Grand schisme d'Occident...

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Message  Louis Mer 05 Juin 2013, 2:15 pm

Manifeste des cardinaux français ; réponse d’un magistrat de Florence.

Mais le mal allait toujours en augmentant. Les cardinaux français d'Anagni, après avoir refusé de soumettre leur différend avec le Pape au jugement d'un concile œcuménique, s'en constituèrent juges eux-mêmes. Pour n'avoir rien à craindre ils firent venir de Viterbe une troupe de Gascons et de Bretons que le cardinal Robert de Genève avait amenés contre les Florentins.

En passant près de Rome ces étrangers tuèrent cinq cents Romains qui voulaient leur disputer le passage d'un pont, ce qui produisit à Rome une réaction populaire contre les Français qui y avaient leur domicile. Le château Saint-Ange était occupé par un commandant français, qui refusa de le remettre au nouveau Pape, même sur l'ordre des cardinaux d'Avignon, qu'il avait réclamé. Protégés ainsi par les armes étrangères et par celles du comte de Fondi, rebelle au Pape, les cardinaux français commencent leur procédure contre Urbain VI, le déclarent intrus, le citent à comparaître devant leur tribunal avec les cardinaux italiens, et adressent à tous les fidèles des lettres encycliques, dans lesquelles, après avoir raconté à leur manière le tumulte arrivé à Rome pendant qu'ils étaient dans le conclave, ils ajoutent : « Donc, pour éviter le péril de mort qui nous menaçait, nous crûmes devoir élire pour Pape l'archevêque de Bari, persuadés que, voyant cette violence, il aurait assez de conscience pour ne point accepter le pontificat; mais lui, oubliant son salut et brûlant d'ambition, consentit à l'élection de plein droit, et, la même crainte durant toujours, il fut intronisé et couronné, et prit le nom de Pape, méritant plutôt celui d'apostat et d'antechrist 1. »

A ce manifeste étrange des cardinaux français un magistrat de Florence répondit par un écrit portant ce titre : …

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Raynald, ann, 1378, n. 47-50.

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Message  Louis Jeu 06 Juin 2013, 5:52 am

Manifeste des cardinaux français ; réponse d’un magistrat de Florence. (suite]

A ce manifeste étrange des cardinaux français un magistrat de Florence répondit par un écrit portant ce titre : « Aux cardinaux d'au delà des monts toute la multitude des fidèles. »

Il représente à ces révérendissimes Pères qu'ils ne pouvaient pas être eux-mêmes juges entre eux et celui qu'ils avaient élu et reconnu Pape et fait reconnaître par tout le monde. « Vous dites que vous l'avez élu par crainte; mais il y en a beaucoup qui assurent que vous étiez d'accord sur son élection avant qu'il y eût aucun tumulte parmi le peuple. Si c'est par crainte du peuple que vous avez élu l'archevêque, pourquoi donc avez-vous craint de publier cette élection? Pourquoi donc avez-vous craint de montrer votre élu ? Pourquoi donc avez-vous mis momentanément à sa place le cardinal de Saint-Pierre afin d'apaiser l'effervescence du peuple ? Vous dites que vous avez tout fait par crainte; mais, pendant la comédie du cardinal de Saint-Pierre, plusieurs d'entre vous s'étaient retirés hors de Rome, dans des lieux sûrs, où ils n'avaient rien à craindre du peuple romain. Ce n'est qu'après le rétablissement du calme qu'ils sont revenus et ont confirmé leur première élection, intronisé et couronné paisiblement leur élu. Comment croire que, dans le temps même où vous habilliez un d'entre vous en pape pour apaiser le tumulte populaire des Romains, vous en ayez élu un autre dans l'espérance qu'il ne consentirait point à son élection ? Comment croire que vous ayez élu par crainte un homme que vous voyiez bien qui ne vous serait d'aucun secours ? Car on ne fait par crainte d'un péril que ce qui peut en délivrer. Tout ce qu'on peut vous accorder, c'est que vous l'avez élu dans la crainte, mais non pas par crainte.

« Et maintenant, ce Pontife que vous avez créé de vos mains, vous l'appelez dans vos lettres un apostat et un antechrist. Mais, s'il est un intrus, qui est-ce qui ne vous appellera pas les criminels auteurs de son intrusion ? S'il est un antechrist, n'est-ce pas vous qui l'avez élevé contre le Christ par vos suffrages? Il est par trop ridicule de blâmer impudemment ce que vous ne pouvez nier à la face des hommes d'avoir fait vous-mêmes. Si votre cause est bonne, pourquoi vouloir la trancher par le fer des Bretons au lieu de la soumettre à un jugement canonique ? Si vous avez confiance dans la bonté de votre cause, de quel front recourez-vous aux armes et rejetez-vous le jugement du concile qu'on vous a offert 1 ? »

Au lieu de répondre, soit alors, soit depuis, à ces questions embarrassantes, les cardinaux français s'efforcèrent de gagner les trois cardinaux italiens. Voici le dernier moyen qu'ils employèrent; ils écrivirent à chacun des trois une lettre confidentielle, avec promesse de le nommer Pape à la place d'Urbain VI; on lui demandait seulement le secret. La tentation était bien séduisante; les trois Italiens donnèrent chacun dans le même panneau. Ils se retirèrent d'abord de la cour d'Urbain VI dans le château de l'un d'entre eux, et enfin ils se réunirent aux Français 1.

Le Pape Urbain VI, se voyant ainsi abandonné de tous les cardinaux…

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1 Raynald, ann, 1378, n. 52 et 53.
1 Id, ibid., n. 55. Th. de Niem, c. 9.
A suivre : Urbain VI créé de nouveaux cardinaux.

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Message  Louis Jeu 06 Juin 2013, 12:12 pm

Urbain VI créé de nouveaux cardinaux.

Le Pape Urbain VI, se voyant ainsi abandonné de tous les cardinaux, en créa vingt-neuf autres le 18 septembre. Trois n'acceptèrent pas ; sur les vingt-six qui acceptèrent, il y avait deux Français, Renoul de Corse et Philippe d'Alençon.

Le premier était évêque de Sisteron et neveu de Pierre de Monteruc, cardinal de Pampelune, un des six qui étaient demeurés à Avignon ; il avait été chanoine de Tournay et docteur en droit canon à Montpellier. Les anciennes liaisons de son oncle avec l'archevêque de Bari attirèrent Renoul à Rome quand il apprit la promotion de l'archevêque au trône pontifical, et il lui demeura inviolablement attaché. Urbain VI l'en récompensa par la dignité de cardinal et par l'administration de la chancellerie romaine, qu'il lui confia en l'absence du cardinal de Pampelune, demeuré en France.

Le second cardinal français fut Philippe d'Alençon, prince de la maison de France et frère cadet de Charles d'Alençon, qui s'était fait Dominicain l'an 1359 et était mort archevêque de Lyon l'an 1375. Ils étaient arrière-petits-fils du roi Philippe le Hardi, qui avait eu saint Louis pour père. Philippe d'Alençon avait embrassé l'état ecclésiastique avant que son frère Charles entrât dans l'ordre des Frères prêcheurs. Dès l'an 1356, étant encore fort jeune, il fut nommé à l'évêché de Bauvais, et, quatre ans après, à l'archevêché de Rouen. Ayant eu quelques démêlés avec le roi, le Pape Grégoire XI, à la prière du roi même, le transféra, l'an 1371, à l'archevêché d'Auch, qu'il lui donna en commende, avec le titre de patriarche de Jérusalem. Urbain VI le fit donc cardinal en 1378, et y ajouta, l'an 1381, le patriarcat d'Aquilée. Philippe d'Alençon mourut à Rome, cardinal-évêque d'Ostie, le 15 août 1397, en odeur de sainteté. On dit qu'il se fit des miracles à son tombeau, et que, plus de deux cents ans après sa mort, on trouva son corps sans aucune corruption, quoiqu'il n'eût point été embaumé 1.

Ayant appris cette promotion de cardinaux de la part d'Urbain VI, les cardinaux français…

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1 Ughelli, Italia sacra, t 5 et t. 1.
A suivre : Les cardinaux français font un autre Pape sous le nom de Clément VII.

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Message  Louis Ven 07 Juin 2013, 6:46 am

Les cardinaux français font un autre Pape sous le nom de Clément VII.

Ayant appris cette promotion de cardinaux de la part d'Urbain VI, les cardinaux français procédèrent deux jours après à l'élection d'un autre Pape. C'était à Fondi, plus près de Naples, où ils s'étaient retirés d'Anagni dès le 27 août 1378. Ils s'assemblèrent, au nombre de quinze, dans le palais du comte, le 20 septembre. Les trois cardinaux italiens étaient présents, s'attendant peut-être chacun à être élu; ils furent bien trompés. Toutes les voix se portèrent sur le cardinal Robert de Genève, qui prit le nom de Clément VII, mais qui n'est point reconnu comme tel par l'Église romaine, où l'on ne reconnaît comme Clément VII que Jules de Médicis, successeur de Léon X, au seizième siècle. Les trois Italiens, Pierre de Porto, Simon de Milan et Jacques des Ursins, se voyant ainsi joués, ne portèrent point de suffrages et se retirèrent le même jour sur les terres du troisième d'entre eux. On prétend toutefois qu'ils saluèrent le nouveau Pape 2.

Sainte Catherine de Sienne, ayant appris la défection des trois cardinaux italiens…

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2 Raynald,ann. 1378, n, 55, Th. de Niem, c. 9. Baluze, t. l, p. 1099.
A suivre : Lettre de sainte Catherine de Sienne aux cardinaux italiens.

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Message  Louis Ven 07 Juin 2013, 12:07 pm

Lettre de sainte Catherine de Sienne aux cardinaux italiens.

Sainte Catherine de Sienne, ayant appris la défection des trois cardinaux italiens, leur écrivit une lettre longue et véhémente, où elle leur reproche entre autres choses leur ingratitude envers l'Église, qui les a nourris et élevés avec tendresse et prédilection.

« Et qu'est-ce qui me montre, s'écrie-t-elle, que vous êtes de vils ingrats et des mercenaires ? La persécution que vous faites avec les autres à l'épouse du Christ, dans le temps où vous devriez être des boucliers et résister aux coups de l'hérésie ; car vous savez la vérité, vous savez que le Pape Urbain VI est vraiment Pape, souverain Pontife, élu canoniquement et non par crainte, élu vraiment plus par inspiration divine que par votre industrie humaine ; c'est vous-mêmes qui l'avez ainsi annoncé. Et maintenant vous tournez le dos comme de lâches soldats; votre ombre vous fait peur ; vous vous êtes écartés de la vérité, qui vous fortifiait ; vous vous êtes approchés du mensonge, qui affaiblit l'âme et le corps, en vous privant de la grâce spirituelle et temporelle. Et quelle en est la cause ? C'est le venin de l'amour-propre qui empoisonne le monde. Voilà ce qui de colonnes vous a rendus pires que la paille ; au lieu d'être des fleurs odoriférantes vous avez infecté le monde ; au lieu d'être des lumières placées sur le chandelier pour répandre la foi vous avez caché cette lumière sous le boisseau de la superbe, et vous répandez les ténèbres et dans vous et dans les autres. D'anges terrestres que vous devriez être, pour ramener les brebis à l'obéissance de la sainte Église, vous avez pris l'office de démons; et ce mal que vous avez en vous, vous voulez nous le donner à nous-mêmes, en nous retirant de l'obéissance du Christ en terre, et en nous amenant à l'obéissance de l'Antechrist, qui est membre du diable, et vous avec lui, tant que vous persisterez dans cette hérésie. Ce n'est pas là un aveuglement qui vienne d'ignorance, qui vienne de ce que l'un vous rapporte une chose et l'autre une autre; non, vous savez bien ce qui est la vérité, c'est vous-mêmes qui nous l'avez annoncée, et non pas nous à vous.

« Oh ! comme vous êtes insensés…


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Message  Louis Sam 08 Juin 2013, 6:07 am

Lettre de sainte Catherine de Sienne aux cardinaux italiens. (suite)

« Oh ! comme vous êtes insensés, vous qui nous avez donné la vérité et qui voulez pour vous-mêmes goûter le mensonge ! Maintenant vous voulez séduire cette vérité et nous faire voir le contraire, en disant que c'est par peur que vous avez élu le Pape Urbain ; chose telle que quiconque la dit, pour vous parler sans respect, puisque vous vous en êtes privés, celui-là en a menti sur sa tête ; car, celui que vous montrez avoir élu par peur, il est évident à quiconque veut le voir que ce fut le seigneur de Saint-Pierre. Vous pourriez me dire : « Nous qui l'avons élu nous savons mieux la vérité que vous. » Je vous réponds : Vous-mêmes m'avez montré que vous vous écartez de la vérité en beaucoup de manières et que je ne dois pas vous croire quand vous prétendez que le Pape Urbain VI n'est pas le vrai Pape. Si je remonte au commencement de votre vie, je ne vous connais pas d'une vie assez bonne et assez sainte pour que vous vous soyez retirés du mensonge par conscience. Et qu'est-ce qui me montre que votre vie a été peu réglée ? Le venin de l'hérésie. Si je viens à l'élection régulière, nous avons su de votre bouche que vous l'avez élu canoniquement, et non par peur ; nous l'avons dit, celui que vous avez mis en avant par peur, c'est le seigneur de Saint-Pierre. Qu'est-ce qui me montre l'élection régulière par laquelle vous avez élu le seigneur Barthélemi, archevêque de Bari, aujourd'hui véritablement le Pape Urbain VI ? Cette vérité se montre dans la solennité de son couronnement. Que cette solennité se soit faite dans la vérité, la révérence que vous lui avez faite nous le montre, ainsi que les grâces que vous lui avez demandées et que vous avez mises à profit en toutes choses ; vous ne pouvez le nier que par un mensonge. Ah ! insensés, dignes de mille morts ! Comme des aveugles vous ne voyez pas votre mal; vous êtes venus à un tel degré de confusion que vous vous faites vous-mêmes menteurs et idolâtres; car fût-il vrai, ce qui ne l'est pas, au contraire, je confesse encore une fois que le Pape Urbain est le vrai Pape, mais ce que vous dites fût-il vrai, ne nous auriez-vous pas menti, à nous, quand vous nous l'avez dit souverain Pontife, comme il l'est en effet? Ne lui auriez-vous pas fait mensongèrement la révérence en l'adorant pour le Christ sur la terre ? et n'auriez-vous pas été simoniaques en sollicitant ses grâces et en en faisant usage ? Sans aucun doute.

« Or voilà qu'ils ont fait un antipape, et vous avec eux….


Dernière édition par Louis le Dim 09 Juin 2013, 12:07 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Sam 08 Juin 2013, 12:49 pm

Lettre de sainte Catherine de Sienne aux cardinaux italiens. (suite)

« Or voilà qu'ils ont fait un antipape, et vous avec eux. Quant à l'acte et à l'aspect extérieur, vous le faites voir, puisque vous avez souffert de vous trouver là quand les démons incarnés ont élu le démon. Vous pourriez me dire : « Non pas, nous ne l'avons pas élu. » Je ne sais si je veux le croire, parce que je ne crois pas que vous eussiez souffert de vous trouver là s'il y était allé de votre vie. Mais admettons que vous ayez fait moins mal que les autres dans votre intention, vous avez toujours mal fait avec les autres; et que puis-je dire ? Je dirai : Qui n'est pas pour la vérité est contre la vérité; qui ne fut point alors pour le Christ en terre, le Pape Urbain VI, fut contre lui. Je vous dis donc que vous avez mal fait, ainsi que l'antipape; je puis dire qu'on a élu un membre du diable; que, s'il avait été membre du Christ, il eût mieux aimé mourir que de consentir à un si grand mal, parce qu'il sait bien la vérité et ne peut s'excuser par l'ignorance. Or vous commettez et avez commis toutes ces fautes à l'égard de ce démon, savoir, de le confesser pour Pape, ce qu'il n'est pas en vérité ; de faire l'obédience à qui vous ne la deviez pas. Vous vous êtes écartés de la lumière pour aller aux ténèbres, de la vérité pour vous unir au mensonge. De tout côté je ne trouve que mensonge. Vous êtes dignes du supplice, qui, je vous le dis pour la décharge de ma conscience, viendra sur vous si vous ne retournez à l'obéissance avec une vraie humilité. 0 misère et aveuglement extrêmes, qui empêchent de voir son mal, le préjudice de l'âme et du corps ! Si vous l'aviez vu vous ne vous seriez point écartés si légèrement de la vérité par crainte servile, n'écoutant que la passion, comme des personnes orgueilleuses et habituées à n'avoir d'autre but que les plaisirs et les joies de ce monde. Non-seulement vous n'avez pu supporter une correction effective, mais une parole âpre, une réprimande vous a fait lever la tête ; voilà pour quelle raison vous vous êtes émus. Cela nous montre bien la vérité que, avant que le Christ en terre commençât à vous reprendre, vous le confessiez, vous le révériez comme le vrai vicaire du Christ, qu'il est en effet ; le surplus est le fruit de votre amour-propre 1. »

Sainte Catherine les conjure enfin, pour l'amour de Dieu et de son Église…

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1 Lettre 31.


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Message  Louis Dim 09 Juin 2013, 6:08 am

Lettre de sainte Catherine de Sienne aux cardinaux italiens. (suite)

Sainte Catherine les conjure enfin, pour l'amour de Dieu et de son Église, pour le salut de leurs âmes et de tous les fidèles, de réparer leur faute et de revenir humblement à l'obéissance du Pape Urbain. Ils continuèrent à le reconnaître pour Pontife, mais ne retournèrent point auprès de sa personne; ils gardèrent la neutralité, persuadés que c'était l'unique moyen de terminer le schisme. Urbain VI leur ayant écrit et envoyé pour les rappeler auprès de lui, ils lui répondirent, par une lettre du 17 janvier 1379, qu'ils avaient expliqué à ses envoyés leurs idées sur le concile général à tenir pour l'extirpation du schisme et la pacification de l'Église et de toute la chrétienté. Dans cette lettre, qui porte en tête Au très-saint notre seigneur, ils appellent Urbain très-saint Père et eux-mêmes vos dévots cardinaux. De nouveau ils proposèrent la voie du concile général aux cardinaux français, qui de nouveau la refusèrent. Le cardinal Jacques des Ursins, ayant été pris de la maladie dont il mourut cette année, fit un acte authentique, le 13 août, par lequel il soumet l'affaire du schisme à la décision d'un concile œcuménique. Quelques jours avant sa mort l'évêque de Viterbe eut avec lui la conversation suivante : « Révérendissime père, je crois vous avoir fidèlement servi depuis bien longtemps, j'espère donc que vous ne me refuserez pas une grâce. » Il répondit : « Je ne vous refuserai rien qui concerne votre personne. » Alors je lui dis : « Je vous prie de me dire si je me trompe en adorant le seigneur Urbain pour Pape ; que si je me trompais je voudrais déposer mon erreur; car j'aime mon âme plus que lui. » Le cardinal répondit alors : « Au contraire, vous seriez dans l'erreur si vous ne l'adoriez pas, car il est très-véritablement Pape. — Mais alors, lui répliquai-je, pourquoi n'êtes-vous pas retourné à lui ? » Il répondit : « C'est que la voie du concile me paraît utile pour lui, pour moi et pour toute la chrétienté 1. » On voit que le cardinal des Ursins reconnaissait individuellement le Pape Urbain ; mais, comme il savait que sa connaissance et sa décision personnelles ne seraient jamais approuvées par toute l'Église avant que le jugement d'un concile vînt s'y joindre, il s'en référait dès lors à son infaillible décision.

En France on avait d'abord reconnu Urbain VI avec tout le monde ; ensuite...

________________________________________________

Raynald, ann. 1379, n. 1-4.
A suivre : Le roi de France, Charles V, quitte le Pape Urbain VI pour Robert de Genève, dit Clément VII.
Lettre que lui écrit à ce sujet sainte Catherine de Sienne.

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Message  Louis Dim 09 Juin 2013, 12:04 pm

Le roi de France, Charles V, quitte le Pape Urbain VI pour Robert de Genève, dit Clément VII.
Lettre que lui écrit à ce sujet sainte Catherine de Sienne.

En France on avait d'abord reconnu Urbain VI avec tout le monde ; ensuite, sur les premières nouvelles de la dissension entre le Pape et les cardinaux français, on s'était tenu à une espèce de neutralité et on paraissait vouloir attendre la décision d'un concile général ; mais, quand on eut reçu les procédures et les attestations des cardinaux français, surtout quand on eut appris l'élection nouvelle qu'ils avaient faite de Robert de Genève, le roi Charles V, son conseil, la masse de l'université de Paris se déclarèrent contre le Pape Urbain VI, qu'ils avaient reconnu d'abord, et reconnurent pour leur Pape Robert de Genève, sous le nom de Clément VII.

Sainte Catherine de Sienne écrivit encore sur ce sujet au roi de France. Après un préambule qui est un éloge de la vraie lumière de l'esprit, opposée aux ténèbres de l'amour-propre : « Je m'étonne, dit-elle, qu'un homme catholique et craignant Dieu comme vous se laisse conduire par le conseil de ces membres du démon, qui répandent partout qu'Urbain VI n'est pas vrai Pape. Il est aisé de les confondre par eux-mêmes; car, s'ils disent qu'ils l'ont élu par la crainte du peuple, on leur répond que l'élection était faite, aussi canoniquement qu'on puisse l'imaginer, avant qu'il s'élevât aucun tumulte dans Rome. D'ailleurs c'est ce Pape qu'ils ont annoncé à vous, à nous et à tout le monde chrétien, qu'ils ont couronné avec tant de solennité, qu'ils ont honoré comme le vicaire de Jésus-Christ, qu'ils ont reconnu comme le dispensateur de toutes les grâces en le sollicitant de leur en accorder. Si cependant ils s'obstinent à dire que la crainte les a fait agir, en cela même ne sont-ils pas dignes d'une éternelle confusion ? Quoi ! des hommes choisis pour être les colonnes de la sainte Église de Dieu auraient été plus sensibles à la crainte de perdre la vie du corps qu'à celle de se damner eux-mêmes et de nous damner avec eux, en donnant pour père aux fidèles un homme qui ne le serait pas ? Eh ! n'auraient-ils pas été idolâtres d'honorer comme le vicaire de Jésus-Christ en terre celui à qui ce titre n'appartiendrait pas ? N'auraient-ils pas été des usurpateurs, de tourner à leur usage des biens spirituels et des grâces qu'ils ne pouvaient ni demander ni obtenir ?

« Mais, enfin , quand est-ce qu'ils ont commencé à révoquer en doute une vérité qu'ils avaient reconnue eux-mêmes?...



Dernière édition par Louis le Mar 11 Juin 2013, 6:02 am, édité 1 fois (Raison : orthographe dans le titre)

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Message  Louis Lun 10 Juin 2013, 6:06 am

Le roi de France, Charles V, quitte le Pape Urbain VI
pour Robert de Genève, dit Clément VII.
Lettre que lui écrit à ce sujet sainte Catherine de Sienne.


(suite]

« Mais, enfin, quand est-ce qu'ils ont commencé à révoquer en doute une vérité qu'ils avaient reconnue eux-mêmes? C'est quand Sa Sainteté a voulu corriger leurs vices, quand elle leur a témoigné que la vie scandaleuse qu'ils menaient lui déplaisait. Et contre qui encore se sont-ils révoltés? Contre notre sainte foi, pires en cela que des chrétiens renégats; misérables de ne pas connaître le danger de leur état et de s'aveugler sur leur propre faute, mais imitant les démons, dont la fonction est de pervertir les âmes et de les détourner du chemin de la vérité pour les engager dans celui du mensonge.

« Pardonnez-moi, mon très-cher père, si je parle ainsi; la douleur que je ressens de la perte des âmes et l'amour que j'ai pour leur salut en sont la cause. Je ne dis point tout ceci par un sentiment de mépris contre les auteurs de tant de troubles ; ce qui me touche, c'est le scandale et l'erreur qu'ils répandent par tout le monde, c'est la cruauté dont ils usent envers eux-mêmes et envers ceux qu'ils font périr avec eux. S'ils avaient eu la crainte de Dieu et des hommes ils ne se seraient jamais portés à de telles extrémités, quand même le Pape Urbain en aurait usé plus mal à leur égard, et ils auraient mieux aimé mourir mille fois que de faire une démarche si préjudiciable au bien de l'Église 1. »

La sainte finit par des exhortations au roi de pourvoir au salut de tant d'âmes qui se précipitent dans l'erreur, de prendre l'avis de gens sages et éclairés, de se rappeler la pensée de la mort, et de juger de tout selon les lumières de la sagesse divine, et non suivant les vues de l'intérêt temporel. La lettre est du 6 mai 1379.

Malgré les efforts de sainte Catherine de Sienne le monde chrétien se divisa dès lors…

_____________________________________

Hist. de l'Egl. gall., l. 41.
A suivre : La plus grande partie de la chrétienté continue à reconnaître Urbain VI.

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Message  Louis Lun 10 Juin 2013, 12:03 pm

La plus grande partie de la chrétienté continue à reconnaître Urbain VI.

Malgré les efforts de sainte Catherine de Sienne le monde chrétien se divisa dès lors, non sur aucune question de dogme, de morale ou de rite, mais sur la personne du chef de l'Église. La plus grande partie de la chrétienté continua de reconnaître pour Pape légitime Urbain VI, comme tout le monde l'avait reconnu d'abord, savoir : tout l'empire d'Allemagne, la Hongrie, la Pologne, la Suède, le Danemark, l'Angleterre, la Bretagne, la Flandre et toute l'Italie, hors le royaume de Naples, dans lequel encore il y eut bien des variations, suivant les princes qui y dominèrent. La France, ayant rejeté Urbain VI et reconnu pour Pape, sous le nom de Clément VII, le cardinal Robert de Genève, entraîna par son exemple les princes habitués à suivre ses impressions, comme la reine de Naples, les rois de Chypre et d'Ecosse. Les rois de Castille et d'Aragon restèrent quelque temps neutres, reconnurent quelque temps Clément VII, mais une grande partie du clergé et du peuple adhérait à Urbain VI. Le Portugal, après avoir été entraîné dans le parti français pendant quelques moments, revint à Urbain VI pour toujours.

Dans ces graves conjonctures la nation dont le zèle ressembla le plus au zèle de sainte Catherine de Sienne fut la nation anglaise…
A suivre : Réponse mémorable de la nation anglaise aux cardinaux français et à la nation française. Réflexions.

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Message  ROBERT. Lun 10 Juin 2013, 1:26 pm

Louis a écrit:
Le roi de France, Charles V, quitte le Pape Urbain VI
pour Robert de Genève, dit Clément VII.
Lettre que lui écrit à ce sujet sainte Catherine de Sienne.


(suite]

...C'est quand Sa Sainteté a voulu corriger leurs vices, quand elle leur a témoigné que la vie scandaleuse qu'ils menaient lui déplaisait...

...Malgré les efforts de sainte Catherine de Sienne le monde chrétien se divisa dès lors…

_____________________________________

Hist. de l'Egl. gall., l. 41.
A suivre : La plus grande partie de la chrétienté continue à reconnaître Urbain VI.


S.S. Urbain VI me fait penser à Saint Jean Baptiste, reprochant à Hérode sa vie scandaleuse...
.
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Message  Louis Mar 11 Juin 2013, 5:57 am

Réponse mémorable de la nation anglaise aux cardinaux français et à la nation française. Réflexions.

Dans ces graves conjonctures la nation dont le zèle ressembla le plus au zèle de sainte Catherine de Sienne fut la nation anglaise. Lorsque les Anglais eurent reçu la lettre des cardinaux français contre Urbain VI ils leur répondirent entre autres choses : « Méchants serviteurs ! vous allez être condamnés par votre propre bouche. Vous dites qu'une multitude indomptée d'hommes en armes entoura votre conclave, vous faisant des menaces terribles et mortelles si vous n'élisiez un Italien ou un Romain, sans pourtant limiter votre choix à aucune personne en particulier. Il est donc manifeste, quant à la personne que vous convenez d'avoir élue, que vous l'avez élue librement et non par force. Ainsi, quant à la personne que vous avez élue, nous tenons et tiendrons fermement que l'élection a été bien et canoniquement célébrée 1. »

Ce que les Anglais répondirent dès le premier moment aux cardinaux français ils le soutinrent constamment contre la nation française, et cela par les raisons suivantes, que leurs adversaires eux-mêmes nous ont fait connaître :

1° Les Romains ne pressaient point les cardinaux d'élire aucune personne en particulier; ils demandaient seulement, ce qui est raisonnable, qu'on élût un Romain ou un Italien. Ainsi, quant à la personne à élire, tous les cardinaux étaient libres. Ayant donc élu l'archevêque de Bari, que les Romains ne demandaient pas, il est clair qu'ils l'ont élu librement. Il est donc Pape.

2 ° Le seigneur archevêque refusa, avec une grande et très-grande instance, d'accepter la papauté, et il l'accepta enfin sur les vives instances des cardinaux. Puis donc qu'ils l'ont prié d'accepter ils ne l'ont pas élu malgré eux ; ils l'ont donc élu librement. Il est donc Pape.

3° Par la relation des archevêques, évêques, maîtres en théologie et autres docteurs qui furent alors à Rome, les Anglais savent que, même avant que d'entrer au conclave, ils le nommèrent Pape d'une voix unanime, n'ayant pu s'accorder sur aucun des cardinaux.

4° Et, après qu'ils furent entrés au conclave, ils firent sur lui une triple élection, afin qu'elle fût sans aucun doute. On voit donc que son élection fut complètement libre.

5º Ils l'ont librement couronné ; ce qui est manifeste en ce que les cardinaux qui étaient hors de la ville y rentrèrent pour son couronnement.

6° Les cardinaux restèrent pacifiquement avec lui pendant plusieurs mois, reçurent de lui la sainte communion, lui demandèrent des bénéfices et des grâces pour eux et pour les leurs ; or il n'est pas vraisemblable qu'ils l'eussent fait s'ils n'avaient su qu'il est Pape. Il paraît donc qu'il l'est vraiment.

7° Les Romains n'ont pas pressé les cardinaux d'écrire pour le même archevêque des lettres de recommandation; ce qu'ils ont écrit aux princes et aux grands, pour assurer que c'est lui le Pape et pour faire son éloge, ils l'ont donc fait librement. Il paraît donc qu'il est vrai Pape.

8° Pour rien au monde les cardinaux ne doivent tromper l'Église de Dieu. Or, de deux choses l'une : ou les cardinaux ont su que Barthélemi Prignano était Pape, ou ils ont su qu'il ne l'était pas. Si c'est la première, nous avons gagné ; si c'est la seconde, ils ont trompé toute la sainte Église de Dieu. Donc il ne faut plus les croire désormais.

9° Le grand-pénitencier a scellé les lettres de son tribunal avec son sceau et cette inscription : « Donné à Rome, la première année d'Urbain VI. » Il a donc rendu témoignage, avec toute l'autorité possible, que c'est lui le Pape.

10° Les cardinaux électeurs ont écrit unanimement au parlement du roi d'Angleterre qu'ils ont élu l'archevêque de Bari, disant : « Nous avons élu l'archevêque de Bari, toutefois par crainte. » Donc ils l'ont élu. Or cette crainte ne vicie point l'élection, parce qu'elle ne leur fut pas imprimée pour élire cette personne, attendu que les Romains ne la demandaient pas ; parce que nul ne peut être forcé à élire, l'élection étant un acte de libre arbitre qui ne peut être forcé par l'homme ; parce que, même avant que cette crainte leur fût imprimée, ils avaient indiqué l'archevêque de Bari comme devant être élu.

11° Les Romains ne demandaient point aux cardinaux d'affirmer par leurs sceaux propres et par des actes publics que l'archevêque Barthélemi est Pape. S'ils l'ont fait ils l'ont fait librement. Les Anglais doivent donc croire sur ces témoignages qu'il est Pape.

12° Il est dit dans un canon : « Si quelqu'un a été élu souverain Pontife, soit par argent, soit par un tumulte militaire ou populaire, sans le consentement unanime du clergé, etc. Si le consentement est unanime l'élection est valide, quoiqu'il y ait tumulte militaire ou populaire. « On le voit par Grégoire V, qui fut élu Pape sur les instances de l'empereur et reconnu pour tel. On peut dire également de l'archevêque de Bari que, quoiqu'il y ait eu tumulte populaire dans son élection, il y eut néanmoins consentement unanime des cardinaux pour lui.

Enfin, si, après l'avoir reconnu pour Pape légitime, ils s'en sont séparés, on dit que c'est pour trois causes : la première, parce qu'il voulait maintenir avec justice le roi d'Angleterre et son droit et qu'il ne voulut point favoriser injustement le roi de France contre lui ; la seconde, parce qu'il voulait que chacun des cardinaux restaurât son titre cardinalice à Rome ; la troisième, parce qu'il voulait en eux moins de faste, mais une vie plus régulière et plus édifiante 1.

Telles étaient les raisons des Anglais. Les Français tâchaient d'y répondre…

_______________________________________________

1 Walsingham, in Richard., ann. 1378.
1 Raynald, ann. 1378, n, 51.

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Message  Louis Mar 11 Juin 2013, 11:30 am

Réponse mémorable de la nation anglaise aux cardinaux français et à la nation française. Réflexions. (suite)

Telles étaient les raisons des Anglais. Les Français tâchaient d'y répondre; pour apprécier le résultat de leurs efforts quelques remarques suffisent. L'unique base de leur défense, c'est le témoignage de ceux qui sont en cause, les cardinaux français. Mais là revient toujours, aujourd'hui comme alors, cette terrible objection : ces mêmes cardinaux, pendant plusieurs mois, et de vive voix, et par écrit, et par leurs actes, ont dit à tout l'univers qu'ils avaient élu librement et unanimement le Pape Urbain VI; pendant plusieurs mois, et de vive voix, et par écrit, et par leurs actes, ils ont reconnu publiquement Urbain VI pour Pape légitime; pendant plusieurs mois ils l'ont fait reconnaître pour tel à tout l'univers chrétien.

Or, si, pendant tout ce temps, ils ont menti à tout l'univers, leur témoignage n'est plus recevable, surtout dans leur propre cause. Ils conviennent qu'ils n'ont pas été forcés d'élire la personne de l'archevêque de Bari; donc ils l'ont élu librement. Quand le peuple de Rome demandait un Pape romain ou italien, ce peuple demandait une chose raisonnable, et même devenue nécessaire, puisque, depuis plus de soixante-dix ans, les cardinaux français tendaient visiblement à inféoder la papauté à la France.

D'ailleurs ces cardinaux ne disconviennent pas de ce que leur rappelle, entre autres, sainte Catherine de Sienne, que, même avant d'entrer au conclave, ils étaient convenus d'élire l'archevêque de Bari, et que ce fut pour cacher son élection déjà faite qu'ils firent paraître devant le peuple le cardinal de Saint-Pierre habillé en Pape.

Enfin, que, dans le premier moment, un homme ordinaire se laisse surprendre à la peur, cela se conçoit, mais que seize cardinaux viennent nous dire qu'un tumulte populaire de quelques heures leur a fait une peur si grande que, pendant quatre mois, ils n'ont pu s'en remettre; que, pendant quatre mois, ils n'ont osé faire connaître la vérité; que, pendant quatre mois, ils ont menti à tout le monde dans une chose qui intéresse le saint de tout le monde ; que, pendant quatre mois, ils ont feint, dans les mystères les plus redoutables, de reconnaître pour Pape celui qu'ils savaient ne pas l'être, celui que, dans le fond de leur âme, ils regardaient comme un antechrist; en vérité une telle excuse est à elle seule un crime ; en vérité des hommes qui se confessent capables d'une bassesse, d'une lâcheté, d'une hypocrisie pareille, ces hommes-là sont capables de tout, capables de faire un schisme pour se venger de quelques paroles d'un Pape qui veut les ramener à leur devoir.

Oui, encore une fois, et d'après leur défense même, oui, les cardinaux français sont coupables du grand schisme d'Occident ; oui, les cardinaux français sont responsables devant Dieu et devant les hommes des malheurs qui vont peser sur la France et sur l'Eglise.

A suivre : Prédictions consolantes de sainte Catherine de Sienne sur des temps qui viendront après les maux qu’elle avait annoncés …

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Message  Louis Mer 12 Juin 2013, 8:26 am



Prédictions consolantes de  sainte Catherine de Sienne sur des temps qui viendront

après les maux qu’elle avait annoncés. Nous commençons à voir l’accomplissement de ces prédictions.
 








Nous avons vu comment sainte Catherine de Sienne, étant à Pise, avait prédit ce schisme désastreux. Son biographe, Raymond de Capoue, voyant la prédiction accomplie, la lui rappela lorsqu'elle vint à Rome, sur la demande du Pape Urbain VI. Elle s'en ressouvenait fort bien et ajouta : « Comme je vous ai dit alors que ce que vous aviez à souffrir n'était que du lait et du miel, de même je vous dis que ce que vous voyez à présent n'est que jeu d'enfants en comparaison de ce qui sera, spécialement dans la patrie environnante. »

Raymond de Capoue lui demanda : « Très-chère mère, après ces maux, qu'y aura-t-il dans la sainte Église ? »
 
Elle répondit : « A la fin de ces tribulations et de ces angoisses, Dieu, d'une manière imperceptible aux hommes, purifiera sa sainte Église ; il suscitera l'esprit des élus, et il en suivra une telle réformation de la sainte Eglise et une telle rénovation des saints pasteurs que mon esprit, rien que d'y penser, en tressaille de joie dans le Seigneur. Comme je vous l'ai déjà dit plusieurs fois, l'Épouse, qui est maintenant quasi toute défigurée et couverte de haillons, sera alors très-belle, ornée de précieux joyaux et couronnée du diadème de toutes les vertus ; tous les peuples fidèles se réjouiront de se voir illustrés par de si saints pasteurs ; les peuples infidèles eux-mêmes, attirés par la bonne odeur de Jésus-Christ, reviendront au bercail catholique et se convertiront au véritable pasteur et évêque de leurs âmes. Rendez donc grâces au Seigneur, parce que, après cette tempête, il donnera à son Église une sérénité extraordinairement grande 1. »


Voilà ce que prédit sainte Catherine de Sienne et ce que Raymond de Capoue a consigné dans sa vie.
___________________________________
 
1 Vita,n. 287.

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Message  Louis Mer 12 Juin 2013, 6:32 pm


.
Prédictions consolantes de  sainte Catherine de Sienne sur des temps
qui viendront après les maux qu’elle avait annoncés. Nous commençons à voir l’accomplissement de ces prédictions. (suite)
Ni l'un ni l'autre n'ont vu l'accomplissement de cette prédiction. Au moment que nous écrivons ces lignes (1844) les hommes de foi commencent à l'entrevoir ; ils commencent à entrevoir les premiers rayons de cette grande sérénité après la tempête : tempête séculaire, qui a commencé par le grand schisme d'Occident au quatorzième siècle, a continué par la grande révolution d'Allemagne au seizième, et finira probablement par la grande révolution de France au dix-huitième ; tempête effroyable, qui a bouleversé jusque dans ses abîmes l'océan religieux et politique de l'humanité, pour que tous les chrétiens apprennent, pasteurs et ouailles, à toujours mettre leur confiance, non dans tel pays, telle nation, tel empire, telle dynastie, tel roi, tel homme, mais en Dieu seul, et en leur humble et active coopération à sa providence, qui emploie la tempête même à faire entrer plus vite au port.

En effet que voyons-nous à la fin de cette tempête de quatre ou cinq siècles?

Nous voyons précisément ces merveilles dont la vue prophétique, dont la seule pensée faisaient tressaillir d'allégresse sainte Catherine de Sienne.

Nous voyons tous les peuples fidèles, et en Italie, et en France, et en Allemagne, et en Hollande, et en Angleterre, et en Ecosse, et en Irlande, et en Espagne, et en Amérique, et en Afrique, et à Constantinople, et en Syrie, et en Chaldée, et au Tibet, et dans l'Inde, et dans le Tonquin, et en Chine, et en Corée, et dans l'Océanie, se réjouir des bons et saints pasteurs que Dieu leur donne ou leur envoie.

Nous voyons Dieu partout suscitant ou ressuscitant l'esprit de ses élus : l'esprit de saint Léon et de saint Grégoire dans la Chaire apostolique ; l'esprit de saint Athanase et de saint Ambroise parmi l'épiscopat; l'esprit de saint Jérôme, de saint Benoît, de saint Bernard, de saint Dominique, de saint François, de saint Ignace, de saint Vincent de Paul parmi les prêtres et les religieux.

Nous voyons l'Église, belle comme en ses plus beaux jours, ornée du diadème de toutes les vertus, du lis sans tache d'une infinité de vierges, des palmes immortelles d'une infinité de martyrs de tout âge, de tout sexe, de tout rang, de tout pays, depuis la multitude de prêtres et de fidèles qui, il y a cinquante ans, confessaient la foi du Christ et de son Église dans les prisons et sur les échafauds de France, jusqu'à nos frères et sœurs d'Orient qui confessent aujourd’hui encore la même foi dans les prisons et sur les échafauds du Tonquin, de la Chine et de la Corée.

Nous voyons l'Église, unissant la beauté d'épouse à la tendresse de mère, attirant à elle les enfants et les peuples qui l'avaient quittée ou même qui ne lui avaient jamais appartenu. La Hollande, l'Angleterre, l'Ecosse, après avoir si longtemps persécuté ses enfants, commencent à regretter de n'être plus du nombre, commencent à tourner vers elle des regards attendris, laissent à ses évêques plus de liberté, secondent quelquefois ses missionnaires avec plus d'efficacité que ne fait la France. Les meilleures têtes de l'Angleterre protestante travaillent à justifier l'Eglise romaine et ses Pontifes contre les préventions nationales de certains catholiques. En même temps les sauvages des forêts américaines, les anthropophages des îles de l'Océan demandent des prêtres pour devenir des anges de douceur, de piété, de bienveillance, et, pour leur en procurer, les fidèles de toutes les parties du monde mettent ensemble leurs prières et leurs aumônes, et de nouvelles congrégations d'apôtres se forment, et les anciennes se raniment, et le martyre est un attrait de plus pour les émules de saint François-Xavier.

Qui a donné le branle à tout cela?...

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Message  Louis Jeu 13 Juin 2013, 5:47 am

Prédictions consolantes de  sainte Catherine de Sienne
sur des temps qui viendront après les maux qu’elle avait annoncés.
Nous commençons à voir l’accomplissement de ces prédictions


(suite)

Qui a donné le branle à tout cela? Nul roi, nul peuple, nul homme. Ces œuvres infinies de foi et de charité sortent comme de dessous terre. C'est Dieu qui a dit de nouveau : « Que la terre produise !» et la terre produit; c'est Dieu qui, comme l'a prédit sainte Catherine de Sienne, réforme, renouvelle son Église d'une manière imperceptible à l'homme.

Cependant, avec le temps et la réflexion, on découvre quelques-unes de ces voies secrètes de la Providence pour corriger les abus et ramener au bien ; par exemple, au quatorzième siècle les cardinaux français, les évêques français, entraînés par l'amour de leur nation, aspiraient à rendre la papauté française, à l'inféoder à la France; ils oubliaient cette grande loi de l'ordre : avant la nation chrétienne est l'humanité chrétienne, autrement l'Église catholique ; la France n'est qu'une province de la chrétienté ; le tout ne doit pas être le domaine d'une de ses parties. Les prélats français tenaient si fort à leur prétention nationale sur la papauté qu'ils allèrent jusqu'à faire un second Pape, jusqu’à faire un schisme. La Providence les a punis par où ils ont péché; depuis cette époque, pas un cardinal français, pas un évêque français n'a été appelé sur le Siège de saint Pierre.

Les prélats français croyaient sans doute, comme le roi Philippe le Bel, qu'en accaparant au profit de la France la papauté catholique ils rendraient à la dynastie et au royaume de France un service des plus éminents. La Providence a sévèrement puni de ce larcin et la dynastie et le royaume. Nous avons vu les trois fils de Philippe le Bel mourir l'un après l'autre ; nous avons vu sa fille Isabelle, mariée au prince français d'Anjou, qui fut roi d'Angleterre, devenir pour la France une source de guerres et de calamités ; nous allons voir ces guerres et ces calamités se perpétuer d'âge en âge avec une haine entre les deux nations qui n'est pas encore éteinte.


A suivre : Dernières actions, vertus et mort édifiante du roi Charles V.

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Message  Louis Jeu 13 Juin 2013, 10:54 am

Dernières actions, vertus et mort édifiante du roi Charles V.

Le roi de France, Charles V, mourut le 16 septembre 1380, dans la dix-septième année de son règne et la quarante-quatrième de son âge. Empoisonné autrefois, dit-on, par le roi de Navarre Charles le Mauvais, il avait toujours été d'une santé faible. Il a reçu le surnom de Sage , que quelques-uns interprètent par Savant , mais que la plupart entendent de la sagesse de son gouvernement, qui fut en effet remarquable. Sans se mettre à la tête des armées, comme le roi Jean, il sut battre les Anglais au lieu de s'en laisser battre ; il sut, par sa prudence, rétablir l'ordre dans toutes les branches d'administration.

Le roi Charles V était d'une piété solide, éclairée et soutenue ; il se proposait saint Louis pour modèle. Attentif sur les mouvements de son cœur, il ne passait aucune semaine sans confesser ses péchés. La faiblesse de sa complexion ne l'empêchait pas d'être fidèle aux observances de l'Église;  il jeûnait pendant le carême et les autres jours de précepte, à quoi il ajoutait un jeûne de dévotion toutes les semaines. Cependant, comme il avait besoin de quelque adoucissement, il demanda au Pape Grégoire XI de pouvoir user en carême d'œufs, de beurre, de lait et de fromage, ce qui lui fut accordé, et en même temps à la reine, son épouse, par une bulle du 23 février 1376, sous la condition toutefois que le confesseur et le médecin du roi jugeraient de la nécessité.

Ce prince avait aussi une haute estime pour tout ce qui concerne le culte divin. Il s'était fait traduire le traité de Durand, évêque de Mende, touchant les divers offices de l'Eglise, et il s'appliquait à en suivre l'ordre exactement. Au commencement de la journée il récitait les Heures canoniales avec ses chapelains ; il allait ensuite à la messe, qui était célébrée solennellement. S'il lui arrivait quelquefois de se trouver engagé, dès le matin, dans une partie de chasse, au plus fort du divertissement il se ressouvenait de sa pratique d'entendre la grand'messe, et alors, aussi fidèle à Dieu que maître de ses passions, il quittait tout pour assister au saint Sacrifice. Son dévouement au service des autels était si entier qu'après la mort de la reine, son épouse, il forma le dessein d'embrasser l'état ecclésiastique quand le Dauphin, son fils, serait en âge de régner. Ces sentiments, il les avait pris sans doute de saint Louis, qui désirait se consacrer à Dieu dans l'ordre de Saint-Dominique ou dans celui de Saint-François ; chose assurément digne de remarque que ce soient précisément les meilleurs rois de France, les plus accomplis sous tous les rapports, qui aient eu cet attrait pour la vie religieuse et le sacerdoce. C'était aussi pour imiter saint Louis que Charles V allait visiter souvent les reliques de la Sainte-Chapelle de Paris, et que le jour du vendredi saint il montrait lui-même au peuple la vraie croix.

Il était magnifique dans ses palais, dans ses ameublements, dans ses équipages; mais…

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Message  Louis Ven 14 Juin 2013, 6:04 am

Dernières actions, vertus et mort édifiante du roi Charles V.

(suite)

Il était magnifique dans ses palais, dans ses ameublements, dans ses équipages; mais nulle part il ne prodiguait les trésors avec plus de complaisance que quand il s'agissait de la décoration des autels. On a encore l'inventaire des ornements de sa chapelle royale, et l'on est étonné de la prodigieuse quantité de vases, de statues, de reliquaires, de croix d'or et d'argent, avec les diamants et les pierreries sans nombre, dont cet écrit fait mention. Par exemple, on y trouve vingt-cinq croix d'or et vingt-neuf d'argent, dix statues d'or et quatre-vingts d'argent, trente-deux calices d'or et quinze d'argent, le reste à proportion. Le poids de toutes ces pièces étonne encore plus que leur multitude. Plusieurs églises reçurent de lui des présents de même espèce. A Rome il envoya une statue d'or de sainte Agnès, et les fleurs de lis de pierreries qui servirent à orner les bustes des saints apôtres. Au jour de la dédicace de l'église des Célestins, à Paris, célébrée le 15 octobre 1370, il offrit en personne une grande croix d'argent doré, et la reine, son épouse, une image de la sainte Vierge de même métal. Il fit de riches fondations à Notre-Dame de Rouen, à Saint-Remi de Reims, aux Célestins de Paris et de Mantes, à Saint-Denis et à Vincennes. C'est dans ce dernier lieu qu'il établit une sainte chapelle, avec un chapitre, sous l'invocation de la Sainte-Trinité et sur le modèle de la chapelle du palais de Paris. C'était un de ses désirs de voir la vie commune établie parmi les chanoines comme elle l'était du temps de Louis le Débonnaire. Lorsqu’il entendait lire ce fait dans les chroniques, il s'écriait qu'il aimerait mieux voir cette sainte institution que de réunir sur sa tête la couronne impériale avec celle de France, preuve bien singulière de son zèle pour la régularité des ecclésiastiques.

Cet esprit d'ordre se faisait sentir dans sa cour ; elle était réglée comme la maison d'un particulier, avec cette différence que la majesté du maître et la noblesse de ses manières donnaient à tout un air de grandeur que le bon ordre faisait remarquer encore davantage. Les heures étaient marquées pour les soins publics, pour la conversation, pour les délassements, pour la lecture. Chaque année le sage roi lisait la Bible en entier ; il y ajoutait les histoires anciennes des Romains et les maximes des philosophes ; de tout cela il se formait à lui-même des règles de conduite pour toutes les circonstances de sa vie et pour toutes les fonctions de sa dignité. Les mauvais livres et les paroles licencieuses, il les regardait comme la peste des cours. Un jour, ayant appris qu'un seigneur avait tenu un discours trop libre en présence du Dauphin, il le chassa, en ajoutant ce beau mot cité par tous les vieux historiens, qu'il faut inspirer aux enfants des princes l'amour de la vertu, afin qu'ils surpassent en bonnes mœurs ceux qu'ils doivent surpasser en dignité.

Ses aumônes étaient réglées comme les autres actions de sa vie…

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Message  Louis Ven 14 Juin 2013, 10:19 am

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(suite)
 

Ses aumônes étaient réglées comme les autres actions de sa vie; il en faisait d'extraordinaires quand on était en temps de guerre et que ses armées marchaient à l'ennemi pour livrer bataille. Il en faisait souvent lui-même, et, reconnaissant dans les pauvres la personne de Jésus-Christ, qu'ils représentent, il leur baisait la main en leur donnant de l'argent. Il aimait sa puissance et ses richesses parce qu'elles le mettaient en état de faire le bonheur des autres. Le sire de la Rivière le félicitait un jour sur les prospérités de son règne : « Oui, dit-il, je suis heureux, parce que je suis en pouvoir de faire du bien à autrui. »
 
 
Que si Charles V suivit les cardinaux français dans l'affaire du schisme, la faute en est à eux beaucoup plus qu'à lui; n'ayant pu voir les choses par lui-même, trop éloigné du lieu où elles s'étaient passées, il a pu croire de bonne foi devoir s'en rapporter au témoignage des cardinaux, sans trop réfléchir combien ce témoignage devenait suspect par leur variation. Aussi sa conscience ne fut-elle pas tout à fait tranquille.
 
Le jour même de sa mort il fit dresser une acte qui contenait en substance : qu'il s'était déterminé à embrasser l'obédience du pape Clément sur les écrits des cardinaux, à qui appartient l'élection du Pape, et dont le témoignage, en pareille matière, doit être jugé plus véritable et d'un plus grand poids que celui de tout autre; qu'il avait aussi suivi en cela les sentiments d'un grand nombre de prélats et d'ecclésiastiques de son royaume et les avis des personnes de son conseil ; qu'il ne s'était attaché à Clément par aucune raison de parenté ni aucune considération humaine, mais uniquement parce qu'il avait cru bien faire, mû à cela par les autorités ci-dessus expliquées ; qu'au reste, en cas qu'il se fût trompé, ce qu'il n'a pu croire et ne croyait pas encore, il protestait par cet acte qu'il voulait s'en tenir à la décision de l'Eglise universelle, soit dans un concile général, ou autrement, afin qu'il n'eût rien à se reprocher devant Dieu, voulant demeurer dans cette résolution et protestation comme un véritable enfant de l'Église et fidèle catholique. On voit par cet acte que la responsabilité du schisme tombe avant tout sur les cardinaux français et ensuite sur les conseillers du roi.
 
 
Voici comment un auteur contemporain, et qui vécut quelque temps à la cour de ce prince, raconte les diverses circonstances de sa mort :…

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Message  Louis Sam 15 Juin 2013, 6:11 am

Dernières actions, vertus et mort édifiante du roi Charles V. (suite)

Voici comment un auteur contemporain, et qui vécut quelque temps à la cour de ce prince, raconte les diverses circonstances de sa mort : « Comme sa complexion délicate ne peut supporter longtemps une maladie si grave, il jugea que brief serait le terme de sa vie. Pour ce il voulut disposer de ses dernières ordonnances et tendre au salut de son âme. Il avait toujours accoutumé de confesser chaque semaine ; mais alors, son père spirituel étant continuellement avec lui et examinant très-diligemment sa conscience, afin que rien n'y demeurât en scrupule, il se confessait derechef par souvente fois, en grande dévotion, larmes et contrition. Et comme déjà il était aggravé très-durement, il voulut recevoir son Créateur, lequel, après plusieurs messes par lui entendues, lui fut administré. En la présence du Sacrement, à merveilleux signes de dévotion, il dit ces paroles : « O Dieu mon Rédempteur, à qui toutes choses sont manifestes, je reconnais avoir bien des fois offensé devant votre majesté et digne sainteté; soyez propice à moi, pécheur, et, comme vous daignez approcher le lit du pauvre languissant, ainsi il vous plaise, par votre miséricorde, que à vous je puisse en la fin parvenir. » Et en ces paroles disant, à grandes larmes, il fut communié, et après rendit grâces à Dieu.

« Malgré les douleurs de sa maladie ce bon roi, pour donner quelque récréation à ses serviteurs qu'il voyait pour lui grandement affligés, voulait chaque jour être levé et vêtu et manger à table, et, quelque faible qu'il fût, il leur disait paroles de réconfort et bons admonestements, sans donner jamais signe quelconque de douleur, fors en appelant le nom de Dieu, de Notre-Dame et des saints. Et deux jours avant son trépassement, quoiqu’il eût passé une nuit bien douloureuse, étant levé et vêtu, il regardait ses chambellans et autres serviteurs et médecins éplorés, et se prit à leur dire de très-joyeux visage, et en semblant de bonne convalescence : « Réjouissez-vous, mes bons loyaux amis et serviteurs, car en briève heure serai hors de vos mains. » Eux, entendant ces paroles, ignorèrent, pour la joyeuseté de son visage, en quel sens il avait dit la parole. Bientôt après l'effet leur en montra la clarté.

« Le samedi devant son trépas apparurent en lui les signes mortels; leurs douleurs furent horribles, sans que fût aperçue en lui aucune impatience ; mais, en continuant sa dévotion, toujours était sa clameur à Dieu. À côté de lui son confesseur lui admonestait les paroles nécessaires en cet article, et, comme très-vrai chrétien catholique, il y répondait et faisait signes de grande foi à Notre-Seigneur.

« Quand vint le dimanche matin…

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Message  Louis Sam 15 Juin 2013, 12:00 pm

Dernières actions, vertus et mort édifiante du roi Charles V. (suite)

« Quand vint le dimanche matin, il fit appeler devant lui tous ses barons, prélats, son conseil et chancelier, et leur adressa de si touchantes paroles qu'il les contraignit tous à larmes. Entre les autres choses il dit, du fait de l'Église, que comme il eut été informé par tout le collège des cardinaux, et en faisant toute l'investigation qu'il avait pu et su faire, présumant que tant de vaillants prélats n'auraient jamais voulu se damner pour un seul homme, il avait reconnu le pape Clément pour vrai Pape, et ce qu'il en avait fait, il prenait sur son âme qu'il l'avait fait de bonne foi.

« Après ces choses il demanda la couronne d'épines de Notre-Seigneur, qui lui fut apportée par l'évêque de Paris, et aussi, par l'abbé de Saint-Denis, la couronne du sacre des rois. Quant à la couronne d'épines, il la reçut à grande dévotion, larmes et révérence, et hautement la fit mettre devant sa face ; celle du sacre, il la fit mettre sous ses pieds. Alors il commença cette oraison à la sainte couronne : « 0 couronne précieuse, diadème de notre salut ! combien est doux et délicieux le contentement que tu donnes, par le mystère qui en toi fut compris à notre rédemption ! Daigne Celui par le sang duquel tu as été arrosée m'être autant propice que mon esprit sent de joie en la Visitation de ta digne présence! » Le roi malade continua cette prière avec beaucoup de dévotion.

« Ensuite, s'adressant à la couronne du sacre, il dit : « 0 couronne de France ! que tu es précieuse et précieusement vile : précieuse, considéré le mystère de justice, lequel en toi tu contiens et portes vigoureusement; mais vile, et la plus vile de toutes choses, considéré le faix, labeur, angoisses, tourments et peines de cœur, de corps, de conscience et périls d'âme que tu donnes à ceux qui te portent sur leurs épaules ; et qui à ces choses viserait plutôt te laisserait en la boue gésir qu'il ne te relèverait pour mettre sur son chef. » Là dit le roi maintes notables paroles, pleines de si grande foi, dévotion et reconnaissance envers Dieu, que tous les auditeurs étaient émus à grande compassion et larmes.

« Après ce la messe fut chantée, et voulut le roi qu'en chants mélodieux et orgues fussent à Dieu chantées louanges et bénédictions.

« Le roi fut porté de sa couche en son lit, et, comme il commençait moult à faibloyer, son confesseur lui alla dire : « Sire, vous m'avez commandé que, sans attendre à la dernière extrémité, je vous fasse penser au dernier sacrement; quoique la nécessité ne soit pas encore pressante, et que plus d'un, après cette onction, soit retourné à bonne convalescence, vous plaît-il, pour le réconfort de votre âme, la recevoir maintenant ? » Le roi répondit que moult lui plaisait. Elle lui fut donc apprêtée, et le roi voulut que toutes manières de gens à qui il plairait entrassent dans sa chambre. Elle fut bientôt remplie de barons, prélats, chevaliers, clercs et gens du peuple, tous pleurant à grands sanglots de la mort de leur bon prince.

« Le roi lui-même, selon sa faiblesse, s'aida à recevoir les saintes huiles…

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Message  Louis Dim 16 Juin 2013, 6:46 am

Dernières actions, vertus et mort édifiante du roi Charles V.

(suite)

« Le roi lui-même, selon sa faiblesse, s'aida à recevoir les saintes huiles. Quand la croix lui fut présentée il la baisa, et, la serrant dans ses bras et regardant la figure de Notre-Seigneur, il commença à dire : « Mon très-doux Sauveur et Rédempteur, qui en ce monde avez daigné venir pour me racheter, moi et tout l'humain lignage, par la mort que, volontairement et sans contrainte, vous avez voulu souffrir, et qui m'avez institué votre vicaire, moi indigne et insipient, pour gouverner votre royaume de France, j'ai tant grièvement envers toi péché, dont je dis : Mea culpa, mea gravissima culpa, mea maxima culpa. Et nonobstant, mon doux Dieu, que je vous aie courroucé par des fautes innombrables, je sais que vous êtes vraiment miséricordieux et ne voulez point la mort du pécheur ; pour ce, à vous, Père de miséricorde et de toute consolation, en l'article de ma très-grande nécessité, crian(t) et vous appelant, je vous demande pardon. »

« Cette oraison finie il se fit tourner la face vers les gens et le peuple qui étaient là et dit : « Je sais bien que, au gouvernement du royaume, en plusieurs choses, j'ai offensé grands, moyens et petits, et aussi mes serviteurs, auxquels je devais être bénigne et non ingrat de leur loyal service, et, pour ce, je vous prie, ayez merci de moi ; je vous requiers pardon. » A cet effet il se fit hausser les bras et leur tendit les mains jointes. Vous pouvez penser quelles larmes répandirent ses loyaux sujets et serviteurs.

« II dit encore :…

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Message  Louis Dim 16 Juin 2013, 11:32 am

Dernières actions, vertus et mort édifiante du roi Charles V. (suite)

« II dit encore : « Sachez tous, et Dieu l'a premièrement connu, que nulle temporalité ni prospérité de vanité mondaine ne m'attire ni incline à vouloir de moi autre chose que ce que Dieu a voulu de moi ordonner; il sait qu'il n'est quelconque chose précieuse pour laquelle je voulusse ou désirasse être retourné de cette maladie. »

« Un peu après, sentant que sa fin était proche, en la manière des anciens patriarches, il fit amener devant lui son fils aîné, le Dauphin, et, le bénissant, il commença à dire : « Comme Abraham a béni et établi son fils Isaac en la rosée du ciel, en la graisse de la terre, en l'abondance du froment, du vin et de l'huile, ajoutant que qui le bénirait fût béni, et qui le maudirait fût rempli de malédiction, ainsi plaise à Dieu donner à ce Charles la rosée du ciel, et l'abondance de la terre, et l'abondance du froment, du vin et de l'huile, et que les lignées le servent, et qu'il soit le seigneur, et que s'inclinent devant lui tous les fils de sa mère ! Qui le bénira soit béni ! qui le maudira soit rempli de malédiction ! »

« Ce mystère fait, à la prière du seigneur de la Rivière il bénit tous les assistants, en disant ainsi : Benedictio Dei Patris, et Filii, et Spiritus sancti, descendat super vos et maneat semper ! Laquelle bénédiction ils reçurent tous à genoux, avec grande dévotion et larmes. Puis le roi leur dit : « Mes amis, allez-vous-en, et priez pour moi, et me laissez, afin que mon travail s'achève en paix. » Alors, tourné de l'autre côté et tirant à l'angoisse de la mort, il ouït toute l'histoire de la Passion et encore l'Évangile de saint Jean, à la fin duquel il entra en agonie, et, après quelque peu de soupirs et sanglots, entre les bras du seigneur de la Rivière, que moult tendrement il aimait, il rendit l'esprit à Notre-Seigneur 1. »

C'est ainsi que Christine de Pisan décrit les derniers moments du roi Charles V….

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1 Christine de Pisan, Livre des Faits et bonnes Mœurs du sage roi Charles V. Petitot, Mémoire sur l'hist, de France t. 6.
A suivre : Christine de Pisan.

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Message  Louis Lun 17 Juin 2013, 5:21 am

Christine de Pisan

C'est ainsi que Christine de Pisan décrit les derniers moments du roi Charles V. Cette femme de lettres naquit à Venise vers l'an 1363. Son père, Thomas de Pisan, conseiller de la république et homme fort instruit, fut appelé en France, en qualité d'astronome, par Charles V, qui lui donna place dans son conseil et lui facilita les moyens de faire venir sa famille à Paris. Christine avait cinq ans lorsqu'elle arriva au château du Louvre avec sa mère, l'an 1368. Le roi les reçut fort gracieusement. Christine fut élevée à la cour. Son père, qui lui voyait d'heureuses dispositions, voulut qu'elle les cultivât. On a d'elle plusieurs écrits en vers et en prose, entre autres l'histoire de Charles V, qu'elle entreprit sur l'ordre de Philippe, duc de Bourgogne, frère du roi défunt.
 
A suivre : Bertrand Dugesclin.

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