La mission de la femme (par Gustave Corçao)

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Message  Javier Ven 16 Déc 2011, 7:03 am

LA MISSION DE LA FEMME

par Gustavo Corção




A une époque de ma jeunesse, fatigué d’étudier les cratères de la lune et les anneaux de Saturne, je me suis intéressé à l’aviculture. Comme j’ai toujours mêlé aux choses pratiques un peu de théorie, j’ai commencé par acheter un traité. Or ce traité débutait par ces mots incroyables : «La poule et les oiseaux domestiques en général peuvent être élevés par un homme comme par une femme.»

L’auteur du livre m’a alors semblé fou. En tout cas, je l’ai considéré comme tel et ma conclusion fut qu’un livre qui commençait par une distinction aussi insolite et inutile n’offrait pas beaucoup de garanties pour les détails subtils de l’alimentation ou de la couvée. J’ai laissé le livre et, quelques mois après, les oeufs.

Aujourd’hui, pourtant, par je ne sais quel mystérieux travail de la mémoire, cette première phrase de l’aviculteur m’est revenue et, soudain, j’en ai découvert la sagesse qui m’avait échappé dans ma jeunesse. Ou bien, si l’on veut employer les termes de la relativité, je dirais que l’écoulement du temps, la modification des idées et des coutumes ont fini par transformer en sage ce qui, à l’époque, me paraissait déraisonnable.

Voyons. L’auteur disait que la poule peut être soignée par un homme ou par une femme. Or, lorsqu’on dit cela, c’est que l’on sait, tout en le laissant sous-entendu, qu’il y a d’autres choses, d’autres activités, où le sexe n’est pas indifférent. Ce qui, aujourd’hui, me semble digne d’être souligné dans ce texte, c’est l’air, disons, de surprise, presque d’admiration, avec lequel l’auteur reconnaît l’existence d’un genre d’activités où la femme et l’homme peuvent travailler avec le même profit. En d’autres termes, ce qu’il disait dans son traité d’aviculture pourrait être formulé ainsi: «La femme et l’homme sont terriblement différents; malgré cela, tous deux peuvent élever des poules.»

Il est évident que la sagesse contenue dans ce texte, ou celle que je lui prête, est toute contenue dans la première partie de la proposition: la femme et l’homme sont, de fait, différents. Certes, les deux peuvent également faire certaines choses comme, par exemple, élever des poules. Mais, maintenant, je veux aller plus loin que cet aviculteur avisé et je commence à penser que, même dans cette simple activité, l’homme et la femme n’exerceront pas le même style d’aviculture. Les plus petites choses restent marquées par les doigts qui les font et, comme la différence du sexe va jusqu’au bout des doigts, il en résulte que la chose faite gardera la marque de celui qui l’a faite, homme ou femme.

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La mission de la femme (par Gustave Corçao) Aaa17 Il est évident que la sagesse contenue dans ce texte, ou celle que je lui prête, est toute contenue dans la première partie de la proposition: la femme et l’homme sont, de fait, différents. Certes, les deux peuvent également faire certaines choses comme, par exemple, élever des poules. Mais, maintenant, je veux aller plus loin que cet aviculteur avisé et je commence à penser que, même dans cette simple activité, l’homme et la femme n’exerceront pas le même style d’aviculture. Les plus petites choses restent marquées par les doigts qui les font et, comme la différence du sexe va jusqu’au bout des doigts, il en résulte que la chose faite gardera la marque de celui qui l’a faite, homme ou femme.
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Message  Javier Ven 16 Déc 2011, 7:05 am

Le point où je veux en venir, avec ces considérations qui touchent presque au délire, est le suivant: nous devons souligner les différences, ne serait-ce que par tactique d’argumentation, parce que l’un des vices de notre temps est précisément de rechercher la simplification dans l’uniformité. Le désordre de notre époque consiste à tendre vers l’amalgame, vers l’informe, la masse, la société sans classes, un monde sans limites, une vie sans règles, une humanité sans discrimination.

Contrairement à tout cela, la société que nous voulons bâtir est richement différenciée et nettement hiérarchisée. Il serait impossible de peindre un joli tableau si le rouge n’était pas différent du bleu; il serait également impossible de jouer une belle musique si l’accord de quinte n’était pas consonant et celui de septième dissonant. Et nous n’aurons jamais une bonne et belle société d’hommes si les différences de la nature ne sont pas portées à leurs ultimes conséquences: comme, par exemple, le fait de consentir à ce que la femme et l’homme soient différents.

La tendance moderne consiste à amenuiser les différences. Imaginez ce qui nous arriverait si les plombiers décidaient de ressembler le plus possible aux aviculteurs; ou alors, inversement, si les aviculteurs cherchaient à employer dans leurs poulaillers la technique de la soudure et de la vidange: il est évident qu’au bout de quelques mois, nous n’aurions plus ni œufs ni eau. Une société humaine ne peut pas se dispenser d’un plombier, ni d’un aviculteur. Une société humaine, si peu organisée soit-elle, ne peut se permettre de tolérer l’idée selon laquelle un tuyau de plomb et un œuf seraient sensiblement la même chose.

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La mission de la femme (par Gustave Corçao) Aaa18 ...la société que nous voulons bâtir est richement différenciée et nettement hiérarchisée. Il serait impossible de peindre un joli tableau si le rouge n’était pas différent du bleu; il serait également impossible de jouer une belle musique si l’accord de quinte n’était pas consonant et celui de septième dissonant. Et nous n’aurons jamais une bonne et belle société d’hommes si les différences de la nature ne sont pas portées à leurs ultimes conséquences: comme, par exemple, le fait de consentir à ce que la femme et l’homme soient différents.
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Message  Javier Ven 16 Déc 2011, 7:08 am

Il se trouve des circonstances très spéciales où toutes les personnes d’une communauté donnée sont appelées à jouer des rôles semblables. Dans ces cas, apparaît une certaine uniformité. S’agit-il d’un incendie? Tous doivent venir avec des tuyaux, des extincteurs et du sable. Sommes-nous en présence d’une épidémie mortelle? Tous doivent promptement apporter leur collaboration pour arrêter le fléau. Y a-t-il une guerre? Tous doivent agir pour obtenir la victoire la plus rapide et la plus décisive possible.

Plus nette et prochaine est la fin, plus homogène est la nécessaire contribution de tous. Toutefois, même dans ces cas, même face à la famine, à la peste ou à la guerre, une collaboration vraiment efficace porte la marque d’une organisation faite d’unité dans la diversité. Le concert des actes humains ne sera ordonné et harmonieux que s’il réalise l’union de choses diverses. Remarquez, dans la guerre, comme il est souhaitable qu’il existe des compétences différentes. Voyez le cas de l’incendie où les pompiers, malgré l’uniforme, ne sont pas uniformes : leurs gestes, leurs attitudes, leurs instruments varient, tout se passe comme si l’on assistait à un féerique et harmonieux ballet du feu. Notez, enfin, qu’en pleine peste, les hommes se répartissent les tâches: les uns soignent les vivants, les autres enterrent les morts.

Mais le fonctionnement normal d’une société où sont inclus toutes les existences et tous leurs problèmes est mille fois plus complexe qu’un incendie, une guerre ou une peste. Ce qui est normal est plus riche et plus compliqué que ce qui est anormal. On traite les problèmes sociaux, en cas de litiges, avec les méthodes, le recul, l’attention et l’harmonie exigés par la normalité. C’est pourquoi les questions sociales de nos temps de paix si agités, plus encore que dans les situations d’exception, doivent être conduites de concert par des compétences différentes. Ainsi, plus enfant sera l’enfant, plus féminine sera la femme, plus viril sera l’homme, plus nous aurons, pour chaque circonstance concrète, l’ordre véritable et vivant qui est le fondement du bonheur des peuples.

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La mission de la femme (par Gustave Corçao) Fff_110Mais le fonctionnement normal d’une société où sont inclus toutes les existences et tous leurs problèmes est mille fois plus complexe qu’un incendie, une guerre ou une peste. Ce qui est normal est plus riche et plus compliqué que ce qui est anormal. On traite les problèmes sociaux, en cas de litiges, avec les méthodes, le recul, l’attention et l’harmonie exigés par la normalité. C’est pourquoi les questions sociales de nos temps de paix si agités, plus encore que dans les situations d’exception, doivent être conduites de concert par des compétences différentes. Ainsi, plus enfant sera l’enfant, plus féminine sera la femme, plus viril sera l’homme, plus nous aurons, pour chaque circonstance concrète, l’ordre véritable et vivant qui est le fondement du bonheur des peuples.
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Message  Javier Ven 16 Déc 2011, 7:11 am

Le concours apporté actuellement par les femmes, hélas, conduit plus vers l’uniformisation que vers l’ordre. Elles sont venues vers nous. La dernière guerre a réquisitionné les mains féminines dans les usines et aux commandes des avions de bombardement, et cela continue. Elles sont venues vers nous, mais leur apport fut seulement numérique, quantitatif, mécanique. Elles sont venues vers nous comme des bras et des têtes, non pas comme des femmes. Le chœur des voix a grandi mais il n’est pas devenu plus harmonieux. Le volume des gestes s’est multiplié, mais il n’est pas devenu plus ordonné. Elles sont venues vers nous pour faire les mêmes choses, avec les mêmes gestes.

Mais, si elles sont venues pour faire la même chose que nous, il faut en conclure qu’elles déclarent la faillite de ce qui fait leur différence par rapport à nous. Si elles utilisent nos gestes, il faut admettre qu’on ne peut, sauf par gymnastique verbale, parler d’émancipation. Je me rappelle ici un passage de Chesterton où il disait que le tigre peut s’émanciper des barreaux de sa cage, mais pas des barreaux de sa peau.

Une telle contribution de la femme risque de jeter le monde dans un terrible cataclysme: il se développera peut-être en quantité mais il en sortira handicapé en qualité. Imaginez la misère d’une musique où les flûtes joueraient toujours à l’octave des hautbois, en cherchant à imiter leur mélodie. Pourrait-on parler d’émancipation des flûtes?

Ce que je veux dire, c’est que cette fameuse émancipation de la femme revient à les faire toujours aller à l’octave de nos timbres masculins. Elles disent les mêmes mots, mais comme des faussets.

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La mission de la femme (par Gustave Corçao) Fff_210 Une telle contribution de la femme risque de jeter le monde dans un terrible cataclysme: il se développera peut-être en quantité mais il en sortira handicapé en qualité. Imaginez la misère d’une musique où les flûtes joueraient toujours à l’octave des hautbois, en cherchant à imiter leur mélodie. Pourrait-on parler d’émancipation des flûtes?

Ce que je veux dire, c’est que cette fameuse émancipation de la femme revient à les faire toujours aller à l’octave de nos timbres masculins. Elles disent les mêmes mots, mais comme des faussets.


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Message  Javier Ven 16 Déc 2011, 7:17 am

Il est évident que je déplais. Mais n’imaginez pas, s’il vous plaît, que je veuille enfermer les femmes chez elles ou refuser leur concours dans la bataille du monde. Pas du tout! Je ne me plains pas de leur impertinence, simplement je réclame leur véritable collaboration.

Une urgente mobilisation de tout le monde s’impose, mais différente de celle du temps de guerre. Tous sont appelés, mais ils sont appelés à rester où ils sont, en étant ce qu’ils sont. C’est une drôle de mobilisation que celle où l’on doit rester où l’on est. Et dans cette étrange mobilisation — qu’il faudrait plutôt appeler immobilisation — ce qu’on demande aux femmes, c’est de rester des femmes.

A vrai dire, ce dont nous avons besoin de manière pressante, c’est d’une pluie de saints. La liturgie du temps de l’Avent annonce le Sauveur qui doit venir du ciel comme une pluie. Nous avons besoin, pour le sol aride de notre culture et de nos coutumes, d’un bon système d’irrigation qui apporte les eaux du ciel à la terre des âmes. Il nous faut beaucoup de saints. Or il est prouvé que la femme, dans cette entreprise divine, va plus loin que nous autres, insensés conquérants du monde. Et il est également bien prouvé, par Léon Bloy, que plus elles sont saintes, plus elles sont femmes.

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La mission de la femme (par Gustave Corçao) Fff_310Une urgente mobilisation de tout le monde s’impose, mais différente de celle du temps de guerre. Tous sont appelés, mais ils sont appelés à rester où ils sont, en étant ce qu’ils sont. C’est une drôle de mobilisation que celle où l’on doit rester où l’on est. Et dans cette étrange mobilisation — qu’il faudrait plutôt appeler immobilisation — ce qu’on demande aux femmes, c’est de rester des femmes. (...) Il nous faut beaucoup de saints. Or il est prouvé que la femme, dans cette entreprise divine, va plus loin que nous autres, insensés conquérants du monde. Et il est également bien prouvé, par Léon Bloy, que plus elles sont saintes, plus elles sont femmes.


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Message  Javier Ven 16 Déc 2011, 7:21 am

Un romancier médiocre a écrit l’histoire de ce qu’il a appelé «les femmes sans les hommes». Aujourd’hui, dans un autre sens, plutôt culturel que sexuel, on pourrait écrire l’histoire des hommes sans les femmes. Tel est bien le trait prédominant de notre civilisation, comme l’a très bien dit une femme, Gertrud von Le Fort, dans son petit livre La Femme éternelle. Le monde moderne, explique-t-elle, fait la douloureuse expérience d’une culture reposant sur les valeurs masculines. Voici ce qu’elle dit :

La culture exclusivement masculine ne se contente pas, pour caractériser les époques où elle règne, d’en exclure tous les traits féminins. Elle fait plus et substitue à la foi dans les puissances cachées la confiance en ce qui se voit: la force dans le domaine de la matière, la publicité dans le domaine de l’esprit. Bien plus encore, elle exagère ce qui est proprement masculin et déforme les traits de l’homme resté seul [l’homme-sans-la-femme]. L’absence de l’une des deux parts de la réalité provoque toujours — conséquence fort importante – une altération dans l’image de l’autre [1].

Demandons-nous quels sont ces traits déformés.

Je dirais qu’il y en a deux, qui sont les principaux. Le premier, comme dit l’auteur cité, c’est le goût pour les choses visibles, la lutte féroce pour le prestige, les manœuvres cachées pour le succès. Le second — cette fois, c’est moi qui le dis — c’est le refus de se donner, l’incapacité chaque jour grandissante à découvrir qu’il y a effectivement plus de joie à donner qu’à recevoir.

Comprenez-moi bien (la remarque est importante), je ne veux pas dire que les comportements de cabotin et d’égoïste sont caractéristiques de la psychologie masculine normale. Non. Ce que je dis, c’est qu’ils sont les traits, marqués comme des sillons, d’un monde négativement masculinisé, c’est-à-dire privé de son nécessaire complément féminin. Tels sont, disons, les indices de notre maladie.

Dans un sens un peu différent de celui suggéré par Gertrud von Le Fort, je pense que notre culture est masculinisée non pas par la prédominance du masculin, mais par l’absence du féminin. Il faut faire ressortir ce manque pour comprendre que le portrait de l’homme-sans-la-femme est une triste caricature de l’homme...

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La mission de la femme (par Gustave Corçao) Fff_410Comprenez-moi bien (la remarque est importante), je ne veux pas dire que les comportements de cabotin et d’égoïste sont caractéristiques de la psychologie masculine normale. Non. Ce que je dis, c’est qu’ils sont les traits, marqués comme des sillons, d’un monde négativement masculinisé, c’est-à-dire privé de son nécessaire complément féminin. Tels sont, disons, les indices de notre maladie.

Dans un sens un peu différent de celui suggéré par Gertrud von Le Fort, je pense que notre culture est masculinisée non pas par la prédominance du masculin, mais par l’absence du féminin. Il faut faire ressortir ce manque pour comprendre que le portrait de l’homme-sans-la-femme est une triste caricature de l’homme...
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Message  Javier Mar 20 Déc 2011, 1:50 pm

Malgré ce que dit le romancier médiocre, je suis incliné à croire qu’il est plus facile à la femme de vivre sans l’homme qu’à l’homme sans la femme. Les deux situations sont difformes et je vous en donne deux exemples historiques. L’état des catholiques au Brésil, jusqu’à une période récente, est un exemple de communauté de femmes-sans-l’homme. Dans l’une de ses admirables Cartas da Inglaterra, Rui Barbosa nous a dépeint ce temps comme celui d’une incrédulité béate généralisée. De l’autre côté, comme exemple de culture d’hommes-sans-la-femme, nous avons le nazisme allemand et le communisme russe. Et aussi, il est bon de le dire, la société bourgeoise capitaliste qui tend naturellement à prendre l’une de ces formes totalitaires.

Je répète donc que l’homme ne peut pas vivre sans la femme. Dans un autre plan, je rappelle que, hors de l’Église, il n’y a pas de salut. Or l’Église est féminine. Donc, sans la femme, il n’y a pas de salut. Et, quand je dis que l’Église est féminine, ne croyez pas, s’il vous plaît, que j’abuse d’une métaphore. C’est évidemment une analogie, mais une analogie qui est plus qu’une métaphore. L’Église est vraiment féminine. Par ses attributs, par sa virginale maternité, l’Église reproduit, au plan de la réalité mystique, les traits de la figure de Marie.

Revenant au domaine de la culture, j’oserais dire qu’il y a un certain parallélisme. Dans cet ordre aussi, comme dans celui des âmes, l’homme ne peut vivre sans la vitamine bénéfique des valeurs authentiquement féminines. Privé de cet élément, le monde se transforme en une caserne ou en une maison de fous.

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La mission de la femme (par Gustave Corçao) Aaaa10 Je répète donc que l’homme ne peut pas vivre sans la femme. Dans un autre plan, je rappelle que, hors de l’Église, il n’y a pas de salut. Or l’Église est féminine. Donc, sans la femme, il n’y a pas de salut. Et, quand je dis que l’Église est féminine, ne croyez pas, s’il vous plaît, que j’abuse d’une métaphore. C’est évidemment une analogie, mais une analogie qui est plus qu’une métaphore. L’Église est vraiment féminine. Par ses attributs, par sa virginale maternité, l’Église reproduit, au plan de la réalité mystique, les traits de la figure de Marie.

Revenant au domaine de la culture, j’oserais dire qu’il y a un certain parallélisme. Dans cet ordre aussi, comme dans celui des âmes, l’homme ne peut vivre sans la vitamine bénéfique des valeurs authentiquement féminines. Privé de cet élément, le monde se transforme en une caserne ou en une maison de fous.
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Message  Javier Mar 20 Déc 2011, 1:56 pm

J’ai dit plus haut que la société de notre temps porte la marque du manque des valeurs féminines. Il faut se demander à qui en revient la faute, et comment s’est opéré ce déséquilibre.

Qui a commis la faute? Imaginez la confusion si j’avais l’idée de convoquer une réunion pour débattre cette question. Ce tumulte, d’ailleurs, existe déjà; il est général, on en dispute à découvert ou en cachette, en public ou en secret. La méfiance et la lutte des sexes sont là, ainsi que l’hostilité et l’incompréhension, au plus grand profit des psychiatres, ces magiciens des temps modernes. J’en arrive même à croire que ce fut le premier sujet de discussion entre l’homme et la femme, aux portes du paradis perdu.

Le fait est que les femmes, émancipées de leur condition féminine, se sont transmis de bouche à oreille la plus grande découverte des temps modernes: «La vie des hommes est plus intéressante que la nôtre.» Ce qui, en pratique, peut être formulé ainsi: «Ranger un fichier est plus intéressant que ranger un tiroir.» Il est possible que les hommes aient fourni d’abondants motifs à cette transformation de leur maison en un lieu d’exil. Il est possible que les femmes, portées par la curiosité, aient voulu savoir en quoi consistaient, au juste, ces choses très intéressantes que les hommes font dans leurs garages et dans leurs bureaux. Il est possible que tous les deux se partagent à égalité le droit de dire des bêtises.

Pour Gertrud von Le Fort, le cas semble déboucher sur une victoire masculine, par excès de force. Je ne sais pas... je me perds en conjectures, puisqu’on sait bien qu’en ces questions de victoire celle de la femme consiste souvent, justement, à paraître vaincue.

A SUIVRE...

La mission de la femme (par Gustave Corçao) Bbb19 ...on sait bien qu’en ces questions de victoire celle de la femme consiste souvent, justement, à paraître vaincue.
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Message  Javier Mar 20 Déc 2011, 2:00 pm

Il y aura toujours cette tension, ce problème entre les deux sexes. Comme le dit Chesterton, l’homme et la femme sont effectivement brouillés et vivront toujours en difficulté. Ils seront toujours comme deux étrangers qui parlent mal la langue de l’autre. Ils poursuivront indéfiniment ce duel qui a mené les plus grandes saintes à nous traiter, pauvres de nous, tantôt avec astuce, tantôt avec provocation : sainte Scholastique, pour tromper la rigueur monastique de son saint frère, a prié pour demander une tempête; sainte Thérèse d’Avila, de tempérament espagnol et vif, a déclaré, parce qu’un directeur spirituel avait commis une injustice à l’égard d’une de ses filles: «Attention, nous ne sommes pas si faciles à comprendre !» Et l’histoire d’Héloïse et d’Abélard n’est rien d’autre qu’une suite continuelle de provocations.

Cette tension entre les deux pôles de l’humanité n’est pas un mal. L’homme et la femme peuvent vivre dans un lien de déférence, tout le temps d’une civilisation, au milieu de discussions et de mêlées — comme ils le peuvent dans le mariage — à condition de conserver l’honneur au combat. Évidemment, la bonne entente est meilleure. Dans le mariage, cette bonne entente, l’accord des goûts et des opinions sont merveilleux. Mais ne croyez pas, comme on a l’habitude de le dire, que c’est le plus important. Ce qui est décisif, dans le mariage, c’est de bien comprendre, dans la félicité comme dans la contrariété, quelle est la nature du lien matrimonial et la dignité de ce nouvel état. Tant que cette bannière flottera au mât du vaisseau familial, il peut pleuvoir, le vent peut souffler, les vagues peuvent grossir jusqu’à devenir des montagnes ou se creuser comme des abîmes, l’arche qui porte ce couple que Dieu aime d’un amour de prédilection arrivera au port du salut. Les voyageurs de cette traversée difficile n’arriveront peut-être pas très consolés, mais ils arriveront. Et dans une traversée, c’est ce qui importe.

N’insistons donc pas sur cette question insoluble et déplaisante qui consiste à chercher qui est le coupable, dans l’état actuel de notre culture, de l’homme ou de la femme. Le plus probable, c’est que les deux le sont, chacun à sa façon, comme au paradis terrestre.

A SUIVRE...

La mission de la femme (par Gustave Corçao) Ccc18 Il y aura toujours cette tension, ce problème entre les deux sexes. Comme le dit Chesterton, l’homme et la femme sont effectivement brouillés et vivront toujours en difficulté. Ils seront toujours comme deux étrangers qui parlent mal la langue de l’autre. Ils poursuivront indéfiniment ce duel qui a mené les plus grandes saintes à nous traiter, pauvres de nous, tantôt avec astuce, tantôt avec provocation : sainte Scholastique, pour tromper la rigueur monastique de son saint frère, a prié pour demander une tempête; sainte Thérèse d’Avila, de tempérament espagnol et vif, a déclaré, parce qu’un directeur spirituel avait commis une injustice à l’égard d’une de ses filles: «Attention, nous ne sommes pas si faciles à comprendre !»
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Message  Javier Mar 20 Déc 2011, 2:06 pm

Analysons maintenant les deux points principaux qui nous semblent caractéristiques d’une société souffrant d’une carence des valeurs féminines.

Le premier, comme nous l’avons vu, est l’excessive inclination pour ce qui se voit, ce qui brille, ce qui réussit. Je dirai: pour le manque de pudeur.

L’homme moderne ne croit qu’à ce qu’il voit, mais en cela il croit trop, il devient superstitieux. L’homme moderne construit sa vie, sa ville, sa civilisation sur ce critère tapageur et voyant de la vaine gloire. La vie intérieure, la vie de l’âme et la vie de famille entre quatre murs, perdent, jour après jour, leur statut propre et cèdent la place à l’agitation dévastatrice des rues. Aujourd’hui, tout se fait en public. Depuis la glace léchée sur les trottoirs de Copacabana par l’individu en veston bleu qui marche d’un air heureux, jusqu’aux plus extrêmes manifestations amoureuses des couples que la psychiatrie moderne a affranchis des anciens tabous, tout, aujourd’hui, tend à être public et ostensible.

Je me permets de mentionner encore une fois Gertrud von Le Fort qui explique que le monde moderne a besoin d’un voile, symbole du monde féminin invisible et patient.

En réclamant ce voile, je ne veux pas seulement dire qu’il faut mettre en œuvre une campagne pour que les femmes s’habillent avec plus de modestie. (...) Cette idée du voile — vitamine féminine pour guérir le scorbut de notre temps — demande à être comprise d’une façon plus générale. Ce n’est pas le corps seul qui requiert des soins, c’est la vie intime, le cœur. Et ce n’est pas aux personnes, prises une par une, qu’il faut appliquer ce régime, mais à la civilisation elle-même.

A SUIVRE...

La mission de la femme (par Gustave Corçao) Ddd12 Je me permets de mentionner encore une fois Gertrud von Le Fort qui explique que le monde moderne a besoin d’un voile, symbole du monde féminin invisible et patient.

En réclamant ce voile, je ne veux pas seulement dire qu’il faut mettre en œuvre une campagne pour que les femmes s’habillent avec plus de modestie. (...) Cette idée du voile — vitamine féminine pour guérir le scorbut de notre temps — demande à être comprise d’une façon plus générale. Ce n’est pas le corps seul qui requiert des soins, c’est la vie intime, le cœur. Et ce n’est pas aux personnes, prises une par une, qu’il faut appliquer ce régime, mais à la civilisation elle-même.
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Message  ROBERT. Mar 20 Déc 2011, 4:56 pm

.
Javier,

sus ilustraciones solo vale la pena ver

Gracias.
ROBERT.
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Message  Javier Mar 20 Déc 2011, 6:21 pm

Gracias, Robert.
Que Dios le bendiga.
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Message  ROBERT. Mar 20 Déc 2011, 8:34 pm

.
Gracias, y Javier también.
.
ROBERT.
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Message  Javier Mer 21 Déc 2011, 6:52 am

L’homme moderne doit vraiment retrouver le goût pour les vertus voilées et la vie intérieure. S’il existe dans la vie de la cité une activité publique et dans la vie de l’Église un culte visible et public, il importe qu’en contrepartie, on trouve dans la famille et dans les âmes une mesure correspondante de vie intérieure. Sans cet élément, il manquera toujours le côté spécifiquement féminin.

La publicité est l’une des grandes conquêtes modernes. Celui qui ne se montre pas, qui n’est pas vu, souffre d’être inconnu comme s’il doutait de sa propre existence. Il doute de lui, il doit se frapper pour se prouver qu’il existe, il se sent désincarné, comme un esprit errant, et ne reprend vie que si les autres, le regard des autres, l’attention des autres, viennent ranimer son existence perturbée. La propagande est l’un des aspects les plus répugnants de cette culture criarde. La dernière guerre, comme chacun sait, fut une guerre de propagande et elle n’a eu un si horrible visage qu’en raison de la perte de la modestie. (...)

L’idée du voile comme élément essentiel de civilisation dépasse donc largement la simple question du vêtement. Il y a une pudeur de la société comme il y a une pudeur des gens. Or la pudeur, la modestie, sont à la femme ce que le courage est à l’homme. C’est pourquoi on peut dire que l’exubérance de la rue et des affiches est le signe d’une société nue, sans voile et sans pudeur. Cette notion de voile signifie beaucoup plus qu’une règle concernant la coupe des jupes ou des maillots. Elle s’applique aussi bien à la nudité qu’à la mondanité, à l’insuffisance de tissu qu’à l’excès de parure, à l’exhibition des jambes et à l’étalage du crime ; aux somptueuses soirées de noces et aux effusions amoureuses des couples libérés des préjugés bourgeois. Et aussi aux démagogies des politiques en quête du pouvoir.

Comme vous le voyez, il s’agit d’une chose plus grave qu’il ne semble au premier abord. Si je vois juste, la possibilité de retrouver l’esprit de simplicité et de pauvreté (donc, d’obscurité) sans lequel on ne peut parler de civilisation chrétienne, dépend beaucoup de la femme, de son attitude, de sa fidélité, je dirais même de son héroïsme. (...)

A SUIVRE...
La mission de la femme (par Gustave Corçao) 1_de_410 L’homme moderne doit vraiment retrouver le goût pour les vertus voilées et la vie intérieure. S’il existe dans la vie de la cité une activité publique et dans la vie de l’Église un culte visible et public, il importe qu’en contrepartie, on trouve dans la famille et dans les âmes une mesure correspondante de vie intérieure. Sans cet élément, il manquera toujours le côté spécifiquement féminin. (...) Il y a une pudeur de la société comme il y a une pudeur des gens. Or la pudeur, la modestie, sont à la femme ce que le courage est à l’homme.
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Message  Javier Mer 21 Déc 2011, 6:56 am

Le deuxième trait qui défigure notre civilisation est la reconnaissance officielle des droits de l’égoïsme. «Ne pas donner !», telle est la devise écrite sur l’étendard de notre siècle.

Pourtant, ce trait ne semble pas provenir d’une pénurie de l’élément féminin. De fait, nous autres, les hommes, nous avons l’habitude d’entretenir l’illusion que la générosité est une vertu de notre sexe, concédée aux femmes en seconde main. Il y a un certain fondement à cette illusion. Il est facile d’observer, et même de prouver par des statistiques, que les femmes sont, en général, plus mesquines que nous : les salaires qu’elles versent sont plus négociés, leurs aumônes sont davantage comptées…

Or je prétends montrer, ici, le contraire : la générosité naît avec la femme, le don de soi est la plus féminine des tendances naturelles. Notre prétention masculine procède en fait d’une confusion, bien nôtre, entre ce que nous entendons et ce qu’elles entendent sous ce vocable de donner.

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La mission de la femme (par Gustave Corçao) 2_de_410 ...la générosité naît avec la femme, le don de soi est la plus féminine des tendances naturelles. Notre prétention masculine procède en fait d’une confusion, bien nôtre, entre ce que nous entendons et ce qu’elles entendent sous ce vocable de donner.
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Message  Javier Mer 21 Déc 2011, 7:00 am

Pour expliquer cela, permettez-moi d’ouvrir une parenthèse, d’où nous tirerons quelques considérations. Il s’agit de l’histoire d’une jeune fille qui, au grand étonnement de sa famille, se décide à prendre l’habit religieux. Personne, dans sa famille, ne trouve que c’est une bonne idée. Évidemment, par rapport aux perspectives d’avenir normales pour une jeune fille, cette incongruité fait naître tout à la fois perplexité et inquiétude. Parmi les classifications sociales possibles, la religieuse est presque un scandale, une tache noire dans l’album de famille.

Tout le monde aime bien la civilisation chrétienne. Tous la désirent, mais à condition que les prêtres et les bonnes sœurs — à supposer qu’ils soient nécessaires — soient issus d’une autre planète, par panspermie [2] ou par génération spontanée. On s’explique, sans doute, que des parents qui n’ont pas la foi voient avec tristesse leur fille quitter la maison, renoncer au confort et à l’affection humaine, pour commettre cette folie de courir, avec voile et couronne, à la rencontre d’un fiancé invisible. Tant qu’elle se contente d’aller à la messe et refuse, certains jours de l’année, le bifteck à table, tout se passe bien. Cela reste étrange, cette relation entre la viande et un Dieu tout-puissant, mais enfin, puisque la civilisation est chrétienne, il est juste d’exiger de ses plus fidèles disciples l’accomplissement de certaines règles. C’est toujours ainsi dans le monde. Ainsi, pour l’académicien, le port de l’habit vert est-il obligatoire à certains jours, avec ses emblèmes immortels. En certaines occasions, le vêtement du militaire se transfigure en splendide uniforme de gala. Telles sont les règles. Et sans règles, il n’y a pas de civilisation.

Donc, si l’enseignement de Notre-Seigneur doit faire partie de la société, il est inévitable qu’il ait ses propres règles. Et si elles paraissent étranges ou même franchement incompréhensibles, on ne s’en choque pas, puisqu’on trouve également beaucoup de règles en dehors de la religion. Qui peut expliquer, par exemple, la présence d’une sentinelle postée à l’entrée de la caserne, ou la coutume de signer un papier à la messe des morts? Et le télégramme? Et la plume? Et la cravate?… Toutes ces choses sont des règles de la vie civilisée, comme c’est une règle de la vie des primitifs, en Nouvelle Guinée, que le veuf inconsolable parte à la chasse dans la forêt, attrape une femelle kangourou et lui passe un collier de dents de chien autour du cou, pour avoir l’assurance que sa femme disparue s’est réincarnée dans cet étrange animal. En vérité, c’est l’homme qui est étrange, pas le kangourou. C’est l’homme qui a la manie d’inventer des complications et des formalités.

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Message  Javier Mer 21 Déc 2011, 7:03 am

Jusqu’ici, tout va bien. Nous sommes dans le respect des règles. Mais, quand la jeune fille dit qu’elle veut entrer au carmel ou chez les bénédictines et que, parmi ses fiancés possibles, elle a choisi celui qui est invisible; qu’entre toutes les vies, elle a choisi la mort — pour être certaine d’entrer dans la vie! — et que, entre toutes les fêtes, elle a choisi la plus obscure, les noces du mystère et du silence, où l’on ne voit pas le fiancé, comme s’il s’attardait dans la nuit et comme si elle devait l’attendre là, l’oreille attentive, aujourd’hui, demain, seule (oui, seule), dans l’attente, dans le désert, dans l’aridité d’une attente d’un fiancé qui tarde mais qui doit venir (il l’a promis), on ne sait pas quand… ; alors, oui, je comprends que ses pauvres parents qui n’ont pas la foi se plaignent et s’affligent.

Ne croyez pas méchant le sourire que je n’arrive pas à cacher, lorsque je mêle à la tristesse d’une chambre vide de jeune fille, avec une armoire pleine de robes inutiles et des chaussures oubliées dans un coin, ces grotesques histoires de cravate, de sentinelle et de kangourou. Ne m’en veuillez pas, car je ris ici comme riait le moine mourant du père Manuel Bernardes, avec cette différence que mon rire est par procuration, par anticipation du bon rire final qu’auront ces parents aimés de Dieu. Pleurez, aujourd’hui, des larmes anticipées. C’est mieux ainsi, car il est toujours mieux que le rire arrive en dernier.

A SUIVRE...

La mission de la femme (par Gustave Corçao) 4_de_410 ...quand la jeune fille dit qu’elle veut entrer au carmel ou chez les bénédictines et que, parmi ses fiancés possibles, elle a choisi celui qui est invisible; qu’entre toutes les vies, elle a choisi la mort — pour être certaine d’entrer dans la vie! — et que, entre toutes les fêtes, elle a choisi la plus obscure, les noces du mystère et du silence, où l’on ne voit pas le fiancé, comme s’il s’attardait dans la nuit et comme si elle devait l’attendre là, l’oreille attentive, aujourd’hui, demain, seule (oui, seule), dans l’attente, dans le désert, dans l’aridité d’une attente d’un fiancé qui tarde mais qui doit venir (il l’a promis), on ne sait pas quand… ; alors, oui, je comprends que ses pauvres parents qui n’ont pas la foi se plaignent et s’affligent.
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Message  Javier Jeu 22 Déc 2011, 1:33 pm

Mais, s’il s’agit maintenant de familles catholiques, intégrées à la civilisation chrétienne, alors on est en droit de s’étonner devant le spectacle qu’elles donnent de leur opposition aux vocations.

D’où ces parents veulent-ils que viennent les prêtres et les sœurs? Où veulent-ils que naissent les saints? Ce qui me semble clair, c’est qu’ils ne veulent pas de saints dans leur famille. Non pas qu’ils les refusent positivement, consciemment, ni qu’ils seraient prêts à les noyer. Non. La manière de les refuser est plutôt évasive et négative, comme par une espèce de contraceptif spirituel. Dans la plupart des cas, ce refus est tellement inconscient qu’il s’exprime en étonnement, en perplexité, en questions qu’on ne s’était jamais posées : on n’avait jamais pensé que cette fille finirait dans un cloître! La nouvelle choque parce qu’on a toujours considéré l’existence des religieuses ou des prêtres comme faisant partie de ces choses qui sont autour de nous sans qu’on y ait contribué de quelque façon. La gendarmerie, la mairie, l’observatoire astronomique, ainsi que beaucoup d’autres institutions, existent sans que personne vienne nous arracher nos enfants jusque chez nous. Ce sont des réalités habituelles que nous voyons sans arrêt, qui ne se discutent pas et qui sont presque aussi naturelles que les lacs et les montagnes. Mais qu’une de ces institutions extérieures passe brusquement la porte de notre maison nous paraît aussi fantastique et subversif que de devoir, dorénavant, pétrir le pain que nous mangeons ou tisser les vêtements que nous portons. Ces nécessités, normalement, viennent du dehors. Le boulanger apporte le pain. Le Trésor de la jeunesse [3] enseigne aux enfants que le pain est fait avec du blé, que celui-ci est planté et récolté, mais cette histoire nous semble une légende lointaine. Les livres expliquent aussi que l’eau vient du fleuve et que les fleuves naissent de la pluie, mais, pour nous, l’eau vient du tuyau.

Ce que je veux dire avec ces exemples plutôt comiques est très simple : nous autres, les piliers de la civilisation chrétienne, nous sommes une race habituée depuis toujours à recevoir l’eau du robinet, le pain du boulanger et les prêtres des mystérieuses usines où ils sont fabriqués. Bien plus : nous sommes une race peu formée à donner. C’est pourquoi les mécanismes de production nous semblent étrangers et dus, indiscutablement dus. S’il manque du pain nous disons: « On ne plante pas assez» ; ou: «— Il manque des bras, il nous manque des boulangers.» Si ce sont les prêtres qui manquent, nous crions avec sévérité: «— Il manque des prêtres, il nous faut des prêtres !»

En somme, notre race, ou classe ou autre, comme on voudra, possède l’extrême sensibilité des sismographes pour enregistrer ce dont nous avons besoin. Mais nous avons peur de découvrir qu’il nous faut donner. (...) Ce vice de ne pas savoir donner, en s’aggravant, pénètre dans les recoins les plus intimes de la personnalité et atteint les sources de la vie naturelle avec le refus d’engendrer des enfants, et aussi les sources de la vie spirituelle avec le refus plus catégorique encore d’engendrer des saints.

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La mission de la femme (par Gustave Corçao) Aaa23 En somme, notre race, ou classe ou autre, comme on voudra, possède l’extrême sensibilité des sismographes pour enregistrer ce dont nous avons besoin. Mais nous avons peur de découvrir qu’il nous faut donner. (...) Ce vice de ne pas savoir donner, en s’aggravant, pénètre dans les recoins les plus intimes de la personnalité et atteint les sources de la vie naturelle avec le refus d’engendrer des enfants, et aussi les sources de la vie spirituelle avec le refus plus catégorique encore d’engendrer des saints.
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Message  Javier Jeu 22 Déc 2011, 1:45 pm

Je veux maintenant montrer que, dans ce crime qui consiste à frustrer les sources de la vie, la responsabilité des femmes est plus grande que la nôtre. Ces lignes causeront un mécontentement inévitable, mais je vais m’efforcer de prouver que, dans cette accusation, se cache un hommage. (...)

Il n’est pas difficile de démontrer que, si le monde masculin est davantage responsable en certaines choses, les femmes le sont pour d’autres. Je disais que le refus de donner est plus grave chez la femme que chez l’homme : à cet égard, il me semble que la mondanité, chez elles, est plus repoussante que chez nous. Et je dis cela comme corollaire de l’adage: la corruption du meilleur est la pire.

En effet, la femme a, dans sa nature, dans son âme, dans son corps, les sources de la vie. Elle est une source vivante, qui donne son sang régulièrement, dans une sorte de répétition, d’entraînement, d’exercice périodique de son sacrifice sanglant. Il en résulte une apparente contradiction dès les premières conséquences : elle nous semble plus inclinée à garder, plus calculatrice et plus mesquine que nous. Mais elle a raison: elle doit l’être, par la tendance de sa nature et de ses vertus propres.

Si l’un de nous, par exemple, veut donner la bicyclette de son fils à un enfant de la rue qui l’a naïvement demandée, sa femme s’interpose avec violence: «— Tu es fou !… » Si nous proposons à un ami qu’il vienne avec son fourgon pour emporter notre bibliothèque, elle se met sur le chemin, même si les rayons de livres ne l’attirent pas beaucoup, et elle marque les livres, et elle se souvient de ceux qui n’auront pas été rendus… Si, dans un élan de libéralité, nous voulons donner cent francs à un pauvre, elle lui en donne dix, et encore!

Mais un jour, cette même femme qui a réduit le don et limité le prêt, donne sa vie, tout entière, sans discussion et sans admettre qu’on en discute, pour ne pas condamner la vie qui doit naître de sa mort à elle. C’est un fait. C’est vrai qu’il y a des femmes qui étouffent les enfants nouveaux-nés, les journaux en sont remplis. Je ne veux pas pousser ma politesse au point de romancer la réalité. Mais c’est un fait vérifiable, un fait d’expérience, que cette même femme qui nous a semblé, à l’occasion, mesquine, est capable de donner sa vie pour un autre. C’est à croire qu’elle méprisait un peu notre générosité masculine qui s’exprime au moyen de bicyclettes, de livres et d’argent. Sans doute avait-elle besoin de cette retenue, de cette accumulation, de cette étrange effort pour garder, pour retenir, pour économiser, afin de permettre l’explosion finale d’une générosité parfaite.

A SUIVRE...

La mission de la femme (par Gustave Corçao) Bbb20 ...la femme a, dans sa nature, dans son âme, dans son corps, les sources de la vie. Elle est une source vivante, qui donne son sang régulièrement, dans une sorte de répétition, d’entraînement, d’exercice périodique de son sacrifice sanglant. Il en résulte une apparente contradiction dès les premières conséquences : elle nous semble plus inclinée à garder, plus calculatrice et plus mesquine que nous. Mais elle a raison: elle doit l’être, par la tendance de sa nature et de ses vertus propres. (...) Mais un jour, cette même femme qui a réduit le don et limité le prêt, donne sa vie, tout entière, sans discussion et sans admettre qu’on en discute, pour ne pas condamner la vie qui doit naître de sa mort à elle. C’est un fait. C’est vrai qu’il y a des femmes qui étouffent les enfants nouveaux-nés, les journaux en sont remplis. Je ne veux pas pousser ma politesse au point de romancer la réalité. Mais c’est un fait vérifiable, un fait d’expérience, que cette même femme qui nous a semblé, à l’occasion, mesquine, est capable de donner sa vie pour un autre. C’est à croire qu’elle méprisait un peu notre générosité masculine qui s’exprime au moyen de bicyclettes, de livres et d’argent. Sans doute avait-elle besoin de cette retenue, de cette accumulation, de cette étrange effort pour garder, pour retenir, pour économiser, afin de permettre l’explosion finale d’une générosité parfaite.
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Message  Javier Jeu 22 Déc 2011, 1:51 pm

Ce que la femme entend par donner, dans le dictionnaire de son sexe — selon la clef de fa de son solfège — est différent de ce que nous comprenons et, presque toujours, elle le traduit par un signe concret, substantiel, très proche de nos yeux, de nos bouches et de nos mains. L’infortuné Werther [4] a raison quand il décrit la scène où Charlotte distribue le goûter aux enfants comme le plus beau spectacle qu’il ait jamais vu. Le romantique exalté avait plus de bon sens que beaucoup de réalistes, puisqu’il a su reconnaître, dans cette scène simple et familière, la clef de l’éternel féminin, le mystère de la femme éternelle que le même Goethe chercha vainement en d’autres situations, que Wagner poursuivit également en vain dans la magistrale duplicité de Kundry [5], et que Gertrud von Le Fort a cherché aussi, à mon avis un peu inutilement, parmi les symboles chrétiens les plus authentiques. Werther a raison de dire que cette distribution d’un gâteau entre les enfants était le plus beau spectacle du monde.

Et Michelet, autre grand détraqué qui a, lui aussi, écrit un livre sur la femme, presque entièrement insensé, a cependant raison de voir la figure de la parfaite charité dans un tableau d’Andrea del Sarto [6], où le peintre représente une femme forte et jeune au milieu de mendiants. Devinez quel genre d’aumône leur offre cette femme pleine de compassion. Quelle monnaie leur donne-t-elle ? De quelle poche profonde la tire-t-elle? Voilà la femme charitable qui a fait jaillir les larmes de notre pauvre contradicteur; la voilà, fixée sur une toile dans les ombres d’un musée, qui nous enseigne comment la femme donne, qui nous dit combien est chaude, proche, substantielle, la charité parfaitement féminine : elle prend dans ses bras les enfants pauvres, les élève, les penche sur son sein pour leur donner son lait, ce vin causant une douce et blanche ébriété, ce sang de la paix.

A SUIVRE...
La mission de la femme (par Gustave Corçao) Ccc19Ce que la femme entend par donner, dans le dictionnaire de son sexe — selon la clef de fa de son solfège — est différent de ce que nous comprenons et, presque toujours, elle le traduit par un signe concret, substantiel, très proche de nos yeux, de nos bouches et de nos mains. L’infortuné Werther [4] a raison quand il décrit la scène où Charlotte distribue le goûter aux enfants comme le plus beau spectacle qu’il ait jamais vu.
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Message  Javier Ven 23 Déc 2011, 1:25 pm

Dieu, qui sonde les reins, a choisi une femme pour que le Verbe descendît jusqu’à l’humanité des hommes. Il l’a choisie vierge, c’est-à-dire économe, réservée, contenue. Ce fut elle qui, pour la première fois, pour elle-même et pour tous, a pu dire: «Qu’il me soit fait selon votre parole !»

Dieu, qui nous a créés sans nous, n’a pas voulu nous sauver sans nous. Au moment décisif de la rédemption, quand le salut de tous et de chacun était suspendu, il a eu besoin — si j’ose dire — du concours de la créature. Et il l’a choisie femme, pour qu’elle dise, pour elle et pour nous, avec sa force, avec sa voix, selon la clef mystérieuse de son sexe: «Qu’il me soit fait selon votre parole !»

Ensuite, elle a chanté le Magnificat. Puis elle s’est tue, elle a gardé son grand secret de douleur et de gloire sous son voile et dans son cœur.

Pardon ; elle ne s’est pas tue définitivement. Il y a eu un jour où elle a parlé de nouveau. En ce jour, journée de fête, elle a presque laissé échapper l’amoureux et douloureux secret de son Fils.

Cela s’est passé dans des circonstances qui rappellent le spectacle que Werther a jugé le plus beau du monde ; seulement, au lieu de pain, il s’agit ici de vin. Ce fut au troisième jour des noces de Cana, en Galilée, que la mère de Dieu, l’une des invitées, a de nouveau parlé. Et voici ce qu’elle a dit à son Fils : «Ils n’ont plus de vin...» La bonne maîtresse de maison, la bonne mère, s’inquiète parce que les cruches sont vides avant la fin de la fête, au troisième jour. C’est son amour pour l’ordre qui la pousse à demander l’intervention de son Fils. C’est son instinct domestique qui lui dicte ces mots. Elle voulait peut-être faire des économies, mieux distribuer, retenir un peu la dépense? Mais maintenant que les vases sont vides, l’instinct économique se renverse. Il est trop tard pour retenir, le temps de donner est arrivé. Pour cela, elle fait appel à son Fils: «Ils n’ont plus de vin.» Le mystère virginal éclôt dans le mystère maternel. Elle dit «ils». Ce ils, c’est nous. Nous sommes ses enfants. Et la mère qui s’inquiète pour ses enfants quand le vin ou le pain leur fait défaut, c’est bien différent de l’homme impulsif qui veut donner une bicyclette ou des livres. Elle veut aussi donner, mais, en fin de compte, elle veut garder. Garder ses fils. Pour cela, elle s’inquiète et intercède: «Ils n’ont plus de vin...»

Après, comme vous le savez, elle dit aux serviteurs : « Faites ce qu’il vous dira.» Or c’est ici, dans ce mot qui semble moins généreux que l’autre, que réside la véritable générosité. En réclamant du vin, elle voulait davantage garder que donner; en enseignant la parfaite obéissance, alors, oui, elle enseigne la parfaite oblation.

Voilà comment les choses se transforment, ou comment elles nous semblent transformées, par rapport à l’axe habituel des valeurs masculines, lorsqu’une femme parle. Dans chacun des termes de ce binôme apparaît le mystère paradoxal de la virginité maternelle qui concilie, dans une haute harmonie, l’humilité qui retient et la générosité qui se donne.

A SUIVRE...

La mission de la femme (par Gustave Corçao) 1_de_411 Dieu, qui sonde les reins, a choisi une femme pour que le Verbe descendît jusqu’à l’humanité des hommes. Il l’a choisie vierge, c’est-à-dire économe, réservée, contenue. Ce fut elle qui, pour la première fois, pour elle-même et pour tous, a pu dire: «Qu’il me soit fait selon votre parole !»

Dieu, qui nous a créés sans nous, n’a pas voulu nous sauver sans nous. Au moment décisif de la rédemption, quand le salut de tous et de chacun était suspendu, il a eu besoin — si j’ose dire — du concours de la créature. Et il l’a choisie femme, pour qu’elle dise, pour elle et pour nous, avec sa force, avec sa voix, selon la clef mystérieuse de son sexe: «Qu’il me soit fait selon votre parole !»
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Message  Javier Ven 23 Déc 2011, 1:29 pm

Nous avons passé sous silence ce que Jésus dit quand sa Mère lui a signalé le manque du vin. Écoutez, écoutez maintenant l’étrange parole qu’il lui a dite: «Femme, qu’y-a-t-il entre moi et toi ? Mon heure n’est pas encore venue.»

Il est curieux de noter combien on s’étonne parce que Notre-Seigneur a dit femme à sa mère. Deux sages exégètes, que j’ai consultés, se sont empressés d’expliquer aux lecteurs, avant qu’ils n’en pensent mal, que les grecs et les orientaux employaient ce terme à l’égard des gens honorables, en signe de respect mêlé de tendresse. Et ils ont bien fait d’expliquer cela sans tarder parce qu’il semble que, dans le langage et les coutumes des occidentaux, le terme femme soit devenu une insulte.

Quant à moi, avec tout le respect que les ignorants doivent aux sages, il me semble que les exégètes, dans leur précipitation à donner une interprétation qui ressemble fort à une excuse, ont laissé échapper la clef de ce mystérieux dialogue. Je crois que la parole forte et nette est là, dans le texte, pour bien signaler que les deux déclarations de Marie, celle du vin et celle de l’obéissance, sont inscrites et doivent être comprises selon la clef de la femme. Le texte se dispenserait de ce mot sans dommage pour la clarté ; il serait même plus clair, à en juger par l’effort des exégètes. Sa présence, néanmoins, semble vouloir bien marquer que ce dialogue se passe avec une femme qui demande.

La suite de la phrase est encore plus obscure et plus difficile: «Qu’y-a-t-il entre moi et toi ? » que l’on peut encore comprendre : « Qu’avons-nous à voir, moi et toi, avec ce qui leur arrive?» Le Fils semble écarter la demande. Il dit que son heure n’est pas encore venue et qu’entre eux deux, il n’y a pas encore — ou elle n’a pas atteint encore — la pleine mesure, ce quelque chose qui donne à Marie le droit de demander plus de vin.

Tout au long des siècles, les théologiens essayeront de rendre compte, dans toute sa profondeur, du droit qu’a Marie de demander, d’intercéder, de coopérer avec son Fils. On verra des disputes entre les écoles, des déviations doctrinales, de nouvelles théologies qui essayeront de violenter les positions classiques de l’Église. Il y aura des miracles, des apparitions, des guérisons d’aveugles ou de paralytiques, loin ou tout à côté, pour accréditer auprès des hommes orgueilleusement masculins l’idée des droits de Marie. Il y aura des débats, des discussions, des investigations... Mais là, à cet instant, en ce troisième jour des noces de Cana, nous écoutons la rumeur naissante des eaux de la vie à sa propre source. Et les mots sont très simples, mais aussi très mystérieux. La femme dit : «Ils n’ont plus de vin...» Le Fils répond : «Femme, qu’y-a-t-il entre moi et toi? Mon heure n’est pas encore venue.» Et la femme reprend: «Faites tout ce qu’il vous dira.» Et le Fils qui semblait refuser obéit à celle qui est l’obéissance par excellence.

A SUIVRE...

La mission de la femme (par Gustave Corçao) 2_de_411Tout au long des siècles, les théologiens essayeront de rendre compte, dans toute sa profondeur, du droit qu’a Marie de demander, d’intercéder, de coopérer avec son Fils. On verra des disputes entre les écoles, des déviations doctrinales, de nouvelles théologies qui essayeront de violenter les positions classiques de l’Église. Il y aura des miracles, des apparitions, des guérisons d’aveugles ou de paralytiques, loin ou tout à côté, pour accréditer auprès des hommes orgueilleusement masculins l’idée des droits de Marie. Il y aura des débats, des discussions, des investigations... Mais là, à cet instant, en ce troisième jour des noces de Cana, nous écoutons la rumeur naissante des eaux de la vie à sa propre source. Et les mots sont très simples, mais aussi très mystérieux. La femme dit : «Ils n’ont plus de vin...» Le Fils répond : «Femme, qu’y-a-t-il entre moi et toi? Mon heure n’est pas encore venue.» Et la femme reprend: «Faites tout ce qu’il vous dira.» Et le Fils qui semblait refuser obéit à celle qui est l’obéissance par excellence.
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Message  Javier Ven 23 Déc 2011, 1:35 pm

Seigneur désigne, avec ce mot, la clef féminine sur laquelle se déroule ce dialogue. Comme en musique, si nous n’avons pas la clef, nous ne pouvons pas savoir quelles sont les valeurs et les relations exactes entre les notes.

Quant à la dure observation qui ressemble bien à un refus: «Qu’y-a-t-il entre moi et toi? Mon heure n’est pas encore venue», outre le fait qu’elle trace une ligne très nette entre le Créateur et la créature, ne pourrait-on pas découvrir, dans le ton, dans le contenu même, une espèce d’admiration, je dirais même de sursaut, si un tel sentiment est compatible avec la Personne divine ? Cette surprise et cette admiration ne me semblent pas impossibles, puisque, dans un autre passage de l’Évangile, en présence de la foi du centurion, il est clairement dit que Jésus a admiré. Or, dans notre passage des noces de Cana, il me semble qu’il a également admiré, qu’il a presque sursauté devant la demande de sa Mère. Et cette surprise du Fils, quand il entend qu’ils n’ont plus de vin, s’explique par la clef que constitue le mot «femme».

Dieu, qui scrute nos reins, sait comment est faite la femme; il sait que son dévouement ne se manifeste pas, comme le nôtre, par des cadeaux fractionnés procédant d’une philanthropie extérieure; il sait que sa manière de donner est de se donner tout entière, jusqu’à la vie, jusqu’au sang.

C’est pourquoi j’imagine, quand elle a fait, comme femme, la demande du vin, que Jésus a vu, pour la première fois et par avance, le vin se transformer en sang. On dirait qu’elle, la mère de Dieu et des hommes, a devancé les événements ; qu’elle a laissé échapper, en cette fête, au troisième jour des noces de Cana, avant le temps, leur secret à tous les deux. Elle demande du vin. Il répond: «Mon heure (celle du sang) n’est pas encore venue.» La mère devançait le temps, c’est clair. Elle intercédait avant le temps. Et il ne restait d’autre issue pour la miséricorde de Dieu, prise ainsi par surprise, que deux choses presque contradictoires par rapport à la demande : la refouler et obéir. C’est ce qu’il a fait.

Et tous les invités ont admiré que l’époux ait gardé pour la fin le meilleur vin, sans se douter que le véritable époux et la véritable épouse, en ce court et étrange dialogue, avaient gardé pour la fin un autre vin, incomparablement supérieur.

A SUIVRE...

La mission de la femme (par Gustave Corçao) 3_de_411 Dieu, qui scrute nos reins, sait comment est faite la femme; il sait que son dévouement ne se manifeste pas, comme le nôtre, par des cadeaux fractionnés procédant d’une philanthropie extérieure; il sait que sa manière de donner est de se donner tout entière, jusqu’à la vie, jusqu’au sang.

C’est pourquoi j’imagine, quand elle a fait, comme femme, la demande du vin, que Jésus a vu, pour la première fois et par avance, le vin se transformer en sang. On dirait qu’elle, la mère de Dieu et des hommes, a devancé les événements ; qu’elle a laissé échapper, en cette fête, au troisième jour des noces de Cana, avant le temps, leur secret à tous les deux. Elle demande du vin. Il répond: «Mon heure (celle du sang) n’est pas encore venue.» La mère devançait le temps, c’est clair. Elle intercédait avant le temps. Et il ne restait d’autre issue pour la miséricorde de Dieu, prise ainsi par surprise, que deux choses presque contradictoires par rapport à la demande : la refouler et obéir. C’est ce qu’il a fait.
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La mission de la femme (par Gustave Corçao) Empty Re: La mission de la femme (par Gustave Corçao)

Message  Javier Ven 23 Déc 2011, 1:39 pm

Qu’ils le soient par son imperfection, ou par la mauvaise division des parties dans le tout, ou par les défauts de logique et de rythme, c’est parfaitement juste. Dieu sait de quelles réserves j’ai pu tirer ce travail que je vous laisse ici. Pardonnez-moi tout cela. Mais, quant au lien qui existe entre la mission civique de la femme et les noces de Cana, je ne m’en excuse point.

Permettez-moi, pour finir, un court résumé des idées. Nous avons commencé par la mission de la femme. Nous avons signalé la carence de l’élément féminin dans l’état actuel de notre culture. Ensuite, nous avons proposé les deux grandes vitamines: le voile, symbole de la vie intérieure, et l’acte de donner ou le don de soi, signe de la parfaite générosité. Nous avons noté que, lorsque la femme donne, elle le fait en donnant des choses très proches et vitales. A travers les yeux admirateurs de Werther, nous avons vu la scène dans laquelle Charlotte répartit le pain entre les enfants; puis le lait qui continue de couler du tableau d’Andrea del Sarto, dans la pénombre d’un musée; et enfin, le vin qui a surabondé aux noces de Cana. Mieux, en interprétant ce vin, selon le langage de Marie — qui s’est montrée plus dévouée et plus empressée que Marthe — nous y avons reconnu les premiers signes du sang de Jésus.

Tout cela, j’en suis certain, nous enseigne qu’il manque à notre civilisation bureaucratique, ces deux éléments vitaux : le goût pour la vie cachée et le don de soi. A ce point de vue, le sort de la civilisation se trouve entre les mains des femmes. Qu’elles nous apportent ce pain et ce vin, avec leurs mains de femmes et leurs gestes de femmes. Qui se doute que nous avons besoin du secours et de l’aide féminine?


Nous avons besoin de la femme. Non seulement chez elle, comme on l’admet parfois, mais aussi dans la ville, dans le monde et dans la civilisation. Il faut qu’elles viennent, mais qu’elles viennent comme de vraies femmes, c’est-à-dire, remplies de la patience du voile et de l’impatience de l’amour.


FIN

(Le Sel de La Terre no. 27, Hiver 1998-1999; extraits du livre As Fronteiras da Tecnica, chap. VI)

La mission de la femme (par Gustave Corçao) 4_de_411 Tout cela, j’en suis certain, nous enseigne qu’il manque à notre civilisation bureaucratique, ces deux éléments vitaux : le goût pour la vie cachée et le don de soi. A ce point de vue, le sort de la civilisation se trouve entre les mains des femmes. Qu’elles nous apportent ce pain et ce vin, avec leurs mains de femmes et leurs gestes de femmes. Qui se doute que nous avons besoin du secours et de l’aide féminine?


Nous avons besoin de la femme. Non seulement chez elle, comme on l’admet parfois, mais aussi dans la ville, dans le monde et dans la civilisation. Il faut qu’elles viennent, mais qu’elles viennent comme de vraies femmes, c’est-à-dire, remplies de la patience du voile et de l’impatience de l’amour.

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