Le Saint Concile de Trente

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Message  Louis Ven 04 Oct 2013, 6:16 am


Seconde suspension du concile.

Après la lecture de tous les décrets de dogme et de discipline, on déclara que , dans la session prochaine, ordonnée pour le 25 janvier 1552, outre le sacrifice de la messe et les autres matières déjà indiquées, on examinerait encore le sacrement de l'Ordre et qu'on poursuivrait la réformation. Ce jour-là, en effet, on tint la quinzième session; on y lut un décret par lequel la décision des matières à discuter était différée jusqu'au 19 mars en faveur des protestants, qui demandaient cette prorogation. On y lut aussi un nouveau sauf-conduit qu'on leur accordait ; mais ils n'en furent point encore contents, et se plaignirent, comme à leur ordinaire, qu'on leur manquait de parole. La session fut prorogée de nouveau jusqu'au 1er du mois de mai, tant à cause du départ soudain des trois archevêques électeurs que pour de nouvelles espérances que donna l'empereur touchant l'arrivée des théologiens protestants.

Mais bientôt éclatèrent les projets des protestants contre l'empereur Charles-Quint, Leur armée ayant dirigé sa marche vers Inspruck, ville peu éloignée de Trente, les prélats prirent la fuite. Le cardinal Madruce, prévoyant que les vues des hérétiques pourraient bien être de se rendre maîtres de l'élite des évêques et des théologiens qui étaient à Trente, fit promptement avertir le Pape que cette ville n'était point à l'abri d'une irruption. Jules III suspendit le concile dans une congrégation consistoriale tenue le 15 avril 1551 et où l'affaire avait été mise en délibération. Les impériaux éclatèrent en menaces dès que cette résolution fut connue. Les deux évêques présidents, qui étaient seuls, parce que le légat Crescenzio était dangereusement malade, n'osèrent effectuer la suspension; ils voulaient d'ailleurs qu'elle fût résolue par le concile même. L'affaire ayant été mise en délibération dans la congrégation générale du 24 avril, la suspension y fut arrêtée pour deux ans, à la pluralité des voix, du consentement même d'une partie des impériaux et de l'ambassadeur du roi Ferdinand, frère de l'empereur. Cette résolution ayant été présentée dans la session tenue le 28 y fut confirmée. Douze Espagnols s'opposèrent au décret, en convenant toutefois de la nécessité où l'on se trouvait de proroger le concile ; ils agirent bientôt contre leur propre protestation en pourvoyant à leur salut par la fuite.
 
 
A suivre : § IV. DE LA  SECONDE SUSPENSION  DU CONCILE  DE TRENTE (1551) A LA MORT DE PAUL  IV (1559). SUITES DE  LA   RÉVOLUTION  RELIGIEUSE EN  ALLEMAGNE,  EN FRANCE  ET EN ANGLETERRE.

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Message  Louis Ven 04 Oct 2013, 11:52 am

Charles-Quint, trahi par son favori Maurice de Saxe, délaissé de la fortune,
vaincu par la goutte, déçu dans tous ses projets, cède l’empire à son  frère Ferdinand,
ses états héréditaires avec le Nouveau-Monde à son fils Philippe II,
et se retire au monastère de Saint-Just, où il célèbre ses propres obsèques et meurt.

Retiré à Inspruck et malade de la goutte Charles-Quint s'occupait à diriger le concile. Il croyait n'avoir rien à redouter des protestants ; dans cette confiance il envoya successivement tous ses soldats espagnols et tout l'argent dont il pouvait disposer ou en Italie, pour tenir tête aux Français, ou en Hongrie pour s'opposer aux Turcs. Ce qui lui inspirait une si grande sécurité à l'égard des protestants, c'était le dévouement de Maurice, nouvel électeur de Saxe, qui effectivement lui en donnait des assurances continuelles. Cependant Maurice le trahissait et préparait contre lui une expédition formidable, de concert avec les autres protestants d'Allemagne et le roi de France.

C'était dans la nuit du 22 au 23 mai 1552; la pluie tombait par torrents ; l'empereur était au lit, souffrant cruellement de la goutte. Tout à coup on l'avertit que dans peu d'heures il va se trouver au pouvoir de Maurice et de l'armée protestante, qui vient d'enlever la dernière forteresse. Charles-Quint, perclus des mains et des pieds, sans armée ni argent, se fait transporter dans une litière, et par des sentiers de montagne se dirige sur Villach, en Carinthie, éclairé par des flambeaux de paille, tandis que ses courtisans le suivent comme ils peuvent, sur de mauvais chevaux, des ânes ou à pied.

Le 23 au matin Maurice entre dans Inspruck avec son armée et reconnait qu'il est trop tard de quelques heures. Il livre au pillage le palais de l'empereur et repart pour Passau,  où il entre en conférences avec le roi Ferdinand, qui, l'année précédente, avait fait assassiner le cardinal Martinuzzi, évêque de Varadin, qu'il soupçonnait coupable de trahison et dont on reconnut à sa mort la vertu et l'innocence. Ferdinand fut excommunié par le Pape, mais ensuite absous avec ses complices, à la prière de son frère Charles-Quint. En peu de temps tous les complices périrent d'une mort funeste.

Les conférences de Passau eurent pour résultat ce qu'on appelle…

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Message  Louis Sam 05 Oct 2013, 5:56 am


Charles-Quint, trahi par son favori Maurice de Saxe, délaissé de la fortune,
vaincu par la goutte, déçu dans tous ses projets, cède l’empire à son  frère Ferdinand,
ses états héréditaires avec le Nouveau-Monde à son fils Philippe II,
et se retire au monastère de Saint-Just, où il célèbre ses propres obsèques et meurt.

(suite)

Les conférences de Passau eurent pour résultat ce qu'on appelle Traité de la Paix publique. Il portait que le landgrave de Hesse, prisonnier de l'empereur, serait immédiatement mis en liberté ; qu'une diète serait assemblée dans six mois pour chercher le moyen d'assoupir toutes les discordes de religion, soit par un concile général ou national, soit par un colloque ou par une diète ordinaire ; qu'elle agirait d'après l'avis d'une commission composée d'un nombre égal de membres des deux religions, l'hérésie et la foi ancienne. Jusqu'à leur conciliation les deux religions, l'erreur et la vérité, devaient conserver tous leurs droits, une entière liberté pour leur culte et une égalité parfaite en justice. La même diète devait se charger de ramener l'entière exécution de la Bulle d'or et des anciennes constitutions de l'empire; Ferdinand et son fils Maximilien prenaient l'engagement de faire valoir toutes les plaintes de la nation germanique contre les violations de ses libertés. Toutes les troupes devaient être congédiées avant le 12 août suivant ; toutes les offenses données et reçues de part et d'autre devaient être oubliées, et le roi de France, qui avait secondé le rétablissement de la liberté religieuse en Allemagne, c'est-à-dire le triomphe de l'hérésie, était invité à faire connaître ses griefs contre l'empereur pour participer ensuite à la pacification générale. Suivant le protestant Sismondi, le roi de France n'avait d'autre vue que de répandre l'anarchie en Allemagne, pour avoir plus d'avantages contre l'empereur 1.

Au lieu de suivre la direction de l'Église de Dieu pour réprimer l'anarchie religieuse…

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1 Hist. des Français, t. 18, p, 472.

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Message  Louis Sam 05 Oct 2013, 12:29 pm


Charles-Quint, trahi par son favori Maurice de Saxe, délaissé de la fortune,
vaincu par la goutte, déçu dans tous ses projets, cède l’empire à son  frère Ferdinand,
ses états héréditaires avec le Nouveau-Monde à son fils Philippe II,
et se retire au monastère de Saint-Just, où il célèbre ses propres obsèques et meurt.

(suite)

Au lieu de suivre la direction de l'Église de Dieu pour réprimer l'anarchie religieuse et intellectuelle qui allait divisant l'Allemagne pour des siècles, Charles-Quint prétendait diriger l'Église et le concile œcuménique par ses diètes et par ses conférences allemandes, et, à la fin de ses finesses, il se voit contraint à fuir devant un favori qui le joue et à reconnaître à l'anarchie droit de naturalité en Allemagne. L'historien protestant Menzel est persuadé que, sans l'intervention astucieuse de ce favori, Maurice de Saxe, le concile de Trente, secondé par l'empereur, eût réuni de nouveau dans la même foi l'Allemagne et l'Europe divisée 1. Maurice de Saxe périt en 1553, dans une bataille entre deux partis protestants.

Charles-Quint se vit encore déçu dans d'autres projets. Depuis longtemps son frère Ferdinand était roi des Romains et par là même son successeur à l'empire ; mais Charles-Quint avait un fils unique, qui sera Philippe II, auquel il eût bien voulu céder tous ses États, et l'empire, et les Pays-Bas, et la Bourgogne, et le Milanais, et le royaume de Naples, et les royaumes d'Espagne, et le Nouveau-Monde. Pour cela il souhaitait que Ferdinand renonçât à son titre de roi des Romains ; mais Ferdinand ne voulut pas entendre de cette oreille, et il fallut renoncer à cette idée.

Henri II, roi de France, à la faveur de son alliance avec les protestants d'Allemagne, avait surpris à l'empire les villes de Toul, Verdun et Metz. Charles-Quint tenta de reprendre cette dernière sur le duc de Guise, mais n'y réussit pas. La fortune le trahissait aussi en Italie, où la révolte venait de lui faire perdre Sienne. Il se retira à Bruxelles, sentant vivement ses revers. Accablé par ses ennemis, tourmenté par les douleurs de la goutte, il devint sombre et mélancolique, et se déroba tellement à tous les regards pendant plusieurs mois que le bruit de sa mort se répandit en Europe. La diète d'Augsbourg, en 1555, confirma le traité de Passau et donna aux protestants des droits égaux à ceux des catholiques. Charles-Quint, voyant échouer tous ses projets et le nombre de ses ennemis s'augmenter chaque jour, prit la résolution de résigner à Philippe ses Etats héréditaires.

Les états des Pays-Bas s'étant assemblés à Louvain au mois d'octobre 1555, il rappela dans une harangue pompeuse la vie agitée et pénible qu'il avait menée…

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1 Menzel, Hist. moderne des Allemands, t. 3, p. 522 (en allemand).

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Message  Louis Dim 06 Oct 2013, 6:09 am


Charles-Quint, trahi par son favori Maurice de Saxe, délaissé de la fortune,
vaincu par la goutte, déçu dans tous ses projets, cède l’empire à son  frère Ferdinand,
ses états héréditaires avec le Nouveau-Monde à son fils Philippe II,
et se retire au monastère de Saint-Just, où il célèbre ses propres obsèques et meurt.  

(suite)

 Les états des Pays-Bas s'étant assemblés à Louvain au mois d'octobre 1555, il rappela dans une harangue pompeuse la vie agitée et pénible qu'il avait menée, ses fréquents voyages en Europe et même en Afrique, les guerres qu'il avait soutenues ; il insista particulièrement sur le sacrifice qu'il avait fait de son temps, de ses plaisirs, de sa santé, pour défendre la religion et travailler au repos public.

« Tant que mes forces me l'ont permis, continua-t-il, j'ai rempli mes devoirs ; aujourd'hui je me vois attaqué d'une maladie incurable, et mes infirmités m'ordonnent le repos. Le bonheur de mes peuples m'est plus cher que l'ambition de régner. Au lieu d'un vieillard près de descendre dans la tombe, je vous donne un prince dans la fleur de l'âge, un prince doué de sagacité, actif et entreprenant. Quant à moi, si j'ai commis quelques erreurs dans le cours d'un long règne, ne l'imputez qu'à ma faiblesse, et je vous prie de me le pardonner. Je conserverai à jamais une vive reconnaissance de votre fidélité, et votre bonheur sera le premier objet des voeux que j'adresserai au Dieu tout-puissant à qui je consacre le reste de ma vie. »

Se tournant ensuite vers Philippe, qui s'était jeté à genoux et qui baisait la main de son père, il lui adressa des conseils paternels sur les devoirs d'un prince et le conjura de travailler sans relâche au bonheur des peuples. Charles-Quint, en finissant son discours, donna sa bénédiction à son fils et le pressa fortement contre son sein ; puis, épuisé de fatigue et vivement ému des larmes de l'assemblée, il retomba dans son siège. Dans cette première cérémonie Charles-Quint ne céda à Philippe que la souveraineté des Pays-Bas ; le 15 janvier de l'année suivante (1556), il lui transmit tous les royaumes d'Espagne, et le 27 août de la même année il résigna l'empire à Ferdinand, son frère, en lui envoyant le sceptre et la couronne par le prince d'Orange.

De ses immenses revenus Charles-Quint ne se réserva qu'une…


Dernière édition par Louis le Dim 06 Oct 2013, 1:32 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Dim 06 Oct 2013, 1:10 pm


Charles-Quint, trahi par son favori Maurice de Saxe, délaissé de la fortune,
vaincu par la goutte, déçu dans tous ses projets, cède l’empire à son  frère Ferdinand,
ses états héréditaires avec le Nouveau-Monde à son fils Philippe II,
et se retire au monastère de Saint-Just, où il célèbre ses propres obsèques et meurt.

(suite)
De ses immenses revenus Charles-Quint ne se réserva qu'une pension de cent mille écus. Ayant résolu de passer le reste de ses jours en Espagne, il s'affligea de ce que les vents contraires arrêtaient l'exécution de son dernier projet; il employa le temps qu'il passa encore dans les Pays-Bas à négocier la paix entre son fils et la France et réussit à faire adopter une trêve. S'étant embarqué en Zélande, il arriva sur les côtes de Biscaye. On dit qu'en sortant de son vaisseau il se prosterna et baisa la terre, en s'écriant : « Nu je suis sorti du sein de ma mère, et nu je retourne à toi, mère commune des hommes. »

Lorsqu'il arriva à Burgos, le peu d'empressement de la noblesse à le recevoir et le retard qu'on mit à lui payer sa pension durent lui faire sentir son nouvel état avec quelque amertume. Il s'était choisi une retraite au monastère de Saint-Just, près de Placentia, dans l'Estramadure. Ce fut là qu'il ensevelit, dans la solitude et le silence, sa grandeur, son ambition et tous ses vastes projets, qui, pendant la moitié d'un siècle, avaient rempli l'Europe d'agitations et d'alarmes. Ses amusements se bornaient à des promenades sur un petit cheval, le seul qu'il eût conservé, à la culture d'un jardin et à des ouvrages de mécanique. Il faisait des horloges, et, ayant éprouvé la difficulté d'en faire marcher deux parfaitement d'accord, on prétend qu'il réfléchit sur sa folie en se rappelant le temps où il avait voulu contraindre un grand nombre d'hommes à adopter une façon de penser uniforme.

Il assistait deux fois par jour au service divin…

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Message  Louis Lun 07 Oct 2013, 6:02 am


Charles-Quint, trahi par son favori Maurice de Saxe, délaissé de la fortune,
vaincu par la goutte, déçu dans tous ses projets, cède l’empire à son  frère Ferdinand,
ses états héréditaires avec le Nouveau-Monde à son fils Philippe II,
et se retire au monastère de Saint-Just, où il célèbre ses propres obsèques et meurt.

(suite)
Il assistait deux fois par jour au service divin, lisait des livres de dévotion, et particulièrement les œuvres de saint Augustin et de saint Bernard. La nouveauté de ce genre de vie, la douceur du climat, la satisfaction que Charles-Quint goûta d'être délivré des soins du gouvernement firent d'abord de sa retraite un séjour de délices; mais bientôt de nouvelles attaques de goutte, et, si l'on en croit quelques historiens, le repentir d'avoir abandonné un trône, le plongèrent dans des accès de mélancolie qui altérèrent les facultés de son esprit ou plutôt le firent penser plus sérieusement à son heure dernière. Il renonça aux plaisirs les plus innocents de sa retraite et pratiqua dans toute leur rigueur les règles de la vie monastique. Dans la ferveur de sa dévotion il résolut de célébrer ses propres obsèques. Enveloppé d'un linceul et précédé de ses domestiques vêtus de deuil, il s'avança vers une bière placée au milieu de l'église du couvent et s'y étendit. On célébra l'office des Morts, et le monarque mêla sa voix à celles des religieux qui priaient pour lui. Après la dernière aspersion on se retira, et les portes de l'église se fermèrent. Charles-Quint, resté seul, se tint encore quelque temps dans le cercueil; s'étant levé enfin, il alla se prosterner devant l'autel; puis il rentra dans sa cellule, où il passa la nuit dans la plus profonde méditation. Il mourut de la fièvre quelque temps après, le 22 septembre 1558, dans la cinquante-neuvième année de son âge 1.

Quant à l'esprit politique de l'Europe, voici comment on en peut résumer…

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1 Biographie univers. Robertson.
 
 
A suivre : Quel était l’esprit politique de l’Europe. Tâche difficile de l’Église.

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Message  Louis Lun 07 Oct 2013, 11:16 am


Quel était l’esprit politique de l’Europe. Tâche difficile de l’Église.

Quant à l'esprit politique de l'Europe, voici comment on en peut résumer l'origine, le caractère et le développement. Les césars teutons, promptement dégénérés de Charlemagne, cet humble défenseur de l'Église romaine, ce dévot auxiliaire du Siège apostolique en toutes choses, prétendent disposer en maîtres de ce Siège et de cette Église, y créent des schismes par leurs antipapes, et tout cela pour imposer à tout le monde ce Credo politique : « L'empereur allemand est la loi vivante et souveraine de tous les peuples et de tous les rois ; il est le propriétaire unique de tout l'univers; l'Église romaine n'existe que pour enseigner cela. »

De leur côté les rois de France, promptement dégénérés de saint Louis, leur glorieux ancêtre, au lieu de se dévouer comme lui au service de Dieu et de son Église, prétendent mettre cette Église de Dieu à leur service, confisquer la papauté à leur profit, et amènent ainsi le grand schisme d'Occident. Cet esprit de révolution et d'anarchie princière se fait homme, en Allemagne dans Luther, en France dans Calvin, en Angleterre dans Henri VIII; trois volcans, trois incendies, communiquant entre eux d'un pays à l'autre, et qui dévoreront jusqu'à la racine de l'ordre social si l'Église de Dieu ne le sauve contre cet océan de feu, malgré les princes de ce monde. Nous l'avons vu par Charles-Quint….

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Message  Louis Mar 08 Oct 2013, 6:18 am

Quel était l’esprit politique de l’Europe. Tâche difficile de l’Église.
(suite)

...Nous l'avons vu par Charles-Quint. Le Pape lui disait : « Pour éteindre l'incendie de l'Allemagne il faut y jeter de l'eau et encore de l'eau. — Pas tout à fait, répondait l'empereur, je m'y entends mieux que vous; il faut un mélange d'eau et d'huile. »

Le Pape disait au roi de France : « Le feu de l'Allemagne prend chez vous ; jetez-y de l'eau pour l'éteindre. — Oui, très-saint Père, j'y jette de l'eau chez moi, et de l'huile chez mon voisin d'Allemagne; et, de peur que l'incendie ne s'y éteigne, j'appelle sous main le grand-turc pour l'attiser, même chez vous, s'il y avait moyen. »

Telle était la merveilleuse politique de l'empereur d'Allemagne et du roi du France, dans cet embrasement de l'Europe, politique et embrasement qui durent encore.

Autre échantillon. L'incendie de l'Angleterre, allumé par Henri VIII, allait diminuant sous sa fille Marie. Le roi de France, Henri II, eut peur que cet incendie ne vînt à s'éteindre ; il suscita donc en Angleterre, il y soudoya même des conspirations, des insurrections hérétiques contre la reine catholique, Marie. En récompense, l'autre fille de Henri VIII, la protestante Elisabeth, suscitera, soudoiera des conspirations, des guerres civiles en Ecosse, royaume allié de la France, et donnera aux siècles modernes le premier exemple du régicide dans le meurtre juridique de la reine d'Ecosse, sa cousine, Marie Stuart. Dans le même temps, au cœur de la France même, elle attisera et soudoiera la guerre civile, faisant tuer les Français par les Français, les princes par les princes, les peuples par les peuples. Parmi tous ces voisins couronnés c'est à qui mettra le feu chez l'autre : telle est leur morale.

Or, au milieu de cette anarchie incendiaire des peuples et des princes, c'est à l'Église de Dieu, c'est au concile de Trente à sauver la foi, le bon sens, les sentiments d'honneur, en Europe et dans tout le monde.

La tâche n'est pas médiocre ; il s'agit de guérir les nations malades ; car le monde est un grand hôpital où les malades sont des nations entières. Jésus-Christ, médecin, infirmier, remède par excellence, a établi une hiérarchie de médecins, d'infirmiers et de remèdes: c'est la hiérarchie catholique. Le chef visible des médecins et des infirmiers, c'est le Pape. Les principaux malades sont l'Allemagne, la France, l'Angleterre ; depuis trois siècles elles ont une grande fièvre. Par exemple, l'histoire religieuse de l'Angleterre, depuis trois siècles, ressemble aux rêves d'un malade en délire, qui outrage, qui frappe, qui tue ses infirmiers et ses médecins. Aujourd'hui cependant, après trois siècles, la fièvre se calme ; le malade recouvre assez de sens pour s'apercevoir de son état et regretter son antique santé; en relisant le journal de sa maladie il commence à rougir de ses extravagances et ne sait comment se les expliquer.

En effet la chose n'est pas facile à comprendre…

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Message  Louis Mar 08 Oct 2013, 1:43 pm

Quel était l’esprit politique de l’Europe.
Tâche difficile de l’Église.

(suite)

 En effet la chose n'est pas facile à comprendre. Depuis neuf cents ans l'Angleterre, convertie par les Papes, leur était unie et soumise, non-seulement au spirituel, mais encore un peu au temporel, comme à son suzerain volontairement choisi autrefois. Cette union paraissait plus intime que jamais, son chef venait de recevoir du Pape le glorieux titre de défenseur de la foi catholique. Et voilà que tout d'un coup la tête lui tourne, qu'il renie celui dont il vient de recevoir le titre glorieux de défenseur de la foi, qu'il en usurpe lui-même la place, et cela pour faire de son lit nuptial un lieu d'adultères et de meurtres, de son trône un antre de vols et de sacrilèges. Et tout d'un coup l'Angleterre, saisie du même vertige, renie ses neuf siècles de Christianisme, renie le successeur de saint Pierre, l'auteur de sa civilisation, renie la communion de sa légion de saints qui peuplent le ciel et qui sont tous morts dans l'unité de l'Église romaine, et cela pour enrichir quelques familles du vol des églises et des monastères et réduire à la mendicité le tiers du peuple.

Ce n'est pas tout ; Jésus-Christ a dit : « Il n'y aura qu'un bercail et qu'un pasteur. » Ce pasteur est Pierre, auquel il a dit : « Pais mes agneaux, pais mes brebis. Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle. Et tout ce que tu lieras ou délieras sur la terre sera lié ou délié dans les cieux. J'ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille point ; donc que tu seras converti affermis tes frères. »

Or, ce pasteur suprême et universel, divinement institué et divinement assisté, la nation anglaise, qui lui doit d'ailleurs tout ce qu'elle a de bon, le reconnaît, le vénère, lui obéit pendant plus de mille ans, avec toutes les nations catholiques ; puis tout d'un coup elle le renie pour faire bande à part, hors du bercail unique, et se donner à un autre pasteur qui n'est pas le successeur de saint Pierre, mais le successeur d'Hérode, qui mit saint Pierre en prison; mais le successeur de Néron qui mit saint Pierre en croix; mais un de ces princes du siècle devant qui le Sauveur nous prévient que nous serons traduits comme des criminels pour lui rendre témoignage au milieu des tourments.

Et les Anglais se soumettent à cet étrange pasteur, non pour conserver la foi de leurs pères, mais pour en changer du jour au lendemain, suivant les caprices du maître; et ce maître sera souvent un enfant ou une femme; ce sera souvent une femme, un enfant, qui apprendront aux Anglais, du jour au lendemain, ce qu'ils doivent croire ou ne  croire plus, et cela sous peine d'être pillés, emprisonnés, exilés, brûlés, pendus.

Ainsi, à la mort de leur premier pape national, Henri VIII, …
 
 
A suivre : Variations religieuses de l’Angleterre à la mort de Henri VIII et sous le règne d’Édouard VI.

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Message  Louis Mer 09 Oct 2013, 5:29 am

Variations religieuses de l’Angleterre
à la mort de Henri VIII
et sous le règne d’Édouard VI.
Ainsi, à la mort de leur premier pape national, Henri VIII, Ainsi, à la mort de leur premier pape national, Henri VIII, ayant eu un jeune pape de dix ans, Edouard VI, les Anglais changèrent de religion comme de règne et d'anglicans furent faits Zwingliens, par ordre de leur jeune pape. La véritable cause, c'est que l'oncle du pape mineur était Zwinglien dans l'âme, et qu'il convoitait les calices et autres  vases et ornements d'or et d'argent qui se  trouvaient encore dans les églises.

Pour préparer la voie à cette nouvelle réformation on commença par reconnaître Édouard, comme on avait fait Henri, pour chef souverain de l'Église anglicane au spirituel et au temporel. La maxime qu'on avait établie dès le temps de Henri VIII était que le roi tenait la place du Pape en Angleterre : ce sont les paroles de l'évêque anglican Burnet ; mais on donnait à cette nouvelle papauté des prérogatives auxquelles le Pape n'avait jamais prétendu. Les évêques prirent du jeune Édouard de nouvelles commissions révocables à la volonté du roi, comme Henri l'avait déjà déclaré, et on crut, suivant Burnet, que, pour avancer la réformation, il fallait tenir les évêques sous le joug d'une puissance arbitraire.

L'archevêque de Cantorbéry, primat d'Angleterre, le Zwinglien Cranmer, fut le premier à baisser la tête sous ce joug honteux. Il ne faut pas s'en étonner : c'était lui qui inspirait ces sentiments ; les autres suivirent ce pernicieux exemple. On se relâcha un peu dans la suite, et les évêques furent obligés de recevoir comme une grâce que le roi donnât les évêchés à vie .

On expliquait bien nettement dans leur commission, comme on avait fait sous Henri, selon la doctrine de Cranmer, que la puissance épiscopale, aussi bien que celle des magistrats séculiers, émanait de la royauté comme de sa source; que les évêques ne l'exerçaient que précairement , et qu'ils devaient l' abandonner à la volonté du roi, par lequel elle leur était communiquée.

Le roi enfant leur donnait pouvoir  « d'ordonner et de déposer les ministres, de se servir des censures ecclésiastiques contre les personnes scandaleuses, et, en un mot, de faire tous les devoirs de la charge pastorale, » tout cela au nom du roi et sous son autorité .

On reconnaissait en même temps que cette charge pastorale était établie par la parole de Dieu ; car il fallait bien nommer cette parole dont on voulait se faire honneur. Mais encore qu'on n'y trouvât rien, pour la puissance royale, que ce qui regardait l'ordre des affaires du siècle, on ne laissa pas de l'étendre jusqu'à ce qu'il y a de plus sacré dans les pasteurs. On expédiait une commission du roi à qui on voulait pour sacrer un nouvel évêque.

Ainsi, selon la nouvelle hiérarchie, comme l'évêque n'était sacré que par l'autorité royale, ce n'était que par la même autorité qu'il célébrait les ordinations. La forme même et les prières de l'ordination, tant des évêques que des prêtres, furent réglées par le parlement. On en fit autant de la liturgie ou du service public et de toute l'administration des sacrements.

En un mot, tout était soumis à la puissance royale, et en abolissant l'ancien droit le parlement devait faire encore le nouveau corps de canons. Tous ces attentats étaient fondés sur la maxime dont le parlement d'Angleterre s'était fait un nouvel article de foi, « qu'il n'y avait point de juridiction, soit séculière, soit ecclésiastique, qui ne dût être rapportée à l'autorité royale comme à sa source 1. »

Un peu après le roi-pape de dix ans déclara qu'il allait faire la visite de son royaume et défendait…

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1 Burnet, apud Bossuet, Variat., 1. 7, n. 76.

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Message  Louis Mer 09 Oct 2013, 12:20 pm

Variations religieuses de l’Angleterre
à la mort de Henri VIII
et sous le règne d’Édouard VI.

(suite)

Un peu après le roi-pape de dix ans déclara qu'il allait faire la visite de son royaume et défendait aux archevêques et à tous autres d'exercer aucune juridiction ecclésiastique tant que la visite durerait. II y eut une ordonnance du roi-enfant pour se faire recommander dans les prières publiques, comme souverain chef de l'Eglise anglicane, et la violation de cette ordonnance emportait la suspension, la déposition et l'excommunication.

Ce n'est pas tout : quelque temps après il y eut un édit qui défendait de prêcher sans la permission du roi ou sans celle de ses visiteurs, de l'archevêque de Cantorbéry ou de l'évêque diocésain. Ainsi le droit principal était au roi ; les évêques y avaient part avec sa permission seulement.

Un peu plus tard le conseil de régence permit de prêcher à ceux qui se sentiraient animés du Saint-Esprit : le conseil avait changé d'avis. Après avoir fait dépendre la prédication de la puissance royale, on s'en remet à la discrétion de ceux qui s'imagineraient avoir en eux-mêmes le Saint-Esprit, et on y admet par ce moyen tous les fanatiques.

Un an après on changea encore. Il fallut ôter aux évêques le pouvoir d'autoriser les prédicateurs et le réserver au roi et à l'archevêque; par ce moyen il sera aisé de faire prêcher telle hérésie qu'on voudra. On remit au prince seul toute l'autorité de la parole. On poussa la chose si loin que, après avoir déclaré au peuple que le roi faisait travailler à ôter toutes les matières de controverses, on défendait, en attendant, généralement à tous les prédicateurs, de prêcher dans quelque assemblée que ce fût. Voilà donc la prédication suspendue par tout le royaume, la bouche fermée aux évêques par l'autorité du roi, et tout en attente de ce que le prince établirait sur la foi. On y joignait un avis de recevoir avec soumission les ordres qui seraient bientôt envoyés.

C'est ainsi que s'est établie la réformation anglicane. Toute une nation, chrétienne depuis dix siècles, attend d'un enfant de dix ans à savoir ce que c'est que le Christianisme. En vérité cette nation était tombée en enfance.

Avec ces préparatifs la réformation anglicane fut commencée par le duc de Sommerset et par Cranmer…

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Message  Louis Jeu 10 Oct 2013, 5:33 am


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à la mort de Henri VIII
et sous le règne d’Édouard VI.

(suite)
 
 
Avec ces préparatifs la réformation anglicane fut commencée par le duc de Sommerset et par Cranmer. Le duc de Sommerset était l'oncle du jeune prince. D'abord la puissance royale détruisait la foi que la puissance royale avait établie. Les six articles que Henri VIII avait publiés avec toute son autorité spirituelle et temporelle furent abolis; c'étaient 1° la transsubstantiation ; 2° la communion sous une espèce; 3° le célibat des prêtres, avec peine de mort contre ceux qui y contreviendraient ; 4° l'obligation de garder les vœux ; 5° les messes particulières ; 6° la nécessité de la confession auriculaire. Ces articles avaient été publiés par l'autorité de Henri VIII et du parlement, avec peine de mort pour ceux qui les combattraient opiniâtrement et de prison pour les autres autant de temps qu'il plairait au roi. Malgré toutes ces précautions de Henri VIII, précautions renouvelées dans son testament pour conserver ces précieux restes de la religion catholique, et peut-être pour la rétablir tout entière avec le temps, la doctrine zwinglienne, tant détestée par ce prince, prit le dessus sous son fils Edouard.
 
Deux étrangers, Pierre Martyr, Florentin, et Bernardin Ochin, qui depuis fut l'ennemi déclaré de la divinité de Jésus-Christ, furent appelés pour commencer cette réforme ; c'étaient deux moines apostats et mariés. Pierre Martyr était un pur Zwinglien. La doctrine qu'il proposa sur l'Eucharistie en Angleterre, en 1549, se réduisait à ces trois thèses ; 1° qu'il n'y avait point de transsubstantiation ; 2° que le corps et le sang de Jésus-Christ n'étaient point corporellement dans l'Eucharistie ni sous les espèces; 3° qu'ils étaient unis sacramentellement, c'est-à-dire figurément, ou tout au plus virtuellement, au pain et au vin.
 
Avec le secours de ces étrangers et d'autres, Cranmer compila un recueil officiel d'homélies et de paraphrases, un nouveau catéchisme, un nouveau rituel, un livre de prières communes, le tout pour insinuer de plus en plus l'hérésie des sacramentaires et s'éloigner de plus en plus de l'ancienne religion. Le roi recommanda la nouvelle liturgie et les nouvelles prières à l'approbation du parlement ; car Dieu n'écoutait plus de prières à moins qu'elles n'eussent le timbre du parlement anglais. On disait dans le préambule du bill que les commissaires nommés par le roi pour rédiger ces prières communes en avaient achevé l'ouvrage d'un consentement unanime et par l'assistance du Saint-Esprit. Le public fut étonné de cette expression ; mais les réformateurs étrangers et autres surent bien répondre que cela ne s'entendait pas d'une assistance ou d'une aspiration surnaturelle, et qu'autrement il n'eût point été permis d’y faire des changements. Or ils y en voulaient, ces réformateurs, et ils ne prétendaient pas former d'un seul coup leur religion. En effet on fit bientôt dans la liturgie des changements très-considérables  et ils allaient principalement à ôter toutes les traces de l'antiquité que l'on avait conservées 1.
 
On avait retenu cette prière dans la consécration de l'Eucharistie…

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1 Bossuet, Variat. l. 7. Lingard, Edouard VI. Cobbet, lettre 7.

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Message  Louis Jeu 10 Oct 2013, 2:43 pm

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à la mort de Henri VIII
et sous le règne d’Édouard VI.

(suite)

On avait retenu cette prière dans la consécration de l'Eucharistie: : « Bénis, ô Dieu, et sanctifie ces présents  et ces créatures de pain et de vin, afin qu'elles soient pour nous le corps et le sang de ton très-cher Fils, etc. » On avait voulu conserver dans cette prière quelque chose de la liturgie de l'Église romaine, que le moine saint Augustin avait portée aux Anglais avec le Christianisme lorsqu’il leur fût envoyé par le Pape saint Grégoire ; mais, bien qu'on l'eût affaiblie en y retranchant quelques termes, on trouva encore qu'elle sentait trop la transsubstantiation ou même la présence corporelle , et on l'a depuis entièrement effacée.

Elle était pourtant encore bien plus forte comme la disait l'Église anglicane lorsqu'elle reçut le Christianisme; car, au lieu qu'on avait mis dans la liturgie réformée : que ces présents soient pour nous le corps et le sang de Jésus-Christ, il y a dans l'original : que cette oblation nous soit faite le corps et le sang de Jésus-Christ. Ce mot de faite signifie une action véritable du Saint-Esprit qui change ces dons, conformément à ce qui est dit dans les autres liturgies de l'antiquité : « Faites, ô Seigneur, de ce pain le propre corps et de ce vin le propre sang de votre Fils, les changeant par votre Esprit-Saint 1 » Et ces paroles, nous soit faite le corps et le sang, se disent dans le même esprit que celles-ci d'Isaïe : Un petit enfant nous est né; un fils nous est donné  2, non pour dire que les dons sacrés ne sont faits le corps et le sang que lorsque nous les prenons, comme on l'a voulu entendre dans la réforme, mais pour dire que c'est pour nous qu'ils sont faits tels dans l'Eucharistie, comme c'est pour nous qu'ils ont été formés dans le sein d'une Vierge. La réformation anglicane a corrigé toutes les choses qui ressentaient trop la transsubstantiation . Le mot d'oblation eût aussi trop senti le sacrifice ; on l'avait voulu rendre en quelque façon par le terme de présents; à la fin on l'a ôté tout à fait, et l'Église anglicane n'a plus voulu entendre la sainte prière qu'elle entendit lorsqu'en sortant des eaux du baptême on lui donna pour la première fois le Pain de vie.

La réformation anglicane avait conservé quelque chose de la prière pour les morts ; car on recommandait encore à la bonté infinie de Dieu les âmes des trépassés . On demandait, comme nous le faisons encore aujourd'hui dans les obsèques, pour l'âme qui venait de sortir du monde, la rémission de ses péchés; mais tous ces restes de l'ancien esprit sont abolis; cette prière ressentait trop le purgatoire. Il est certain qu'on l'a dite dès les premiers temps en Orient et en Occident ; n'importe; c'était la messe du Pape et de l'Église romaine; il la fallait bannir de l'Angleterre et en tourner toutes les paroles dans le sens le plus odieux.

Tout ce que la réforme anglicane tirait de l'antiquité elle l'altérait…

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1 Liturgie de S. Bas., edit. Bened. app., t, 2, p. 679 et 693. — 2 Isaïe, 9, 6.

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Message  Louis Ven 11 Oct 2013, 6:26 am

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et sous le règne d’Édouard VI.

(suite)

Tout ce que la réforme anglicane tirait de l'antiquité elle l'altérait. La Confirmation n'a plus été qu'un catéchisme pour faire renouveler les promesses du Baptême, « Mais, disaient les catholiques, les Pères dont nous la tenons, par une tradition fondée sur les actes des apôtres et aussi ancienne que l'Église, ne disent pas seulement un mot de cette idée de catéchisme. » Il est vrai, et il le faut avouer, on ne laisse pas de tourner la Confirmation en cette forme; autrement elle serait trop papistique. On en ôte le saint chrême, que les Pères les plus anciens avaient appelé l'instrument du Saint-Esprit ; l'onction même, à la fin, sera ôtée de l'Extrême-Onction, quoi qu'en puisse dire saint Jacques, et, malgré le Pape saint Innocent, qui parlait de cette onction au quatrième siècle, on décidera que l'Extrême-Onction ne se trouve qu'au dixième 1.

Parmi ces altérations trois choses sont demeurées : les cérémonies sacrées, les fêtes des saints, les abstinences et le carême. On a bien voulu que, dans le service, les prêtres eussent des habits mystérieux, symbole de la pureté et des autres dispositions que demande le culte divin. On regarde les cérémonies comme un langage mystique, et Calvin parut trop outré en les rejetant. On retint l'usage du signe de la croix pour témoigner solennellement que la croix de Jésus-Christ ne nous fait point rougir. On voulait d'abord que « le sacrement du Baptême, le service de la Confirmation et la consécration de l'Eucharistie fussent témoins du respect qu'on avait pour cette sainte cérémonie 2. A la fin néanmoins on la supprima dans la Confirmation et dans la consécration, dans lesquelles saint Augustin, avec toute l'antiquité, témoigne qu'elle a toujours été pratiquée, et on ne sait pourquoi elle est demeurée seulement dans le baptême.

Quant au célibat des prêtres, on statua au parlement que, encore qu'il fût à désirer que le clergé observât une continence perpétuelle, comme plus conforme à son caractère évangélique, en le laissant tout entier à son ministère et en le délivrant des soins et des embarras du monde, cependant, comme il résultait beaucoup d'inconvénients d'une chasteté forcée, il semblait plus prudent de permettre, à ceux qui ne pouvaient s'astreindre à la continence, de faire usage du mariage. En conséquence le parlement arrêtait que dorénavant toutes les lois provenues des hommes seulement, et qui défendaient le mariage aux ecclésiastiques, étaient révoquées et de nul effet 3 .

Mais ce qu'il y a de plus surprenant dans la réformation anglicane, c'est une maxime de Cranmer…

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1 Variat. l. 7, n. 89. —   2 Burnet, apud Bossuet, ibid., n. 90  —  3 Lingard, t. 7, p, 46.

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Message  Louis Ven 11 Oct 2013, 11:25 am

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(suite)

Mais ce qu'il y a de plus surprenant dans la réformation anglicane, c'est une maxime de Cranmer. Au lieu que, dans la vérité, le culte dépend du dogme et doit être réglé par là, Cranmer renversait cet ordre, et, avant que d'examiner la doctrine, il supprimait dans le culte ce qui lui déplaisait le plus. Selon le protestant Burnet, « l'opinion de la présence de Jésus-Christ dans chaque miette de pain a donné lieu au retranchement de la coupe. En effet, poursuit-il, si cette hypothèse est juste, la communion sous les deux espèces est inutile 1. » Ainsi la question de la nécessité des deux espèces dépendait de celle de la présence réelle. Or, en 1548, l'Angleterre croyait encore à la présence réelle, et le parlement déclara que « le corps du Seigneur était contenu dans chaque morceau et dans les plus petites portions de pain. » Cependant on avait déjà établi la nécessité de la communion sous les deux espèces, c'est-à-dire qu'on avait tiré les conséquences avant que de s'être bien assuré du principe.

L'année suivante on voulut douter de la présence réelle, et, suivant Burnet, la question n'était pas encore décidée quand on supprima par provision l'adoration de Jésus-Christ dans le Sacrement ; de même que si on disait, en voyant le peuple dans un grand respect comme en présence du roi : « Commençons par empêcher tous ces honneurs ; nous verrons après si le roi est là et si ces respects lui sont agréables. » On ôta de même l'oblation du corps et du sang, encore que cette oblation, dans le fond, ne soit autre chose que la consécration faite devant Dieu de ce corps et de ce sang comme réellement présents avant la manducation ; et sans avoir examiné le principe on en avait déjà renversé la suite infaillible.

La cause d'une conduite si irrégulière, c'est qu'on menait le peuple par le motif de la haine, et non par celui de la raison. Il était aisé d'exciter la haine contre certaines pratiques dont on ne montrait ni la source ni le bon usage, surtout lorsqu'il s'y était mêlé quelques abus ; ainsi il était aisé de rendre odieux les prêtres qui abusaient de la messe pour obtenir un gain sordide, et la haine une fois échauffée contre eux était tournée insensiblement par mille artifices contre le mystère qu'ils célébraient, et même contre la présence réelle qui en était le soutien.

On en usait de même pour les images, et une lettre française, que Burnet nous a rapportée, d'Édouard VI à son oncle le protecteur, nous le fait voir…

_______________________________________

1 Variat. l. 7, n. 93.

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Message  Louis Sam 12 Oct 2013, 6:02 am

Variations religieuses de l’Angleterre
à la mort de Henri VIII
et sous le règne d’Édouard VI.

(suite)

On en usait de même pour les images, et une lettre française, que Burnet nous a rapportée, d'Édouard VI à son oncle le protecteur, nous le fait voir. Pour exercer le style de ce jeune prince, ses maîtres lui faisaient recueillir tous les passages où Dieu parle contre les idoles, « J'ai voulu, disait-il, en lisant la sainte Écriture, noter plusieurs lieux qui défendent d'adorer et de faire aucune image, non-seulement de dieux étrangers, mais aussi de former chose, pensant la faire semblable à la majesté de Dieu le Créateur. »

Dans cet âge crédule il avait cru simplement ce qu'on lui disait, que les catholiques faisaient des images, pensant les faire semblables à la majesté de Dieu et ces grossières idées lui causaient de l'étonnement et de l'horreur. « Si m'ébahis, poursuit-il dans le langage du temps, vu que lui-même et son Saint-Esprit l'a si souvent défendu, que tant de gens ont osé commettre idolâtrie en faisant et adorant les images. »

Il attache toujours, comme on le voit, la même haine à les faire qu'à les adorer ; et il a raison, selon les idées qu'on lui donnait, puisque constamment il n'est pas permis de faire des images dans la pensée de faire quelque chose de semblable à la majesté du Créateur. « Car, comme ajoute ce prince, Dieu ne peut être vu en choses qui soient matérielles, mais veut être vu dans ses œuvres. »

Voilà comment on abusait un jeune enfant ; on excitait sa haine contre les images païennes, où on prétend représenter la Divinité ; on lui montrait que Dieu défend de faire de telles images ; mais on n'avait garde de lui enseigner que celles des catholiques ne sont pas de ce genre, puisqu'on ne s'est pas encore avisé de dire qu'il soit défendu d'en faire de telles ni de peindre Jésus-Christ et ses saints.

Un enfant de dix à douze ans n'y prenait pas garde de si près ; c'était assez qu'en général et confusément on lui décriât les images ; celles de l'Eglise, quoique d'un autre ordre et d'un autre dessein,  passaient avec les autres. Ébloui d'un raisonnement spécieux et de l'autorité de ses maîtres, tout était idole pour lui, et la haine qu'il avait contre l'idolâtrie se tournait aisément contre l'Église 1.

Quatre évêques s'étant montrés contraires à ces innovations furent emprisonnés et destitués : ...

_____________________________________________________

1 Variat. l. 7, n. 95.
 
 
A suivre : Quatre évêques fidèles.

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Message  Louis Sam 12 Oct 2013, 12:03 pm

Quatre évêques fidèles
Quatre évêques s'étant montrés contraires à ces innovations furent emprisonnés et destitués : c'étaient Gardiner, évêque de Winchester ; Bonner, évêque de Londres ; Heath, évêque de Worcester, et Day, évêque de Chichester.

Lors des innovations de Henri VIII nous n'avons trouvé qu'un évêque fidèle, Fisher, évêque de Rochester ; ici nous en voyons quatre. Ne désespérons pas de cette nation; c'est comme une armée, trahie et égarée par son général, qui a de la peine à se reconnaître, à reformer ses rangs, à reprendre sa place dans le camp de Dieu, l'Eglise universelle.

Effectivement, d'après les historiens Lingard et Cobbet, les onze douzièmes de la nation conservaient un vif attachement à la croyance de leurs pères ; on n'obéissait qu'à regret et avec négligence à l'ordre d'introduire la nouvelle liturgie; le clergé, généralement contraire à cette cause, ne cherchait qu'à se soustraire à la pénalité dont le menaçaient les statuts ; la noblesse et la classe des propriétaires aisés dissimulaient leurs véritables sentiments dans l'intention connue d'obtenir les faveurs de la cour, ou du moins d'échapper à son ressentiment 2.

Quelle fut donc la cause de ces innovations, malgré le clergé et le peuple ? …

_____________________________________________________________________

 2 Lingard, t. 7, p. 90 et 91. Cobbet, lettre 7.
 
 
A suivre : Vraies causes de ces innovations, malgré le clergé et le peuple.

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Message  Louis Sam 12 Oct 2013, 6:20 pm


Vraies causes de ces innovations,
malgré le clergé et le peuple.
Quelle fut donc la cause de ces innovations, malgré le clergé et le peuple ?  Elle se découvre dans l'Évangile, « Or Marie prit une livre de parfum précieux, la répandit sur les pieds de Jésus et les essuya de ses cheveux, et la maison fut remplie de l'odeur du parfum. Mais un des disciples dit, c'était Judas Iscariote, qui devait le trahir : « A quoi bon cette perte ? Pourquoi n'a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers pour les donner aux pauvres ?» Or il parlait ainsi, non qu'il se souciât des pauvres, mais parce qu'il était voleur 3. » Judas Iscariote fut ainsi le premier réformateur dans l'Église.

Certains barons d'Angleterre trouvèrent à propos de marcher sur ses traces, Henri VIII et ses courtisans avaient déjà volé les biens des monastères et les monastères eux-mêmes; les courtisans d'Edouard VI eussent bien voulu en faire autant ; mais où prendre ? Le voici. Henri VIII avait conservé la messe et tout ce qui s'y rattache, autels, calices, ornements. Abolissons la messe, et nous aurons tout ce butin. On importa donc en Angleterre la doctrine helvétique de Zwingle, on la fit naturaliser par acte du parlement, et les barons se jetèrent sur les calices, les vases sacrés, les ornements d'or et d'argent. Voici comment en parle le protestant Cobbet :

« On avait vu quelquefois, sous le règne qui venait de finir, un favori obtenir du roi la permission de rançonner tel ou tel évêché pour établir sa fortune. A la mort du vieux despote le pillage devint général, et ce fut le protecteur lui-même qui se mit à la tête du mouvement ; on volait tant dans un évêché, tant dans un autre ; quelquefois même on le supprimait tout à fait, comme il arriva à celui de Westminster. Les pillards étaient trop nombreux pour ne pas trouver bientôt le champ du brigandage trop borné. Un acte du parlement ordonna en conséquence le pillage des chantreries et chapelles libres, propriétés particulières s'il en fut jamais, ainsi  que des biens appartenant aux hôpitaux et confréries, lesquels étaient certainement des propriétés aussi sacrées que peuvent l'être aujourd'hui ceux d'une société philanthropique quelconque 1. »

Le protecteur ou régent était le comte d'Héréford, oncle du roi-enfant, qui le fit duc de Sommerset…

______________________________________________________

3  Jean, 12. — 1 Cobbet,  lettre 7.


Dernière édition par Louis le Dim 13 Oct 2013, 11:48 am, édité 1 fois (Raison : Présentation.)

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Message  Louis Dim 13 Oct 2013, 11:48 am


Vraies causes de ces innovations,
malgré le clergé et le peuple.

(suite)

Le protecteur ou régent était le comte d'Héréford, oncle du roi-enfant, qui le fit duc de Sommerset.

« Le protecteur Sommerset ne s'oublia point dans tout cela, poursuit le protestant Cobbet. Après  avoir pillé quatre ou cinq évêchés, il lui prit fantaisie d'avoir à Londres un palais que l'on construisit dans le Strand (rue de la Cité), et que l'on appela Sommerset-House (palais de Sommerset), nom que cet édifice a conservé jusqu'à ce jour.

Il s'empara des maisons de ville de trois évêques et les fit abattre, en même temps qu'une église paroissiale, pour avoir l'emplacement nécessaire au plan qu'il avait adopté. Les matériaux provenant de la démolition de ces édifices étant insuffisants pour la construction de son palais, il fît démolir une partie des bâtiments appartenant à la cathédrale de Saint-Paul, l'église Saint-Jean, près de Smithfield, Barking-Chapelle, près la Tour, l'église collégiale de Saint-Martin le Grand, l'église de Saint-Ewen, ainsi que les églises paroissiales de Saint-Nicolas et de Sainte-Marguerite de Westminster.

Mais, rapporte le docteur Heyleyn, à peine les ouvriers eurent-ils établi leurs échafaudages qu'on vit accourir sur eux un grand nombre d'habitants de ces différentes paroisses, les uns armés d'arcs et de flèches, les autres de bâtons et de fourches; ce qui répandit tellement l'effroi parmi les ouvriers qu'ils se sauvèrent fort surpris et qu'on ne put jamais les engager à reprendre leurs travaux. »

Ainsi s'éleva Sommerset-Home , qui de nos jours sert de temple au dieu du fisc. Ce palais fut construit, dans l'origine, avec les décombres des églises ; il a toujours conservé le même nom, et c'est de là que partent aujourd'hui ces ordres qui nous enlèvent le fruit de nos travaux pour acquitter les intérêts d'une dette publique , conséquence naturelle et immédiate de la réforme 1 »

La grande masse du peuple anglais pensait comme ses paroissiens de Londres…

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1 Cobbet, lettre 7.  
1 Cobbet, Ibid..

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Message  Louis Lun 14 Oct 2013, 6:24 am

Vraies causes de ces innovations,
malgré le clergé et le peuple.


(suite)

La grande masse du peuple anglais pensait comme ses paroissiens de Londres.

« On se flattait que le livre de prières de Cranmer mettrait fin à toutes les dissensions ; mais, à son apparition et au commencement des spoliations qui en furent la conséquence nécessaire, une insurrection ouverte éclata dans plusieurs comtés; elle fut suivie de plusieurs batailles et d'exécutions nombreuses. Quoique tout le royaume ressentît plus ou moins les secousses d'une aussi violente commotion, les comtés de Devon et de Norfolk furent les principaux foyers de l'insurrection. Les insurgés, supérieurs en nombre aux troupes qui leur étaient opposées, prirent bientôt une attitude menaçante et vinrent mettre le siège devant Exeter, ville du comté de Devon. Le gouvernement envoya contre eux lord Russel, qui les défit au moyen d'un renfort de troupes allemandes reçu à propos. On exécuta alors en masse ceux des insurgés dont on parvint à s'emparer, conformément aux lois militaires, et le brave général se couvrit de gloire en faisant pendre un vénérable prêtre au haut du clocher de son église. Dans le comté de Norfolk l'insurrection, qui avait pris un caractère non moins alarmant, fut également réprimée par le secours des troupes étrangères, et cette province devint à son tour le théâtre des plus sanglantes exécutions.

Le docteur Heyleyn, théologien protestant rapporte lui-même que les griefs allégués par la population du Devonshire étaient les altérations subies par la religion ; l'oppression à laquelle quelques membres de la noblesse prétendaient soumettre le tiers-état, né libre et indépendant; l'abolition de la sainte liturgie observée par leurs pères et l'établissement d'un nouveau culte étranger à leurs mœurs. Il ajoute qu'on demandait à grands cris le rétablissement de la messe et des couvents, et l'interdiction du mariage, aux prêtres, comme avant la révolution. On entendait partout de pareilles plaintes et de semblables demandes ; mais le livre de prières de Cranmer et l'Église établie par la loi finirent cependant, grâce au secours des troupes étrangères, par triompher de tous ces obstacles 1. »

Tandis que les réformateurs anglais anathématisaient aujourd'hui ce qu'ils professaient hier…

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1 Cobbet, Ibid..
 
 
A suivre : Les novateurs brûlent une dissidente.


Dernière édition par Louis le Lun 14 Oct 2013, 4:07 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Lun 14 Oct 2013, 12:55 pm


Les novateurs brûlent une dissidente.
Tandis que les réformateurs anglais anathématisaient aujourd'hui ce qu'ils professaient hier, ils condamnaient au feu d'autres sectaires comme hérétiques ; de ce nombre fut une prêcheuse nommée Jeanne Boker, de Kent. Durant le dernier règne elle avait rendu des services marqués aux réformateurs en colportant clandestinement les livres défendus, qu'elle faisait tenir aux dames de la cour par l'entremise d'Anne Askew. On la somma de comparaître devant les inquisiteurs Cranmer, Smith, Cook, Latimer et Lyell, et on l'accusa d'avoir prétendu que le Christ n'avait pas pris chair de l'homme extérieur de la Vierge, à cause que l'homme extérieur était conçu dans le péché, mais avec le consentement de l'homme intérieur, qui était sans tache. Elle persévéra jusqu'à la fin dans cet inintelligible jargon, et, lorsque l'archevêque Cranmer l'excommunia comme hérétique et ordonna de la livrer au bras séculier, elle répondit :

« Voici matière à méditer pour votre ignorance. Il n'y a pas longtemps que vous brûlâtes Anne Askew pour un morceau de pain ; cependant vous en êtes bientôt venu à croire et à professer la doctrine même pour laquelle vous l'avez brûlée. Maintenant vous voulez absolument me brûler pour un peu de chair, et à la fin vous en viendrez à croire comme moi, quand vous aurez lu les Écritures et que vous les aurez entendues. » Les inquisiteurs réformés ne répliquèrent mot à cette poignante observation. Jeanne Boker fut livrée aux flammes et dit au prédicant qui s'efforçait de la réfuter: « Tais-toi; tu mens comme un chien, et tu ferais mieux de t'en retourner à ta maison étudier l'Écriture 1. »

Une autre classe de personnes se voyait cruellement poursuivie : c'étaient les pauvres…

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1 Lingard, t. 7, p. 113. Wilkins, Concil. Brit. t. 4, p. 42 et  43.
 
 
A suivre: Persécution contre les pauvres.

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Message  Louis Mar 15 Oct 2013, 6:14 am

Persécution contre les pauvres.

Une autre classe de personnes se voyait cruellement poursuivie : c'étaient les pauvres. Les mendiants, qui recevaient autrefois des secours aux portes des monastères et des couvents, erraient alors par bandes à travers la contrée, et souvent, par leur nombre et leurs importunités, extorquaient des aumônes aux voyageurs intimidés. Pour arrêter ce désordre on fit un statut

« qui, dit Lingard, rappellera au lecteur les barbares coutumes de nos ancêtres païens. Quiconque  « vivait oisif et sans occupation pendant l'espace de trois jours »  était classé parmi les vagabonds et passible du châtiment que voici.

Deux juges de paix lui faisaient imprimer, avec un fer chaud, sur la poitrine, la lettre V, et le livraient à son dénonciateur, qu'il devait servir comme esclave pendant deux ans.

Ce nouveau maître était obligé de lui fournir du pain et de l'eau et de lui refuser toute autre nourriture. Il pouvait lui fixer un anneau de fer au cou, au bras ou la jambe, et il était autorisé à le forcer à toute espèce de travail, quelque avilissant qu'il fût, en le frappant et en l'enchaînant, ou autrement.

Si l'esclave s'absentait pendant quinze jours on lui imprimait la lettre S sur la joue ou sur le front, et il devenait esclave pour la vie, et, s'il retombait encore dans la même faute, sa fuite le soumettait au châtiment de la félonie 2. »

Le roi-enfant, Edouard VI, avait deux oncles maternels…

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 2 Wilkins, Conc. Brit. p. 35 et 36. Statut 1 Edw. VI, 3.
 
 
A suivre : Le pape-roi Édouard VI signe la mort de ses deux oncles.

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Message  Louis Mar 15 Oct 2013, 12:40 pm

Le pape-roi Édouard VI signe la mort de ses deux oncles.

Le roi-enfant, Edouard VI, avait deux oncles maternels : son tuteur, le duc de Sommerset, et son frère, Thomas Seymour, grand-amiral. Celui-ci, ayant voulu supplanter l'autre, fut accusé de haute trahison, condamné au dernier supplice et exécuté par la main du bourreau; la sentence de mort était signée de son frère et de son neveu. Son frère, le duc de Sommerset, eut son tour; supplanté par le comte de Warwick, il fut accusé, condamné et exécuté, comme son frère ; sa sentence de mort était également signée de la main de son neveu, le roi-pape Edouard VI.

Le protestant Cobbet dit à ce sujet : …
 
 
A suivre :  Ce que le protestant Cobbet dit à ce sujet. Mort d’Édouard VI.

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Message  Louis Mer 16 Oct 2013, 5:55 am

Ce que le protestant Cobbet dit à ce sujet.
Mort d’Édouard VI.
Le protestant Cobbet dit à ce sujet : « Warwick, devenu protecteur par la mort de Sommerset, se fit créer duc de Northumberland, et s'adjugea les propriétés immenses qui avaient appartenu à l'antique famille dont il prenait le nom, et qui depuis longtemps étaient tombées dans le domaine de la couronne. C'était peut-être un protestant plus zélé que son prédécesseur, c'est-à-dire qu'il était encore plus débauché, plus cruel et plus rapace.

« Le pillage et la dévastation des églises continuèrent sous son administration, jusqu’à ce qu'il ne restât plus rien à voler. On réunit alors un grand nombre de paroisses en une seule, que l'on fit desservir par un seul prêtre. Aussi bien ne restait-il dans le clergé aucun homme véritablement digne de ce nom; tout ce qu'il y avait de savant et de vertueux dans ce corps avait été massacré ou réduit soit à périr de faim, soit à s'expatrier. Le règne de la terreur avait tellement diminué les revenus de ceux qui avaient sacrifié leur conscience à leur place qu'ils étaient souvent obligés de travailler pour subvenir à leurs besoins, comme charpentiers, serruriers, maçons, etc., et même d'entrer comme domestiques au service des gentilshommes, de telle sorte que cette Église d'Angleterre, établie par la loi et surtout par les troupes allemandes, devint en peu de temps l'objet du mépris général de la nation et des autres peuples d'Europe.

« Le roi, encore enfant et d'une santé extrêmement débile, semble n'avoir eu de distinctif dans son caractère que la haine vigoureuse qu'il portait aux catholiques et à leur culte, haine soigneusement entretenue par les leçons du pieux Cranmer. Comme on pouvait déjà présumer qu'il ne fournirait pas une longue carrière, Northumberland, son tuteur, songea aux moyens de faire passer la couronne dans sa famille, projet digne à coup sûr d'un héros de la réforme. Il maria donc l'un de ses fils, lord Guilfort Dudley, à lady Jeanne Grey, héritière présomptive du trône après les princesses Marie et Elisabeth, et engagea le roi à faire un testament qui instituait cette même Jeanne Grey son héritière directe, à l'exclusion de ses deux sœurs.

« Dans cette occasion les juges, le lord-chancelier…

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