Les torts et les défauts de notre frère

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Message  Monique Mar 14 Déc 2010, 10:15 pm

LES TORTS ET LES DÉFAUTS DE NOTRE FRÈRE


Dès qu'on parle des exigences et des beautés de la charité fraternelle, nous nous laissons aller à nous en croire quelque peu dispensés à cause des défauts et des torts de notre frère. Nous proclamons que c'est ce qui rend difficile, voire impossible, ou du moins inadapté à telle situation le précepte du Seigneur.

Il faut bien reconnaître qu'il y a quelque chose de paradoxal entre cette rencontre avec une bonne volonté qui se croit absolue et les contradictions humaines de tous ordres, depuis les chicaneries de palier ou de trottoirs, jusqu'aux terribles injustices et aux violences de la guerre, depuis un travers qui froisse nos nerfs, jusqu'aux efforts voulant entraîner au mal.

Il faut reconnaître loyalement que ces échecs, ces heurts, ces malentendus tiennent une place réelle dans la vie de tout adulte, peut-être simplement parce que ses défauts deviennent plus apparents.

Saint Cyprien a fortement exprimé dans son éloge de la patience la place indispensable qu'elle devait avoir dans la vie de la charité : « La charité est le lien de la fraternité, le fondement de la paix, la solidité et la stabilité de l'unité ; elle est plus grande que la foi et que l'espérance ; elle l'emporte sur les œuvres et le martyre ; éternelle, elle demeurera toujours avec nous dans le royaume céleste. Eh bien, ôtez-lui la patience et, ravagée, elle ne peut durer. »

Il y a là, en effet, une difficulté si grave et une victoire si essentielle que le Christ y place la perfection et la vérité de la charité ainsi que la reproduction humaine de la sainteté miséricordieuse du Père céleste. A cette hauteur seulement, en face de la destinée d'enfants de Dieu, on peut comprendre sa doctrine ; là seulement, on en peut concevoir l'idéal, de là seulement, on en reçoit la grâce.


JOSEPH-MARIE PERRIN, O.P.
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Message  ROBERT. Mer 15 Déc 2010, 3:54 pm

.

Merci Monique pour ce dossier sur la patience.

Un lien de
Saint Cyprien
ROBERT.
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Message  Monique Mer 15 Déc 2010, 7:05 pm

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Avant d'aborder ce sujet vaste et complexe — par la complexité des circonstances et des situations, par la complexité de notre cœur aussi — essayons de déblayer un peu le terrain en montrant le mal à propos des objections que nous osons dresser à l'Évangile.

Tout d'abord, le Seigneur, en nous commandant d'aimer comme lui, parle-t-il sans expérience? Pensons-nous aux défauts, aux préjugés, aux incompréhensions, aux ambitions de ceux qu'il a pris comme amis et comme compagnons ? Ils se montrent plus d'une fois « sans intelligence (1) ». Pensons-nous à leurs trahisons et à leurs reniements? Pensé-je à ce que le Seigneur a souffert de moi-même? Peut-être alors serai-je heureux d'avoir à pardonner, puisque je ne puis avoir l'occasion de pardonner à celui qui est la sainteté et envers qui j'ai tant de dettes ; mon amour, si souvent secouru par le pardon de Dieu ne pourrait, sans cela, répondre en cette matière et sous cette forme.

Si nous méditions les paroles et les exemples du Seigneur, la manière ferme et simple dont il défend Madeleine, dont il respecte la liberté des apôtres : « Voulez-vous, vous aussi, vous retirer (1)? » ; si nous méditions la manière dont il pardonne sans humilier et sans insister sur la faute passée, si nous pensions au lavement des pieds qui a fait du Verbe de Dieu le serviteur agenouillé aux pieds des siens, de Judas à Pierre, ces pieds qui tous, fuiraient loin de lui dans un moment, si nous passions et repassions ces textes que notre étourderie ne sait plus lire, nous saurions à n'en pouvoir jamais douter que les difficultés quotidiennes ou exceptionnelles ne sont rien et ne devraient même pas être mentionnées.

Ensuite, nos propres paroles nous condamnent au silence. Que de fois nous avons dit que nous aimions notre prochain à cause de Dieu. Que nous ayons plus ou moins de raisons personnelles de l'aimer ou de ne pas l'aimer, quel poids cela a-t-il? Ce n'est pas en lui que je cherche mes raisons de l'aimer, mais en Dieu ; et en Dieu, il y en aura toujours plus d'aimer que de ne pas aimer. Nos réactions montrent que nous sommes encore des païens et que nous n'avons rien à répondre à la grande question : « Que faites-vous de plus (2) ?» Et pourtant, nous avons tant reçu d'amour qu'il devrait nous être facile et naturel d'en rendre ; nous puisons à une source qu'aucun vide n'a la capacité de contenir : « Que vous fassiez comme j'ai fait pour vous (3). »

D'ailleurs, s'il est vrai que nous aimons notre frère à cause de Dieu, son mal nous attristera comme un saint Paul « qui en parle en pleurant (4) ». Ce sera le mal qu'il se fait à lui-même que nous déplorerons et parce que nous voulons son bien que, le cas échéant, nous le combattrons, mais jamais parce que nous sommes vexés ou que nous souffrons de ses torts. Est-ce moi ou est-ce Dieu qui est le centre de tout? Est-ce par rapport à ce que cela me coûte, ou par rapport à ce que je puis donner à Dieu que je dois concevoir ma vie et ordonner mes efforts et mes réactions ?

Ces remarques faites, il est nécessaire d'aborder cet affrontement entre la charité et les défauts aussi bien que les torts de notre frère, en comprenant que ce sujet est très vaste à cause de la place qu'il tient dans l'Évangile, qu'il est complexe, à cause de la variété infinie des circonstances infimes ou extrêmes, à cause de l'innombrable visage de cette rencontre entre l'amour divin et le mal dans le cœur du disciple, à cause aussi de la multiplicité de notre cœur où nous sommes loin de faire ce que nous voulons, vrai champ de bataille où des sentiments opposés se livrent combat.

1. Mt. 15, 16.
1. Jn. 6, 67.
2. Cf. Mt. 5, 47.
3- Jn. 13, 15.
4. Ph. 3, 18.



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Message  Monique Mar 11 Jan 2011, 1:53 pm

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Cinq idées vont nous retenir : préciser ce qu'est l'amour chrétien des ennemis, puis à partir de là envisager ce qu'est ne pas condamner, pardonner, supporter et enfin, parler de ce que la langue chrétienne appelle, après l'Évangile, « la correction fraternelle ».

L'amour chrétien des ennemis ne ressemble en rien à une perversion qui se complairait dans le mal, ni à une passivité qui prendrait son parti de l'hostilité, ni à une complicité qui céderait. Dans le pécheur, il y a l'homme et le péché et on doit distinguer ces deux aspects. Le disciple aime ses ennemis à cause de l'humanité qui est en eux et qui les rend capables de la vie divine ; il leur veut un bien infini, puisqu'il leur veut la vie même de Dieu.

Nous avons entendu saint Augustin l'expliquer : « Chéris donc tes ennemis jusqu'à désirer les avoir pour frères ; aime-les au point de vouloir former avec eux une société étroite (1). » Aimez vos ennemis « afin que votre dilection en fasse un de vos frères (2 ) ».

Il n'y a peut-être pas dans l'hagiographie un exemple qui illustre cette doctrine aussi fortement que celui de saint Thomas More ; il vaut donc la peine que nous nous arrêtions à cet exemple et cela nous est d'autant plus facile que ses « Écrits en prison » nous renseignent sur ses sentiments intimes. Parmi les grâces qu'il implore, il y a celle-ci : « Donne-moi la grâce, bon Seigneur, de (...) penser à mes plus grands ennemis comme à mes meilleurs amis, car les frères de Joseph n'eussent jamais pu lui faire par amour et par faveur autant de bien qu'ils en firent par méchanceté et haine. »

Il composa même une prière pour ses ennemis : « Dieu tout-puissant, aie pitié de N., et de N., etc. et de tous ceux qui me portent mauvais vouloir et me veulent du mal et daigne amender et redresser leur salut et le mien par tels moyens de douceur, de mansuétude et de miséricorde que ton infinie bonté peut inventer et fais de nous des âmes sauvées ensemble dans le ciel afin que nous puissions vivre et aimer ensemble à jamais avec toi et des saints bienheureux, ô glorieuse Trinité de par l'amère Passion de notre doux Sauveur Christ. Amen (3). »


Bien plus, une longue lettre à un ami nous met au courant de ses sentiments les plus intimes : il s'y « montre priant pour le roi ingrat et criminel qui l'a fait mettre en prison malgré ses services, pour la reine, la compagne illégitime du roi (dont le prétendu mariage est au centre de l'affaire) ...Quant à moi, ajoute-t-il, je le supplie très humblement de me faire la grâce de conformer si patiemment mon esprit à sa haute volonté, qu'après le turbulent orage de ma vie tempétueuse, sa grande miséricorde me puisse mener au havre sûr des heureuses félicités célestes et y mène ensuite tous mes ennemis (si j'en ai aucun) car nous ne manquerons pas de nous aimer bien là-haut, comme, j'en rends grâces à Notre Seigneur, je fais pour ma part ici-bas (1) ».

Quant à l'autre aspect, celui du péché, il est trop clair que jamais, sous aucun prétexte, on ne pourra nommer en chrétienté amour des ennemis une faiblesse ou une complicité qui porte tort à l'âme même du prochain. Quand la demande est vicieuse, le refus est vertueux, dit un proverbe espagnol qui reprend une pensée de saint Augustin expliquant à ses ouailles la recommandation du Christ : « Donne à qui te demande. Mais si on te demande une chose injuste ? Alors indique ce qui est juste et en agissant ainsi tu donnes mieux que ce qu'on t'avait demandé. »

1. In I Jn. Tr. I, n° 9.
2. Déjà cité, I Jn. Tr. 10, n° 7.
3. Écrit en prison, prière.
1. Écrit en prison. Prières et Lettres.



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Message  Monique Mar 11 Jan 2011, 9:00 pm

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Avant de poursuivre nos réflexions et d'aborder la question de ce que nous devons être en face des défauts et des torts du prochain, la loyauté la plus élémentaire nous invite à reconsidérer la question.

Jésus parle de paille et de poutre, la paille étant le tort de mon frère et la poutre, le mien (2). La force clairvoyante d'un tel avertissement et l'image si expressive qui le formule ne doit pas nous laisser de repos. Comment ne pas nous méfier avec soin de nos réactions et de nos appréciations? Nous attachons de l'importance à des travers et à des torts minimes. Tant que nous nous faisons le centre de tout, nous déformons tout ce qui nous touche. Quelquefois, et c'est ce qu'indique l'Évangile, nos propres torts sont incommensurablement plus grands que ceux de notre frère. Quelquefois, nous paraissons ne pas pouvoir envisager de nous tromper et nous ne pensons pas que telle attitude n'est qu'un reflet de la nôtre. Le miroir de l'autre nous présente nos défauts eux-mêmes.

L'amour nous aurait fait voir tant d'autres visages à cet être que nous nous obstinons à envisager sous le plus défavorable. Pourtant, il est trop clair que la vie de l'homme est exposée à mille difficultés : « Oui, tous ceux qui veulent vivre dans le Christ avec piété seront persécutés (3). » Cela ne nous conférera jamais le droit de condamner : « La charité ne tient pas compte du mal (4) » explique saint Paul pour la décrire ; elle a cette intelligence de l'amour et ce jugement qui procède de l'amour et tend à aimer mieux.

Le Fils de l'homme n'est pas venu pour condamner, mais pour sauver. Le chrétien a pris la route à sa suite : il ne s'arrêtera pas à des indices insuffisants, n'interprétera pas en mal ni ne prendra en mauvaise part ; jamais, surtout, il ne jugera la culpabilité d'un être quel que soit le prétexte qu'il paraisse en avoir. Le Maître, en refusant de condamner la femme adultère a enlevé à quiconque le droit de jeter la première pierre à qui que ce soit.

Ce n'est pas assez de ne pas condamner, il faut aller plus loin et pardonner. C'est une exigence de l'Évangile qui devrait retenir notre attention chaque fois que nous osons parler à Dieu. Savons-nous bien ce qu'est pardonner? Les hommes ne le savaient pas et il a fallu que le Fils de Dieu vienne en personne le leur apprendre : « Pardonnez-nous comme nous avons pardonné (1) ». Parce que c'est fait, nous nous adressons à vous.


2. Cf. Mt. 7, 3.
3. II Tm. 3, 12.
4. I Co. 13, 5.
1. Mt. 6, 12.



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Message  Monique Mer 12 Jan 2011, 9:48 pm

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Peut-être pourrait-on expliquer le pardon comme cette attitude intérieure où le cœur abolit en lui-même les conséquences de la faute commise contre nous. « Je ne me souviendrai plus de tes iniquités », disait le Tout-Puissant, pour exprimer son pardon. Ainsi, on commence par ne pas vouloir de mal au coupable ; c'est le minimum ; on en vient à lui vouloir du bien, tout le bien que Dieu lui veut et on y travaille avec insistance ; on lui fait du bien, on prie pour lui : c'est le maximum qui fait communier aux sentiments paternels de notre Père du ciel. On voudrait que la faute commise contre nous n'ait pas de conséquence devant Dieu, mais seul, le Christ dit : « Pardonnez-leur ». Nous, c'est toujours : « pardonnez-nous », car nous sommes frères en misère, du coupable.

Il ne faut jamais l'oublier, en effet, la parabole du serviteur sans miséricorde le dit fortement (2) : jamais nous n'avons à pardonner autant que nous avons besoin de l'être. En monnaie moderne, mais cette équivalence ne veut pas dire grand-chose au plan monétaire, le mauvais serviteur devait au roi cinquante à soixante millions de francs or, l'autre lui devait à peine quatre-vingts francs. Dieu, par sa miséricorde, a ouvert dans chacune de nos vies un compte si bien fourni qu'aucun tort de notre frère envers nous ne saurait le vider ou l'appauvrir.

On ne recommandera jamais assez la miséricorde qui pardonne . « Si tu veux garder la charité telle que Dieu l'a réglée, ne laisse pas ton frère se coucher avec un sentiment d'amertume envers toi et, de ton côté, ne te couche pas avec un sentiment d'amertume à son égard, mais va te réconcilier avec ton frère, et tu viendras offrir au Christ, avec une conscience pure et dans une oraison fervente, le don de la charité (1). » Le Maître ôtera les bornes, les restrictions que nous souhaiterions mettre à nos pardons. Le bon saint Pierre dut être bien étonné, lui qui avançait sans doute le chiffre de sept comme une condescendance excessive : « Non, Pierre, je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à soixante-dix fois sept fois (2). »

Il y a aussi à apprendre du Christ la manière de pardonner : le Père du prodigue ne veut pas l'humiliation, une réserve glaciale qui laisse gêné ; non, il faut un accueil chaleureux et une fête où l'on soit tout à la joie sans allusions au passé puisqu'une nouvelle vie commence. Savons-nous oublier ainsi? Ne pas repenser aux torts qu'on a pu avoir envers nous, n'en pas parler? Le Christ a pris soin lui-même d'excuser ses bourreaux.

«Dieu est riche en miséricorde (3).» Nous, hélas, nous sommes pauvres. Le Christ en retirant définitivement du vocabulaire des siens et plus encore de leur cœur les expressions comme « Crétin (...) renégat (4) » a voulu mettre fin à toutes nos sévérités, même lorsque le frère ne se repent pas. S'il revient, il faudra l'accueillir comme le Christ sait accueillir et ne plus penser à sa faute ; et s'il persévère dans son mal, il ne faudra jamais confondre le pécheur et le péché et tout devra être fait « avec l'amour des hommes et la haine des vices (5) », afin de rester sans cesse au niveau de Dieu et de porter en soi cet air de famille qui fasse reconnaître l'un des enfants du Très-Haut.


2. Cf. Mt. 18, 23 et ss.
1. Maxime le Confesseur, Centuries sur la charité, première Centurie, n° 53.
2. Mt. 18, 22.
3- Ép. 2, 4.
4- Mt. 5, 22.
5- Saint Augustin, Règle.



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Message  Diane + R.I.P Jeu 13 Jan 2011, 11:40 am

Re-Bienvenue sur Te Deum, chère Monjque Les torts et les défauts de notre frère 80494
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Message  ROBERT. Jeu 13 Jan 2011, 11:44 am

Diane a écrit:Re-Bienvenue sur Te Deum, chère Monjque Les torts et les défauts de notre frère 80494

Laughing
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Message  ROBERT. Jeu 13 Jan 2011, 11:45 am

Diane a écrit:Re-Bienvenue sur Te Deum, chère Monjque Les torts et les défauts de notre frère 80494

Voilà ce qui fait que TE DEUM est un forum comme nul autre pareil !! cheers
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Message  Monique Ven 14 Jan 2011, 7:58 pm

Diane a écrit:Re-Bienvenue sur Te Deum, chère Monjque Les torts et les défauts de notre frère 80494
.

PRISE 2 cheers
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Message  Monique Ven 14 Jan 2011, 8:34 pm

ROBERT. a écrit:
Diane a écrit:Re-Bienvenue sur Te Deum, chère Monjque Les torts et les défauts de notre frère 80494

Voilà ce qui fait que TE DEUM est un forum comme nul autre pareil !! cheers

Les torts et les défauts de notre frère 873726 cher ami Les torts et les défauts de notre frère 364997
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Message  Monique Ven 14 Jan 2011, 8:51 pm

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Cependant, les torts qu'on nous fait peuvent laisser des traces et se prolonger, les défauts être permanents, surtout s'il s'agit de ces heurts de caractère possibles dans une vie commune ou une collaboration : imparfaits nous-mêmes, nous vivons parmi d'autres êtres imparfaits.

C'est ici que doit entrer en jeu ce que saint Paul appelle le support mutuel. Trois grands obstacles semblent surtout à éviter : il ne s'agit pas de toujours céder, car on en viendrait à favoriser ces égoïsmes démesurés qui se développent parfois près d'un être qui appelle amour sa faiblesse ; il faut, selon la recommandation de saint Paul : « plaire à notre frère, (mais il précise) en vue du bien (6) ». Il ne faut pas non plus s'opposer, car ce serait se laisser vaincre par le mal et non « vaincre le mal par le bien ».

Nos impatiences et nos réactions au niveau de notre « moi » ne servent à rien ; « de même que le feu n'éteint pas le feu, disait Tolstoï, le mal ne peut éteindre le mal. »

Enfin, il ne faut pas se laisser user, durcir, ni rendre amer ou déçu par de telles difficultés. L'amour doit garder en nous ce cœur de chair et le regard plein de fraîcheur et d'optimisme du premier matin. Le Père Lagrange aimait à dire qu'il faudrait avoir l'esprit large au point de comprendre même les esprits étroits. C'est tout cela que recommande saint Pierre : « Enfin, vous tous, en esprit d'union, dans la compassion, l'amour fraternel, la miséricorde, l'esprit d'humilité, ne rendez pas mal pour mal, insulte pour insulte. Bénissez, au contraire, car c'est à cela que vous avez été appelés, afin d'hériter la bénédiction (1). »

La prière nous mettra à ce niveau et compensera ce qui nous manque encore. Il faudrait en arriver ainsi à porter vraiment le fardeau de notre frère : ce défaut lui fait mal à lui-même, il altère sa conscience devant Dieu avant de nous blesser nous même ; si je l'aime vraiment, son défaut ne me peine plus à cause de moi parce qu'il me contrarie, mais parce qu'il lui fait mal à lui-même. A ce moment, on ne s'oppose plus, on porte ensemble ce fardeau devant Dieu et on a accompli la loi du Christ. « Là où il n'y a pas d'amour, mettez de l'amour et vous trouverez de l'amour (2). »
On ne supporte plus, on porte.


6. Rm. 15, 2.
1. I P. 3, 8 et 9.
2. Saint Jean de la Croix.



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Message  Monique Lun 17 Jan 2011, 8:02 pm

LES TORTS ET LES DÉFAUTS DE NOTRE FRÈRE


Enfin, l'ambition la plus spontanée et la plus essentielle de la charité qui veut partager avec son frère la joie même de Dieu, sera de tout tenter pour l'aider à réaliser en lui-même cet idéal divin. Le Seigneur est formel : « Si ton frère vient à pécher, va le trouver et reprends-le, seul à seul. S'il t'écoute, tu auras gagné ton frère. S'il ne t'écoute pas, prends encore avec toi un ou deux autres, pour que toute affaire soit décidée sur la parole de deux ou trois témoins. Que s'il refuse de les écouter, dis-le à la communauté. Et s'il refuse d'écouter même la communauté, qu'il soit pour toi comme le païen ou le publicain (3). » C'est ce que la tradition chrétienne désigne du nom général de « correction fraternelle » et qui est pour saint Thomas une des manifestations indispensables de la charité.

Il faut se méfier des contrefaçons, des indiscrétions et de l'esprit de domination. Le Christ nous a mis en garde contre cette tendance en nous recommandant de ne pas penser à enlever la paille de l'oeil de notre frère alors qu'une poutre est dans la nôtre (4). La correction fraternelle est une œuvre d'amour, un service, un geste fraternel et devra s'inspirer, non de notre réaction, mais du bien de notre frère.

On lui dit la vérité, ou mieux on écoute avec lui cette vérité qui éclaire l'un et l'autre. Parce que disciples du même Maître, parce que » condisciples », nos défauts personnels ne nous détournent pas de ce devoir ; nous avons l'un et l'autre à répondre au même amour et à en vivre les exigences dans notre vie, l'un comme l'autre, l'un avec l'autre. Il ne s'agit pas d'idées personnelles, mais des idées de Celui qui nous unit.

Devant l'imperméabilité du coupable, spontanément la voix risque de s'enfler, elle va gronder et appeler à son secours les énergies de la colère. N'est-ce pas le moyen de forcer une porte qui résiste ? Peut-être, mais qu'il est difficile qu'on y reconnaisse alors les accents de l'amour. Qu'il est difficile que la poche de ressentiment que chacun porte en soi ne crève alors et n'empoisonne de son moi ce qui ne devrait être que pur amour. « La colère de l'homme n'accomplit pas la justice de Dieu » déclare saint Jacques (1).

Saint Paul l'exclut de l'éducation ; c'est même à cette exclusion qu'il semble ramener toute sa pédagogie et il fait cette recommandation pour éviter à l'enfant ainsi repris les maux de la pusillanimité et de la contrainte qui paralysent au lieu d'épanouir dans la poursuite du mieux : « Parents, n'exaspérez pas vos enfants de peur qu'ils ne se découragent (2). »


3. Mt. 18, 15 à 18.
4. Cf. Mt. 7, 3.
1. Jc. I, 20.
2. Co. 4, 21 et Ep. 6, 4.



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Message  ROBERT. Lun 17 Jan 2011, 8:48 pm

Monique a écrit:
LES TORTS ET LES DÉFAUTS DE NOTRE FRÈRE


. « Là où il n'y a pas d'amour, mettez de l'amour et vous trouverez de l'amour (2). »
On ne supporte plus, on porte.
Exact Monique: Jésus portait Sa Croix: tâchons de L'imiter le mieux possible.
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Message  Monique Mar 18 Jan 2011, 7:02 pm

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Saint Vincent de Paul que sa longue vie avait mis au service des misérables livrés à toutes les formes de la déchéance (des prêtres indignes aux mères abandonnant leurs enfants), avouait n'avoir fait que trois réprimandes avec dureté et s'être repenti de toutes les trois.

La colère peut-elle être conciliable avec l'esprit du serviteur? Même dans la vie mortelle du Seigneur, cette vie qui nous montre le sens qu'il faut donner aux paroles métaphoriques de l'Ancien Testament, trouve-t-on, vis-à-vis d'une personne en particulier les violences de la colère? Son amitié reste offerte au traître : « Ami..., pourquoi... (3) ». Il implore le pardon pour ses propres bourreaux ; leur péché, il le prend sur lui.

Pourtant, comment passer sous silence les invectives adressées aux scribes et aux pharisiens, l'ironie qui cingle leurs travestissements de la justice, comment oublier les vendeurs du temple, leurs tables renversées et leur bétail mis dehors ? Il est vrai. Mais ici on croit voir le combat à bras le corps entre l'amour et le péché qui s'oppose à lui, la lutte mystérieuse qu'engage sous les flots le sauveteur contre le noyé qui se débat. Rien n'est plus fort que l'amour qui l'emporte même sur la mort. Ce n'est pas aux personnes, mais au péché d'un milieu, au péché qui scandalise les petits et menace de les perdre que va la colère du Maître.

Les prophètes avaient eu de telles colères, mais nous savons maintenant les larmes qu'elles arrachaient à l'amour et de quelles angoisses elles étaient l'expression : « Père, pardonne-leur (1)... ». « Qu'adviendra-t-il du bois sec (2) ? De grands saints ont repris ces accents pour détourner le peuple chrétien du péché ; la liturgie dominicaine fête le 20 mars un de ces hérauts de l'Évangile qui, en chaire, se rompit les veines dans la véhémence à dénoncer le crime des usuriers (le bienheureux Ambroise de Sienne). Le genre prophétique semble n'être plus guère de mise de nos jours ; la littérature lui a offert un refuge, mais elle risque plus de nourrir l'agressivité que la charité. Qui, de la petite Thérèse ou du Père de Foucauld, de Léon Bloy ou de Bernanos a sorti plus de gens de leur embourgeoisement? Le livre et la radio permettent à la voix humaine d'imiter mieux celle même de la conscience. Répondre à la haine par la haine, à la dureté par la fureur, au moi par un autre moi, c'est aiguiser le fer par le fer, c'est être vaincu par le mal. Le mal triomphe, non quand il extermine les disciples du Christ, mais quand il les corrompt en leur donnant ses propres sentiments : « Ne te laisse pas vaincre par le mal, sois vainqueur du mal par le bien (3). »

On le vainc quand on a plus d'amour qu'il n'a de haine et d'indifférence, plus de désir de son vrai bien qu'il n'a d'attachement à ses faux biens, plus de souffrance de son péché qu'il n'y prend de plaisir, plus d'union à Dieu qu'il n'a de fuite.


3. Mt. 26, 50.
1. Lc. 23, 34.
2. Lc. 23, 31.
3. Rm. 12, 21.



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Message  Monique Mer 19 Jan 2011, 9:23 pm

LES TORTS ET LES DÉFAUTS DE NOTRE FRÈRE


Ce n'est pas à dire que cet effort pour sauver nos frères ne puisse jamais prendre le visage de la dureté ou d'une fermeté qui veuille à tout prix les détourner de leur perte, surtout quand il s'agit de leur bien commun et d'une collectivité. C'est la recommandation de l'Apôtre à son Fils bien-aimé dans la foi, Tite : « Reprends-les vertement, (les Cretois) pour qu'ils conservent une foi saine, sans prêter attention à des fables juives et aux prescriptions des gens qui tournent le dos à la vérité (4). »

L'Évangile prévoit la résistance du frère ; il veut alors une solennité accrue donnée à l'avertissement par la présence des témoins, puis de l'Assemblée. Il prévoit même l'échec qui aboutira à une rupture faisant du frère obstiné dans le mal un païen ou un publicain. Cette éventualité doit stimuler le zèle et montrer le prix que le Seigneur attache à la correction fraternelle, et nous fait réfléchir à ce que doit être cette correction fraternelle pour réaliser les vues du Maître ?

Et ceci nous ramène à notre sujet : la correction fraternelle selon l'Évangile : un signe qui nous prouvera à nous-mêmes et qui prouvera à notre frère notre sincérité est que nous ne demanderons rien à personne que nous ne nous soyons d'abord demandé à nous-mêmes et nous ne reprendrons rien en lui, que nous ne combattions réellement en nous. La mesure de ce devoir est, comme en tout amour, celle de notre pouvoir.

La correction fraternelle s'impose à la conscience chrétienne quand il y a chance qu'elle soit efficace. Étant une des formes de l'amour fraternel, elle devra s'entourer de douceur et d'humilité, pour que notre frère puisse discerner la limpidité de notre intention, uniquement soucieuse de chercher son bien et de l'aider : « S'aimer, c'est s'aider vers Dieu (1). »

Une sainte Thérèse de l'Enfant Jésus que sa charge de maîtresse des novices avait souvent amenée à réfléchir à cet enseignement résumait ainsi son expérience : « Pour qu'une réprimande porte du fruit, il faut que cela coûte de la peine, il faut la faire sans une ombre de passion dans le cœur (2). »


4. Tt. I, 13, 14.
1. Isabelle Rivière.
2. Conseils et souvenirs. ( Thérèse de l'Enfant-Jésus )



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Message  Monique Sam 22 Jan 2011, 8:31 pm

LES TORTS ET LES DÉFAUTS DE NOTRE FRÈRE


A ce propos, on pourrait conclure en redisant le grand principe de saint Augustin appliqué par lui-même à nos paroles : « Aime et dis ce que tu voudras (3). » Si tu aimes, tes paroles seront nécessairement pleines de tact, jamais elles ne s'enfermeront dans le passé, ne paralyseront, mais elles seront toujours éveilleuses de mieux. Aime, mais d'un amour si vrai que la claire vue des défauts de ton frère l'éclairé sans le diminuer, d'un amour si fort que ses torts ne t'empêchent jamais de vouloir tout son bien.

Ici s'entr'ouvre une parenthèse. Comment ne pas se poser une question en face de cet idéal : l'ordre formel du Christ fait de la correction fraternelle un des devoirs nécessaires de la charité, comment se fait-il que si peu de remontrances soient efficaces ? Comment se fait-il que tant d'efforts de formation soient stériles ?

Ce n'est certes, pas que Dieu n'ait pas donné aux hommes un merveilleux pouvoir pour s'aider, pour se compléter et pour partager leurs trésors spirituels. L'échec n'est pas imputable à la grâce, mais à la manière de faire du corrigeant et du corrigé et il faudra toujours conclure « à torts partagés », comme dans les accidents sans témoins. Dieu seul sait la responsabilité de chacun.

D'une part, trop souvent ces remontrances manquent de clairvoyance et de cette sagesse que donne l'expérience. « Quand tu auras ôté la poutre de ton œil, tu y verras clair pour enlever la paille de ton frère (1). » Trop souvent aussi, on ne sent pas assez chez le « corrigeant » cette volonté du bien qui commence par se guérir soi-même et par combattre en soi le mal qu'il dénonce chez son frère ; ensuite, on ne sent pas assez la vérité de son amour.

D'autre part, trop souvent à cause de son propre moi, le « corrigé sent dans cette correction un reproche contre lequel il se défend plutôt qu'une main tendue pour l'aider à devenir meilleur et à réaliser ce désir de bien qu'il porte en soi-même. De là, au lieu d'écouter, de comprendre, de profiter, il cherche les explications qui montrent le mal à-propos du « corrigeant », explications qui lui donnent raison ; ainsi, non seulement il ne se corrige pas, mais son défaut se durcit en cherchant ainsi à se justifier.


3. In Ga. n° 57.
1. Mt. 7, 5.



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Message  Monique Dim 23 Jan 2011, 6:44 pm

LES TORTS ET LES DÉFAUTS DE NOTRE FRÈRE


Il serait grand dommage que le mot devenu courant de « correction fraternelle » fasse oublier tout ce qu'il y a de tendresse et de volonté de mieux dans un tel effort. Un amour vrai veut tout le bien de notre frère comme nous le voulons pour nous-mêmes : ses défauts ne provoquent pas la réaction de nos nerfs, mais celle d'une charité intelligente. La raison de nos paroles n'est pas que ses défauts nous déplaisent, nous incommodent ou nous gênent (ce serait un amour-propre qui n'est pas nécessairement toujours illégitime), mais ce doit être le besoin irrésistible de la charité : ne faisant qu'un avec lui par amour, on souffre de ses manques à cause de Dieu, à cause de lui, on a mal à son âme. Ce n'est pas une action extérieure, si l'on peut dire, qui fait sentir la distance qui nous sépare de lui, mais une œuvre d'amour qui nous unit à lui pour porter son fardeau humblement, fraternellement, en esprit de douceur et en référence à la vocation qui est le nom par lequel le Maître appelle chacun des siens.

La correction fraternelle étant cette haute œuvre de charité, il est nécessaire de ne pas s'y dérober, mais aussi de ne pas la laisser s'altérer dans de mauvaises contrefaçons. L'imperfection n'est pas une contrefaçon, à condition qu'elle tende à l'idéal.

Surtout, le chrétien pense construire le Christ en lui-même et en son frère : il ne peut pas aimer moins que de se vouloir à lui-même et de vouloir aux autres ce bien qui donne la joie. Cet idéal qu'il porte en lui-même comme la lumière de sa conscience, il ne peut pas ne pas le partager ; il aura donc le désir de dire toute la vérité, la préoccupation de chercher comment la dire et le tact de la dire d'une manière constructive ; il regarde en avant, là où sont les yeux de son frère.

Les réactions injurieuses ne peuvent plus passer par ses lèvres que le baiser du Christ a pour jamais closes à toute parole qui humilierait et condamnerait le frère au lieu de l'orienter vers le mieux : « On a dit aux anciens et moi je vous dis...(1) » Il se méfiera de ces allusions plus ou moins conscientes et des ces mauvaises humeurs qui voudraient faire sentir ce qu'on ne dit pas clairement ; au contraire, il dira simplement ce qu'il croit utile et de la manière la plus assimilable parce qu'elle s'appuie toujours sur le bien et tend au mieux ; une fois ce devoir accompli, il sait qu'il n'a qu'à aimer et donner la joie du Seigneur.

Que l'appel de tels sommets ne nous laisse pas de repos. Il ne peut plus en être autrement depuis que le Seigneur nous a donné mission d'aimer à sa manière à lui. Il peut nous le demander, lui qui a connu le poids de la pauvre nature humaine dans ses amis et dans ses adversaires : dans ses amis qui n'avaient pas encore été renouvelés par le don de la Pentecôte, dans ses ennemis qui l'ont mené à la croix sans pouvoir le vaincre ; ils n'ont pu l'empêcher de les aimer toujours et de leur pardonner. Il sait donc ce qu'il nous demande et il en tient la grâce à notre disposition si nous nous ouvrons pour la recevoir de sa Miséricorde.


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