MARIE au Grand Siècle

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Message  Monique Mer 02 Fév 2011, 12:33 am

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Quand Marie a jeté ses racines dans une âme, elle y produit des merveilles de grâce qu'elle seule peut produire, parce qu'elle est seule la Vierge féconde qui n'a jamais eu ni n'aura jamais sa semblable en pureté et en fécondité...

Quand le Saint Esprit, son Époux, l'a trouvée dans une âme, il y vole, il y entre pleinement, il se communique à cette âme abondamment, et autant qu'elle donne place à son Épouse; » (1). Ainsi s'exprime saint Louis-Marie Grignion de Montfort. en des feuillets où semble s'épanouir et se concrétiser la spiritualité mariale du Grand Siècle.

N'a-t-on pas dit — à juste titre — que la France, en ce XVIIe siècle, « était le domaine de la Vierge et l'empire du monde où-elle était le plus honorée » ? (2).

Dès 1614, quelqu'un, déjà, lui a confié le royaume. A peine déclaré majeur, Louis XIII s'en est allé au sanctuaire d'Aubervilliers, commettre à la garde de Notre-Dame des Vertus le royaume de France. Or, ce qu'on lui confie, Marie sait le garder.
Aussi bien, c'est toute la France qui baigne, en cette aube du Grand Siècle, dans une atmosphère mariale. Oyez le « Sonnet de Marie » pour l'an 1618 :
« Couronnés notre Roi de lis, d'honneur, de faveur,
Et soyez à jamais Régente de la France... »

Ce n'est pas en vain que la Mère de Dieu se sera penchée sur la terre de son choix ! Ce n'est pas en vain qu'elle aura murmuré, ou clamé, à son peuple, les leçons divines. Il fallait bien qu'on arrivât à comprendre que les dons temporels — fussent-ils la victoire sur l'ennemi ou la naissance d'un gentil dauphin — n'étaient qu'un prélude aux dons infiniment plus précieux qu'elle brûlait de répandre sur ses enfants de prédilection.

(1) Traité de la vraie dévotion, 34-36.
(2) Grasset.


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Message  Monique Ven 04 Fév 2011, 4:47 pm

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Or, précisément, c'est le mérite de l'École française d'avoir remis en pleine lumière, dans une belle logique, toute « fondée en raison », et la cause doctrinale des grandeurs de Marie, et son rôle véritable vis-à-vis de l'humanité pécheresse et rachetée. Inséparable du Mystère de l'Incarnation, par quoi lui est donnée, comme le dit Bérulle, « la plus grande qualité et dignité qui puisse convenir à une personne créée, c'est-à-dire la qualité de Mère de Dieu » (1), elle devient, par le fait même, inséparable du Mystère de la Rédemption. Celle qui « partage par indivis avec le Père éternel » son propre Fils, « qui a Dieu pour son Père » (1), reçoit du même coup — c'est Olier qui parle ici — « fécondité pour produire Jésus dans les âmes » (2).

Et saint Jean Eudes d'expliciter cette vérité fondamentale : « Comme le Père éternel a donné à la Vierge le pouvoir de concevoir son Fils et dans son Cœur et dans son sein virginal, aussi il lui a donné puissance en même temps de le former et de le faire naître dans le cœur des enfants de Dieu. (3) »

Heureuses alors les âmes qui se laissent conduire, sur ce chemin, à son rythme d'amour !

Il n'est que d'avoir lu les pages exquises où saint François de Sales narre l'abandon de l'Enfant-Dieu aux bras de sa Mère (4) cette « très grande union avec la très Sainte Vierge et cette grande dépendance de son secours » sans lesquels « je ne crois pas — dit Grignion de Montfort — que personne puisse acquérir une union intime avec Notre-Seigneur et une parfaite fidélité au Saint-Esprit. » (5). La fondation même de la « Visitation Sainte Marie » n'en de-meure-t-elle pas une preuve, tangible encore, après trois siècles ?

Que s'il est question d'implanter en France l'Ordre du Carmel — son Ordre — tout récemment rétabli en Espagne, dans son esprit de pure contemplation, par Thérèse d'Avila et Jean de la Croix, Notre-Dame est là pour préparer les voies, et transmettre sa mission à celle qu'on appela d'abord « la Belle Acarie », avant qu'elle ne devînt, sous le voile blanc des converses, Sœur Marie de l'Incarnation.

S'agit-il d'éducation, tâche maternelle s'il en fût ? La Vierge est auprès de la bienheureuse Alix le Clerc, fondatrice des Chanoinesses de Saint-Augustin, dites « Congrégation de Notre-Dame ». Elle lui met entre les bras son petit Jésus : « Je te le donne pour que tu le fasses grandir. » Grandir. Où donc, sinon dans les âmes d'enfants ? Alix ne s'y méprend point. Entendez-la murmurer : « Petites âmes non pareilles, toutes vermeilles du Sang de Jésus-Christ, je vous aime tant que rien plus. (1) »

1) Discours de l'état des grandeurs de Jésus...
(2) Vie intérieure. Ch. XV.
(3) Cœur admirable.
(4) Traité de l'amour de Dieu, L. IX, Ch. 14.
(5) Traité de la vraie dévotion, 43.
(1) Vie d'Alix-le-Clerc, par A. de Remiremont.


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Message  Monique Lun 07 Fév 2011, 9:34 pm

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Avec moins de poésie, mais dans une conviction tout aussi profonde, cet autre éducateur, Jean-Baptiste de la Salle, ne cessera de recommander à ses fils, quelque cent ans plus tard, « d'avoir une dévotion toute particulière envers la très sainte Vierge, et de la faire passer dans le cœur de ceux qui leur sont confiés, parce que « Jésus-Christ a résidé dans son sein et qu'il y a laissé une plénitude de grâces capables d'éclairer, d'animer, d'embraser les cœurs qui auraient recours à elle » (2).

Que les adolescents, à l'heure de leurs premiers pas dans un monde où règne le mal, aient besoin d'une très spéciale protection de Marie, Olier déjà l'avait compris. Curé de Saint-Sulpice, il institue cette coutume, qui a maintenant chez nous force de tradition, de conduire les communiants, au soir de leur profession de foi chrétienne, à l'autel de Notre-Dame, afin de lui consacrer leur vie personnelle qui commence.

Olier ! De quelle maternelle sollicitude la Vierge ne l'avait-elle pas entouré lui-même depuis son enfance, lui qu'elle destinait à implanter en France l'œuvre, combien importante, et si négligée alors, de la formation du clergé ! Si le prêtre est, en toute vérité, « alter Christus », comment ne se pencherait-elle pas sur lui avec une singulière tendresse, la Mère du Christ ? Il le comprit si bien, le fondateur de la Compagnie de Saint-Sulpice, qu'il pouvait dire en toute loyauté : « J'espère que le saint Nom de Marie sera à jamais béni dans notre pauvre maison, et tout mon désir c'est de l'imprimer dans l'esprit de nos frères. » Lui non plus, à la fin, il ne peut plus séparer le Fils de la Mère : « O Jésus, vivant en Marie, venez et vivez en vos serviteurs, dans l'Esprit de votre Sainteté... (3) » "

(2) Méditations.
(3) Vie de M. Olier, par Fallion.


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Message  Monique Mar 08 Fév 2011, 8:00 pm

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Remarquez-vous toujours ce leitmotiv, et cette soif d'absolu, que Marie allume au cœur de ses fidèles ? C'est que, pendant sa vie terrestre — ainsi s'exprime Dom Innocent le Masson, Général des Chartreux de 1675 à 1703 — Marie « était comme une flamme qui s'élevait toujours vers le ciel, et qui ne tenait à ce bas monde que comme le feu tient au bois, et jusqu'à ce que la matière qui le retient soit consumée. (1) »

De cette flamme, saint Jean Eudes est à son tour embrasé. Elle le fait pénétrer comme dans un sanctuaire, en l'intimité des Cœurs de Jésus et de Marie, foyer de son amour et de sa dévorante activité d'apôtre. « De toute ma volonté, je me donne à l'amour incompréhensible par lequel mon Jésus et ma toute bonne Mère m'ont donné leur très aimable Cœur d'une manière spéciale. (2) » Brûlé de cet amour, il écrit, prêche, décèle les vocations sacerdotales, les affermit, les oriente; recueille les filles perdues, compose l'office du Cœur Immaculé de Marie, fonde deux Congrégations.

Même zèle infatigable, — autant qu'original, disons-le en passant, — même amour saintement passionné, marqué au coin de la folie de la Croix, chez Grignion de Montfort, cet autre amant de la Vierge Marie. Car, si l'on s'est véritablement donné à elle, « il ne faut pas demeurer oisif; mais il faut, appuyé sur sa protection, entreprendre et faire de grandes choses pour cette auguste Souveraine » (3). C'est lui-même qui donne cette consigne, qu'il a magnifiquement, et au prix de combien d'avanies et d'épreuves, pratiquée pour son propre compte.

(1) Direction et sujets de méditation pour les retraites.
(2) Testament.
(3) Vraie dévotion, 265.


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Message  Monique Mer 09 Fév 2011, 7:56 pm

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N'allez pas croire, au demeurant que, sur cette route mariale, M. Vincent soit en reste. Dès 1617, alors que naît à Châtillon-les-Dombes, la première « Charité »,elle est remise d'emblée au giron de la divine Mère. « Pour ce que la Mère de Dieu étant invoquée et prise pour patronne aux choses d'importance, il ne se peut que tout n'aille à bien et ne redonde à la gloire du bon Jésus. (4) » Comme cela sonne clair et franc !

Et Louise de Marillac, à son tour, d'expliciter la médiation de Marie sur quoi elle fonde tout son espoir pour l'œuvre dont l'a chargée son père en Dieu : « Vous nous avez, Seigneur, inspiré de faire choix de votre sainte Mère pour unique Mère de votre petite compagnie... Souffrez donc que nous ayons recours à vous avec confiance, respect et humilité, et entière soumission. (5) »

Elles sont magnifiques de tranquille assurance, ces femmes du Grand Siècle, — bien au delà des héroïnes cornéliennes ! — quand il s'agit de s'en remettre à la Mère du Christ.

« Je suis bien occupée d'une grande affaire, avoue tout bonnement Marie des Vallées à son père spirituel, Jean Eudes. Il s'agit de sauver toutes les âmes qui sont au monde. Nous pouvons satisfaire à la justice divine, car nous avons la passion de Notre-Seigneur Jésus Christ qui est un trésor si riche et si abondant que, quand on y aurait pris de quoi payer toutes les dettes du genre humain, il demeurerait encore entier. Mais il faut trouver une personne qui se charge de notre requête devant la Sainte Trinité. Qui sera-ce ? Ce sera la très précieuse Vierge. (1) » Qu'ajouter à cela, sinon la réponse même de Marie ?

(4) St Vincent de Paul, par Coste.
(5) Louise de Marillac, par Coste.
(1) Cité par le R. P. Lebesconte : Le cœur de Marie.


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Message  Monique Ven 11 Fév 2011, 8:44 pm

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Pour être différente, la mission de Marie Guyart, l'autre Marie de l'Incarnation, l'Ursuline, ne sera ni plus simple, ni plus facile. C'est la Vierge qui la lui dévoile, petit à petit, lui faisant voir à l'avance ce pays « autant pitoyable qu'effroyable » du Canada, où la toute première de nos religieuses missionnaires devra besogner pendant plus de trente ans. Mais, surtout, c'est elle qui, en ce jour de l'Assomption de 1647, lui obtient la grâce éminente d'être établie dans une paix définitive, et de recevoir « l'esprit nouveau sans lequel il ne faut pas penser de pouvoir vivre dans cette nouvelle terre de bénédiction... l'Esprit du Sacré Verbe Incarné »... lequel « a été donné à nos saints martyrs, les RR. PP. de Brébeuf, Daniel, Jogues et Lalemant, qui ont fait paraître par leur généreux courage combien leur cœur était rempli de cet esprit de l'amour de la croix de leur bon Maître » (2).

Jeanne Mance et Marguerite Bourgeoys feront preuve à Ville Marie (Montréal) — fondée sur la demande expresse de Notre-Dame — d'une intrépidité tout aussi étonnante de calme et de confiante ténacité au milieu d'invraisemblables difficultés, parce qu'appuyée sur la même foi sereine envers la Vierge, qu'elles considèrent comme la souveraine de la colonie naissante (3).

Mais celles-là encore, dont la tâche est plus obscure, sinon moins féconde, rendent les mêmes résonances.

(2) Jamet, Relations d'oraison.
(3) Pour les interventions mariales dans la colonisation du Canada, voir : France religieuse du XVIIe siècle : « France missionnaire », par M.-D. Poinsenet.


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Message  Monique Dim 13 Fév 2011, 6:35 pm

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C'est un fait indiscutable, partout, en ce Grand Siècle, Marie suscite des âmes toutes brûlantes d'amour, toutes dévouées avec elle au salut des pécheurs, pour la gloire divine, des âmes avides de se remettre entièrement à sa maternelle et souveraine conduite, afin d'être comme elle, selon l'expression si fine de Bourgoing, « flexibles et toutes disposées en toutes leurs puissances aux mouvements et aux instincts du Saint-Esprit » (2).

Car moins que jamais la dévotion mariale n'est alors une « dévotionnette ». Jamais peut-être, elle n'avait été si divinement exigeante, parce que jamais, semble-t-il, elle n'avait été si pleinement doctrinale. Les controverses même qu'ont soulevées les formules de « vœu de « consécration » (un peu maladroites parfois, il faut l'avouer, un peu redondantes quant à la forme), ou le terme « d'esclavage » (mais tout pécheur n'est-il pas, à l'inverse, esclave du péché ?) sont une preuve certaine que le culte marial était pris au sérieux, qu'on ne se payait pas de mots quand il était question d'honorer Notre-Dame.

Sur l'essentiel du moins, tous étaient bien d'accord. Pour l'avoir vécue d'une façon toute spéciale, Marie de Sainte-Thérèse, de sa petite cellule de recluse, nous l'assure : « La vie en Marie, loin d'être un empêchement à la pure union et fruition en Dieu, est bien plutôt une aide fournie à l'âme, lui permettant d'arriver plus aisément à Dieu et d'être plus parfaitement établie en lui. (3) »

C'est qu'en effet, — il faudra toujours le redire avec Bossuet, — « Dieu ayant une fois voulu nous donner Jésus Christ par la sainte Vierge, les dons de Dieu sont sans repentance, et cet ordre ne change plus ».

2) Les Vérités et excellences de J.C.N.S.
(3) L'Union mystique à Marie.


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Message  ROBERT. Dim 20 Mar 2011, 8:04 pm

.

Merci Monique pour ce beau dossier sur la Sainte Vierge, qui a suscité tant de fondations d’Ordres religieux, de Saintes et de Saints à

Jésus-Christ… Ça nous change des cloaques d’impureté dont Notre-Dame de la Salette nous parlait, des concélébrations œcuméniques et

sacrilèges d’Assise, et de toutes les superstitions à la Shiva, etc, et encouragées par Wojty et Joseph entre autres…

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Message  Monique Jeu 24 Mar 2011, 9:32 pm

ROBERT. a écrit:.
Merci Monique pour ce beau dossier sur la Sainte Vierge, qui a suscité tant de fondations d’Ordres religieux, de Saintes et de Saints à Jésus-Christ…

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