La Sainte Vierge et les origines de l'Art chrétien

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Message  Monique Jeu 06 Oct 2011, 7:29 pm

La Sainte Vierge et les origines de l'Art chrétien Bureau49



La Sainte Vierge et les origines de l'Art chrétien


Il existe dans le monde un grand nombre de madones qui se glorifient d'avoir saint Luc pour auteur. La plus célèbre est celle qui est conservée à Sainte-Marie Majeure.

Cette image fameuse a son histoire. Dans les temps de calamité on la portait en procession, pour obtenir la cessation du fléau. L'une de ces processions eut lieu au VIIe siècle sous le règne de saint Grégoire ; elle dura trois jours. Le troisième jour le Pontife prit lui-même l'image de la Mère de Dieu et l'offrit à la vénération des fidèles. On vit alors, dit la tradition, au sommet du mausolée d'Adrien, un ange remettre son épée au fourreau pour indiquer que la justice divine était apaisée. Saint Grégoire, comme témoignage de reconnaissance à Marie, envoya une copie du portrait à l'église de la Guadalupe en Espagne.
Cette merveilleuse effigie est-elle en réalité de saint Luc ?

Les monuments historiques faisant défaut, M. Rohault de Fleury a demandé la réponse à la peinture elle-même et au style qui l'a marquée de son sceau. Ayant obtenu la rare faveur de contempler à loisir l'Image merveilleuse, il en fit une étude approfondie, et après avoir fixé au Ve siècle la date de sa naissance, il tire cette conclusion : « Si nous ne sommes pas devant une image originale de saint Luc, nous sommes devant la copie très belle d'un original que les églises d'Orient avaient sans doute conservé depuis les âges apostoliques, copie que les papes tinrent à honneur de faire vénérer dans le premier sanctuaire de Marie. »

Si la science moderne semble dure parfois pour la piété des fidèles, plus d'une fois aussi elle lui est favorable.
Si la critique semble enlever quelque chose au culte séculaire de Notre-Dame, que ne lui rend pas l'archéologie !

Si l'historien enlève à Marie l'honneur d'avoir vu ses traits représentés par celui-là même qui dans l'Évangile avait tracé les linéaments de sa vie, l'archéologue des XIXe et XXe siècles, par une glorieuse compensation, va donner un nouvel éclat aux Vierges enfermées dans les Catacombes ; mieux que cela, des décombres du Forum Romain, il va exhumer la plus ancienne des églises consacrées à Marie.




Ce volume est extrait de l'ouvrage in-folio portant le même titre, qui a été honoré d'une lettre très élogieuse de Mgr l'Évêque de Troyes et a obtenu l'imprimatur de Cambrai, le 8 décembre 1904.

NIHIL OBSTAT :
Insulis, die 12 Maii 1911.
H. QulLLET, S. T. D ,
librorum censor.

IMPRIMATUR.
Cameraci, die 15 Maii 1911.
A. Massart, vic. gen.,
domus pontiftealis Antistes.



A suivre...
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Message  ROBERT. Jeu 06 Oct 2011, 8:16 pm

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Bonsoir Monique. Ce fil s'annonce très intéressant.
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ROBERT.
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Message  Monique Jeu 06 Oct 2011, 9:34 pm

ROBERT. a écrit:.

Bonsoir Monique. Ce fil s'annonce très intéressant.
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Bonsoir Robert, je le pense aussi.
Au plaisir de le lire... cher ami (je ne vous en dis pas plus !) Wink
Monique
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Message  Monique Lun 10 Oct 2011, 7:18 pm

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Jetons tout d'abord un coup d'œil sur les Catacombes et contemplons-y l'image de la Vierge. En l'y voyant si souvent représentée, nous constaterons quelle est l'erreur des protestants, affirmant que le culte de Marie n'existait pas avant le concile d'Éphèse ; à la vue de ces sarcophages et de ces verres dorés où resplendit la Vierge Marie, nous pourrons juger de l'amour qu'avaient pour elle les chrétiens des premiers âges. Quand partout, sur les murailles de sa maison, un fils fait représenter le portrait de sa mère ; quand il le fait graver sur le verre et sur le cristal ; quand sous toutes les formes il l'offre aux regards des visiteurs, jeune vierge parée des grâces de sa jeunesse, mère féconde serrant avec tendresse son fils sur sa poitrine, qui pourra nier l'affection de ce fils pour celle qui lui a donné le jour? qui ne reconnaîtra dans ce témoignage de vénération le culte de cet enfant pour sa mère ? Tel, aux Catacombes , le culte des premiers fidèles pour Marie.

Pénétrons dans le cimetière de Priscille. Il renferme la plus ancienne image de la Vierge Mère. « Elle se trouve à la voûte d'une » chambre, dans la partie primitive du cimetière, et fait partie de la » décoration d'un tombeau... La Vierge est là, voilée, assise, tenant » l'enfant Jésus sur sa poitrine. Près d'elle un personnage debout, » qui doit être un prophète. Au-dessus on aperçoit une étoile.

La catacombe de Sainte-Priscille offre « dans la chapelle grecque » une scène de l’Épiphanie, la plus antique qui soit connue... Une » autre peinture du même cimetière représente une orante entre » deux scènes dont l'une paraît être la vêture d'une vierge consacrée, et l'autre, un groupe de la Sainte Vierge et de l'Enfant Jésus... » ; Marie y est assise sur une chaise.

Au cimetière de Domitille, » une peinture du IIIe siècle, placée sur la paroi d'une galerie, représente encore l’Épiphanie : le visage de Marie est voilé (notons encore qu'elle est assise) ; elle tient l'Enfant Jésus sur ses genoux et les Mages sont au nombre de quatre. »

» Au cimetière des saints Pierre et Marcellin, nouvelle Épiphanie du commencement du IVe siècle ; deux Mages seulement ; la Vierge est toujours assise ; ordinairement voilée, elle a ici la tête nue. En la peignant sans voile, l'artiste, pense M. Marucchi (1), a voulu sans doute faire allusion à son intégrité virginale.

» Au cimetière de Calixte, encore une scène de l'Epiphanie avec trois Mages, dans un arcosole du IIIe siècle (2). » Au fond d'une chapelle du cimetière ostrien se trouve une peinture fameuse ; « elle est du IV* siècle et postérieure à Constantin ; on y remarque de chaque côté le monogramme du Christ. On a voulu récemment y voir le portrait d'une femme, déposée dans le tombeau. Il faut plutôt y reconnaître, avec le P. Marchi et M. de Rossi, la Très Sainte Vierge et l'Enfant Jésus sur sa poitrine (3). »

Elle est là devant vous la Mère des miséricordes, les deux mains levées dans l'attitude de l'intercession, type nouveau (4) que nous révèlent les verres dorés des Catacombes, type touchant qui, réalisé par les artistes des IVe, Ve et VIe siècles, se perpétua longtemps dans les images byzantines, et jusqu'à nos jours, dans les icônes si pieuses de la Russie et de l'Orient !

Dans la plupart des représentations que vous venez d'étudier, presque toujours vous avez aperçu l'Adoration des Mages.
De plus, presque partout dans les catacombes, vous l'avez remarqué, la Vierge est représentée assise. Pourquoi cette pose intentionnelle de la Mère de Dieu, s'ajoutant à la volonté arrêtée de représenter l’Épiphanie du Sauveur ? M. Grimouard de Saint-Laurent (5) nous en donne la raison : pour ne pas scandaliser les poldève, qui s'attendaient à la venue d'un Messie puissant et glorieux, peintres et sculpteurs évitaient de mettre en relief, dans les images de l'Homme-Dieu, ce qui aurait trop rappelé ses humiliations. Ils laissaient donc dans l'ombre et la pauvreté de l'étable, et la crèche et les langes ; par contre avec une satisfaction marquée ils peignaient, ils sculptaient les Mages inclinant aux pieds de l'Enfant-Dieu leur front et leurs couronnes, rendant au Roi qui vient de naître des honneurs princiers, lui offrant comme à un Souverain, l'or, la myrrhe et l'encens.



1. Marucchi, Éléments d'archéologie, tome I, page 319.
2. Marucchi, Éléments d'archéologie, tome I, page 319.
3. Ibidem.
4. « Que voyons-nous dans les Catacombes, si ce n'est des types très distincts de la Vierge ?
1° celui de l'orante,
2° celui de l'orante ayant devant elle l'Enfant Jésus,
3° celui de la Vierge assise sur un siège, tenant l'Enfant Jésus. »
(M. J. Destrée, cité avec l'éloge par Barbier de Montault, Art chrétien, 1892, page 504.)
5. Grimouard de Saint-Laurent, Guide de l'Art chrétien, tome IV, page 22.





A suivre...
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Message  Monique Mer 12 Oct 2011, 9:55 am

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Nous avons dit le mot : c'est le Roi, c'est le Souverain que les artistes des premiers siècles tiennent à représenter ; et comme Marie est la Mère de ce Roi-Enfant, de ce Souverain d'un jour, en elle ils reconnaissent et saluent la Reine-Mère ; voilà pourquoi ils la représentent assise, avec la dignité d'une matrone et la majesté d'une reine.

C'est la Reine-Mère assise sur son trône (1) que nous voyons à Rome, représentée par. les mosaïques de Sainte-Marie-Majeure.
C'était en l'an 431 : saint Cyrille dans des accents dithyrambiques venait de saluer Marie, Mère de Dieu. Et voilà que Rome fait à Éphèse un joyeux écho. Et voilà que Sixte III donne à la parole de saint Cyrille l'indispensable sanction de son autorité suprême. Il veut faire plus encore. Dans un mouvement de sa royale munificence, il veut perpétuer à jamais l'œuvre vengeresse du saint Concile.

Dès l'année 432, sur le grand arc du chœur de Sainte-Marie Majeure, il fait peindre en brillantes mosaïques, les mystères de notre Rédemption, où Marie apparaît plus intimement unie à son Fils.

Les villes d'Italie suivent l'exemple de Rome et se plaisent à saluer la Royauté de Marie. Le trésor du Dôme de Milan possède une couverture d'ivoire qu'on attribue au V" ou au VIe siècle. On y voit la Sainte Vierge représentée dans la Nativité et dans l'Adoration des Mages. Là aussi elle nous apparaît « assise, drapée dans une toge comme une matrone romaine (2). » C'est toujours la Reine.

Ce type de Marie « Reine » se trouve en trois endroits de Santa Maria antiqua, cette vénérable église retrouvée en 1900 au Forum Romain. Le P. Grisar a fait une étude spéciale de ces représentations. D'après lui, « la plus belle exécution » se voit dans l'abside, à droite sur le mur de fond, et cette admirable fresque apparaît au docte archéologue comme l'objet le plus ancien qu'on y ait trouvé jusqu'à présent (1901).

La Mère de Dieu y apparaît assise ; au milieu de son giron l'Enfant lui-même est assis, tenant un rouleau à la main. En cette peinture se révèle un art délicat où l'on ne sent presque rien encore de la décadence du VIe et du VIIe siècle (1).

« La Mère de Dieu, assise comme une reine, et tenant l'enfant devant elle au milieu, voilà, écrit le savant Jésuite, voilà qui exprime admirablement l'unité de l'Enfant et de la Mère, tout en laissant la première place au Fils de Dieu, au centre du groupe. »
« Ce type de la Madone, ajoute-t-il, peut être considéré comme le premier type public, et la représentation possède d'autant plus de valeur que ce type est introduit comme le premier dans l'église de Rome, c'est-à-dire dans l'Église principale, et de Rome passe ensuite dans les Églises lointaines.

» Dans ce type on ne voit pas encore les formes rigides du byzan-tinisme ; on y sent plutôt un souffle de l'antique art classique ; on y remarque une liberté, un naturel qui a quelque chose d'attrayant, même pour notre temps, et le tout, joint à une gravité et un sérieux suprême.
» Même eu égard au caractère artistique du type, garanti par tant d'exemplaires, on ne se risque certainement pas trop, en disant qu'on a affaire au type de la première époque du triomphe de la religion chrétienne (2). »

Voilà les affirmations de la science moderne, et elles sont tout à la gloire de Notre-Dame.

Vierge Reine, que nos ancêtres des six premiers siècles se plaisent à représenter assise sur un trône, je te salue !
Vierge Reine, peinte aux sombres parois de Sainte-Priscille et de Saint-Calixte, je te salue !
Vierge Reine, dont le trône au Forum Romain émerge des décombres de Sainte-Marie antique, je te salue ;
Je baise avec respect ta main royale, et, dût sourire notre siècle incrédule, après les vieux Rois Mages,
Je baise avec amour le pied nu du jeune Roi que tu tiens sur tes genoux !




1. Rohault de Fleury, tome I, planche 85.
2. Rohault de Fleury, tome I, page 127.
1. Civiltà cattolica, ibidem, page 740 et Études, loco cit.
2. Civiltà cattolica, ibidem, page 740 et Études, loco cit.





FIN
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Message  Roger Boivin Jeu 27 Oct 2011, 2:42 pm

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