FONDATION DE GRENADE (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)
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FONDATION DE GRENADE (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)
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à suivre...
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FONDATION DE GRENADE.
Par Sainte Thérèse d’Avila.
(CHAPITRE 31.)
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De quelle manière la fondation de ce monastère fut entreprise, et avec combien de difficultés elle fut enfin achevée. Vous me commandez, mon Père, d’écrire la fondation du monastère de Grenade ; et je ne sais comment je pourrai m'en acquitter ayant si eu de mémoire et de si grands maux de tête. Je dirai néanmoins pour vous obéir ce dont il me souviendra.
Avant le mois d'octobre de l'année 1581, le Père Jacques de la Trinité, votre vicaire dans la charge de Provincial, que Dieu veuille avoir en Sa gloire, vint visiter le monastère de Veas dont il y avait quatre mois que je n'étais plus Prieure, et m'y trouvait malade. Il me parla fort sérieusement de fonder une maison dans Grenade, disant que plusieurs personnes très-considérables et fort riches et des principales Dames de la ville le désiraient extrêmement, et offraient d'y faire de grandes charités. J’attribuai à sa facilité cette opinion qu'il avait et lui répondis que je ne considérais que comme des compliments ces belles protestations de nous assister.
Que l'Archevêque ne nous accorderait point la permission d'établir un monastère pauvre en un lieu où il y avait déjà tant de religieuses qui n'avaient pas moyen de vivre, Grenade étant toute ruinée, et les deux dernières années ayant été si stériles. Il voyait bien que je disais vrai, mais l'affection qu'il avait pour cette Fondation le confirmait dans ses espérances. Il m'assura que le licencié Aguero, conseiller en cette cour, lui avait promis beaucoup d'assistance, et que le Père Salazar de la Compagnie de Jésus lui avait aussi dit sous le secret qu'ils obtiendraient la permission de l'Archevêque.
Tout cela me parut peu solide comme il l'était en effet ; mais voyant que ce Père en avait un si grand désir, je recommandai beaucoup l'affaire à Dieu, et priai, mes sœurs, de Lui demander la lumière qui nous était nécessaire. Il nous l'accorda en nous faisant entendre bien clairement : que nous ne pouvions espérer aucune assistance de ces personnes qui nous en promettaient tant ; mais que nous ne devions pas laisser de fonder ce monastère comme nous en avions fondé d'autres en nous appuyant seulement sur Sa providence ; qu'Il prendrait soin de nous, et serait fidèlement servi dans cette maison . Ce fut après avoir communié que cela me fut dit, et il y avait alors trois semaines que le Père Visiteur était venu et qu'Il me pressait d'entreprendre cette Fondation.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: FONDATION DE GRENADE (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)
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FONDATION DE GRENADE.
Par Sainte Thérèse d’Avila.
(CHAPITRE 31.)
Ainsi, nonobstant mes défiances, je me résolus d'obéir ; et ensuite de ma communion, je dis à la Sœur Béatrix De Saint-Michel, Portière, qui avait communié en même temps que moi : ne doutez point ma sœur que Dieu ne veuille que cette Fondation de Grenade s'exécute. C'est pourquoi faites venir, s'il vous plaît, le Père Jean De La Croix, afin que je lui dise ce que Dieu m'a fait entendre sur ce sujet; elle le fit, et après que je le lui eus dit en confession, il fut d'avis que nous le fissions savoir au Père Visiteur, qui était alors à Veas, afin qu'il l'écrivit aussitôt à Votre Révérence, et qu'ainsi on ne perdît point de temps à y travailler avec vôtre permission. On donna ordre dès le même jour à tout ce qui était nécessaire et les Pères et toute la Communauté l'ayant su en témoignèrent beaucoup de joie. Nous écrivîmes à Votre Révérence pour la prier d'agréer cette Fondation et de nous donner pour ce sujet quatre religieuses de Castille : nous écrivîmes aussi en même temps à Notre Sainte Mère Thérèse De Jésus de la venir faire, tant nous avions une ferme confiance qu'elle s'achèverait et nous priâmes le Père Jean De La Croix de donner ordre avec un autre religieux à tout ce qu'il fallait pour la conduite des religieuses. Étant parti de Veas, il alla trouver à Avila Notre sainte Mère et ils vous envoyèrent un messager à Salamanque. Après que Votre Révérence eut vu les lettres, elle nous accorda ce que nous lui demandions : et quant aux religieuses, vous vous remîtes à Notre sainte Mère de choisir celles qu'elle jugerait à propos. Elle en prit deux de la maison d'Avila, la Mère Marie De Jésus-Christ qui en avait été cinq ans Prieure, et la Sœur Antoinette du Saint-Esprit, qui était l'une des quatre premières qui y avaient fait profession.
De deux autres, qui étaient de la maison de Tolède, l'une était la Sœur Béatrix De Jésus aussi l'une des plus anciennes et nièce de Notre sainte Mère. Quant à elle, elle n'y put venir parce qu'elle se trouvait obligée d'aller à la fondation de Burgos qui se faisait en ce même temps. Elle m’avait écrit quelques mois auparavant que ce ne serait point elle qui ferait cette Fondation de Grenade ; et qu'elle croyait que Dieu voulait que ce fut moi qui la fis : et comme il me paraissait impossible d'en faire aucune qu'avec elle, je fus fort surprise de voir le jour de la Conception de la Sainte Vierge ces filles arriver sans elle à Veas. Elles me rendirent une de ses lettres par laquelle elle me mandait qu'elle aurait par ma seule considération désiré de venir; mais que Dieu l'envoyait ailleurs : qu'elle était assurée qu'Il m'assisterait, et que tout me réussirait heureusement à Grenade, ce que l’on commença bientôt à connaître être véritable.
Pendant que l'on était allé en Castille pour en amener des religieuses, le Père Jacques de la Trinité, Vicaire Provincial, alla à Grenade pour y préparer les choses dont nous avions besoin qu'il ne doutait point qu'on ne lui donnât et nous écrire ensuite de partir. Ce saint homme n'eut pas peu de peine à recevoir quelque partie de ce qu'on lui avait offert, et il ne put jamais obtenir la permission de l'Archevêque. Il ne laissait pas néanmoins de nous écrire que tout allait bien et j'y faisais si peu de fondement que je lui mandais de se contenter de nous louer une maison que nous puissions trouver preste, parce que les religieuses de Castille étaient déjà arrivées : mais quelque peine qu'il se donnât, il ne pouvait en trouver. Et pour le regard de l'Archevêque, ce bon homme l'ayant été voir avec Dom Louis De Merano et le licencié Aguero, deux des plus anciens conseillers, pour lui demander la permission de nous établir, il ne se contenta pas de la refuser, il y ajouta des paroles fort aigres, disant entre autres choses, qu'au lieu de recevoir de nouveaux monastères de religieuses, il vaudrait mieux abolir ceux qui étaient déjà établis, tant il y avait peu d'apparence d'en multiplier le nombre dans le temps d'une si grande stérilité. Ces conseillers furent d'autant plus fâchés de cette réponse que nous continuions de les presser en leur représentant le peu qu'il fallait pour la subsistance de dix religieuses, car nous ne prétendions pas d'en avoir un plus grand nombre.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: FONDATION DE GRENADE (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)
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FONDATION DE GRENADE.
Par Sainte Thérèse d’Avila.
(CHAPITRE 31)
Ils assistèrent en secret ce bon Père pour faire en sorte qu'un échevin lui louât une maison, et après qu'il en fut assuré, il nous écrivit de venir, fort affligé de n'avoir pu faire davantage. Nous attendions à Veas et étions prêtes de partir aussitôt qu’ils nous le manderont, l'ayant ainsi résolu avec le Père Jean De La Croix et les religieuses qui étaient arrivées le 13e jour de janvier.
Lorsque les choses étaient en cet état, j'allai à l'Oraison du soir ; où étant fort recueillie et pensant à ces paroles de Jésus-Christ à Saint Jean quand il voulut être baptisé par lui : c'est à nous d'accomplir toute justice : sans que je pensasse en nulle manière à cette Fondation, j’entendis le bruit d'un très-grand nombre de cris confus, et il me vint en l'esprit que c'étaient les démons qui le faisaient à cause qu'il devait arriver quelqu'un qui nous apporterait l'ordre d'aller à Grenade. Comme j’étais dans cette pensée, ces cris et ce bruit augmentèrent d'une manière si terrible, que me sentant tomber en défaillance, je m'approchai encore plus prés de la Mère prieure qui était tout contre moi. Elle crut que c'était une faiblesse, et dit qu'on apportât quelque chose pour me faire revenir. Je fis entendre par signes que ce n'était point cela, et que l'on allât voir qui heurtait au tour. On y alla, et il se trouvait que c'était le messager qui nous apportait les lettres qui nous obligeaient de partir. Il s’élevait aussitôt une si horrible tempête mêlée de pluie et de grêle, qu'il semblait que le monde allât finir, et je me trouvais en tel état que l'on croyait que j'allais rendre l'esprit. Ainsi les médecins et toutes mes sœurs considéraient comme une chose impossible que je fisse ce voyage, tant les douleurs que je souffrais étaient violentes et mes agitations surnaturelles. Mais au lieu de m'en étonner, je me fortifiai dans la résolution de partir, et je pressai encore davantage que l'on arrêtât des voitures et tout ce qui était nécessaire pour nous mettre en chemin le lendemain qui était un lundi, quoique je me trouvasse si mal, qu'encore que ma cellule fut proche du chœur, je ne pus entendre la messe.
Nous partîmes donc le lundi à trois heures du matin avec une grande satisfaction de toutes les sœurs que je menais, à cause de l'espérance qu'elles avaient que ce voyage réussirait à la gloire de Notre-Seigneur. Le temps était beau, mais ce grand orage avait rendu les chemins si mauvais, que nos mules pouvaient à peine s'en tirer. Lorsque nous fûmes arrivées à la fontaine, et que nous conférions avec le Père Jean De La Croix et le Père Pierre Des Anges qui nous accompagnaient, des moyens d'obtenir la permission de l'Archevêque qui nous était si contraire, nous entendîmes un tonnerre épouvantable. Il tomba sur la maison de ce prélat tout contre la chambre où il était couché, brûla une partie de sa bibliothèques, tua quelques-uns de ses chevaux, et l’épouvanta de telle sorte qu'il en fut malade. On m'a assuré que l'on ne se souvient point d'avoir vu en cette saison le tonnerre tomber à Grenade.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: FONDATION DE GRENADE (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)
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FONDATION DE GRENADE.
Par Sainte Thérèse d’Avila.
(CHAPITRE 31)
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Ce même jour celui qui avait loué la maison au Père Vicaire rétracta la parole qu'il avait donnée par écrit à Dom Lois Mercado et au licencié Aguero, disant qu'il ne savait pas que ce fut pour un monastère, et qu'il n’en délogerait point ni tous ceux qui y demeuraient, sans que ces messieurs qui nous assistaient secrètement, pussent jamais lui faire changer de résolution, quoiqu'ils lui offrissent de lui donner caution de cinquante mille ducats. Ainsi, voyant que nous arriverions dans deux jours et ne sachant comment ils feraient, Dom Louis De Mercado dit à Madame Anne De Pegnaluca sa sœur à qui le Père Vicaire ne s'était point ouvert de ce qui se passait : ma sœur, puisque ces religieuses sont en chemin, n'auriez-vous pas agréable qu'elles vinssent descendre ici, et de leur donner quelque chambre où elles puissent demeurer jusqu’à à ce qu'elles aient trouvé un logis.
Cette vertueuse femme, qui depuis quelques années passait presque les jours entiers en son oratoire dans une douleur continuelle de la mort de son mari et de sa fille unique, commença, à ce qu'elle m'a dit depuis, à respirer, et sans perdre un seul moment travailla pour accommoder une chapelle, et nous loger assez commodément, quoiqu'étroitement, parce que la maison était petite. Nous arrivâmes le jour de Saint Fabien et de Saint Sébastien à trois heures du matin ; le besoin de tenir la chose secrète nous ayant obligées d'en user ainsi. Cette vertueuse dame nous reçut à la porte de la rue avec une extrême affection et beaucoup de larmes. Nous n'en répandîmes pas moins de notre côté, et chantâmes un laudate Dominum avec une grande consolation de voir la chapelle qu'elle avait si bien pratiquée dans le porche du logis. Mais comme nous n'avions pas la permission de l'Archevêque, je fus d'avis de la fermer et priai les Pères qui étaient venus avec nous et le Père vicaire, que l'on ne sonnât point de cloche, et que l'on ne dît point de messe ni publique ni privée jusqu’à ce que nous eussions le consentement de ce prélat que j'espérais qu'avec la grâce de Dieu qu'il nous accorderait bientôt. Je l'envoyai saluer en lui donnant avis de notre arrivée, et le fis supplier de nous faire l'honneur de nous venir voir pour nous donner sa bénédiction; comme aussi d'agréer que l'on mît le Très-Saint Sacrement dans notre chapelle, parce qu'encore qu'il fut fêté, nous n'entendrions point la messe s'il ne nous le permettait. Il répondit avec beaucoup de bonté que nous fussions les bienvenues; qu'il se réjouissait de notre arrivée : que s'il avait pu se lever, il serait venu nous dire lui-même la première Messe ; mais qu'étant malade, il envoyait son Proviseur pour la dire et faire tout ce que je désirerais.
Le Proviseur arrivais sur les sept heures, et ensuite de la prière que je lui en fis, il dit la Messe, nous communia toutes, et mit le Très-Saint Sacrement avec grande solennité. Ces messieurs les conseillers s'y trouvèrent et tant de monde, qu'il y avait sujet d'admirer que ce bruit se fut sitôt répandu. Cette action s'étant passée sur les huit heures du matin du même jour que nous arrivâmes, toute la ville de Grenade y accourut comme si c'eut été pour gagner un jubilé, et ils disaient tous d'une voix que nous étions des saintes et qu'ils devaient nous considérer comme envoyées de Dieu pour leur consolation. Ce même jour, Dom Louis De Mercado et le licencié Aguera allèrent visiter l'Archevêque qui était malade de la frayeur qu'il avait eu de ce coup de tonnerre. Ils furent surpris de voir qu'il jetait le feu par les yeux de colère de ce que nous étions venues. Ils lui dirent que s'il en avait tant de déplaisir, ils s’étonnaient qu'il leur eut accordé la permission. Il leur répondit qu'il n’avait pu s'en défendre : et qu'il s'était fait une très-grande violence parce qu’il n'approuvait point les monastères de filles ; mais qu'il ne nous donnerait rien, n'ayant pas moyen d'assister celles dont il était déjà chargé.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: FONDATION DE GRENADE (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)
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FONDATION DE GRENADE.
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Nous commençâmes alors à pratiquer véritablement la pauvreté pour laquelle nous avons tant de dévotion : car les aumônes que Madame Anne nous faisait n'étaient pas grandes, et les autres personnes nous voyant logées chez elle ne nous donnaient rien, parce qu'ils croyaient que rien ne nous manquait dans une maison où l'on faisait tant de charités aux pauvres qui y accouraient de toutes parts, et presque à tous les monastères et les hôpitaux de la ville. Ainsi, nous nous trouvâmes durant plusieurs jours en tel état que nous n'aurions pu vivre avec ce peu que cette dame nous donnait si le convent des martyrs de nos Pères Carmes Déchaussés ne nous eut assistées d'un peu de pain et de poisson quoiqu'ils n'en eussent pas trop pour eux-mêmes, tant la famine était grande à cause que cette année avait été très-stérile dans l'Andalousie. Nous n'avions pour nous coucher que ce que nous avions apporté et qui ne pouvait suffire que pour deux ou trois de nous : ce qui nous obligeait d'aller tour à tour dormir sur des nattes qui étaient dans le chœur. Mais au lieu de nous en attrister, nous en avions tant de joie que pour continuer d'en jouir nous cachions notre besoin, principalement à cette sainte dame de peur d'abuser de sa bonté : et comme elle nous voyait si satisfaites et nous considérait comme des personnes vertueuses et pénitentes, elle ne s'apercevait point que ce qu'elle nous donnait ne pouvait pas nous suffire.
Nous passâmes de la sorte la plus grande partie des six mois que nous demeurâmes chez elle, et durant tout ce temps, nous fûmes visitées par des personnes de la plus grande condition et par des religieux de tous les Ordres, qui ne parlaient d'autre chose que de la témérité qu'il y avait à fonder des maisons si pauvres qu'elles manquaient de toutes les commodités humaines. Nous leur répondions que c'était ce qui nous donnait des consolations divines, et que mettant notre confiance en Dieu qui nous avait donné tant de preuves de Ses soins et de Sa Providence, nous n'appréhendions point de fonder de la sorte des monastères, mais croyions au contraire que rien n'était si assuré que de les établir en cette manière. Plusieurs d'entre eux se moquaient de ce discours et du contentement que nous témoignions d'être resserrées dans une si étroite Clôture, et si réservées que Dom Louis De Mercado, quoique demeurant dans une partie du logis, ne nous a jamais vues que nos voiles baissés, et que ni lui ni aucun autre ne connut notre visage : en quoi nous ne faisons rien d'extraordinaire vivant toujours de la sorte dans nos monastères ; mais ils le comptaient pour beaucoup.
Plusieurs filles de toutes conditions se présentaient pour prendre l'habit : mais entre plus de deux cents qui le demandèrent il ne s'en trouvait une seule que nous jugeassions avoir les qualités marquées dans nos Constitutions. Ainsi, nous évitions de parler à quelques-unes, et remettions les autres, en leur disant qu'avant que de les recevoir, il fallait qu'elles fussent informées de notre manière de vivre, et que nous eussions éprouvé leur vocation, ce qui ne se pouvait qu'après que nous aurions une maison, parce que celle où nous étions n'était pas capable d’en tenir davantage. Nous ne perdions point de temps pour en chercher, et n'en pouvions trouver ni à vendre ni à louer. Je n'étais pas sans quelque peine de nous voir si peu assistées : mais toutes les fois que j'y pensais, je m'imaginais d'entendre ces paroles de Jésus-Christ à ses Apôtres : quand Je vous ai envoyé prêcher les pieds nus et sans aucune provision, vous a-t-il manqué quelque chose ? et je me répondais à moi-même avec une grande confiance que ce Divin Sauveur pourvoirait abondamment à nos besoins spirituels et temporels. Non certes, Seigneur, il ne nous a rien manqué.
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gras et soulignés ajoutés
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: FONDATION DE GRENADE (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)
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¹ Il te mettra à l'ombre sous ses épaules, et sous ses ailes tu espéreras.
Ps. XC, 4 trad. de la Vulgate, par M. l'Abbé Glaire.
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Italique et note ajoutés.
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FONDATION DE GRENADE.
Par Sainte Thérèse d’Avila.
(CHAPITRE 31)
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Les prêtres les plus estimés et les prédicateurs les plus fameux de la ville venaient nous dire des Messes et nous prêcher, sans presque que nous les en fissions prier; ils témoignaient être bien aises de nous confesser, et demeuraient satisfaits de notre manière de vivre. Ainsi, je me fortifiais de plus en plus en la confiance que j'avais en Dieu que rien ne nous manquerait, dans laquelle j'étais déjà fort affermie par une chose qui se passa aussitôt après notre arrivée. Ce fut que j'entendis intérieurement et si distinctement que cela me fit une très-forte impression, ces paroles du Psaume : scapulis suis obumbrabit tibi, et sub pennis ejus sperabis.¹
Je le dis au Père Jean De La Croix, mon confesseur, et au Père Jean Baptiste De Ribera de la Compagnie de Jésus à qui je communiquais toutes choses. Ils me répondirent que c'était comme un gage que Notre-Seigneur me donnait pour m'assurer que cette Fondation réussiront heureusement : ce que les effets ont confirmé depuis quatre ans qu'il y a qu'elle est faite ; et je ne saurais trop Lui rendre grâces de ce que les sœurs qui ont été en cette maison durant tout ce temps m'assurent n' avoir jamais eu ailleurs Dieu toujours si présent, ni reçu tant de témoignages de la grâce qu'Il leur fait de Se communiquer à elles.
Cela parut évidemment dans leur avancement spirituel, et dans celui que chacun remarquait que leur exemple causait en ce grand nombre d'autres monastères de religieuses qui sont dans cette ville : et le Président Dom Pedro De Castro me le dit à moi-même. A quoi il faut ajouter qu'outre ces faveurs que Notre-Seigneur nous faisait, l'assurance de L'avoir avec nous dans le Très-Saint Sacrement nous donnait une joie inconcevable, parce qu'Il nous faisait sentir d'une manière qui ne nous pouvait permettre d'en douter et comme s'Il nous eut été visible, qu'Il était réellement présent. Une si grande consolation nous était générale à toutes et si ordinaire que nous nous disions les unes aux autres, que nous n'avions jamais éprouvé ailleurs un tel effet du Très-Saint Sacrement. Cette même faveur qu'Il nous fit dès le moment qu'Il fut mis chez nous dure encore en quelques-unes, quoique non pas si sensible que durant les sept premiers mois.
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¹ Il te mettra à l'ombre sous ses épaules, et sous ses ailes tu espéreras.
Ps. XC, 4 trad. de la Vulgate, par M. l'Abbé Glaire.
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Italique et note ajoutés.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: FONDATION DE GRENADE (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)
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SAINTE THÉRÈSE D'AVILA, PRIEZ POUR NOUS...
Prochaine fondation : Burgos
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FONDATION DE GRENADE.
Par Sainte Thérèse d’Avila.
(CHAPITRE 31)
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Nous louâmes ensuite une maison que celui qui la tenait nous céda sans en rien dire au propriétaire, et nous y allâmes secrètement dans le même temps que Votre Révérence vint de Baete pour nous assister. Nous ne pûmes en trouver une autre jusqu’à ce que Notre-Seigneur toucha le cœur de quelques demoiselles des plus qualifiées de la ville qui entrèrent chez-nous par l'avis de leurs confesseurs sans en parler à leurs parents parce qu'ils ne leur auraient jamais permis de s'engager dans un Ordre si austère. Nous leur donnâmes l'habit peu de jours après avec une grande solennité, et beaucoup de trouble de leurs parents et d’émotion de la ville ; notre manière de vivre leur paraissant si terrible : et nous apprîmes que plusieurs empêchaient avec grand soin leurs filles de nous venir voir, à cause que le père et la mère de la Sœur Marianne de Jésus qui fut la première que nous reçûmes, étant morts aussitôt après qu'elle fut entrée, on l'attribua à la douleur qu'ils en avaient eue.
Mais quant à cette bonne religieuse, elle remercie continuellement Notre-Seigneur de la grâce qu'Il lui a faite de l'appeler à Son service dans notre Ordre, et il n'y a qu’une seule des autres qui ont été reçues depuis qui ne soit dans le même sentiment. Lorsque ces filles eurent fait profession, nous pensâmes à acheter une maison avec le bien qu'elles avaient apporté. On traita de plusieurs ; et l'on vint même jusqu’à en dresser le contrat, sans néanmoins pouvoir rien conclure. On parla de celle du Duc De Sasse qui était la mieux assise et la plus commode pour nous qui fut dans Grenade : et nonobstant les difficultés qui s'y rencontraient que l'on disait être si grandes qu'il y aurait de la folie d'y penser, je me résolus de l'acheter, parce qu'il y avait plus de deux ans que celle de nos sœurs qui faisait la charge de secrétaire et que je ne nomme point ici à cause que Votre Révérence la connait assez, m'avait assurée que Notre-Seigneur lui avait fait savoir avec tant de certitude que notre monastère s’établirait dans cette maison, qu'elle ne pouvait douter que cela ne s'exécutât malgré toutes les oppositions qui s'y rencontreraient. Les effets en ont confirmé la vérité, puisque nous y sommes maintenant.
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Anne De Jésus.FIN.
SAINTE THÉRÈSE D'AVILA, PRIEZ POUR NOUS...
Prochaine fondation : Burgos
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: FONDATION DE GRENADE (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)
Magnifique dossier ! Merci Robert
Sandrine- Nombre de messages : 4296
Date d'inscription : 17/02/2009
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
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