Saint Thomas d’Aquin et l’Antechrist.

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Message  Louis Mar 28 Déc 2010 - 18:30

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(Tiré des Commentaires de Saint Thomas d’Aquin sur toutes les Épîtres de saint Paul., pp. 113-131), t. V, Paris, 1874.

CHAPITRE II.


LEÇON PREMIÈRE (ch. II, vv. 1 à 5).

SOMMAIRE. — S. Paul instruit les Thessaloniciens, afin qu'ils ne s'écartent point de la vérité, comme si le jour du jugement était imminent, quoiqu'il faut que l'Antéchrist que l'Apôtre appelle l'homme de péché soit auparavant apparu.

1. Or, nous vous conjurons, mes frères, par l'avènement de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et par notre réunion avec lui,

2. Que vous ne vous laissiez pas légèrement ébranler dans votre sentiment, et que vous ne vous troubliez pas en croyant sur la foi de quelqu'esprit prophétique, ou sur quelque discours, ou quelque lettre qu'on supposerait venir de nous, que le jour du Seigneur soit prés d'arriver.

3. Que personne ne vous séduise en quelque manière que ce soit; car ce jour-là ne viendra point que la révolte et l'apostasie ne soit arrivée auparavant ; et qu'on n'ait vu paraître cet homme de péché qui doit périr misérablement;

4. Qui s'opposant à Dieu, s'élève au-dessus de tout ce qui est appelé Dieu, ou qui est adoré, jusqu'à s'asseoir dans le temple de Dieu, voulant lui-même passer pour Dieu.

5. Ne vous souvient-il pas que je vous ai dit ces choses, quand j'étais encore avec vous ?

_________________________________________

S. Paul, dans le chapitre qui précède, a expliqué ce qui doit arriver, quant à la punition des méchants et à la récompense des bons; il annonce ici les périls qui attendent l'Église, au temps de l'Antéchrist. Et d'abord il établit ce qui est vrai, quant à ces périls futurs; il recommande ensuite de ne point s'écarter de la vérité sur ce point (v. 14): « C'est pourquoi, mes frères, demeurez fermes, etc. » Sur la première de ces questions, premièrement il rejette ce qui est faux; secondement, il enseigne ce qui est vrai (v. 3) : « Car il faut auparavant, etc. »

La première partie se subdivise en trois. D'abord l'Apôtre rappelle les raisons qui doivent les déterminer; ensuite il montre la détermination qu'ils ont à prendre (v. 2) : « Que vous ne vous laissiez pas légèrement ébranler; » enfin, il écarte ce qui pourrait les ébranler (v. 2) : « En ajoutant foi à quelque esprit, etc. »

I. Les raisons par lesquelles il les détermine sont au nombre de trois. D'abord sa propre prière (v. 1) : « Or, nous vous conjurons, mes frères, » nous n'usons pas de commandement ( Philém. v. 8 ) : « Encore que je puisse prendre en Jésus-Christ une entière liberté de vous ordonner une chose qui est de votre devoir, néanmoins la charité fait que j'aime mieux vous supplier. »

Ensuite l'avènement de Jésus-Christ, désirable pour les bons, quoique terrible aux méchants ( Amos V, v. 18 ) : « Malheur à ceux qui désirent le jour du Seigneur! » ( IIe Timoth., iv, v. 8 ): « Il ne me reste plus qu'à recevoir la couronne qui m'est réservée, et non-seulement à moi, mais encore à tous ceux qui désirent son avènement;» (Apoc. xxii, v. 20) : « Venez, Seigneur Jésus! »

Enfin, le désir et l'amour de toute l'assemblée des saints (v. 11) : «Et par notre réunion avec lui. » C'est-à-dire, là où est Jésus-Christ, parce que ( S. Matth.., xxiv, v. 28 ) « partout où se trouvera le corps, les aigles s'assembleront. » Ou encore « en lui, » c'est-à-dire dans le terme, car tous les saints, et quant au lieu et quant à la gloire, seront réunis en lui (Ps. XLIX, V. 5) : « Assemble devant lui ses saints. »

II. Mais à quoi l'Apôtre veut-il les déterminer? (v. 2) : « Que vous ne vous laissiez point légèrement ébranler dans votre sentiment. » Autre chose est d'être détourné, autre d'être effrayé. On est détourné de son sentiment, quand on délaisse ce qu'on tenait d'abord. C'est comme si l'Apôtre disait : N'abandonnez pas légèrement ce que je vous ai enseigné. (Eccli., xix, v. 4) : « Celui qui est trop crédule est léger de cœur. » La frayeur est une sorte de trouble, accompagné de la crainte d'un danger. C'est ce qui fait dire à S. Paul (v. 2) : « Et que vous ne vous troubliez pas. » (Job. xv,v. 21) : « Son oreille est toujours frappée de bruits effrayants. » Si on lui dit : Paix, il redoute toujours des embûches. (Sagesse, xvii, v. 10) : « Comme sa méchanceté est timide, elle se condamne par son propre témoignage. »

III. Quand S. Paul ajoute (v. 2) :...

A suivre.

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Message  Louis Mar 28 Déc 2010 - 18:56

III. Quand S. Paul ajoute (v. 2) : « En croyant à quelque esprit, etc., » il écarte ce qui pourrait les ébranler. D'abord d'une manière spéciale; ensuite en général (v. 3) : « Que personne ne vous séduise, etc. »

On peut être séduit par une fausse révélation, c'est pourquoi l'Apôtre dit (v. 2) : « En croyant à quelque esprit, » c'est-à-dire, si quelqu'un dit que quelque chose lui a été révélé par le Saint-Esprit, ou comme venant du Saint-Esprit, contre ma doctrine, (v. 2) « ne vous en troublez pas. » (IreS. Jean, iv, v. 1): « Ne croyez pas à tout esprit. » (Ezéch., xiii, v. 3) : « Malheur aux prophètes insensés, qui suivent leur propre esprit, et qui ne voient rien. »

Quelquefois aussi Satan se transfigure en ange de lumière, ainsi qu'il est dit (IIe Corinth.,xi, v. 15, et IIIe Rois, xxii v. 22) : « J'irai, et je serai un esprit menteur dans la bouche de tous ses prophètes. »

En second lieu, par le raisonnement, ou par une fausse exposition de l'Ecriture, c'est pourquoi il dit (v. 2) : « Ou à quelque discours. » (IIe Timoth., II v. 17) : « Les discours qu'ils tiennent sont comme une gangrène qui répand insensiblement sa corruption ; » (Ephés. v, v. 6) : « Que personne ne vous séduise par de vains discours. »

Troisièmement, par quelque autorité citée dans un mauvais sens (IIe S. Pierre, iii, v. 15) : « Et c'est aussi ce que Paul, notre très-cher frère, vous a écrit, selon la sagesse qui lui a été donnée ; comme il fait aussi eu toutes ses lettres, où il parle de ces mêmes choses, dans lesquelles il a quelques endroits difficiles à entendre, que les hommes ignorants et légers détournent en de mauvais sens, aussi bien que les autres Ecritures, à leur propre ruine. »

Or, sur quoi étaient-ils séduits? (v. 2) « Comme si le jour du Seigneur était près d'arriver. » L'Apôtre dit (v. 2) : « Pas même par quelques lettres qu'on supposerait venir de nous, » parce que dans sa première lettre, à moins qu'on ne la prenne dans son véritable sens, il paraît dire que l'avènement du Seigneur est proche, par exemple, dans ce passage (Ire Thessal., iv, v. 17) : « Pour nous autres qui sommes vivants, etc. »

En disant (v. 3) : « Que personne ne vous séduise en quelque manière que ce soit, etc. » il fait la même recommandation en termes généraux ( S. Luc, xxi, v. 8 ) : « Prenez garde de ne vous laisser pas séduire, etc. » (Ire Corinth.., xv, v. 33) : « Ne vous laissez point séduire, etc. »

Le motif qui porte S. Paul à. prémunir les fidèles contre la séduction sur le temps de l'avènement du Seigneur, c'est qu'un supérieur ne doit consentir en aucune manière à procurer quelque bien au moyen du mensonge (Ire Cor. xv, v. 15) : « Nous serons même convaincus d'avoir été de faux témoins à l'égard de Dieu, puisque nous avons rendu témoignage contre Dieu même, etc. »

C'est aussi que cette croyance, à savoir, que le jour du Seigneur est proche, était pleine de périls. D'abord, parce qu'après la mort des apôtres, il en était quelques-uns qui devaient prétendre être le Crucifié ( S. Luc, xxi, v. 8 ) : « Plusieurs viendront en mon nom, disant : Je suis le Christ. » L'Apôtre ne veut donc pas les favoriser. Satan a souvent voulu se faire passer pour le Christ, ainsi qu'on le voit dans la vie de S. Martin 1. S. Paul ne veut pas laisser les fidèles exposés à ces séductions.

S. Augustin donne encore une autre raison. C'est qu'il y avait danger pour la foi, et qu'on pouvait dire, celui-ci : Le Christ viendra tard, et alors je me préparerai pour son avènement; celui-là : Le Christ viendra bientôt, je vais donc me préparer maintenant; un troisième : Je ne sais quand viendra le Christ. Ce dernier, sans doute avec plus de sagesse, puisqu'il parle avec le Christ lui-même. Des deux autres, celui qui dit : Il viendra bientôt, est davantage dans l'erreur, car le terme passé, les hommes se laisseraient aller au désespoir et regarderaient comme faux ce qui est écrit.

Saint Thomas d’Aquin et l’Antechrist. Ii_the11

IIº (v. 3) : « Il faut d'abord que la séparation se fasse, etc., » ...

A suivre.

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Message  Louis Mar 28 Déc 2010 - 19:18

IIº (v. 3) : « Il faut d'abord que la séparation se fasse, etc., » S. Paul établit ici ce qui est vrai. En premier lieu, il explique ce qui doit arriver à l'avènement du Christ. Il y aura deux événements, dont l'un précédera la venue de l'Antechrist 1, l'autre sera la venue même de l'Antechrist.

I. L'événement qui précédera est la séparation qu'on explique de diverses manières, dans la Glose.

On dit d'abord que ce sera l'apostasie de la foi. La foi, en effet, dans les temps à venir devait être reçue dans le monde entier (S. Matth., xxiv, v. 14) : « Cet évangile du royaume des cieux sera prêchée dans toute la terre. » Voilà donc ce qui précédera, et suivant S. Augustin, ce qui n'est point encore accompli. Mais le temps venu, un grand nombre se sépareront de la foi, etc. (Ire Tim., iv, v. 1) : « Dans les temps à venir, quelques-uns abandonneront la foi, etc. » (S. Matth., xxiv, v. 12) : « La charité de plusieurs se refroidira. »

Ensuite, on peut entendre cette séparation de l'empire romain, auquel l'univers entier était alors soumis. S.. Augustin dit que cette séparation est figurée au ch. II du prophète Daniel, w. 31-35, par la statue qui désigne les quatre royaumes, et ces quatre royaumes finis, arrivera l'avènement du Christ. Cette figure était pleine de vérité, parce que l'empire romain fut établi pour qu'à l'ombre de son autorité, la foi fût prêchée dans tout l'univers.

Saint Thomas d’Aquin et l’Antechrist. Ii_the12

Mais comment cela serait-il vrai, quand depuis longtemps déjà les nations se sont séparées de l'empire romain, sans toutefois que l'Antechrist soit encore venu?

Il faut dire que l'empire romain n'a point cessé encore, mais que de royaume temporel qu'il était, il est changé en royaume spirituel, comme S. Léon l'a remarqué dans son sermon sur les Apôtres 1. Disons donc que la séparation de l'empire romain doit être entendue, non pas seulement dans le sens temporel, mais dans le sens spirituel, c'est-à-dire de l'apostasie de la foi catholique dans l'Eglise romaine. Et le signe donné est de toute justesse, car de même que le Christ est venu au temps où l'empire romain dominait sur tous les peuples, ainsi, dans un sens opposé, le signe de la venue de l'Antechrist sera la séparation des peuples d'avec l'empire romain.

Saint Thomas d’Aquin et l’Antechrist. Ii_the13

II. L'Apôtre prédit le second de ces futurs événements...

A suivre.

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Message  Louis Mar 28 Déc 2010 - 19:34

II. L'Apôtre prédit le second de ces futurs événements, c'est-à-dire la venue de l'Antechrist lui-même. Et d'abord ce qui regarde son crime et son châtiment, ensuite l'étendue de sa puissance (v. 9) : « Celui qui doit venir accompagné de la puissance de Satan, etc. » Sur la première de ces questions, S. Paul indique d'abord en général et d'une manière implicite le crime, et la punition de l'Antechrist; il explique ensuite l'un et l'autre (v. 4) : « Qui s'opposera à Dieu, s'élèvera, etc. »

Il dit donc (v. 3) : La séparation se fera donc d'abord, « et on verra paraître cet homme de péché, qui est le fils de perdition, etc. » L'Antechrist est appelé « l'homme de péché et le fils de perdition, » dit la Glose, parce que de même qu'abonda dans le Christ la plénitude de la vertu, la multitude de tous les péchés abondera dans l'Antechrist, et comme le Christ est au-dessus de tous les saints, dans ses perfections infinies, l'Antechrist est pire que tous les méchants.

Voilà pourquoi S. Paul l'appelle « l''homme de péché, » c'est qu'il sera entièrement livré au péché. Toutefois, cette expression ne veut pas dire que l'Antechrist ne pourrait pas être pire, car jamais le mal ne corrompt complètement le bien ; néanmoins, sous le raport des actes, l'Antechrist ne pourra pas devenir pire, tandis que nul homme mortel ne saurait jamais dépasser en bonté Jésus-Christ.

Il est appelé aussi « le Fils de perdition, » c'est-à-dire, descendu au dernier degré de perdition (Job, xxi, v. 30) : « Le méchant est réservé pour le moment où il doit périr, et Dieu le conduira jusqu'au jour où il doit répandre sur lui sa fureur. » Ou encore «de perdition, » c'est à-dire, fils de Satan, non par nature, mais en raison du dernier degré de malice, que Satan viendra compléter en lui.

L'Apôtre dit aussi : « sera révélé, » parce que de même que toutes les bonnes œuvres et les vertus des saints, qui ont précédé le Christ, ont été la figure de Jésus-Christ, ainsi dans toutes les persécutions de l'Église, les persécuteurs ont été comme la figure de l'Antechrist qui s'est caché en eux. Toute la malice donc, qui est cachée en eux, sera manifestée dans ce temps.

Quand S. Paul dit (v. 4) : « Qui s'opposant à Dieu, etc., » il explique ce qu'il vient de dire.

Et d'abord il montre comment l'Antechrist sera l'homme de péché; ensuite comment il sera le fils de perdition ( v. 8 ) : « Et alors se découvrira l'impie, etc. » Il indique donc premièrement le crime dont il se rendra coupable; secondement, il en assigne la cause (v. 6) : « Et vous savez bien ce qui empêche, etc. » Dans cette première subdivision, d'abord il caractérise le crime; ensuite il rappelle qu'il n'annonce point une doctrine nouvelle (v. 5) : « Ne vous souvient-il point que je vous ai dit ces choses? »

1. Il fait ressortir la grandeur du crime; puis il donne une marque pour le reconnaître (v. 4) : « Jusqu'à s'asseoir dans le temple de Dieu, etc. »

A) Le crime de l'Antechrist est de deux sortes...


A suivre.


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Message  Louis Mar 28 Déc 2010 - 20:14

A) Le crime de l'Antechrist est de deux sortes.

C'est d'abord de s'opposer à Dieu (v. 4) : « Qui s'oppose » à tout bon Esprit (Job, XV, v. 26) : « Il a couru contre lui la tête levée, il s'est armé d'un orgueil inflexible, » comme font tous ses partisans ( Isaïe, iii, v. 8 ) : « Leurs paroles et leurs œuvres se sont levées contre le Seigneur, pour éviter les yeux de Sa Majesté. »

La seconde iniquité c'est de se préférer au Christ (v. 4) : « Et s'élever au-dessus de tout ce qui est appelé Dieu. »

Or, le nom de Dieu se donne dans un triple sens.

D'abord à raison de la nature (Deuteron., vi, v. 4) : « Ecoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est le seul et unique Seigneur ! »

Ensuite à raison de l'opinion (Ps. xcv, v. 5) : « Tous les dieux des nations sont des démons. »

Enfin, par participation (Ps. LXXXI, v. 6) : « J'ai dit : Vous êtes des dieux, et vous êtes tous enfants du Très-Haut. » Or, l'Antechrist se préfère à tous, quels qu'ils soient (Daniel, xi, v. 36) : « Il s'élèvera (Antiochus1) et il portera le faste de son orgueil contre tout Dieu, il parlera insolemment contre le Dieu des dieux et il réussira jusqu'à ce que lu colère de Dieu soit accomplie. »

B) L'Apôtre indique le signe auquel on reconnaîtra le crime de l'Antechrist, quand il dit (v. 4) : « Jusqu'à s'asseoir dans le temple de Dieu. » Car l'orgueil de l'Antechrist dépassera l'orgueil de tous ceux qui l'auront précédé. De même qu'on rapporte de l'empereur Caïus, qu'il voulut, de son vivant, se faire adorer, en mettant sa statue dans le temple de Jérusalem 2 et du roi de Tyr (Ezéch., xxviii, v. 2) : « Parce que vous avez dit : Je suis Dieu, etc. »

Aussi est-il croyable que l'Antechrist agira de même, prétendra être Dieu et Homme, et en preuve (v. 4) « s'asseoira dans le temple de Dieu, voulant lui-même passer pour Dieu. » Mais dans quel temple viendra-t-il s'asseoir? Le temple de Jérusalem a été détruit par les Romains.

Quelques écrivains disent que l'Antechrist est de la tribu de Dan, qui n'est point nommée parmi les douze tribus, au chapitre septième de l'Apocalypse, w. 5-8. Les Juifs le recevraient d'abord, le temple de Jérusalem serait rebâti, et ainsi s'accomplirait ce qui est dit au prophète Daniel (ix, v. 27) : « L'abomination de la désolation sera dans le temple ; on y verra aussi l'idole ; » (S. Matth., xxiv, v. 15) : « Quand donc vous verrez dans le lieu saint l'abomination de la désolation qui a été prédite par le prophète Daniel, que celui qui lit entende bien ce qu'il lit. »

D'autres écrivains prétendent que jamais ni Jérusalem, ni le temple ne seront rebâtis, et que la désolation durera jusqu'à la consommation de la fin. C'est aussi le sentiment de quelques Juifs.

On explique donc « dans le temple de Dieu, » par l'Église, car beaucoup, parmi les enfants de l'Eglise, recevront l'Antechrist. Ou bien encore, suivant S. Augustin : «jusqu'à ce qu'il vienne s'asseoir dans le temple de Dieu, » c'est-à-dire, qu'il y ait la puissance et la domination, en sorte qu'il forme lui-même avec les siens, comme le temple de Dieu, ainsi qu'il en est du Christ et de ceux qui croient en lui.


2. Quand enfin S. Paul dit (v. 5): « Ne vous souvient-il pas que je vous ai dit ces choses, lorsque j'étais encore avec vous, » il témoigne qu'il n'écrit rien, qui soit nouveau ; comme s'il disait: Autrefois, quand j'étais au milieu de vous, je vous ai déjà dit ces choses (I S. Jean, II, v. 7) : « Je ne vous écris point un commandement nouveau ; mais le commandement ancien que vous avez reçu dès le commencement;» (IIe Corinth., x, v. 11) : «Tels nous parlons dans nos lettres étant absents, tels nous sommes dans nos actions quand nous sommes présents, etc. »
_____________________________________

1 Antiochus IV, surnommé Epiphane (illustre), est le plus jeune des fils d'Antiochus le Grand. Cet Epiphane se rendit fameux par sa haine implacable contre les Juifs, par la prise de Jérusalem, dont il profana le temple, par le sacrilège qu'il y fit offrir à Jupiter Olympien, l'enlèvement des vases sacrés, le cruel martyre d'Eléazar et des sept frères Machabées. Tant de crimes le firent passer pour l'Antechrist; il en fut du moins la figure. Vaincu par Judas Machabée, et rendu plus furieux encore par une maladie effroyable d'entrailles. il se prit d'une haine nouvelle coutre les Juifs. Il donnait des ordres pour qu'on pressât davantage sou voyage, afin d'exécuter ses projets de vengeance, quand il tomba de son chariot. De son corps meurtri sortirent des vers ; les chairs lui tombaient par lambeaux avec une odeur si infecte que son armée n'en pouvait supporter la puanteur. Il fit alors de grandes promesses, mais inspirées par ses craintes et par sa douleur. L'écrivain sacré a dit de lui cette parole effrayante : Or ce scélérat priait le Seigneur de qui il ne devait pas recevoir miséricorde, « Orabat autem hic scelestus Dominum, a quo non esset misericordiam consecuturus. » (II Mach., ix.)

2 L'empereur Caïus Caligula abusa de sa bonne fortune et se gonfla d'orgueil au point qu'il se persuada être un Dieu et voulut qu'on lui en donnât le nom. Il priva l'empire, par sa cruauté, d'un grand nombre des plus illustres Romains, et fit éprouver à la Judée des effets de son effroyable impiété. Il envoya Petrone à Jérusalem avec une armée et un ordre exprès de mettre ses statues dans le temple de Jérusalem, de tuer tous les Juifs oui auraient la hardiesse de s'y opposer, et de réduire en servitude le reste du peuple. Petrone s'empressa d'obéir, mais il ne put résister aux supplications et à la douleur des Juifs. « Il faut auparavant, s écriaient-ils, nous égorger tous, avec nos femmes et nos enfants. » Il sursit à l'exécution des ordres de l'empereur, et il eut payé cher sa commisération, mais avant que les lettres impériales fussent arrivées, retardées qu'elles avaient été par les vents contraires, Caïus était assassiné. (Josèphe, Guerre des Juifs, liv. II, ch. XVII, trad. d'Arnauld d'Andilly.)


LEÇON IIe (ch. II, vv. 6 à 10)....

A suivre.

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Message  Louis Mar 28 Déc 2010 - 20:42

LEÇON IIe (ch. II, vv. 6 à 10).

SOMMAIRE. — S. Paul annonce la mort de l'Antechrist, et explique pour quelle cause sa venue est différée pour un temps.

6. Et vous savez bien ce qui empêche qu'il ne vienne, afin qu'il paraisse en son temps.

7. Car le mystère d'iniquité se forme dès à présent, attendant seulement pour paraître que celui qui l'arrête maintenant ait disparu.

8. Et alors se découvrira l'impie que le Seigneur Jésus détruira par le souffle de sa bouche, et qu'il perdra par l'éclat de sa présence.

9. Cet impie qui doit venir accompagné de la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges trompeurs.

10. Et avec toutes les illusions qui peuvent porter à l'iniquité ceux qui périssent...

L'Apôtre vient de prédire et d'annoncer la venue ainsi que le crime de l'Antechrist; il explique ici la cause du retard de sa venue. Et d'abord, il leur déclare qu'ils savent quelle est cette cause; ensuite il la leur fait entrevoir sans la révéler complètement (v. 7) : « Car le mystère d'iniquité, etc. »

I. Il dit donc : Je vous ai enseigné qu'il faut que l'homme de péché soit manifesté (v. 6) : « Et ce qui le retient maintenant, » c'est-à-dire, la cause qui le fait tarder, « vous le savez bien, » car je vous l'ai dit déjà, en sorte que s'il ne vient point maintenant, « c'est pour qu'il soit manifesté en son temps, » c'est-à-dire, au temps qui est marqué (Eccl., VIII, v. 6) : « Toutes choses ont leur temps et leurs moments favorables; » et (Eccl, III., v. 11) : « Tout ce que Dieu a fait est bon en son temps, etc. »

II. Quand S. Paul ajoute (v. 7) : « Car le mystère d'iniquité se forme dès à présent, etc., » il indique la cause de ce retard.

On explique de plusieurs manières le texte littéral. L'expression « mystère » peut, en effet, être placée ici soit au nominatif, soit à l'accusatif.

Si elle est au nominatif, voici le sens : je dis a afin qu'il soit manifesté en son temps, » car dès ce temps même, « ce mystère, » c'est-à-dire cette œuvre d'iniquité que nous ne voyons encore que figurément, s'opère dans les hypocrites, qui paraissent bons, et qui cependant sont méchants. Ce sont eux qui font l'office de l'Antechrist (IIe Timoth.., III v. 5) : « Ils auront une apparence de piété, mais ils en ruineront la vérité et l'Esprit. »

Voici le second sens : car Satan, sous la puissance duquel viendra l'Antechrist, commence déjà à opérer en secret « son mystère d'iniquité, » par les persécuteurs et les séducteurs ; les persécutions que subit l'Église, dans le temps présent, sont la figure de la persécution de l'Antechrist contre les justes et sont comme une ébauche de la sienne (v. 7) : « Seulement que celui qui tient, etc. »

Il y a encore plusieurs manières d'expliquer ce passage....

A suivre.


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Message  Louis Mar 28 Déc 2010 - 21:42

Il y a encore plusieurs manières d'expliquer ce passage.

D’abord la Glose et S. Augustin 1 disent que dans la pensée de quelques-uns, Néron, le premier persécuteur des chrétiens, était l'Antechrist, qu'il n'a point été tué, mais caché, et qu'un jour il doit revenir. L'Apôtre condamnerait cette opinion en disant : « seulement que celui qui tient maintenant, » l'Empire romain, le tienne jusqu'à ce qu'il soit enlevé de ce milieu, c'est-à-dire jusqu'à ce qu'il meure.

Mais cette explication manque de justesse, car grand nombre d'années se sont écoulées déjà depuis que Néron est mort, ce qui arriva l'année même où mourut S. Paul.

Saint Thomas d’Aquin et l’Antechrist. Ii_the14

Il est donc préférable de rapporter à Néron, comme personnification publique de l'Empire romain, ces expressions 1 : « jusqu'à ce qu'il soit enlevé de ce milieu, » c'est-à-dire jusqu'à ce que l'Empire romain ait disparu du monde (Isaïe, xxiii, v. 9) : « C'est le Seigneur des armées qui a résolu de le traiter de la sorte, pour renverser toute la gloire des superbes, et pour faire tomber dans l'ignominie tous ceux qui paraissaient dans le monde avec tant d'éclat. »

Ou encore : « seulement, que celui qui tient maintenant, » c'est-à-dire qui a suspendu jusqu'à ce moment la venue de l'Antechrist, « le retienne » et ne le laisse pas venir : comme s'il fût nécessaire que quelques-uns vinssent encore à la foi, et que quelques-uns s'en séparassent.

S. Paul semblerait dire que ces éloignements et ces rapprochements sont sous la puissance de celui qui le retient pour le moment où il doit venir, jusqu'à ce que ce méchant disparaisse.

Ou bien : que celui qui a maintenant la foi, la conserve, c'est-à-dire se montre ferme à la garder (Apoc., iii v. 11) : « Conservez ce que vous avez, de peur qu'un autre ne prenne votre couronne. » « Jusqu'à ce qu'il soit enlevé de ce milieu,» c'est-à-dire que l'assemblée des méchants, mêlée encore aux bons, soit séparée et mise à part, ce qui se fera à la persécution de l'Antechrist.

Ou enfin: «Seulement, etc.,» c'est-à-dire, en sorte que « le mystère de l'iniquité, c'est-à-dire, l'iniquité cachée, « garde ce qu'elle voile, » « jusqu'à ce qu'elle soit enlevée de ce milieu, » c'est-à-dire jusqu'à ce que c ette iniquité soit publiquement manifestée, et au milieu qu'elle occupait acquière une sorte de publicité. Car beaucoup commettront le mal encore en secret, mais leur iniquité sera un jour manifestée, parce que Dieu supporte les pécheurs tant que leur crime est caché, jusqu'à ce que ce crime devienne public. Alors il ne les supportera plus, comme on le voit par l'exemple des Sodomistes (Gen., xix).

S. Augustin avoue qu'il ne sait point ce que l'Apôtre annonce aux Thessaloniciens, que déjà ils savaient (v. 6) : « Et vous savez bien ce qui empêche qu'il ne vienne. » Il semble donc qu'il n'y avait pas grande nécessité à le savoir.


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1 S. Augustin rapporte aussi cette manière d'entendre ce passage de l'Apôtre : « Cette parole, néanmoins, dit-il. « Que celui qui tient, tienne toujours, jusqu'à ce qu'il se retire, » ne pourrait-elle pas s'entendre de l'empire romain lui-même, connue si S. Paul disait : que celui qui commande, commande toujours, jusqu'à ce qu'il se retire; en d'autres termes, jusqu'à ce qu'il soit retranché, et « alors se découvrira » l'impie ou l'Antechrist, sans difficulté, Le grand évêque cite encore l'interprétation de ces paroles : « Les méchants et les hypocrites, qui forment un peuple dans l'Eglise.

II° Quand S. Paul dit ( v. 8 ) :...

A suivre.

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Saint Thomas d’Aquin et l’Antechrist. Empty Re: Saint Thomas d’Aquin et l’Antechrist.

Message  Louis Mar 28 Déc 2010 - 22:21

II° Quand S. Paul dit ( v. 8 ) : « Et alors se découvrira l'impie, etc., » il fait connaître la venue de l'impie et son châtiment.

D'abord sa manifestation, ensuite sa punition ; sur la première partie, il dit : « Cet impie » par excellence « se découvrira alors, » parce que son crime deviendra manifeste ( v. 8 ), « le Seigneur Jésus le détruira par le souffle de sa bouche »( Isaïe, ix, v. 7) : « Le zèle du Seigneur des armées fera ce que je dis, » c'est-à-dire le zèle pour sa justice, zèle qui est l'amour. Car le souffle du Christ, c'est son amour, et le zèle c'est l'Esprit-Saint, qui l'anime pour son Église.

Ou encore : « par le souffle de sa bouche, » c'est-à-dire par ses ordres, parce que l'archange Michel doit mettre à mort l'Antechrist sur le mont des Oliviers, d'où le Christ est monté aux cieux. C'est ainsi que l'empereur Julien fut frappé de mort. Voilà son châtiment dans le temps, car dans sa vie future il sera puni éternellement ( v. 8 ) : « Il le perdra par l'éclat de son avènement, » c'est-à-dire dans son avènement dont les clartés se projetteront partout (Corinth., iv, v. 5) : « Il exposera à la lumière ce qui est caché dans les ténèbres. » (Ps. XXVII, v. 5) : « Vous les détruirez, ô mon Dieu, et vous ne les rétablirez plus. » L'Apôtre dit, « par l'éclat, » parce que l'Antechrist semblera obscurcir l'Église, et que les ténèbres disparaissent devant l'éclat de la lumière, car tout ce que l'Antechrist aura voulu faire connaître, apparaîtra mensonger.

III° Quand S. Paul ajoute (v. 9) : « Lui qui doit venir accompagné de la puissance de Satan, il prédit la puissance de l'Antechrist. Il explique d'abord quelle sera sa puissance pour séduire; ensuite il montre que la cause de cette puissance, se trouve dans la justice de Dieu (v. 10) : « Parce qu'ils n'ont pas reçu, etc. »

La première partie se subdivise en trois.

L'Apôtre décrit premièrement l'agent de la puissance de l'Antechrist;
secondement le mode de la séduction;
troisièmement il dit quels sont ceux qui se laisseront séduire.

I. L'agent c'est Satan. Voilà pourquoi le Christ le détruira ( IreS. Jean, III, v. 8 ) : « Le Fils de Dieu est venu au monde, pour détruire les œuvres du diable. » C'est ce qui fait dire à S. Paul (v. 9), que « l'Antechrist doit venir, accompagné de la puissance de Satan, » c'est-à-dire, par son impulsion (Apoc., xx, v. 7) : « Satan sera délié; il sortira de prison ; il séduira les nations, etc. »

Or, l'Antechrist fait ses œuvres par l'impulsion de Satan, à la manière du serpent, quand non-seulement il pousse la volonté, mais empêche même l'usage de la raison, ce qui toutefois ne lui est point imputé à crime parce qu'il n'a pas l'usage du libre arbitre.

Mais il n'en est pas ainsi de l'Antechrist, qui aura l'usage du libre arbitre, sur lequel Satan agit par suggestion comme il est dit de Judas (S. Jean, xiii, v. 27) : « Satan entrera en lui, » à savoir, en le poussant au mal.

II. L'Antechrist trompera premièrement par la puissance séculière; secondement, en opérant des miracles.

Quant à la première manière, l'Apôtre dit (v. 9) : « Par la puissance suprême, » à savoir dans le siècle (Daniel, XI, v. 43) : « Il se rendra maître des trésors d'or et d'argent et de tout ce qu'il y a de plus précieux dans l'Egypte. » Ou encore, « par sa vertu, » simulée. — De la seconde, S. Paul dit (v. 9) : « Par toutes sortes de signes et de prodiges. »

Les signes sont des choses merveilleuses, bien que peu considérables; les prodiges sont des choses extraordinaires, qui font reconnaître dans quelqu'un un pouvoir au-dessus des forces naturelles et semblent le faire montrer au doigt au loin (Apocalypse, xiii, v. 13) : « Elle fit (la bête) de grands prodiges, jusqu'à faire descendre le feu du ciel sur la terre, devant les hommes; » (S. Matth., xxiv, v. 24) : « Ils feront de grands prodiges et des choses étonnantes, jusqu'à séduire, s'il était possible, les élus eux-mêmes. »

L'Apôtre dit des prodiges «trompeurs. » On donne la qualification de trompeur à un miracle, ou parce qu'il s'écarte de la raison véritable du fait, ou du caractère essentiel du miracle, ou de sa fin légitime. Le premier défaut se rencontre dans les prestiges, quand les démons illusionnent par des apparences et font voir les objets autres qu'ils ne sont en réalité. Ainsi, par exemple. Simon le Magicien 1fit couper le cou à un bélier, qui ensuite parut vivant, et décapiter un homme que l'on crut d'abord véritablement décapité, mais qui parut ensuite vivant, au point qu'on le crut ressuscité. Les hommes peuvent opérer de semblables effets, en changeant les apparences et en jetant dans l'erreur.

En second lieu, on appelle improprement miracles, les choses qui provoquent l'étonnement alors qu'on voit l'effet et qu'on ignore la cause. Un fait qui a une cause cachée, dans le sens rigoureux, est à proprement parler un miracle; ce fait tourne à la gloire de Dieu, parce qu'il dépasse l'ordre tout entier de la nature créée. Quelquefois aussi il se passe des choses merveilleuses, qui ne vont point au delà de l'ordre naturel, mais qui ont une cause occulte. Ce sont ces sortes de choses que font de préférence les démons, car ils connaissent les forces de la nature, ont une puissance déterminée pour certains effets spéciaux. L'Antechrist fera des choses qui n'ont point le caractère propre du miracle, parce que les démons ne peuvent rien dans le règne supranaturel.

Enfin, on donne le nom de miracle dans un troisième sens, aux faits destinés à rendre témoignage à la vérité de la foi, afin de ramener les fidèles à Dieu. (S. Marc, xvi, v. 20) : « Le Seigneur agissant avec eux, et confirmant sa parole par les miracles qui l'accompagnaient. » Or, si l'on a reçu le don des miracles, et que l'on ne s'en serve point dans ce but, les miracles certainement sont véritables quant à la nature du fait, et quant au caractère du miracle, mais ils sont faux quant à la fin légitime et quant à l'intention de Dieu. Ceci toutefois ne se trouvera point dans l'Antechrist, parce que personne ne saurait faire des miracles véritables contre la foi, Dieu ne pouvant être témoin du mensonge. Donc quiconque prêche une doctrine fausse ne peut faire des miracles, bien que celui qui vit mal puisse en faire.

III. Quand enfin l'Apôtre dit (v. 10) : « Et avec toutes les illusions qui peuvent porter à l'iniquité ceux qui périssent, » il désigne ceux qui peuvent être séduits, c'est-à-dire, ceux qui selon la prescience divine vont à la perdition. (S. Jean, xvii, v. 12) : « Et nul d'entre eux ne s'est perdu, si ce n'est le fils de perdition. » Ils périssent, parce que (S. Jean, x, v. 27) : « Mes brebis entendent ma voix. »


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1 Simon, surnommé « le Magicien, « était originaire du pays de Samarie. II séduisait le peuple par ses enchantements et ses prestiges. Une multitude incroyable s'attacha à lui, en l'appelant « la grande Vertu de Dieu. » A la vue des miracles opérés par le Saint-Esprit à la voix des premiers prédicateurs de l'Evangile, il demanda et obtint le baptême ; puis offrit de l'argent pour acheter la vertu de communiquer les dons divins. On connait la réponse de Pierre. Le chef des Apôtres, indigné de tant d'audace : « Que ton argent périsse avec toi, dit-il, toi qui as cru que le don de Dieu pût s'acheter avec de l'argent ! Pecunia tecum sil in perditionem, quoniam donum Dei exesti-jnasti pecunia possideri. » (Act.., viii v. 20.)

De là le mot Simoniaque appliqué à ceux qui achètent ou vendent les choses spirituelles. Après le départ des Apôtres, Simon tomba dans des erreurs grossières dont il infecta plusieurs provinces.

Enfin, il se fit une grande réputation à Rome, où il précéda S. Pierre. Il se disait le Fils de Dieu, et se vantait comme tel de pouvoir monter au ciel. Il le promit à Néron lui-même. Au jour indiqué, il se fit élever en l'air par le démon, mais S. Pierre et S. Paul s'étant mis à genoux et priant ensemble, en invoquant le nom de Jésus-Christ, les démons, épouvantés, abandonnèrent Simon. L'imposteur tomba, demeura étendu sur place, les jambes brisées. De douleur et de honte, il se précipita d'un comble très-élevé, et périt ainsi misérablement. Ces faits sont déduits des témoignages de S. Justin, S. Ambroise, S. Cyrille de Jérusalem, S. Augustin, Isidore de Peluse, Théodoret, Dion Chrysostome, auteur païen, Suétone, et Arnobe.

(Fleury, Histoire ecclésiastique, II; Feller, etc.)

FIN

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Message  Roger Boivin Mer 28 Déc 2016 - 14:44

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