divine, se désunit partiellement d'avec l'Église-mère et d'avec elle-même; elle cesse d'être une et devient deux fractions, l'une desquelles ne cesse de se fractionner en autant de partis religieux ou irréligieux qu'il y a de têtes. Cette nation géante, s'étant ainsi mutilée, risque d'un jour à l'autre de devenir la proie d'un peuple qu'elle aurait dû convertir à l'unité catholique. Fidèle et unie à l'Église-mère, en qui elle eût trouvé la règle vivante de la foi, de la science et des arts, l'Allemagne, naturellement et patiemment studieuse, eût pu élever à la gloire de Dieu un ensemble régulier et monumental des sciences divines et humaines; désunie d'avec l'Église-mère et n'ayant plus de règle, ses travaux scientifiques n'offrent jusqu'à présent qu'un amas de matériaux et de décombres où elle-même désespère de ramener l'unité et l'ordre, au point de déclarer que « la raison humaine n'est qu'une éternelle et irrémédiable mystification d'elle-même à elle-même 1. » Fidèle et unie à l'Église-mère, en qui seule réside l'esprit de vie et de sanctification, l'Allemagne, avec ses inclinations naturellement vertueuses, eût pu être la nation-modèle en saints personnages et en œuvres saintes. Désunie à moitié d'avec l'Église-mère, lui étant faiblement unie par l'autre, l'Allemagne est une nation stérile de sainteté; depuis trois siècles, nulle personne, nulle œuvre éminemment sainte; même dans la fraction demeurée fidèle, nul effort, nulle institution efficace pour régénérer le sacerdoce, le cloître et le peuple; même les révolutions politiques, ces fléaux de Dieu, ne peuvent réveiller le prêtre allemand, le moine allemand, de sa torpeur et de sa décadence; bien loin de relever le peuple il faut que le peuple les empêche de tomber encore plus bas. Espérons encore pourtant; au moment où nous relisons ces pages (1852) de meilleurs jours semblent s'approcher.
Au moyen âge, ce qui maintenait l'unité nationale de l'Allemagne…
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1 Voir Le Protestantisme se dissolvant lui-même, 2 vol. in-12, Schaffhouse, 1843.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Caractère de la nation allemande
(suite)
Au moyen âge, ce qui maintenait l'unité nationale de l'Allemagne, malgré les gouvernements divers de ses villes et de ses provinces, c'était la loi fondamentale de son empire, aussi bien que de toutes les nations chrétiennes, savoir : pour être empereur, roi, prince, duc, ou simplement homme libre, il fallait avant tout professer la foi catholique et être uni de communion avec le Chef spirituel de la chrétienté, le Vicaire du Christ. Au seizième siècle, commencement de l'âge moderne, à la voix d'un moine, des princes et des populations révolutionnaires d'Allemagne brisent ce lien d'union nationale, européenne et universelle. Depuis ce moment la nation allemande est en quête d'un autre lien d'unité. Voilà pourquoi, depuis trois siècles, tant de diètes, de congrès, de paix et de guerres, le tout en vain. Après ces trois siècles de recherches, au lieu de son antique union des esprits et des cœurs, l'Allemagne n'a encore trouvé que l'union des douanes, l'union touchant les droits à percevoir sur les marchandises. Espérons que les esprits et les cœurs viendront après le poivre et le gingembre.
Cette lutte entre ses deux fractions, soit pour briser de plus en plus, soit pour renouer l'antique lien de son unité nationale, telle est au fond la véritable histoire de l'Allemagne depuis trois siècles.
A la célèbre diète d'Augsbourg, en 1530, les diverses fractions du protestantisme présentèrent leurs confessions de foi, différentes entre elles et quelquefois d'avec elles-mêmes. Dans la sienne le corps des Luthériens se soumettait au jugement du concile général ; il n'en fut plus de même lorsque le concile s'assembla effectivement à Trente. La ligue protestante de Smalkalde était redoutable, et Luther l'avait excitée à prendre les armes d'une manière si furieuse qu'il n'y avait aucun excès qu'on n'en dût craindre. Enflé de la puissance de tant de princes conjurés, il avait publié les thèses de révolte que nous avons vues. Jamais on n'avait rien vu de si violent. Il les avait soutenues dès l'an 1540 ; mais nous apprenons de Sleidan qu'il les publia de nouveau en 1545, c'est-à-dire un an avant sa mort. Là il comparait le Pape à un loup enragé contre lequel tout le monde s'arme au premier signal, sans attendre l'ordre du magistrat. « Que si, renfermé dans une enceinte, le magistrat le délivre, on peut continuer, disait-il, à poursuivre cette bête féroce et attaquer impunément ceux qui auront empêché qu'on ne s'en défît. Si on est tué dans cette attaque avant d'avoir donné à la bête le coup mortel, il n'y a qu'un seul sujet de se repentir : c'est de ne lui avoir pas enfoncé le couteau dans le sein. Voilà comment il faut traiter le Pape. Tous ceux qui le défendent doivent aussi être traités comme les soldats d'un chef de brigands, fussent-ils des rois et des césars 1. » Sleidan, qui cite une grande partie de ces thèses sanguinaires, n'a pas osé rapporter ces derniers mots, tant ils lui ont paru horribles; mais ils étaient dans les thèses de Luther, et on les y voit encore dans l'édition de ses œuvres 2.
Il arriva dans ce temps un nouveau sujet de querelle…
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1 Sleidan, l. 16, p. 261. — 2 T. 1, Wittemb., p, 407.
A suivre : Après avoir promis de se soumettre au concile, les Luthériens font la guerre à l’empereur. Intérim de Charles-Quint.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Après avoir promis de se soumettre au concile, les Luthériens font la guerre à l’empereur. Intérim de Charles-Quint.
Il arriva dans ce temps un nouveau sujet de querelle, Herman, archevêque de Cologne, s'était avisé de réformer son diocèse à la nouvelle manière, et il y avait appelé Mélanchthon et Bucer. C'était le plus ignorant de tous les prélats et un homme toujours entraîné où le voulaient ses conducteurs. Tant qu'il écouta les conseils du docte Gropper il tint de très-saints conciles pour la défense de l'ancienne foi et pour commencer une véritable réformation des mœurs; dans la suite, les Luthériens s'emparèrent de son esprit et le firent donner à l'aveugle dans leurs sentiments. Comme le landgrave parlait une fois à l'empereur de ce nouveau réformateur : « Que réformera ce bonhomme ? lui répondit-il; à peine entend-il le latin. En toute sa vie il n'a jamais dit que trois fois la messe ; je l'ai ouï deux fois ; il n'en savait pas le commencement 1 » Le fait était constant, et le landgrave, qui n'osait dire qu'il sût un mot de latin, assura qu'il avait lu de bons livres allemands et entendait la religion. C'était l'entendre, selon le landgrave, que de favoriser le parti. Comme le Pape et l'empereur s'unirent contre lui, les princes protestants, de leur côté, lui promirent de le secourir si on l'attaquait pour la religion.
On en vint bientôt à la force ouverte. Plus l'empereur témoignait que ce n'était pas pour la religion qu'il prenait les armes, mais pour mettre à la raison quelques rebelles dont l'électeur de Saxe et le landgrave étaient les chefs, plus ceux-ci publiaient dans leurs manifestes que cette guerre ne se faisait que par la secrète instigation de l'Antechrist romain et du concile de Trente 2. C'est ainsi que, selon les thèses de Luther, ils tâchaient de faire paraître licite la guerre qu'ils faisaient à l'empereur. Il y eut pourtant entre eux une dispute sur la question de savoir comment on traiterait Charles-Quint dans les écrits qu'on publiait. L'électeur, plus consciencieux, ne voulait pas qu'on lui donnât le nom d'empereur ; autrement, disait-il, on ne pourrait pas licitement lui faire la guerre 3. Le landgrave n'avait point de scrupules ; et, d'ailleurs, qui avait dégradé l'empereur? qui lui avait ôté l'empire? Voulait-on établir cette maxime qu'on cessât d'être empereur dès qu'on serait uni avec le Pape? C'était une pensée ridicule autant que criminelle. A la fin, pour tout accommoder…
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1 Sleidan, l. 16, p. 276. — 2 Id., ibid. , p. 289, 295 etc. — 3 Id., ibid.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Après avoir promis de se soumettre au concile,
les Luthériens font la guerre à l’empereur.
Intérim de Charles-Quint.
(suite)
… A la fin, pour tout accommoder, il fut dit que, sans avouer ni nier que Charles-Quint fut empereur, on le traiterait comme se portant pour tel, et par cet expédient toutes les hostilités devinrent permises. Mais la guerre ne fut pas heureuse pour les protestants ; abattus par la fameuse victoire de Charles-Quint près de l'Elbe et par la prise du duc de Saxe et du landgrave, ils ne savaient à quoi se résoudre. L'empereur leur proposa de son autorité un formulaire de doctrine qu'on appela l'Intérim, ou le livre de l'empereur, qu'il leur ordonnait de suivre par provision jusqu'au concile. Toutes les erreurs des Luthériens y étaient rejetées; on y tolérait seulement le mariage des prêtres qui s'étaient faits luthériens, et on laissait la communion sous les deux espèces à ceux qui l'avaient rétablie. À Rome on blâma l'empereur d'avoir osé prononcer sur des matières de religion. Ses partisans répondaient qu'il n'avait pas prétendu faire une décision ni une loi pour l'Église, mais seulement prescrire aux Luthériens ce qu'ils pouvaient faire de mieux en attendant le concile. Quelques Luthériens acceptèrent l'Intérim plutôt par force qu'autrement; la plupart le rejetèrent, et le dessein de Charles-Quint n'eut pas grand succès.
Cet Intérim impérial avait déjà été proposé à la conférence de Ratisbonne en 1541.Trois théologiens catholiques, Pflug, évêque de Naümbourg, Gropper et Eckius, y devaient traiter, par ordre de l'empereur, de la réconciliation des religions, avec Mélanchthon, Bucer et Pistorius, trois protestants. Eckius rejeta le livre, et les prélats ainsi que les États catholiques n'approuvèrent pas qu'on proposât un corps de doctrine sans en communiquer avec le légat du Pape, qui était alors à Ratisbonne. C'était le cardinal Contarini, très-savant théologien et qui est loué même par les protestants. Ce légat, ainsi consulté, répondit qu'une affaire de cette nature devait être renvoyée au Pape, pour être réglée ou dans le concile général qu'on allait ouvrir ou par quelque autre manière convenable 1.
Il est vrai qu'on…
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1 Hist. des Variat., l. 8, c. 1 et seqq.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Après avoir promis de se soumettre au concile,
les Luthériens font la guerre à l’empereur.
Intérim de Charles-Quint.
(suite)
Il est vrai qu'on ne laissa pas de continuer les conférences, et, quand les trois protestants furent convenus avec Pflug et Gropper de quelques articles, on les appela les articles conciliés encore qu'Eckius s'y fût toujours opposé. Les protestants demandaient, que l'empereur autorisât ces articles en attendant qu'on pût convenir des autres ; mais les catholiques s'y opposèrent, et déclarèrent plusieurs fois qu'ils ne pouvaient consentir au changement d'aucun dogme ni d'aucun, rite reçu dans l'Église catholique. De leur côté les protestants, qui pressaient la réception des articles conciliés, y donnaient des explications à leur mode, dont on n'était pas convenu, et ils firent un dénombrement des choses omises dans les articles conciliés. Mélanchthon, qui dirigea ces remarques, écrivit à l'empereur, au nom de tous les protestants, qu'on recevrait les articles conciliés pourvu qu'ils fussent bien entendus, c'est-à- dire qu'ils les trouvaient eux-mêmes conçus en termes ambigus, et ce n'était qu'une illusion d'en presser la réception comme ils faisaient. Ainsi tous les projets d'accommodement demeurèrent sans effet.
Il se tint une autre conférence dans la même ville de Ratisbonne, et avec aussi peu de succès, en 1546. L'empereur faisait cependant retoucher à son livre, auquel Pflug, évêque de Naümbourg Michel Helding, l'évêque titulaire de Sidon, et Islèbe, protestant, mirent la dernière main ; mais il ne fît que donner un nouvel exemple du mauvais succès que ces décisions impériales avaient accoutumé d'avoir en matière de religion.
Pendant que l'empereur s'efforçait de faire recevoir son Intérim dans la ville de Strasbourg…
A suivre : Variations et contradictions de Bucer, d’Osiander et de Flacius Illyricus.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Variations et contradictions de Bucer, d’Osiander et de Flacius Illyricus.
Pendant que l'empereur s efforçait de faire recevoir son Intérim dans la ville de Strasbourg, Bucer y publia une nouvelle confession de foi où cette Église déclare qu'elle retient toujours immuablement sa première confession de foi présentée à Charles-Quint à Augsbourg, en 1530, et qu'elle reçoit aussi l'accord fait à Wittemberg avec Luther, c'est-à-dire cet acte où il était dit que ceux mêmes qui n'ont pas la foi et qui abusent du Sacrement reçoivent la propre substance du corps et du sang de Jésus-Christ. Dans cette confession de foi Bucer n'exclut formellement que la transsubstantiation et laisse en son entier tout ce qui peut établir la présence réelle et substantielle.
Ce qu'il y eut ici de plus remarquable, c'est que Bucer, qui, en souscrivant les articles de Smalkalde, avait souscrit en même temps la Confession d'Augsbourg, retint en même temps la confession de Strasbourg, c'est-à-dire qu'il autorisa deux actes qui étaient faits pour se détruire l’un l'autre ; car la confession de Strasbourg ne fut dressée que pour éviter de souscrire celle d'Augsbourg, et ceux de la Confession d'Augsbourg ne voulurent jamais recevoir parmi leurs frères ceux de Strasbourg ni leurs associés. Maintenant tout cela s'accorde, c'est-à-dire qu'il est bien permis de changer dans la nouvelle réforme, mais il n'est pas permis d'avouer qu'on change. La réforme paraîtrait un ouvrage trop humain, et il vaut mieux approuver quatre ou cinq actes contradictoires, pourvu qu'on n'avoue pas qu'ils le sont, que de confesser qu'on a eu tort, surtout dans des confessions de foi. Ce fut la dernière action de l'apostat Bucer en Allemagne. Durant les mouvements de l'Intérim il trouva un asile en Angleterre et y mourut.
Osiander quitta également son église de Nuremberg, se rendit en Prusse sous l'apostat Albert de Brandebourg, et y excita des troubles par sa doctrine étrange sur la justification et la présence réelle. Osiander aimait les plaisirs de la table avec excès ; dans l'ivresse il se permettait les blasphèmes les plus horribles, les injures les plus grossières. Calvin s'était trouvé aux banquets où il proférait ces blasphèmes, qui lui inspiraient de l'horreur ; mais cependant cela se passait sans qu'on en dît un mot. Le même Calvin parle d'Osiander comme « d'un brutal et d'une bête farouche, incapable d'être apprivoisée. Pour lui, disait-il, dès la première fois qu'il le vit, il en détesta l'esprit profane et les mœurs infâmes ; il l'avait toujours regardé comme la honte du parti protestant 1.»
Les Luthériens n'en avaient pas meilleure opinion, et Mélanchthon, qui trouvait souvent à propos, comme Calvin le lui reproche, de lui donner des louanges excessives, ne laisse pas, en écrivant à ses amis, de blâmer son extrême arrogance, ses rêveries, ses autres excès et les prodiges de ses opinions 2. Il ne tint pas à Osiander qu'il n'allât troubler l'Angleterre, où il espérait que la considération de son beau-frère Cranmer lui donnerait du crédit ; mais Mélanchthon nous apprend que des personnes de savoir et d'autorité avaient représenté le péril qu'il y avait « d'attirer en ce pays-là un homme qui avait répandu dans l'Église un si grand chaos de nouvelles opinions. » Cranmer lui-même entendit raison sur ce sujet, et il écouta Calvin, qui lui parlait des illusions dont Osiander fascinait les autres et se fascinait lui-même 1.
D'autres disputes s'allumaient en même temps dans le reste du luthéranisme…
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1 Calv. , ep. As Melancht. , 146. — 2 L. 2, ep. 240, 258, 447. Etc. — 1 Calv., ep. ad Cranm., col. 134.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Variations et contradictions de Bucer, d’Osiander et de Flacius Illyricus.
(suite)
D'autres disputes s'allumaient en même temps dans le reste du luthéranisme. Celle qui eut pour sujet les cérémonies ou les choses indifférentes fut poussée avec beaucoup d'aigreur ; Mélanchthon, soutenu des académies de Leipsick et de Wittemberg, où il était tout-puissant, ne voulait pas qu'on les rejetât. De tout temps c'avait été son opinion qu'il ne fallait changer que le moins qu'il se pouvait dans le culte extérieur. Ainsi, durant l'Intérim, il se rendit fort facile sur ces pratiques indifférentes, et ne croyait pas, dit-il, que, pour un surplis, pour quelques fêtes ou pour l'ordre des leçons, il fallût attirer la persécution. On lui fit un crime de cette doctrine et on décida dans le parti que ces choses indifférentes devaient être absolument rejetées, parce que l'usage qu'on en faisait était contraire à la liberté des églises, et enfermait, disait-on, une espèce de profession du papisme. Mais Flacius Illyricus, qui remuait cette question, avait un dessein plus caché ; il voulait perdre Mélanchthon, dont il avait été disciple, mais dont il était ensuite tellement devenu jaloux qu'il ne le pouvait souffrir. Des raisons particulières l'obligeaient à le pousser plus que jamais ; car, au lieu que Mélanchthon tâchait alors d'affaiblir la doctrine de Luther sur la présence réelle, Illyric et ses amis l'outraient jusqu'à établir l'ubiquité. En effet nous la voyons décidée par la plupart des Églises luthériennes, et les actes en sont imprimés dans le livre de la Concorde , que presque toute l'Allemagne luthérienne a reçu 2.
Mathias Flach Francowitz, né le 3 mars 1521, se faisait appeler Flacius Illyricus, parce qu'il était d'Albona, en Istrie, partie de l'ancienne Illyrie. Après avoir fait ses études à Venise il forma le projet d'entrer dans un monastère afin de s'y livrer plus commodément à son goût pour l'étude; mais il en fut détourné par un oncle maternel, provincial des Cordeliers, qui pensait à embrasser la réforme de Luther, et qui conseilla à son neveu de s'en aller en Allemagne, où il eut pour maîtres Luther et Mélanchthon, qui lui procurèrent une chaire dans l'université de Wittemberg. Son zèle impétueux contre l'Intérim, son déchaînement contre Mélanchthon, dont les principes modérés lui déplaisaient, l'obligèrent de se retirer à Magdebourg, afin d'être plus libre de déclamer à son aise contre l'Église romaine. C'est dans cette ville qu'il commença l'Histoire ecclésiastique connue sous le nom de Centuries de Magdebourg, dont il est le principal auteur. Appelé à Iéna en 1557, il fut contraint d'en sortir cinq ans après à cause d'une dispute sur la nature du péché, qu'il soutenait avoir corrompu la substance même de l'âme, erreur qui le fit accuser de manichéisme à Strasbourg. D'un caractère impétueux, turbulent, querelleur, opiniâtre, Illyricus causa beaucoup de troubles et de désordres dans son parti; aussi quand il mourut, en 1575, en fut-il peu regretté 1.
Tandis que la fraction révolutionnaire de l'Allemagne se fractionnait et se révolutionnait de plus en plus par ses chefs mêmes…
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2 Variat. l. 8, t. 16. — 1 Biogr. univ. t, 15, art. FRANCOWITZ.
A suivre : L’Église catholique au concile de Trente.
Dernière édition par Louis le Lun 29 Juil 2013, 1:45 pm, édité 1 fois (Raison : Doublon.)
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Re: Le Saint Concile de Trente
L’Église catholique au concile de Trente.
Tandis que la fraction révolutionnaire de l'Allemagne se fractionnait et se révolutionnait de plus en plus par ses chefs mêmes, la sainte Église de Dieu, au concile œcuménique de Trente, affermissait de plus en plus sa perpétuelle et invariable unité. Dans la troisième session, à la face du ciel et de la terre, à la face de l'enfer même, elle avait solennellement professé sa foi, la foi toujours une des patriarches, des prophètes, des apôtres, des martyrs, des saints de tous les pays et de tous les siècles, depuis Abel, le premier juste, jusqu'à saint François-Xavier, qui la prêchait en ce moment à l'Inde et au Japon, où Dieu confirmait sa parole par d'éclatants miracles. Dans la quatrième session (8 avril 1546), elle proclamera les monuments authentiques de cette foi toujours une, l'Écriture et la tradition, la parole de Dieu écrite et la parole de Dieu non écrite, dont l'Église toujours vivante est la fidèle dépositaire.
Car, comme nous l'enseigne la théologie la plus commune, celle de Bailly, et cela d'après les saints Pères, l'Église véritable, l'Église catholique, n'a pas toujours été dans le même état, mais elle a toujours existé depuis le commencement du monde. Saint Épiphane nous enseigne, et après lui saint Jean Damascène, que la sainte Église catholique est le commencement de toutes choses, qu'elle est de l'éternité, qu'elle est antérieure à toutes les hérésies, entre autres à l'idolâtrie ou au paganisme. Elle est également antérieure à l'Écriture et à la tradition, qui sont pour elle des papiers de famille, des souvenirs de famille. Elle seule, ayant vécu tous les siècles, peut nous apprendre au juste ce qu'il en est. Aussi saint Augustin a-t-il dit : « Je ne croirais pas même l'Evangile si l'autorité de l'Église catholique ne me le persuadait. » Voici donc le décret des Écritures canoniques, qu'elle promulgua le 8 avril 1546...
Quatrième session. Discours sur l’Écriture sainte.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Quatrième session. Discours sur l’Écriture sainte.Voici donc le décret des Écritures canoniques, qu'elle promulgua le 8 avril 1546.
« Le saint concile de Trente, œcuménique et général, légitimement assemblé dans le Saint-Esprit, les trois mêmes légats du Siège apostolique y présidant; ayant toujours devant les yeux, en détruisant toutes les erreurs, de conserver dans l'Eglise la pureté même de l'Évangile, qui, promis auparavant par les prophètes dans les saintes Écritures, a été promulgué ensuite, d'abord par la bouche de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, puis par ses apôtres, auxquels il a ordonné de le prêcher à toute créature, comme la source de toute vérité salutaire et de tout bon règlement de vie ; et considérant que cette vérité et cette règle de morale sont contenues dans des livres écrits, ou sans écrits dans les traditions, qui, reçues par les apôtres de la bouche de Jésus-Christ même, ou transmises par les apôtres comme le Saint-Esprit les a dictées, sont parvenues comme de main en main jusqu'à nous ; le saint concile, suivant l'exemple des Pères orthodoxes, reçoit tous les livres, tant de l'Ancien Testament que du Nouveau, puisque le même Dieu est auteur de l'un et de l'autre, aussi bien que les traditions, soit qu'elles regardent la foi ou les mœurs, comme dictées de la bouche même de Jésus-Christ ou par le Saint-Esprit, et conservées dans l'Église catholique par une succession continue, et elle les embrasse avec un pareil respect et une égale piété. Et, afin que personne ne puisse douter quels sont les livres saints que le concile reçoit, il a voulu que le catalogue en fût inséré dans ce décret, selon qu'ils sont ici marqués :DE L'ANCIEN TESTAMENT.
« Les cinq livres de Moïse, qui sont : la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les Nombres, le, Deutéronome ; Josué, les Juges, Ruth, les quatre livres des Rois, les deux des Paralipomènes ; le premier d'Esdras et le second, qui s'appelle Néhémias ; Tobie, Judith, Esther, Job ; le Psautier de David, qui contient cent cinquante psaumes; les Paraboles, l'Ecclésiastique, le Cantique des cantiques, la Sagesse, l'Ecclésiaste, Isaïe, Jérémie, avec Baruch, Ezéchiel, Daniel; les douze petits prophètes, savoir : Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonias, Aggée, Zacharie, Malachie ; deux des Machabées, le premier et le second.DU NOUVEAU TESTAMENT.
« Les quatre Evangiles, selon saint Matthieu, saint Marc, saint Luc et saint Jean ; les Actes des Apôtres, écrits par saint Luc, évangéliste ; quatorze épîtres de saint Paul ; une aux Romains, deux aux Corinthiens, une aux Galates, une aux Éphésiens, une aux Philippiens, une aux Colossiens, deux aux Thessaloniciens, deux à Timothée, une à Tite, une à Philémon et une aux Hébreux ; deux épîtres de l'apôtre saint Pierre, trois de l'apôtre saint Jean, une de l'apôtre saint Jacques, une de l'apôtre saint Jude, et l'Apocalypse de l'apôtre saint Jean.
« Que si quelqu'un ne reçoit pas pour sacrés et canoniques tous ces livres entiers avec tout ce qu'ils contiennent, tels qu'ils sont en usage dans l'Église catholique, et tels qu'ils sont dans l'ancienne Vulgate latine, ou qu'il méprise, avec connaissance et de propos délibéré, les traditions dont nous venons de parler, qu'il soit anathème ! »
Chacun pourra connaître par là avec quel ordre et par quelle voie le concile lui-même, après avoir établi le fondement de la confession de, foi, doit procéder dans le reste, et de quels secours et témoignages il doit particulièrement se servir, soit pour la confirmation de la doctrine, soit pour le rétablissement des mœurs dans l'Église.
Après avoir promulgué de nouveau le canon des saintes Écritures, il était naturel de veiller à la correction du texte et de donner des règles pour la bonne interprétation et le bon usage…
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Re: Le Saint Concile de Trente
Quatrième session. Discours sur l’Écriture sainte.
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Après avoir promulgué de nouveau le canon des saintes Écritures, il était naturel de veiller à la correction du texte et de donner des règles pour la bonne interprétation et le bon usage. Le concile de Trente le fait dans le décret qui suit, touchant l'édition et l'usage des livres sacrés.
« Le même saint concile, considérant qu'il ne sera pas d'une petite utilité à l'Eglise de Dieu de faire connaître, entre toutes les éditions latines des saints livres qui se débitent aujourd'hui, quelle est celle qui doit être tenue pour authentique, déclare et ordonne que cette même édition ancienne et vulgate, qui a déjà été approuvée dans l'Église par le long usage de tant de siècles, doit être tenue pour authentique dans les disputes, les prédications, les explications et les leçons publiques, et que personne, sous quelque prétexte que ce puisse être, n'ait assez de hardiesse ou de témérité pour la rejeter.
« De plus, pour arrêter et contenir les esprits inquiets et entreprenants, il ordonne que, dans les choses de la foi ou de la morale même, en ce qui peut avoir relation au maintien de la doctrine chrétienne, personne, se confiant en son propre jugement, n'ait l'audace de tirer l'Écriture sainte à son sens particulier ni de lui donner des interprétations ou contraires à celles que lui donne et lui a données la sainte mère Église, à qui il appartient de juger du véritable sens des saintes Écritures, ou opposées au sentiment unanime des Pères, encore que ces interprétations ne dussent jamais être mises en lumière. Les contrevenants seront signalés par les ordinaires et soumis aux peines portées par le droit.
« Voulant aussi, comme il est juste et raisonnable…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Quatrième session. Discours sur l’Écriture sainte.
(suite)
« Voulant aussi, comme il est juste et raisonnable, mettre des bornes en cette matière à la licence des imprimeurs, qui aujourd'hui, sans règle et sans mesure, se croyant permis tout ce qui leur plaît, non-seulement impriment, sans permission des supérieurs ecclésiastiques, les livres même de l'Écriture sainte avec des explications et des notes de toutes mains indifféremment, supposant bien souvent le lieu de l'impression, et souvent même le supprimant tout à fait, aussi bien que le nom de l'auteur, ce qui est encore un abus plus considérable, mais se mêlent aussi de débiter au hasard et d'exposer en vente sans distinction toutes sortes de livres imprimés çà et là, de tous côtés ; le saint concile a résolu et ordonné qu'au plus tôt l'Ecriture sainte, particulièrement selon cette édition ancienne et vulgate, soit imprimée le plus correctement qu'il sera possible, et qu'à l'avenir il ne soit permis à personne d'imprimer ou faire imprimer aucuns livres traitant des choses saintes sans le nom de l'auteur, ni même de les vendre ou de les garder chez soi s'ils n'ont été examinés auparavant et approuvés par l'ordinaire, sous peine d'anathème et de l'amende pécuniaire portée au canon du dernier concile de Latran; et, si ce sont des réguliers, outre cet examen et cette approbation, ils seront encore obligés d'obtenir permission de leurs supérieurs, qui feront la revue de ces livres suivant la forme de leurs statuts.
Ceux qui les débiteront ou les feront courir en manuscrit sans être auparavant examinés et approuvés seront sujets aux mêmes peines que les imprimeurs et ceux qui les auront chez eux ou les liront, s'ils en déclarent les auteurs, seraient eux-mêmes traités comme s'ils n'en étaient les auteurs propres. Cette approbation, que nous désirons à tous les livres, sera donnée par écrit et sera mise en vue à la tête de chaque livre, soit qu'il soit imprimé ou écrit à la main, et le tout, c'est-à-dire tant l'examen que l'approbation, se fera gratuitement, afin qu'on approuve ce qui doit être approuvé et qu'on rejette ce qui doit être rejeté.
« Après cela le saint concile, désirant encore réprimer cet abus insolent et téméraire…
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Re: Le Saint Concile de Trente
Quatrième session. Discours sur l’Écriture sainte..
(suite)
« Après cela le saint concile, désirant encore réprimer cet abus insolent et téméraire d'employer et de tourner à toutes sortes d'usages profanes les paroles et les passages de l'Écriture sainte, les faisant servir à des railleries, à des applications vaines et fabuleuses, à des flatteries, des médisances, et jusqu'à des superstitions, des charmes impies et diaboliques, des divinations, des sortilèges et des libelles diffamatoires, il ordonne et commande, pour abolir cette irrévérence et ce mépris des paroles saintes, et afin qu'à l'avenir personne ne soit assez hardi pour en abuser de cette manière ou de quelque autre que ce puisse être, que les évêques punissent toutes ces sortes de personnes par les peines de droit et autres arbitraires, comme profanateurs et corrupteurs delà parole de Dieu 1.»
Au décret sur l'usage de l'Ecriture sainte se rattachent naturellement deux points de pratique et de réforme, l'enseignement et la prédication…
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1 Labbe, t. 14.
A suivre : Décret sur la réformation. De l’établissement et de l’entretien des lecteurs en théologie et maître ès arts libéraux.
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Re: Le Saint Concile de Trente
DÉCRET DE RÉFORMATION. — DE L'ÉTABLISSEMENT ET ENTRETIEN DES LECTEURS EN THÉOLOGIE ET MAITRES ES ARTS LIBÉRAUX.« Le même saint concile, se tenant aux pieuses constitutions des souverains Pontifes et des conciles approuvés, s'y attachant avec affection et y ajoutant même quelque chose de nouveau, afin de pourvoir à ce que le céleste trésor des livres sacrés, dont le Saint-Esprit a gratifié les hommes avec une si grande libéralité, ne demeure pas, par négligence, inutile et sans usage, il a établi et ordonné que, dans les églises où il se trouve quelque prébende, prestimonies, gage, ou quelque revenu enfin fondé et destiné pour les lecteurs en la sacrée théologie, sous quelque nom ou titre que ce puisse être, les évêques, archevêques, primats et autres ordinaires des lieux obligent et contraignent, même par la soustraction des fruits, ceux qui possèdent ces sortes de prébendes, prestimonies ou gages, de faire les explications et les leçons de la sacrée théologie par eux-mêmes, s'ils en sont capables, sinon par quelque habile substitut choisi par les évêques mêmes, les archevêques, primats ou autres ordinaires des lieux. À l'avenir ces sortes de prébendes, prestimonies ou gages, ne seront donnés qu'à des personnes capables et qui puissent par elles-mêmes s'acquitter de cet emploi ; autrement toute provision sera nulle et sans effet.
« Dans les églises métropolitaines ou cathédrales, si la ville est grande et peuplée, et même dans les collégiales qui se trouveront dans quelque lieu considérable, quand il ne serait d'aucun diocèse, pourvu que le clergé y soit nombreux, s'il n'y a point encore de ces sortes de prébendes, prestimonies ou gages établis, le saint concile ordonne que la première prébende qui viendra à vaquer de quelque manière que ce soit, excepté par résignation, soit et demeure réellement et de fait, dès ce moment-là et à perpétuité, destinée et affectée à cet emploi, pourvu néanmoins que cette prébende ne soit chargée d'aucune autre fonction incompatible avec celle-ci. Et en cas que dans lesdites églises il n'y eût point de prébende, ou aucune au moins qui fût suffisante, le métropolitain lui-même ou l'évêque, avec l'avis du chapitre, y pourvoira, de sorte qu'il y soit fait leçon de théologie, soit par l'assignation du revenu de quelque bénéfice simple, après néanmoins avoir donné ordre à l'acquit des charges, soit par la contribution des bénéficiers de sa ville ou de son diocèse, soit de quelque autre manière qu'il sera jugé le plus commode, sans que pour cela néanmoins on omette en aucune façon les autres leçons qui se trouveront déjà établies ou par la coutume ou autrement.
« Pour les églises dont le revenu annuel est faible…
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Re: Le Saint Concile de Trente
A suivre : Décret sur la prédication.
Décret sur la réformation.
De l’établissement et de l’entretien
des lecteurs en théologie et maître ès arts libéraux.
(suite)
« Pour les églises dont le revenu annuel est faible, et où il y a un si petit nombre d'ecclésiastiques et de peuple qu'on ne peut pas y entretenir commodément de leçon de théologie, il y aura au moins un maître choisi par l'évêque, avec l'avis du chapitre, qui enseigne gratuitement la grammaire aux clercs et aux autres pauvres écoliers, pour les mettre en état de passer ensuite à l'étude des saintes lettres, si Dieu les y appelle, et pour cela on assignera à ce maître de grammaire le revenu de quelque bénéfice simple, dont il jouira tant qu'effectivement il continuera d'enseigner, en sorte néanmoins que les charges et les fonctions dudit bénéfice ne manquent pas d'être remplies ; ou bien on lui fera quelques appointements honnêtes et raisonnables de la mense de l'évêque ou du chapitre; ou l'évêque enfin trouvera quelque autre moyen convenable à son église et à son diocèse, pour empêcher que, sous quelque prétexte que ce soit, un établissement si utile et si profitable ne soit négligé et ne demeure sans exécution.
« Dans les monastères des moines il se fera pareillement leçon de l'Écriture sainte partout où il se pourra commodément; et, si les abbés s'y rendent négligents, les évêques des lieux, comme délégués en cela du siège apostolique, les y contraindront par les voies justes et raisonnables. Dans les couvents des autres réguliers où les études peuvent aisément se maintenir, il y aura pareillement leçon de la sainte Écriture, et les chapitres généraux ou provinciaux y destineront les maîtres les plus habiles.
« Pour les collèges publics, où jusqu'à présent il ne se fait point encore de ces leçons, qu'on peut dire aussi nécessaires qu'elles sont nobles par-dessus toutes les autres, elles y seront établies par la piété et la charité des très-religieux princes et républiques, pour la défense et l'accroissement de la foi catholique, la conservation et la propagation de la saine doctrine, et on les rétablira où elles seraient instituées, mais négligées,
« Et pour que, sous apparence de piété, l'impiété ne vienne à se répandre, le saint concile ordonne que personne ne soit employé à faire ces leçons de théologie, soit en public, soit en particulier, sans avoir été premièrement examiné sur sa capacité, ses mœurs et sa bonne vie, et approuvé par l'évêque des lieux ; ce qui ne doit pas s'entendre des lecteurs qui enseignent dans les couvents des moines.
« Ceux qui seront employés aux leçons des saintes lettres, pendant qu'ils enseigneront publiquement dans les écoles, et les écoliers pendant qu'ils y étudieront, jouiront pleinement et paisiblement de tous les privilèges accordés par le droit commun pour la perception des fruits de leurs prébendes et bénéfices, quoique absents.
« Mais, comme il n'est pas moins nécessaire à la république chrétienne qu'on prêche l'Évangile que d'en faire des leçons publiques……
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Re: Le Saint Concile de Trente
Décret sur la prédication.
« Mais, comme il n'est pas moins nécessaire à la république chrétienne qu'on prêche l'Évangile que d'en faire des leçons publiques, et que même c'est la principale fonction des évêques, le saint concile a déclaré et ordonné que tous les évêques, archevêques, primats, et tous autres prélats des églises, sont tenus de prêcher par eux-mêmes le saint Évangile de Jésus-Christ s'ils n'en sont légitimement empêchés. Mais, s'il arrive qu'ils aient en effet un empêchement légitime, ils seront obligés, selon la forme prescrite au concile général de Latran, de choisir et mettre en leur place des personnes capables de s'acquitter utilement, pour le salut des âmes, de cet emploi de la prédication, et, si quelqu'un méprise d'y donner ordre, qu'il soit soumis à un rigoureux châtiment.
« Les archiprêtres aussi, les curés, et tous ceux qui ont à gouverner des églises paroissiales, ou autres ayant charge d'âme, de quelque manière que ce soit, auront soin, du moins tous les dimanches et toutes les fêtes solennelles, de pourvoir par eux-mêmes, ou par autres personnes capables, s'ils en sont légitimement empêchés, à la nourriture spirituelle des peuples qui leur sont commis, selon la portée des esprits et selon leurs propres talents, leur enseignant ce qu'il est nécessaire à tout chrétien de savoir pour être sauvé, et leur faisant connaître, en peu de paroles et en termes faciles à comprendre, les vices qu'ils doivent éviter et les vertus qu'ils doivent suivre, pour se garantir des peines éternelles et pour obtenir la gloire céleste. Que si quelqu'un néglige de s'en acquitter, quand il prétendrait, par quelque raison que ce soit, être exempt de la Juridiction de l'évêque, et quand les églises mêmes seraient dites exemptes de quelque manière que ce puisse être, en qualité d'annexes ou comme unies à quelque monastère qui serait même hors du diocèse, pourvu qu'en effet les églises se trouvent dans le diocèse, les évêques ne doivent pas laisser d'y étendre leur soin et leur vigilance pastorale, pour ne pas donner lieu à la vérification de ce mot: « Les petits enfants ont demandé du pain, et il n'y avait personne pour leur en rompre 1. »
« Si donc, après avoir été avertis par l'évêque, ils manquent pendant trois mois à s'acquitter de leur devoir, ils y seront contraints par censure ecclésiastique ou par quelque autre voie, selon la prudence de l'évêque, de sorte même que, s'il le juge à propos, il soit pris sur les revenus des bénéfices quelque somme honnête pour être donnée à quelqu’un qui en fasse la fonction jusqu'à ce que le titulaire lui-même, se reconnaissant, s'acquitte de son propre devoir.
« Mais, s'il se trouve quelques églises paroissiales soumises à des monastères qui…
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1 Thren. , 4.
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